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Dark Gothic Metal Indus Modern Metal

Daemon Grey : color of sin

Grâce à un songwriting racé et efficace, ce nouvel album de DAEMON GREY est un mix très équilibré entre un Metal Indus très Dark et des atmosphères où le Heavy croise la New-Wave sans sourciller. Originaire du Canada, le musicien a habillé des marqueurs très 90’s d’une enveloppe moderne, un brin sophistiquée, qui rend « Daemonic » très fédérateur grâce à des mélodies entêtantes.

DAEMON GREY

« Daemonic »

(Out Of Line Music)

Après « Follow Your Nightmares » sorti il y a deux ans, le Canadien poursuit son ténébreux et horrifique périple avec « Daemonic », un deuxième opus toujours aussi bien produit et bien écrit. Si DAEMON GREY se nourrit de nombreux styles du Heavy au Nu Metal en passant par le Gothic et avec un soupçon de New-Wave et d’Indus, ce sont surtout les années 90 qui semblent avoir eu une forte emprise le chanteur de Toronto. Avec le revival actuel, c’en est presque à se demander si le début des années 2000 a vraiment existé.

Bien que démoniaque à bien des égards, DAEMON GREY a mis de côté les histoires liées à Dieu ou au Diable pour plonger sans un univers où Satan se tient au coin de la rue. Il est question d’amour, de douleur, de sexe, d’obsession, de pouvoir et de courage et chaque titre de « Daemonic » est un tableau dressé par le frontman. Musicalement très Heavy, les influences sont plutôt bien digérées, même si l’on pense inévitablement à Zodiac Mindwarp, Marilyn Manson, Seether, Rob Zombie ou Ministry.

Avec des arrangements qui font la part belle aux machines, mais tout en gardant des guitares très présentes et des riffs bien tranchants, DAEMON GREY fait le choix d’une production finalement très organique. Pêchu et mordant, il nous embarque dans un climat houleux et sombre, mais aussi très accrocheur et dynamisant (« Gothy Love », « Still A Slut », « Dear Vampire », « Daemonic »). Et si l’on excepte la pauvre ballade « To My Grave » et le navrant bluesy « Trouble », le Dark Metal du musicien tient la route.

Photo : Rich Misener
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Modern Metal

Conspiracy Of Blackness : sombres sensations

Originaire de Turin, le quatuor de Modern Metal conjugue des aspects symphoniques dans la voix essentiellement, même si les morceaux de « Pain Therapy » sont très directs et loin d’être pompeux et orchestrés. Grâce à une chanteuse qui impose sa personnalité, CONSPIRACY OF BLACKNESS livre une deuxième réalisation dynamique et puissante. Ainsi, le combo entame une transition musicale très réussie.

CONSPIRACY OF BLACKNESS

« Pain Therapy »

(Wormholedeath Records)

Sorti au printemps dernier en indépendant, CONSPIRACY OF BLACKNESS profite de sa récente signature chez ses compatriotes de Wormholedeath Records pour rééditer son deuxième album. Près de quatre mois plus tard, « Pain Therapy » n’a donc pas eu le temps de prendre une ride, d’autant qu’il avait déjà été salué et qu’il vient confirmer le nouvel élan pris par le groupe fondé en 2008 et dont le premier opus, « Conspiracy Of Blackness And Relative Aftermath » date déjà de 2016.

Il y a deux ans, CONSPIRACY OF BLACKNESS avait publié deux singles, « Collapsed » et « Welcome Death », qui amorçaient déjà un virage vers un Metal éloigné du Heavy de ses débuts. On retrouve donc les Italiens dans un Modern Metal agressif, accrocheur et mélodique. Emmenés par leur frontwoman, Grazia Riccardo, dont la voix se frotte parfois au Metal Symphonique, le registre des Transalpins n’est pas sans rappeler Within Temptation, Lacuna Coil ou Epica, même si les comparaisons sont souvent faciles et inutiles.

Si les textes de « Pain Therapy » sont d’une noirceur qui s’engouffre dans les affres de la solitude, de l’angoisse et de l’injustice notamment, la musique de CONSPIRACY OF BLACKNESS est plus lumineuse. Malgré des synthés écrasants, les riffs sont lourds et pénétrants, tout comme la rythmique. Cela dit, un meilleur équilibre entre l’électronique et l’organique aurait été le bienvenu. Tendu et compact, on retiendra les deux derniers singles, ainsi que « Bones », « Afterlife », « Rise » et « Last Man Standing ». Convaincant !

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Modern Metal

Cyhra : hurricane

En s’éloignant de plus en plus du metal massif de ses débuts, CYHRA est plus que jamais dans l’air du temps avec des combinaisons Electro-Pop, qui ne manqueront pas de séduire le jeune public. Pour autant, « The Vertigo Trigger » n’est pas inintéressant même si les fans des groupes, dont sont issus ses membres, risquent d’être un peu perdus. A écouter sans œillères, donc…

CYHRA

« The Vertigo Trigger »

(Nuclear Blast Records)

Lorsque CYHRA est apparu en 2016 sur la scène Metal européenne, le line-up présenté laissait rêveur et beaucoup l’ont même qualifié de ‘super-groupe’. Avec d’anciens, ou toujours actifs, membres d’Amaranthe, The Halo Effect, Kamelot, In Flame, Mekong Delta, Annihilator et quelques autres, le quintet a d’abord convaincu avec « Letters To Myself » (2017), puis confirmé avec « No Halos In Hell » (2019). Alors, forcément, « The Vertigo Trigger » est très attendu.

Les Suédois concentrent de multiples courants mais, pour faire court, on va dire qu’il s’agit de Modern Metal, compte tenu de l’aspect mélodique qui prédomine sur tout l’album. Malgré tout, les riffs sont acérés et tranchants, la rythmique bastonne comme il faut et Jake E fait toujours des prouesses au chant. Une fois encore, « The Vertigo Trigger » dispose d’un songwriting direct et efficace et, sans prendre de risques, CYHRA se montre décidé et toujours très compact. 

Si le précédent opus proposait déjà quelques sonorités électroniques assez éparses, cette troisième réalisation fait la part belle aux claviers et aux samples. Rien ne gênant en soi, sauf qu’on n’est pas chez Derek Sheridan, mais plutôt au cœur d’une fête foraine qui bat son plein. Cela dit, CYHRA conserve toujours un côté Heavy explosif et évite la caricature de justesse (« Ready To Rumble », « 1.000.000 Fahrenheit », « Too Old For Fairy Takes »). Si « The Vertigo Trigger » est fédérateur, il laisse l’impression d’avoir été un peu bâclé. 

Photo : Linda Florin
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Modern Metal

Edge Of Paradise : Metal Eden

Il y a des groupes dont on sent la progression et la maîtrise au fil des albums, tout en prenant soin de ne pas camper sur leurs acquis. C’est très précisément l’impression que donne EDGE OF PARADISE avec « Hologram ». Le combo de Los Angeles conforte un style original toujours aussi Metal, mélodique, mais où l’aspect orchestral passe dorénavant au second plan, avec des claviers qui servent surtout de nappes qui viennent poser des ambiances très variées.

EDGE OF PARADISE

« Hologram »

(Frontiers Music)

En un peu plus de dix ans de carrière, les Californiens d’EDGE OF PARADISE se sont essayés à plusieurs styles et il semblerait que ce cinquième album soit enfin celui qu’on attendait d’eux, et celui sans doute qu’ils avaient aussi envie de proposer. Moins pompeux musicalement, même si quelques touches symphoniques persistent, le groupe paraît concentrer sur un Modern Metal plus incisif, massif et toujours aussi mélodique, accrocheur et pêchu.

Si, a priori, « Hologram » ne s’inscrit pas dans une trilogie, il s’impose tout de même dans la suite logique de ses deux prédécesseurs : « Univers » (2019) et « The Unknow » (2021). Très bien produit par Howard Benson, ce nouvel opus déploie une incroyable énergie que l’on doit en partie aux deux guitaristes, Dave Bates à la lead et David Ruiz à la rythmique. Mais EDGE OF PARADISE reste un quintet uni et la démonstration est éclatante.

Mené par leur époustouflante frontwoman, Margarita Monet, qui est aussi aux claviers, le groupe est d’une détermination contagieuse, passant de passages puissants à des atmosphères plus calmes. Au chant, l’Américaine use d’un éventail impressionnant, capable soudainement de se faire féroce autant que sensuelle sur des morceaux véritablement taillés pour la scène (« Hologram », « This Is Personal », « The Faceless », « Don’t Give Up On Me », « Basilisk »). EDGE OF PARADISE est au sommet de son art et c’est incontestable.

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Melodic Metal Metal Indus Modern Metal

Endless Exam : une énergie submergeante

Pour son premier opus, le combo finlandais frappe fort et affiche même une belle audace. Loin des clichés habituels, ENDLESS EXAM fait preuve de beaucoup d’aplomb, d’une grande liberté et la pertinence des arrangements de « Voice Of Passion And Agony » conjuguée à une envie plus que palpable, des riffs racés, des solos bien sentis et surtout une chanteuse dont le charisme éclabousse l’album, font de lui une réalisation très réussie.

ENDLESS EXAM

« Voice Of Passion And Agony »

(Inverse Records)

« Voice Of Passion And Agony » est le genre de disque qui fait du bien par les temps qui courent. ENDLESS EXAM, pour son premier album, bouscule les codes du Metal actuel grâce à une modernité et une fougue exacerbée, ainsi qu’un côté théâtral qui ne manque ni d’originalité, ni de fraîcheur. Formé en 2020, le groupe a déjà sorti quatre singles, tous très bien accueillis tant par la presse que par le public et le quatuor ne manque franchement pas d’ambition.

En s’appuyant sur des claviers pour développer les atmosphères et donner du relief à ses morceaux, ENDLESS EXAM s’est créé un univers à la fois décadent et très bien structuré. En frontwoman de choc, Nina Kuronen libère une incroyable énergie et se montre capable de se fondre dans n’importe quel registre, du Heavy à l’Indus. Hyper polyvalente, elle capte l’attention en maniant la douceur et la férocité avec une grande habileté.

Bâtis comme des tableaux, les dix titres de « Voice Of Passion And Agony » sont dotés d’une dynamique qui donne une belle unité à l’ensemble. Sans forcément jouer sur la vélocité, ENDLESS EXAM navigue entre les émotions avec un aspect très fédérateur, notamment dans les refrains qui restent rapidement gravés («  The Voice », « I Ain’t Your Toy », le génial « Wilride », « Consealed Truth », « Mother of Mercy », « Solaced Mind »). Envoûtant !

© 2021 Nina Mönkkönen +358504633473, all rights reserved
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Alternative Metal MetalCore Modern Metal

Avenged Sevenfold : teenage frustration

Ayant émergé au début des années 2000 dans une espèce de no man’s land artistique qui a contribué à inonder la planète d’une multitude de trucs Nu Metal et MetalCore, AVENGED SEVENFOLD fait partie de ceux qui ont survécu et qui sont, par conséquent, l’un des plus surcotés de sa génération. Sans saveur, ni folie ou imagination, les Américains sortent un huitième opus non-essentiel et insipide.

AVENGED SEVENFOLD

« Life Is but A Dream… »

(Warner Records)

Et dire que cela faisait sept ans qu’on était peinard. Après « The Stage » et avec ce vaste temps de réflexion, on aurait pu imaginer qu’AVENGED SEVENFOLD fasse enfin sa mue, d’autant qu’après plus de 20 ans d’existence, il n’y a aucun mal à devenir mature et surtout à trouver son style, sa patte et un élan créatif digne de ce nom. Car le quintet possède bien des atouts malgré tout… sauf qu’on les cherche encore !

C’est vrai que le combo a toujours tourné autour du pot sans véritablement trouver sa voie. Empêtré dans un MetalCore confus et fadasse avec cependant quelques éclairs occasionnels, AVENGED SEVENFOLD s’est pourtant forgé un solide background et a vendu quelques millions de disques. De là à dire que les Américains jouent encore ici la déstabilisation, il ne faut pas exagérer non plus, la stabilité n’étant déjà pas acquise.

Alors que renferme cette huitième réalisation de la formation californienne ? En dehors de quelques trop rares passages dans de trop rares morceaux corrects (« Mattel », « We Love You »), l’ensemble passe pour une sorte de fourre-tout de choses qui n’ont rien à faire ensemble. Le peu de riffs intéressants peinent très sincèrement à se faire une place dans ce déluge brouillon, où chacun semble faire son petit truc dans son coin.

Ce que l’on retient surtout de « Life Is But A Dream… », et c’est sûrement ce qui met le plus mal à l’aise, c’est la posture de M. Shadows, le frontman, qui essaie tant bien que mal (et carrément mal) d’endosser le costume d’un Mike Patton. C’en est même gênant (« Easier »). Pour le reste, AVENGED SEVENFOLD donne dans le dissonant à grand renfort de R’n B à la con, d’auto-tune et de sons de batterie en plastique. Navrant et finalement pénible.  

Photo : Brian Catelle
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Melodic Metal Metal Progressif Modern Metal

Disillusive Play : à la croisée des chemins

Techniquement imparable, l’effort de DISILLUSIVE PLAY se porte pourtant sur les mélodies et le côté très fédérateur d’un style qui navigue entre Rock et Metal, Heavy et Hard Rock avec des touches progressives aériennes. Beaucoup de registres et de couleurs musicales se croisent donc et se fondent sur « Songs Of The Non-Existent », un opus très bien réalisé et doté d’un équilibre et d’une structure très travaillée. Les grecs n’ont rien laissé au hasard.

DISILLUSIVE PLAY

« Songs For The Non-Existent »

(Wormholedeath Records)

Fondé en 2014 à Athènes, DISILLUSIVE PLAY possède toutes les marques d’un groupe moderne et particulièrement bien ancré dans son temps, pour peu d’avoir l’esprit ouvert et d’apprécier différents courants du Metal et du Rock. Cinq ans après « Open Arms », son premier album, le quintet livre « Songs For The Non-Existent », un disque à dominante mélodique et progressive guidé par une chanteuse au timbre puissant.

Si sa frontwoman, Antigoni Kalamara, imprime un ton résolument Rock, DISILLUSIVE PLAY évolue dans des sphères Melodic Metal qui viennent justement apporter ce contraste original et dynamique. Grâce à des claviers bien distillés et des riffs acérés et accrocheurs, les Grecs dégagent une belle énergie et les nuances progressives de « Songs For The Non-Existent » donnent du relief et une profondeur musicale efficiente.

Très variée, cette deuxième réalisation offre une production soignée, qui met en valeur les solos rapides et virtuoses de Jim Kuikos (« Sisyphus », « Make Them All Feel Good ») et les refrains entêtants à l’œuvre ici (« Queen Of The Night », « Demons Glove »). DISILLUSIVE PLAY a également convié quelques guests et on retrouve donc Bob Katsionis (ex-Firewind) aux claviers, Iliana (Enemy Of Reality) aux chœurs et le bassiste Panagiotis Bourazanis. Un bel album.

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France Modern Metal

Asylum Pyre : human tribe [Interview]

Moderne, puissant et mélodique, voilà en trois mots comment on pourrait résumer le nouvel album des Français d’ASYLUM PYRE. Bénéficiant d’une production sans faille, massive et fluide, « Call Me Inhuman » est un concentré très actuel de toutes les musiques qui viennent nourrir le quintet avec une prédominance Metal, cela va de soi. Alors que la cinquième réalisation du groupe vient tout juste de sortir, Ombeline ‘Oxy’ Duprat (chant) et Johann ‘Jae’ Cadot (chant, guitare rythmique, claviers et loops) m’ont fait le plaisir de répondre à quelques questions.

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur votre parcours. C’est votre cinquième album et il sort en autoproduction comme le premier. Vous avez sorti deux disques avec Massacre Records et un autre chez M&O. Ca devient compliqué de rester sur un label à long terme, ou c’est un désir d’indépendance ?

Ombeline : Ni l’un, ni l’autre ! Concernant « Call me Inhuman », nous avons envoyé notre album à plusieurs labels. Tous les retours que nous avons reçus étaient franchement unanimes et enthousiastes à l’égard de ce nouvel album. Mais… nos ‘chiffres’ Spotify et autres étaient bien trop bas pour les intéresser. S’investir dans un projet, culturel ou musical, c’est devoir faire preuve de patience, d’abnégation et de remise en questions. C’est être en proie aux doutes et se demander pourquoi on fait ça, au final. Et lorsque ce type de réponses arrive, c’est encore plus frustrant. Nous avions deux options : laisser tomber ou tenter de corriger ce défaut. Nous avons décidé de repartir à zéro, et nous travaillons en ce sens.

– Pour « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 », vous êtes tout de même distribués par Season Of Mist. C’est une licence qui reste indispensable pour une meilleure visibilité et accessibilité, selon vous ?

Ombeline : La distribution, et notamment digitale, est au coeur de la stratégie. Mais, le disque physique est aussi important pour nous, dans la mesure où nous continuons à en acheter et nous savons que le public Metal, et a fortiori le nôtre, est en demande de ce type d’objet. C’est aussi une autre manière d’écouter de la musique, en feuilletant le livret, en laissant son imagination vagabonder… En ce sens, une bonne distribution est nécessaire afin de permettre de toucher tous les publics, y compris les derniers gaulois résistant toujours et encore au grand tout numérique (Merci beaucoup, je me sens moins seul ! – NDR).

Ombeline ‘Oxy’ Duprat

– Depuis les débuts d’ASYLUM PYRE, vous développez un concept très précis, tout en incarnant chacun un personnage. C’est quelque chose qu’on ne voit plus beaucoup. Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans cette démarche artistique globale comme celle-ci ?

Johann : Nous n’avons pas vraiment réfléchi à ce qui se faisait ailleurs, tout ceci est venu naturellement, sans vraiment s’en rendre compte en fait. On avait envie de le faire et ça nous permettait un type de composition immersif que l’on tente de retranscrire pour l’auditeur.

– Comme je le disais, vous suivez le même concept depuis le premier album. En 2009, vous aviez déjà en tête la trame de toute l’histoire, ou est-ce que vous l’écrivez et/ou la modifiez au fur et à mesure ?

Johann : Ce concept a grandi avec nous, il est né peu à peu, un peu inconsciemment, par notre regard sur le monde. Depuis « N°4 » il guide un peu plus notre musique et inversement. Il a des inspirations qui viennent directement du monde actuel et de nos études personnelles.

– Parlons de ce cinquième album. Il parle de l’évolution des humanités d’aujourd’hui jusqu’en 2062 dans un univers qui rappelle celui de ‘Mad Max’. Est-ce que vous vous basez uniquement sur de la fiction ou faites-vous aussi des parallèles avec notre époque en imaginant ce que notre monde pourrait devenir ?

Ombeline : Il y a toujours, peu ou prou, plusieurs manières d’interpréter les paroles d’ASYLUM PYRE, mais la trame narrative s’inspire effectivement de notre quotidien. Les métaphores permettent d’établir un rapport direct entre certaines souffrances humaines et celles que nous infligeons à la planète, les deux pouvant être intimement liées sur certains sujets. En 2019, la pochette de « N°4 » arborait un masque… Nous ne savions pas que neuf mois après la parution de l’album, une crise sanitaire d’une telle ampleur allait s’abattre sur nous. Par contre, au regard des expérimentations diverses et variées, sanitaires ou alimentaires, menées par l’Homme, il était tout à fait possible de prévoir une telle catastrophe.

– Votre album, et plus largement ASYLUM PYRE dans son ensemble, fait aussi un focus sur la cause environnementale. C’est le message principal autour du concept du groupe ? Et de quelle manière cela se concrétise-t-il dans vos textes et aussi peut-être dans votre démarche ?

Johann : Oui, c’est le message principal. Avec son impact, de fait, sur l’être humain qui n’est qu’une partie de ce ‘grand’ tout qu’est la planète. ’Grand’ entre guillemets vis-à-vis de l’univers qui nous entoure. C’est présent à chaque seconde. C’est présent dans nos démarches, mais il serait difficile d’en parler ici en quelques mots. Il nous faudrait des représentations graphiques, des équations…

– Parlons de votre musique qui est à la fois très moderne et très Metal. Pourtant, on y décèle aussi de multiples courants avec un ensemble soutenu par une production solide et ample. Là encore, il y a un côté rassembleur et fédérateur. C’est cet aspect et cette intention qui vous guident ?

Ombeline : Pour ma part, je pense que les compositions de Johann offrent un écrin pour nous permettre d’apporter des influences diverses, celles qui nous ont construites en tant que musiciens. Nous sommes un groupe, mais nous sommes aussi des amis, avec des hauts et des bas, mais également, nos forces et la confiance que l’on a pour chacun. Nous arrivons avec nos idées, nous les testons et lorsque nous jugeons cela intéressant et utile pour la chanson, nous validons et travaillons le son.

Johann : « Rassembleur et fédérateur », si tu as perçu ça, alors tu fais déjà de moi un homme heureux !

Johann ‘Jae’ Cadot

– Ombeline, c’est ton deuxième album avec ASYLUM PYRE et le duo formé avec Johann également au chant montre une belle entente et une complémentarité évidente. Est-ce que, comme moi, vous pensez tous les deux que « Call Me Inhuman – The Sun – The Fight – Part 5 » est l’album le plus abouti du groupe artistiquement et vocalement en l’occurrence ?

Ombeline : Me concernant, je ne peux comparer qu’avec notre précédent album, « N°4 », même si j’ai mon avis sur les autres productions du groupe. Mais très clairement, cet album me paraît être celui de la maturité, et en tout cas, la suite logique de ce que nous avions commencé à faire avec « N°4 ». Vocalement, j’ai senti une différence, peut-être plus de lâcher prise, de confiance vis-à-vis de l’équipe, mais aussi de moi-même ! Johann sait aussi comment me ‘pousser’. J’ai enregistré en deux jours, comprenant aussi les très nombreuses pistes de doublage. Cela m’a valu quelques courbatures. Mais je pense que l’énergie impulsée s’en ressent dans l’album !

– Enfin, ASYLUM PYRE joue également beaucoup sur les ambiances et les atmosphères des morceaux. Est-ce que c’est quelque chose sur laquelle vous allez tout particulièrement travailler pour rendre vos concerts encore plus immersifs ?

Ombeline : Très clairement, cela serait intéressant de pouvoir proposer des concerts sortant des sentiers battus et nous avons déjà évoqué plusieurs idées. Il va nous falloir un peu de temps pour travailler ça et faire une belle proposition au public. En attendant, on se concentre sur la promotion de l’album. Les retours sont vraiment excellents et nous sommes ravis de l’accueil fait à « Call Me Inhuman » de la part de nos auditeurs, ainsi que des professionnels !

Johann : On va faire le max pour ça oui !

Le nouvel album d’ASYLUM PYRE, « Call Me Inhuman », est également disponible sur le Bandcamp du groupe : https://asylumpyre.bandcamp.com/

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Heavy metal Modern Metal

Liv Sin : brutale méditation

Quatre ans après son dernier opus, la Suédoise LIV SIN ressurgit avec son groupe pour un troisième effort, « Kali Yuga », qui n’a rien de méditatif, mais qui sillonne plutôt des sentiers explosifs et chaotiques. Intenses et compacts, ses nouveaux morceaux ne laissent aucun répit et libèrent une éclatante férocité.

LIV SIN

« Kali Yuga »

(Mighty Music/Target Group)

Après 13 ans et cinq albums avec Sister Sin, Liv Jagrell, alias LIV SIN, mène une carrière en solo dans laquelle elle semble épanouie. Depuis « Follow Me » (2017) et « Burning Sermons » (2019), la frontwoman monte en puissance et gagne aussi en assurance. Sur « Kali Yuga », il règne un air de folie où le Heavy Metal de la Scandinaves se fait d’une modernité très musclée.

Evoluant en quintet, la Suédoise a mis au point un style costaud basé sur des riffs massifs, une rythmique très percutante et un chant agressif et polymorphe. La chanteuse multiplie les expériences vocales en étant très pertinente et en évoluant dans des sphères qui empruntent autant à l’Alternative Metal qu’au Heavy le plus classique, façon King Diamond. LIVE SIN s’éclate !

Magistralement produit par Simon Johansson (Wolf) et Mike Wead (Mercyful Fate) sur un mix et un master signés Tue Madsen (At The Gate), « Kali Yuga » regorge de pépites comme « The Process », « King Of Fools », « I Am The Storm » ou « D.E.R. », sur laquelle apparaissent en guests Zak Tell (Clawfinger), Madeleine Liljestam (Eleine) et Wenderson D’Paula (Army Of Souls). LIV SIN sort l’artillerie lourde !

Photo : Post-Mortem Photography
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Modern Metal

League Of Distortion : sans concession

Forts d’une solide expérience, les membres de LEAGUE OF DISTORTION ont uni leurs forces autour d’un même projet résolument Metal et clairement moderne. Avec ce premier album éponyme, le quatuor allemand frappe fort et devrait très vite se faire une place de choix parmi les groupes à suivre de près.

LEAGUE OF DISTORTION

« League Of Distortion »

(Napalm Records)

Récemment fondé par la chanteuse Anna Brunner, connue pour être l’une des frontwomen du groupe de Metal symphonique Exit Eden, et par le guitariste du combo Heavy Metal Kissin’ Dynamite, Jim Müller, LEAGUE OF DISTORTION n’évolue pourtant dans aucun de ces deux registres, même si les riffs sont Heavy et perçants à souhait. C’est dans une configuration très moderne et bardée de samples que les Allemands se transcendent.

Epaulé par la rythmique très musclée de Tino Calmbach (batterie) et Felix Rehmann (basse), le quatuor montre une belle unité grâce à des compositions puissantes, racées et rendues très efficaces par leur format court. LEAGUE OF DISTORTION fait preuve d’une incroyable fraîcheur due à une production compacte, léchée et bien équilibrée. Le groupe martèle ses dix titres avec assurance et une grande maîtrise.

La palette vocale et l’énergie déployée par sa chanteuse permettent aussi aux Teutons d’asséner un style très vif et véloce (« Wolf Or Lamb », « The Bitter End », « My Revenge »). D’une agressivité peu contenue, Anna Brunner clame sa rage sur des morceaux sans équivoque et très accrocheurs. LEAGUE OF DISTORTION parvient dès son premier opus à se montrer original et plutôt saillant (« I’m A Bitch », « Sin », « Do You Really Think I Fucking Care »).