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Hard Rock Heavy metal

Alcatrazz : le feu sacré

Exit Graham Bonnet, fondateur et chanteur emblématique du groupe, et place au non moins très bon Doogie White, dont le parcours force aussi le respect. ALCATRAZZ semble presqu’immortel et livre « V », qui vaut bien que l’on s’arrête un moment. Les vétérans californiens ont toujours la pêche et le Heavy Metal chevillé au corps.

ALCATRAZZ

« V »

(Silver Lining Music)

S’il y a bien un groupe dont le parcours est chaotique et qui refuse de rendre les armes, c’est bien ALCATRAZZ. Célèbres pour avoir notamment compté dans leurs rangs Yngwie J. Malmsteen et Steve Vai, les Californiens n’ont pourtant sorti que cinq albums, dont celui-ci, ce qui fait assez peu finalement. Mais le quintet attire toujours les projecteurs, grâce à une solide réputation.

Si ALCATRAZZ joue aux montagnes russes depuis 1983, il faut lui reconnaître une certaine constance dans la qualité de ses albums. Côté line-up, il ne reste que deux membres originaux, Jimmy Waldo (claviers) et Gary Shea (basse), on retrouve Mark Benquechea (batterie) et Joe Strump (guitare) et on découvre Doogie White (Rainbow, Michael Schenker) au chant. 

Très bien produit, l’album d’ALCATRAZZ porte le titre de son cinquième opus, mais revendique aussi le V de la victoire, synonyme d’un retour aux affaires inspiré. C’est vrai que les vétérans du Heavy Metal livrent douze morceaux aussi vintage qu’intemporels, et qui devraient faire leur petit effet sur scène. Le combo reste une valeur sûre du style depuis des années.

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France Metal Fusion Metal Progressif Progressif

6:33 : une débordante énergie positive [Interview]

Il y a très peu de groupes dans l’hexagone osant braver les codes et briser les frontières des styles établis pour offrir un registre à la fois débridé et très créatif. Avant-gardiste, Fusion, Progressif, Rock et Metal, 6:33 avance sans complexe et propose un cinquième album où l’énergie très positive des morceaux nous transportent au cœur des années 80 et 90 avec enthousiasme, dextérité et sans barrière. Florent Charlet, chanteur de la formation, fait un point sur ce nouvel opus… et tombe le masque.

– Comme entrée en matière, j’aimerais que vous présentiez le groupe aux lecteurs qui ne vous connaitraient pas. On vous décrit comme un groupe de Metal Progressif, avant-gardiste et Fusion, ce qui résume assez bien 6:33, mais c’est encore ceux qui le font qui en parlent le mieux. Alors, comment vous définiriez-vous ?

C’est vrai que c’est un peu compliqué ! Et même pour un artiste en général, c’est assez difficile de définir son style. C’est plutôt aux gens de dire de ce qu’ils en pensent. Mais après avoir bien cherché, j’aime bien l’appellation de Funk Prog, dans le sens où on a une histoire à raconter et on les amène quelque part et c’est aussi très joyeux grâce à une énergie positive. Musicalement, on ne s’impose aucune limite. A la base, on fait du Metal Prog, mais nous explorons autant la Funk que le Jazz ou la musique de film, selon nos envies finalement.

– Vous sortez votre quatrième album, qui est encore bien différent des précédents. Il s’en dégage une thématique très 80’s avec un fil conducteur très cinématographique. Il est presque conçu comme une sorte d’opéra-Rock. C’était votre objectif de départ ?

Nous n’avions pas vraiment pensé à ce côté opéra-rock lorsqu’on l’a composé, mais beaucoup de gens nous disent que ça ressemble à une comédie musicale à la « Horror Picture Show ». C’est vrai qu’on voulait donner une couleur très 80’s et 90’s à l’album, parce que c’est ce qui nous a nourri depuis toujours, en fait. C’est ce qui nous a forgé en tant que musiciens et même en tant que personnes. Tout ça, on le ressort sur cet album, auquel on a vraiment eu envie de donner cette couleur-là. C’est un album-concept, c’est vrai, mais nous n’avons pas pensé à un Opéra-Rock ou à une comédie musicale. Il y a des personnages hauts en couleur, c’est vrai. Ce serait d’ailleurs mortel de monter ça comme une comédie musicale !

–  « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » est également très dansant, malgré des riffs toujours aussi présents et puissants. C’est quelque chose dont on n’a assez peu l’habitude finalement. Malgré des morceaux très structurés, on a le sentiment que c’est la mélodie qui compte le plus en fin de compte avec des refrains très accrocheurs. Rester accessible est quelque chose d’important pour vous ?

Oui ! Ce qui compte c’est la chanson ! C’est très fourni, car il y a beaucoup de choses qu’on n’entend pas forcément à la première écoute. Mais on voulait quelque chose d’assez digeste et d’immédiat dans le ressenti. C’est vrai que c’est complexe, mais la mélodie doit rester en tête. Sur cet album, on a eu envie d’aller chercher le côté chanson en étant peut-être plus direct. Mais ça reste très, très complexe. Il y a beaucoup de choses improbables quand on tend bien l’oreille.

L’album de 6:33, « Feary Tales For Strange Lullabies – The Dome » est disponible depuis le 1er octobre chez 33 Degrees/Universal Music France/Wormholedeath Records.

– L’album bénéficie d’une grosse production et surtout d’arrangements très soignés, ce qui est d’autant plus remarquable que vous êtes sept dans le groupe. Comment s’est passé l’enregistrement et surtout de quelle manière avez-vous articulé la composition pour obtenir un résultat aussi complexe ?

C’est notre guitariste Nicolas (Pascal : guitares, claviers, chant et mise en scène – NDR) qui compose toute la musique jusqu’aux lignes de chant, et je pose ensuite le texte dessus. Emmanuel (Rousseau : claviers et programmation des percussions – NDR), qui n’est plus dans la formation live du groupe, a aussi travaillé sur la création de l’album. Nous avons juste travaillé avec des personnes extérieures pour le mastering. Tout le reste, nous l’avons réalisé nous-mêmes.

– Depuis des mois, nous vivons une période assez sombre pour le monde du spectacle en général. Comment est-ce qu’on fait pour composer un album qui transpire autant la bonne humeur ?

(Rires) Peut-être que c’est aussi ce qui nous permet de passer cette période ? Cela dit, la composition avait commencé avant. Je crois que nous sommes tous, dans le groupe, très joyeux et positifs. On est une bande de sales gosses qui s’adorent ! Ensuite, si tu continues de t’attarder sur ce monde de fous, tu deviens dépressif ! Alors, pour lutter contre ça, rien de mieux que 6:33 ! (Rires)

– Il y a eu aussi quelques changements de line-up avec notamment l’arrivée d’un nouveau batteur, d’un nouveau bassiste et le retour avec une présence plus importante de Bénédicte au chant. Avec un tel registre musical, c’est difficile de trouver des musiciens qui partagent comme vous un univers aussi débridé ?

Ca n’a pas été simple de trouver un batteur et un bassiste (Cédric Guillo à la batterie et Manuel Gerard à la basse – NDR). Encore une fois, on a de la chance. On était également déjà amis, puisque nous avons joué ensemble dans d’autres groupes. Au moment des auditions, car on voulait que tout le monde puisse y participer, beaucoup se sont désistés, car la musique était trop complexe. Et puis, comme tu dis, il fallait que ces musiciens soient aussi éclectiques que nous et qui aiment autant la Funk que le Metal ou la musique de film. Ca n’a pas été simple, mais au final, il n’y a eu qu’un batteur et un basiste qui sont sortis du lot. Et humainement aussi, on se connaissait et s’appréciaient déjà. Enfin, il faut aussi avoir envie de faire cette musique-là et avoir le niveau technique requis. L’ouverture d’esprit est primordiale. Nous sommes tous bienveillants les uns avec les autres, il y a beaucoup d’amour dans ce groupe. On a tous cette volonté d’aller de l’avant dans une énergie positive et que nous voulons bien sûr transmettre. Et il y a peut-être aussi cette nostalgie de livrer cette musique des années 80 et 90 avec laquelle nous avons grandi.   

– Sur ce nouvel album, vous faites le grand écart entre des styles très variés, voire opposés. Il faut être sacrément ouvert d’esprit et avoir aussi une solide culture musicale pour  entrer dans votre univers. Vous n’avez jamais eu peur de perdre des fans en route, ou d’avoir des difficultés à en séduire d’autres ?

C’est vrai, mais je pense qu’aujourd’hui comme tout est très rapide et très éphémère, nous avons eu l’envie de rendre notre musique plus accessible et plus directe. C’est vrai qu’il faut creuser, ce que nous faisons aussi nous-mêmes. Peut-être que pour le public, ça vaut aussi le coup de faire cette démarche. Notre volonté était quand même de faire quelque chose de plus immédiat et de plus facile à aborder. On affine aussi notre patte, car on se connait aussi de mieux en mieux. Peut-être qu’on maîtrise aussi beaucoup mieux toutes nos influences.

– Jusqu’à présent, vous étiez masqués. Or, vous vous en êtes débarrassés, alors qu’on commence tout juste à voir la fin de la pandémie. C’est une sorte de pied-de-nez à la situation que l’on vit ? Montrer une liberté encore plus absolue ? 

En fait, on en avait marre des masques pour plein de raisons. Tout d’abord, ça nous coupait du public. On était plus dans la performance que dans l’échange, parce qu’il se passe aussi beaucoup de choses au niveau du visage à travers les expressions. Et puis, c’est assez contraignant. Ca nous amusait, car c’était un peu comme une pièce de théâtre. Lorsqu’on entrait sur scène, on avait les masques mais pas en dehors comme lors des interviews, par exemple. On n’était pas comme Daft Punk ou Slipknot. Et avec la pandémie où tout le monde a été obligé d’être masqué, ça n’était plus drôle. C’était le bon moment pour prendre ce virage avec le changement de line-up aussi. On s’est dit que les masques avaient fait leur temps, et que c’était plus cohérent avec ce que nous avions à proposer aujourd’hui. Sur les albums précédents, on avait un peu exploré le ‘Freak Show’ en jouant aux super-heros. C’était moins en phase avec ce nouvel album, et on voulait être plus proche de notre public.

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Metal Progressif

Dream Theater : Au-delà du supportable

On en viendrait presque à bénir le temps où, confinés et privés de concerts, il n’y avait que quelques albums très aboutis qui sortaient de temps en temps. Les ‘grosses’ machines, pour ne pas perdre de sous, nous ont laissé profiter de formations plus modestes dont beaucoup ont sorti de très bonnes choses. Et donc, revoilà DREAM THEATER qui déboule sur le devant de la scène avec un quinzième album d’un Metal Progressif longuet, surfait et hyper-démonstratif. Même Malmsteen serait gêné, parait-il…

DREAM THEATER

« A View From the Top of the World »

(InsideOut Music)

Autant éliminer les rancœurs d’entrée de jeu ! Pour commencer, le groupe américain refuse toutes interviews avec les journalistes qu’il ne connait pas. Je les ai pourtant interviewé plusieurs fois, mais bon… la mémoire, tout ça ! Les omégas 3 ! Bref, et puis, il y a cette histoire de profs de maths. Je pense que les seules personnes qui les aiment sont bonnes en maths. Ça doit être pour ça que nous ne sommes pas très proches. Et donc : DREAM THEATER, les profs de maths du Metal Progressif, font leur retour !

Donc après cette petite entrée en matière, revenons à « A View From the Top of the World », dont le titre n’est d’ailleurs pas sans prétention. Sept morceaux pour plus d’heure d’un Metal Progressif, qui s’étalent et n’emballent pas. DREAM THEATER reste un groupe très (trop) technique dans lequel les cinq musiciens se font tous plaisir chacun à leur tour, sans trop se préoccuper de l’auditeur. Car ce quinzième album des Américains est une sorte de supplice pour qui aurait le courage d’aller au bout. Ce que j’ai fait… trois fois !

Alors, je ne vais pas démonter l’album juste pour le plaisir et parce que je n’aime pas les maths, ce serait trop facile. Reconnaissons tout de même que la démonstration tourne rapidement au cauchemar avec des morceaux d’une longueur extrême en pénibilité. Cet étalage de gammes en tout genre est vite redondant. Au final, avec l’apport d’un producteur compétent, DREAM THEATER aurait du faire de « A View From the Top of the World » un bon EP d’une petite demi-heure, sans nous infliger une heure de cavalcades stériles et presque gênantes. Vivement les vacances !

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Hard-Core Post-Metal

Parlor : like or die !

Incisif et frontal, le HardCore de PARLOR semble avoir franchi un palier grâce à des nouveaux titres acérés et imposants, magnifiquement servis par une production aux petits oignons où rien n’est laissé au hasard. « Comments » montre un quatuor parisien très combatif et l’ensemble mérite bien un gros Like… ou un rapide commentaire !

PARLOR

« Comments »

(Source Atone Records)

Que la récente panne géante et mondiale de Facebook et de ses réseaux annexes a dû bien faire rigoler les membres de PARLOR ! Car sur « Comments », le quatuor passe au vitriol les addictions aux commentaires et autres Likes que beaucoup déversent au quotidien. Satirique et plein d’humour, ce nouvel EP pose un regard brutal, HardCore et décalé sur ce phénomène ambiant.

Après une démo (2017) et un album (« Softly » en 2019), c’est donc avec un EP six-titres de 20 minutes intenses que PARLOR refait surface. Si le combo revendique un Chaotic HardCore, ce sont surtout des morceaux bien ficelés, massifs et très structurés qui composent « Comments » (« Dive In Motion », « Fighting The Blue »). Le songwriting s’avère ici redoutable.

En se frottant au Punk HardCore et au post-Metal, PARLOR élargit encore un peu plus son spectre et s’ouvre bien des horizons (« Pervitine »). Grâce à un chant hargneux et volontaire, les morceaux du quatuor prennent un volume conséquent et la massive rythmique, ainsi que les riffs tranchants développent parfaitement l’ensemble (« Instacat », « Comments », « Q & A »). Moins chaotique, certes, mais plus mordant !

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Hard Rock Heavy metal

[Going Faster] : Lords Of Black / Wayward Sons

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

LORDS OF BLACK – « Alchemy Of Souls, Pt II » – Frontiers Music

Formé en Espagne en 2014, LORDS OF BLACK n’est autre que le groupe du chanteur Ronnie Romero (Sunstorm, The Ferrymen) qui œuvra aussi aux côtés du légendaire Ritchie Blackmore lors de la reformation de Rainbow. Autant dire que le frontman possède un solide bagage, qui prend une dimension incroyable sur cette deuxième partie de « Alchemy Of Souls », après un premier volume l’an dernier. Auteur d’une prestation puissante, faisant clairement penser à feu-Ronnie James Dio, il forme un formidable duo avec Tony Hernando (guitare, claviers, compositions). Et en quatuor, les Ibériques présentent un Heavy Metal racé et mélodique avec des passages progressifs très bien sentis. Epique et très bien produit, ce troisième opus vient hisser LORDS OF BLACK au rang des meilleurs groupes actuels du genre.

WAYWARD SONS – « Even Up The Score » – Frontiers Music

L’ancien chanteur des Little Angels, Toby Jepson, est de retour avec le troisième album de son groupe WAYWARD SONS. Et le chanteur, guitariste et producteur anglais livre de nouveau une prestation haute en couleur et terriblement Rock’n’Roll. Avec une énergie sans faille, le groupe assène un Hard Rock rafraîchissant et tonique en s’inspirant de ses références issues des 70’s et des 80’s. Loin d’être nostalgique ou passéiste, « Even Up The Score » est au contraire très actuel avec ce grain de folie présent jusque sur la pochette. Gros riffs et rythmiques sauvages accompagnent le frontman, dont le songwriting est aussi efficace et relevé que sa performance. WAYWARD SONS commence à s’inscrire dans la durée et de belle manière. Les Britanniques épatent !

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Hard Rock Rock

The Warning : des voyants au vert

Grace à une constante évolution depuis « Escape The Mind » en 2015, les Mexicaines de THE WARNING se sont forgé une solide réputation dans le milieu du Rock. Avant de sortir un album très attendu l’an prochain, le trio de Monterrey livre un EP de six titres, « Mayday », inspiré et explosif, et qui devrait séduire les foules.

THE WARNING

« Mayday »

(Lava Records)

Si les fratries sont assez fréquentes dans le monde du Rock, les sororités le sont beaucoup moins. Et c’est le cas pour les sœurs Villareal, Daniela (guitare, chant), Paulina (batterie, chant) et Alejandra (basse, chant), qui, depuis quelques années, font vibrer leur Mexique natal et même au-delà. Avec un troisième album à venir en 2022, THE WARNING monte doucement en volume.

En raison de la pandémie, le trio féminin se présente avec « Mayday », un EP de six titres dont on retrouvera les morceaux sur le futur opus qui en comptera le double. Enregistré aux Etats-Unis dans le New-Jersey avec le producteur David Bendeth (Of Mice And Men, Sleeping With Sirens) aux manettes, THE WARNING déroule un power Rock très Hard plutôt costaud.

Disponible uniquement sur les plates-formes en attendant l’album, « Mayday » compte de solides compositions (« Disciple », « Evolve », « Z ») aux refrains très accrocheurs et percutants (« Choke », « Aminosity »). Les Mexicaines ont un vrai talent pour les refrains entêtants, tout en privilégiant une belle puissance de feu à de la technique pure. THE WARNING s’apprête à entrer dans la cour des grand(e)s.  

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Blues Soul / Funk

Zac Harmon : l’âme du Mississippi

ZAC HARMON est l’incarnation-même du son du Mississippi et il transmet un puissant message Soul de son Blues. Guitariste hors-pair, brillant chanteur et songwriter très instinctif, son talent resplendit sur ce nouvel album, « Long As I Got My Guitar », aussi expressif que soyeux et captivant. Sur les dix morceaux, la douceur est électrique et lancinante.

ZAC HARMON

« Long As I Got My Guitar »

(Catfood Records)

Né à Jackson dans le Mississippi, ZAC HARMON a baigné depuis son plus jeune âge dans le Blues et c’est très naturellement qu’il embrasse une carrière professionnelle dès ses 16 ans. C’est en tant que guitariste qu’il fait ses premières armes avant de s’envoler pour Los Angeles où il travaille comme musicien de studio, puis auteur-compositeur et enfin comme producteur.

Il faut attendre 2003 pour le bluesman sorte son premier album solo, « Live At Babe & Ricky’s Inn », un véritable hommage au son et à la musique de son Mississippi natal. Aujourd’hui basé au Texas, ZAC HARMON sort son premier album sur le label Catfood Records, dont le propriétaire, Bob Trenchard, co-signe d’ailleurs plusieurs morceaux de ce très bon « Long As I Got My Guitar ».

Accompagné par le groupe The Rays et ses deux incroyables choristes, l’Américain distille un Blues contemporain mêlé à ses racines familiales, ainsi qu’à une Soul aussi douce que son jeu est électrisant. Doté d’une voix profond et chaude, ZAC HARMON se pose en virtuose de la six-cordes, et son feeling n’a d’égal que sa dextérité. « Long As I Got My Guitar » est tout simplement envoûtant et apaisant.

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France Metal Rock

No One Is Innocent : un combat politiquement Rock [Interview]

C’est avec un dixième album et une sérieuse envie d’en découdre que se présente NO ONE IS INNOCENT avec « Ennemis ». Près de 30 ans après leur formation, les Parisiens n’ont pas levé le pied et continuent leur ‘Combat Rock’, imperturbables aux modes et plus que jamais attentifs à notre société. Kemar, emblématique chanteur du groupe, revient sur l’élaboration de ce nouvel opus et livre aussi sur sa vision d’une époque en perdition. Le frontman a une fois encore trempé une plume acide, afin de livrer des textes engagés et directs. Entretien.

– Commençons par le titre de ce nouvel album, « Ennemis ». D’autres groupes s’y sont déjà essayés, mais il était toujours question de fiction ou d’histoires. Or là, vous les pointez du doigt certaines choses, laissant place à la réalité. Certes, vous êtes un groupe engagé depuis vos débuts, mais on vous sent beaucoup plus virulents. Et « Ennemis » est un titre très violent quand on y pense, non ?

C’est finalement un titre qui est en rapport avec l’évolution de la société médiatique, politique et économique… Il y a dans tous les titres cette notion d’ennemis qui transpire un peu à chaque fois, comme dans « Force du Désordre », « Humiliation », « Bulldozer »… En fait, ça revenait dans les discussions qu’on avait entre nous, et j’ai un peu synthétisé tout ça. Et puis, on a aussi senti qu’en ce moment il y avait des gens qui avaient une espèce de désir d’exister absolue avec cette tentation permanente de désigner un ennemi. Aujourd’hui, on existe constamment en désignant un ennemi ! Je pourrais t’en citer plusieurs qui sont justement dans cette position. On ne désigne plus les amis et c’est hyper-dérangeant.  

– En parlant de cet engagement que vous nourrissez depuis votre premier album, j’ai l’impression que c’est votre disque le plus politique, au sens noble du terme, jusqu’à ce jour. L’état de la société et le comportement de certains sont au cœur d’ « Ennemis ». Et vous dressez un constat, que je partage, très sombre et aussi très colérique pour ne pas dire plus. Il est grand temps de se réveiller ?

Oui, par rapport à des choses qu’on a banalisé. Aujourd’hui, on laisse une Marine Le Pen dire tout et n’importe quoi, on laisse un Zemmour aux télés, aux radios et à la candidature présidentielle, alors qu’il a été condamné pour incitation à la haine raciale et on laisse un Sarkozy faire la promo de son bouquin, alors qu’il a pris un an de prison ferme ! Il y a des choses dans la fonction politique qui déconnent et on banalise tout ça. On aurait pu donner à cet album un titre autour de la banalisation de plein de choses. C’est vrai qu’avec notre musique, on essaie de pointer du doigt tout ça pour alerter un peu.

– Depuis la sortie de « Frankenstein » il y a maintenant trois ans, notre société a subi beaucoup de choses, qui vont de la pandémie bien sûr jusqu’aux actions gouvernementales en France, mais aussi partout dans le monde (George Floyd, Black Live Matters, …). On ne vous a rarement senti si vindicatifs et rageurs. Et pourtant, on a encore le sentiment que vous en avez encore sous le pied. « Ennemis » aurait presque pu être beaucoup plus long, non ?

Oui, mais nous ne sommes pas le supermarché de l’engagement ! Ce qui nous importe avant tout, c’est d’écrire de la bonne musique ! C’est notre métier à la base. Sans bonne musique, a cappella, je ne ressemble à rien, tu vois ? (Rires)

– Sur « Ennemis », on retrouve Charles de Schutter à la production avec Shanka. C’est lui qui avait réalisé « Drugstore » (que je considère d’ailleurs comme votre meilleur album) et on retrouve ce son direct, brut et très massif. Là encore, il n’y a aucune fioriture et des arrangements très efficaces. On sent une certaine urgence dans vos morceaux. C’est ce que vous aviez en tête dès le début de la composition, puis de l’enregistrement ?

C’est très bizarre, car nous avons beaucoup composé pendant la période de confinement. Dans notre rythme, il n’y avait pas de notion d’urgence. Nous nous sommes focalisés sur le son en nous demandant ce que nous pouvions écrire et ce qui pourrait nous surprendre. Shanka est allé chercher un peu du côté des musiques orientales et indiennes notamment. Peut-être que les gens ne vont pas capter toute de suite ces influences-là, mais en tout cas, elles ont été déterminantes sur « Force du Désordre », « Armistice » ou certains mouvements dans « Les Hyènes de L’info », par exemple. On voulait aller chercher un peu ailleurs pour les intégrer aux compos et pas forcément seulement au son.      

– Cela n’empêche nullement le gros travail que vous avez effectué sur la production, qui est très soignée. Et puis, il y a cette irrésistible impression d’énergie live et toujours très fédératrice et communicative. Vous pensez à la scène en composant vos morceaux, car certains refrains vont faire très mal…

On a un mode de fonctionnement bien à nous. Il faut aussi savoir que nous sommes toujours de l’école du riff. On cherche encore le riff ultime, c’est toujours notre démarche. Il faut que la compo, à un moment donné, fasse bouger le chanteur physiquement. C’est un mot d’ordre chez nous. Tout le monde le sait et tout le monde le sent. Quand je commence à ressentir quelque chose, c’est que c’est bon.

– Il y a aussi « Armistice », qui se place au milieu de l’album et qui est une sorte d’interlude. Pourtant, et malgré son titre, on ne sent pas beaucoup de sérénité…  

Il l’est dans le sens où, tout autour, c’est la guerre. Au départ, j’avais proposé à Shanka de chanter un morceau avec moi, car j’aimais bien l’idée. Il n’était pas très chaud, alors je lui ai proposé de regarder parmi tous ses instruments quelque chose qui pourrait sortir de l’ordinaire. On avait comme référence « Planet Caravan » de Black Sabbath. Et comme depuis quelques temps, il s’est mis à la viole de gambe, et qu’il est extrêmement doué, on lui a laissé toute liberté, car ça nous plaisait beaucoup et nous avions aussi besoin d’un morceau comme ça.  

– A propos de scène, vous qui donnez l’impression de ne jamais vous arrêter, le confinement, puis la privation de concerts, ont dû avoir un énorme impact sur le groupe. Comment avez-vous vécu cette (trop) longue période de repos forcé ?

On a eu de la chance, parce que nous avons terminé la tournée fin 2019 et quand le confinement est arrivé, on avait déjà commencé à composer un peu le nouvel album. On n’a pas du tout ressenti de frustration live, parce qu’on était pleinement dans l’élaboration d’ « Ennemis ». Finalement, ça a été un moment de réflexion. Personnellement, ça m’a fait beaucoup de bien, car j’ai besoin que mon corps et mon cerveau soient hyper-posés pour être bien et composer. Paradoxalement, ce confinement nous a fait du bien.

– D’ailleurs, je me posais la question récemment. Je vous suis depuis vos tout débuts et c’est toujours assez difficile de nous définir. Rock, Hard-Core ou Metal, votre leitmotiv reste le combat, la revendication et surtout la prise de conscience, non ? C’est quelque chose qui ne vous quitte pas…

Oui, c’est vrai. Dans une démarche de compo, je dis souvent aux gars qu’il faut que notre musique raconte une histoire. Même si j’ai des thèmes dans mes tiroirs, j’ai besoin que l’instrumental raconte déjà une histoire. C’est ça qui fait qu’on arrive à donner un vrai liant entre ce qui est raconté et ce qui est joué.

– « Ennemis » est aussi votre dixième album studio. C’est toujours un cap particulier dans la carrière d’un groupe, car il marque une étape importante. Vous y avez pensé, ou pas du tout ? Vous aviez la volonté de marquer encore plus les esprits avec « Ennemis » ?

Non, on n’est pas dans le comptage ou la nostalgie. L’album n’est pas plus important qu’un autre. Il marque l’histoire d’un groupe qui est ensemble depuis des années, qui construit ensemble et qui se connait bien. Nous avons une façon de composer apaisante. Il n’y a pas d’histoire égo entre nous, car on cherche le meilleur de nous-mêmes. C’est juste la bonne évolution d’un groupe qui aime faire de la musique ensemble.

– En 2021, la scène musicale française n’est plus aussi contestataire ou engagée comme elle a pu l’être par le passé, alors que nous vivons dans une société de plus en plus inégalitaire. Comment l’expliques-tu, alors que les intérêts ont changé pour devenir essentiellement individuel au détriment du bien-être collectif ?

Il y a une grosse influence des réseaux sociaux. La consommation de la musique n’est plus la même, on est plutôt dans la quantité que dans la qualité. Aujourd’hui, il faut produire, produire, produire… On est peut-être moins dans l’exigence au niveau de la qualité de la musique. Après, l’engagement fait partie de l’ADN d’un groupe, ou pas…

– Oui, mais pourtant dans les années 80 et 90, c’était quand même autre chose…

Oui, c’est vrai. On était aussi poussé par des groupes comme Rage Against The Machine, Nirvana et d’autres qui ont été moteurs à leur façon d’un certain engagement propre à chacun d’eux. Et malheureusement, il y a aussi eu l’avènement d’un Hip-Hop, d’une Trap Music qui ne veut plus rien dire, qui n’explique plus rien, qui se noie dans de la prod’ minimaliste et des textes qui n’ont plus de sens. Alors, tout d’un coup, tu as une nouvelle génération très influencée par tout ça et qui se perd dans une espèce de truc mielleux et mièvre. Finalement, c’est très contradictoire car, aujourd’hui, il devrait y avoir de la colère partout. Cela dit, l’exposition médiatique de musiques comme la nôtre ou d’un Hip-Hop un peu rageur n’existe pas, parce qu’il faut que ce soit lisse, il ne faut pas que ça déborde et il ne faut pas trop d’engagement. En fait, ça ne donne peut-être pas envie à une nouvelle génération d’aller vers cette forme-là de musique, parce qu’ils savent pertinemment qu’ils vont rester dans une niche et dans l’ombre. Nous, ça fait 30 ans qu’on est là. On s’est construit autour de ça et c’est peut-être plus facile d’être écouté par rapport à un groupe qui commence aujourd’hui, ou même il y a cinq ans.

« Ennemis » de NO ONE IS INNOCENT est disponible depuis le 1er octobre chez Verycords.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Hard Rock

[Going Faster] : Eclipse / Jeff Scott Soto

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

ECLIPSE – « Wired » – Frontiers Music

Sur la lancée et la belle dynamique du très bon « Paradigm » sorti en 2019, les Suédois d’ECLIPSE semblent à un sommet de leur carrière. Musicalement musclé et massif, « Wired » confirme l’élan du quatuor et sa maîtrise d’un Hard Rock à la fois mélodique et puissant. Erik Martensson (chant) et ses comparses ont écumé les scènes du monde entier ces dernières années et cela s’en ressent fortement dans la composition très live et énergique de ce neuvième album studio. Les onze titres de « Wired » s’inscrivent dans un registre où la tradition côtoie la modernité et où les riffs acérés rivalisent avec des solos millimétrés et des refrains entêtants et fédérateurs. ECLIPSE a visé juste et tape dans le mille avec un opus vigoureux et enthousiasmant.   

JEFF SCOTT SOTO – « The Duets Collection – Volume » – Frontiers Music

Des deux premiers albums de Malmsteen à son arrivée récente chez Sons Of Apollo, la carrière du frontman JEFF SCOTT SOTO suit admirablement son cours et est même plutôt ascensionnelle. L’Américain d’origine portoricaine ne laisse jamais indifférent et les fans de Talisman, Soul Sirkus, Eyes, Axel Rudi Pell, Humanimal ou Journey et Takara peuvent en témoigner. Et si le chanteur a décidé de reprendre quelques uns des morceaux qui ont émaillé son parcours, il le fait en duo avec quelques amis triés sur le volet. On retrouve donc avec plaisir Erik Martensson (Eclipse), Eric Martin (Mr Big), Nathan James (Inglorious), Deen Castronovo (Journey), Russell Allen (Symphony X), Johnny Gioeli (Hardline) ou encore Mats Leven (Candlemass). Implacable et brillant, JEFF SCOTT SOTO a sorti le grand jeu.   

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Death Metal

Toward The Throne : compact et ténébreux

Technique et puissant, ce premier album de TOWARD THE THONE est le fruit d’années de travail de la part du quatuor. Inspiré et très bien produit, « Vowed To Decline » offre un Death Metal, qui tend vers des registres atmosphériques et même Black avec des côtés épiques très dark. Solides et massifs dans leur jeu, les Français posent une véritable chape de plomb.  

TOWARD THE THRONE

« Vowed To Decline »

(Metal East Production)

Les Alsaciens de TOWARD THE THRONE ne sont pas du genre à se précipiter et la sortie de ce premier album leur donne vraiment raison. Fondé en 2012, le quatuor a déjà sorti deux EP, mais s’est surtout consacré à la scène se forgeant ainsi une belle réputation. Loin d’être usurpée, celle-ci resplendit sur « Vowed To Decline » d’où émanent de nombreuses sensations. 

Si les influences suédoises sont bel et bien présentes, TOWARD THE THRONE a cependant parfaitement réussi à se créer une identité propre et originale en jouant sur les émotions et les ambiances. Cela dit, le Death Metal atmosphérique des Français sait aussi se faire brutal en injectant dans son jeu une bonne dose de sonorités Black très lourdes, sombres et véloces.

Mixé par Gwen Kerjean au Slad Sound Studio (Loudblast) et masterisé part Victor Bullok au Woodshed Studio (Celtic Frost, Pestilence), « Vowed Ton Decline » présente une très bonne production, qui brille aussi par la puissance, la précision et la minutie de TOWARD THE THRONE (« Neogenesis », « The Ashes Of Pain », « Per Ignes Mortuus », « The Sorrow », « The Inevitable Trail Of The Fall »). Le quatuor a vu et fait les choses en grand.