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Devon Allman : son & brother [Interview]

C’est dans la torpeur de Miami que DEVON ALLMAN est allé enregistrer ce nouvel album solo, une production qui reflète d’ailleurs bien la chaleur de la ‘Magic City’. Le chanteur, guitariste et compositeur met de côté le Southern Rock dont il est un héritier direct pour élaborer un Blues plus langoureux et délicat. Pour autant, « Miami Moon » regorge de ces solos qui ont fait sa réputation et il semble littéralement se laisser guider par ces nouveaux morceaux. L’Américain aime surprendre et ce n’est peut-être pas l’album qu’on attendait de lui, tant il paraît loin de la fougue des réalisations du Allman Betts Band notamment. L’occasion de parler avec lui de l’ambiance diffusée ici, de ses sensations sur ce nouveau disque et du lieu symbolique de son enregistrement.

– Cela fait huit ans que l’on attend ce quatrième album solo. Cela dit, tu n’es pas resté inactif puisque tu as sorti deux disques avec Allman Betts Band. A quel moment as-tu ressenti le besoin de te remettre à la composition et à l’écriture ? A moins que ce soit des morceaux que tu avais déjà de côté depuis un moment ?

Une fois que The Allman Betts Band a décidé de faire une pause, j’étais impatient de retourner en tournée et d’enregistrer en tant qu’artiste solo. Je n’avais qu’une seule chanson prête à être jouée… l’instrumental « Sahara ». C’était amusant d’être dos au mur sans aucun autre matériel. Début 2022, j’étais en tournée avec Samantha Fish et mon guitariste Jackson Stokes et j’allais à l’arrière du bus pour écrire les chansons qui sont devenues « Miami Moon ». La seule chose que je voulais vraiment, c’était des chansons qui me donnent l’impression de passer un bon moment.

– D’ailleurs, « Miami Moon » dénote clairement d’avec les albums du Allman Betts Band, qui sont clairement inscrits dans la lignée de l’héritage laissé par vos pères respectifs. Avais-tu aussi besoin d’un changement d’ambiance, de laisser un temps le Southern Rock de côté pour quelque chose de plus Blues ?

J’avais déjà huit autres albums avant même que The Allman Betts Band ne se forme. J’ai donc toujours aimé montrer différentes facettes de mes goûts musicaux. J’aime toujours changer de style… du Blues au Rock, en passant par l’Americana et le R&B. Je m’ennuie facilement ! (Rires)

– Pourtant, tu n’as pas complètement coupé les ponts, puisque « Miami Moon » a été enregistré dans les studios Criteria où ton père a réalisé « Eat A Peach » avec Allman Brothers Band et où ton oncle Duane et Eric Clapton ont enregistré le célèbre « Layla ». J’imagine qu’il y avait une atmosphère assez spéciale. Justement, est-ce que tu y as trouvé une sorte de réconfort et de familiarité, ou plutôt un peu de pression ?

Les studios Criteria m’ont offert une atmosphère agréable pour travailler. Aucune pression du tout… Juste un groupe de musiciens fantastiques, qui donnent vie à des chansons. Cela signifie beaucoup pour moi de travailler dans un espace où ma famille et mes héros ont travaillé… c’est un honneur d’avoir travaillé là-bas.

– A priori, l’ambiance était plutôt à la détente, puisqu’on te retrouve dans un registre très Soul, Funky, un peu Pop et parfois aussi latino et sur un groove assez vintage de temps en temps. Il en ressort un album très chaleureux et passionné. Est-ce que tu aurais pu l’enregistrer ailleurs qu’à Miami pour obtenir cette ambiance, et est-ce que les saveurs de la ville t’ont aussi inspiré ?

Je pense que cette ambiance est en grande partie due aux excellents musiciens, mais oui, Miami elle-même s’est retrouvée dans le groove et les sensations de l’album. Je pense toujours que le lieu peut ajouter à l’art, c’est sûr. Mais ces musiciens ont tout simplement cartonné.

– La production est elle aussi très organique et on imagine facilement que tout a été enregistré sur bandes en analogique. Pourtant, « Miami Moon » dégage beaucoup de modernité dans les morceaux comme dans le son d’ailleurs. De quelle manière as-tu trouvé cet équilibre et quel est ton rôle au niveau de la production ?

Tom Hambridge et moi avons travaillé côte à côte sur trois projets jusqu’à présent. Nous avons tout gravé pendant l’enregistrement de départ sur des bandes analogiques, comme on le faisait pour les albums classiques. Il a supervisé le découpage de la bande et j’ai pris le relais avec Chris Turnbaugh, ingénieur du son à St. Louis, pour les overdubs, afin de réaliser les percussions, les chœurs, la section de cordes, les cuivres, les guitares et tous ces autres petites douceurs pour les oreilles. Tom a ensuite travaillé avec moi sur les voix à Nashville. J’étais satisfait du mélange de tout ce travail et je suis retourné à Nashville pour le mixage… tout cela a été un très long processus.

– En dehors de tes albums solos, tu as toujours accordé beaucoup d’importance aux collaborations et aux réalisations en groupe comme avec Royal Southern Brotherhood, Honeytribe et bien sûr Allman Betts band. Depuis « Turquoise » en 2013, considères-tu ces productions sous ton propre nom comme quelque chose de plus personnel, voire intime, à savoir un environnement dans lequel tu peux t’exprimer pleinement et plus librement ?

Oui, j’aime collaborer avec d’autres musiciens, comme le reflète ma discographie, mais faire les choses seul permet de s’épanouir davantage. Les autres groupes ont généralement un cadre et un son dans lesquels travailler… Le faire seul me permet d’aller au-delà.

– Durant ta carrière, tu as joué un peu partout et notamment en Europe avec même une collaboration assez longue avec Javier Vargas, que j’ai aussi eu le plaisir d’interviewer. Y a-t-il un aspect ou une approche sonore et musicale du Blues ici qu’on ne retrouve pas aux Etats-Unis et qui te séduit ?

Le Blues appartient à l’Amérique… Nous sommes un jeune pays, nous n’avons pas grand-chose à revendiquer, car l’Europe a beaucoup plus d’Histoire que l’Amérique… mais le Blues et le barbecue sont à nous ! (Rires)

– Parmi tous tes projets, Allman Betts Band est probablement le plus attrayant pour le grand public, car il perpétue une sorte de mythe à travers une transmission et une continuité familiale. « Bless Your Hearts » est sorti il y a quatre ans maintenant. Est-ce que vous avez déjà avec Duane un troisième album en tête, ou vos carrières solos respectives occupent toute votre attention pour l’instant ?

…Reste connecté ! (Sourires) – (J’aurais essayé ! – NDR)

– Pour conclure, j’aimerais que tu nous parles de la magnifique tournée d’Allman Betts Family Revival en fin d’année aux Etats-Unis. Le casting est exceptionnel et j’imagine que les setlist le seront tout autant. Tout d’abord, comment se prépare une telle réunion, et enfin peut-on espérer vous voir tous ensemble (ne serait-ce que toi en solo !) un jour en France ?

C’est une tournée très agréable et le plan directeur est quelque chose que j’ai pris de l’incroyable film-concert « The Last Waltz »… Allman Betts Band est notre groupe-maison et nos invités viennent célébrer le catalogue intemporel de mon père et du Allman Brothers Band. C’est comme une grande réunion de famille et c’est toujours tellement agréable de retrouver tout le monde et de jouer ensemble. Et là, je viens de jouer à Megève et j’ai également passé mes vacances avec ma femme à Saint-Tropez… J’attends toujours avec impatience mon retour en France !

L’album de DEVON ALLMAN, « Miami Moon », est disponible chez Create Records, le propre label du musicien.

Photo : Emma Delevante (2)

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Hard Rock Heavy metal

Ozzy Osbourne : mad man returns

Est-ce la pléiade d’invités aussi prestigieux qui a redonné toute sa folie et surtout son envie d’en découdre au mad man ? Une chose est sûre, OZZY OSBOURNE est (déjà) de retour et celui-ci est fracassant de classe et laisse de nouveau resplendir l’énorme talent de ce père du Heavy Metal. « Patient Number 9 » chasse les doutes et on retrouve le son, le style, la patte et la créativité de celui qui avait auparavant plongé les années 80 et 90 dans les ténèbres. 

OZZY OSBOURNE

« Patient Number 9 »

(Sony Music)

Malgré une succession de communiqués médicaux assez alarmants ces derniers mois, ainsi qu’un très moyen « Ordinary Man » il y a deux ans, il faut bien reconnaitre que le « Patient Number 9 » se porte aujourd’hui très bien. Avec ce nouvel album, l’iconique OZZY OSBOURNE, rare légende du Heavy Metal encore en activité, vient faire taire l’ensemble de ses détracteurs (mea culpa !), qui ne croyaient plus en cette folie unique qui anime le Britannique depuis toujours.

Loin de se cacher derrière les illustres guitaristes présents, le frontman met en avant sa voix fine et perçante, qui le rend si particulier. OZZY OSBOURNE est d’une justesse incroyable allant jusqu’à afficher une grande ambition artistique que d’aucun croyait perdue. Bien sûr, le Prince des Ténèbres n’a plus rien à prouver et c’est même tout l’inverse. On sent sur « Patient Number 9 » un chanteur radieux et qui, avec un professionnalisme sans faille, s’élève encore un peu plus.

Et ce treizième album solo pourrait bien être celui de la chance, tant il possède tous les ingrédients. Car le noyau dur de « Patient Number 9 » s’articule autour de Chad Smith à la batterie (RHCP), Robert Trujillo (Metallica) et Duff McKagan (GNR) à la basse et du musicien et producteur Andrew Watt, qui a également assuré les guitares rythmiques. Avec la participation du regretté Taylor Hawkins des Foo Fighters, de Josh Homme (QOTSA) et de Chris Chaney de Jane’s Addiction, OZZY OSBOURNE réunit déjà un casting incroyable.

Et sur ce socle somptueux, une pluie de stars déferlent sur les treize (forcément !) morceaux. Et les occasions de se réjouir sont nombreuses. A noter la présence exceptionnelle de Tony Iommi qui, pour la première fois, participe à un album solo d’OZZY sur « No Escape From Now » et « Degradation Blues ». Autres retrouvailles, celles avec Zach Wylde qui voient se reformer ce duo magique sur quatre titres parmi les meilleurs de l’album : « Parasite », « Mr Darkness », « Nothing Feels Right » et « Evil Shuffle ».

Et la fête n’est pas terminée, elle bat même son plein avec Jeff Beck sur le génial morceau-titre en ouverture, puis sur « Immortal » avec Mike McCready de Pearl Jam. Rien n’est impossible quand on est OZZY OSBOURNE. Ainsi, Eric Clapton apporte toute sa finesse bluesy sur « One of Those Days » pour une rencontre du troisième type éblouissante. Grâce à un très bon mix et des arrangements particulièrement soignés, le chanteur signe l’un de ses meilleurs albums depuis très longtemps.

Ceux qui ne donnaient pas chère de la peau d’OZZY OSBOURNE vont en avoir pour leur argent, car il apparaît au sommet de son art et à même de réunir ses fans de la première heure comme la nouvelle génération. « Patient Number 9 » est le disque que l’on n’attendait plus de la part de celui qui multiplie les frasques depuis des décennies. Grand architecte du Heavy Metal, l’ancien Black Sabbath présente des titres épiques, mélodies et sombres, auréolés de cette présence inégalable, qui le rend tellement irrésistible.

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Blues Blues Rock

Dion : un respect unanime

A 82 ans, DION Francis DiMucci semble retrouver une seconde jeunesse. Inspiré et virtuose comme jamais, le chanteur et guitariste vient de signer chez son ami Joe Bonamassa et livre un nouvel album avec en guest sur chaque morceau le gratin du Blues et du Rock. Éblouissant, l’Américain a encore convié quelques amis à jouer sur ses compositions pour un résultat de grande classe.

DION

« Stomping Ground »

(KTBA Records)

Il y a moins de deux ans, DION avait déjà réuni ses amis sur « Blues With Friends », et voici qu’il récidive avec « Stomping Ground » et sa liste impressionnante de guests, qui se succèdent aux côtés de l’Américain. Co-écrit avec Mike Aquilina, ce nouvel album célèbre le Blues, le Blues Rock et le Rythm’n Blues avec une classe et une élégance constantes. La marque des grands.

Co-produit avec l’excellent Wayne Hood et publié sur le tout nouveau label de Joe Bonamassa, lui-même présent sur le morceau « Take It Back », « Stomping Ground » transpire le Blues à chaque accord. Porté par une brillante production, ce nouvel album est avant tout celui de DION. On y retrouve sa patte sur chaque titre, y compris sur le « Red House » de Jimi Hendrix avec Keb Mo’. 

« Stomping Ground » a aussi ceci de remarquable qu’aucun invité ne tire la couverture à lui, malgré la grande notoriété de beaucoup. Certes, on en reconnait énormément grâce à leur jeu très distinctif (Mark Knopfler, Peter Frampton, Billy F Gibbons, Bruce Springsteen, Eric Clapton, …). C’est dire l’énorme respect qu’ont tous les artistes présents pour le grand et unique DION.

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Blues Soul / Funk

Steve Cropper : maître à jouer

STEVE CROPPER est un musicien de l’ombre, et pourtant tout le monde a entendu au moins une fois l’un des méga-hits auxquels il a activement participé pour Stax Records dans les années 60. Vénéré par Brian May, Jeff Beck ou Eric Clapton, le  guitariste et compositeur se fait cette fois un petit plaisir personnel, dont on est plus que ravi, avec son premier album solo depuis de longues années.

STEVE CROPPER

« Fire It Up »

(Provogue/Mascot Label)

Si vous l’ignorez, cet homme est une légende et probablement le ‘guitar-hero’ le plus discret de la planète Blues/Soul et pourtant les plus grands lui doivent énormément. Guitariste et compositeur, il est de tous les classiques d’Otis Redding, Wilson Pickett, Johnny Taylor, Albert King et plus tard, il fut aussi le sideman de John Lennon, Bob Dylan ou encore Eric Clapton. Ça situe STEVE CROPPER et relative aussi la mise en lumière d’autres…

Selon ses dires, l’Américain n’avait pas sorti d’album solo depuis 1969 ! On peut ainsi voir « Fire It Up » comme une petite respiration personnelle que s’offre ce grand soulman. Sur une production brillante, cela va sans dire, le guitariste s’engouffre dans des registres qu’il maîtrise à la perfection et dont il a laissé le chant au génial Roger C. Reale, dont la voix chaude et roque embellit encore plus le jeu de STEVE CROPPER.

Assez peu démonstratif, il se concentre plus sur l’ensemble des morceaux que sur ses propres parties de guitares, qui sont toujours d’une justesse irréprochable. Enveloppé dʼune séduisante section de cuivres, « Fire It Up » regorge de pépites Blues, Soul, Funky et Rock dont on retiendra notamment « Fire It Up », « One Good Turn », « Out Of Love », « She’s Fine », ou encore le phénoménal « Heartbreak Street ». STEVE CROPPER reste inégalable et envoûtant.

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Blues

A cup of Blues

Moins expansif qu’à l’habitude, JOE BONAMASSA revient à ses influences Blues anglaises avec « Royal Tea » qu’il est allé enregistrer aux studios Abbey Road. En immersion à Londres, le guitariste-chanteur dévoile un aspect plus modéré, mais tout aussi virtuose. Entouré d’un groupe exceptionnel, l’Américain devrait mettre tout le monde d’accord.

JOE BONAMASSA

« Royal Tea »

(Provogue/J&R Adventures)

Pourtant exubérant avec une furieuse tendance à en mettre partout, JOE BONAMASSA livre un nouvel album étonnamment sobre. Délicat et presque mélancolique (« Why Does It Take So Long To Say Goodbye »), l’Américain renoue avec une certaine élégance tout en émotion. Même vocalement, on le sent nettement plus impliqué et concentré sur ses textes. Il faut préciser que c’est aux studios Abbey Road à Londres que « Royal Tea » a été enregistré, et que le musicien a souhaité coller au plus près à ses influences Blues britanniques. 

Très inspiré depuis ses débuts par Jeff Beck, John Mayall, Cream et Eric Clapton, JOE BONAMASSA expose cette fois-ci au grand jour les influences anglaises qui ont forgé son jeu depuis toutes ces années. Presque froid sur « Lookout man ! » ou plus aérien sur « A Conversation With Alice », la métamorphose est assez saisissante. Bien sûr, le guitariste ne joue pas petits bras et livre des solos majestueux, mais nettement moins shred qu’à l’habitude (« When One Door Opens »).

En montrant qu’il est aussi à l’aise dans son registre habituel, plus Rock et très américain, que dans un Blues typiquement britannique, JOE BONAMASSA fait une éclatante démonstration de force, tout en modération et en feeling (« Beyond The Silence »). Du morceau-titre à « Savannah » ou au virevoltant et très swing « Lonely Boy », le guitariste enchante à chaque morceau en revenant à l’essentiel et en laissant de côté les effets de manche. « Royal Tea » est de loin son meilleur album depuis très longtemps.