Si les duos fleurissent un peu partout dans l’hexagone, il faut reconnaître qu’ils s’en sortent plutôt bien, tant les styles abordés révèlent une approche créative et efficace. Les Normands de LADY’STEALER s’inscrivent précisément dans cette vague de groupes à la fois complet et tout en maîtrise. On peut sentir toute l’expérience acquise sur scène par le duo, qui livre un bouillonnant « Like It Hot ! » sur un plateau… dans lequel on se ressert à l’envie !
LADY’STEALER
« Like it Hot »
(Independant)
Des saveurs du Bayou émanent de ce premier opus de LADY’STEALER. C’est pourtant depuis leur Normandie que Thomas Dorange (chant, batterie) et Julien Tellier (guitare, harmonica) se sont lancés dans cette belle aventure devenue, après avoir écumé de nombreuses scènes, aujourd’hui très concrète avec la sortie de « Like It Hot ! », entièrement autoproduit et né de la contribution participative de leurs fans. Un gage de fidélité, s’il en est.
Entre Blues et Metal, Stoner et Rock, LADY’STEALER se montre captivant dès les premières notes de « Liar And Slave » et ne lâche plus le morceau une seule seconde jusqu’à « Chuckholes Blues ». Gras et épais, les riffs transpirent les effluves très Southern du duo et les refrains entêtants distillés par la voix éraillée de son chanteur viennent apporter autant de puissance que de mélodie à cet explosif « Like It Hot ! ». Le rythme est soutenu et percute !
De l’obsédant « The Witch Of Yazoo City » à « Midnight Ride » en passant par le Boogie Blues « Dead Man Boogie », LADY’STEALER nous emporte dans une belle frénésie sur une cadence infernale. Et même si la batterie est loin de se faire discrète, c’est pourtant ce Blues musclé aux accents sudistes et à l’énergie folle, ponctué de quelques slides, qui tient la baraque et qui offre cette chaleur à l’album (« Demons Inside Me », « Chasing Men »). Caliente !
Les riffs sont épais, la voix chaleureuse et l’atmosphère souvent épurée, mais toujours captivante. De la Franche-Comté au far-west, il n’y a finalement d’un tout petit pas que FAT JEFF fait très naturellement avec une décontraction et un feeling de chaque instant. Le Blues très copieux du guitariste et chanteur joue sur la puissance de saturations bien senties, entrecoupées d’instant suspendus, tout en délicatesse.
FAT JEFF
« Get Back To Boogie »
(Independant)
Quoi de mieux que le vaste univers du Blues pour s’exprimer pleinement dans une formule en one-man-band ? C’est en tout cas le chemin emprunté par FAT JEFF et cela fait déjà trois albums que son histoire s’écrit. Faisant suite à « Feelin’ Wood » et « Tales From The Road », « Get Back To Boogie » vient renforcer l’identité artistique de l’artiste et son titre parle d’ailleurs de lui-même. Ici, on ne reste pas longtemps les deux pieds dans le même sabot.
Passé l’intro très Southern de bienvenue, on entre dans le vif du sujet, dans l’univers très personnel, brut et rugueux de FAT JEFF. S’aidant de minimalistes éléments de batterie, le musicien offre du rythme et de la dynamique à ses morceaux tout en conservant un aspect éthéré, souvent lancinant. Le chanteur s’appuie surtout sur les guitares pour forger ce son qu’il va puiser au plus profond des racines Blues avec également beaucoup de modernité.
Délicieusement gras et poussiéreux, il est question avec FAT JEFF d’un Dirty Old Heavy Blues écorché, qui penche autant sur le Blues du Delta que dans des sonorités plus sudistes, où le bottleneck croise la cigarbox avec une énergie très entraînante. Remuant sur « Clock Mornin’ », « I Am A Gypsy », « Lost Shoes » ou plus posé sur « Ducks », « Smokey Bars » ou « Bay Horse », on suit le songwriter avec plaisir dans un road-trip savoureux et dépaysant.
Depuis ses débuts, DIRTY DEEP interprète ce type de Blues Rock qui vient coller à la peau de façon presqu’irréversible. Attachant, irrévérencieux et d’une liberté sans entrave, son jeu est aussi âpre qu’il est soigneusement mélodique pour finalement devenir irrésistible. Avec « Trompe L’œil », les trois musiciens vont à l’essentiel, sans far et avec une fluidité de chaque instant.
DIRTY DEEP
« Trompe L’Œil »
(Junk Food Records)
Après l’excellent « Foreshots », dernière réalisation unplugged du groupe sortie il y a trois ans, DIRTY DEEP remet les doigts dans la prise avec ce « Trompe L’Œil » de haute volée. Les 13 morceaux de ce nouvel album renouent avec le Heavy Blues explosif du trio. La chaleur du son du Delta heurte de plein fouet un Rock musclé et très Garage, qui repousse encore un peu plus le style si distinctif des Strasbourgeois entre harmonica et grosse guitare.
Toujours aussi roots et rugueux, DIRTY DEEP reste toujours aussi accrocheur et enivrant, et balance des refrains entêtants et souvent grisants. Authentiques et sincères dans leur démarche, les Alsaciens ont cette fois confié la production de leur sixième albums à François ‘Shanka’ Maigret, qui a posé ces nouvelles compos dans un bel écrin. Et le style du combo, quant à lui, reste intact et fidèle à son identité première entre fougue et moments paisibles.
Très Rock, légèrement Southern, et presque Stoner sur « Broken Bones » et « Juke Point Preaching » qui ouvrent l’album ainsi que sur le surpuissant « What Really Matters », DIRTY DEEP joue aussi sur les émotions avec des titres beaucoup plus Blues et enveloppants comme « Donama », « Your Name », « Hold On Me », le bel interlude « Impbreak III » et le touchant « Medicine Man ». Une fois encore, la partition est parfaite en légèreté et fracas.
Sur un rythme régulier, les Montpelliérains mènent leur carrière sur un train d’enfer. Sept albums en un plus de dix ans et une créativité toujours très prolifique font du quintet l’une des valeurs sûres hexagonales. Son Blues Rock musclé, doublé d’un Classic Rock efficace, fait encore et toujours des merveilles sur « 7 », un nouvel album enlevé et marqué aussi par la performance claire et puissante de sa chanteuse. Entretien avec Laurent Galichon, principal compositeur et guitariste de RED BEANS & PEPPER SAUCE.
– Vous venez de sortie « 7 » qui, comme son nom l’indique, est votre septième album en un peu plus de dix ans. C’est un rythme très soutenu, si on compte en plus les tournées. Comment faites-vous pour être aussi créatifs ?
Personnellement, dès que j’ai une idée, j’essaye de l’enregistrer, que ce soit en chantant dans mon smartphone, ou en jouant de la guitare si je l’ai sous la main. J’archive tout ça et ça me sert de boite à idées, quand il est temps d’écrire de nouveaux morceaux. Après, c’est sûr qu’on a aussi un rythme de travail très soutenu.
– Avec le nombre de concerts que vous donnez, on aurait pu imaginer que « 7 » soit le fruit de longues jams. Or, l’album est très écrit avec des compositions très efficaces. On a presque l’impression que vous gommez le superflu pour n’en garder que l’essentiel, et sans perdre en feeling. C’est votre façon de procéder ?
En fait, on compose à distance, on ne joue pas tous ensemble dans la même pièce. Je commence en général par envoyer aux autres musiciens une maquette, où j’ai joué tous les instruments. Niko intervient en premier sur la batterie, ce qui permet de poser les fondations du morceau et de retravailler les structures. Ensuite, Serge et Pierro ajoutent leurs idées, puis Jessyka travaille le chant à partir des textes et des mélodies que j’ai pu chanter ou jouer à la guitare. On s’envoie de très nombreux fichiers pendant des mois avant d’arriver aux versions définitives. L’avantage de cette méthode, par opposition au travail classique en studio, c’est qu’elle permet aux musiciens de tenter plein de choses, de laisser reposer les idées et de ne garder que le meilleur, le tout sans être dans l’urgence du studio, ni dans les tensions que cela peut engendrer.
– Avant de parler de l’album, vous œuvrez toujours dans un registre entre un Classic Rock racé et un Heavy Blues très Soul. Si on était dans les années 70, dans quel style auriez-vous versé : plutôt Rock/Hard ou Blues nerveux ?
C’est difficile de dire ce qu’on aurait fait dans les 70’s. Parce que ce reviendrait à gommer tout ce qui a pu nous influencer dans les 40 années suivantes. Même si nos bases se situées fins 60’s-début 70’s avec Led Zep, Purple, Hendrix, etc, on a forcément été influencé par ce qui s’est passé après, de Dire Straits à Police en passant par Queen, AC/DC, la vague Rock des 90’s des Nirvana, Soundgarden, la fusion des Red Hot, de RATM, l’Electro Pop de Bjork, etc… Le seul truc dont on peut être sûr, c’est que le blues aurait fait partie de l’histoire. Du blues nerveux, du Hard Blues, du Heavy Blues, on peut y donner le nom qu’on veut, mais pour moi ça revient au même.
– Sur « 7 », vous évoluez toujours en quintet et pourtant pour les compositions, c’est un travail en binôme entre Jessyka Aké et toi. C’est votre manière de gagner en concentration, ou c’est plus simplement la marque de fabrique et la façon de faire du groupe ?
C’est simplement que je propose au groupe des maquettes avec tous les instruments et la mélodie, ce qui fait de moi le compositeur. Ensuite, chacun apporte sa façon de jouer, son instrument. C’est plutôt du travail d’arrangement, car la mélodie, les accords, les riffs et les structures sont déjà là. Parfois la mélodie n’est écrite qu’en partie, voire pas du tout, et dans ces cas-là, Jessyka intervient dans le travail de composition.
– « 7 » est scindé en deux parties, l’une enregistrée chez vous à Montpellier, les ‘Rythm Design Sessions’ et l’autre aux Studios Rockfield au Pays de Galles, sur laquelle on reviendra. La plupart de vos enregistrements a été réalisée au Rythm Design Studio avec votre batteur Niko Sarran. C’est une belle preuve de fidélité et de confiance. Est-ce parce qu’il connait particulièrement bien votre son et donc vos attentes, que c’est très pratique aussi ou parce que d’autres opportunités ne se sont tout simplement pas présentées ?
Niko est un fantastique producteur d’album, c’est lui qui a amené ce son au groupe et cette méthode de travail. Comme il est également le batteur, son travail sur la production s’enclenche dès qu’il commence à imaginer les parties de batterie. C’est donc à lui que j’envoie les maquettes en premier, car la production est pensée dès le début. Et si on décide d’aller dans d’autres studios, il reste malgré tout celui qui travaille sur la production, c’est lui qui sculpte le son.
– Pour la seconde partie, vous êtes donc allés aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles, là où Black Sabbath, Queen et Led Zeppelin ont laissé leur empreinte. C’était un désir, voire un rêve, que vous nourrissiez depuis longtemps ?
En fait, un peu avant de commencer à travailler sur ce quatrième album que Niko allait produire pour le groupe, on cherchait comment lui donner une couleur différente. Les documentaires de Dave Grohl sur les studios les plus mythiques des USA (‘Sonic Highways’) nous avaient donné cette envie de visiter des studios légendaires, avec une histoire. Et puis, pendant nos réflexions, c’est un autre documentaire, « Le Rock est dans le pré », qui nous a fait découvrir ces studios avec leur histoire assez dingue. On a tout de suite flashé et eu envie d’aller s’isoler quelques jours dans cette ferme de la campagne galloise. Le fait que des artistes qu’on aime y soit passés avant nous donne une dimension incroyable à ce voyage. Pour des amateurs de musique, c’est comme un pèlerinage dans un lieu historique.
– D’ailleurs, vous y faites un beau clin d’œil à Led Zeppelin avec cette superbe reprise de « Rock’n’Roll » dans un esprit très Blues et Soul, et sur un tempo lent et doux. Comment est venue l’idée d’aborder ce standard avec cette approche très délicate par rapport à l’original, qui est très musclé ?
On a tendance à penser que quand on fait une cover, il faut s’éloigner de l’original, sinon ça présente peu d’intérêt. Après, on est partie du principe que comme Led Zep avait fait ce titre pour rendre hommages à ses idoles des années Rock’n’Roll, on allait remonter encore un peu plus dans le temps à le ramenant aux fondateurs du Blues. Alors évidement, Led Zep n’a pas joué ce titre comme l’aurait fait un Little Richard, mais il s’en est inspiré pour le faire à sa façon. On en a fait de même, on n’essaye pas de jouer comme l’aurait fait Muddy Waters, on s’en inspire et on l’a fait à notre sauce.
– Au niveau du son aussi et de la production, on vous découvre sous un angle nouveau avec trois morceaux plus ronds et aussi plus feutrés. Est-ce que vous avez travaillé différemment ces titres, sachant qu’ils seraient enregistrés aux Rockfield ?
Le processus de composition est resté le même, mais c’est la méthode d’enregistrement qui est complètement différente. Dans ce studio qui baigne dans son jus depuis les 70’s avec du matériel vintage, comme la légendaire table de mixage Neve de 74, on a voulu enregistrer dans les mêmes conditions, ou presque, qu’à l’époque c’est-à-dire en jouant ‘live’ tous ensemble. Ensuite, en post-production, Niko a souhaité conserver cette patine vintage. On a d’ailleurs utilisé pour les réverbes les fameuses rooms du Rockfield. Des pièces vides et hermétiques à l’acoustique travaillée, où on envoie du son via un haut-parleur et qu’on enregistre avec des micros dans la pièce. Entre ça, la Neve, les préampli vintage et les vieux micros, on obtient forcément quelque chose de plus ancien, de plus rond et c’est exactement ce qu’on voulait faire. D’où le fait qu’il y ait deux CD pour bien mettre en valeur ce contraste entre la prod’ moderne et puissante du Rythm Studio et la chaleur vintage du Rockfield.
– Est-ce cette expérience galloise vous a donné des idées ? Comme d’y retourner, par exemple ? Et enfin, pourquoi ne pas avoir enregistré l’ensemble de l’album là-bas ?
Je pense qu’on aurait tous envie d’y retourner et d’y rester plus longtemps. La campagne galloise est apaisante et inspirante. Et puis, c’est vraiment chouette de dormir sur place, c’est très confort et on est focus sur la musique. Mais ça reste un sacré budget pour un groupe autoproduit. Il va nous falloir trouver un mécène !
L’album, « 7 », de RED BEANS & PEPPER SAUCE est disponible depuis le 20 septembre chez Crossroads / Socadisc.
Devenue très populaire grâce à ses collaborations avec des artistes de légende, ORIANTHI a sorti six albums studio et même si elle reste très attachée à un Blues Rock parfois Metal, c’est surtout le côté Pop de ses compositions que l’on a retenu. Pourtant sur scène, l’Australienne se livre pleinement et sans fard, offrant à ses morceaux une toute autre dimension, plus authentique et sincère, dont « Live From Hollywood » est un beau témoignage.
ORIANTHI
« Live From Hollywood »
(Frontiers Music)
Cela fait déjà un bon moment que l’Australienne a pris son envol en solo, tout ayant partagé la scène avec de grands noms du Rock et du Hard Rock. Et après des albums studio peu convaincants, car trop produits et très lisses, il se pourrait bien que cette septième réalisation dévoile enfin le véritable visage et surtout le talent incontestable de la guitariste et chanteuse ORIANTHI, dont le répertoire ne manque pas de piquant.
Car c’est en concert que la musicienne s’est fait remarquer grâce à des performances de haut vol et une forte présence. Et ce « Live From Hollywood » reflète bien l’énergie et l’intensité de ses concerts. Capté au Bourdon Room à Hollywood le 8 janvier dernier, ce premier album live d’ORIANTHI met parfaitement en valeur son côté virtuose de la six-cordes à travers des titres pour l’essentiel extraits de « O », sorti en il y a deux ans.
Nettement moins Pop qu’en studio, on retrouve un jeu plus musclé, toujours très bluesy et parfois même aux frontières du Hard Rock : un rôle qui lui va bien (« Contagious », « Sinners Hymn »). On la sent réellement dans son élément et, accompagnée d’un excellent groupe, on découvre ORIANTHI sous un nouveau jour (« Think Like A Man », « What’s It Gonna Be », « Impulsive », « According To You »). Un live qui fait du bien !
Imprévisibles et insaisissables, les Suisses de DIRTY SOUND MAGNET prennent un malin plaisir, album après album, à brouiller les pistes, à surgir là où on en les attend pas pour développer un Psych Rock très Blues et 70’s tout en nuances, et où la richesse de leur écriture est aussi déconcertante que déroutante. Et « DSM – III » est un modèle du genre.
DIRTY SOUND MAGNET
« DMS – III »
(Hummus Records)
Très prolifique, le trio suisse de Psych Rock 70’s mêlé à un Blues Rock endiablé fait déjà son retour. Depuis 2017, DIRTY SOUND MAGNET s’en finit plus d’étonner par son inspiration, sa dextérité et sa façon de livrer un style au centre duquel le psychédélisme tient une place de choix, et où l’ombre des Doors surtout et de Led Zeppelin un peu, plane sur un groove imparable.
Dans la lignée d’une nouvelle génération portée par des formations comme Kadavar notamment, DIRTY SOUND MAGNET se détache grâce à un sens de l’improvisation et un esprit jam quasi-instinctif et d’une incroyable effervescence. Les Helvètes nous guident à travers des styles où le Rock côtoie le Blues et où le Stoner Psych n’est jamais bien loin. Une vision très live et dense.
Furieusement addictif, « DSM – III » nous plonge dans les méandres d’une musique aussi pointue que pointilleuse autour d’une douce folie très maîtrisée. Rock et Funk (« Pandora’s Dream »), Heavy Blues ou Boogie (« Heavy Hours ») et intensément Psych (« Toxic Monkeys », « Body In My Mind »), le trio se montre d’une grande et étonnante créativité (« Sunday Drama »). DIRTY SOUND MAGNET est d’une richesse inépuisable.
Pionnier et mythe du Hard Rock, c’est avec un album-concept consacré à sa ville de Detroit que le légendaire frontman livre son 27ème album à 73 ans. Et en éternel jeune homme qu’il est (« I’m Eighteen »), ALICE COOPER reste théâtral, inspiré et vient apporter de l’électricité à sa cité industrielle en friche. « Detroit Stories » est un grand et bel album où le chanteur ne fait pas dans la demi-mesure : un monument qui vient s’ajouter à sa belle discographie.
ALICE COOPER
« Detroit Stories »
(EarMusic/Warner)
50 ans après leur collaboration sur « Love It To Death », le grand ALICE COOPER retrouve son ami et producteur Bob Ezrin pour un nouvel album hommage à sa ville natale, Detroit, Michigan. Avec dans l’idée de rassembler une majorité de musiciens de la ville, ce « Detroit Stories » sent le Rock et l’acier, et la guest-list est impressionnante tout comme son contenu est exaltant et explosif. Avec toujours autant d’humour, l’Américain déclare sa flamme à la cité qui l’a vu naître.
Particulièrement attendu, ce nouvel album est à coup sûr l’un des meilleurs livré par l’icône américaine depuis des années. Très électrique sur les 15 morceaux (dont quatre reprises) qui le composent, « Detroit Stories » voir défiler quelques 25 musiciens qui enflamment et donnent une sensation très festive aux côtés d’un ALICE COOPER en grande forme et intemporel. Etonnement, ce nouveau cru sonne assez 70’s et la verve toujours tranchante du frontman est intacte.
En s’appropriant « Rock’n’Roll » du Velvet Underground (!), mais surtout « Sister Anne » du MC5, « East Side Story » de Bob Seger (également présent sur l’album), « Our Love Will Change The World » d’Outrageous Cherry, ALICE COOPER fait plus qu’un clin d’œil à sa ville et la chaleur des interprétations témoigne d’une joie communicative. D’ailleurs, la présence de Ronnie Montrose, Steve Hunter ou Joe Bonamassa notamment y est pour beaucoup.
Musicalement, le style du chanteur ne veut toujours incisif : « Go Man Go », « Social Debris », « Hail Mary », « Detroit City 2021 », « Independence Dave » ou « Shut Up And Rock » et le réjouissant « I Hate you ». Très R’n B sur « $1000 High Heel Shoes » ou Heavy Blues sur « Drunk In Love », ALICE COOPER fait le show. Plus sombre sur « Wonderful World » et « Hanging On By A Thread (Don’t Give Up) » pourtant plein d’espoir, « Detroit Stories » est exactement ce qu’on attendait du maître.
La singularité du Blues de FOLSOM vient certainement de la cohésion et de la complicité à l’œuvre entre les musiciens. Très Southern dans l’esprit, « Bonzaï » fait autant de pousses dans le Rock que dans l’Americana avec une légèreté apparente, que le quatuor aime venir balayer à grands coups de riffs puissants et épais. Un Blues-Core à la française.
FOLSOM
« Bonzaï »
(Independant)
Une bonne odeur de souffre émane de ce nouvel EP de FOLSOM. Les Parisiens ont posé six titres très Southern, passant du Blues au Rock et du Funk à la Country avec la même envie. Un large panel qui fait du Heavy Blues du quatuor un savoureux et langoureux mélange très brut, impertinent, un brin déjanté voire irrévérencieux. Autant le dire tout de suite : un régal de bout en bout, et bien trop court.
Si le nom de FOLSOM renvoie inévitablement à Johnny Cash et son légendaire concert dans la prison de la ville, c’est aussi qu’on n’est si loin de l’esprit subversif de l’homme en noir. Très roots et soigné dans le son, le combo ouvre les festivités avec le fiévreux « Son Of A Gun » avant que le morceau-titre vienne tout bousculer d’un riff acéré et costaud. Le rythme s’accélère encore un peu plus tard avec le très bon « Free ».
Non sans humour, le quatuor livre un « Hot Dog » à température, très sudiste et épicé. Et alors qu’on s’attend à du musclé, FOLSDOM se fait funky sur « Get My Money »… enfin jusqu’au refrain qui vient dévaster la légèreté ambiante. Enfin, le bonus track, en quelque sorte, surgit avec le très Country et Americana « Covid 19 », joli pied de nez à cette époque trouble et triste. La classe !