Ce troisième opus de DUNE PILOT porte vraiment bien son nom. Accrocheuse, solide et véloce, la saveur très brute des titres de « Magnetic » brille par les multiples nuances à l’œuvre. Accélérations, changements de tempos, passages planants et breaks bien sentis, tout est réuni pour une invitation à un voyage musical intense et captivant. Entre Heavy Stoner et Hard Rock, le combo se fraye un chemin fascinant.
DUNE PILOT
« Magnetic »
(Argonauta Records)
Cela va faire dix ans que les Munichois peaufinent les réglages de leur Stoner Rock. Partagé entre le respect des classiques, on pense ici à Kyuss, Fu Manchu et Monster Magnet, et des envies plus libérées et sauvages façon Black Stone Cherry et Damn Junkees, DUNE PILOT a façonné un style où la puissance du fuzz se mêle au groove du Hard Rock. Et grâce à la voix rugueuse et imposante de son frontman et fondateur, Andris Friedrich, on est littéralement propulsé, et sans ménage, dans un univers hyper-Rock.
On doit très probablement ce sentiment d’urgence et d’immédiateté au fait que le quatuor enregistre ses albums en conditions live, comme il l’a fait pour « Wetlands » et « Lucy », ses premières réalisations. « Magnetic » ne manque donc pas de fraîcheur, malgré un aspect massif et dévastateur assez jubilatoire. Et si la rythmique se fond pour parfois se perdre dans un dédale aussi soutenu que brumeux de riffs incendiaires, DUNE PILOT lâche les chevaux et devient franchement indomptable.
Les Allemands ouvrent ce nouvel opus avec le morceau-titre, finalement très représentatif du contenu qui suit. Groovy et chaleureux, les morceaux s’enchaînent et même s’ils ont tendance à assommer avec ce côté très frontal, les mélodies prennent le dessus avec force (« Take Your Lies », « Next To The Liquor Store », « Vile », « Let You Down »). Tout en maîtrise et très inspiré, DUNE PILOT distille un Stoner Heavy à souhait et inspiré par un Hard Rock assez positif, qui lui donne un semblant de légèreté… un semblant seulement !
Malgré son nom, RIOT AT THE MOONSHINE BAR n’a rien d’une formation de pub Rock débarquée d’Australie, qui s’en ait fait une spécialité. Bien au contraire, les Teutons balancent un Hard Rock hors d’âge généreux et que l’intemporalité rend toujours incroyablement actuel. « Midnight Anthems » fait suite à un bon EP et ce premier opus réserve de belles surprises.
RIOT AT THE MOONSHINE
« Midnight Anthems »
(Independant)
Il y a deux ans, j’avais eu un coup de cœur pour ce groupe basé dans le nord de l’Allemagne. RIOT AT THE MOONSHINE BAR venait de sortir, déjà en autoproduction, un EP de six titres baptisé « RATMOB », plutôt inspiré. Sans véritablement bousculer l’ordre établi, le quintet distille un Classic Hard Rock solide et dynamique directement hérité de l’âge d’or du genre, les années 80 et 90… forcément. Un mode revival très maîtrisé qui lui donne des ailes et nous renvoie à une époque un brin plus sauvage.
C’est dans ce même élan créatif que RIOT AT THE MOONSHINE BAR sort enfin son premier album, « Midnight Anthems ». La donne n’a pas changé, ni le fameux bar. Le ‘Moonshine’ encaisse les décibels et les nouveaux morceaux montrent la même envie d’en découdre. La production reste la même, entre classicisme et modernité, et les Allemands ont parfaitement réussi à peaufiner un style désormais identifiable. La patte est perceptible et le combo semble avoir trouvé sa voie.
Avec un frontman qui a sérieusement pris de l’assurance, une paire basse/batterie qui ronronne et deux guitaristes très enthousiastes, RIOT AT THE MOONSHINE BAR affiche un tout autre visage et ne manquera pas d’accrocher les fans de Hard Rock. Teinté de Heavy avec des riffs racés, des twin-guitares virevoltantes et des solos plein de feeling, « Midnight Anthems » prouve que le combo se projette avec une volonté d’acier (« Evil Inside », « Rock ‘Til The Morning », « Dirty Hariette », « Bozzeday Tuesday »).
Derrière ce titre énigmatique, cette nouvelle réalisation reprend les choses, musicalement, là où le très créatif duo nous avait laissé avec « Pull ! ». Même si le ‘propos’ est différent dans l’intention, il est le même dans la forme. Dynamique, parfois épique et cinématique, le post-Rock Progressif de GLEN joue sur des concepts très modernes et assez visionnaires avec une technique et une élégance toujours aussi délicates. « I Can See No Evil » est envoûtant à plus d’un titre.
GLEN
« I Can See No Evil »
(Sound Effect Records)
Avec « Pull ! », son précédent album sorti il y a deux ans, la formation basée entre Berlin et Athènes, nous propulsait dans un post-Rock Progressif étonnant. Toujours emmené par le multi-instrumentiste allemand Wilhelm Stegmeier et la guitariste et pianiste Eleni Ampelakioutou, GLEN réédite l’exploit de faire aussi bien en plus de se renouveler. D’ailleurs, sur « I Can See No Evil », il accueille les batteurs Lucia Martinez et Achim Faeber, ainsi que Roland Feinaeugle à la basse. Et l’unité demeure.
Ce qui rend si spéciale la musique du groupe, c’est alors qu’elle est entièrement instrumentale, elle nous raconte plein de choses. Chaque album donne lieu à des morceaux directement liés aux réflexions du binôme et notamment de son compositeur. GLEN possède un sens de l’expressivité musicale, qui se dilue dans un groove obsédant, lui-même guidé par un style narratif qui se passe facilement de mots. Et ce troisième opus est toujours aussi polymorphe, inspiré et véloce.
Comme sur « Pull ! », on retrouve le légendaire producteur allemand Reinhold Mack au mix, qui offre cette fois encore un relief saisissant à des morceaux d’une grande finesse, mis en lumière par des arrangements très soignés (« Paradigma », « Neos Kosmos » et sa trompette aérienne, « In The Midday Sun » et le nerveux « Strike »). GLEN n’a pas son pareil pour nous inviter au voyage, grâce à des envolées lumineuses, des instants suspendus et un art du crescendo inouï. « I Can See No Evil » est exaltant, séduisant et explosif. Un grand moment.
Retrouvez l’interview du groupe parue à la sortie de « Pull ! »…
La boucle est bouclée pour Frank Bornemann, guitariste, chanteur et compositeur d’ELOY. La trilogie autour de la vie de Jeanne d’Arc arrive donc à son terme avec le troisième volet de cette folle aventure avec « Echoes From The Past ». Faisant suite à « The Vision, The Sword And The Pyre Part I & II », ce nouvel opus se présente dans une ambiance légèrement différentes des précédents, puisqu’on y retrouve une touche très personnelle et propre au groupe allemand. Son leader nous en dit plus sur cette épopée musicale moyenâgeuse, et pourtant si actuelle dans le son et les morceaux.
– « Echoes From The Past » a une saveur un peu particulière, puisqu’il est non seulement le 20ème album studio d’ELOY, mais il est aussi le dernier volet de la ta trilogie consacrée à Jeanne d’Arc. Quel regard portes-tu sur cette carrière bien remplie ?
Etonné par sa durée, ému par la grande attention qui a été accordée à la musique d’ELOY, reconnaissant pour une si grande communauté de fans autour du globe qui m’a permis de faire cette carrière et d’être toujours en forme et en bonne santé.
– Ce nouvel album fait donc suite à « The Vision, The Sword And The Pyre Part I & II », une aventure débutée en 2017. Comment as-tu fait évoluer la narration dans un premier temps ? Et est-ce que cette trilogie a été écrite en une seule fois, ou au fur et à mesure ?
Dès le début, j’ai eu l’intention de créer une œuvre absolument authentique et historiquement correcte dans tous ses détails. Pour ce faire, j’ai consulté différents historiens, dont Régine Pernoud et Olivier Bouzy, le directeur du Centre Jeanne d’Arc à Orléans. C’est ainsi que je suis devenu un fin connaisseur de son histoire. Pour m’inspirer, j’ai visité de nombreux lieux où elle avait vécu et travaillé. Puis, j’ai commencé à travailler sur l’œuvre. J’ai d’abord cherché un titre intéressant et je l’ai trouvé avec « La vision, l’épée et le bûcher », et je me suis lancé. Comme il s’agit d’une œuvre très complexe, je l’ai divisée en deux albums et je me suis d’abord concentré sur le contenu du premier, qui est sorti en 2017 et a été très remarqué. Il a eu un grand succès et s’est placé dans plusieurs charts.
Encouragé par ce succès, j’ai immédiatement travaillé sur le deuxième volet, qui est sorti en 2019 et a également eu du succès en se classant aussi dans plusieurs charts. Au début, je n’avais pas pensé à un troisième album. Plus tard, je me suis rendu compte que le conteur, Jean de Metz, n’avait pratiquement rien dit de ses impressions, pensées, peurs et sentiments sur les deux albums. J’ai donc décidé de créer un troisième volet, dans lequel il serait le protagoniste des événements aux côtés de Jeanne d’Arc et refléterait les événements dans sa mémoire. C’est devenu un album très émotionnel que j’ai intitulé « Echos du passé ». Et l’album marche aussi très bien.
– Musicalement, de quelle manière es-tu parvenu à trouver cet équilibre, car les trois albums montrent une belle unité ?
Je ne sais pas. J’ai simplement composé, écrit des textes et je me suis mis dans la peau de Jean de Metz. Je me suis donc totalement identifié à lui. Je devais penser et ressentir comme lui, sinon cela n’aurait pas été possible. En ce qui concerne la musique, j’avais plus de liberté que dans les deux précédents. Ainsi, lors de la composition, des éléments typiques d’ELOY ont été introduits dans la musique, ce qui a probablement rappelé aux fans d’anciens albums. Pour moi, il était important que la musique s’accorde avec les deux premiers, malgré ses moments de force, de sensibilité et d’émotion variables. L’accueil positif réservé à « Echoes From The Past » me montre que j’ai probablement réussi à terminer la trilogie sur une bonne note.
– Ta fascination et ton admiration pour Jeanne d’Arc ne sont pas récentes, car tu avais déjà composé les morceaux « Jeanne d’Arc » en 1992 et « Company Of Angels » en 1994. Est-ce qu’à l’époque, tu avais déjà imaginé créer une telle épopée musicale ?
Oui, j’y pensais déjà lorsque j’ai composé le premier titre sur le thème de Jeanne d’Arc en 1990. Mais c’était trop tôt pour une grande œuvre conceptuelle, car je n’avais pas le temps et la tranquillité nécessaires à l’époque pour composer et produire un tel opus. C’est pourquoi nous en sommes restés sur une seule chanson. « Company of Angels », en 1984, était prévu pour un film américain, mais il n’a jamais vu le jour. J’ai donc placé ce titre sur l’album « The Tides Return Forever ». Ensuite, j’ai eu une période très chargée, avec de nombreuses productions dans mon studio, et je n’ai pas eu le temps de m’attaquer à une œuvre aussi importante. Ce n’est que bien plus tard que j’ai eu l’occasion de réaliser ce rêve.
– « Echoes From The Past » semble t’avoir pris plus de temps, puisqu’il n’y avait que deux ans entre les deux premiers albums. Cela est-il dû au Covid, ou l’album t’a-t-il demandé plus de travail ?
Oui, le problème a en effet été le Covid. Les musiciens et les ingénieurs du son étaient constamment absents. La production de cet album a été très éprouvante. Je suis d’autant plus heureux de ce succès.
– Comment pour les deux précédents, Jean de Metz, compagnon d’armes de Jeanne d’Arc, est le protagoniste principal de l’histoire. Tu n’as pas été tenté de faire parler ton héroïne cette fois ?
Non, car cet album était dédié à Jean de Metz et à ses pensées et sentiments. Jeanne s’exprimait déjà sur « The Vision, the Sword & the Pyre Part 1 » avec la voix d’Alice Merton.
– Musicalement, ton Rock Progressif sonne très moderne aussi, tout en conservant ce côté intemporel propre à ELOY. Est-ce que le changement de line-up sur « Echoes From The Past » t’a également apporté un nouvel élan dans le jeu, la production et peut-être même dans la composition ?
Il n’y a pas eu de changement de casting, mais seulement des absences. Pendant la période de production, j’étais très souvent seul dans le studio. Les deux claviéristes, Hannes Folberth et Michael Gerlach, n’étaient pas là, et Steve Mann n’a pu participer aux claviers que pendant une période limitée, car il devait faire des tournées aux Etats-Unis, au Japon et en Angleterre en tant que guitariste. Au cours de la production, j’ai donc été très souvent seul en studio et je n’avais que sporadiquement des musiciens invités, auxquels j’expliquais ce qu’ils devaient jouer. Il n’y a eu aucun problème pour la basse et la batterie. Matze et Stephan ont apporté de superbes accents, qui ont donné un profil supplémentaire à l’album. Néanmoins, c’était une production épuisante et souvent solitaire pour moi, et finalement, j’ai dû mixer toute la musique et créer un pré-master.
– Ce qui est assez incroyable avec ELOY, c’est que tu as abordé des registres allant du Hard Rock au Space Rock en passant par le Krautrock, le Symphonique et bien sûr le Progressif. Pourtant, le style et le son du groupe sont immédiatement identifiables. Est-ce que c’est parce tu es le détenteur de cette identité depuis le début et que, finalement, ELOY ne pourrait pas continuer sans toi ?
Ce que tu supposes est vrai. J’ai effectivement fondé le groupe, j’ai fortement influencé son style par mes compositions et mon travail de production. J’ai également navigué à travers tous les changements de line-up. J’ai toujours tenu à ce que le groupe conserve son identité, et les fans m’ont largement récompensé pour cela.
– Enfin, lors de notre dernière interview, tu me disais que tu ne souhaitais pas faire de concerts autour de cette trilogie, mais un spectacle musical interprété par des artistes français. Où en est le projet aujourd’hui ?
Il est de facto impossible d’interpréter une telle œuvre uniquement avec une formation de groupe sous forme de concert avec de grands chœurs et des scénarios orchestraux. Dès le début, j’ai eu l’idée et l’intention de présenter « The Vision, the Sword and the Pyre » (sans « Echoes From The Part » et d’abord en France) comme un spectacle musical, à savoir un mélange de théâtre et de musique. Tous les dialogues et les paroles qui mènent l’action doivent provenir d’une troupe de comédiens français, qui se produisent sur scène. Les textes doivent bien sûr encore être écrits. Pour cela, je vais bientôt travailler avec un écrivain français. Il n’y aura pas de dialogues chantés, comme c’est le cas pour les comédies musicales. Si des représentations ont lieu à un moment ou à un autre dans d’autres pays, les textes parlés seront interprétés dans la langue du pays par une troupe de théâtre locale. Tu vois, le chemin à parcourir reste encore long et il n’est pas du tout certain que nous y parvenions. Croisons les doigts !
Le dernier album d’ELOY, « Echoes From The Past », est disponible chez Drakkar Entertainment.
Entre Power et Heavy Metal, PRIMAL FEAR trace son chemin avec vigueur et ténacité depuis plus de 20 ans. Sans fléchir, les Allemands enchainent les albums avec la même envie et la même détermination dans un registre racé et des compos finement composées. Techniquement irréprochable et acéré, le quintet frappe encore très fort avec « Code Red » et promet des lives foudroyants.
PRIMAL FEAR
« Code Red »
(Atomic Fire Records)
Après « Metal Commando » couronné de succès il y a trois ans, Mat Sinner, bassiste, chanteur et producteur a dû combattre et vaincre la maladie. Une épreuve qui semble l’avoir même rendu plus fort si l’on en juge par cet ardent « Code Red » que nous présente aujourd’hui PRIMAL FEAR. Toujours aussi massif et puissant, ce treizième album est probablement même l’un des meilleurs de la formation germanique.
Au chant, Ralf Sheepers impressionne plus que jamais par l’agressivité dont il fait preuve, mais aussi et surtout par une maîtrise totale de son sujet et une incroyable polyvalence. « Code Red » est nettement plus varié et créatif que son prédécesseur et le Heavy Metal de PRIMAL FEAR semble même avoir trouvé un nouvel élan. Et comme d’habitude, le grand Jacob Hansen s’est occupé du reste et ça claque !
Volcanique et épique, le groupe maintient la pression tout au long de « Code Red » et l’ensemble est une tempête de riffs, de rythmiques frénétiques et de mélodies teintées d’un Power Metal très teuton. Explosif et sombre, PRIMAL FEAR dresse un constat un brin alarmiste sur le monde actuel dans des atmosphères lourdes et percutantes (« Another Hero », « Cancel Culture », « Their Gods Have Failed », « Deep In The Night »). Musclé !
Sur une production massive signée Martin Pfeiffer, Udo Dirkschneider et ses hommes se livrent à leur sport favori avec une fougue toujours aussi étonnante. En quaterback énergique, le leader de la formation allemande n’a rien perdu de son allant et de sa détermination. Avec « Touchdown », U.D.O. frappe fort, une habitude, armé d’un Heavy Metal inter-générationnel et rassembleur.
U.D.O.
« Touchdown »
(Atomic Fire Records)
Ce qui est toujours agréable avec U.D.O., c’est qu’à chaque sortie d’album, j’ai l’impression qu’Accept n’est pas totalement mort. Blague à part, si l’on compare le parcours des deux entités et surtout si l’on aime le Heavy Metal, l’évidence saute aux yeux. C’est même limpide, d’autant que depuis quelques années et avec l’arrivée du fiston derrière les fûts, le groupe semble régénéré et plus vivace que jamais. Et sur ce 18ème opus (si j’ai bien compté !), c’est carrément incontestable.
Incontournable depuis 50 ans, l’Allemand a encore du jus et se montre même surprenant au chant, tant il a conservé l’incroyable puissance que nécessite son timbre de voix si particulier. Et les autres membres ne sont pas en reste. Le frontman retrouve son vieil ami et cofondateur d’Accept, Peter Baltes, venu tenir la basse suite au soudain départ de Tilen Hudrap. Enfin, U.D.O. peut toujours compter sur ses deux très bons guitaristes : Andrey Smirnov et Dee Damnets. Le compte est bon !
« Touchdown » reste bien sûr dans une veine Heavy Metal classique et racée. Très véloces et compacts, les morceaux de cette nouvelle cuvée sont d’une redoutable efficacité (« The Betrayer », « Isolation Man » et le morceau-titre). U.D.O. maîtrise toujours les fulgurances qui ont fait sa réputation, même s’il s’égare parfois comme sur « Fight For The Right », où le quintet reprend « La Marche Turque » de Mozart. On est plus dans un esprit ‘Fête de la bière’, et loin de la cover de Malmsteen. Mais peu importe, l’essai est encore transformé !
Révélation de la scène underground allemande grâce à un style original et débridé, PLAINRIDE nous régale avec son nouvel opus. Max Rebel (chant, guitare), Florian Schlenker (batterie) et Bob Vogston (guitare), qui a aussi réalisé et produit « Plainride », se montrent particulièrement créatifs et leur Heavy Rock traverse les genres avec une énergie très communicative.
PLAINRIDE
« Plainride »
(Ripple Music)
Sorti fin avril, PLAINRIDE a à peine eu le temps de profiter pleinement de la parution de son nouvel album, puisqu’il a enchainé sur une tournée européenne en support de Corrosion Of Conformity. Un baptême du feu majestueux pour célébrer cette troisième réalisation éponyme, qui doit d’ailleurs prendre un relief saisissant sur scène. Pour l’heure, qu’en est-il de « Plainride » et de ses dix morceaux (dont un interlude très bien vu) ?
Originaires de Cologne, les Allemands ont signé chez Ripple en 2016, qui a aussitôt réédité leur premier effort, « Return Of Jackalope », avant de sortir « Life On Ares » deux ans plus tard. Et la suite de l’opération séduction du trio s’est tenue sur scène, où le combo livre des prestations percutantes. Et à en juger par cette nouvelle galette, il n’y a rien de très surprenant, tant le Heavy Rock de PLAINRIDE est inventif.
Autour d’un batteur et deux guitaristes, le trio a ouvert ses portes en grand et a invité beaucoup de monde à la fête pour y jouer des cuivres, de l’orgue, du thérémine, de l’harmonica, du piano et des percussions. L’ensemble est donc très riche et le Heavy Rock de PLAINRIDE emprunte autant au Stoner et à la Funk qu’au Desert Rock et au Fuzz. Un large panel qui brille entre autres sur « Shepherd » et « The Lilies ». Réjouissant !
C’est en véritable patron que WITHERING SCORN livre son premier album. Vétérans de la scène Metal, les membres du combo maitrisent parfaitement leur sujet et entre riffs acérés, rythmique tendue et un chant accrocheur et incisif, « Prophets Of Demise » rend un bel hommage au Heavy Metal dans ce qu’il a de meilleur.
WITHERING SCORN
« Prophets Of Demise »
(Frontiers Music)
Il faut parfois franchir des frontières, et même des océans, pour trouver la bonne connexion et libérer les énergies. En créant WITHERING SCORN, les deux frères canadiens Glen (guitare) et Shawn (batterie) Drover ont recruté l’Américain Joe DiBiase (ex-Fates Warning) à la basse et c’est en Allemagne qu’ils ont déniché le frontman Henning Basse (ex-Metalium et Firewind), candidat idéal pour le poste.
A eux quatre et grâce à l’expérience acquise au sein de Megadeth, King Diamond, Eidolon ou encore Act Of Defiance, le groupe se montre affûté et redoutable d’efficacité. Avec à l’esprit l’intention de produire un pur album de Heavy Metal, WITHERING SCORN va à l’essentiel sans dévier d’un iota. Puissant, massif et véloce, il incarne de nombreux courants du style et, avec virtuosité et control, il avance tout en percussion.
Les repères, sans être prédominants, sont nombreux et nous rappellent au bon souvenir de Judas Priest (« Pick Up The Pieces »), Symphony X sur le morceau-titre et forcément aussi à la bande à Mustaine (« Dark Reflection »). Si le Heavy Metal de WITHERING SCORN tend vers une certaine tradition du genre, il flirte également avec le Power Metal (« The Vision ») et s’ouvre à des côtés très épiques (« Ancient Desire »). Enthousiasmant !
En termes de Metal, l’Allemagne a toujours été un fleuron européen et elle le prouve une fois encore avec FIREBORN, nouveau venu sur la scène teutonne. Doté d’une chanteuse exceptionnelle, le combo ne devrait pas être très long à faire parler de lui hors de ses frontières. Heavy et assez Rock aussi, « Reflections » surprend par sa maturité et procure de belles sensations.
FIREBORN
« Reflections »
(Deko Entertainment/Atomic Fire Records)
Ayant opéré quelques temps sous le nom de Dislike Silence et après avoir effectué quelques changements de personnel, FIREBORN surgit avec un premier album entre Hard Rock et Heavy Metal. Et il faut reconnaitre que la surprise est belle. Guidés par leur chanteuse Jenny Gruber, les Allemands jouent avec beaucoup de modernité sur les styles et avancent sur de solides mélodies et un rythme d’enfer.
Et l’entrée en matière du quintet est plutôt musclée et dynamique. Sur un peu moins d’une heure, FIREBORN livrent 14 morceaux d’une belle variété en se montrant robuste et accrocheur. Enregistré en Suisse avec le producteur Schmier (Destruction, Burning Witches, Pänzer), « Reflections » bénéficie de très beaux atouts parfaitement mis en lumière par un remarquable travail sur le son, ce qui le rend massif et vivant.
Malgré sa jeunesse, la frontwoman impressionne par sa puissance et s’il fallait la situer, on pense à Doro surtout et à Lzzy Hale d’Halestorm souvent. Mais l’essentiel réside dans la créativité dont fait preuve FIREBORN. Les guitares sont affûtées à souhait, les riffs racés et la rythmique galopante. Le groupe affiche une belle assurance et se fait autant plaisir qu’il ravit par sa vélocité et l’émotion qu’il dégage. Une belle claque !
Chaque album de THE OCEAN est un nouveau voyage musical dans lequel on prend le large sans savoir vraiment comment se passera la traversée. Et la donne est la même avec « Holocene », qui nous plonge dans des temps immémoriaux, tout en portant cependant la marque d’une modernité très cyclonique. Inévitable… encore ! Entre Post et Progressive Metal, les Allemands se distinguent à nouveau.
THE OCEAN
« Holocene »
(Pelagic Records)
Toujours aussi imprévisible et insaisissable, THE OCEAN poursuit sa quête et son périple dans le Quaternaire avec un focus cette fois sur sa dernière période, « Holocene ». Et la suite du très bon diptyque, « Phanerozoic I & II » (2018 – 2020) s’avère toute aussi surprenante et envoûtante. Elaborés autour des claviers de Peter Voigtman, ces nouveaux morceaux ne manquent ni d’audace, ni de créativité. Et malgré les changements de line-up, les Berlinois fascinent toujours autant.
Cependant, le collectif est stable depuis 2018 maintenant et il faut avouer que cela s’en ressent dans l’écriture, mais aussi dans l’interprétation de « Holocene ». D’ailleurs, à y regarder de plus près, comment pourrait-il en être autrement tant la discographie de THE OCEAN est d’une qualité si régulière ? Ce dixième album s’inscrit ainssi dans son solide ADN et ce Metal progressif teinté de post-Metal est transcendé par des passages Sludge renversants et d’une fureur très sauvage.
Assez froid de prime abord, « Holocene » ne met pas longtemps à vous embarquer à travers des sonorités jouant sur la texture et les variations instrumentales (« Boreal », « Seed Of Reeds »). Massif (« Subboreal ») et véritablement frénétique avec le soutien de la chanteuse d’Årabrot (« Unconformities »), THE OCEAN déroute encore et ce malgré une unité artistique permanente. Quant à son chanteur, Loic Rossetti, il se montre aussi flottant qu’imperturbable quand il monte au front. D’un esthétisme raffiné et puissant.