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Cinematic Metal Metal Progressif Symphonic Metal

Oryad : explosive lyricism

Avec un tel premier album, ORYAD a placé la barre très haut. Bien qu’autoproduit, « Sacred & Profane » conjugue à la fois le côté symphonique versant dans le lyrique et également l’explosivité du Metal. Mélodique et inspiré, le groupe parvient à marier un grand nombre d’univers avec une facilité déconcertante. Grâce une telle entrée en matière, sa chanteuse vient déjà s’installer aux côtés des plus grandes voix du genre.

ORYAD

« Sacred & Profane »

(Independant)

Depuis son EP, « Hymns Of Exile And Decay » sorti il y a deux ans, ORYAD a pris du coffre et du volume pour lâcher un temps le Folk Metal à l’œuvre sur sa première production. Le duo de Denver dans le Colorado surgit avec « Sacred & Profane », où l’on peut prendre toute la dimension de sa frontwoman Moira Murphy, également aux arrangements et à l’orchestration. Soutenue par Matt Gottin-Sheehan derrière les fûts, et une multitude d’autres musiciens, le tandem se montre très créatif.

Cette fois, le ton est résolument symphonique et la soprano s’en donne à cœur-joie en offrant une prestation hors-norme, où mélodie et puissance se fondent dans des compositions aux paysages saisissants. ORYAD possède une maîtrise totale de son jeu basé sur une grande technicité et des harmonies progressives, sans pour autant sombrer dans le pompeux. Les Américains sont d’une fraîcheur incroyable et nous propulsent d’une ambiance à l’autre comme par magie.

Exigeant et ambitieux, « Sacred & Profane » traverse les styles avec élégance, cheminant de passages très Heavy au Doom, et à des atmosphères cinématiques et des éléments d’opéra. ORYAD raconte des histoires souvent épiques, bien aidé par une richesse orchestrale brillante élaborée avec une grande minutie (« Scorched Earth », « Blood », « Alchemy », « Wayfaring Stranger », « Slice Of Time », « The Path part I & II »). Etonnant et rigoureux, ce premier album est fait de poésie et de rêves.

Photo : Emily Winders
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Dark Metal Symphonic Metal

Penumbra : en pleine lumière

Trois voix, dont une lyrique, un hautbois, quelques touches tribales et celtiques et un Metal compact et racé, telle est la formule à l’œuvre sur ce nouvel album de PENUMBRA. Le combo français fait un retour costaud et fracassant avec « Eden », un cinquième opus savoureux et très créatif, et qui devrait prendre sa pleine mesure sur scène.

PENUMBRA

« Eden »

(M&O Music)

Après des débuts tonitruants avec quatre albums très remarqués jusqu’en 2009, PENUMBRA a fait un break de quatre ans pour revenir avec « Era 4.0 », où un virage avait été amorcé. Aujourd’hui, les Parisiens confortent une identité musicale très personnelle à travers laquelle le Metal Gothique et Symphonique se côtoient dans une belle symbiose. « Eden » déploie donc beaucoup de fraîcheur et de vélocité dans sa réalisation.  

Depuis sa création, PENUMBRA a toujours suscité la curiosité, que ce soit en se présentant avec un trio de chanteurs ou en introduisant le hautbois dans sa musique. Le groupe n’a rien perdu de sa pertinence, présente toujours cette dualité entre la douceur du chant de Valérie Chantraine et une brutalité assumée entre growl et scream sur de lourdes rythmiques. Des coexistences qui sont sa marque de fabrique.

Toujours aussi éclectique dans son approche, PENUMBRA réussit donc à équilibrer un Metal solide, massif et moderne avec des sonorités ethniques et celtiques et porté par un chant lyrique qui dévoile beaucoup de profondeur. Très bien produit, « Eden » parviendra à séduire les adeptes de registres extrêmes, et mélodiques, comme les amateurs de voix envoûtantes (« Inferno », « Sorrow », « Boogeyman », « Eden », « Aïon »).

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Power metal Symphonic Metal

Avaland : un monde parallèle

Hors de notre monde, AVALAND s’est créé son propre univers et, à l’instar d’une grande saga, il nous invite à le suivre. Avec « The Legend Of The Storyteller », le groupe nous en dit un peu plus sur les protagonistes à l’œuvre. S’étalant sur une heure, les nouvelles compositions évoluent dans un Metal Symphonique parfois Progressif et Power. Un cap est franchi.

AVALAND

« The Legend Of The Storyteller »

(Rockshots Records)

Toujours aussi épique et symphonique, ce deuxième album des Grenoblois vient poursuivre l’aventure commencée il y a deux ans presque jour pour jour avec « Theater Of Sorcery ». Cependant, « The Legend Of The Storyteller » n’en est pas vraiment la suite, mais le préquel du premier album. AVALAND ne brouille pas pour autant les pistes, il offre d’avantage d’indices sur l’histoire en cours.

Plus sombre et plus Heavy, ce nouveau chapitre entamé par le quintet est aussi plus direct dans le jeu, même si les Français présentent toujours un style très étoffé et riche. Guidé par son créateur, Adrian G. Gzagg (compositeur, chanteur, claviériste et arrangeur), AVALAND a également stabilisé son line-up en intronisant Jeff Kanji comme deuxième frontman, s’offrant ainsi de nouvelles possibilités.

Et comme son prédécesseur, « The Legend Of The Storyteller » accueille plusieurs guests comme Zak Stevens (ex-Savatage, TSO) qui fait son retour, Madie (Faith In Agony, ex-Nightmare), Bruno Ramos (Sortilège), ainsi que des membres de Lionsoul, Eltharia et Edguy. AVALAND a encore vu les choses en grand en soignant les détails, tout en livrant des passages Power Metal musclés. Mélodique et volumineux !

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International Symphonic Metal

Delain : un ADN intacte [Interview]

Avec « Dark Waters », les Hollandais de DELAIN signent leur septième album et accueillent surtout en leur sein la chanteuse Diana Leah, en lieu et place de Charlotte Wessels. Si le challenge pouvait paraître énorme, le quintet le remporte haut la main, grâce aussi à des compositions plus frontales et moins Pop et Electro que sur « Apocalypse & Chill », sorti en 2019. Martijn Westerholt, fondateur, claviériste et principal compositeur du groupe, revient sur ce nouvel opus où il renoue avec le Metal Symphonique qui a forgé la réputation de DELAIN. Entretien.

Photo : Andreas Falaschi

– Il y a moins de deux ans, tout le monde pensait à la disparition de DELAIN après 15 ans d’une belle carrière. Finalement te revoici avec un nouveau line-up et surtout un nouvel album. Pour « Dark Waters », tu as rappelé batteur Sander Zoer ainsi que le guitariste Ronald Landa. C’était important pour toi de ressouder DELAIN en faisant appel à d’anciens membres pour créer une solide union autour de ce nouvel album ?

Oui, c’est exactement ça et j’en suis très heureux. La seule manière dont je voulais que DELAIN continue était que l’ADN du groupe soit toujours présent. Sinon, ça n’aurait eu aucun sens de poursuivre l’aventure sous le même nom. C’était pour moi la principale condition. Nous sommes restés en contact, on se connait très bien et pour nous tous, cela a été presqu’automatique, comme un réflexe. C’est pour cette raison que je leur ai demandé de me rejoindre. 

– La grande nouveauté de l’album est bien sûr l’arrivée au chant de Diana Leah. Bien sûr, on ne lui demande pas de nous faire oublier Charlotte Wessels, mais elle doit avoir beaucoup de pression pour son arrivée chez DELAIN, non ?

Oui bien sûr, elle a eu beaucoup de pression. Elle a très bien compris que le costume qu’elle devait endosser était très grand. Je lui ai posé la question et, en fait, Diana a beaucoup de personnalité et elle est très forte. On en a parlé tous les deux évidemment et aujourd’hui, j’ai une très grande confiance en elle.

Diana Leah

– D’ailleurs, tu l’as découverte sur YouTube et tout est ensuite allé très vite. Ce réseau est-il devenu un nouveau lieu de casting ?

(Rires) Oui, c’est vrai ! En fait, tu peux voir beaucoup de choses au sujet des personnes. Tu peux observer des traits de leur comportement, comment elles s’expriment et aussi ce qu’elles pensent.

– L’autre façon d’ouvrir un nouveau chapitre pour le groupe aurait aussi été de prendre un chanteur, ce qui aurait aussi pu ouvrir d’autres voix musicales. Tu y as pensé ?

Très bonne question ! Oui, j’y ai pensé et je l’ai vraiment considéré comme une option sérieuse. La principale condition pour moi était que la nouvelle personne au chant, peu importe que ce soit une femme ou un homme, se fonde parfaitement dans la musique et se mette réellement à son service. Et finalement, le sexe n’avait pas vraiment d’importance. Mais en fin de compte, la voix de Diana m’a définitivement convaincu et j’en suis très heureux. Et puis, elle est capable de chanter l’ensemble du répertoire de DELAIN et d’assumer les tournées également. Avec un homme, cela aurait été très différent par rapport aux morceaux plus anciens notamment.

– Avec « Dark Waters » et malgré tous ces changements, on retrouve le son et la personnalité de DELAIN, ce qui a dû aussi rassurer les fans. On se dit que malgré tout et peu importe les musiciens, le groupe reste l’entité première avec un son qui fait son ADN. C’est aussi ton point de vue ?

Merci beaucoup pour ce beau compliment ! (et en français, svp ! – NDR) J’en suis vraiment content et je suis d’accord avec toi. C’est vrai que c’était très important. Dès le départ, on a décidé de conserver les bases du son de DELAIN et le style. Malgré le départ de Charlotte, je voulais que rien ne change à ce niveau-là et aussi que cela soit mis en avant. Nous sommes restés dans notre bulle en quelque sorte. Et c’est également très agréable que les gens me fassent la remarque.

Martijn Westerholt

– Alors qu’auparavant, c’était Charlotte qui écrivait les textes, c’est ta femme Robin, qui les signe cette fois et de très belle manière. Tu n’as pas eu envie de t’essayer toi-même à l’écriture ?

Non, pas pour les paroles, cela n’aurait sûrement pas ravi les gens ! (Rires) En fait, ça n’a jamais été une option, même auparavant. J’ai la chance d’avoir une femme dont l’anglais est la langue maternelle et qui, de plus, est poétesse. C’est vrai que cela a été très facile pour moi de lui demander.

– Une fois encore, « Dark Waters » fait la part belle aux arrangements, qui restent symphoniques et pourtant l’album demeure musclé et solide. On a le sentiment que tu es resté très focalisé sur le songwriting, comme si tu voulais mettre tous les problèmes rencontrés de côté. C’est le cas ?

En fait, mon objectif premier a été de composer des morceaux efficaces et peut-être aussi plus directs, c’est vrai. J’avais besoin de paix et de tranquillité pour le faire. Alors, je me suis simplement dit : « Continue à faire ce que tu sais faire et ce que tu fais de mieux ». Et finalement, tout s’est passé le plus simplement du monde.

Photo : Andrea Falaschi

– Il y a une question que je me pose, car c’est un phénomène que l’on rencontre beaucoup aujourd’hui dans les groupes qui ont une chanteuse. Justement, loin de remettre en question le talent de Diana qui est incontestable, pourquoi le bassiste Ludovico (Cioffi de The Modern Age Slavery – NDR) vient y poser du growl ? Est-ce vraiment nécessaire et utile lorsqu’on a une frontwoman de ce niveau ?     

Rien n’est nécessaire, c’est vrai. C’est juste que j’adore son growl ! (Rires) Il est très brutal et j’avais dans l’idée de réaliser une sorte de comparaison entre ‘la belle et la bête’. Je l’adore vraiment et d’ailleurs, nous avions déjà tenté l’expérience auparavant. Et puis maintenant, nous avons aussi ce choix-là et c’est une très bonne chose.

– Enfin, lorsque l’on voit la très grande qualité, et même la prédominance des groupes hollandais sur la scène mondiale du Metal Symphonique avec Within Temptation, Epica, Delain, bien sûr, et quelques autres, et sans oublier Nightwish en Finlande, comment expliques-tu l’importance du style en Europe du Nord ? Parlerais-tu de ‘grande famille’ ?

Tu sais, c’est une question que je me pose depuis déjà une vingtaine d’années. Et cela reste une très bonne question ! Je n’ai jamais réussi à expliquer pourquoi il y avait autant de groupes de Metal Symphonique en Hollande. C’est une énigme et elle grossit de plus en plus chaque année. Et je considère les membres des autres groupes comme une famille, au même titre que Nightwish d’ailleurs. C’est vrai que c’est assez incroyable ! (Rires)

« Dark Waters » est disponible depuis le 10 février chez Napalm Records.

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Melodic Metal Post-Black Metal Symphonic Metal

Euphrosyne : Au-delà des ténèbres

En alternant colère et douceur, les Grecs d’EUPHROSYNE ont trouvé un beau compromis et font avant tout parler leur créativité à travers un style où la technicité du quatuor est au service de compositions complexes parfois, mais très bien ciselées. « Keres » est un court voyage dans un post-Black Metal musclé avec des couleurs progressives et symphoniques, parfaitement mises en valeur par sa frontwoman à la palette vocale étonnante.

EUPHROSYNE

« Keres »

(Independant)

Après des débuts prometteurs avec deux singles très bien accueillis (« Thorns Above the Skies » et « Rattus »), Efi Eva (chant) et Alex Despotidis (guitare) se sont renforcés avec l’arrivée de George Gazis (basse) et de Kostas Mamalis (batterie) pour faire d’EUPHROSYNE une machine redoutable et très organique où s’entremêlent un post-Black rugueux et un Metal mélodique épuré plein de nuances et de clarté.

Très atmosphérique, « Keres » présente beaucoup d’originalité, grâce notamment à sa chanteuse, aussi à son aise dans un growl surpuissant que dans des parties chantées claires et limpides ou des chuchotements très pertinents. EUPHROSYNE ne se reste pas figer dans un registre, mais construit sa force sur un amalgame intelligent de sonorités mises en lumière sur des morceaux très bien structurés et accessibles.

Très captivants, les sept titres de « Keres » montrent une évolution progressive au fur et à mesure que l’on avance dans l’album. Les claviers jouent un rôle essentiel dans la mise en lumière des compositions avec même quelques incursions symphoniques (« Pale Days », « When My Fears Conquered All »). Entre violents coups de blast et envolées progressives, EUPHROSYNE livre une très belle partition (« Within The Age »).

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Symphonic Metal

Epica : inestimables archives

Après deux décennies passées avec d’autres à donner ses lettres de noblesse au Metal Symphonique, EPICA s’est imposé avec la manière sur une scène dont il est aujourd’hui l’un des fers de lance. En rééditant ses trois premiers albums et des enregistrements devenus rares, la formation de Simone Simons et de Mark Jansen dévoile avec « We Still Take You With Us – The Early Years » ses premiers pas avant le succès qu’on leur connait aujourd’hui.

EPICA

« We Still Take You With Us – The Early Years »

(Nuclear Blast Records)

Cette année marque les 20 ans d’existence d’EPICA et les Hollandais ont décidé de marquer le coup. Toujours très proche de ses fans, le groupe a donné un concert spécial à Tilburg il y a quelques jours, mais sort surtout un coffret de quatre CD. Et celui-ci-est accompagné du très bon concert « Live At Paradiso », enregistré à Amsterdam en 2006 et qui est aussi édité pour la première fois en DVD.

Devenu en deux décennies une référence du Metal Symphonique, on mesure mieux à travers « The Phantom Agony », « Consign To Oblivion » et « The Score » toute l’évolution, tant technique qu’au niveau des mélodies et de l’architecture des morceaux, d’EPICA depuis sa création. Devenus presqu’introuvables aujourd’hui, ces trois premiers albums laissaient déjà présager du futur de la formation.

Le sextet de Mark Jansen, porté par la voix devenue un véritable repère de Simone Simons, montrait déjà les prédispositions et le talent certain du combo que l’on a d’ailleurs pu apprécier récemment sur « Omega ». Et avec l’album « We Will Take You With Us », on redécouvre des enregistrements rares de l’émission « Twe Meter Sessies », ainsi que deux titres de Sahara Dust, qui allait plus tard devenir EPICA. Un must pour les fans !  

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Cinematic Metal Symphonic Metal

Gallia : un ardent faisceau lumineux

Pour son premier album, le quatuor belge GALLIA fait très fort. Réalisé en indépendant, « Obscura » est autoproduit et montre un groupe inspiré, sûr de son fait et arborant un style aussi riche que dynamique. Très Heavy et Symphonique, le Cinematic Metal du combo régale grâce un son massif et des arrangements particulièrement soignés.

GALLIA

« Obscura »

(Independant)

Après une mise en jambe avec l’EP « Everflamme » il y a trois ans, le quatuor sort son premier album qu’il a pu peaufiner depuis sa Belgique natale. Fondé en 2014, c’est surtout l’année suivante avec l’arrivée de sa chanteuse Elyn que GALLIA trouve sa voix et aussi sa voie avec un style qui passe du Power Metal au Symphonique pour aujourd’hui se faire cinématique.

Certes, les influences de Nightwish et Epica notamment sont évidentes, mais le groupe a su y insuffler un aspect Dark Fantasy très personnel. Avec un goût prononcé pour la narration musicale basée sur un concept et un récit original, GALLIA nous guide dans « Obscura » avec talent. Sans trop de noirceur pourtant, les Belges se font même très théâtraux avec un opus plein de relief.

Cristallin et puissant, le chant de la frontwoman apporte une réelle variété dans l’approche des morceaux entre alternant, avec beaucoup de proximité, douceur et rage (« Blackout Queen », « Mirage »). Très Heavy, les riffs offrent un côté incisif bienvenu, tout comme l’explosive rythmique. Forcément épique et homérique, GALLIA reste mélodique et envoûtant (« Reflection », « Path Of The Nomad », « Spirit Of The Sea »). Une vraie réussite !

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Metal Progressif Symphonic Metal

Anthea : progressif, symphonique et cinématique

Ils sont peu nombreux les groupes de la cité des anges à donner dans le Metal Progressif et Symphonique. Pourtant, c’est la parti pris par ANTHEA qui, à grand renfort de lignes très Thrash et cinématiques, rend un deuxième album très bien produit et costaud. « Tales Untold » a du répondant.

ANTHEA

« Tales Untold »

(Rockshots Records)

Privés de tournée comme tout le monde après la sortie de leur premier album « Illusion » (2020), les Américains n’ont pas pour autant baisé les bras et se sont attelés à leur deuxième opus, « Tales Untold ». Prenant tout en main, c’est le chanteur Diego Valadez qui s’est occupé avec talent de la production et ANTHEA sonne plus massif que jamais.

Le quintet de Los Angeles présente un style nettement plus élaboré sur la base d’un Metal mélodique et symphonique, auquel il a intégré de solides éléments Thrash avec de puissants growls et une touche progressive constante. ANTHEA a donc bénéficié d’un an pour composer et réaliser « Tales Untold » et le résultat est plus que probant.

Présentant une belle unité, tant dans l’approche des morceaux que dans leur composition, les Californiens se distinguent rapidement de Nightwish, Kamelot et autre Wintersun dont ils s’inspirent pour créer un univers très personnel et cinématique (« Tales Untold », « The Deceiver », « Sunder Heart »). ANTHEA, avec ce deuxième effort, devrait faire parler de lui.

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Power metal Symphonic Metal

Crystal Gates : nectar symphonique

Mélodique et symphonique, le Power Metal de CRYSTAL GATES s’inspire des cadors du genre tout en apportant de la nouveauté et une vélocité très séduisante. Guidé par une frontwoman à la voix ensorceleuse, les Uruguayens se présentent comme le renouveau du style et fer de lance d’une nouvelle génération, grâce à ce très tonique « Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones ».

CRYSTAL GATES

« Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones »

(Wormholedeath Records)

Faisant suite à leur EP « A Quest For Life » (2015) et au single « Shadowborn » (2017), CRYSTAL GATES présente son tout premier album, qui se veut pour le moins ambitieux, notamment par sa longueur. Ayant mis toutes ses forces dans « Torment & Wonder : The Ways Of The Lonely Ones », le quintet de Montevideo en Uruguay affiche un Power Metal Symphonique très bien ciselé et d’une efficacité redoutable.

Avec un line-up inchangé depuis 2019, CRYSTAL GATES montre une belle unité et la prestation vocale de Carolina Pérez assure au groupe une grande variété dans les mélodies. Sur un Power Metal racé et des morceaux mid-tempo accrocheurs, le quintet évolue dans des sphères symphoniques où sa chanteuse fait des merveilles, capable d’alterner des parties puissantes et d’autres plus délicates.

Actuellement basé à Riga en Lettonie, CRYSTAL GATES expose un registre d’une grande fraîcheur et la très bonne production de « Torment & Wonder » met parfaitement en lumière les guitares et les claviers avec des arrangements particulièrement soignés (« Alive For The Journey », « The Stars Temple », « Moonshine And Sorrow », « Nightmares » et l’excellent morceau-titre). Un très bel opus !

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International Metal Progressif Symphonic Metal

Ignea : entre colère et douleur [Interview]

Parler des groupes ukrainiens est plus que jamais une question de soutien à un peuple et à ses artistes. C’est donc tout naturellement que Rock’n Force donne aujourd’hui la parole à IGNEA, groupe de Metal Symphonique et Progressif, basé à Kiev. Signé il y a quelques mois chez Napalm Records, les musiciens étaient en plein enregistrement de leur premier album sur une major, lorsque le conflit a éclaté. Entretien avec Helle Bohdanova, chanteuse du quintet, sur les récents événements qui ont bouleversé leur projet, mais surtout fait entrer la douleur dans leur vie au quotidien.

Photo : Darina Momot

– Avant toute chose, comment allez-vous ? Et sans donner de précisions, êtes-vous toujours à Kiev et surtout est-ce que vous êtes tous sains et saufs ?

Tous les membres du groupe IGNEA vont bien, compte tenu des circonstances. Oui, nous restons tous à Kiev. Il est difficile de dire que nous sommes en sécurité, car il n’y a pas d’endroit sûrs en Ukraine, tant que la guerre continue.

– Avant de revenir sur ces tragiques événements qui secouent votre pays, j’aimerais aussi que l’on parle du groupe. Depuis ces cinq dernières années, vous avez sorti deux albums et un split EP plus récemment. Comment avez-vous démarré et de quelle manière avez-vous mené IGNEA jusqu’à présent ?

Le groupe a été fondé par notre claviériste et compositeur Yevhenii. L’histoire du groupe a commencé en 2013 avec notre premier EP « Sputnik ». Cependant, au cours de toutes ces années, nous avons été confrontés à de nombreux défis, qui nous ont empêchés d’être actifs tout le temps. Nous avons eu des partenaires commerciaux indignes, puis la pandémie et aujourd’hui la guerre. Cela fait beaucoup de bouleversements et d’aléas malheureux. Mais, pendant ce temps, nous avons agrandi notre base fans dans le monde entier, et nous les en remercions chaque jour.

– Justement, le fruit de tout ce travail a été récompensé avec la signature il y a quelques mois chez Napalm Records. Dans quelles circonstances cela s’est-il passé et j’imagine que c’est aussi une belle récompense pour vous ?

Je dis toujours qu’un contrat avec un label doit être bénéfique pour tout le monde. Je pense que nos progrès en tant que groupe ont attiré Napalm Records à nous, et notre désir de changer de label a favorisé les choses. Dans les faits, ils nous ont contactés, nous avons travaillé sur les conditions d’un contrat, nous avons trouvé un accord et nous voici donc chez eux. Cependant, notre collaboration démarrera véritablement au prochain album.

Photo : Veronika Gusieva

– Alors que vous étiez en plein enregistrement, la guerre vous a stoppé net dans votre élan. Où en étiez-vous sur l’album et comment cela se passait-il en studio jusqu’à présent ? Vous aviez bien avancé malgré tout ?

Nous avons réussi à enregistrer toutes les parties de guitare et de basse, quelques arrangements orchestraux et de synthé et la moitié des voix. Cependant, il reste encore beaucoup à faire, et c’est assez compliqué avec les sirènes d’alerte de raids aériens, qui ont lieu chaque jour dans la ville. Mais nous essayons maintenant de faire tout notre possible pour au moins terminer l’enregistrement.

– D’ailleurs, peut-on avoir quelques informations sur l’album ? Quel sera son titre, par exemple ? Et qui le produit ?

Je ne peux encore divulguer aucun détail autre que le fait qu’il est produit par Max Morton, qui a façonné le son de toutes nos réalisations jusqu’à présent.

– J’imagine que l’enregistrement ne va pas pouvoir reprendre avant un moment. A ce sujet, le studio est-il intact et avez-vous pensé à poursuivre l’album ailleurs à l’étranger ?

Il faut savoir que cette guerre à grande échelle en Ukraine inclut une mobilisation générale. Tous les hommes de 18 à 60 ans ne sont pas autorisés à quitter le pays, tant que la guerre n’est pas terminée. Même si nous voulions partir à l’étranger en tant qu’artistes, ce n’est pas possible. Et, en dehors du travail du groupe, nous avons fait du bénévolat et aidé comme nous le pouvions pour combattre l’agresseur ici, à Kiev. Notre producteur reste également dans la ville. Donc, il n’y a aucune raison et aucun moyen pour nous de quitter le pays. Nous essaierons donc de terminer l’enregistrement à Kiev.

– Même si vos morceaux sont achevés au niveau de l’écriture, pensez-vous qu’à la reprise, la guerre puisse les faire évoluer en raison de probables sentiments endurcis et d’une colère légitime ?

Les chansons ont été achevées avant le début de la guerre, et c’est un concept-album qui n’a rien à voir avec la guerre. Par conséquent, nous ne changerons rien au niveau des compositions. Peut-être que ce sera plus facile pour moi d’enregistrer les growls, parce que je pourrais y mettre toute ma colère et ma douleur. Cependant, je dois avouer que ces événements nous ont changés en tant que personnes pour toujours. Notre musique dans le futur sera différente, c’est certain. Si nous survivons.

Photo : Veronika Gusieva

– Un petit mot sur « Bestia », qui est un split EP-concept que vous avez sorti avec le groupe Ersedu en octobre dernier. D’où est venue l’idée de ce concept et du choix de vos deux morceaux ? Et puis, il y a ce titre symphonique de 15 minutes également…

Cet EP est le résultat d’une amitié de dix ans avec ERSEDU (groupe de Metal ukrainien originaire d’Odessa) Nous étions chez eux au milieu de la pandémie et avons décidé de faire quelque chose ensemble. Ils avaient l’instrumental d’une chanson, j’ai écrit les paroles et c’est devenu « Mermaids ». Ensuite, le concept du disque est né et chacun a contribué à hauteur de deux chansons de son côté. Et enfin, parce que tous les titres ont une grande teneur symphonique, nous avons également décidé de faire un mix à partir des arrangements orchestraux utilisés dans ces morceaux.

– A l’heure actuelle, votre nouvel album aurait du être enregistré et vous deviez aussi être en tournée. Comment vivez-vous tout ça, et quand et comment imaginez-vous votre retour sur scène et plus globalement à la musique ?

C’est une question très difficile pour nous. Mis à part tous les événements horribles qui se produisent dans notre pays, il est très douloureux de voir d’autres groupes tourner et sortir de la musique pendant que notre carrière est suspendue et tout cela après deux ans de pandémie. Nous avons encore le temps de terminer l’enregistrement de l’album avant la date limite, mais vous devez comprendre que nous ne sommes pas en mesure de faire de photos promotionnelles, ni de filmer de vidéos ou de proposer autre chose. Beaucoup de gens ont quitté le pays et beaucoup ont perdu leur maison. Nos villes sont encore bombardées chaque jour. Et quand on va dormir, on ne sait pas si on se réveillera. Et tout cela malgré le fait qu’en ce moment, Kiev n’est pas encerclée par les troupes russes. Nous ne savons pas quand tout cela s’arrêtera et quand nous pourrons reprendre complètement les activités du groupe. Tout ce que nous pouvons faire, c’est croire en nos forces armées et les aider autant que nous le pouvons.

– Enfin, quand cette guerre sera terminée, et souhaitons-le le plus vite possible, comment voyez-vous le futur d’IGNEA ? Une reprise dans des conditions normales ne sera pas tout de suite possible…

Mentalement, nous pensons que nous ne nous en remettrons jamais. Parce que nous aurons toujours une trace de cette guerre dans notre âme et notre esprit. Mais nous voulons vraiment continuer et réaliser nos rêves de sortir de nouvelles musiques et de faire des tournées. L’une des choses que cette guerre nous a apprises est de ne rien remettre au lendemain, car il peut ne pas y en avoir. Une fois la guerre terminée, nous continuerons notre chemin musical, tout en restaurant nos villes après les destructions massives causées par les Russes.

Un grand merci à Helle, à qui je renouvelle bien sûr tout mon soutien, ainsi qu’à l’ensemble du groupe, et à Mike de Coene de Hard Life Promotion pour la mise en contact.

L’interview a été réalisée le 7 avril dernier.

Vous pouvez aider le groupe en vous procurant le split Ep sur son Bandcamp: https://ignea.bandcamp.com/album/bestia