Depuis « Focus » en 1993, CYNIC bouscule les codes et renouvelle son jeu avec une technique, une percussion et une vision rare du Metal. Avec « Ascension Codes », le trio américain met au point un Metal Progressif futuriste et avant-gardiste, repoussant encore les limites de sa créativité et prenant les devants d’un style qu’il a lui-même forgé. Ascensionnel à tout point de vue.
CYNIC
« Ascension Codes »
(Season Of Mist)
Aujourd’hui composé de Paul Masvidal (guitare, chant), Dave Mackay (basse, claviers) et Matt Lynch (batterie), CYNIC a du faire le deuil de son batteur Sean Reinet et de son bassiste Sean Malone, tous deux décédés l’an dernier. « Ascension Codes » dégage donc beaucoup d’émotions et peut même se concevoir à la fois comme un chant du cygne et une renaissance. Le trio américain force encore le respect sur cet incroyable opus.
Installés à Los Angeles depuis des années, les Floridiens restent ce groupe emblématique et précurseur du Metal Progressif sous toutes ses formes. Longtemps catalogués dans un registre Technical Death, les Américains ont rapidement évolué vers un style très Fusion où de très nombreuses influences viennent se bousculer. CYNIC a toujours eu un temps d’avance sur son temps et « Ascension Codes », avec son contenu vertigineux, vient confirmer l’évidence.
Mixé et produit par le grand Warren Riker, ce nouvel album montre à quel point le trio est parvenu à une maîtrise totale de son art, qui reste toujours d’une technicité hallucinante. Elégant et immersif, « Ascension Codes » invite à la réflexion et à la contemplation, tant les morceaux qui le composent sont spectaculaires et transcendants. CYNIC a encore élevé le niveau d’un cran tout en restant d’une créativité rarissime dans le domaine.
Bon, on va remettre l’église au centre du village… même si je n’y suis vraiment jamais allé beaucoup… au village !
Ma chronique du dernier album de DREAM THEATER m’a valu un flot d’insultes que je n’imaginais même pas. Toute la journée et jusqu’à ce matin… alors que mon chat me regardait avec tendresse.
Certes, je savais qu’il ne fallait toucher aux dieux du Prog, surtout en raison de leurs adeptes, car ils ne sont pas méchants (les musiciens), mais tout de même : c’est chargé ! Alors, non après 30 ans de métier, je ne vais en changer comme on me l’a suggéré. Cela dit, j’ai pensé à faire paysan, tellement il y a de veaux dans le coin. Donc et alors : meuh !
Et oui, je pense que je sais un petit peu de quoi je parle quand je traite d’un album, messieurs (car il n’y a pas eu de dames !), sinon j’irai ramasser des cailloux pour en faire des bracelets. Et ce ne sont pas les galets qui manquent par chez moi.
Je suis désolé, enfin, pour ceux (et celles aussi !) qui aiment le dernier album de DREAM THEATER. Toute la peine est pour vous. Il n’est pas question ici de « goûts et de couleurs », mais juste d’une appréciation musicale et de son contenu. Et force est de constater qu’il n’est pas bon…. Ce serait même indécent de le vendre ! Les joies du métier : ne pas payer pour ça, même si on subit !
Enfin, merci à tout le monde ! Vous vous êtes enfin réveillés et Rock’n Force n’a jamais eu autant de vues ! Je songe à écrire uniquement des chroniques à charge et faire des interviews au ras du sol pour contenter tout le monde ! Et puis, ce sera aussi plus vite fait.
Encore bravo, continuez d’aimer « votre » musique (je m’occupe du reste !) et bon week-end aussi tant qu’on y est !
Des bisous et des pokoù plein, plein !!!
PS : et quand je pense qu’un certain Denis me trouve trop gentil… ça laisse de la marge !
Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !
DEVOID – « Lonely Eye Movement » – Frontiers Music
Quatre ans après un bon premier album, « Cup Of Tears », les Français et leur chanteur allemand Carsten ‘Lizard’ Schulz (Evidence One, Book Of Reflections) sont de retour avec ce « Lonely Eye Movement » très convaincant. Le sextet a parfaitement su réaliser la combinaison entre un Metal mélodique, des parties progressives inventives et une ambiance intemporelle très bien sentie. DEVOID offre une liaison entre Evergrey et Winger, dans laquelle le groupe a trouvé sa voie en proposant un registre original et costaud. Composé pour l’essentiel par le guitariste Shad Mae, les morceaux du combo affichent des refrains accrocheurs, sont techniquement irréprochables et restent aussi percutants que mélodiques. Fédérateur et solide, DEVOID se dévoile aussi grâce à des arrangements très soignés et s’affirme avec brio.
LEVERAGE – « Above The Beyond » – Frontiers Music
Près de 20 ans après sa formation, LEVERAGE livre son cinquième album. Après une pause de dix ans entre 2009 et 2019 et un retour avec le chanteur Kimmo Blom et le guitariste Salovaara, les Finlandais semblent avoir trouvé une nouvelle inspiration confirmée sur « Above The Beyond ». Véloce, le style du quintet s’aventure autant vers du Power Metal que du Rock mélodique pour s’inscrire dans un Heavy Rock massif et accrocheur. Très bien produit, ce nouvel opus affiche une belle puissance, grâce à sa doublette de guitaristes et une rythmique solide et très efficace. Sur près d’une heure, LEVERAGE reste toujours très mélodique et les refrains entêtants, ainsi que des claviers savamment utilisés, donnent un ensemble très personnel, bien ficelé avec un petit côté symphonique très nordique. Les Finlandais signent un bel album.
Il y a très peu de groupes dans l’hexagone osant braver les codes et briser les frontières des styles établis pour offrir un registre à la fois débridé et très créatif. Avant-gardiste, Fusion, Progressif, Rock et Metal, 6:33 avance sans complexe et propose un cinquième album où l’énergie très positive des morceaux nous transportent au cœur des années 80 et 90 avec enthousiasme, dextérité et sans barrière. Florent Charlet, chanteur de la formation, fait un point sur ce nouvel opus… et tombe le masque.
– Comme entrée en matière, j’aimerais que vous présentiez le groupe aux lecteurs qui ne vous connaitraient pas. On vous décrit comme un groupe de Metal Progressif, avant-gardiste et Fusion, ce qui résume assez bien 6:33, mais c’est encore ceux qui le font qui en parlent le mieux. Alors, comment vous définiriez-vous ?
C’est vrai que c’est un peu compliqué ! Et même pour un artiste en général, c’est assez difficile de définir son style. C’est plutôt aux gens de dire de ce qu’ils en pensent. Mais après avoir bien cherché, j’aime bien l’appellation de Funk Prog, dans le sens où on a une histoire à raconter et on les amène quelque part et c’est aussi très joyeux grâce à une énergie positive. Musicalement, on ne s’impose aucune limite. A la base, on fait du Metal Prog, mais nous explorons autant la Funk que le Jazz ou la musique de film, selon nos envies finalement.
– Vous sortez votre quatrième album, qui est encore bien différent des précédents. Il s’en dégage une thématique très 80’s avec un fil conducteur très cinématographique. Il est presque conçu comme une sorte d’opéra-Rock. C’était votre objectif de départ ?
Nous n’avions pas vraiment pensé à ce côté opéra-rock lorsqu’on l’a composé, mais beaucoup de gens nous disent que ça ressemble à une comédie musicale à la « Horror Picture Show ». C’est vrai qu’on voulait donner une couleur très 80’s et 90’s à l’album, parce que c’est ce qui nous a nourri depuis toujours, en fait. C’est ce qui nous a forgé en tant que musiciens et même en tant que personnes. Tout ça, on le ressort sur cet album, auquel on a vraiment eu envie de donner cette couleur-là. C’est un album-concept, c’est vrai, mais nous n’avons pas pensé à un Opéra-Rock ou à une comédie musicale. Il y a des personnages hauts en couleur, c’est vrai. Ce serait d’ailleurs mortel de monter ça comme une comédie musicale !
– « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » est également très dansant, malgré des riffs toujours aussi présents et puissants. C’est quelque chose dont on n’a assez peu l’habitude finalement. Malgré des morceaux très structurés, on a le sentiment que c’est la mélodie qui compte le plus en fin de compte avec des refrains très accrocheurs. Rester accessible est quelque chose d’important pour vous ?
Oui ! Ce qui compte c’est la chanson ! C’est très fourni, car il y a beaucoup de choses qu’on n’entend pas forcément à la première écoute. Mais on voulait quelque chose d’assez digeste et d’immédiat dans le ressenti. C’est vrai que c’est complexe, mais la mélodie doit rester en tête. Sur cet album, on a eu envie d’aller chercher le côté chanson en étant peut-être plus direct. Mais ça reste très, très complexe. Il y a beaucoup de choses improbables quand on tend bien l’oreille.
– L’album bénéficie d’une grosse production et surtout d’arrangements très soignés, ce qui est d’autant plus remarquable que vous êtes sept dans le groupe. Comment s’est passé l’enregistrement et surtout de quelle manière avez-vous articulé la composition pour obtenir un résultat aussi complexe ?
C’est notre guitariste Nicolas (Pascal : guitares, claviers, chant et mise en scène – NDR) qui compose toute la musique jusqu’aux lignes de chant, et je pose ensuite le texte dessus. Emmanuel (Rousseau : claviers et programmation des percussions – NDR), qui n’est plus dans la formation live du groupe, a aussi travaillé sur la création de l’album. Nous avons juste travaillé avec des personnes extérieures pour le mastering. Tout le reste, nous l’avons réalisé nous-mêmes.
– Depuis des mois, nous vivons une période assez sombre pour le monde du spectacle en général. Comment est-ce qu’on fait pour composer un album qui transpire autant la bonne humeur ?
(Rires) Peut-être que c’est aussi ce qui nous permet de passer cette période ? Cela dit, la composition avait commencé avant. Je crois que nous sommes tous, dans le groupe, très joyeux et positifs. On est une bande de sales gosses qui s’adorent ! Ensuite, si tu continues de t’attarder sur ce monde de fous, tu deviens dépressif ! Alors, pour lutter contre ça, rien de mieux que 6:33 ! (Rires)
– Il y a eu aussi quelques changements de line-up avec notamment l’arrivée d’un nouveau batteur, d’un nouveau bassiste et le retour avec une présence plus importante de Bénédicte au chant. Avec un tel registre musical, c’est difficile de trouver des musiciens qui partagent comme vous un univers aussi débridé ?
Ca n’a pas été simple de trouver un batteur et un bassiste (Cédric Guillo à la batterie et Manuel Gerard à la basse – NDR). Encore une fois, on a de la chance. On était également déjà amis, puisque nous avons joué ensemble dans d’autres groupes. Au moment des auditions, car on voulait que tout le monde puisse y participer, beaucoup se sont désistés, car la musique était trop complexe. Et puis, comme tu dis, il fallait que ces musiciens soient aussi éclectiques que nous et qui aiment autant la Funk que le Metal ou la musique de film. Ca n’a pas été simple, mais au final, il n’y a eu qu’un batteur et un basiste qui sont sortis du lot. Et humainement aussi, on se connaissait et s’appréciaient déjà. Enfin, il faut aussi avoir envie de faire cette musique-là et avoir le niveau technique requis. L’ouverture d’esprit est primordiale. Nous sommes tous bienveillants les uns avec les autres, il y a beaucoup d’amour dans ce groupe. On a tous cette volonté d’aller de l’avant dans une énergie positive et que nous voulons bien sûr transmettre. Et il y a peut-être aussi cette nostalgie de livrer cette musique des années 80 et 90 avec laquelle nous avons grandi.
– Sur ce nouvel album, vous faites le grand écart entre des styles très variés, voire opposés. Il faut être sacrément ouvert d’esprit et avoir aussi une solide culture musicale pour entrer dans votre univers. Vous n’avez jamais eu peur de perdre des fans en route, ou d’avoir des difficultés à en séduire d’autres ?
C’est vrai, mais je pense qu’aujourd’hui comme tout est très rapide et très éphémère, nous avons eu l’envie de rendre notre musique plus accessible et plus directe. C’est vrai qu’il faut creuser, ce que nous faisons aussi nous-mêmes. Peut-être que pour le public, ça vaut aussi le coup de faire cette démarche. Notre volonté était quand même de faire quelque chose de plus immédiat et de plus facile à aborder. On affine aussi notre patte, car on se connait aussi de mieux en mieux. Peut-être qu’on maîtrise aussi beaucoup mieux toutes nos influences.
– Jusqu’à présent, vous étiez masqués. Or, vous vous en êtes débarrassés, alors qu’on commence tout juste à voir la fin de la pandémie. C’est une sorte de pied-de-nez à la situation que l’on vit ? Montrer une liberté encore plus absolue ?
En fait, on en avait marre des masques pour plein de raisons. Tout d’abord, ça nous coupait du public. On était plus dans la performance que dans l’échange, parce qu’il se passe aussi beaucoup de choses au niveau du visage à travers les expressions. Et puis, c’est assez contraignant. Ca nous amusait, car c’était un peu comme une pièce de théâtre. Lorsqu’on entrait sur scène, on avait les masques mais pas en dehors comme lors des interviews, par exemple. On n’était pas comme Daft Punk ou Slipknot. Et avec la pandémie où tout le monde a été obligé d’être masqué, ça n’était plus drôle. C’était le bon moment pour prendre ce virage avec le changement de line-up aussi. On s’est dit que les masques avaient fait leur temps, et que c’était plus cohérent avec ce que nous avions à proposer aujourd’hui. Sur les albums précédents, on avait un peu exploré le ‘Freak Show’ en jouant aux super-heros. C’était moins en phase avec ce nouvel album, et on voulait être plus proche de notre public.
On en viendrait presque à bénir le temps où, confinés et privés de concerts, il n’y avait que quelques albums très aboutis qui sortaient de temps en temps. Les ‘grosses’ machines, pour ne pas perdre de sous, nous ont laissé profiter de formations plus modestes dont beaucoup ont sorti de très bonnes choses. Et donc, revoilà DREAM THEATER qui déboule sur le devant de la scène avec un quinzième album d’un Metal Progressif longuet, surfait et hyper-démonstratif. Même Malmsteen serait gêné, parait-il…
DREAM THEATER
« A View From the Top of the World »
(InsideOut Music)
Autant éliminer les rancœurs d’entrée de jeu ! Pour commencer, le groupe américain refuse toutes interviews avec les journalistes qu’il ne connait pas. Je les ai pourtant interviewé plusieurs fois, mais bon… la mémoire, tout ça ! Les omégas 3 ! Bref, et puis, il y a cette histoire de profs de maths. Je pense que les seules personnes qui les aiment sont bonnes en maths. Ça doit être pour ça que nous ne sommes pas très proches. Et donc : DREAM THEATER, les profs de maths du Metal Progressif, font leur retour !
Donc après cette petite entrée en matière, revenons à « A View From the Top of the World », dont le titre n’est d’ailleurs pas sans prétention. Sept morceaux pour plus d’heure d’un Metal Progressif, qui s’étalent et n’emballent pas. DREAM THEATER reste un groupe très (trop) technique dans lequel les cinq musiciens se font tous plaisir chacun à leur tour, sans trop se préoccuper de l’auditeur. Car ce quinzième album des Américains est une sorte de supplice pour qui aurait le courage d’aller au bout. Ce que j’ai fait… trois fois !
Alors, je ne vais pas démonter l’album juste pour le plaisir et parce que je n’aime pas les maths, ce serait trop facile. Reconnaissons tout de même que la démonstration tourne rapidement au cauchemar avec des morceaux d’une longueur extrême en pénibilité. Cet étalage de gammes en tout genre est vite redondant. Au final, avec l’apport d’un producteur compétent, DREAM THEATER aurait du faire de « A View From the Top of the World » un bon EP d’une petite demi-heure, sans nous infliger une heure de cavalcades stériles et presque gênantes. Vivement les vacances !
Malgré un onzième album sorti l’an dernier, le quintet suédois a tenu à célébrer de belle manière ses trois décennies d’existence à travers un magnifique double-album, « Mnemosynean » (la déesse de la mémoire), où l’on peut voir le groupe grandir et affiner son style. KATATONIA trace sa route, va de l’avant et jette aujourd’hui un regard généreux dans le rétro.
KATATONIA
« Mnemosynean »
(Peaceville Records)
Après l’excellent « City Burials » sorti l’année dernière, KATATONIA a voulu faire un beau cadeau à ses fans avec « Mnemosynean », superbe double-album qui retrace 30 ans d’une carrière exceptionnelle en constante évolution. Ici, nullement question d’un Best-Of, mais plutôt d’une belle collection de titres inédits, rares, de reprises et de remixes étonnants.
Les 27 morceaux de « Mnemosynean » parcourent trois décennies d’une créativité assidue où le Doom, le dark, le Rock et le Metal Progressif s’entremêlent avec originalité et pertinence. Depuis leurs débuts sur la scène underground, Jonas Renkse et Anders Nyström, fondateurs et principaux artisans de KATATONIA, n’ont eu de cesse de faire évoluer le groupe avec élégance.
Traversant une période allant du premier album « Dance of December Souls » (1994) jusqu’aux sessions de « The Fall Of Hearts » sorti en 2016, les Suédois proposent de nombreuses faces B, mais aussi et surtout la totalité de leurs innombrables EP. Quelques reprises et des remixes collaboratifs viennent compléter « Mnemosynean » et montrent ô combien KATATONIA est un groupe aussi inspiré qu’incontournable.
Très habillement mené et protéiforme dans son évolution, « Memories & Intuition » passe avec fluidité d’un Rock Progressif traditionnel à un aspect plus Metal avec une énergie qui ne faiblit pas. Sur ce troisième opus, SHUMAUN livre une prestation étonnante et créative en tous points. Finalisé en France, l’album des Américains parcourt des contrées sonores diverses et contrastées avec finesse.
SHUMAUN
« Memories & Intuition »
(Independant)
Depuis 2015, Farhad Hossain (guitare, chant, claviers) guide SHUMAUN de main de maître en laissant exploser sa créativité sur chaque album de la formation américaine. Originaire de Virginie, le groupe sort aujourd’hui son troisième opus, « Memories & Intuition », que son leader qualifie de thématique plutôt que conceptuel. Chaque morceau est automne et pourtant l’unité est évidente. Massif et brut, le combo avance malgré tout avec légèreté.
L’une des particularités du musicien américain est de faire appel à Brett Caldas-Lima pour mixer et masteriser ses albums au Tower Studio en France. Une bonne habitude qui offre une continuité sonore au Rock progressif de SHUMAUN, qui flirte aussi assez largement avec le Metal. Accompagné de belle manière par Tyler Kim (guitare) et José Mora (basse), l’ancien leader d’Iris Divin a également monté un line-up All Stars de… batteurs !
C’est ainsi que l’on retrouve au fil de « Memories & Intuition » Thomas Lang (Peter Gabriel, Paul Gilbert), Atma Anur (Jason Becker, Tony Macalpine), Mark Zonder (Fates Warning, Warlord), Leo Margarit (Pain Of Salvation) et Chris DeChiara. Autant dire que tout ce beau monde donne une couleur très particulière à l’ensemble. Explorant les nombreux courants du Rock et du Metal Progressif, SHUMAUN livre une prestation solide et inspirée. Une belle découverte.
Il existe très peu d’albums qui transpirent la classe et l’élégance à chaque note jouée, et c’est bel et bien le cas avec cette nouvelle réalisation de LEPROUS. Outre la sublime production (un vrai studio, ça change tout !) et l’époustouflante prestation vocale d’Einar Solberg, tous les morceaux « Aphelion » sont d’une justesse et d’une créativité sans faille.
LEPROUS
« Aphelion »
(InsideOut Music)
Malgré la beauté de son titre, « Aphelion » est probablement l’album de LEPROUS le plus chaotique dans sa réalisation. Enregistré dans trois studios norvégiens différents, ce nouvel opus est aussi certainement l’un des plus personnels et les plus fluides du quintet scandinave. Composée par son maître à jouer, chanteur et claviériste Einer Solberg, cette nouvelle réalisation dépasse toutes les attentes.
Magnifiquement écrit et méticuleusement arrangé, « Aphelion » ne devait être au départ qu’un EP tant donné la situation sanitaire. Par bonheur donc, LEPROUS s’est attelé à enregistrer un album complet et celui-ci ne souffre d’aucun écarts en se montrant même très intuitif, créatif et d’une variété surprenante et majestueuse. En termes de Metal Progressif, « Aphelion » surclasse les productions de l’année par son intensité et sa précision.
Cette fois-ci, les Norvégiens se sont éloignés du format de concept-album, qui fait pourtant sa force. Conçu morceau par morceau, « Aphelion » multiplie les ambiances et les atmosphères tout en maintenant une direction artistique incroyable. Intimiste et subtil, LEPROUS scintille véritablement que ce soit sur « Running Low », « Silhouette », « All The Moments » ou « Nighttime Disguise » dont le point commun reste une belle luminosité. Brillant, tout simplement.
Il y a des albums qui marquent et qui donnent enfin une certaine reconnaissance à leurs auteurs. Avec « Halo », EASTERN HIGH fait un grand pas en ce sens. Dans un Metal Progressif très varié, les Suédois marquent de leur empreinte un registre pourtant légion chez eux. Un nom, une voix unique et un album à retenir !
EASTERN HIGH
« Halo »
(Independant)
La belle surprise de l’été vient du côté de la Suède avec ce deuxième album d’EASTERN HIGH, « Halo », qui malgré un niveau exceptionnel sort toujours en autoproduction. Il y a des énigmes qu’on ne saurait expliquer, alors que le karaoké fait fureur dans tous les gros labels. Metal : assurément ; Progressif : carrément ; mais rien pour le côté Death mélodique qu’on veut nous vendre. Rien de tout ça et c’est heureux !
Originaire de Malmö, les frères Ola et Johan Svensson mènent de main de maître le combo qu’ils ont créé après une première aventure dans un groupe Thrash local. C’est en 2017 qu’EASTERN HIGH sort son premier album, « Garden Of Heathens », qui n’était au départ qu’un projet. Et quel projet ! Avec « halo », le quintet scandinave possède de solides arguments, car ce nouvel album est une petite merveille.
Assez percutant et jouant avec les atmosphères à la fois très sombres et délicates, EASTERN HIGH a forgé un son et une identité que chacun pourra rapprocher de celle de Soen ou d’Opeth… C’est tellement facile. Les ambiances vont et viennent au fil des inspirations du groupe et elles sont nombreuses (« Erosions Of Hearts », « Journey », « Morning Star », « Ashes To Ashes » et le morceau-titre). Beau, tout simplement.
Conçu sur les bases d’un Metal Progressif à multiples facettes, WELCOME-X ne se refuse aucune incartades, qu’elles soient Jazz, Doom ou plus extrêmes et c’est ce qui fait sa force. Le quintet vient tout juste de livrer un « Vol.2 » à travers lequel il continue d’explorer de bien belle manière des horizons musicaux inattendus et particulièrement saisissants. Entretien avec Phil Bussonnet, bassiste et compositeur du groupe.
– Tout d’abord, un petit mot sur votre concert de vendredi dernier (interview réalisée le 05/07) au Triton aux Lilas, près de Paris. Comment ça s’est passé ? J’imagine que ça doit être un grand plaisir de retrouver la scène après tout ce temps ?
C’est vrai qu’en dehors d’un festival au mois d’août de l’année dernière en Bretagne, on n’avait pas rejoué du tout depuis et ça fait quand même très long. Ca ne m’est jamais arrivé de toute ma vie de rester aussi longtemps sans faire de scène. C’était vraiment un bonheur ! Même si la jauge est limitée et les gens masqués, tout le monde était content et on sentait une énergie vraiment étonnante.
– Restons un peu au Triton, puisque vous y avez enregistré ce deuxième album, et il y est même produit. C’est votre base ? Quels sont vos liens avec l’endroit ?
Ce sont des gens avec lesquels je travaille depuis très longtemps avec qui on a réalisé beaucoup de choses et différents projets. En ce qui nous concerne, ils sont plus ou moins producteurs. Pour l’album, on a transformé le club en studio, on y a fait toutes les prises et ils prennent toutes les charges de production à leur compte, c’est-à-dire le mix, le pressage et la distribution. C’est un partenariat très précieux pour moi. Et surtout, ils nous laissent toute latitude sur le disque au niveau artistique. Nous sommes complètement libres. C’est essentiel, car on garde un regard sur toute la réalisation de l’album.
– Parlons de votre deuxième album sobrement intitulé « Vol. 2 ». C’est le prolongement et la suite du premier, ou est-ce que justement vous avez souhaité partir dans d’autres directions ?
C’est vraiment la suite immédiate du premier. Ce sont des morceaux qui ont été écrits directement dans la foulée et dans la même veine. L’album n’est pas vraiment détaché du premier, au contraire même. C’est comme si on avait fait un double-album, sauf qu’on a mis deux ans à le faire.
– Musicalement, et pour faire court, WELCOME-X évolue dans un registre Metal Progressif, dans lequel vous vous démarquez franchement. C’est peut-être aussi dû au fait qu’il n’y ait pas vraiment de références purement Heavy Metal dans votre musique. C’est aussi votre sentiment ?
On a des références, mais elles sont vraiment très variées. Cela va de Black Sabbath à Meshuggah et bien d’autres. En fait, on n’a pas la volonté d’écrire dans un style très ciblé. Je suis vraiment mon propre groove et l’inspiration vient sur le moment. Il n’y a aucun cahier des charges sur le plan styliste, donc c’est un mélange de plein de choses qui nous ont nourris au fil du temps.
– Justement, vous affichez un style très Metal à grands renforts de gros riffs, de solides rythmiques et d’un chant qui côtoie souvent les extrêmes. C’est cet aspect qui vous permet de libérer toute cette énergie ? Ces fondations très musclées ?
Exactement. De toutes manières, j’avais envie de faire une musique très pêchue. C’est un projet que j’ai depuis bien longtemps et je voulais faire quelque chose de résolument Rock, c’est-à-dire une écriture à base de riffs de guitare et c’est ce qu’on a réussi à faire. Au niveau des voix, j’aime beaucoup l’approche de Sam (Kün, chanteur – NDR) dans le sens où il possède différents registres. C’est une vraie richesse d’avoir toute cette palette.
– Dans le même temps, WELCOME-X développe aussi beaucoup d’éléments Jazz, dans lesquels vous êtes d’ailleurs très à votre aise. C’est votre passé musical individuel qui veut ça ?
Sans doute, oui. J’en ai pratiqué beaucoup dans toutes sortes de contextes, même si mes premières amours musicales sont vraiment Rock. J’ai été amené à jouer avec beaucoup de musiciens de Jazz de différents horizons et je pense que cela m’a aussi nourri avec ces ouvertures harmoniques et cette possibilité d’improviser, même si on ne l’utilise pas au sein du groupe. Toute la musique que l’on fait est très écrite.
– Est-ce qu’en faisant cohabiter des ambiances Doom avec des atmosphères très aériennes, et notamment jazzy, vous n’avez pas peur de déstabiliser des auditeurs pas forcément adeptes de ces deux styles, mais plutôt de l’un ou de l’autre ?
C’est justement la liberté que je me réserve. Après, j’espère que ce ne sera pas trop déstabilisant et que les gens seront sensibles à ça. C’est vraiment ce que j’avais envie de proposer et c’est peut-être aussi la marque de fabrique de WELCOME-X, avec de multiples facettes et un mélange des genres.
– En parcourant le livret du disque, on observe un environnement assez sombre et même assez énigmatique, qui traduit aussi le contenu des textes. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur l’aspect conceptuel de ce nouvel album ?
Les deux ont été construit de la même manière et illustrer par notre ami Paul d’Emgalaï Grafik, qui a réalisé tous les graphiques et les dessins. Au niveau des ambiances musicales et des textes, c’est un peu une chronique du monde dans le lequel on vit à travers notre ressenti, ainsi que de la vie qu’on mène au milieu de tout ça. Le constat n’est pas forcément très gai, mais sans être forcément pessimiste non plus. On observe ce qui nous entoure et on a envie d’en parler et aussi peut-être de donner notre avis sur le sujet.
– Pour conclure, vous venez tout juste de reprendre les concerts. Est-ce qu’une tournée est prévue dans les mois ou semaines à venir, afin de faire vivre ce « Vol. 2 » sur scène ?
Pour le moment, il n’y a rien de concret, juste quelques pistes. C’est encore un peu compliqué au niveau de l’organisation. Ca commence à bouger un peu pour cet automne, mais très timidement. Pour l’instant, c’est encore un peu flou.
L’album « Vol.2 » de WELCOME-X est disponible depuis le 25 juin (Production Le Triton).