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Progressif Rock

Frost* : une persistance de haut vol

Toujours très présent sur la scène progressive, FROST* se détache peu à peu de l’étiquette de super-groupe qui lui colle à la peau et affirme au fil des albums un style de plus en plus personnel et reconnaissable dès les premières notes. Sur ce quatrième véritable album, les Britanniques font parler la poudre sur des mélodies originales, entre percussion et raffinement.

FROST*

« Day And Age »

(InsideOut Music)

Et si on arrêtait de demander à des groupes comme FROST* de révolutionner le genre pour n’attendre simplement d’eux qu’ils livrent de bons et même de très bons albums ? Le hasard (quoique) faisant bien les choses, c’est très précisément ce que les Britanniques viennent de faire avec « Day And Age ». Nul besoin de revenir sur la qualité technique du trio tant elle est incontestable, alors profiter simplement de ce nouvel album suffit finalement à y prendre du plaisir. 

Les plus austères aficionados de Rock Progressif y verront toujours des sonorités proches de Genesis, Alan Parson ou encore Pink Floyd et le reste du catalogue. Mais peu importe, FROST* mène avec vigueur, dextérité et créativité sa barque, qui n’est pas prête de chavirer… contrairement à toutes celles précitées. Le trio reste dans un registre qui a construit sa réputation et qui, s’il ne surprend pas toujours tout le monde, a au moins le mérite d’être très bon à bien des égards.

Talentueux et chevronnés, Jem Godfrey (claviers, chant), John Mitchell (guitare) et Nathan King (basse) font toujours preuve de puissance et de raffinement dans leurs compos (« Day And Age », « The Boy Who Stood Still »). Mélodique et sur des structures aux breaks féroces, FROST* a également fait appel à trois batteurs différents, tout en maintenant un groove explosif (« Island Life », « Repeat To Fade »). Multipliant les ambiances, les Anglais livrent un album intense et très personnel.

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Progressif Rock

Lucid Sins : une tradition enchanteresse et ravivée

Si le noyau dur de LUCID SINS est constitué des deux musiciens Andreas Jonsson et Ruaraidh Sanachan, le duo de Glasgow ouvre facilement les portes du groupe et accueille en son sein des musiciens écossais qui viennent donner un relief saisissant à son Rock Progressif à la fois occulte, marqué par les 70’s et très novateur.

LUCID SINS

« Cursed ! »

(Totem Cat Records)

Nouvelle sortie du label brestois et beau retour de LUCID SINS, sept ans après le somptueux « Oscillation » qui avait marqué les esprits. Toujours composé d’Andreas Jonsson (guitare, chant) et de Ruaraidh Sanachan (guitare, basse, claviers et batterie), le torturé et presqu’occulte duo écossais signe avec « Cursed ! », un nouvel album plein de surprises et toujours dans une même veine Rock Progressif estampillé 70’s.

Pourtant héritier direct des Blue Öyster Cult, Wishbone Ash ou encore des Doors, tout en étant moins ésotérique et plus hédoniste dans son jeu, le groupe de Glasgow avait surpris et scotché tout le monde avec une étonnante reprise de Medusa (« Black Wizard ») sur son premier album. Plus chaleureux et toujours aussi débridé, LUCID SINS a encore étoffé son style et nourri son jeu d’harmonies et d’arrangements trois soignés et irrésistibles.

Sombre et envoûtant, « Cursed ! » voit aussi se joindre plusieurs musiciens locaux venus prêter main forte au duo. Guitare, claviers et violons viennent apporter du coffre et de bonnes vibrations aux titres de LUCID SINS. Enchanteur et enflammé dans le style, ce deuxième album des Ecossais s’inscrit parfaitement dans un registre Rock Progressif occulte, mais bienveillant, des 70’s. Un bond dans le temps obsédant.

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Metal Progressif

Ben Randall : aérien et expressif

Malgré sa jeunesse, le guitariste BEN RANDALL possède déjà une solide expérience. Ayant joué dans de nombreuses formations, le Britannique revient cette fois en solo avec un album où il parcourt différentes époques de ses expériences musicales. Son jeu et son style se font plus personnels au fil des morceaux à travers lesquels il propose de belles choses.

BEN RANDALL

« Before The Rain »

(Thoroughbred Music)

Le talent n’attend pas le nombre des années et BEN RANDALL vient confirmer l’adage. Loin d’être un clown savant de la six-cordes ou une petite bestiole qui ne jure que par la vitesse et la technique comme on le voit chaque jour, le guitariste base surtout et plutôt son jeu sur le feeling et le toucher que la technicité vient juste servir.

Ayant fait ses armes avec Code of Silence, 25 Yard Screamer et Chasing The Monsoon, BEN RANDALL explore avec « Before The Rain » toutes ces années au sein de ces formations, ainsi qu’en solo. Et entre Heavy Metal, Hard Rock bluesy et Rock Progressif, le registre du prodige anglais est vaste et instrumental pour l’essentiel, ce qui donne lieu à une grand expression musicale.

Avec « Dark Skies Over Babylon », BEN RANDALL propose le seul titre chanté de l’album par Joanna Ruiz et il sort d’ailleurs en single. Très expressif et progressif dans son jeu, le guitariste met en avant ses propres compositions, mélodiques et contrastées. Légèrement shred, mais pas trop, le Britannique brille surtout par son efficacité et son style très direct, cristallin et groovy.

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Metal Progressif Rock

Poverty’s No Crime : le vertige des sommets

Réellement investi et impliqué dans sa musique, POVERTY’S NO CRIME est de ces groupes qui prend son temps pour livrer de bons et beaux albums. Et « A Secret To Hide » ne faillit pas à la règle que suit assidûment le quintet allemand. Une fois encore, le groupe s’amuse avec le Progressif, qu’il soit Rock ou Metal, avec une brillante fluidité.

POVERTY’S NO CRIME

« A Secret To Hide »

(Metalville Records)

En 30 ans de carrière, POVERTY’S NO CRIME s’est forgé une solide réputation et ce huitième album vient confirmer l’assise du groupe dans un registre parfaitement maîtrisé. Si seulement cinq ans séparent «  A Secret To Hide » de « Spiral Of Fear » (ce qui est assez court pour le groupe), les Allemands livrent un très bon opus où se mêlent Rock et Metal Progressif. Suite à une tournée couronnée de succès avec Psychotic Waltz, le quintet est toujours aussi explosif.

Depuis ses débuts, POVERTY’S NO CRIME passe du Rock au Metal Progressif avec un savoir-faire et une créativité qui ont forgé son style si personnel et identifiable. D’une liberté sans faille, les Allemands font la jonction entre les époques avec des passages instrumentaux accrocheurs et aussi rentre-dedans qu’aériens. Avec Volker Walsemann (guitare, chant) en pleine forme, « A Secret To Hide » recèle de détails et d’arrangements tout en finesse et très soignés.     

La particularité de ce nouvel album réside aussi dans le fait qu’aucun membre du groupe ne s’est rencontré durant la phase d’écriture. POVERTY’S NO CRIME s’en amuse aujourd’hui expliquant que cela les a même poussé dans ses retranchements. Résultat, un mur du son infranchissable, une rythmique impressionnante et un frontman qui régale de facilité (« Hollow Phrases », « In The Shade », « Schizophrenic », « Grey To Green », « Within The Veil »). Un grand album ! 

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Progressif Stoner/Desert

Mather : balade cosmique

Formé en 2017 à Patras en Grèce, le quatuor MATHER n’a eu d’autre choix que de sortir son premier album, « This Is The Underground », au début du premier confinement général l’an dernier. Une malédiction que le groupe a décidé de conjurer et vu la qualité de ce très bon opus, c’est presque même une évidence. Entre Heavy Psych et Rock Progressif très Stoner, les Hellènes livrent une superbe prestation.   

MATHER

« This Is The Underground »

(Independant/Violence In The Veins)

Sorti il y a tout juste un an, autant dire à la pire période, ce premier album de MATHER était un peu (beaucoup) passé à travers le feu des projecteurs et c’est très intelligemment que le label indépendant Violence In The Veins le ressort en CD et en vinyle avec une attention toute particulière pour ce dernier pressage. Première production des Grecs, « This Is The Underground » montre une maturité et une production très matures et irréprochables.

Evoluant dans un registre Rock Progressif aux contours Heavy Psych et même Desert Rock, MATHER sait se faire très aérien et planant, tout en martelant de gros riffs Heavy très appuyés. La clarté du chant et la grande qualité de sa rythmique basse/batterie donnent aux grecs une originalité accentuée par des harmonies aussi démoniaques qu’envoûtantes. Ponctué par de courts interludes (« On », « Give In »), l’album propose surtout de longs morceaux.

Au fil de l’album, le jeu du quatuor s’épaissit pour des dimensions où le groove se mêle aux passages atmosphériques, presque Space Rock, porté par un son au relief saisissant. Elargissant son spectre au Stoner et au Desert Rock, tout en restant très Progressif, MATHER s’étale en longue sur des morceaux de plus en plus envoûtants (« A Night To Remember, a day to Forget », « Sympathy For The Gods », « Co-Lapse », « Engine »). Créatif et solide !  

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Blues Hard Rock Rock

Cactus : toujours autant de piquant

L’infatigable Carmine Appice ne semble pas avoir fini de malmener ses fûts et vient le prouver encore avec ce nouvel album de CACTUS. En seulement six albums depuis les 70’s, les Américains se sont forgé une réputation et un statut de légende indiscutable. Le Classic Rock très Blues du quintet a inspiré plus d’un groupe depuis cinq décennies, et « Tightrope » vient nous rappeler son pouvoir d’attraction et sa grande classe.

CACTUS

« Tightrope »

(Cleopatra Records)

Dès sa formation en 1969, CACTUS a marqué les esprits et s’affiche comme l’un des précurseurs du Hard Rock, aujourd’hui qualifié de Classic Rock, et fut même surnommé le ‘Led Zeppelin américain’. Après une décennie de gloire assez mouvementée, le groupe se sépare avant de réapparaître près de 30 ans plus tard avec un cinquième album qui marque encore une fois les esprits. « Tightrope » est donc le septième méfait des vétérans.

Toujours mené par l’emblématique batteur Carmine Appice, Jimmy Kunes au chant et Randy Pratt à l’harmonica, CACTUS fait revivre la légende avec ce nouvel album entre Rock Hard nerveux et Blues Rock enivrant. Rejoints par le guitariste-chanteur Paul Warren (ex-Rod Stewart, Tina Turner, Joe Cocker) et James Caputo à la basse, les Américains semblent retrouver une seconde jeunesse sur ce « Tightrope » de haut vol.

Les douze titres de l’album naviguent avec toujours autant de feeling dans un style qui a forgé la légende du groupe. Entre clins d’œil aux Rock Progressif des 70’s, rythmiques affolantes et des parties vocales incroyables soutenues par un harmonica endiablé, CACTUS réinvente sa légende avec une malice toujours très présente. On notera d’ailleurs les apparitions du guitariste original Jim McCarty et du chanteur Phil Naro. Un régal !

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Metal Progressif Rock

Wheel : road-trip spatial

Avec désormais deux EP et deux albums à son actif, WHEEL semble durablement installé dans la sphère Rock et Metal Progressif. « Resident Human » vient confirmer les attentes placées dans le groupe anglo-finlandais. Très atmosphérique et envoûtant, ce nouvel opus traverse le temps et les styles avec justesse, en mariant les belles mélodies et des passages denses et robustes.   

WHEEL

« Resident Human »

(Odyssey Music)

On attend bien souvent d’un deuxième album qu’il soit celui de la maturité. Même si l’expression est assez galvaudée, il faut reconnaître que dans le cas de WHEEL, elle s’applique parfaitement. Avec « Resident Human », les anglo-finlandais confirment l’explosivité et la créativité que chacun avait pu apprécier sur « Moving Backwards ». L’identité sonore du quatuor est nette et la maîtrise musicale imparable.

Mené par un James Lascelles impérial à la guitare et au chant, WHEEL trouve sa place sur l’échiquier du Metal Progressif quelque part entre Tool et Riverside, autant dire que techniquement ou au niveau des mélodies, le groupe place la barre très haut. Sur une thématique nourrie de science-fiction, le combo nous embraque dans un road-trip spatial où s’entremêlent Rock Progressif 70’s avec de puissantes sonorités actuelles.  

Très bien produit, « Resident Human » fait la part belle aux parties instrumentales, où le groove de Santeri Saksala (batterie) et Aki Virta (basse) est omniprésent, tout comme les solos racés et expressifs de Jussi Turunen. Le quatuor ne se refuse rien et multiplie des atmosphères lumineuses et inspirées (« Movement », « Hyperion », « Fugue », « Old Earth »). Ce deuxième album marque l’entrée de WHEEL par la grande porte de la cour des grands.

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Progressif

Nine Skies : l’élégance d’un concept inédit

Avec « Sweetheart Grips », NINE SKIES livre un excellent double-album, doté d’un concept très original et d’une magnifique palette d’invités. Ce superbe disque renvoie à un Rock Progressif original et riche en virtuosité… En attendant le nouvel album du groupe, « 5.2 » à paraître dans les mois à venir, (re)découvrez cette pépite en deux volets.

NINE SKIES

« Sweetheart Grips »

(Anesthetize Productions)

Pour son deuxième album, NINE SKIES a placé la barre très haut. Non contents de faire simple, les Niçois sortent, avec « Sweetheart Grips », un double-album concept et le résultat est vraiment à la hauteur du projet : très accompli. Autour d’un noyau dur de huit musiciens, le groupe a même fait appel à de nombreux guests, et non des moindres. Le Rock Progressif du combo français se pose désormais aux côtés des meilleures formations du genre, et ce très bel album parmi les indispensables du registre pour cette année (2019 – NDLR).

Autour d’un concept basé autour de la seconde guerre mondiale, NINE SKIES narre une pratique ayant réellement existé. C’est donc sur cette idée que se décline ce double-album. Des titres comme « Vestige », « Burning my brain » ou le morceau-titre démontrent la qualité exceptionnelle du travail de production. Les guitares sont en harmonie totale avec les claviers et le saxophone, tandis que la paire basse/batterie fait des merveilles et garde le cap de compositions très inspirées.

Les deux volets composant « Sweetheart Grips » se complètent parfaitement et offrent finalement une belle respiration à l’ensemble. Très modernes dans leur approche, les morceaux du double-album naviguent entre fougue avec des passages très Rock et douceur avec des parties acoustiques très sensibles et délicates. Toute cette maîtrise artistique fait de cet opus un vrai monument, lequel est embelli par le magnifique artwork signé par Steve Anderson. Avec « Sweetheart Grips », NINE SKIES va marquer le petit monde du Rock Progressif pour un moment !

Bandcamp : https://nineskies.bandcamp.com/album/sweetheart-grips

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Heavy metal Progressif

30 ans d’âge !

Dans ses tiroirs depuis près de 30 ans, le batteur Jeff plate (Savatage, Trans-Siberian Orchestra) sort enfin son album solo sous le nom d’ALTA REIGN, où il est très bien accompagné par des musiciens aussi aguerris que complices. Entre Heavy Metal et phases plus progressives, « Mother’s Day » est plutôt convaincant et inspiré.

ALTA REIGN

« Mother’s Day »

(Rat Pak Records)

Cela fait déjà trois décennies que Jeff Plate, batteur du Trans-Siberian Orchestra, Savatage et ex-Metal Church, mûrit ce projet. Et après toutes ces années d’écriture, d’apprentissage scénique et de studio, l’Américain a enfin senti que c’était le bon moment pour ALTA REIGN de présenter ce premier album aussi singulier que sa genèse.

Clairement ancré dans une veine Heavy Metal très 90’s, « Mother’s Day » traverse les époques avec une belle aisance que l’on doit au brillant casting d’ALTA REIGN. On retrouve la claviériste de TSO Jane Mangini, le bassiste Kevin McCarthy et les trois guitaristes Collin Holloway, Zack Hamilton et Tommy Cook également chanteur principal.

Les bons riffs et le solide groove basse/batterie offrent une belle tessiture à l’album. Sur des titres comme « Rise », ALTA REIGN plonge dans un Metal Progressif à la Dream Theater, se fait épique sur un bon Heavy relevé (« Immortal », « Thin Red Line »). Jeff Plate a fait du bon boulot et ce premier album en appelle déjà d’autres.

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International Rock Progressif

Pure Reason Revolution : un processus créatif sans limite [Interview]

Pour ce quatrième album de PURE REASON REVOLUTION, Jon Courtney (chant, guitare, claviers) et Chloë Alper (chant, basse, claviers) reviennent à un Rock Progressif épuré aux frontières du Metal. « Eupnea » est d’une richesse musicale incroyable, et le duo signe là probablement l’un des ses meilleurs albums. Après huit ans d’absence, c’était l’occasion de faire le point avec Jon Courtney sur le retour de PRR, le processus de composition de ce nouvel album et parler aussi un peu de l’avenir du groupe qui est plus motivé que jamais… mais pour le moment à l’arrêt.

– PURE REASON REVOLUTION est de retour après huit ans de silence, et « Hammer And Anvil » il y a dix ans. Pourquoi une si longue absence ?

Revenons un peu en arrière. En 2011, nous pensions que le groupe allait continuer sur sa lancée. Et nous avions aussi tous envie de nous investir dans différents projets, et c’est ce que nous avons fait. J’ai alors déménagé à Berlin, et j’ai commencé à travailler sur Bullet Height. Une fois ce cycle achevé, j’ai d’abord fait une pause et je suis retourné en studio. Ce qui s’est passé, c’est que ce qui ressorti des démos ne ressemblait pas à Bullet Height. C’était beaucoup plus Progressif et très proche de PRR. Et au fur et à mesure que j’avançais sur le matériel et que je le développais, je me suis rendu compte que cela ressemblait vraiment à PRR. J’ai donc contacté Chloë en lui demandant ce qu’elle pensait de l’idée de reformer le groupe. Elle avait aussi travaillé avec Tiny Giant et fait des concerts entre temps. Elle a trouvé l’idée excellente, et nous revoilà… entre autre !

– « Eupnea » vient de sortir et vous effectuez un brillant come-back. Depuis combien de temps est-ce que vous travailliez sur cet album ?

Je dirai que ça nous a pris environ un an, depuis les premières démos jusqu’au mix final. Et nous sommes désormais décidés à prendre un bon rythme et faire des dates dès que possible. Et cette fois, nous n’attendrons pas dix ans !

– Est-ce que vous étiez dans un état d’esprit différent pour ce nouvel album, car beaucoup de monde, notamment les fans, attendaient votre retour ?

Pas vraiment, car nous savons que nous avons une superbe et fidèle fan-base, qui était très impatiente d’écouter de nouveaux morceaux. Je pense que la direction très naturelle prise sur « Eupnea » a été une belle surprise pour les fans, et nous sommes très touchés par l’accueil reçu.

– Sur ce nouvel album, on a le sentiment que vous avez épuré votre registre en le rendant aussi plus tranchant, plus incisif et même assez Metal dans les guitares. Vous avez cette impression d’avoir durci le ton ? 

Nous avons toujours eu des influences allant de NIN à Tool ou Bring Me The Horizon. J’ai d’ailleurs travaillé sur quelques remixes pour eux. Pour « Eupnea », on voulait quelque chose de plus massif, de plus heavy, de plus extrême… et on espère que vous aimez ! 

– Il y a un travail incroyable effectué au niveau vocal. Vous semblez avoir trouvé votre propre espace tous les deux et votre complicité est évidente. Tu as le même sentiment ?

Merci beaucoup ! Sur ce nouvel album, je me suis vraiment efforcé de faire ressortir nos particularités vocales respectives. C’est quelque chose qui manquait sur l’album précédent. Les voix sont plus « solos » par moment avec une piste centrale qui donne la direction. On obtient du coup plus d’harmonies tout en gardant un aspect très brut, ce qui est très important. Nous sommes très influencés par Fleetwood Mac, les Beach Boys et Crosby, Stills, Nash and Young pour ce qui est des harmonies vocales. Et personnellement, j’aime beaucoup les chanteurs Brian Wilson et Billy Corgan.

– PRR reste toujours aussi mélancolique et aérien, et c’est encore évident sur vos nouveaux titres. C’est définitivement la signature du groupe ?

Nous avons juste suivi notre processus créatif sans nous fixer de limites, ni de frontières et sans restriction. Dans notre musique, il y aura toujours des choses qui prévalent sur d’autres. Les harmonies vocales, la structure et les mélodies inhabituelles de nos chansons sont quelque chose que l’on retrouve sur tous nos albums. C’est peut-être notre signature, en effet. La mélancolie des textes se glisse aussi dans une certaine mesure, mais toujours en équilibre avec la positivité, la passion et l’espoir.

– « Eupnea » est sorti au début de la crise du Covid-19. Comment vivez-vous la situation et le fait que vous ne pourrez pas défendre votre album sur scène dans l’immédiat ?

Nous sommes heureux que l’album soit sorti juste à temps, et j’espère qu’il apporte un peu de réconfort durant ce confinement. Pour le moment, je vais au studio tous les jours mais j’ai beaucoup de mal à me concentrer. L’incertitude actuelle provoque un sentiment d’étrange décomposition. J’ai aussi du annuler des sessions d’enregistrement en avril, et je devais également m’envoler pour Portland, Oregon, quelques semaines. On se sent vide. Tous nos festivals de cet été ont été annulés et c’est une grande déception. Pour le moment, cela n’a pas encore d’impact sur nos dates d’octobre, mais attendons de voir…