Avec un chanteuse de ce calibre et aussi bien entourée, HANGFIRE ne devrait pas mettre très longtemps à se faire connaître au-delà des frontières de l’Etat de Washington. Avec « Burn », l’entrée en matière est fracassante, tant la qualité est au rendez-vous. Entre une tradition respectée très présente et un élan moderne, l’énergie déployée sur ce premier opus est le signe d’une aventure qui ne fait que commencer. Le Heavy Metal a de beaux jours devant lui.
HANGFIRE
« Burn »
(Rottweiler Records)
Pour un premier album, HANGFIRE frappe fort. Incisif, « Burn » affiche déjà l’essentiel des ingrédients nécessaires et indispensables à un bon disque de Heavy Metal. Passionnés et aguerris, les Américains font certes dans le classique, mais la production et leur ambition font de « Burn » un modèle du genre très contemporain. Pour autant, ils ne font pas du neuf avec du vieux. Au contraire, ils injectent à l’exemple de leurs aînés un souffle vivifiant et le niveau ne trouve rien à redire au regard des formations les plus chevronnées.
Fondé il y a trois ans par le guitariste Sean Searls et le bassiste Steven Tolbeck, ils ont dû patienter jusqu’à leur rencontre avec Shannon Laird (batterie) et Jenea Fiore (chant) pour pouvoir réellement commencer à se mettre à l’ouvrage. Et la connexion a fait des étincelles pour obtenir HANGFIRE, jeune combo de musiciens expérimentés avec de la suite dans les idées. Dynamique et explosif, il fait preuve de beaucoup d’ambition et se montre même impressionnant de précision, de technicité et de feeling.
Et outre la performance instrumentale, l’un des atouts du quatuor est sans aucun doute sa frontwoman, qui possède un panel vocal assez éloquent. Capable d’être franchement Metal sans tomber dans un growl fadasse, elle use de toute sa puissance pour rendre les refrains hyper-accrocheurs sur des lignes parfois plus Rock, mais toujours aussi musclées (« Warhawk », « White Lie », « Hunger », « Fire In The Night », « The Hunter », « Outlaw »). HANGFIRE s’est forgé un son ample et féroce et « Burn » s’annonce n’être qu’un début.
A mi-chemin entre Hard Rock et Heavy Metal, mais solidement ancré dans les années 80, TEASER SWEET évolue dans une torpeur Old School savoureuse et fougueuse. Avec une fraîcheur très actuelle, les Suédois sortent un troisième album, « Night Stalker », accrocheur d’où émane une sorte d’insouciance très entraînante. Aux côtés de son frère Marcus à la guitare, Hampus Steenberg à la basse et Kent Svensson derrière les fûts, Therese Damberg se révèle être une redoutable frontwoman, dont la voix est l’une des forces du quatuor. Entretien avec la chanteuse de ce groupe, qui devrait ravir les fans de Heavy vintage.
– Cela fait déjà dix ans que TEASER SWEET existe et vous sortez aujourd’hui votre quatrième album. A l’époque, quel a été le déclic pour passer d’un groupe qui reprend du Kiss à l’écriture de vos propres chansons ?
Quand on a commencé le groupe, on n’avait pas de matériel personnel, c’est pour cela qu’on jouait des morceaux de Kiss. Mais à la base, on n’a jamais voulu faire des reprises, ce n’était vraiment pas notre objectif. Alors, on a composé nos propres morceaux le plus vite possible. Et c’est vraiment à partir de ce moment-là que tout a vraiment commencé pour le groupe !
– On imagine très bien qu’avec de tels débuts, vos influences se situent dans les années 70 et 80, et d’ailleurs cela s’entend. Vous n’avez jamais été tentés par un style plus moderne, ou est-ce justement pour vous démarquer un peu de l’actuelle scène Metal suédoise ?
On a toujours été attirés par le Metal classique, c’est-à-dire influencé par les années 70 et 80, et qu’on ne retrouve pas dans le Metal moderne. Actuellement, le Metal a un son très numérique et rigide, et ce n’est pas ce qu’on recherche. C’est même tout le contraire ! Nous voulons jouer ce qu’on aime et, bien sûr, on désire aussi développer notre propre son. Pour se démarquer, il faut aussi être soi-même et nous sommes tous d’accord là-dessus. Nous sommes des gens sympas qui aimons la musique et on espère que ça se reflète dans notre façon de composer. On veut que les gens qui nous écoutent se sentent heureux, pleins de vie et prêts à affronter la vie.
– « Night Stalker » marque aussi votre arrivée chez High Roller Records, qui est d’ailleurs un label qui vous correspond parfaitement. Qu’est-ce que cela change pour vous concrètement ?
Nous avons l’opportunité de toucher un public plus large ce qui, espérons-le, nous permettra d’attirer un plus grand nombre de fans et faire aussi plus de concerts que si nous avions à nous en occuper seuls. Nous sommes donc reconnaissants à High Roller Records de nous avoir pris sous son aile.
– D’ailleurs, je trouve que ce nouvel album tranche vraiment par rapport à « Monster ». La production est solide et surtout vos compositions ont pris une nouvelle dimension. Est-ce que, dans un sens, cette signature vous a donné des ailes et fait franchir un nouveau cap ?
Absolument ! On apprend toujours de ses erreurs et on cherche constamment à progresser dans notre musique. Nous avons aussi grandi en tant que musiciens et on a voulu repousser nos limites créatives sur cet album. C’est super d’entendre que tu constates des progrès !
– « Night Stalker » garde aussi un son vintage et une approche Old School très chaleureuse et live. C’était important pour vous de présenter une production si organique, malgré le tout-numérique actuel ?
Absolument. Le son est très important pour nous. Il transmet des émotions et il représente vraiment qui nous sommes. Avec un son numérique moderne, cela aurait été comme bien s’habiller pour une mauvaise occasion.
– A l’écoute de ce nouvel album, les références à la NWOBHM sont évidentes et vous puisez du côté du Heavy Metal comme du Hard Rock. Est-ce que c’est un équilibre que vous avez cherché et souhaité dès les débuts de TEASER SWEET ?
Quand nous créons ensemble, à quatre, le son est là et se créer de manière naturelle. Ce n’est pas un objectif auquel nous aspirons, c’est comme ça que ça se produit. Nous sommes heureux d’être arrivés au point, où nous savons aussi exactement comment nous voulons sonner et, bien sûr, nous sommes influencés par ce que nous écoutons nous-mêmes de notre côté.
– Etonnamment, on ne retrouve pas énormément de similitudes avec des groupes qui ont aussi une chanteuse, en tout cas dans l’intention, même si on peut penser à Warlock, par exemple. « Night Stalker » est un album puissant et volontaire. L’important pour vous est-il de conserver l’image d’un style massif et véloce ?
L’important n’est pas forcément d’avoir un style massif et rapide, même si bien sûr, j’aime les chansons très rythmées. C’est ce que je dis toujours aux autres: jouez plus vite ! Mais il est important d’avoir toujours le bon tempo, et qu’il soit rapide ou non. L’essentiel est qu’il colle à la chanson.
– Il y a beaucoup de force et un côté mélodique prononcé dans ta voix et on pense à Doro, bien sûr, mais aussi à Johanna Sadonis de Lucifer, ainsi qu’à la Canadienne Lee Aaron. J’ai l’impression que c’est plutôt le côté Rock qui t’inspire. Est-ce le cas, et peut-être même ta façon d’apporter une touche féminine à TEASER SWEET, d’adoucir son aspect Metal ?
Il y a toujours de l’inspiration venant des chanteurs talentueux, que ce soient des hommes comme des femmes. Mais je n’essaie pas de ressembler à quelqu’un d’autre. J’avance en fonction de ce que je ressens et de qui je suis. Mais si le groupe avait un chanteur, ça ne sonnerait pas pareil, c’est certain.
– TEASER SWEET est aussi une histoire de famille, puisque tu as fondé le groupe avec ton frère Marcus, qui est guitariste. Comme la combinaison guitare/voix est souvent la base pour composer, est-ce que votre proximité est le point de départ de vos morceaux et de quelle manière prennent-ils vie ? D’abord une ligne de chant, ou un riff ?
Ça commence souvent par un riff sur lequel on construit ensuite, et même parfois les deux : un riff avec une ligne vocale. On s’inspire aussi souvent assez vite des idées de l’autre. Mais parfois, c’est vraiment difficile de décrire le résultat final, du moins pour moi. Je ne suis pas aussi douée que les autres pour jouer d’un instrument, mais le reste du groupe a appris à bien me connaître et à comprendre ma façon d’exprimer ce que je souhaite obtenir.
– Enfin, vous avez un répertoire conséquent avec ce quatrième album. Comment établissez-vous vos setlists et surtout, est-ce qu’une tournée est prévue pour cet été ou la rentrée de septembre ?
Nous choisissons les chansons que nous aimons, ainsi que celles que nos fans adorent. Nous les prenons vraiment en considération et nous incluons souvent d’anciens morceaux. Mais la setlist, qui sera jouée dans les concerts à venir, sera principalement composée de titres de « Night Stalker ». Malheureusement, il n’y a pas encore de tournée organisée, mais nous l’espérons fortement !
L’album de TEASER SWEET, « Night Stalker », est disponible chez High Roller Records.
Aussi fantasque que surprenant, YNGWIE MALMSTEEN règne sans partage sur un Heavy Metal qu’il a façonné sur des bases classiques et dont il est un prodige inégalé. Le guitar-hero, tout en contrôle et en maîtrise, s’avère aussi un redoutable compositeur, même si ses adaptations restent le summum de son art. Sur plus d’une heure et demi et 30 morceaux, il retrace cette voie unique, dont il n’a jamais dévié, où la fureur et le sublime se fondent dans une entité véritablement hors-norme.
YNGWIE MALMSTEEN
« Tokyo Live »
(Music Theories Recordings)
Qu’on l’adore ou qu’on le déteste, on ne reste pas insensible ou indifférent au jeu et au talent du Suédois. Et sur ce « Tokyo Live », cinquième album live et deuxième capté au Japon, le virtuose fait la preuve une fois encore qu’il reste ce maestro de la six-corde, fort d’une technique imparable et d’une vélocité phénoménale. En 40 ans de carrière, YNGWIE MALMSTEEN a réalisé 22 albums solos, en plus de deux autres avec, respectivement, Steeler et Alcatrazz en tout début de carrière. Enregistré au Zepp DiverCity de Tokyo le 11 mai 2024, il y célèbre cette fois ses quatre décennies au service d’un Metal néo-classique, dont il a fait sa griffe et dont il est l’étendard.
Avec un côté virtuose de chaque instant, le guitariste est pourtant un musicien sincère, qui vise toujours l’excellence et « Tokyo Live » témoigne de ce dévouement à une musique qu’il est l’un des rares à produire et qui demande autant de précision que de feeling. Grand amoureux de musique classique, YNGWIE MALMSTEEN a insufflé toute sa fougue dans les compositions de Paganini (« Paganini’s 4th »), de Jean-Sébastien Bach (« Badinerie ») et bien sûr d’Albinoni et son désormais légendaire « Adagio ». Jamais pompeux, il offre justement un aspect organique, tout en faisant reculer les limites de son instrument dans une explosion de technicité.
Cette nouvelle captation retrace l’ensemble du parcours incroyable du Scandinave, remontant même de ses débuts avec Alcatrazz (« Hiroshima Mon Amour ») jusqu’à « Parabellum » sorti il y a quatre ans. Le répertoire d’YNGWIE MALMSTEEN est vaste et les classiques se succèdent aussi généreusement que ses accords spectaculaires (« Rising Force », «Into Valhalla », « Evil Eye », « Far Beyond The Sun », « Seventh Sign », « Black Star », « You Don’t Remember I’ll Never Forget », « Toccata », …). L’homme à la Fender personnalisée montre à son public son amour pour les prestations live, celles où on ne triche pas et où il prend toute sa dimension.
Des twin-guitars au diapason, un rythme soutenu du début à la fin et une chanteuse à l’énergie communicative, il n’en fallait pas plus pour que THE RIVEN vienne confirmer avec force que sa présence dans le paysage Rock/Metal était tout sauf un hasard. Avec « Visions Of Tomorrow », la formation de Stockhölm passe le cap des trois albums avec une assurance qui fait d’elle l’une des meilleures représentantes de l’héritage laissé par la flamboyante NWOBHM. Et Totta Ekebergh assoit avec brio son statut de l’une des plus belles voix du style depuis longtemps.
THE RIVEN
« Visions Of Tomorrow »
(Dying Victims Productions)
Continuant son exploration dans un réjouissant revival 70’s et 80’s, les Suédois livrent leur troisième opus, « Visions Of Tomorrow », somptueux mélange de Power Rock, de Heavy Metal, de Hard Rock et d’un soupçon de Prog originel. En bientôt dix ans d’existence, THE RIVEN a très bien digéré ses influences pour atteindre une identité musicale désormais très personnelle et identifiable. Il s’appuie sur ses points forts, à savoir de belles combinaisons de guitares, une rythmique galopante et un chant féroce et aérien.
Après le très bon « Peace And Conflict » sorti en 2022, on attendait beaucoup du quintet et il y a de quoi de réjouir avec cet éblouissant « Visions OF Tomorrow ». Tout d’abord, l’excellente production signée Robert Pehrsson (The Hellacopters) met parfaitement en lumière le registre frais et direct du groupe. Sur un son très organique, THE RIVEN déploie son talent librement, loin des réalisations aseptisées d’aujourd’hui, avec une authenticité réelle et un sentiment d’urgence très perceptible. La performance est véloce et brute.
Avec une frontwoman en état de grâce et au sommet de son art, la confiance semble encore renforcée et les Scandinaves laissent pleinement « Visions Of Tomorrow » prendre son envol. Nerveux et massifs, ces nouveaux morceaux sont particulièrement affûtés et transmettent une sensation immédiate de familiarité, tout en restant originaux (« Far Away From Home », « Killing Machine », « Crystals », « Seen It All », « Follow You » et le morceau-titre). THE RIVEN frappe fort et marque les esprits grâce à un élan créatif décisif.
Retrouvez la chronique de « Peace And Conflict » :
Pour qui ne serait pas encore familiarisé avec CIRITH UNGOL (ça doit exister !), ce « Live At Roxy » est fait pour vous. Cultivant son côté underground, malgré une position de précurseur, le combo livre une prestation inoubliable et, à travers 20 morceaux triés sur le volet, parcourt sa carrière sans rien éluder et commençant même par son dernier opus en date… et en entier ! En attendant un septième joyau que le groupe annonce imminent, savourez donc celui-ci sans aucune modération.
CIRITH UNGOL
« Live At The Roxy »
(Metal Blade Records)
Plus de quarante ans après sa première prestation aux fameux ‘Roxy Theatre’ du Sunset Strip de Los Angeles, CIRITH UNGOL est retourné l’an dernier foulé à nouveau les planches de l’endroit qui les a presque vu naître. Car la carrière du combo de Ventura en Californie, est à l’image de son Heavy Metal : épique ! Enregistré à l’occasion de la sortie de son dernier album effort, le quintet avait offert à ses fans une soirée hollywoodienne digne de ses plus grandes heures. Et au menu de ce double-album, on retrouve l’intégralité de « Dark Parade » sur le premier disque et les classiques du groupe sur le second.
La première chose qui attire l’attention sur ce « Live At The Roxy », c’est ce son gras et robuste, tellement identifiable et véritable marque de fabrique des Américains. Sans artifice, CIRITH UNGOL se montre direct, d’une redoutable efficacité et on a surtout le sentiment d’être au cœur de ce concert, qui s’avère vite hors-norme. Très rapidement, on se prend dans ce Heavy, teinté de Doom et aux allures Power Metal (le vrai !) unique en son genre. Emporté par un Tom Baker en très grande forme, le public ne s’y trompe pas et semble savourer chaque riff et chaque embardée rythmique avec un plaisir qui s’entend clairement.
C’est devenu si rare aujourd’hui de voir un groupe interpréter l’intégralité de son nouvel album en concert qu’on se délecte de découvrir en version live le très bon « Dark Parade », sorti en 2023. Pour autant, CIRITH UNGOL n’oublie pas ses fans de la première heure et passe en revue sur le deuxième volet ses morceaux devenus de véritables hymnes pour beaucoup. De « Join The Legion » à « Atom Smasher », « I’m Alive », « Back Machine », « Chaos Descends ou « Frost And Fire », la setlist est époustouflante et vient nous rappeler à quel point les Américains sont incontournables sur la scène mondiale.
Retrouvez également la chronique de « Dark Parade » :
Originaire de Pologne, WIND DOWN distille un Heavy Metal costaud, teinté de touches progressives et se dévoile sur un premier opus bien réalisé. Rapide et même assez épique à l’occasion, il est constitué de musiciens chevronnés et biberonnés aux 90’s. « The Burning Past » affirme déjà une identité forte, grâce à des titres percutants et accrocheurs. Conceptuel, il confirme également l’audace et l’envie d’en découdre du quintet d’Europe de l’Est.
WIND DOWN
« The Burning Past »
(Wormholedeath Records)
Formé par d’anciens membres de Thetragon pour l’essentiel, WIND DOWN est une formation assez récente et, quatre ans après sa création suivi de l’EP « Uśpieni Ludzie » (« Le Peuple Euthanasié », elle livre son premier album sur le label italien Wormholedeath Records. Et « The Burning Past » est une bonne surprise. Inspiré par la culture amérindienne, ses rituels chamaniques et la connexion des âmes, le groupe s’aventure avec conviction dans un univers pourtant très éloigné de sa Pologne Natale.
Rompu à la scène depuis de nombreuses années, on sent bien sûr toute l’expérience des membres de WIND DOWN et « The Burning Past » se montre solide et véloce. Sur des riffs tranchants et lourds, son Heavy Metal tire aussi très légèrement vers le Prog, grâce à une belle technicité et une structure mature de l’ensemble. Bien produits, les neuf titres et la saisissante intro affichent un son typique des 90’s rappelant notamment Savatage, qui semble être l’une des références incontournables du combo.
Cela dit, WIND DOWN s’en tire bien et parvient même à imposer son Heavy Metal progressif avec détermination et force. Mélodique à souhait, « The Burning Past » est massif et racé et son concept émerge rapidement au fil de l’écoute. Le groove est épais et les deux guitaristes se donnent le change sur une rythmique bien en place. Quant au frontman, il tient la boutique avec efficacité (« Falling Down », « Without Doubt And Illusion », « New World », « Moonlight » et le morceau-titre). Un disque vaillant et robuste.
Avec une énergie débordante, de la volonté et un savoir-faire qui n’a pas grand-chose à envier à d’autres formations européennes notamment, les Paraguayens de NIGHTBOUND ne donnent pas pour autant dans l’exotisme et si le Heavy Metal domine ce nouvel opus, « Coming Home » joue sur beaucoup de diversité. Mené par une production très organique et solide, on fait un petit retour dans le passé avec des chorus bien sentis aux saveurs Old School convaincants et surtout authentiques et sincères. Sans effet de manche, cette nouvelle réalisation respire de belle manière, grâce aussi à une mixité au diapason.
NIGHTBOUND
« Coming Home »
(Independant)
NIGHTBOUND fait partie de ces groupes qui séduisent tant par leur générosité et leur humilité qu’aussi, bien sûr, par leur musique. Et si on ajoute qu’il vient d’une scène dont on entend très peu parler, le Paraguay, et qu’en plus il joue la parité complète : le combo coche donc toutes les cases. « Coming Home » est son deuxième album et il arrive un an seulement après « The Night Is Calling », et cinq après un premier EP « Nightbound » sorti donc en 2019. Et dès sa pochette, on est plongé dans un univers très 80’s, qui est loin d’être désuet, bien au contraire, et qui a le mérite de planter le décor.
Fondé en 2018, NIGHTBOUND se présente dans un style oscillant entre Heavy Metal et Hard Rock avec des mélodies s’articulant, pour l’essentiel, sur son duo de guitaristes (Mike Martinez et Dario Aquino). Influencé par la NWOBHM, le quatuor joue beaucoup sur les twin-guitares avec des riffs bien ciselés et accrocheurs. A la rythmique, on retrouve la batteuse Monse Diamond, qui forme un beau duo avec la bassiste Arianna Cuenca que l’on retrouve également au chant. Et la frontwoman, très polyvalente, possède de nombreuses cordes à son arc avec autant de puissance que de clarté.
En ouvrant avec le morceau-titre (que la chanteuse conclue même a cappella), les Sud-Américains se montrent aussi à l’aise dans des ambiances Metal que Rock et cette diversité se retrouve tout au long de « Coming Home ». NIGHTBOUND affiche donc une belle maîtrise et l’on se laisse facilement prendre à ce registre un peu hybride, mais original. Chanté pour l’essentiel en anglais, ce nouvel opus fait également un petit écart en espagnol (« El Viaje Del Héroe », qui ne dépareille pas du reste) et offre aussi un titre instrumental tout en progression (« Arakuaavy »). Une belle bouffée d’oxygène !
Après avoir quitté la Californie pour Seattle, SERPENT RIDER a vu son line-up presque totalement remanié. Mais ce premier effort vient confirmer que sa volonté n’a pas changé et que c’est toujours dans un Heavy Metal vintage et épique chevillé au corps qu’il évolue avec de plus en plus d’assurance. Grâce à une chanteuse qui sort des habituelles prestations féminines du genre, le quintet ne vient pas révolutionner le style, mais y apporte tout de même une touche d’originalité tout en perpétuant un héritage bien assimilé.
SERPENT RIDER
« The Ichor Of Chimaera »
(No Remorse Records)
Tout d’abord sous la bannière de Skyway Corsair en 2015, la formation américaine a du se réinventer au fil des années et surtout suite à un déménagement de son fondateur de Los Angeles pour Seattle il y a quatre ans. Dès lors, le leader et guitariste rythmique Brandon Corsair s’est mis en quête de nouveaux musiciens qu’il n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à trouver. Cette nouvelle mouture de SERPENT RIDER (petit hommage à Manilla Road) sort aujourd’hui dans un registre entre un Heavy Metal assez épique et un Doom langoureux.
Désormais complété par R. Villar au chant, Brian Verderber à la basse, Drake Graves derrière les fûts et le dernier arrivé Paul Gelbach à la lead guitare, le groupe est au complet et « The Ichor Of Chimaera » est un premier album solide, gorgé de références multiples, bien mené et délivrant une saveur Old School directement inspirée des années 80. Cela dit, ce bond dans le temps n’empêche nullement SERPENT RIDER de se montrer original et d’avoir le mérite d’avoir son propre univers, bien aidé en cela par sa frontwoman.
Car elle est justement l’une des forces du quintet, grâce à une prestation vocale surprenante. Pas franchement Metal, mais plutôt Rock et très aérienne, elle parvient à nous guider dans les méandres de cet opus, où sa voix se fait même fantomatique sur certains titres. Une belle polyvalence qui permet à SERPENT RIDER de se mouvoir dans des ambiances variées. Outre un morceau-titre audacieux, on retiendra « Steel Is The Answer », « Matri Deorum », « Tyrant’s March » et le très sinueux « In Spring ». Une belle première !
Séduisants et implacables, les New-Yorkais présentent un double-visage au sein d’un même univers aux contours démoniaques, où cohabitent fées et sorcières, toutes incarnées par sa frontwoman. Enveloppé d’un voile Old School à la fois rassurant et obscur, « Let There Be Dark » fait un retour aux racines d’un Metal très Heavy et parfois même assez Rock. Une belle combinaison, qui promet des rebondissements surprenants et intenses. TOWER impose sa marque avec force et talent avec une troisième réalisation très Dark à la hauteur de ses ambitions.
TOWER
« Let There Be Dark »
(Cruz Del Sur Music)
Fondé il y a une dizaine d’années, TOWER signe avec « Let There Be Dark » son album le plus convaincant que ce soit au niveau de la composition que de la production. Cette dernière est d’ailleurs, tout comme l’enregistrement, l’œuvre d’Arthur Rizk qui a travaillé notamment avec Blood Incantation, Cavalera Conspiracy et King Diamond. Un gage de sérieux et d’expérience qui se ressent sur ce troisième opus distillé dans un Heavy Metal classique et traditionnel, mais non sans originalité et percussion.
Après un changement de batteur il y a trois ans, TOWER semble sur de solides rails et ses intentions sont claires : allier puissance et mélodie. Pari remporté avec « Let There Be Dark » qui affiche de belles capacités et surtout une prédisposition à se projeter avec détermination et beaucoup de finesse. Emmené par Sarabeth Linden qui fait presqu’office de prêtresse, le quintet est plein d’ambition, à commencer par celle de redynamiser et de réhabiliter un Heavy Metal originel un brin occulte et dans des sonorités vintage.
Jouant sur son côté ténébreux et envoûtant, la chanteuse du groupe se meut entre les avalanches de riffs, les solos survoltés et le galopant duo basse/batterie. Et c’est précisément ce qui fait la force des Américains, ainsi que leur identité. TOWER se montre fluide, mystique même et enchaîne les morceaux avec beaucoup de confiance (« Under the Chapel », « Book Of The Hidden », « Iron Clad », « The Hammer »). Epique et accrocheur, « Let The Be Dark » marque le franchissement d’un cap dans le parcours du combo.
Tirant son nom d’un morceau de 1975 de Grand Funk Railroad, MEAN MISTREATERannonce à sa manière la couleur concernant, si ce n’est l’époque, du moins ses inspirations concernant le Heavy Metal dans lequel il évolue. Pas complètement proto-Metal non plus, la formation du Sud des Etats-Unis livre un brûlant mix entre des dynamiques très 80’s venant d’Europe et d’autres directement de son pays, et avec la volonté d’afficher le respect d’une tradition toujours aussi passionné. Intense et électrisant, « Do Or Die » avance sur un train d’enfer.
MEAN MISTREATER
« Do Or Die »
(Dying Victims Productions)
Aussi bouillonnante soit-elle, la scène Heavy Metal mondiale ne produit pas forcément des groupes à même de renouveler, ou tout au moins d’apporter une touche originale à un genre né dans les années 80 et qui doit beaucoup à cette légendaire NWOBHM. Mais ils sont quelques uns et c’est de l’autre côté de l’Atlantique, du Texas, que vous vient MEAN MISTREATER. S’il remplit toutes les cases des incontournables atouts à posséder et des codes à respecter, le quintet va au-delà, grâce surtout à une rage et une vraie folie musicale baignant dans un ambiance vintage saillante.
Il y a moins de deux ans, le groupe était apparu avec « Razor Wire », sorte de prémisse à ce qui allait suivre aujourd’hui, « Do Or Die » se veut beaucoup plus abouti, tant dans les compositions à l’écriture chiadée qu’au niveau de la production. Certes, ce deuxième opus n’a rien à voir avec ce qui se fait à l’heure actuelle en termes de sonorités, mais cela ne l’empêche pas d’être parfaitement ancré dans son époque. Brut et incisif, c’est sur la puissance de son jeu que MEAN MISTREATER a misé et il est loin de manquer de ressources et de (très bonnes) idées.
Resserré sur moins d’une demi-heure, le voyage que propose le combo d’Austin n’est pas de tout repos. Très américain dans son approche du Metal, il peut compter sur sa frontwoman, Janiece Gonzalez, qui n’est pas sans rappeler une certaine Leather Leone ou la Doro de Warlock avec cette hargne et ce côté hyper-Rock. La doublette guitaristique se fait aussi plaisir, redoublant d’efforts sur les échanges de solos et de riffs racés. La paire basse/batterie montre les muscles et MEAN MISTREATER laisse clairement apparaître une belle idée d’un collectif percutant.