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Heavy metal Progressif

Witherfall : chauffé à blanc

Lorsque quatre virtuoses décident de se défouler et de n’en faire qu’à leur tête, ça peut vite tourner au cauchemar… ou au mal de crâne. Avec WITHERFALL, c’est plutôt une explosion de mélodies mêlées à une technique et un groove hors-norme qui prend le dessus. Animés par une rage très virulente, les Californiens sont venus pour en découdre et « Curse Of Autumn » fait ressortir toute la classe de cet incroyable quatuor.   

WITHERFALL

« Curse Of Autumn »

(Century Media)

En seulement deux EP et ce troisième album, WITHERFALL s’est fait une place de choix dans le paysage Metal. Terriblement Heavy, un brin vintage, hyper-technique et très mélodique, le quatuor américain s’est créé un univers autour d’un style unique et original. Il faut dire qu’avec un line-up et une équipe pareille, le quatuor est à même d’en laisser plus d’un sur le carreau. Et pourtant, les Californiens sont en colère et « Curse Of Autumn » a été conçu dans l’optique de régler certains comptes et d’exorciser leur exaspération.

Avec pour ambition d’enterrer littéralement tous ceux qui ont entravé leur parcours, la formation menée par le chanteur et claviériste Joseph Michael et l’incroyable guitariste Jake Dreyer se fait franchement plaisir. Accompagné par Marco Minnemann (Demons & Wizards) derrière les fûts et Anthony Crawford et son groove légendaire à la basse fretless, le duo prend le taureau par les cornes et s’abat comme la vérole sur le bas-clergé… WITHERFALL n’en fait qu’à sa tête en brouillant sans cesse les pistes.

Faisant sans trembler le grand écart entre un Heavy Metal musclé, un Metal Progressif très structuré et un Technical Thrash totalement débridé, les Californiens en rajoutent et ne se perdent jamais. Breaks et ponts à perte de vue, solos à faire pâlir un Malmsteen (« The Last Scar ») et longs titres épiques (« And They All Blew Away », « Tempest »), WITHERFALL met tout le monde à terre entre demonstrations hallucinantes et mélodies radieuses (« As I Lie Awake », « Curse Of Autumn », « The Other Side of Fear »). Juste éblouissant !

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Heavy metal Progressif

Nawather : l’Orient à portée de riffs

La forte empreinte de ses racines rend le Metal Progressif de NAWATHER aussi expressif que racé. Ayant trouvé le juste équilibre avec ses traditions, le sextet tunisien présente un deuxième album aussi massif que délicat, où le duo vocal se fond dans des sonorités orientales malmenées par des riffs de guitares imposants et une rythmique déchaînée. 

NAWATHER

« Kenz Illusion »

(M&O Music)

Depuis 2013, NAWATHER fusionne un Metal Progressif avec de fortes influences puisées dans la musique traditionnelle de son pays, la Tunisie, Après un très bon premier album, « Wasted Years », le quintet signe un deuxième opus encore plus incisif et porté sur ses origines autant que sur un registre puissant et explosif. « Kenz Illusion » allie sonorités orientales et growl massif avec brio.

Mené par la voix puissante et envoûtante de sa chanteuse et ponctuée par les soubresauts presque Death de son chanteur, le groupe doit l’enregistrement de ses nouveaux morceaux à son bassiste. NAWATHER a ensuite confié les pistes à un maître du genre : Fredrik Nordström dont le mix est encore une fois un travail d’orfèvre, et le Scandinave a même su s’orientaliser pour rendre « Kenz Illusion » aussi captivant que percutant.  

Sur les bases d’un Metal Progressif assez technique et efficace, le sextet est parvenu à garder son jeu très accessible et l’utilisation du kanoun (instrument à cordes pincées de la famille des cithares sur table) sur l’essentiel de l’album offre un résultat étonnant. Combinant l’ensemble à merveille avec les riffs acérés de son guitariste, NAWATHER affiche une belle originalité (« Breath Of Jasmin », « Falleg », « Immortal Greed »).

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Heavy metal Progressif

Evergrey : la belle envolée

Depuis 1998, EVERGREY trace son chemin avec brio. Trop souvent comparé à Symphony X et Dream Theater, le quintet suédois a facilement trouvé sa voie et parfaitement su imposer un style très personnel. « Escape Of The Phoenix », douzième album du groupe, est à classer parmi les meilleurs de sa discographie.

EVERGREY

« Escape Of The Phoenix »

(AFM Records)

Etonnamment, Tom Englund, le chanteur et guitariste d’EVERGREY, est l’un des rares à avoir apprécié 2020 ! Le leader du groupe a profité de cette période confinée pour se concentrer sur l’écriture et l’enregistrement de ce douzième album. Et les Suédois ont pris leur temps pour concocter ce « Escape Of The Phoenix », qui fait partie des grands millésimes du quintet.

Suite à la trilogie qui a assis sa notoriété, EVERGREY a décidé de revenir avec un opus plus classique dans la forme, laissant de côté les concept-albums. Et la puissance et l’énergie qui émanent de l’album confirment de la grande forme du combo, qui n’a pas pour autant délaisser le côté dark de son style et qui a fait sa réputation. Tout en percussion et sur près d’une heure, les Scandinaves régalent.

Comme toujours la performance vocale de Tom Englund et le jeu de Jonas Ekdahl à la batterie (les pères-fondateurs) illuminent l’album de même que les solos racés et mélodiques d’Henrik Danhage. Irrésistible sur « Forever Outsider », « In Absence Of Sun » et maître du crescendo suer le mid-tempo « Where August Mourn », EVERGREY accueille même James LaBrie de Dream Theater sur le très relevé « The Beholder ». Solide et inspiré.

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Heavy metal

Wizard : les guerriers du Metal

Plus de 30 ans de carrière pour WIZARD qui n’a pas bougé d’un iota et semble même respirer le Heavy Metal à pleins poumons. Le quintet allemand reste fidèle à ses bonnes habitudes : efficaces, rentre-dedans et des refrains à faire hurler les stades. « Metal In My Head » est destiné à tous les guerrières et guerriers que le Metal fait toujours rugir.

WIZARD

« Metal In My Head »

(Massacre Records)

Avec « Metal In My Head », le quintet allemand affiche la couleur : retour à un Heavy Metal pur et dur, un vrai son de batterie (merci !) et des riffs en cascade. Et il faut bien avouer qu’avec ce douzième album studio, WIZARD vient remettre bien des pendules à l’heure en affichant une puissance de feu à faire pâlir leurs éternels rivaux : Manowar. Ca va vite et fort !

Le combo de métalleux accueille également Tommy Harting à la guitare en lieu et place de Sascha Visser, et il est tout aussi brut et sans fioriture que son prédécesseur. Pour la production, WIZARD ont fait appel à son vieil ami Martin Buchwalter (Tankard, Destruction, …) pour une production massive et compacte. Pas vraiment le temps de souffler (« We Fight »).

Musicalement, pas de surprise non plus : les Teutons livrent un Heavy Metal authentique, direct et dans la droite lignée de la tradition germanique. Enregistré pendant la pandémie, avec le soutien de Jack Daniel’s Old No .7, l’album est une ode à l’amour du groupe pour son style de prédilection (« Metal Feast », « Victory », «  Metal In My Head » « 30 Years Of Metal »).

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Heavy metal

Marble : les sept péchés capitaux

Après des années de silence, MARBLE présente sa nouvelle mouture avec un solide album de Metal racé. Bien aidés par leur frontwoman, les Italiens ont axé « S.A.V.E » sur une thématique autour des sept péchés capitaux. Agressif et mélodique, le sextet transalpin s’en sort plutôt bien. Malgré une production peu concluante, l’exercice est assez réussi.

MARBLE

« S.A.V.E »

(Sliptrick Records)

Après quelques remaniements, MARBLE repasse à l’attaque avec un nouvel album et un Metal mélodique qui, lui aussi, s’est étoffé. Cependant, les Italiens peuvent nourrir quelques regrets quant à la production de « S.A.V.E », qui n’est franchement pas à la hauteur. Le mastering opaque vient occulter la qualité des compositions et c’est vraiment dommage.

Question nouveauté, MARBLE accueille un nouveau batteur aussi véloce que musclé, tandis qu’Eleonora Travaglino est la nouvelle frontwoman du sextet. Puissante et présentant une belle palette vocale, la chanteuse offre un beau contraste avec des guitares tranchantes et une rythmique soutenue. Musicalement, « S.A.V.E » est bien équilibré et les mélodies soignées.

Le registre très Heavy metal à tendance Power et très légèrement symphonique s’inscrit dans la lignée des formations qui mettent en avant leur chanteuse. Pourtant, MARBLE est plus percutant que beaucoup de groupes et les riffs acérés et les growls apportent un relief très dynamique à l’ensemble. Sans signer l’album de l’année, MARBLE montre un fort potentiel qu’une meilleure production aurait bien aidé.

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Heavy metal

Todd La Torre : première escapade en solo

Privé de tournée avec son groupe Queensrÿche, TODD LA TORRE s’est pas resté les bras croisés et surgit avec son premier album solo, « Rejoice In The Suffering ». Sans surprise, l’Américain navigue entre Heavy Metal, passages progressifs et Thrash avec la fougue qu’on lui connait. Et l’ensemble, bien réalisé, est une belle réussite.

TODD LA TORRE

« Rejoice In The Suffering »

(Rat Pak Records)

Depuis 2013, TODD LA TORRE est le frontman de Queensrÿche, avec qui il a déjà enregistré trois albums, suite au très mouvementé départ de Geoff Tate,. Faute de tournée avec son groupe, l’Américain a mis au profit la situation sanitaire pour mettre les dernières touches à son album, le premier du chanteur en solo. « Rejoice In The Suffering » sort donc dans cette drôle de période et la surprise est plutôt bonne.

Ecrit en collaboration avec son ami Craig Blackwell, qui s’est chargé des guitares, de la basse et des claviers, on retrouve TODD LA TORRE au chant, bien sûr, mais aussi à la batterie. Et le résultat est largement à la hauteur des attentes. Et bien aidé à la production et au mix par Chris ‘Zeuss’ Harris (Hatebreed, Crowbar, Heathen, …), ce premier album a plutôt fière allure entre un Heavy Metal assez classique et des touches progressives, bien sûr.

Dans un Metal très actuel, le frontman livre des titres très percutants et presque Thrash (« Vanguards Of The Dawn Wall », Hellbound And Down »), tout en prenant soin de distiller de belles mélodies (« Crossroads To Insanity »). Mais il ne serait question pour TODD LA TORRE de négliger le registre Progressif dans lequel il excelle (« Darkened Majesty », « Vexed »). Polyvalent et réjouissant, « Rejoice In The Suffering » est une belle surprise.  

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Folk/Americana Heavy metal

Korpiklaani : au-delà du folklore

Après l’ambiance pub et pintes de bière des albums précédents, place à une déferlante de gros riffs et à un nouveau batteur qui propulsent KORPIKLAANI dans un style Heavy Metal plus marqué. Sans délaisser son côté Folk grâce au violon et à l’accordéon toujours très présents, les Finlandais livre un album frais, festif et dynamique.

KORPIKLAANI

« Jylhä »

(Nuclear Blast)

KORPIKLAANI prend un virage important avec ce nouvel album. Jonne Jävelä, leader et tête pensante du sextet, et ses hommes semblent avoir laissé derrière eux le registre très ‘chansons à boire’ pour axer « Jylhä » dans un style plus Metal, bardé de riffs efficaces, costauds et très Heavy. Et le nouveau batteur du combo, vif et puissant, donne un visage nettement plus vigoureux à ce nouvel opus.

Toujours chanté en Finnois, les morceaux du groupe restent pourtant dans un registre Folk, où les histoires ont une place importante dans la narration des nouveaux titres. Et puis, KORPIKLAANI continue de mettre en avant le violon et l’accordéon sur ce « Jylhä », ce qui continue de maintenir cette ambiance toujours aussi festive. Car les Finlandais n’entendent pas pour autant donner un ton grave à leur musique.

Dès le titre d’ouverture, « Verikoira », le groupe donne le tempo avec une double grosse caisse très présente et de grosses guitares. Plus qu’une sensation, on retrouve cette même fougue sur le reste de l’album, qui reste aussi fédératrice et enthousiasmante (« Tuuleton », « Miero », « Anolan Aukeat », « Leväluhta »). Dans un registre proche, KORPIKLAANI rappelle beaucoup Skyclad dans une version moderne, mais moins inspirée.

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Heavy metal Progressif

Amon Sethis : un concept-album pharaonique

Très orchestré et épique, ce nouvel opus des Grenoblois d’AMON SETHIS se montre à la hauteur de l’histoire pharaonique qu’il embrasse pour la troisième fois. Spécialiste des concept-albums, le sextet livre un Metal Progressif et Symphonique flirtant avec le Power. Les Français ont vu et réalisé les choses en grand.

AMON SETHIS

« Part 0 : The Queen With Golden Hair »

(Independant)

Passionné par l’Egypte ancienne et surtout la septième dynastie des pharaons, Julien Tournoud (chant) met toute son énergie et sa créativité depuis 2007 au profit d’AMON SETHIS, entité métallique basée à Grenoble. Après un EP et deux concept-albums, le groupe livre un troisième volet qui se trouve pourtant être le prequel des deux autres dans la chronologie.

« Part 0 : The Queen With Golden Hair » plonge donc dans la genèse des précédents opus. AMON SETHIS déploie toujours un Metal Progressif très symphonique aux fulgurances Power, qui offrent une belle profondeur à l’ensemble. Très narratif, ce nouvel album montre beaucoup de puissance et des arrangements très soignés aux saveurs orientales bien sûr.

Très bien produites, les 15 plages sont très orchestrées sans être trop chargées et laissent place à des morceaux explosifs (« The Rise of Aoutef’s Army », « Mask of Wrath »). Sur ces compositions variées, AMON SETYHIS semble s’être aguerri depuis que le groupe a partagé la scène de Myrath, Vanden Plas ou Caligula’s Horse, et livre de beaux titres (« From Dust to the Stars »).

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Heavy metal

Gengis Khan : en pleine conquête

Deuxième album de GENGIS KHAN avec « Colder Than Heaven » qui présente un Heavy Metal traditionnel, pur et dur, empruntant autant à la fougue italienne qu’à la rigueur du jeu germanique. Le quatuor transalpin allie puissance et mélodie, déjà fort d’une belle expérience.  

GENGIS KHAN

« Colder Than Heaven »

(Steel Shark Records)

Après la Colombie, c’est cette fois en Italie que nous emmène le jeune label français Steel Shark Records pour une nouvelle découverte toute aussi Heavy Metal que la première. GENGIS KHAN est originaire de la région de Bologne et arbore fièrement un style assez classique, mais plein de fougue et d’une énergie communicative invitant à un chaleureux headbanging.  

Fondé et toujours guidé par Frank Leone, chanteur et bassiste du groupe depuis ses débuts en 2011, GENGIS KHAN a déjà un album et une démo digipack à son actif. Et « Colder Than Heaven » fait aussi un peu figure de renaissance pour les Italiens, qui évoluent aujourd’hui sous une formule en quatuor percutante et bien équilibrée.

Dans un registre Heavy Metal pur et dur rappelant autant la NWOBHM que la scène allemande, les Transalpins proposent sept nouveaux morceaux relevés et solides (« Colder Than Heaven », « Reinventing The Fire », « Taken By Force »). Et comme la tradition n’exclue pas la modernité, loin de là, GENGIS KHAN ne manque pas de créativité (« Time To Kill », « He’s The King »).

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Heavy metal

Phantom Elite : explosif et mélodique

Preuve que les frontières ont tendance à disparaître, PHANTOM ELITE est formé d’une chanteuse brésilienne et d’un groupe néerlandais, et la fusion opère bien sur ce deuxième album. « Titanium » fait suite à « Wasteland », et conforte le trio dans un Heavy Metal très moderne, saupoudré de notes symphoniques et progressives.

PHANTOM ELITE

« Titanium »

(Frontiers Music)

Depuis quelques années, on assiste à une recrudescence de groupes dont les frontwomen ont pris les rênes surtout dans un registre Symphonique d’ailleurs. Et c’est aussi le cas avec PHANTOM ELITE, dont le deuxième album « Titanium », voit le jour aujourd’hui. Et c’est la Brésilienne Marina La Torraca qui tient le micro, bien entourée de musiciens expérimentés qui, quant à eux, résident en Europe aux Pays-Bas.

Créé il y a six ans sous l’impulsion de l’ancien guitariste et producteur d’After Forever, Sander Gommans, PHANTOM ELITE évolue dans un registre Heavy Metal, où l’on retrouve autant d’aspects symphoniques que progressifs. Formé de Max Van Esch (guitare, basse), Joeri Warmerdam (batterie) et avec la participation de Koen Stam (Claviers), le trio sonne résolument moderne et offre de belles dynamiques.

Chanteuse au sein d’Exit Eden et en live avec Avantasia, Marina La Torraca fait preuve d’une grande diversité vocale, capable d’évoluer dans des registres hauts perchés comme plus puissants et clairs (« Conjure Rains », « Diamonds And Dark », « Titanium », « Silver Lining »). Les robustes riffs et la grosse rythmique offrent une force tout en efficacité à PHANTOM ELITE, qui livre un album très honorable.