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Country Soft Rock

Dolly Parton : in unknown country

Parce que c’est vendredi, parce qu’il faut se détendre, parce que j’aime la Country Music et parce que DOLLY PARTON est l’une des rares icônes en activité aux Etats-Unis, ça mérite bien que l’on s’attarde sur cet album très attendu outre-Atlantique. Avec « Rockstar », la légende se frotte à un style où elle part un peu à l’aventure. Entouré d’un super groupe, soutenue par des guests de haut-vol et bénéficiant d’une production étincelante, la frontwoman ne franchit pourtant pas le cap du ‘Soft Rock’, mais s’en sort avec une certaine classe. Un bel essai, certes, mais pas encore un coup de maître(sse) !

DOLLY PARTON

« Rockstar »

(Butterfly Records/Big Machine Label Group/Island Def jam/Universal)

L’an dernier, alors qu’elle avait été nominée au fameux ‘Rock And Roll Of Fame’ de Cleveland dans l’Ohio (l’équivalent pour nous de… non, rien !), DOLLY PARTON avait poliment décliné l’invitation, ce qui est pourtant un réel honneur pour un artiste américain. En guise d’explication, elle avait déclaré très justement qu’elle était une chanteuse de Country, et non de Rock. Cependant, elle avait aussitôt annoncé qu’elle ferait son retour avec un album de reprises musclé, agrémenté de quelques titres originaux. Et elle a tenu parole avec ce très long « Rockstar ».

Et pour ce 49ème album, marquant aussi ses débuts dans un registre assez éloigné du sien, elle a sorti son volumineux carnet d’adresse et contacté un très large panel de musiciens pour l’essentiel américains et plus ou moins issus du monde du Rock. Sur près de 2h20, DOLLY PARTON tente bien de nous faire oublier qu’elle est l’emblème de la Country Music, mais elle a beau essayer de chasser le naturel… Bien sûr, on y croit sur quelques morceaux, mais les réflexes ont la dent dure et certains gimmicks vocaux finissent par la trahir quelque peu et peu importe ce qu’elle chante.

C’est vrai que la songwriter du Tennessee aurait pu, et même dû, faire plus court, mais elle fait le show à l’américaine façon ‘Superbowl’ et les stars défilent. Pour ce qui est de son pré carré, Sheryl Crow, Chris Stapleton, Brandi Carlile ou encore Emmylou Harris sont de la partie entre autres. Côté Rock, Richie Sambora, Steven Tyler, Joan Jett, Rob Halford, Nikki Sixx, John 5, Kid Rock, Ronnie Van Zant et feu-Gary Rossington notamment font très bien le job aussi. En bref, « Rockstar » multiplie les étoiles, DOLLY PARTON en tête, mais il manque encore ce côté sauvage propre au Rock.

Photo : Kevin Mazur (Getty Images For The Rock And Roll Hall Of Fame)
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Blues Rock Southern Blues Southern Rock

Gov’t Mule : une boulimie créative

La musique de GOV’T MULE a ceci d’étonnant qu’elle paraît si simple tellement elle est évidente. C’est probablement dû au fait qu’elle semble si naturelle à l’écoute. Car les Américains ne donnent jamais dans la facilité et si presque tous leurs albums dépassent l’heure, c’est sûrement parce que les notions de plaisir et de passion restent au cœur de leur jeu… ce qui est devenu si rare. Et cette fois encore, « Peace… Like A River » a tout du joyau.

GOV’T MULE

« Peace… Like A River »

(Fantasy/Universal)

L’an prochain, GOV’T MULE soufflera ses 30 bougies et pour Warren Haynes (guitare, chant) et Matt Abts (batterie), Allen Woody (basse) étant décédé en 2000, l’ombre du légendaire Allman Brothers Band a disparu au profit de la lumière diffusée par leur nouvelle formation. Aujourd’hui aux côtés de Danny Louis (claviers) et Jorgen Carlsson (basse), le groupe a plus que conquis ses lettres de noblesse dans le paysage Rock américain et ce douzième album studio est même l’un de ses meilleurs.

Il y a moins de deux ans, GOV’T MULE sortait « Heavy Load Blues », une sorte de recueil de reprises éblouissant qui traversait avec magie ses influences si nombreuses et variées. Pourtant au même moment et au coeur de la pandémie, le quatuor enregistrait dans ces mêmes studios de The Power Station en Nouvelle-Angleterre ce génial « Peace… Like A River », co-produit par Haynes avec le grand John Paterno (Elvis Costello, Bonnie Raitt, Los Lobos). Un véritable travail d’orfèvre !

Photo : Shervin Lainez

Et ce nouvel opus réserve encore bien des surprises, tant dans sa conception que par le casting cinq étoiles de guests qu’il propose. Afin de bien distinguer les deux réalisations, GOV’T MULE a été jusqu’à les concevoir dans deux pièces différentes avec du matériel et des instruments distincts pour mieux conserver une touche personnelle sur chaque disques. Aucune limite ne les arrête et cette créativité qui les anime donne à « Peace… Like A River » une saveur toute particulière. 

Dans son univers Southern, GOV’T MULE navigue avec toujours autant de volupté et de subtilité dans des sphères Rock, Blues, Funk, Jazz, Soul, Heavy Rock, Folk et parfois même un brin Reggae pour le fun. Une chose reste immuable, c’est ce groove tellement identifiable et cette faculté quasi-naturelle à se lancer dans des jams phénoménales. « Peace… Like A River » s’étend en douze morceaux sur 70 minutes et l’édition Deluxe présente même quatre inédits et une version alternative de « The River Only Flows One Way ».

Parmi les invités de marque, Billy Gibbons de ZZ Top enchaîne les riffs sur « Shake Our Way Out » en poussant aussi la chansonnette. Ivan Neville et Ruthie Foster enveloppent de douceur « Dreaming Out Loud », ainsi que Celisse Henderson sur « Just Across The River ». Que du beau monde ! Et GOV’T MULE brille aussi de mille feux sur « Make My Peace », « Your Only Friend », « Long Time Coming » et « Gone Too Long ». L’écriture est fine, les arrangements soignés : « Peace… Like A River » est tout simplement stellaire !

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Southern Blues

Tedeschi Trucks Band : full moon

Traversant tous les registres du Blues enveloppés dans une chaleur Southern, TEDESCHI TRUCKS BAND ne s’interdit pas non plus quelques embardées Soul, Funk, Jazzy ou Country. Avec « I Am The Moon » et ses quatre chapitres, le collectif de 12 musiciens s’est embarqué dans une folle aventure, qui se révèle être une réussite resplendissante. Dernier chapitre avec « Farewell », aussi flamboyant que ses prédécesseurs.

TEDESCHI TRUCKS BAND

« I Am The Moon : IV – Farewell »

(Fantasy/Universal)

Depuis le 3 juin dernier, le TEDESCHI TRUCKS BAND nous régale à raison d’un EP par mois, qui sont autant d’épisodes distincts d’une superbe épopée Blues et Southern. « I Am the Moon », le cinquième et le plus ambitieux album du collectif, est une petite merveille de bout en bout, tout comme le film qui l’accompagne et qui permet de mieux faire connaissance avec le groupe et surtout de comprendre le processus d’écriture de ce monument. Aussi visuel que musical, cet album-concept est d’une incroyable richesse, livré par des musiciens incroyables.

Les 24 morceaux, pour plus de deux heures de musique, ont étonnement été écrits et enregistrés dans un laps de temps assez court, ce qui laisse dire que Susan Tedeschi, Derek Trucks et leurs musiciens sont non seulement très productifs, mais au-delà de ça très inspirés. Une chose est sûre, la pandémie aura profité au TEDESCHI TRUCKS BAND qui a réalisé, à partir d’un conte persan, un album qui lui sera maintenant difficile d’égaler. Et « Farewell «  est la chute finale de ce beau voyage.

Avec ce dernier volet, on savoure des titres comme « Last Night In The Rain », « D’Gary » ou « I Can See You Smiling », qui sont autant d’offrandes livrées par les Américains. Pour finir, ayant déjà cité les deux protagonistes principaux, voici les talents qui forment le TEDESCHI TRUCKS BAND : Alecia Chakour et Mark Rivers (percussions, choeurs), Brandon Boone (basse), Marc Quinones (congas), Isaac Eady et Tyler Greenwell (batterie, percussions), Gabe Dixon (claviers, chant), Kebbi Williams (saxophone), Elizabeth Lea (trombone), Ephraim Owens (Trompette) et Mike Mattison (chant).

Photo David McClister

Retrouvez les chroniques de « Crescent », « Ascension » et « The Fall » qui complètent, avec « Farewell », « I Am The Moon » :

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Southern Blues Southern Rock

Tedeschi Trucks Band : songe d’une épopée southern

Susan Tedeschi et son compagnon Derek Trucks continuent de nous dévoiler leur album-concept, « I Am The Moon », constitué de 24 morceaux sur quatre EP de trente minutes environ chacun. Et il faut reconnaître qu’avec « The Fall », on commence à avoir une belle vue d’ensemble. TEDESCHI TRUCKS BAND, fort de ses douze musiciens, dépasse les frontières d’un Southern Rock très Blues avec une inspiration et une fluidité rares.

TEDESCHI TRUCKS BAND

« I Am The Moon III : The Fall »

(Fantasy/Universal)

Troisième et avant-dernier volet de l’épopée musicale du collectif américain baptisée « I Am The Moon », dans laquelle il relate à sa façon un mythique conte persan qu’il a réactualisé en s’inspirant des sentiments d’isolation et déconnexion sociale subis durant la pandémie. Et le TEDESCHI TRUCKS BAND a laissé cette fois chacun de ses membres composer et laisser libre-court à ses émotions, dépassant ainsi son habituel champ d’investigation.

Pourtant, ce qu’il a de plus étonnant sur « The Fall » et ce malgré l’implication des douze membres de la formation, c’est que c’est probablement celui qui sonne le plus dans la veine de ce qu’ils ont l’habitude de nous livrer. Très roots dans les compositions, « The Fall » est un superbe panel de toutes les influences Southern du TEDESCHI TRUCKS BAND, passant du Blues à la Soul dans cet esprit Rock, qui a forgé son identité.

Et c’est Jacksonville, chez lui en Floride, que le groupe a enregistré ces quatre EP accompagnés de films retraçant des sessions studio, divers visuels et des prestations scéniques. D’ailleurs, les musiciens sont actuellement en tournée aux Etats-Unis où leur  public a la chance de découvrir en live « Somehow », « Yes We Will », « Gravity » ou « Take Me As I Am ». Et c’est en novembre prochain que les fans français du TEDESCHI TRUCKS BAND pourront à trois reprises se régaler avec ce « I Am The Moon » prodigieux.

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Blues Southern Rock

Tedeschi Trucks Band : acte II

Eclatant de talent et de virtuosité, le collectif américain présente le second volume de son somptueux projet, « I Am The Moon », qui en comptera quatre. Rassemblé autour de dix musiciens expérimentés et d’un feeling hors-norme, Susan et Derek guident le TEDESCHI TRUCKS BAND de main de maître et avec classe sur ce « Ascension », qui porte bien son nom.

TEDESCHI TRUCKS BAND

« I Am The Moon – II : Ascension »

(Fantasy/Universal)

C’est sur le rythme d’un EP par mois que le TEDESCHI TRUCKS BAND a décidé de livrer sa dernière œuvre en quatre actes : « I Am The Moon ». Basé sur un conte perse, le groupe a entrepris une bien belle aventure et, après « Crescent » sorti il y a quelques semaines, on découvre aujourd’hui « Ascension » dans un format identique et surtout une inspiration toujours aussi flamboyante.

Susan Tedeschi et Derek Trucks, magistralement accompagnés de leurs dix camarades de jeu, livrent un second volet très différent du précédent. Sans pour autant délaissé le Blues mâtiné de Southern Rock dans lequel ils excellent, les deux songwriters de Floride évoluent cette fois sur une partition plus posée, où le TEDESCHI TRUCKS BAND flirtent avec des ambiances jazzy.

Ici encore, la créativité atteint des sommets avec une finesse et une fluidité incroyables. Que ce soit au niveau des guitares bien sûr, mais aussi du groove de la rythmique ou de la beauté des arrangements vocaux et des cuivres, les Américains sortent le grand jeu sans pour autant tomber dans la démonstration. Avec le TEDESCHI TRUCKS BAND, tout semble naturel et tellement évident dans l’interprétation…

Retrouvez la chronique du premier EP :

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Blues Blues Rock Soul / Funk

Tedeschi Trucks Band : un songe en quatre actes

Après des parcours très remarqués en solo, Susan Tedeschi et Derek Trucks ont fondé le TEDESCHI TRUCKS BAND pour bénéficier d’une liberté totale et pouvoir donner libre-court à leur fertile inspiration. Explorant toutes les facettes du Blues avec talent, le groupe est devenu reconnaissable entre tous et une grande influence pour beaucoup. Aujourd’hui, c’est avec le premier volet d’un album-concept, qui en comptera quatre, « I Am The Moon », que les Américains viennent inscrire un nouvel et flamboyant chapitre à leur discographie.

TEDESCHI TRUCKS BAND

« I Am The Moon – I : Crescent »

(Fantasy/Universal)

C’est en 2010 à Jacksonville en Floride que Susan Tedeschi (guitare, chant) et Derek Trucks (guitare), unis à la scène comme à la ville, ont décidé de fonder le fameux TEDESCHI TRUCKS BAND. Et depuis, le collectif a trois albums live et présente aujourd’hui son cinquième et très ambitieux opus. Collectif, car ce sont 12 musiciens qui forment cette belle famille Blues et Southern, qui se fondent dans un univers également Soul et Rock et dans lequel leur virtuosité et leur feeling atteignent des sommets.

La singularité de « I Am The Moon » réside dans le fait que le groupe va livrer quatre albums répartis en 24 morceaux pour plus de deux heures de musique, et accompagnés par quatre films où l’on peut voir les Américains en studio et en tournée. Autrement dit, ce beau coffret est un ravissement et un incontournable pour tous les fans du TEDESCHI TRUCKS BAND et de ce style aussi créatif que superbement interprété. Et dès ce premier volet, « Crescent », la mise en bouche est déjà belle.

Inspiré par un mythique conte perse, l’ensemble de « I Am The Moon » se présente donc sous la forme d’un album-concept et « Crescent » se montre envoûtant à souhait. Le collectif s’est libéré de toute contrainte artistique pour livrer une partition unique, façon épopée Southern. Sans distinguer de titre en particulier, les 12 minutes de « Pasaquan », qui clôt l’album, sont d’une beauté incroyable et laissent espérer une suite magique signée par le TEDESCHI TRUCKS BAND. Magistral !

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Hard Rock Heavy metal

MSG : flying Schenker

Michael Schenker a beau empiler les albums sur un rythme effréné, ceux-ci ont toujours quelque chose de spécial. Si le guitariste allemand ne révolutionne pas le genre, il continue à livrer des disques où son jeu reste virtuose et où les arrangements surclassent très souvent ceux du Hard et du Heavy Rock actuel. Avec « Universal », MSG joue sur l’expérience et la créativité avec une élégance intacte.

MSG – Michael Schenker Group

« Universal »

(Atomic Fire Records)

Après plus de 50 ans de carrière, on n’a souvent plus rien à prouver, mais pour certains, on a encore des choses à dire. Et c’est très précisément le cas du grand Michael Schenker dont la mythique Gibson Flying V fait toujours des étincelles et sonne comme au premier jour. Cette fois, c’est sous la bannière de MSG, le Michael Schenker Group, que le virtuose présente « Universal ».

Elaboré avec son irremplaçable partenaire Michael Voss, pour la production comme pour la composition, ce nouvel album de l’Allemand sonne comme un retour aux sources, tant il semble faire de malicieux clins d’œil à toutes les époques que ce génie de la guitare a traversé… et il y en a eu ! Et comme d’habitude, MSG rassemble un casting de rêve sur cet opus particulièrement dense.  

Autour de Ronnie Romero devenu chanteur principal, on retrouve Ralph Sheepers (Primal Fear), Michael Kiske (Helloween), Garry Barden (MSG), Barend Courbois (Blind Guardian) et l’ex-triplette de Rainbow : Bobby Rondinelli, Tony Carey et Bob Daisley. Et la dream team serait incomplète sans la légende Simon Philips, venu prêter main  forte sur ce « Universal », qui figure parmi les meilleurs albums de MSG.

Avec Michael Schenker, les riffs sont expressifs, les solos étincelants, les ambiances Heavy et aussi planantes et surtout la fluidité du jeu du guitariste n’a pas son pareil. Entre Hard Rock et Heavy Metal, 80’s et 90’s, MSG régale sur chaque morceau sans jouer sur la nostalgie (« Emergency », « Under Attack », « A King Has Gone », « The Universe », « London Calling », « Wrecking Ball »). Stratosphérique !

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Hard Rock

Scorpions : le venin comme antidote

Certains retours font craindre le pire, tandis que d’autres se révèlent être une belle surprise. On croyait SCORPIONS endormit à tout jamais et incapable de piquer à nouveau. Pourtant, « Rock Believer » vient démontrer le contraire avec une fougue, une envie et une dynamique que les Allemands n’avaient plus montré depuis des décennies… en studio en tout cas. Solide et inspiré, le quintet est toujours d’attaque.

SCORPIONS

« Rock Believer »

(Vertigo Berlin/Universal Music)

Qu’on se le dise, ça fait quelques décennies que SCORPIONS n’a pas sorti un tel album ! Oublié le triste et fade « Return To Forever » sorti en 2015 et place maintenant à « Rock Believer », à travers lequel les Allemands semblent renouer avec ce qu’ils font de mieux : un Hard Rock efficace aux refrains accrocheurs, aux guitares solides et mélodiques et avec un Klaus Meine au sommet de son art et un Mikkey Dee qui apporte beaucoup de fraîcheur.

Certes, « Rock Believer » fait véritablement penser à un retour aux sources pour le combo d’Hanovre. Quand on a sorti des albums comme « Lovedrive », « Blackout » ou « Love At First Sting », quoi de plus légitime finalement ? Ce 19ème album studio s’inscrit dans cette veine, tout en bénéficiant de la production très léchée de Hans-Martin Buff. Cela faisait des années que SCORPIONS n’avait pas affiché une telle unité et un plaisir de jouer si palpable.

Taillé pour la scène, « Rock Believer » multiplie aussi les clins d’œil à quelques morceaux emblématiques. Le morceau-titre et « No One Like You », « Seventh Sun » pour « The Zoo » et d’une certaine manière « Roots In My Boots » répond à « Blackout ». Mais SCORPIONS présente de belles compositions, aussi puissantes que fédératrices (« Gas In The Tank », « Shining Of Your Soul », « Call Of The Wind »). Le quintet s’inscrit dans une belle énergie.

Et le plaisir est total avec la version Deluxe qui contient cinq autres morceaux, dont l’acoustique « When You Know (Where You Come From) » à la mélodie imparable. Pour le reste, le ton est plus sombre et moins positif dans l’esprit. Klaus Meine est plus sérieux et les riffs et les solos de Rudolf Schenker et de Matthias Jabs sont plus lourds (« Shoot For Your Heart », « Unleash The Beast »). SCORPIONS est très franchement en grande forme. Rock on !   

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Groove Metal

Korn : liturgie versatile

Décidément, KORN ne cessera jamais de surprendre et de déstabiliser ses adorateurs comme ses détracteurs. Percutant, tordu, mélodique et massif comme personne, le combo navigue cette fois entre noirceur, SF et un côté expérimental plus débridé que jamais. « Requiem », sur une grosse demi-heure, vient coller une grosse claque sur un groove imparable et chirurgical. 

KORN

« Requiem »

(Loma Vista/Virgin/Universal)

Loin d’être un chant du cygne sur fond de requiem, ce quatorzième album de KORN serait plutôt une renaissance. Après le très bon « The Nothing », le combo de Bakersfield, Californie, s’est aussi retrouvé privé de scène, ainsi que sans contrat discographique. Libre, l’occasion était trop belle pour le groupe de prendre une belle respiration et « Requiem » va même au-delà des espérances.

Sans taper dans une nostalgie désespérée, KORN est au contraire revenu avec une envie nouvelle et le désir de faire simplement ce qu’il sait faire de mieux. Musicalement, le quatuor réalise un bond en arrière de 20 ans avec une production pertinente, une maturité à son sommet et un état d’esprit à l’ancienne. Celui-là même qui a montré la voie depuis des années à tant de groupes.

Toujours aussi insaisissable, Jonathan Davis livre une prestation toute en puissance et en nuances, entre fracas et mélodies millimétrées (« Start The Healing », « Disconnect »). La lourdeur et l’aspect alchimiste des riffs et ce groove si reconnaissable de la basse affichent une dextérité et une efficacité redoutable (« Let The Dark Do The Rest », « Penance To Sorrow »). KORN réalise un tour de force phénoménal sur 32 minutes intenses.

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Extrême International Metal

While She Sleeps : une société pas si anonyme [Interview]

Originaire de Sheffield en Angleterre, WHILE SHE SLEEPS est un groupe très actif et activiste de la scène MetalCore depuis 2009 surtout. Après avoir créé son studio et son propre label, le quintet vient de concevoir Patreon, une plateforme où les fans deviennent les principaux acteurs de l’économie du groupe à travers leur participation. Grâce à ses abonnés, le groupe devient producteur de contenus en tout genre à la demande de leurs fans : c’est l’objectif de la « Sleeps Society ». Lawrence « Loz » Taylor, chanteur du groupe, en dit plus sur cette nouvelle démarche, ainsi que sur l’album qui va bientôt sortir…

Photo : Giles Smith

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que tu nous expliques en quelques mots ce qui vous a motivé à créer la « Sleeps Society »…

En fait, le processus a commencé avec « You Are We » en 2017, parce que c’était la première fois que nous produisions notre album nous-mêmes. Et il a été l’un de nos plus grands succès. Nous avions tout gérer de A à Z, c’est-à-dire de la production du disque à la promotion, les concerts, etc… C’est vraiment à ce moment-là que l’idée de la « Sleeps Society » a germé. On a pu mettre le doigt sur ce qui n’allait pas dans l’industrie musicale depuis ces dernières années. Il fallait effectuer un changement, car le système ne fonctionnait plus. On ne pouvait plus faire carrière dans cet establishment-là. Cette notion de communauté nous a donc paru essentielle et nécessaire. Le fait de s’adresser directement à la fan-base était évident, car ce sont les premiers concernés et notre relation avec elle fonctionne très bien. Ce rapport direct avec nos fans a changé beaucoup de choses. Cette plateforme nous sert à nous adresser à eux et à échanger en évitant le système en place. Ce n’est pas facile pour les groupes en ce moment. Le streaming représente aujourd’hui 95% de l’écoute de musique, ce qui est énorme et ce changement a bouleversé beaucoup de choses. Alors, si on veut que le milieu underground survive, il fallait apporter quelque chose de supplémentaire, car que nous ne sommes pas dans le même système qu’un groupe de Pop commercial. On a du faire évoluer notre façon de travailler.

– Concrètement, comment fonctionne-t-elle d’autant qu’elle peut s’adapter à tous les groupes qui le souhaitent, non ?

Oui bien sûr, mais tu sais, ce n’est pas quelque chose de très nouveau en fait. Cela permet de tout gérer soi-même, en direct et sans intermédiaire. La liberté est totale. C’est une plateforme qui permet de se passer de l’establishment en place, d’être indépendant. Nous avons beaucoup appris avec cette façon de faire et je pense que cela peut aussi aider beaucoup de groupes.  

– En 2019, vous aviez alerté des dangers du streaming en éditant un t-shirt pour souligner l’importance des ventes de merchandising pour la survie des groupes. Penses-tu que cette sensibilisation ait porté ses fruits ?

Oui, ce t-shirt a beaucoup sensibilisé, c’est sûr. Le message était très clair et beaucoup de gens en ont pris conscience. Ils ont compris que 5.000 streams correspondaient environ à 20£. Quand tu mets tout ça dans la balance, c’est un truc de fou. Il fallait vraiment en informer les gens. Je pense que maintenant beaucoup de monde a compris que ça n’allait pas et qu’il fallait faire quelque chose. Au final, ce sont encore et toujours les gros de l’industrie musicale qui raflent la mise, et non les artistes. D’où l’importance du merchandising direct, même si cela ne remplace pas la vente physique d’albums.


Le fameux t-shirt avec lequel WHILE SHE SLEEPS a commencé à éveiller les consciences en 2019.

– Revenons en 2021. Face à vos multiples campagnes et votre militantisme, comment réagit votre maison de disques ? Avez-vous son soutien ?

Oui, c’est assez génial d’ailleurs ! La « Sleeps Society » bénéficie d’un grand soutien de la part de notre maison de disques. Tout le monde a appris énormément avec cette démarche. C’est aussi plus simple pour nous de pouvoir composer et faire les choses quand nous en avons envie, gérer nous-mêmes les réseaux sociaux et leurs contenus. On sait qu’on s’adresse aux bonnes personnes au bon moment. Tout le monde peut aussi voir ce que l’on fait et nous sommes vraiment contents du soutien que l’on reçoit : les gens sont au cœur du projet. Tout le monde y trouve son compte et c’est une très bonne chose.

– Votre cinquième album va bientôt sortir (le 16 avril) et la première chose qui interpelle, ce sont ces morceaux beaucoup plus directs et incisifs. Vous avez cherché à être encore plus efficaces dans le songwriting ?

Je ne pense pas que c’était quelque chose de conscient lorsque nous avons écrit les morceaux. C’est ce que beaucoup de gens nous ont dit. Le message était beaucoup plus direct et indépendant sur ce nouvel album. Nous aimons toujours beaucoup parler de politique dans nos textes, et chacun peut y faire son interprétation. Notre message n’a pas tellement changé depuis toutes ces années. Nous parlons d’unité et des situations difficiles qu’on peut rencontrer en y apportant notre point de vue. C’est vrai que beaucoup de monde s’y retrouve surtout dans cette période de pandémie, où nous sommes encore plus isolés que jamais. Nous restons toujours positifs et j’espère que les fans ressentent toute cette énergie positive. Nous sommes une sorte de confident, c’est pourquoi cette communauté est importante.  

– Musicalement, votre style s’affine aussi de plus en plus et tout en gardant cette puissance énorme. Ce nouvel album est beaucoup plus mélodique et peut-être moins brutal. Le but est-il de fédérer le plus possible en étant un peu plus accessible ?

Comme je te le disais, il n’y avait rien de prémédité au moment de l’écriture. On voulait juste faire un album différent. Nous jouons ensemble depuis de longues années maintenant et nous aimons des styles de musique très variés. Ce nouvel album est juste une nouvelle collaboration où chacun apporte ses idées. Nos influences sont variées et nous emportent dans des registres et aussi un flow nouveau à chaque fois. On n’a jamais voulu sortir deux fois le même album, et sur « Sleeps Society », on voulait vraiment quelque chose de collectif. Je pense que nous sommes chanceux de pouvoir changer ainsi de terrain de jeu et de faire grandir et évoluer WHILE SHE SLEEPS. Nous ne voulons pas sonner comme les autres. Un groupe qui ne sonne pas comme tout le monde est un bon groupe, je pense. Nous créons notre propre vision de la musique à partir de tout ce que nous écoutons, et c’est vraiment ce que nous aimons faire.

Photo : Giles Smith

– Une fois encore « Sleeps Society » est toujours aussi bien produit. Comment avez-vous travaillé pour la composition de l’album ?

Il m’arrive d’enregistrer des textes sur mon téléphone, les gars proposent des idées de morceaux, et ainsi de suite…. chacun apporte sa pierre à l’édifice. Nous avons enregistré cet album pendant le confinement, ce qui aurait du être compliqué car nous ne pouvions pas être dans la même pièce ensemble. Mais nous avons notre propre endroit pour travailler, ce qui nous a beaucoup aidé. C’est le QG de WHILE SHE SLEEPS. Ici, on peut être tous ensemble tout en gardant de bonnes distanciations. On a vraiment de la chance d’avoir ce lieu pour pouvoir travailler tranquillement. Malgré la pandémie, tout s’est presque normalement passé et ça nous a permis de ne pas trop nous préoccuper de la situation.

– Vous avez aussi invité Simon Neil de Biffy Clyro sur « Nervous », et Deryck Whibley de Sum 41 sur « Defeat For The Brave ». Qu’est-ce qui vous a rapproché, car vos univers sont assez différents ?

Ah oui, définitivement ! Simon était assez nerveux, car tout le monde a été très touché par la pandémie. Et donc l’avoir comme guest sur l’album était très important pour nous. Et beaucoup de très bonnes choses se sont passées. Nous avons vraiment voulu que les invités apportent un vrai plus sur l’album en y apportant leur patte, leur style et leur vision du morceau. Ils ont choisi leur façon de chanter les titres. C’est cela qui nous intéressait vraiment. Et puis, ce sont deux chanteurs que nous respectons énormément. C’était vraiment génial et incroyable pour nous de les avoir sur le disque. Il s’est vraiment passé quelque chose de spécial avec eux. Ils sont très positifs et je pense que les gens vont s’en rendre compte en écoutant les morceaux.

– Il y a aussi ce morceau « Call Of The Void » avec le featuring de la Sleep Society. De qui est-elle composée ?

A la base, nous avons lancé un appel sur nos réseaux en demandant à nos fans de participer à l’album pour les remercier. On leur a donc donné les paroles du premier morceau qu’on avait écrit avec le groupe avec deux versions différentes. Du coup, ils se sont enregistrés avec leur téléphone ou un micro, et l’objectif était de les intégrer sur l’album. C’est ça la « Sleeps Society » ! Ca a donné quelque chose de vraiment spécial de pouvoir faire participer nos fans à ce nouveau disque sur ce morceau.

– Enfin, en menant votre combat pour la reconnaissance des droits des groupes en plus de cette pandémie, comment arrivez-vous à rester positif en cette période trouble et inédite ?

C’est vrai que c’est difficile pour le monde de rester positif sur une aussi longue période. Pour ma part, j’aime parler de petites victoires en restant concentrer sur le fait de vivre tout ça semaine après semaine. Rester positif tous les jours n’est pas évident, quand on ne sait pas quand tout reviendra à la normale. Il faut y aller petit à petit et surtout garder espoir.

« Sleeps Society », le nouvel album de WHILE SHE SLEEPS, sortira le 16 avril chez Spinefarm Records/ Universal.