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Psych Stoner/Desert

Kadabra : magic Stoner

Avec une telle entrée en matière, KADABRA signe un premier album qui devrait propulser le power trio vers les plus hautes cimes. Les Américains n’ont pas eu peur de nommer leur opus « Ultra », car c’est exactement l’impression qui jaillit de ces sept titres denses et de ce Stoner très Rock et accrocheur. Une bonne baigne !

KADABRA

« Ultra »

(Heavy Psych Sounds Records)

2020 n’a été une bonne année pour personne (et 2021 n’est pas beaucoup mieux, avouons-le) et aux Etats-Unis, elle a surtout été source de tensions sociales et culturelles en plus de la pandémie. Alors, devant tant de dissensions, Garrett Zanol (guitare, chant) et Ian Nelson (basse) ne sont pas restés les bras croisés et ont recruté le meilleur batteur du coin Chase Howard. KADABRA était né.

Originaire de Spokane dans l’état de Washington, le groupe se lance dans un Stoner Psych aux riffs lourds et tendus, qui offrent à la musique du combo un son étouffant et massif. L’enregistrement finalement assez rapide de « Ultra » par le musicien et producteur Dawson Scholz a ouvert les portes du label italien Heavy Psych Sounds Records à KADABRA qui, au demeurant, mérite très largement cette première reconnaissance.

Sur une base Heavy et Classic Rock, le power trio a des allures de revival, bien mises en avant par la dextérité des membres du trio et l’impact Stoner distillé aux fils des titres. Le groove à la fois lascif et soutenu permet à Garrett Zanol de partir dans des solos très 70’s insouciants et bourrés de feeling (« Faded Black », « Eagle 20’s », « Death », « Settle Me »). KADABRA s’envole dans des ambiances psychédéliques avec talent et conviction.

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Stoner/Desert

Stone Deaf : tempête du desert

C’est à croire que naître dans le désert donnerait des prédispositions à jouer du Stoner et surtout du Desert Rock. Les exemples sont nombreux et STONE DEAF vient se joindre à cette belle et longue liste. Mais le cagnard semble plutôt donner de la vigueur au quatuor américain, qui livre ce « Killers » furieux et loin des conventions.

STONE DEAF

« Killers »

(Coffin & Bolt Records)

Formé en 2014 dans une petite ville désertique du Colorado par son leader Dust Chapin, STONE DEAF sort un troisième album très abouti sur son propre label. « Killers » libère à la fois un Stoner Rock puissant, mais aussi des moments plus calmes et presque contemplatifs. A la fois pêchu et éthéré, le style du quatuor oscille entre feintes et uppercuts.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que sur « Killers », STONE DEAF nous balade du Stoner au Desert Rock, tout en s’autorisant quelques passages Doom pertinents et avec une sensibilité Punk, façon Mondo Generator. Pour le reste, et malgré les influences notoires de QOTSA et Kyuss, les Américains font preuve d’engagement et d’impact.

Très fuzz dans les guitares et écrasant dans sa rythmique, le quatuor n’y va pas par quatre chemins et assomme à tour de bras (« Cloven Hoof », « The Velvet Hammer », « Polaroid »). Les fulgurances très Punk du chanteur sonnent aussi la révolte sur l’ensemble de « Killers », qui portent bien son nom. Aride et dense, ce nouvel album de STONE DEAF frappe fort.

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Hard Rock Stoner/Desert

Suncraft : incandescent et fuzzionnel

Les bouillonnants Norvégiens de SUNCRAFT rugissent et font résonner un bon gros fuzz comme assez rarement pour un premier album. Ludique et solide, « Flat Earth Rider » percute et envoûte de son Stoner Rock très bien écrit et furieusement Heavy. Le jeune quatuor est généreux et performant et cet opus est une pure gourmandise.

SUNCRAFT

« Flat Earth Rider »

(All Good Clean Records)

Affichant une énergie et une explosivité incroyable, SUNCRAFT livre son premier album gravé dans un Stoner Rock rugueux aux influences Doom et Hard Rock. Issu de la scène underground d’Oslo en Norvège, le quatuor avait déjà commis un EP, « Saigon » en 2019, avant d’être stoppé net dans son élan. « Flat Earth Rider » a donc été composé et enregistré l’an dernier.

Viscéralement Rock’n’Roll, les membres de SUNCRAFT semblent avoir plutôt bien pris cette sombre période tant l’écriture de l’album respire la liberté et affiche un ton très optimiste et plein d’allant. Le groove et les mélodies très accrocheuses de « Flat Earth Rider » n’empêchent pas les riffs puissants et percutants du quatuor de s’imposer de manière très fluide.

La production très organique de Ruben Willem, qui a signé quelques gros hits du Hard Rock norvégien est aussi pour beaucoup dans cette mise en lumière limpide et massive des morceaux de SUNCRAFT (« Commie Animal », « Adaptation », « Bridges To Nowhere », « Space Buddha » et l’excellent morceau-titre). Vif et ascensionnel, ce premier album des Scandinaves est une bouffée d’air pure Rock et débridée.

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Stoner/Desert

Malossi : Solør Stoner power

Le Stoner Rock est un vaste terrain de jeu dans lequel MALOSSI se distingue de belle manière. Avec son deuxième album, « Blanke Barter », le quatuor norvégien fait parfois le grand écart tout en gardant un cap très fuzz, solide et plein d’humour. Et vocalement aussi, la surprise est de taille.

MALOSSI

« Blanke Barter »

(Rob Mules Records)

C’est dans le dialecte de Solør, sa région natale à l’est d’Oslo, que s’exprime MALOSSI à travers un Stoner Rock où viennent se greffer des sonorités Desert Rock, plus Heavy et même Blues Rock. « Blanke Barter » est le deuxième album du quatuor, qui s’est donné les moyens des ses ambitions, puisque ce sont Daniel Bergstrand (In Flames) et Fredrik Thordendal (Meshuggah) qui ont mixé l’ensemble.

Très créatifs, les Norvégiens surprennent de morceau en morceau et la dose d’énergie et aussi d’humour injectée dans leurs compos est savoureuse et accrocheuse (« Kaffekjæft »). Passé la curiosité vocale, MALOSSI séduit par sa rythmique virevoltante et surtout le travail effectué sur les guitares (« Tusen Mål Jord », « Tomt Prat »). Pour le reste, le fuzz et les mélodies opèrent comme par magie.

Assez classique dans ses influences qui penchent vers Clutch, Kyuss avec un soupçon de Black Sabbath, MALOSSI sort son épingle du jeu grâce à quelques incursions de contrebasse, d’harmonica, d’orgue et même de tuba originales et vraiment décomplexées. Les Norvégiens n’ont pas froid aux yeux et savent faire preuve de mordant (« Flatnævan », « Skuld », « Kje Med Are », « Drømmer På Boks »). Savoureux.  

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Alternative Rock Stoner/Desert

Dirty Black Summer : à l’américaine !

Avec « Great Deception », les Azuréens proposent un EP de six titres, qui devient rapidement addictif. Issus de formations plutôt extrêmes, les musiciens de DIRTY BLACK SUMMER livrent cette fois un Stoner Rock penchant très sévèrement vers un Alternative Rock très américain. Relevé et affichant puissance et fermeté, le quintet nous embarque dans un registre irrésistible en surfant sur une belle dynamique.

DIRTY BLACK SUMMER

« Great Deception »

(Nova Lux Production/Season Of Mist)

Qui aurait cru que des membres de Svart Crown, In Other Climes et Wormsand se retrouveraient, un peu forcés par la situation sanitaire quand même, dans une nouvelle entité musicale si éloignée de leurs terrains de jeu habituels ? C’est pourtant la belle surprise créée récemment par DIRTY BLACK SUMMER et un premier EP oscillant entre Alternative Rock et Stoner, et franchement bluffant pour une production hexagonale. « Great Deception » a un parfum d’Amérique savoureux.  

Certes, les ombres de Soundgarden et Nickelback planent sur les compos du groupe, mais avec un accent tout de même nettement plus marqué par le Stoner Rock. Grosse rythmique, guitares épaisses et une voix rappelant inévitablement Chad Kroeger (« Know Better »), DIRTY BLACK SUMMER propose un registre aussi rafraîchissant que convaincant et fédérateur. Assez inédit en France, les chœurs sont mis en avant avec une justesse rare et franchement remarquable (« You And I »).

Certains trouveront dans « Great Deception » une petite pointe de nostalgie, et pourtant le quintet sonne résolument moderne. Soutenu par une production efficace et massive, DIRTY BLACK SUMMER propose des morceaux solides, parfaitement interprétés et avec un parfait équilibre entre des mélodies accrocheuses et des riffs très rentre-dedans (« Forget My Name, », « Your Great Deception »). On aurait cependant largement pu se passer de « Womanizer » de la jolie Britney Spears, qui reste forcément aussi essentielle que l’originale.

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Stoner/Desert

Catapult The Rhino : les portes du désert

Avec « T(h)en » son deuxième album, CATAPULT THE RHINO compte bien mettre en lumière dix années de dur labeur passées à peaufiner un Rock aux saveurs Stoner et Desert. Le quatuor parisien s’est donné les moyens de présenter le meilleur de lui-même à travers six titres aboutis et très convaincants. Une belle surprise et surtout la confirmation de sa créativité.

CATAPULT THE RHINO

« T(H)en »

(Independant)

La scène alternative et Stoner commence très sérieusement à prendre de l’épaisseur dans l’hexagone. Réchauffement climatique ou pas, on se dirige vers le désert de Mojave, du côté de Joshua Tree, et CATAPULT THE RHINO commence discrètement, mais sûrement, à se faire une place parmi les formations solides et créatives du pays. Et avec « T(h)en », le groupe assoit sa position.

Assez expérimental dans son approche, le quatuor parisien construit minutieusement son répertoire avec patience livrant une musique Rock où la puissance du Stoner vient côtoyer les subtilités du Desert Rock. Souvent saturé mais jamais brouillon, CATAPULT THE RHINO élabore consciencieusement un style très personnel à la fois exaltant et sensible. Très carré et mélodique, le combo séduit.

Très bien produit, le groupe a également mis l’accent sur les arrangements qui sont aussi fins que discrets et efficaces (« Rhino », « Icarus »). Avec un chanteur littéralement habité par ses textes, CATAPULT THE RHINO montre autant de puissance que de sensibilité (« Natural Enemy », « Made In Nowhere »). Avec ce deuxième EP de six titres très abouti, les Parisiens prennent de l’épaisseur.

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Stoner/Desert

Monster Magnet : retour dans une époque fantasmagorique

Privé de tournées, MONSTER MAGNET s’est engouffré aux Freakshop Studios de son batteur Bob Pantella pour y enregistrer un album de reprises des groupes qui ont forgé son identité. Le Stoner Rock très brut et psychédélique des Américains est plongé dans une époque acidifiée où la créativité et l’imagination régnaient en maître.

MONSTER MAGNET

« A Better Dystopia »

(Napalm Records)

Quand on a passé la majeure partie de sa vie sur scène, se retrouver cloitré à cause d’une pandémie est bien plus qu’un crève-cœur. Et pour Dave Wyndorf, guitariste, chanteur et fondateur de MONSTER MAGNET, il n’était pas question d’un quelconque live en streaming (merci !) et le gang du New-Jersey s’est donc attelé à l’enregistrement d’un ‘album-bunker’. Et c’est dans la tumultueuse jeunesse de son frontman que le combo est parti fouiller.

Car avec « A Better Dystopia », le quintet présente la playlist de la quatrième dimension de Dave Wyndorf, et elle ne manque ni de piquant, ni d’envolées psychédéliques. Et même s’il s’agit d’un album de reprises, le son de MONSTER MAGNET, avec toute la puissance qu’on lui connait, domine les débats grâce une ardeur et une force de frappe conséquente. Ca fuzze, ça cogne et ça montre surtout que la fureur des 70’s vaut mieux que la cacophonie actuelle.   

Ne vous y trompez pas, MONSTER MAGNET ne rend pas un simple hommage à ceux qui ont aidé à forger son style, mais leur donne au contraire un relief et une profondeur, et est aussi tripant que furieux et obscur. Et le panel est aussi large que riche : Hawkwind, J.D. Blackfoot, Poo-Bah, Table Scraps, The Pretty Things, The Scientists ou encore Macabre. « A Better Dystopia » est un bond rafraîchissant et vigoureux dans un temps qui ne souffrait pas d’uniformité.

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Rock Stoner/Desert

Captain Obvious : exutoire familial

Pied au plancher, CAPTAIN OBVIOUS livre un deuxième EP aussi puissant et véloce que son prédécesseur. Avec « Let’s Do Porn », le duo s’en donne à cœur joie à travers un Power Rock très Stoner, massif et incandescent. Les deux frangins n’y vont pas par quatre chemins : c’est direct et frontal… et c’est bien !

CAPTAIN OBVIOUS

« Let’s Do Porn »

(Tadam Records)

Sur leur premier EP, ils voulaient tout brûler et sur le second, ils veulent faire du porno. Dans les deux cas, rien de très reposant pour la fratrie pleine d’énergie de CAPTAIN OBVIOUS. Avec « Let’s Do Porn », c’est une fois encore sur un format court (Oups !) de cinq morceaux que le bruyant duo distille son Power Rock fortement orienté Stoner, d’où émanent quelques effluves Punk.

Comme indiqué sur la pochette, CAPTAIN OBVIOUS propose une nouvelle recette, et même si elle reste à base de guitare, de batterie et de basse, elle s’avère sacrément épicée. Dès l’ouverture avec le morceau-titre, le ton est donné et ça bastonne à tour de bras. La solide rythmique d’Angus derrière les fûts vient soutenir les riffs épais de Joseph, dont le chant est aussi expressif que féroce (« Self Destruction »). 

Après Nashville pour leur premier effort, c’est à Paris au Studio 180 et sous la houlette d’Arnaud Bascuñana que les deux frères ont mis en boîte leur Stoner Rock, tandis que le mastering est toujours assuré par Brian Lucey. CAPTAIN OBVIOUS a soigné ses compos et elles ne manquent pas de fuzz (« Get It », « Taking Over »). On attend maintenant l’incontrôlable duo sur un album complet !

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Progressif Stoner/Desert

Vokonis : la tangente progressive

Depuis son premier album, « Olde One Ascending » en 2016, VOKONIS semble en constante mutation. Après des débuts dans un Stoner Metal qui se sont prolongés vers des ambiances plus Doom, c’est dans une direction plus progressive et moins virulente que se projette aujourd’hui le quatuor suédois avec ce très bon « Odyssey », un voyage musical plein de surprises.

VOKONIS

« Odyssey »

(The Sign Records)

Après la Californie, la Suède est la seconde patrie du Stoner et ce n’est donc pas une surprise de voir VOKONIS sortir un aussi bon album. Il faut aussi dire que le groupe a connu quelques évolutions depuis « Grasping Time » (2019) pour son plus grand bien d’ailleurs. Musicalement, les Scandinaves ont encore peaufiné leur jeu, qui met beaucoup plus l’accent sur le côté progressif de son style.

« Odyssey » voit le batteur Peter Ottoson prendre vraiment du volume et guider le groupe. VOKONIS accueille aussi aux claviers (définitivement, espérons-le) Per Wiberg qui officie chez Spiritual Beggars et Kamchatka après avoir quitté Opeth il y a dix ans. Il se fond parfaitement dans ce nouvel album en appuyant de manière assez discrète, mais efficace, les morceaux (« Hollow Waters », « Through The Depths »).

Profond et puissant, ce quatrième opus voit aussi son bassiste Jonte Johansson prendre plus de responsabilité au chant dans un style épuré et plus mélodique. Le quatuor n’a en revanche rien perdu de son intensité et les riffs tranchants et l’agressivité vocale de Simon Ohlsson maintiennent la percussion et le côté massif de VOKONIS (« Blackened Wings », « Rebellion » et le génial morceau-titre). Un album complet et créatif.

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Stoner/Desert

High On Wheels : fuzz interplanétaire

Mur du son ou grand écran : HIGH ON WHEELS ne s’est pas longtemps posé la question et, entre deux répliques emblématiques de films vintage et crasseux, balance son Desert/Stoner Rock qui s’écoule avec exubérance sur ce « Fuzzmovies » addictif, fuzz, Psych et compact. Le trio français s’impose avec force et non sans humour.

HIGH ON WHEELS

« Fuzzmovies »

(Klonosphere)

Quelque part entre le Desert de Mojave et une trajectoire spatiale improbable, HIGH ON WHEELS disperse son Desert très Fuzz et Stoner depuis 2014. Après une démo et surtout un premier album remarqué, le trio français se projette dans un univers cinématographique estampillé Grindhouse, dans lequel « Fuzzmovies » occupe une place de choix.

Entrecoupés de samples de films de séries B et surtout Z, ainsi que de nanars iconiques, « Fuzzmovies » nous saute à la gorge tout en promettant de magnifiques envolées psychédéliques (« Blind Your Mind », « Hitman Le Cobra »). Plein d’humour, groovy et Psych, HIGH ON WHEELS balance des riffs bien épais sur des rythmiques lourdes et virevoltantes. Et le voyage ne fait que commencer.

Vocalement aussi, le trio s’amuse en se répondant dans un esprit très 70’s, qui laisse transparaître des influences évidentes issues de la source Desert/Stoner Rock et qui contribuent à peser et à alimenter le combo avec irrévérence et virtuosité. Car derrière un  registre massif et puissant, HIGH ON WHEELS envahit l’espace sonore avec dextérité et créativité (« Last Page », « Thrill Under My Wheels », « In My Head »). Ebouriffant !