Catégories
Blues Rock Soul / Funk

The Black Keys : funky vibes

L’heure est à la détente pour THE BLACK KEYS, qui s’autorise le temps de ce nouvel opus une sorte de récréation nettement plus vaporeuse, mais non sans livrer un ardente prestation. Souvent galvaudée, le terme de groove prend ici tout son sens à travers 14 morceaux où l’objectif du groupe est clairement de prendre du plaisir et surtout d’en donner. Très 70’s dans les sonorités, des effluves de Soul, de Funk et d’un Blues tendre et généreux font cause commune sur « Ohio Players », qui donne autant le sourire que la patate !    

THE BLACK KEYS

« Ohio Players »

(Easy Eye Sound/Nonesuch Records)

Joie et félicité ! THE BLACK KEYS est de retour, clope au bec, avec une pêche d’enfer et sur un groove aussi démoniaque que réjouissant ! Alors ok, Dan Auerbach et Patrick Carney ne sont pas complètement seuls. « Ohio Players » n’est pas non plus complètement un album de leur composition. Et alors ? Le duo est particulièrement bien entouré et la tracklist est joyeuse, funky et, on ne va pas se mentir, ça fait plutôt du bien par les temps qui courent ! Il y a forcément aussi une explication très rationnelle à ce douzième effort studio des Américains, qui nous emmènent assez loin de l’âpreté du Blues Rock de « Dropout Boogie ».

En titrant ce nouvel opus du nom du cultissime groupe de Funk, THE BLACK KEYS annonce la couleur : elle sera festive, légère et explosive. L’idée de cette création inattendue et originale est née lors de soirées organisées par le groupe, où il passait de vieux 45tr de sa collection. Et c’est l’esprit de ces fêtes qui a constitué le fil rouge de l’album. A l’exception de « I Forgot to Be Your Lover », une chanson écrite par William Bell et Booker T. Jones, l’ensemble de « Ohio Players » est signé et produit par le tandem de la petite ville d’Akron. En revanche, les collaborations ne manquent pas et elles ont même parfois assez surprenantes.

Le guitariste/chanteur et le batteur ne renient pas une seule seconde leur patte musicale et encore moins ce son si particulier qui les distingue depuis leurs débuts. L’approche est la même et on la ressent jusqu’à cette production, certes, plus lisse cette fois, mais tellement riche en arrangements. Facile et aérien, THE BLACK KEYS a donc convié l’ami Beck sur près de la moitié de « Ohio Players », tandis que Noël Gallagher (oui, oui !) intervient aussi dans la composition de trois morceaux. Et la participation des rappeurs Juicy J et Lil Noid libère quelques instants de Hip-Hop langoureux. On sait s’amuser dans l’Ohio et ça fait du bien !

Retrouvez les chroniques de leurs deux derniers albums :

Catégories
Hard-Core Metal

One Life All-In : HxC fever

Après deux formats courts, ONE LIFE ALL-IN passe à la vitesse supérieure avec « Eye Of The Storm », dont la pochette reflète à elle seule l’ambiance à l’œuvre dans l’hexagone depuis un moment. Mais c’est un regard et une attitude guidés par un espoir très objectif que pose et propose le groupe avec ce premier opus, qui s’est d’ailleurs un peu fait attendre. Et entre Metal et énergie Punk, son Hard-Core rugit et reste incisif.

ONE LIFE ALL-IN

« Eye Of The Storm »

(Fast Break! Records)

En ouvrant les hostilités avec « The A7 Sessions » en 2017, suivi d’un second EP plus convaincant, « Letter Of Forgiveness » en 2020, la formation franco-américaine s’était tracé une voie à travers un Hard-Core fédérateur et nerveux. Avec le même line-up qu’à ses débuts, ONE LIFE ALL-IN livre enfin son premier album et on peut mesurer toute la puissance et la maîtrise acquise durant ses sept dernières années.

Plus que jamais unis malgré la distance, Clem (guitare) et Franco (basse) de Seakers Of The Truth, Kevin Foley (batterie), ancien cogneur de Benighted notamment, et Don Foose, le frontman de The Spudmonsters à Cleveland, Ohio, s’étendent cette fois sur 14 titres. Et même si l’ensemble ne dure que 38 petites minutes, on peut enfin profiter de ONE LIFE ALL-IN  sur la longueur et les surprises ne manquent pas sur « Eye Of The Storm ».

Costaud et revendicatif, le Hard-Core du quatuor se veut aussi positif, sans tomber dans une naïveté convenue. Dès « Do Or Die », on entre dans le vif du sujet. Si le combo a gardé ses influences Punk, les guitares sont très souvent Metal et ONE LIFE ALL-IN sait se montrer musclé (« Won’t Hesitate », « Mad Bull »). Petites douceurs aussi avec « Life Of Dreams » qui rappelle même un peu les RHCP et « War », dont la mélodie est entêtante. Well done !

Catégories
Americana Country

Neal Smith : so far… West !

Après le Shock Rock ou le Swing en passant par la musique de film, NEAL SMITH s’essaie cette fois à l’Americana fortement teintée de Country et ça lui va comme un gant. Ancien cogneur d’un certain Vincent Furnier au début de sa carrière, le multi-instrumentiste est un touche-à-tout et on le retrouve ainsi à la guitare, aux claviers, au chant et bien sûr à la batterie sur ce rayonnant « KillSmith ».

NEAL SMITH

« KillSmith Goes West »

(Independant)

Il y a une vie après Alice Cooper et NEAL SMITH le sait bien. Ancien batteur de la légende de Detroit de 1968 à 1974, le musicien a enchainé les groupes bien sûr, ainsi que d’une multitude de styles. Chez lui, passer d’un registre à un autre et relever de nouveaux défis artistiques est même une façon d’être. Et pour le quatrième volume de sa série « KillSmith », c’est de l’Americana/Country qu’il propose.

Originaire d’Akron dans l’Ohio, voir et entendre NEAL SMITH si à son aise dans ce nouvel habit n’est pas vraiment surprenant. Egalement compositeur, guitariste et chanteur, celui qui œuvra derrière les fûts sur les classiques « Love It To Death », « School’s Out », « Billion Dollar Babies » ou « Muscle Of Love » avec le grand Alice incarne cette fois le parfait Country songwriter avec toute la gouaille qui va avec.

Clairement ancré dans la veine Outlaw Country initiée par Johnny Cash, Kris Kristofferson, Willie Nelson et Hank Williams, NEAL SMITH et ses six compagnons de jeu enchainent les titres dans un paysage musical de western (« Tequila, Tamales & A Woman », « Sunset Of Gold », « Jukebox Rose », « Tattoed Cowgirl »). Cependant, l’Américain s’autorise un petit écart avec « Pull It Out Smokin’ » très Hard 70’s. Authentique !

Catégories
Stoner Rock

Valley Of The Sun : une robuste sincérité

C’est une Amérique sous le soleil, et souvent même sous le cagnard, que VALLEY OF THE SUN met en musique depuis un peu plus d’une décennie déjà. Avec « The Chariot », le quatuor de Cincinnati signe un petit chef-d’œuvre bluesy, très Rock et brut. Sur un Stoner frontal, les Américains vont au plus près, et au plus juste, du plaisir.  

VALLEY OF THE SUN

« The Chariot »

(Fuzzorama Records/Ripple Music)

Stellaire et surtout lumineux et solaire, ce nouvel album de VALLEY OF THE SUN coche toutes les cases d’un disque Stoner Rock fédérateur et vraiment inspiré. En 12 ans de carrière, le quatuor de Cincinnati, Ohio, continue sa route sur un rythme effréné, c’est vrai, et toujours guidé par un instinct incroyable. Sans fioriture, ni excès de zèle, le groupe se livre encore avec élégance et détermination.

« The Chariot » transpire l’Amérique dans ce qu’elle a de plus authentique, à la manière d’un Clint Eastwood ou d’un Sean Penn : avec une vérité chevillée au corps (« As We Decay »). Hypnotisant grâce à la voix de Ryan Ferrier (également à la guitare), VALLEY OF THE SUN s’affranchit des codes du Stoner Rock pour nous embarquer dans une vision très actuelle de son quotidien (« Images », « Running Out Of Love »). 

Sur un Fuzz très maîtrisé et surtout un panache Heavy Rock très américain, le combo s’appuie sur une rythmique millimétrée et pourtant sauvage, parfaitement enrobée des riffs aériens, ou appuyés, des deux guitaristes. VALLEY OF THE SUN distille un souffle Rock’n’Roll en continue entre un Stoner habile et musclé et un Rock US affûté très captivant (« Evil I’ve Become », « The Chariot », « Headlights »). Du grand art et de la belle ouvrage.

Catégories
Blues Rock

The Black Keys : groovy fuzz

Plus que jamais, le duo Blues Rock américain transcende les styles et les générations grâce à un registre très personnel et un travail sur le son hors-norme. Depuis une dizaine d’années, THE BLACK KEYS construit un bel édifice sur lequel « Dropout » vient poser une nouvelle et belle pierre. Le duo américain régale… une habitude !

THE BLACK KEYS

« Dropout Boogie »

(Nonesuch records)

Depuis leurs deux derniers albums, « Let’s Rock » et « Delta Kream », THE BLACK KEYS est fortement remonté dans mon estime, grâce à une liberté artistique phénoménale. C’est donc un peu fébrile que je m’attends à une suite aussi relevée. Et « Dropout Boogie » répond parfaitement à mes attentes, tant le duo d’Akron dans l’Ohio fait parler la poudre sur un Blues Rock, dont il a le secret. Heureux je suis, donc.

Dan Auerbach et Patrick Carney restent sur des fondamentaux bien maîtrisés, et ont même invité Billy Gibbons, Angelo Petraglia de Kings Of Leon et Greg Cartwright de Reigning Sound à se joindre à leur petite fête. THE BLACK KEYS s’offre une balade entre fuzz et groove avec la fougue et le côté roots, qui forgent ce style si particulier. Autant dire que « Dropout » est aussi brillant que ses prédécesseurs.

Epais et assez Old School, ce nouvel album contient dix titres aussi inspirés les uns que les autres, et la chaleur et la puissance de la production doivent sûrement beaucoup au lieu de l’enregistrement : Nashville, Tennessee. Fun sur « Your Team Is Looking Good », sombre sur « Good Love », percutant sur « How Long » et plus doux sur « Didn’t I Love You », THE BLACK KEYS sait tout faire et on redemande.

Catégories
Heavy metal

Doctor Smoke : heavy medicine

Solide et sans détour, ce deuxième album de DOCTOR SMOKE transpire le Heavy Metal comme on ne le voit malheureusement plus très souvent. Grâce à un chant parfaitement mis en valeur, des riffs inspirés et une rythmique épaisse, les Américains parviennent à nous plonger au cœur d’un genre qu’ils renouvellent et rafraîchissent sur ce très bon « Dreamers And The Dead ».

DOCTOR SMOKE

« Dreamers And The Dead »

(Ripple Music)

Originaire de l’Ohio, le quatuor américain est du genre costaud et incisif. Sept ans séparent pourtant « Dreamers And The Dead » et « The Witching Hour », premier album de DOCTOR SMOKE. Et ces années auront aussi déclenché des changements, ou ajustements, musicaux. Ainsi, de morceaux dans une veine Stoner Doom, le combo affiche aujourd’hui un Heavy Metal plus tranchant et moins lourd.

Armé de deux très bons guitaristes d’une efficacité redoutable, DOCTOR SMOKE a éclairci son jeu, lequel est devenu moins épais et nettement plus virevoltant. Sans faire dans le démonstratif, le quatuor enchaine les riffs bien sentis et musclés. Et malgré quelques influences puisées dans la NWOBHM avec son petit côté Old School, le combo sonne toujours très américain.

Si les mélodies des guitares mènent le jeu, la force de frappe de sa rythmique donne un impact certain et un relief massif à « Dreamers And The Dead ». Grâce à une très bonne production, les morceaux de ce deuxième album sont accrocheurs à l’image des hymnes Metal d’antan (« This Hallowed Ground », « The Rope », « Out Of Time », « Reborn Into Darkness » et « Been Here Before »). Un carton pour le gang de l’Ohio !

Catégories
Blues

The Black Keys : back to the roots

THE BLACK KEYS fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps, on en a maintenant la certitude. Le duo de l’Ohio est parti à Nashville enregistrer son dixième album… et il est très bon, d’autant que les musiciens présents sont parmi les meilleurs du genre. « Delta Kream » contient onze reprises de standards de Blues et c’est sur le Mississippi que les Américains ont jeté leur dévolu.

THE BLACK KEYS

« Delta Kream »

(Easy Eye Sound/Nonesuch Records)

Autant ne pas tourner autour du pot : THE BLACK KEYS vient de livrer son meilleur album en 20 ans de carrière. Et il se trouve qu’il est constitué de reprises… comme quoi ! Avec « Delta Kream », le duo américain rend hommage aux héros de sa jeunesse et plus précisément au Mississippi Hill Country Blues, un style caractéristique porté par de grands noms dont les morceaux sont aujourd’hui des classiques.

Ancêtre du Blues, le Hill Country vient du Mississippi et date du début du XXème siècle. Douze mesures et ça dure depuis plus de 100 ans ! Parmi les pionniers et illustres représentants, on retrouve bien sûr John Lee Hooker, R.L. Burnside, Jr Kimbrough et Fred McDowell que THE BLACK KEYS a décidé de tous honorer. Très bien produits, les onze morceaux de « Delta Kream » apportent un beau coup de frais à ce Blues originel, et sans le dénaturer.

Dan Auerbach (guitare, chant) et Patrick Carney (batterie) sont sublimement accompagnés par le bassiste Eric Deaton et Kenny Brown à la slide. Majoritairement enregistré en une prise, l’album est d’un groove incroyable et montre le plaisir évident qu’ils ont pris à jouer ensemble. Le seul bémol vient de la voix d’Auerbach car, même quand on aime ça, on ne s’improvise pas bluesman. Cependant, THE BLACK KEYS signe un très bel album.