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Heavy metal

Hangfire : une puissance incandescente

Avec un chanteuse de ce calibre et aussi bien entourée, HANGFIRE ne devrait pas mettre très longtemps à se faire connaître au-delà des frontières de l’Etat de Washington. Avec  « Burn », l’entrée en matière est fracassante, tant la qualité est au rendez-vous. Entre une tradition respectée très présente et un élan moderne, l’énergie déployée sur ce premier opus est le signe d’une aventure qui ne fait que commencer. Le Heavy Metal a de beaux jours devant lui.

HANGFIRE

« Burn »

(Rottweiler Records)

Pour un premier album, HANGFIRE frappe fort. Incisif, « Burn » affiche déjà l’essentiel des ingrédients nécessaires et indispensables à un bon disque de Heavy Metal. Passionnés et aguerris, les Américains font certes dans le classique, mais la production et leur ambition font de « Burn » un modèle du genre très contemporain. Pour autant, ils ne font pas du neuf avec du vieux. Au contraire, ils injectent à l’exemple de leurs aînés un souffle vivifiant et le niveau ne trouve rien à redire au regard des formations les plus chevronnées.

Fondé il y a trois ans par le guitariste Sean Searls et le bassiste Steven Tolbeck, ils ont dû patienter jusqu’à leur rencontre avec Shannon Laird (batterie) et Jenea Fiore (chant) pour pouvoir réellement commencer à se mettre à l’ouvrage. Et la connexion a fait des étincelles pour obtenir HANGFIRE, jeune combo de musiciens expérimentés avec de la suite dans les idées. Dynamique et explosif, il fait preuve de beaucoup d’ambition et se montre même impressionnant de précision, de technicité et de feeling.

Et outre la performance instrumentale, l’un des atouts du quatuor est sans aucun doute sa frontwoman, qui possède un panel vocal assez éloquent. Capable d’être franchement Metal sans tomber dans un growl fadasse, elle use de toute sa puissance pour rendre les refrains hyper-accrocheurs sur des lignes parfois plus Rock, mais toujours aussi musclées (« Warhawk », « White Lie », « Hunger », « Fire In The Night », « The Hunter », « Outlaw »). HANGFIRE s’est forgé un son ample et féroce et « Burn » s’annonce n’être qu’un début.

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Hard Rock

Mad Invasion : ferme et consistant

Chez MAD INVASION, l’expérience, la technique et l’inspiration font bon ménage. Avec un tel background, le quintet sait ce qu’il fait et où il va et « Crack In The Sky » renoue avec un Hard Rock assez sombre, tirant parfois sur le Heavy avec beaucoup de puissance. Ses forces, on les doit à un chanteur solide, deux guitaristes affûtés et une rythmique qui compte un batteur emblématique. Autant d’atouts qui font de cette multinationale du Metal une valeur sûre et vraiment solide.

MAD INVASION

« Crack In The Sky »

(Border Music)

Etonnamment discret sur la scène européenne, MAD INVASION enchaîne avec un deuxième album, tout aussi réussi, et qui bénéficie d’un petit effet marketing qui, espérons-le, devrait l’aider à entrer un peu plus dans la lumière. Toujours guidé par Pete Sandberg (Silver Seraph, Alien, Midnight Sun et quelques autres) au chant, le quintet accueille derrière les fûts un invité (permanent ?) de choix. En effet, l’ex-Motörhead et actuel Scorpions Mikkey Dee officie cette fois sur l’ensemble du disque et lui apporte un belle dynamique.

On avait déjà pu l’entendre sur quelques morceaux de « Edge Of The World » sorti en 2021 et il est dorénavant à temps complet sur « Crack In The Sky », où il tient un rôle majeur, avouons-le. Sa légendaire frappe imprègne littéralement ces nouvelles compos, bien aidée aussi par un groupe de musiciens chevronnés, tous suédois, à savoir Mats Jeppson (basse), Hal Marabel (guitare, claviers) et Björn Dahlberg (guitare), accompagnés de leur frontman norvégien. MAD INVASION se la joue international et ça lui va plutôt bien.

Il règne une ambiance très 80’s sur cette nouvelle réalisation, mais elle se dissipe peu à peu grâce à une production actuelle et un jeu efficace. Cela dit, les Scandinaves ne s’enferment pas dans un Hard Rock si classique qu’il n’y paraît. Certes, on pense à Black Sabbath et aussi à Richie Blackmore, comme à Cinderella d’ailleurs, mais MAD INVASION peut compter sur l’expérience de son line-up pour ne pas tomber dans le piège et s’en sortir avec brio (« Welcome To My Show », « Flesh & Blood », « Crucifixion », « Danger Zone »).

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Hard'n Heavy

Blister Brigade : rockin’ riot

Bruts et sans concession, les Suédois ne donnent pas dans le lisse et ne sont pas là non plus pour arrondir les angles. Très acéré et rugueux, le Hard Rock de BLISTER BRIGADE va piocher autant dans les origines du genre comme dans des sonorités très actuelles et Heavy. Sur des tessitures grasses et organiques, « A Rioting New Breed » a un aspect live et robuste sur lequel son frontman s’appuie pour propulser son quatuor avec une belle détermination et une fraîcheur qui enveloppent ce nouvel effort.

BLISTER BRIGADE

« A Rioting New Breed »

(Inverse Records)

15 ans de carrière, plusieurs changements de line-up et revoici BLISTER BRIGADE plus affûté que jamais avec un quatrième album, dont le titre en dit déjà long sur ses intentions. Toujours emmené par son fondateur, guitariste et chanteur Gustav Lund, le combo arbore un Hard Rock racé et bien rentre-dedans, mais la nouveauté sur « A Rioting New Breed » vient aussi de son aspect Heavy nettement plus présent que sur « Slugfest Supreme », sorti en 2020. L’ensemble est plus nerveux et délicieusement sordide. Ça tabasse !

Quelque part entre Skid Row (de la belle époque !), Motorjesus et Dokken, BLISTER BRIGADE se fraye un chemin à grands coups de riffs massifs et d’un explosif duo basse/batterie. Se revendiquant du ‘Street Metal’, les Scandinaves ont une approche percutante, même si « A Rioting New Bleed » déploie également de belles mélodies distillées sur un tempo rapide et qui ne s’encombre pas de fioritures. Frontal et puissant, ce nouvel opus avance sur une dynamique claire et un chant qui devient vite prenant et fédérateur.

S’ils sont très bien produits, l’arrivée du second guitariste apporte aussi beaucoup d’épaisseur et de lourdeur à ces nouveaux morceaux, qui ne perdent pourtant pas en vélocité. BLISTER BRIGADE est là pour en découdre et ne se fait pas prier (« Paradize Industrialized », « Stampede », « The Duke », « Small Town Tyrant »). Très convaincante sur les solos aussi, la doublette guitaristique se montre fulgurante et complice. Et puis, le groupe conclue ce bon album avec « Reborn A Better Man », une ballade très bien ciselée.

Photo : Adam Björk

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Heavy metal Old School Proto-Metal

Cirith Ungol : alive forever

Pour qui ne serait pas encore familiarisé avec CIRITH UNGOL (ça doit exister !), ce « Live At Roxy » est fait pour vous. Cultivant son côté underground, malgré une position de précurseur, le combo livre une prestation inoubliable et, à travers 20 morceaux triés sur le volet, parcourt sa carrière sans rien éluder et commençant même par son dernier opus en date… et en entier ! En attendant un septième joyau que le groupe annonce imminent, savourez donc celui-ci sans aucune modération.

CIRITH UNGOL

« Live At The Roxy »

(Metal Blade Records)

Plus de quarante ans après sa première prestation aux fameux ‘Roxy Theatre’ du Sunset Strip de Los Angeles, CIRITH UNGOL est retourné l’an dernier foulé à nouveau les planches de l’endroit qui les a presque vu naître. Car la carrière du combo de Ventura en Californie, est à l’image de son Heavy Metal : épique ! Enregistré à l’occasion de la sortie de son dernier album effort, le quintet avait offert à ses fans une soirée hollywoodienne digne de ses plus grandes heures. Et au menu de ce double-album, on retrouve l’intégralité de « Dark Parade » sur le premier disque et les classiques du groupe sur le second.

La première chose qui attire l’attention sur ce « Live At The Roxy », c’est ce son gras et robuste, tellement identifiable et véritable marque de fabrique des Américains. Sans artifice, CIRITH UNGOL se montre direct, d’une redoutable efficacité et on a surtout le sentiment d’être au cœur de ce concert, qui s’avère vite hors-norme. Très rapidement, on se prend dans ce Heavy, teinté de Doom et aux allures Power Metal (le vrai !) unique en son genre. Emporté par un Tom Baker en très grande forme, le public ne s’y trompe pas et semble savourer chaque riff et chaque embardée rythmique avec un plaisir qui s’entend clairement.

C’est devenu si rare aujourd’hui de voir un groupe interpréter l’intégralité de son nouvel album en concert qu’on se délecte de découvrir en version live le très bon « Dark Parade », sorti en 2023. Pour autant, CIRITH UNGOL n’oublie pas ses fans de la première heure et passe en revue sur le deuxième volet ses morceaux devenus de véritables hymnes pour beaucoup. De « Join The Legion » à « Atom Smasher », « I’m Alive », « Back Machine », « Chaos Descends ou « Frost And Fire », la setlist est époustouflante et vient nous rappeler à quel point les Américains sont incontournables sur la scène mondiale.

Retrouvez également la chronique de « Dark Parade » :

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Progressive Heavy Metal

Wind Down : eastern Indians

Originaire de Pologne, WIND DOWN distille un Heavy Metal costaud, teinté de touches progressives et se dévoile sur un premier opus bien réalisé. Rapide et même assez épique à l’occasion, il est constitué de musiciens chevronnés et biberonnés aux 90’s. « The Burning Past » affirme déjà une identité forte, grâce à des titres percutants et accrocheurs. Conceptuel, il confirme également l’audace et l’envie d’en découdre du quintet d’Europe de l’Est.

WIND DOWN

« The Burning Past »

(Wormholedeath Records)

Formé par d’anciens membres de Thetragon pour l’essentiel, WIND DOWN est une formation assez récente et, quatre ans après sa création suivi de l’EP « Uśpieni Ludzie » (« Le Peuple Euthanasié », elle livre son premier album sur le label italien Wormholedeath Records. Et « The Burning Past » est une bonne surprise. Inspiré par la culture amérindienne, ses rituels chamaniques et la connexion des âmes, le groupe s’aventure avec conviction dans un univers pourtant très éloigné de sa Pologne Natale.  

Rompu à la scène depuis de nombreuses années, on sent bien sûr toute l’expérience des membres de WIND DOWN et « The Burning Past » se montre solide et véloce. Sur des riffs tranchants et lourds, son Heavy Metal tire aussi très légèrement vers le Prog, grâce à une belle technicité et une structure mature de l’ensemble. Bien produits, les neuf titres et la saisissante intro affichent un son typique des 90’s rappelant notamment Savatage, qui semble être l’une des références incontournables du combo. 

Cela dit, WIND DOWN s’en tire bien et parvient même à imposer son Heavy Metal progressif avec détermination et force. Mélodique à souhait, « The Burning Past » est massif et racé et son concept émerge rapidement au fil de l’écoute. Le groove est épais et les deux guitaristes se donnent le change sur une rythmique bien en place. Quant au frontman, il tient la boutique avec efficacité (« Falling Down », « Without Doubt And Illusion », « New World », « Moonlight » et le morceau-titre). Un disque vaillant et robuste.

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Glam Rock Hard'n Heavy Melodic Rock Rock Hard

Amerikan Kaos : riffology

Il a souhaité un album varié, quelque chose qui lui ressemble tellement que les gens ne pourraient l’imaginer ainsi… et il a réussi ! Avec AMERIKAN KAOS, Jeff Waters s’offre un terrain de jeu inédit et sans limite. Courant sur trois albums, cette expérience grand format s’aventure dans toutes les contrées Rock’n’Roll avec une joie très concrète qui vient s’ajouter à un savoir-faire, où le moindre détail est peaufiné à l’extrême. Avant de vous plonger dans « All That Jive », enlevez-vous tout de suite Annihilator de la tête : le plaisir est ailleurs… cette fois-ci !    

AMERIKAN KAOS

« All That Jive »

(Metal Department)

AMERIKAN KAOS est en quelque sorte le jardin secret, ou la cour de recréation, de Jeff Waters, tête pensante d’Annihilator depuis 1984. Ayant mis son principal groupe sur pause pour quelques temps, le virtuose de la six-corde (entre autres !) travaille ardemment sur ce projet depuis 2019 et, après avoir sorti « Armageddon Boogie » en mai dernier, voici le deuxième volet de sa trilogie, « All That Jive », alors que l’on sait déjà qu’elle s’achèvera l’année prochaine avec « The Sheeple Swing ». Et si vous n’êtes pas au courant de la teneur du combo, la surprise va être de taille, d’autant qu’il sait vraiment tout faire… et avec la manière ! Ici, tout est différent de ce qu’on connait de lui.

L’objectif du Canadien, installé en Angleterre depuis quelques années, est avant tout de s’éloigner le plus possible du Thrash et du Heavy Metal qui ont fait sa réputation et dont il est l’un des grands et brillants artisans. Grand maître de la culture du riff, il est assez surprenant dans le son, mais pas dans son inimitable approche guitaristique. Et pour ce deuxième album d’AMERIKAN KAOS, il s’est amusé avec son impressionnante collection de guitares et d’amplis, et cela s’entend dans les multiples variations. Les territoires sonores sont si vastes qu’on imagine très bien la partie de plaisir qu’ont dû être la conception et l’élaboration de « All That Jive ».

Ce qui ne change pas, c’est que Jeff Waters s’est bien sûr occupé de tout : composition, écriture, arrangements, prise de son, mixage, production et mastering, le tout dans son ‘Watersound Studio’ du côté de Durham. Touche-à-tout de génie, il a embarqué le chanteur Stu Block, qui livre une prestation géniale, ainsi que le claviériste Bob Katsionis, sorte d’arme fatale des atmosphères. Pour le reste, on navigue dans un Hard Rock classique, un brin Heavy, parfois Glam et surtout hyper-Rock’n’Roll. Forcément, les parties de guitare sont étourdissantes de précision, d’inventivité et AMERIKAN KAOS peut compter sur le feeling sans limite de son créateur. Des riffs et des sourires !

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Hard FM Hard'n Heavy

Lordi : unlimited game

La voix est toujours savoureusement rauque, les guitares affûtées, les claviers ravageurs et le propos emprunt d’une terreur toute amicale. LORDI est un combo de grands enfants, qui n’essaie même plus d’effrayer, mais plutôt de rallier à sa cause, celle d’un Hard’n Heavy mélodique, un brin moqueur, nostalgique et terriblement efficace. « Limited Deadition » fait une fois encore une place de choix à des refrains entêtants et fédérateurs, le tout sur une belle et solide dynamique. Toujours aussi espiègles dans le propos, les Scandinaves n’ont pas leur pareil pour asséner avec vigueur un registre hyper-maîtrisé.

LORDI

« Limited Deadition »

(Reigning Phoenix Music)

Il faut remonter à 1992 pour entendre LORDI faire parler de lui pour la première fois. Trois décennies donc au service du Hard Rock, du Heavy Metal et du Metal en général, et rien ne lui résiste. Pour preuve, « Lordiversity », un coffret de sept albums sorti en 2021 et qui souligne à quel point sa tête pensante, Mr Lordi, aka Tomi Petteri Putaansuu, est une encyclopédie débordante de références forcément, mais aussi et surtout d’une créativité assez unique. Alors pour ce 19ème album, la première attente était de savoir dans quel style il allait cette fois évoluer sur ce « Limited Deadition », son univers étant si vaste et sans limite.    

Et comme il y a toujours un thème sur chaque production de LORDI, un sorte de concept à lui tout seul, c’est dans le monde des jouets des 80’s qu’on le retrouve cette fois. Dans une espèce de magasin, dont on aurait sciemment fermé les portes pour laisser place au jeu… façon horrifique, bien entendu ! Et la bande-son de ce nouveau divertissement nous propulse il y a quarante ans, entre Hard Rock, Heavy Metal et Hard FM avec des refrains addictifs. Finalement, ne serait-ce pas là le véritable terrain de jeu des Finlandais ? D’une manière ou d’une autre, ils y reviennent toujours et s’y sentent tellement à leur aise.

Toujours très cinématographique, LORDI ne déroge pas à sa propre règle en parsemant ce nouvel opus de quelques interludes, qui viennent narrer ponctuellement ce nouveau scénario. Musicalement, on le retrouve dans un registre qu’il affectionne tellement et qui est même devenu sa marque de fabrique. L’ombre d’Alice Cooper plane toujours, même si petit à petit elle s’estompe un peu. De « Legends Are Made Of Clichés » à « Skelephant In The Room » en passant par « Killharmonic Orchestra », « Fangoria », « Retropolis » et le morceau-titre, les mélodies dominent entre riffs tranchants et solos voltigeurs.  

Retrouvez l’interview de LORDI à l’occasion de la sortie du coffret « Lordiversity » :

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Heavy metal Old School

Serpent Rider : une épique chevauchée

Après avoir quitté la Californie pour Seattle, SERPENT RIDER a vu son line-up presque totalement remanié. Mais ce premier effort vient confirmer que sa volonté n’a pas changé et que c’est toujours dans un Heavy Metal vintage et épique chevillé au corps qu’il évolue avec de plus en plus d’assurance. Grâce à une chanteuse qui sort des habituelles prestations féminines du genre, le quintet ne vient pas révolutionner le style, mais y apporte tout de même une touche d’originalité tout en perpétuant un héritage bien assimilé.

SERPENT RIDER

« The Ichor Of Chimaera »

(No Remorse Records)

Tout d’abord sous la bannière de Skyway Corsair en 2015, la formation américaine a du se réinventer au fil des années et surtout suite à un déménagement de son fondateur de Los Angeles pour Seattle il y a quatre ans. Dès lors, le leader et guitariste rythmique Brandon Corsair s’est mis en quête de nouveaux musiciens qu’il n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à trouver. Cette nouvelle mouture de SERPENT RIDER (petit hommage à Manilla Road) sort aujourd’hui dans un registre entre un Heavy Metal assez épique et un Doom langoureux.

Désormais complété par R. Villar au chant, Brian Verderber à la basse, Drake Graves derrière les fûts et le dernier arrivé Paul Gelbach à la lead guitare, le groupe est au complet et « The Ichor Of Chimaera » est un premier album solide, gorgé de références multiples, bien mené et délivrant une saveur Old School directement inspirée des années 80. Cela dit, ce bond dans le temps n’empêche nullement SERPENT RIDER de se montrer original et d’avoir le mérite d’avoir son propre univers, bien aidé en cela par sa frontwoman.

Car elle est justement l’une des forces du quintet, grâce à une prestation vocale surprenante. Pas franchement Metal, mais plutôt Rock et très aérienne, elle parvient à nous guider dans les méandres de cet opus, où sa voix se fait même fantomatique sur certains titres. Une belle polyvalence qui permet à SERPENT RIDER de se mouvoir dans des ambiances variées. Outre un morceau-titre audacieux, on retiendra « Steel Is The Answer », « Matri Deorum », « Tyrant’s March » et le très sinueux « In Spring ». Une belle première !

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Heavy metal Old School

Tower : dark clouds

Séduisants et implacables, les New-Yorkais présentent un double-visage au sein d’un même univers aux contours démoniaques, où cohabitent fées et sorcières, toutes incarnées par sa frontwoman. Enveloppé d’un voile Old School à la fois rassurant et obscur, « Let There Be Dark » fait un retour aux racines d’un Metal très Heavy et parfois même assez Rock. Une belle combinaison, qui promet des rebondissements surprenants et intenses. TOWER impose sa marque avec force et talent avec une troisième réalisation très Dark à la hauteur de ses ambitions.

TOWER

« Let There Be Dark »

(Cruz Del Sur Music)

Fondé il y a une dizaine d’années, TOWER signe avec « Let There Be Dark » son album le plus convaincant que ce soit au niveau de la composition que de la production. Cette dernière est d’ailleurs, tout comme l’enregistrement, l’œuvre d’Arthur Rizk qui a travaillé notamment avec Blood Incantation, Cavalera Conspiracy et King Diamond. Un gage de sérieux et d’expérience qui se ressent sur ce troisième opus distillé dans un Heavy Metal classique et traditionnel, mais non sans originalité et percussion.

Après un changement de batteur il y a trois ans, TOWER semble sur de solides rails et ses intentions sont claires : allier puissance et mélodie. Pari remporté avec « Let There Be Dark » qui affiche de belles capacités et surtout une prédisposition à se projeter avec détermination et beaucoup de finesse. Emmené par Sarabeth Linden qui fait presqu’office de prêtresse, le quintet est plein d’ambition, à commencer par celle de redynamiser et de réhabiliter un Heavy Metal originel un brin occulte et dans des sonorités vintage.

Jouant sur son côté ténébreux et envoûtant, la chanteuse du groupe se meut entre les avalanches de riffs, les solos survoltés et le galopant duo basse/batterie. Et c’est précisément ce qui fait la force des Américains, ainsi que leur identité. TOWER se montre fluide, mystique même et enchaîne les morceaux avec beaucoup de confiance (« Under the Chapel », « Book Of The Hidden », « Iron Clad », « The Hammer »). Epique et accrocheur, « Let The Be Dark » marque le franchissement d’un cap dans le parcours du combo.

Photo : Eva Tusquets

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Doom Folk Metal Metal Progressif

Dun Ringill : evil church

Une rythmique lourde, des riffs où s’entremêlent twin-guitars imposantes aux côtés de solos épiques et un chanteur littéralement possédé par son propos, les recettes de DUN RINGILL font encore des merveilles sur le deuxième volume de la sage entreprise il y a maintenant deux ans. Un projet audacieux, et mené de main de maître par son compositeur et bassiste Patrick Andersson, qui offre au Folk Metal Progressif de  « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » un relief inédit et une dimension aussi étrange que singulière.

DUN RINGILL

« 150 – Where The Old Gods Play Act 2 »

(The Sign Records)

Deux ans après un premier acte saisissant, DUN RINGILL nous livre le second et ce « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » est largement à la hauteur des attentes placées en lui. Un changement de batteur plus tard, revoici donc les Suédois qui mettent un terme à cette histoire pour le moins tourmentée. Pour rappel, nous sommes au début du XXème siècle en Ecosse et on suit les manipulations de l’Église par un prêtre aux desseins secrets et malveillants. C’est par le prisme de l’empreinte ecclésiastique sur la population que Lucia, le personnage principal, nous guide dans ses ténébreuses pérégrinations.

Et si le thème est particulièrement obscur, le musique de DUN RINGILL est en parfaite adéquation, tant l’atmosphère dans laquelle il nous plonge a des aspects terrifiants. Même si des sonorités de flûte et de violon laissent entrer par fragments une petite lumière, le Doom Folk vient très vite l’absorber. Les Scandinaves se font les incroyables conteurs de cette effroyable épopée et leur registre, aussi narratif que pesant, n’a aucun mal à captiver. Par ailleurs, la prestation du frontman, Thomas Eriksson, reste l’un des atouts majeurs du disque, grâce à une polyvalence vocale presqu’ensorcelante sur certains morceaux.

Mais ne nous y trompons pas, le style de la formation nordique n’a rien de franchement contemplatif. Celle-ci sait aussi se faire très Heavy (« Dark Clouds Are Rising ») et surtout progressive comme sur les monumentaux « The Robe & Crown », « My Father » et surtout le génial « Lucias Monologue Part 1 & 2 » et ses presque dix minutes. DUN RINGILL parvient avec ce second volet à nous faire oublier les ombres de Skyclad et de Manilla Road présentes sur le premier. « 150 – Where The Old Gods Play Act 2 » délivre exactement la fraîcheur d’écriture et la puissance musicale attendues. Un concept-album magistral !

Retrouvez la chronique du premier acte :