Catégories
Blues

Justin Light : un Blues resilient

Entre confinement et Brexit, JUSTIN LIGHT a eu le temps de la réflexion. Le songwriter anglais en a profité pour écrire, jouer, enregistrer et produire son premier album solo. Dans un registre Blues très British, le musicien livre un album élégant, plein d’émotion et optimiste. « Sunshine Cafe » dégage une belle luminosité musicale.

JUSTIN LIGHT

« Sunshine Cafe »

(Independant)

Après 35 ans de carrière passés à partager la scène avec de grands noms et au sein des groupes The Atomic Workers et The Sonic Jewels, JUSTIN LIGHT a profité du confinement dans son pays, l’Angleterre, pour enregistrer pendant l’été dernier son premier album solo. Et celui-ci penche cette fois pour le Blues.

Guitariste et chanteur, le Britannique a donc mis à profit la situation sanitaire pour composer « Sunshine Cafe », et pourtant ce premier essai solo est tout sauf triste ou morose. Plein d’humour, les morceaux de JUSTIN LIGHT respirent et véhiculent une douceur enveloppante, malgré la pandémie et le Brexit qui ont guidé certains titres.

Très british dans le son et les compos, le songwriter développe un registre très souple et délicat sans se priver d’élever le niveau à l’occasion (« Loneliness Is A Blues », « Making It Alright In The End », « Goodbye To My Poison », « Your Payback’s Overdue »). JUSTIN LIGHT régale et on perçoit très rapidement la longue expérience du musicien.

Bandcamp : https://justinlight.bandcamp.com/

Catégories
Blues

Bjørn Berge : en toute liberté

Connu et reconnu pour ses prestations époustouflantes en solo (allez voir!), BJØRN BERGE revient cette fois en trio avec un « Heavy Gauge » plein de groove et tout en feeling. Toujours aussi technique, le Norvégien livre un Blues dont lui seul a le secret. Le musicien est toujours aussi surprenant dans ses compositions et le son de sa guitare.

BJØRN BERGE

« Heavy Gauge »

(Independant)

Qu’elles aient six ou douze cordes, les guitares qui passent entre les mains de BJØRN BERGE laissent toujours exploser des sonorités et des mélodies irrésistibles. Techniquement hors-norme, le maître norvégien du picking et de la slide apporte une nouvelle et indispensable œuvre à sa belle et grande discographie. Et cette fois, le guitariste n’est pas venu seul.

Le Scandinave s’est particulièrement bien entouré pour livrer le digne successeur de « Who Else ? ». On retrouve à la basse Kjetikl Ulland et Kim Christer Hylland derrière les fûts. Et comme d’habitude, ce Blues venu du Nord ne manque pas de groove. BJØRN BERGE y glisse quelques touches Folk, jazzy et Rock bien sûr, le tout avec une déconcertante facilité.

Rugueux et suave à la fois, le guitariste excelle dans un Blues Rock qu’il maîtrise totalement (« The Wrangler Man ») sans négliger quelques fantaisies. Très technique, le songwriter se montre pourtant d’un feeling incroyable à travers des morceaux qui lui ressemblent tellement dans leur diversité (« I Got It Made », « Straydog », « Coliseum » et l’étonnant (« Rip Off »). Un grand bol d’air frais !

Bandcamp : https://bjornberge.bandcamp.com/

Catégories
Folk/Americana International Stoner/Desert

Tony Reed : une vision positive de l’avenir [Interview]

Producteur reconnu dans le milieu du Stoner Rock et au-delà, le multi-instrumentiste TONY REED a mis entre parenthèse ses groupes Mos Generator et Big Scenic Nowhere pour sortir il ya quelques mois son premier album solo. Acoustique, très épuré et touchant, le compositeur américain a livré un « Funeral Suit » étonnant, sincère et très personnel. Rencontre avec ce monument de Seattle.

– Il y a quelques mois, tu as sorti « Funeral Suit » dans un registre où on ne t’attendait pas forcément. Quel regard portes-tu sur ce premier album solo avec un peu de recul ?

Au cours des dernières années, on m’a demandé de faire un album acoustique à plusieurs reprises. Certaines des chansons de « Funeral Suit » ont été écrites il y a plus de cinq ans. C’est un style dans lequel je suis aussi à l’aise que dans du Rock lourd et, au niveau des paroles, il ne s’éloigne pas trop du contenu des trois derniers albums de Mos Generator. La grande différence ici, c’est que les voix et les paroles sont présentées dans un cadre sans grosses guitares, ni de section rythmique agressive.

– Malgré de multiples productions, on te connait surtout en tant que leader de Mos Generator et plus récemment avec Big Scenic Nowhere. Qu’est-ce qui t’a poussé à réaliser un album Folk et presqu’Americana ? C’est un projet que tu mûris depuis longtemps ?

En fait, chaque chanson a été enregistrée telle qu’elle à l’exception de deux chansons initialement interprétées par Mos Generator. Ce sont presque toutes des démos. Je trouve que dans certains styles de musique, si tu passes trop de temps à améliorer la performance ou les arrangements, tu perds l’énergie et le sentiment de départ. Sur la plupart de ces chansons, j’ai enregistré la guitare très rapidement, puis j’ai enregistré les voix au moment où je les écrivais. Il y a beaucoup d’erreurs sur l’album, mais je ne pense pas que je changerai quoi que ce soit. Cela donne vraiment aux chansons une sensation différente.

– « Funeral Suit » est un album assez sombre et intimiste, presqu’introspectif. C’est la situation due à la pandémie qui a guidé ce choix, ou c’est quelque chose de plus profond ? Et il y aussi ce changement radical de style…

Toutes ces chansons ont été achevées avant la pandémie. Si je me souviens bien, les derniers enregistrements de l’album ont été faits en novembre 2019. Tu as raison de dire que c’est un album intime et introspectif. Je n’ai jamais été aussi transparent dans mon écriture. Au cours des dernières années, j’ai jeté un coup d’œil sur les choses que je n’aime pas chez moi et les choses que j’ai faites et qui ont blessé les personnes que j’aime. De nombreux textes de Mos Generator reflètent également ce type d’auto-analyse. Entre « Funeral Suit » et l’album de Mos Generator « Shadowlands », je pense avoir exorcisé ces sentiments et les avoir remplacé par une vision positive de l’avenir.

La mort de mon père en 2019 a également joué un grand rôle dans la création de cet album.  « Funeral Suit », la chanson, parle de son décès et de la façon dont cela affectera le reste de ma vie. Il s’agit aussi des êtres chers qui sont toujours là et qu’ils peuvent partir à tout moment. Alors, chérissez cette vie que vous avez avec eux. J’ai l’impression que mon père comprendrait tous ces sujets sombres sur lesquels je chante, s’il pouvait écouter l’album. Je l’aime beaucoup et je peux honnêtement dire que bon nombre de mes propres défauts de caractère sont ceux que je pouvais voir en lui. Il aurait compris cet album. Il était un grand fan de mon travail et m’appelait régulièrement pour me le dire. Je porte ces mots partout avec moi.

En ce qui concerne le style de musique, j’écris et j’enregistre de la musique acoustique depuis plus de 30 ans. Dans mes archives personnelles, il y a des centaines de chansons que j’ai enregistrées dans de nombreux styles. Certaines ont été publiées ou rééditées au fil des ans, et il pourrait y en avoir d’autres dans un proche avenir. En ce moment, j’ai cinq projets et groupes actifs qui écrivent et enregistrent. Le seul avec des horaires de répétition réguliers est Hot Spring Water. Cela ressemble beaucoup au Rock Country du début des années 70 en Californie du Sud. C’est une sorte de mix Country alternative et sombre. C’est un groupe formidable et c’est très sympa à jouer sur scène.

– Sur cet album, tu es seul aux commandes. « Funeral Suit » est un disque que tu tenais toi-même à mener de bout en bout ?

Je suis un maniaque du contrôle donc, pour moi, ce n’est pas si différent que pour d’autres disques. Je gagne ma vie en tant qu’ingénieur du son et producteur depuis mes vingt ans environ, ce qui me permet également d’avoir le contrôle sur mes chansons. Au fil des ans, j’ai sorti pas mal de disques où je joue de tous les instruments. Cela vient vraiment du fait que je ne suis pas une personne très sociale et que je passe la plupart de mon temps à côté d’un enregistreur avec toute sorte d’instrument de musique à la main. Et j’ai eu la chance de pouvoir en faire l’œuvre de ma vie.

– En plus de cet album très touchant, Il y a également eu « Lavender Blues » avec Big Scenic Nowhere cette année. Finalement, elle aura été assez riche pour toi. Doit-on s’attendre maintenant à un nouvel album de Mos Generator en 2021 ?

Bob (Balch, également guitariste de Fu Manchu) et moi avons une excellente relation musicale. Nous sommes tous les deux mélomanes et essayons de jouer et d’apprendre sans cesse. Big Scenic Nowhere est génial, parce que j’arrive à saisir de longues jams et à les rendre très structurées en studio. C’est un processus que je connais, mais que je n’ai jamais fait avec autant d’intensité. C’est vraiment un défi amusant. En ce qui concerne Mos Generator, j’ai passé l’année dernière à essayer de trouver des morceaux pour maintenir la présence du groupe auprès du public. Actuellement, je suis très heureux de travailler sur de nouveaux morceaux. Le problème est que nous ne vivons pas les uns à côté des autres. Jono (batterie) habite à 3.500 kilomètres de Sean et moi. Et en ce moment, il est très difficile de se réunir et de travailler sur de nouvelles compos. Mais nous prévoyons au moins d’écrire et d’enregistrer un nouvel album (peut-être un double) d’ici la fin de l’année. C’est notre objectif.

Bandcamp : https://ripplemusic.bandcamp.com/album/funeral-suit-blood-and-strings-acoustic-series-ch-2

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/tony-reed-la-surprise-folk-du-chef

Catégories
Blues Folk/Americana

Théo Charaf : l’appel des grands espaces

Pour son premier album éponyme, THÉO CHARAF sort des sentiers battus en livrant dix très bons morceaux entre Folk, Blues et Americana. Avec un art très personnel du storytelling, le songwriter s’accompagne à la guitare acoustique sur une production élégante et éthérée. Le musicien français peut aller se frotter à la scène américaine sans crainte.

THÉO CHARAF

« Théo Charaf »

(Wita Records/Dangerhouse Skylab/Baco Distribution)

Ce premier album du Lyonnais THÉO CHARAF est la vraie belle surprise de ce début d’année en matière de Folk. Eponyme, l’opus est aussi épuré qu’il est abouti. Sans fioriture et soigneusement arrangé, il nous emmène en voyage dans les grands espaces américains avec un large et généreux détour par le delta du Mississippi. Et à la manière des mythiques folksingers, le musicien déroule des morceaux très bien ficelés. 

Le Français s’est forgé un style très personnel assez rare dans l’hexagone. Sa Folk aux accents bluesy prend un relief saisissant grâce à une production très brute. Et la profondeur de la voix de THÉO CHARAF prend toute son ampleur à travers une belle diversité où il joue sur différentes intonations et brille complètement sur « Oh Sister », où il est doublé et accompagné par une voix féminine qui apporte beaucoup d’élégance au morceau.

Folk pour l’essentiel, le songwriter traverse évidemment des contrées Americana (« Forward », In Vain », » Waiting Around To Die ») avec un sens du storytelling que l’on retrouve aussi sur « Vampire » plus Folk. Avec beaucoup d’émotion, THÉO CHARAF se fait plus bluesy sur « Going Down » et « Devil Got My Woman ». Et ce n’est qu’en fin d’album qu’il branche sa guitare pour le très bon « Hard Time Killing Floor Blues ». Une vraie réussite.

Bandcamp : https://theocharaf.bandcamp.com/releases  

Catégories
Blues

Grant Haua : le blues Maori

Guitare à la main, GRANT HAUA a longtemps bourlingué entre son pays, la Nouvelle-Zélande, et l’Australie où il a pu se créer un univers musical et surtout un son très personnel. Avec « Awa Blues », le bluesman nous transporte dans un monde apaisant, simple et qui va à l’essentiel. En plein cœur.

GRANT HAUA

« Awa Blues »

(Dixiefrog)

C’est depuis sa Nouvelle-Zélande natale en solo puis avec le groupe Swamp Things que le songwriter GRANT HAUA a peaufiné et personnalisé sa vision du Blues. Entre l’important héritage du style et sa culture Maori qui reste au cœur de ses morceaux, le guitariste et chanteur présente une technique et un feeling incroyables et « Awa Blues » est exceptionnel en tout point.

Ce nouvel album de GRANT HAUA est de ceux qui guérissent les âmes. Sur un songwriting très soigné, le musicien conserve un style très roots, authentique et sincère. Très épuré dans l’ensemble, on notera la grande prestation de Tim Julian à la basse (et quelques autres instruments). Son groove hors-norme offre un relief incroyable aux morceaux (« Got Something », « Addiction », « My Baby »).

La très bonne production de « Awa Blues » met en avant toute l’intensité et l’émotion des chansons de GRANT HAUA, qui sont toutes des moments forts de sa vie (« Be Yourself », « Though Love Mama », « Better Day »). Le point culminant de l’album est sans conteste le très addictif « This Is The Place » et son refrain en Maori. Accrocheur comme rarement, il reste en tête un très long moment…

Catégories
Blues

Ghalia Volt : une slide sous haute tension

Fougueuse et délicate, la Blueswoman GHALIA VOLT a un parcours qui force le respect. Quitter le Plat Pays pour s’expatrier au cœur des origines du Blues et côtoyer presqu’aussitôt les meilleurs musiciens du genre semble avoir été quelque chose de très naturelle pour la chanteuse et compositrice, qui livre avec « One Woman Band », un album troublant de sincérité.

GHALIA VOLT

« One Woman Band »

(Ruf Records)

Cela fait déjà quelques années que GHALIA VOLT, a quitté sa Belgique natale pour partir à la conquête des Etats-Unis. Blueswoman dans l’âme, c’est assez naturellement qu’elle s’est installée dans le sud du pays, plus précisément en Louisiane à la Nouvelle-Orléans. Elle n’a pas mis bien longtemps à séduire quelques pointures locales et la revoici avec un troisième album sensible et très roots, « One Woman Band », où elle excelle de bout en bout.

Après le très bon accueil de « Let The Demons Out » en 2017 et « Mississippi Blend » en 2019, la chanteuse et songwriter a décidé de faire fi des restrictions sanitaires due à la pandémie et de relever le défi en enregistrant elle-même tous les instruments et essentiellement en direct de son nouvel album « One Woman Band ». Et le résultat est aussi époustouflant que bluffant. GHALIA VOLT n’a (presque) besoin de personne, même si elle a co-produit ce nouvel opus avec Lawrence Boo Mitchell (quand même !).

Sur un Blues très Roots aux guitares saturées et avec une voix aussi sensuelle que puissante, la musicienne livre onze nouveaux titres entièrement écrits à partir d’une traversée des Etats-Unis. Parcourant un grand nombre d’Etats où résonne le Blues, elle en a profité pour composer des morceaux aussi profonds qu’explosifs (« Last Minute Packer », « Evil Thoughts », « Loving Me Is A Full Time Job », « Bad Apple », …). Et armée d’une Slide rugueuse et intense, GHALIA VOLT est d’une authenticité rare.   

www.ghaliavolt.com/

Catégories
Blues

Johnny Gallagher And The Boxty band : le Blues venu d’Irlande

Plus qu’aguerri à la scène, le musicien irlandais se fait plus discret sur disque. C’est pourquoi le bluesman JOHNNY GALLAGHER et son BOXTY BAND jette un œil dans le rétro avec un regard très affûté sur ce très bon « A 2020 Vision ». Incontournable.

JOHNNY GALLAGHER AND THE BOXTY BAND

« A 2020 Vision »

(Dixiefrog/PIAS)

Je n’ai pas pour habitude de chroniquer les compilations, mais celle-ci regroupant les meilleurs morceaux des cinq albums autoproduits (donc difficile à trouver) de JOHNNY GALLAGHER en vaut franchement la peine ! En effet, le multi-instrumentiste pose un regard neuf sur ses productions (de 1997 à 2018) et en a gardé la substantifique moelle, soit 14 titres essentiels à ses yeux.

Originaire du Donegal, l’Irlandais a commencé la musique très jeune, s’essayant à la mandoline, au banjo, au violon et au violoncelle avant de se consacrer sur la basse, mais surtout à la guitare et au chant. Et c’est cette voix si singulière qui fait de JOHNNY GALLAGHER accompagné de sa six-cordes l’un des bluesmen les plus demandés en Europe et dans l’hexagone.  

La musique étant chez lui une affaire de famille, c’est aux côtés de ses frères jumeaux, Pauric et James, qu’il continue l’aventure avec le BOXTY BAND. S’affranchissant des différents styles de Blues, JOHNNY GALLAGHER a dessiné les contours d’un registre très personnel. Entraînant sur « Judi », élégant sur « Spanish Fountain », solide sur « Scars And Sitches », countrysant (Oups !) sur « St Julien » et magistral sur « Nothing Toulouse », l’Irlandais régale par sa finesse et sa dextérité.

Catégories
Blues

Zed Mitchell : Always on the road

Si le style du bluesman ZED MITCHELL est si singulier, c’est probablement car il est limpide et d’une grande justesse. Tout en feeling, le guitariste allemand fait preuve d’une profondeur musicale de chaque instant et son nouvel album, « Route 69 », empreinte de bien agréables chemins. 

ZED MITCHELL

« Route 69 »

(Z Records/TimeZone)

Guitariste et songwriter malheureusement trop méconnu du grand public, le bluesman ZED MITCHELL est pourtant considéré comme l’un des meilleurs de son registre en Europe. Après 50 ans de carrière et plus d’une vingtaine d’albums, le musicien propose aujourd’hui « Route 69 », son huitième album solo en 13 ans. Sur des guitares lumineuses, la sincérité de son jeu se révèle.

Grand guitariste de session, ZED MITCHELL a travaillé avec Tina Turner, Phil Collins ou encore Natalie Cole. Longtemps comparé à Mark Knopfler, Chris Rea, Robert Cray ou JJ Cale en raison de son style clair et précis, l’Allemand se distingue pourtant à bien des égards et « Route 69 » vient le démontrer brillamment. Cristalline et délicate, sa guitare se pose de façon aérienne et posée.

De « By Sundown You’ll Be Gone », « I’m Still Waiting (I see, you see) » à « Freedom Trail », « Blue In Your Eyes » ou « I Don’t Know », ZED MITCHELL va puiser au fond de son âme un Blues très personnel et presque discret malgré une technicité irréprochable. Ce nouvel album mériterait de mettre enfin en lumière ce musicien hors-pair.

Catégories
France Rock

Yarol Poupaud : guitare show !

Guitariste reconnu et devenu incontournable dans l’hexagone, Yarol Poupaud a contribué à l’explosion de FFF avant de multiplier les collaborations aussi diverses que variées. Et curieusement, UNITED GUITARS est un projet qui l’a surpris à bien des égards…

Photo : Christian Viala

– Tout d’abord, dans quelle mesure la participation à un project collectif est-elle différente d’un projet solo ? Même si là aussi, tu composes le morceau…

Il y a pas mal de choses qui diffèrent. Par exemple, je ne connaissais pas les musiciens de la section rythmique avec qui j’allais travailler. Déjà, j’étais ravi de les rencontrer et de bosser avec eux. Et puis la différence aussi, c’est qu’on n’avait pas tout un album à faire ! (Rires)

– Est-ce que le fait de figurer aux côtés d’autres guitaristes aussi talentueux créé une forme d’exaltation, une envie de se dépasser ou un désir d’impressionner techniquement les autres musiciens ?

En fait, je suis passé par plein d’états d’esprit. Quand j’ai dit oui à Ludovic (Egraz – réalisateur de l’album – NDR), je me demandais ce que j’allais faire. Ce n’est pas ma tasse de thé la musique instrumentale. En général, je fais des chansons ou des choses en groupe. J’étais un peu paniqué au départ. Et c’est vrai que la barre était très haute au niveau des autres participants. Ensuite, le riff est venu en faisant un jam lors de l’un de mes rares concerts de cet été, et puis on a développé le thème. En ce qui concerne les autres guitaristes, soit je me mettais une pression de dingue ou alors je passais à autre chose, et c’est ce que j’ai fini par faire.   

– Cette participation à « United Guitars » a-t-elle aussi été l’occasion pour toi de sortir de ton registre ou de bousculer certaines habitudes ?

Ah oui, je ne fais jamais de morceaux instrumentaux comme je te le disais. Ensuite, mon registre musical est tellement vaste que je ne réfléchis pas de cette manière. Je fais aussi bien des disques de Reggae que des albums de Country, de Punk Rock ou de la musique Electro. Je ne suis pas figé dans un style. C’est sûr que guitaristiquement, j’apporte ma patte et mon identité et j’espère que cela s’entend. Mais c’est vrai que je suis sorti de ma zone de confort pour composer ce morceau et faire un titre instrumental qui tienne la route.

– Parmi, les talentueux guitaristes qui figurent sur ce volume 2 de « United Guitars », avec qui aurais-tu vraiment eu envie de faire un duo si l’occasion s’était présentée ?

Il y en a plein, car je fonctionne par rencontre. Malheureusement, je n’ai pas croisé grand-monde sur le projet et j’espère qu’on aura vite l’occasion de faire un concert avec tout ce beau monde. C’est vrai qu’avec Fred Chapellier, on se connait bien depuis les « Vieilles Canailles » et on s’entend très bien. J’aime beaucoup Nina Attal aussi. Elle a vraiment du talent et fait plein de choses intéressantes.

Catégories
Blues France Hard Rock Rock

Laura Cox : French queen of Southern Blues [Interview]

Le 16 octobre dernier, la guitariste et chanteuse LAURA COX se produisait dans la salle Cap-Caval de Penmarc’h pour le plus grand bonheur du public. La musicienne s’est montrée généreuse et aussi ravie que le public venu l’écouter. Après l’annonce du couvre-feu dans les grandes villes, c’était l’occasion de faire un point sur la triste situation que vit le monde du spectacle.

Photo : François Alaouret

LAURA COX

– On va commencer par la sortie de « Burning Bright » paru en novembre dernier, soit il y a presqu’un an. Après la promo d’usage, tu avais commencé la tournée avant que tout ne cesse en mars. Comment as-tu vécu cette période ?

Au début, je me suis dit que ça n’allait pas nous faire de mal, qu’on aurait un peu de temps pour bosser. J’avais aussi plein de compos en attente et des tas de choses à faire. Je me suis dit que j’allais me concentrer là-dessus. J’étais assez contente mais j’ai commencé à vite perdre patience et même perdre de la motivation. J’étais confinée toute seule chez moi et je ne voyais personne. J’ai fait beaucoup de guitare les deux premiers mois, et ensuite j’avais juste envie de sortir prendre l’air. Après le confinement, j’ai fait beaucoup de surf et du skate. Le déconfinement n’a pas changé grand-chose puisque les concerts n’ont pas repris. Encore aujourd’hui, tout n’a pas repris. C’est un peu dépriment, mais il faut essayer d’être un peu imaginatif et créatif pour trouver d’autres angles d’attaque pour s’en sortir et arriver à monter des choses envisageables dans les conditions actuelles.

– Puis, ça a été le tour des festivals. Même si l’album a eu quelques mois de bonne visibilité, comment t’es-tu organisée ensuite pour continuer à le faire vivre ?

Le principal pour moi est de jouer l’album sur scène. Après, il n’y a pas grand-chose à faire d’autre. J’ai fait quelques interviews pour des médias américains et des tutos destinés aux guitaristes. Cet album s’est vendu comme il a pu pendant trois mois avant le confinement. La situation est la même pour tout le monde. On va continuer les compos et essayer de sortir un nouvel album quand on sera prêt. Malheureusement, je crois que le Covid a tué le deuxième album (sourires).

– A l’heure actuelle, comment mesures-tu l’impact du Covid sur ton album du fait qu’il ait été si peu défendu sur scène ?

J’ai un peu de mal à savoir. On a eu pas mal de dates en novembre et décembre, et ensuite il y a eu un gros trou entre janvier et février. Je suis partie au NAMM à Los Angeles avec Gibson en janvier. Ca a repris en mars avec une petite tournée en Espagne dans des petits clubs. Ensuite, on a eu une date en Allemagne le 13 mars et plus rien jusqu’en juillet. Avec le groupe, on n’a pas l’habitude de rester sans jouer, et il faut donc qu’on se réhabitue aussi à ça.

– Certaines dates, dont celle de ce soir, ont pu être maintenues. Avec le couvre-feu annoncé dans certaines régions, les concerts risquent fort d’être à nouveau annulés. Comment vis-tu ce nouveau coup dur ?

On a quelques dates dans des petites villes, hors des grosses agglomérations. Tout reste encore très indécis, parce que certains programmateurs vont essayer de décaler les heures pour peut-être jouer l’après-midi le week-end. Pour le moment, c’est très flou. On a déjà des dates annulées et pour le reste, on va attendre. On va continuer à travailler et apprécier le peu de concerts qu’il y a.   

– On parle souvent, à juste titre, de l’énergie entre un artiste et son public en concert. Qu’est-ce qui change principalement devant une salle assise et masquée ?

Ca nous est déjà arrivé de jouer dans des salles assises. Ce n’est pas ce que je préfère car pour du Rock, ce n’est pas très approprié. Il y a un peu moins d’énergie qui passe, mais au point où on en est, je suis très contente que les gens soient là ! (Rires) Ca se voit dans les yeux quand ils sont contents et souriants. Et qu’ils se soient déplacés nous ravit. C’est sûr que ça ne vaut pas un concert avec une fosse blindée debout, mais vu la situation actuelle, je suis déjà très contente que ça puisse avoir lieu.  

– Pour conclure, et même s’il est difficile de se projeter, comment envisages-tu les mois à venir ? Se remettre à l’écriture à défaut de pouvoir se produire sur scène ?

On va travailler les nouveaux morceaux et il va falloir voir si la maison de disque nous suit. Car sans concert, on ne défend pas un album. Alors, est-ce qu’ils seront d’accord de nous suivre pour un nouveau disque, ce n’est pas dit non plus. Et puis, je vais également faire revivre ma chaîne YouTube que j’ai un peu délaissé depuis qu’on est avec le groupe. Et comme on a moins de choses à faire, pourquoi ne pas poster un peu plus de contenu Internet, chose que je ne faisais plus depuis un certain temps ? Et puis, trouver des idées peut-être pour des concerts privés ? Il va falloir réfléchir en tout cas.