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France Progressif Stoner Doom

Oaks : une puissance organique sculpturale [Interview]

Fort d’un premier album très réussi, OAKS propose une aventure musicale singulière en évoluant dans des atmosphères progressives et Metal, dominé par un Stoner Doom lourd et épais. Le trio parisien se déploie dans un registre entièrement instrumental avec un travail sur le son très pertinent. Pleine de relief, la musique du groupe se fait aussi envoûtante que percutante, et c’est son guitariste, Thibault, qui nous en dit un peu plus sur cette première réalisation qui en appelle déjà d’autres.

– On vous a entendu pour la première fois en février dernier avec votre premier single « The Void », suivi de « The Chasm » en juillet. Avant de parler de l’album, pouvez-vous revenir sur votre parcours respectif et la création d’OAKS ?

Nous nous connaissons avec Julien (basse) depuis 20 ans. Nous sommes tous les deux de Strasbourg et nous avons joué dans de nombreux groupes avec des potes communs, mais finalement jamais ensemble. Naturellement, quand nous nous sommes retrouvés tous les deux à Paris, on a voulu créer un groupe. Nous voulions qu’il ne soit pas stigmatisé par un style particulier, mais le reflet de tout ce qu’on a pu écouter et digérer musicalement. On a également la chance d’avoir trouvé très rapidement notre propre studio de répétition et d’enregistrement, ce qui nous permet de stocker notre montagne de matos et d’avoir la liberté de répéter autant qu’on le souhaite. OAKS est né de notre envie de jouer ensemble sans se mettre de limite.

– Pourquoi avez-vous laissé passer huit mois entre le premier single et l’album ? De l’accueil de « The Void » dépendait la sortie de « Genesis Of The Abstract » ou est-ce que, plus simplement, tout n’était pas encore prêt ?

Le plan initial était de sortir l’album en autoproduction début 2022. A ce moment-là, nous avons eu un deal avec Argonauta Records et il nous a fallu revoir notre stratégie. Au début, l’album devait sortir en mai, mais notre batteur de l’époque nous a quitté juste après la sortie de « The Void » et l’annonce de la signature avec Argonauta. Nous avons heureusement rapidement trouvé Nathan, mais nous avions quand même besoin de temps pour être prêts pour de la sortie. Nous avons donc décidé de repousser la sortie à septembre.

Photo : Bill Castle

– Vous vous décrivez comme un ‘trio conceptuel’, qu’entendez-vous par là ? C’est une définition globale du groupe, ou cela ne s’applique qu’à ce premier album ?

En tant que groupe instrumental, il est très intéressant de réussir à raconter quelque chose sans mot. Lors de la création du projet, le désir était d’avoir un ensemble cohérent autant musicalement que visuellement. Nous travaillons donc nos titres dans une globalité, comme un projet complet. Nous avons créé un show vidéo pour nos concert afin de renforcer ce côté synesthésique du projet. D’ailleurs en live, nous jouons l’album dans son intégralité comme si c’était un seul long titre.

– Alors que vous évoluez en instrumental, seule une voix féminine se fait entendre en début et en fin d’album. Est-ce que vous pouvez en parler, pour ceux qui ne connaissent pas encore le disque, et en détailler son contenu ?

J’ai écrit un texte qui résume le concept de cet album. Nous voulions une intro et une outro et j’ai toujours eu en tête une voix grave et monocorde de femme pour réciter ce texte très imagé, voire carrément lyrique ! La voix de Fanny Fourquez, que je connais très bien, était parfaite pour ça.

– Musicalement, OAKS déploie un Stoner Doom teinté de Metal et de Prog, qui crée un univers très sombre malgré quelques passages plus lumineux. C’est pour accentuer un peu plus cette atmosphère assez obscure que vous avez opté pour une guitare baryton ?

Nous aimons particulièrement cet accordage, car nous voulions un son lourd. Je joue principalement sur Les Paul, et le diapason court des Gibson donne ce côté bourdonnant et organique à l’ensemble. Et Julien et moi adorons acheter du matos, essayer des nouveaux sons et amasser des amplis et des pédales.

– « Genesis Of The Abstract » présente une production massive et très organique. Il s’en dégage un aspect très live et spontané. Malgré une lourdeur apparente, l’album reste aussi très vif et véloce. Est-ce que c’est cette formule en trio qui vous permet d’obtenir ce son si particulier ?

Nous avons enregistré l’album dans notre propre notre studio avec Julien Tota aux manettes. Nous voulions ce côté live et organique que tu décris. Nous ne cherchions pas un son trop moderne, ni surproduit. C’est d’ailleurs exactement notre son en live. Julien et moi avons vraiment travaillé pour être complémentaires. Etant un trio, et instrumental de surcroit, chacun doit couvrir un large spectre de fréquence pour éviter que la sauce ne retombe. Les lignes de basse sont régulièrement assimilables à des lignes mélodiques, alors que je martèle la rythmique. C’est très intéressant de sortir des carcans classiques du basse/batterie/guitare/chant, tout en essayant de garder la même dynamique à l’écoute.

– OAKS ayant opté pour un registre instrumental, la question du chant ne se pose donc pas. Mais si vous deviez poser des textes sur votre musique, quelle en serait la teneur ?

Honnêtement, je ne sais pas quoi te répondre. Sur cet album, j’ai écrit un texte qui résume les différentes parties du voyage sonore et conceptuel que nous avons créé. Nous commençons à travailler sur le prochain album et un thème se dégage déjà. J’aime l’idée qu’il y ait un fil rouge dans chacune de nos créations. Sur « Genesis Of The Abstract », c’était celle d’une longue et unique plage musicale. Pour le suivant, j’aimerais intégrer plus de samples, qui seront justement le lien entre chaque titre. On ne se fixe aucune limite, alors peut-être que nous aurons des titres chantés à l’avenir.

– Outre la musique, vous travaillez aussi beaucoup sur le visuel du groupe en collaboration avec des artistes d’autres disciplines. Pouvez-vous en dire un peu plus, car vous abordez OAKS comme une entité aux multiples facettes finalement ?

Nous aimons effectivement intégrer différents aspects artistiques à notre projet. Nous avons, par exemple, la chance de collaborer avec Clément Sautet, qui est réalisateur de film et photographe. Nous travaillons avec lui sur l’aspect visuel du projet ce qui, comme je le disais, est primordial dans notre démarche artistique. J’ai également approché certains artistes visuels pour la création des loops du show vidéo live. Notre envie est de proposer un projet global de l’album au live, en passant par le contenu de nos réseaux et des clips que nous tournons.

L’album d’OAKS, « Genesis Of The Abstract », est disponible depuis le 30 septembre chez Argonauta Records.

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France Metal Progressif

Spheres : un regard vers le futur [Interview]

En cinq ans d’existence, les Parisiens de SPHERES ont développé un Metal Progressif, où les textures et les atmosphères renvoient à de multiples reliefs pour un voyage musical saisissant. Après un premier album, « Iono » (2019), le quatuor est de retour avec « Helios » à travers lequel il nous entraîne dans un périple qui va à l’encontre de l’idée-même d’utopie. Très contrasté et spirituel, ce deuxième opus pousse le groupe dans des contrées musicales plus dark encore. Entretien avec Jonathan Lino (chant et guitare), principal compositeur et producteur, qui revient sur la conception de cette nouvelle réalisation.

– Le line-up de SPHERES a un peu évolué sur ce nouvel album. Outre deux guests sur quelques morceaux, on note la présence sur l’ensemble de « Helios » du claviériste Marco Walczak. Est-il devenu un membre à part entière du groupe ?

Il risque de le devenir, c’est vrai. Auparavant, pour des raisons essentiellement financières, on tournait à quatre et il se pourrait que l’on commence à tourner à cinq. A terme, ce serait vraiment intéressant de l’avoir avec nous sur scène, car il apporte beaucoup au niveau du design sonore. On voulait donner une ambiance un peu Dark Synth à « Helios » et lorsque j’ai écouté son travail, je lui ai confié sans hésiter les arrangements des claviers sur l’album.

– Jonathan, tu as écrit, composé et produit l’ensemble de l’album sur lequel tu chantes, joue les guitares et les claviers. On pourrait presque penser à un projet solo. Quel est la part d’investissement et d’apport créatifs des autres musiciens ?

En fait, je suis ingé-son et j’ai donc tout le matos à la maison. Par ailleurs, j’ai toujours besoin d’un squelette pour synthétiser mes idées. Ensuite, j’envoie les démos aux autres et chacun travaille sur les arrangements. On discute beaucoup sur nos idées respectives et tout le monde y participe. J’ai juste besoin de mettre un premier coup de pinceau sur la toile, mais tout le travail de production et d’arrangement se fait à quatre. Et puis, chacun est très compétent dans son propre domaine instrumental, mieux que je ne peux l’être sur certaines choses, bien sûr, comme par exemple la batterie ou les parties de basse, qui guident d’ailleurs souvent les morceaux. Je suis juste plus à l’aise en travaillant seul sur les premières maquettes et les idées, mais c’est vraiment en groupe que nous faisons évoluer l’ensemble.

– Ce qui est assez surprenant sur « Helios », c’est qu’il y a un côté très science-fiction dans le son, notamment dans les claviers et certaines atmosphères, et pourtant l’album a quelque chose de très concret aussi. C’est un contraste sur lequel tu as voulu jouer ?

En tout cas, on peut parler d’album-concept. Chaque titre a son propre sujet, mais ils traitent tous d’un seul et même thème, qui est la dystopie. Il y a un aspect concret, bien sûr, mais aussi très onirique et spirituel. Cela dit, il y a aussi une volonté d’alerte en abordant ce genre de matière. Plutôt que de décrire un monde post-apocalyptique, on essaie de donner une sorte d’optimisme et d’ouvrir les esprits.

– Justement, « Helios » a des ambitions très spirituelles sur la vision d’un monde dystopique. J’imagine que dans ce cas-là, ce sont les textes qui amènent à la musique au niveau de l’écriture, ou le schéma est-il inverse ?

J’ai souvent des idées de sujets en tête, mais je ne me jette pas immédiatement dans l’écriture. Je laisse plutôt la place à mon imagination pour avoir une base. C’est à partir du moment où j’ai une histoire musicale que j’écris les textes. Le sujet vient en premier, la musique en deuxième, et ensuite l’écriture des paroles.

– J’aimerais qu’on s’arrête sur un morceau de l’album, qui se trouve aussi être le plus long, c’est « Pandemia ». Il est assez surprenant dans sa structure et son approche, car il présente des éléments progressifs évidents, ainsi que des passages post-Metal et des variations vocales étonnantes. On a presque le sentiment qu’il est la clef de voute de l’album. C’est le cas ?

C’est vrai que c’est le morceau le plus long et aussi le plus Prog. Il tire vraiment son inspiration d’un groupe comme Opeth avec une succession de chapitres. Je n’ai pourtant pas la volonté de n’écrire que des morceaux comme celui-ci. Mais dès le départ, j’ai voulu raconter une histoire, un peu comme on lit un livre.  

– SPHERES propose tellement d’atmosphères et de changements de tons qu’on pourrait vous qualifier de groupe de Metal extrême. Est-ce une chose dans laquelle tu te retrouves aussi ?

Oui, complètement. J’ai beaucoup écouté de musiques extrêmes et progressives qui s’en rapprochent. Cela dit, lorsque j’ai commencé la musique, j’ai beaucoup été influencé par le Rock Prog 70’s comme Magma, King Crimson, Genesis et Pink Floyd… et ça transpire encore ! Mais rapidement, j’ai écouté pas mal de MetalCore, du Sepultura aussi et pas mal d’autres choses extrêmes. Ma culture est un mélange de tout ça.  

– Est-ce qu’il y a un concept, un fil conducteur dans ce nouvel album ? Est-ce que « Helios » a été composé comme un tout, ou au contraire, est-ce que l’ordre des morceaux importe peu ?

L’ordre importe assez peu, car les morceaux ne suivent pas une histoire, même s’ils traitent tous d’un même thème. C’est vrai que l’album est très homogène dans le son, le mix et la production et avec aussi beaucoup de relief.

– En dehors des arrangements qui sont très soignés, j’aimerais que tu évoques le travail sur les voix, quelles soient collectives d’ailleurs et aussi ton propre chant. Il peut être clair et mélodique, assez martial et guttural parfois, tout comme extrême avec du growl et un peu de scream. La palette est très large. Il y a presque un petit côté schizophrénique dans tout ça, non ?

Oui, c’est vrai. J’adore utiliser différents registres de voix. C’est un peu comme une caisse à outils, qui te permet d’exprimer différentes émotions. J’essaie aussi beaucoup de choses, beaucoup de styles. La pluralité des reliefs dans la musique, j’aime la retrouver de la même manière que dans le chant.

L’album, « Helios », de SPHERES est disponible depuis le 23 septembre chez M&O Music.

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Metal Progressif

Somehow Jo : une approche singulière

Inventif et véloce, le style de SOMEHOW JO apporte beaucoup de fraîcheur et d’enthousiasme à un Metal Progressif moderne et porté par les mélodiques. Très technique et accrocheur, ce troisième album des Finlandais place la barre très haute et « Scales And Details » se dévoile un peu plus au fil des écoutes.

SOMEHOW JO

« Scales And Details »

(Inverse Records)

Bien trop discrètement, les Finlandais sortent leur troisième album et il devrait ravir les fans de Metal Progressif, que l’on sait curieux et exigeants. Après « Satans Of Swing » (2015) et « Tusk » (2019), SOMEHOW JO confirme son talent et sa créativité sur ce très bon « Scales And Details ». Très original et plein d’humour, ce nouvel opus surprend et étonne grâce à ses multiples variations et un chant polymorphe.

Sur des structures très changeantes, les morceaux de ce nouvel opus prennent des dimensions assez particulières, ce qui n’empêchent pas les Scandinaves d’avoir une ligne directrice constante. Très technique, le duo basse/batterie de SOMEHOW JO enchaîne les prouesses en amplifiant les changements de rythmes, les breaks et les relances avec astuce et beaucoup de dextérité.

Si le groove mène la danse sur les neuf titres, le duo de guitaristes s’en donne à cœur-joie en se livrant un échange et même un dialogue de riffs assez époustouflant. Et en agrémentant son Metal Progressif de quelques touches d’Alternatif Metal, SOMEHOW JO place les mélodies au premier plan avec une maîtrise impressionnante (« Fata Morgana », « Cycle », « Rush », « Getaway »). Une fraîcheur pleine de souplesse !

Photo : Patrik Nuorteva
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Metal Progressif Rock Progressif

Feather Mountain : clair-obscur

Les Danois de FEATHER MOUNTAIN soufflent le chaud et le froid sur leur deuxième album, « To Exit A Maelstrom », qui sort étonnamment en indépendant. Technique et véloce, le Metal Progressif du quatuor, teinté de Rock du même registre, se faufile brillamment à travers des atmosphères très variées d’où s’échappe une dualité artistique opposant complexité et légèreté.

FEATHER MOUNTAIN

« To Exit A Maelstrom »

(Independant)

En explorant des thèmes comme la maladie ou la perte d’un être cher, FEATHER MOUNTAIN n’a pas choisi le chemin le plus facile. Et pourtant, c’est la paix de l’esprit et un horizon d’espoir et de réconfort que vise le groupe. Et c’est réussi. A l’écoute de ce deuxième album, « To Exit A Maelstrom », qui succède à « Nidus » sorti il y a trois ans, le quatuor touche vraiment au but, grâce à des morceaux très travaillés et fournis.

Sur une production limpide et lumineuse signée Johan Emanuel Jørgensen, les Danois trouvent un bel équilibre entre un Metal Progressif lourd et massif et des envolées plus Rock propres à l’évasion. FEATHER MOUNTAIN développe des sujets existentiels à base de métaphores et de symboliques, ce qui donne une touche très particulière et tout en contraste à sa musique.

Très technique, les Scandinaves s’engouffrent dans des méandres très progressifs en alternant des titres très nerveux et féroces avec des ambiances plus légères, mais également saisissantes et envoûtantes (« August Mantra », « Pariah », « Cloud-Headed », « Bliss »,  et le génial « Maelstrom »). FEATHER MOUNTAIN séduit grâce à une approche très créative et une maîtrise qui lui ouvre tous les champs du possible.

Photo : Kim Song Sternkopf Heart Matter Artwork
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Metal Progressif

Etrange : Metal spatio-temporel

Raconter une histoire sur fond de Metal Progressif instrumental est le pari un peu fou et surtout la démarche entreprise avec talent par ETRANGE. Le duo français met toute son inspiration et sa technicité sur un deuxième album, « Enigme », dont les contrastes sont saisissants et le relief étonnant. Le voyage dans l’espace suit son cours.

ETRANGE

« Enigme »

(Independant)

Alors que le site n’existait pas encore, je me souviens très bien avoir écrit quelques lignes sur la page Rock’n Force du réseau social bleu en 2019 lors de la sortie du premier album éponyme d’ETRANGE. L’occasion était donc trop belle pour m’y replonger avant d’écouter le petit dernier, « Enigme », qui se présente comme une belle suite.

Fondé en 2017, le duo instrumental français est le fruit du travail en commun de Velhon (claviers, programmations, mix/master) et de Deadale (guitares, basse, illustrations), qui sont parvenus à créer un univers très personnel à travers une musique qui l’est tout autant. ETRANGE évolue dans un Metal progressif Cinématique très immersif et vigoureux.

Sur des morceaux assez longs allant de sept à près de dix minutes, « Enigme » propose un voyage spatial tout en mouvement en parcourant un large spectre Metal. ETRANGE pose un décor de science-fiction sur fond de Heavy et de Progressif avec des fulgurances extrêmes, qui offrent des atmosphères aux aspects originaux et très travaillés. Une belle réalisation.

L’album est disponible sur le site du groupe : http://etrangemusic.com/home

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Metal Progressif Symphonic Metal

Anthea : progressif, symphonique et cinématique

Ils sont peu nombreux les groupes de la cité des anges à donner dans le Metal Progressif et Symphonique. Pourtant, c’est la parti pris par ANTHEA qui, à grand renfort de lignes très Thrash et cinématiques, rend un deuxième album très bien produit et costaud. « Tales Untold » a du répondant.

ANTHEA

« Tales Untold »

(Rockshots Records)

Privés de tournée comme tout le monde après la sortie de leur premier album « Illusion » (2020), les Américains n’ont pas pour autant baisé les bras et se sont attelés à leur deuxième opus, « Tales Untold ». Prenant tout en main, c’est le chanteur Diego Valadez qui s’est occupé avec talent de la production et ANTHEA sonne plus massif que jamais.

Le quintet de Los Angeles présente un style nettement plus élaboré sur la base d’un Metal mélodique et symphonique, auquel il a intégré de solides éléments Thrash avec de puissants growls et une touche progressive constante. ANTHEA a donc bénéficié d’un an pour composer et réaliser « Tales Untold » et le résultat est plus que probant.

Présentant une belle unité, tant dans l’approche des morceaux que dans leur composition, les Californiens se distinguent rapidement de Nightwish, Kamelot et autre Wintersun dont ils s’inspirent pour créer un univers très personnel et cinématique (« Tales Untold », « The Deceiver », « Sunder Heart »). ANTHEA, avec ce deuxième effort, devrait faire parler de lui.

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Hard Rock Metal Progressif

A-Z : abécédaire progressif

Virtuose et très technique, le groupe fondé par Ray Alder et Mark Zonder, qui ont navigué ensemble sous le pavillon de Fates Warning un temps, sort son premier album éponyme. Progressif et mélodique, le Metal du quintet flirte avec le Hard Rock 70’s sur des morceaux très calibrés interprétés par des musiciens triés sur le volet.

A-Z

« A-Z »

(Metal Blade Records)

A-Z, comprenez ‘A through Z’, est l’initiative mise en œuvre par le chanteur Ray Alder (Fates Warning) et le batteur Mark Zonder (ex-Fates Warning, Warlord). Désireux tous les deux de se lancer dans un nouveau projet et de relever un autre défi, les Américains renouent avec la musique qui les a toujours fait vibrer, à savoir un Hard Rock Progressif estampillé 70/80’s et remis au goût du jour.

Alors qu’ils n’avaient rien enregistré ensemble depuis 2004, la connexion n’est pas rompue et la complicité entre le frontman et le cogneur est intacte. Bien sûr, A-Z fait irrémédiablement penser à Fates Warning malgré une approche différente. En effet, le groupe propose un registre beaucoup plus accessible, sur des mélodies entêtantes et un style légèrement moins technique.

Pour les accompagner sur ce premier album éponyme, Alder et Zonder se sont adjoints les services de Philip Bynoe à la basse (Warlord, Steve Vai, Nuno Bettencourt), Joop Walters à la guitare (Steve Walsh, Simon Phillips) et le français Vivien Lalu aux claviers (Steve Walsh, Jordan Rudess). Avec ce casting trois étoiles, A-Z livre un opus agréable, très bien réalisé, mais qui manque peut-être d’un peu de folie.

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Metal Progressif

Vanden Plas : un bond dans le passé

C’est en présence de ses plus fervents fans que les maîtres du Metal Progressif allemands ont enregistré « Live & Immortal », fusionnant littéralement avec un public uni et enthousiaste. Avec une énergie intense, VANDEN PLAS offre un concert majestueux, où le quintet fait une réelle démonstration de force en mariant des mélodies atmosphériques d’une grande finesse à des fulgurances Metal puissantes.

VANDEN PLAS

« Live & Immortal »

(Frontiers Music)

Suite à l’excellent concept-album « The Ghost Experiment » sorti en deux parties (2019-2020), on pouvait s’étonner de voir VANDEN PLAS revenir si tôt avec un nouvel opus studio. Peu ou pas défendu sur scène, faire une telle impasse serait même un sacrilège. Et c’est sans doute pour cette raison que les Allemands livrent un double live dans lequel ils régalent une fois encore.

Enregistré le 30 décembre 2016 dans leur ville natale de Kaiserslautern, « Live & Immortal » dévoile une prestation exceptionnelle et même inattendue du quintet. En effet, sur plus d’une heure et demie, VANDEN PLAS y interprète l’essentiel de ses réalisations « Chronicles Of The Immortals », sorties respectivement en 2013 et 2014. Et pour info, le concert sort également en DVD.

On se replonge donc dans ses deux disques majeurs de la carrière du groupe germanique avec des titres comme « Holes In The Sky », « Iodic Rain », « Postcard To God » ou « Christ O », ainsi que des morceaux jamais joués en live comme le monumental « The Final Murder ». Limpide et puissante, la production de « Live & Immortal » rend parfaitement compte de la grande qualité de VANDEN PLAS sur scène.

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Modern Metal

Stryfe : un théâtre Metal très contemporain

Aux frontières du Heavy Metal et du Metal Progressif, STRYFE évolue dans un Modern Metal racé, mélodique et très percutant. Malgré le soleil de la Californie, le quatuor développe un style assez dark dans un registre très technique et massif avec une aisance toute naturelle. A coup sûr, « Cursed Theatre » ne fera pas seulement trembler Los Angeles !

STRYFE

« Cursed Theatre »

(Independant)

Originaire de la cité des anges, STRYFE sort son premier album en indépendant, et la première question que l’on peut se poser est de savoir comment un groupe d’un tel niveau ne soit pas encore signé. La production est irréprochable, le son massif et la qualité des morceaux ne laissent rien au hasard. Le quatuor californien livre là un disque qui rivalise avec n’importe quelle réalisation  actuelle.

Par ailleurs, bien malin celui (ou celle bien sûr !) qui pourra définir au plus près le style de STRYFE. Si les Américains évoluent dans un Modern Metal très pêchu, ils n’hésitent pas à brouiller les pistes, ou plutôt à enrichir leur jeu, de sonorités Hard Rock, Heavy Metal et progressives. Un bel alliage qui donne à « Cursed Theatre » une saveur très particulière et un configuration assez unique.

Sombre et puissant, STRYFE joue sur l’incroyable voix de son chanteur et le travail très pointu de son guitariste. Et la rythmique n’est pas en reste. Très technique, le combo se meut souvent dans un Metal Progressif tout en insistant sur des mélodies très inspirées (« Deception », « Duplicitous », « Fake », « Born Again », « Highlands »). Avec un tel album, on devrait très rapidement entendre parler du quatuor.

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Metal Progressif Rock Progressif

Heterochrome : en lutte

Jouer du Metal, chanté de surcroît par une femme, est une chose impensable dans un pays comme l’Iran. Pourtant, c’est la démarche et aussi le challenge relevés par HETEROCHROME. Le trio de Téhéran sort un deuxième album de Metal/Rock Progressif aux savoureuses influences persanes. «  From The Ashes » est une très belle découverte.

HETEROCHROME

« From The Ashes »

(Independant)

Il est tellement rare de pouvoir chroniquer l’album d’un groupe iranien que lorsque l’occasion se présente, et qu’en plus celui-ci est bon, c’est un vrai plaisir. Fondé à Téhéran en 2014, HETEROCHROME sort son troisième opus, « From The Ashes », un beau mélange de Rock et de Metal Progressif aux influences persanes. Basés sur les problèmes sociaux et politiques du pays, les dix titres sont plus qu’intéressants. 

Composé du guitariste et chanteur Arash Rezaei, du batteur Mohammad Mirboland et de la chanteuse Mida Malek, HETEROCHROME a mis quatre ans après « Melancholia » pour enregistrer « From The Ashes » pour des raisons évidentes liées à la situation iranienne. Conçu dans cinq pays différents et masterisé en Russie, l’album inclue aussi des instruments acoustiques et évolue sur des influences comme celle d’Opeth notamment.

Le contraste entre le chant clair et le growl apporte une solidité et une puissance pleine de relief, qui mettent en évidence la volonté artistique de revendiquer la situation du pays du trio. HETEROCHROME appose aussi des influences orientales et le fait que, pour l’essentiel, « From The Ashes » soit chanté par une femme est un acte fort de résistance en soit. Un album de Rock/Metal Progressif à découvrir d’urgence.