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Blues Rock Soul / Funk

Phillip-Michael Scales : le talent en héritage

S’il suffisait d’être le neveu d’un géant du Blues pour en être un  soi-même, cela simplifierait beaucoup de choses. Conscient de l’héritage légué par son oncle BB King, qui ne manqua pas de l’encourager avec bienveillance à ses débuts, PHILLIP-MICHAEL SCALES trace sa route avec classe et élégance. Bien sûr, le Blues sommeillait en lui avant même qu’il ne s’y plonge vraiment, mais c’est dans un style plus Rock et Soul qu’il s’affirme sur ce « Sinner – Songwriter » de toute beauté.  

PHILLIP-MICHAEL SCALES

« Sinner – Songwriter »

(Dixiefrog/Pias)

Du neveu de la légende BB King, on aura pu s’attendre à un album de Blues pur et dur, mais PHILLIP-MICHAEL SCALES, même s’il accueille son héritage à bras le corps, en a décidé autrement en restant dans un registre très personnel. Avec « Sinner – Songwriter », c’est plutôt à un album de Rock très bluesy et Soul que nous convie le multi-instrumentiste, à travers 14 morceaux aux mélodies imparables, véritables remède à la morosité.

D’une voix limpide et puissante, PHILLIP-MICHAEL SCALES nous plonge dans un style à la fois langoureux, rythmé et solaire. Songwriter hors-pair, il a même donné un nom à sa musique : le ‘Dive Bar Soul’ et il faut reconnaître que ça lui va comme un gant. Façon road-trip, « Sinner- Songwriter » a été enregistré à Chicago et s’il ne s’inscrit dans la tradition de la ville, il en garde des effluves et des sonorités identifiables.

Avec beaucoup d’émotion et une énorme sensibilité, PHILLIP-MICHAEL SCALES s’investit d’une manière incroyable dans des morceaux aux éclats multiples (« O Hallelujah », « Go Easy On Me », «  Another Man’s Sin », « Tell Me How I Sound Again »). Comme un clin d’œil, l’Américain nous gratifie même d’un superbe duo avec un autre neveu de renom, Archie Lee Hooker, sur « When They Put Me In My Grave ». Incontournable, tout simplement.  

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Blues Soul / Funk

Joe Barr with Breezy Rodio : le même langage

Si une grande majorité des musiciens qui animent les hauts lieux musicaux de Chicago semblent tous incarner le Blues et la Soul de leur ville, il arrive aussi que certaines rencontres donnent naissance à des albums de très haute volée. JOE BARR et BREEZY RODIO mettent en commun leur dextérité et leur feeling au service d’une musique intemporelle et pleine d’émotion.

JOE BARR with BREEZY RODIO

« Soul For The Heart »

(Dixiefrog/Pias)

Alors qu’ils écument tous les deux les clubs de Chicago tout en se vouant une admiration réciproque depuis de longues années, la rencontre entre le grand pianiste et chanteur JOE BARR et le jeune guitariste BREEZY RODIO était attendue, sinon inévitable, le temps d’un album. Réunis en studio pour la première fois, les deux bluesmen livrent un moment unique et des sensations incroyables.

Redoutables performeurs pour qui la scène n’a plus de secrets, les deux hommes ont su transmettre sur disque l’instantanéité, le feeling et la fougue de leurs prestations live autour d’un (trop) court répertoire de dix morceaux qu’ils interprètent avec une magie de chaque instant. JOE BARR et BREEZY RODIO semblent avoir toujours joué ensemble, tant leur complicité saute aux yeux.   

Ouvrant les festivités avec « Drown In My Own Tears » de la légende Ray Charles, le duo s’applique donc à reprendre à son compte quelques standards triés sur le volet. Au menu : Tyrone Davis, Garland Green, BB King, Teddy Pendergrass, Jerry Butler et Johnny Taylor avec trois titres viennent garnir ce « Soul For The Heart », qui baigne avec une grande élégance entre Blues, Soul et Rythm’n Blues.

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Hard Rock Heavy metal

U.D.O. : façon rouleau compresseur

Imperturbable et inoxydable, Udo Dirkschneider reste un roc du Metal allemand depuis les années Accept, dont il demeure toujours la marque de fabrique et la véritable identité vocale. Avec U.D.O., le frontman poursuit l’aventure et sa carrière solo commence aussi à compter quelques classiques. Puissant et très actuel, « Game Over » s’inscrit dans la solide lignée Hard et Heavy teutonne.

U.D.O.

« Game Over »

(AFM Records)

Depuis qu’Accept n’est plus que l’ombre de lui-même, ça s’active sévèrement du côté de ses anciens membres. A commencer par son emblématique ex-leader et chanteur UDO. Et il faut croire que le Heavy Metal et le Hard Rock qu’il distille depuis des décennies lui vont plutôt bien car, à 69 ans, il reste vocalement irréprochable et ce n’est pas « Game Over », 17ème album du frontman, qui le démentira.

En plus de son fiston Sven derrière les fûts, l’Allemand peut compter plus que jamais sur ses deux guitaristes, Fabian Dee Dammers et Andrey Smirnov, dont la complémentarité est évidente et le colossal Tilen Hudrap à la basse. U.D.O. a fière allure et « Game Over », s’il fait une place de choix à son leader, se révèle être un très bon album de Heavy et de Hard Rock.

Toujours aussi robuste et dans la grande tradition germanique, le vétéran enchaine les morceaux comme autant de rounds (« Holy Invaders », « Prophecy », « Metal Never Dies »). Sur une grosse production, les riffs déferlent avec ardeur en parfait soutien et les solos ne sont pas en reste (« Midnight Stranger », « Speed Seeker », « Time Control »). Avec ténacité, U.D.O. trace sa route… pied au plancher.

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Hard-Core International Post-Metal

She Said Destroy : retour aux affaires [Interview]

Après deux albums et un dernier EP en 2012, les très prometteurs et novateurs norvégiens décident, selon les termes-mêmes du groupe, d’hiberner. Près d’une décennie plus tard, fidèle à son style si particulier et également à son label, SHE SAID DESTROY revient à la charge (c’est peu de le dire !) avec un nouvel album, « Succession », construit autour de morceaux composés en l’espace de 13 ans. Le post-Metal Hard-Core très Blackened des Scandinaves a conservé tout son volume et sa créativité. Anders Bakke, chanteur de la formation, nous en dit un peu plus.

Anders Bakke, chanteur du groupe

– On était sans nouvelle de SHE SAID DESTROY depuis « Bleeding Fiction » en 2012. J’imagine que chacun de son côté, tout le monde a continué la musique. Comment avez-vous passé ces dernières années ?

Ouais, on a mis du temps à se remettre sur les rails ! Nous n’avons jamais eu l’intention de faire une pause de huit ans, mais nous étions tous très occupés chacun avec nos propres projets, à la fois musicaux ou non. Le temps a juste passé. Pendant cette période, nous avons écrit de la musique lentement et régulièrement que nous avons mise de côté pour une utilisation future.

– Avant de parler de « Succession », je me suis rendu compte que le groupe avait presqu’autant d’années d’activité que d’inactivité. Ce n’est pas banal ! Vous vous considérez aujourd’hui comme un jeune groupe ou plutôt des vétérans au final ?

(Rires) Ouais, c’est vrai. Je suppose que nous nous considérons comme des vétérans, car nous avons été impliqués dans la musique depuis le début, même si SHE SAID DESTROY, en tant que groupe, a eu des temps d’arrêt. Cela dit, lorsque vous prenez presque 10 ans de congés dans le climat musical actuel, où les gens vous oublient dès qu’ils tournent la tête et que quelque chose d’autre apparaît dans leur fil d’actualité, vous êtes probablement considérés comme un nouveau groupe lorsque vous revenez. Surtout quand on vient de l’underground. Ce n’est pas comme si nous pouvions compter sur nos efforts passés pour que ce nouvel album fasse son chemin. Plus personne ne sait vraiment qui nous sommes ! (Rires)

– Votre nouvel album vient tout juste de sortir après huit ans de silence. Est-ce que SHE SAID DESTROY a conservé le même line-up, ou y a-t-il eu des changements de personnel ?

Les principaux membres et compositeurs, qui faisaient partie de la dernière moitié de notre période active (2006-2012) sont toujours là. C’est toujours moi, Snorre (guitare, basse, claviers – NDR) et Bjørn (Holmesland, composition et arrangements – NDR) qui formons le socle principal. Notre batteur, Sindre, fait son apparition pour la première fois sur un album de SHE SAID DESTROY, mais il a travaillé en étroite collaboration avec Snorre et Bjørn pendant plusieurs années sur d’autres projets.

L’album « Succession » de SHE SAID DESTROY est disponible depuis le 15 octobre chez Mas-Kina Recordings.

– « Succession » a été enregistré à Vilnius en Lituanie dans le studio de votre guitariste. Comment se sont passées les retrouvailles ? Il devait y avoir une grande motivation chez chacun d’entre vous, non ?

Oui, l’album a été enregistré au Ymir Audio entre janvier et février 2020. Je ne pense pas que cela ressemblait vraiment à une réunion, car nous ne jouions à aucun moment ensemble et les sessions d’enregistrement ne nous incluaient pas tous. Cet album est purement un projet de studio, où nous sommes restés en contact et avons discuté de l’avancement des sessions par mail et par téléphone. Je suis le seul à vivre encore en Norvège, donc je n’étais pas là pour les sessions d’enregistrement des instruments principaux. Mais j’avais fait la pré-production vocale moi-même avant de les rejoindre à la mi-février 2020.

Nous étions absolument motivés pour que tout soit opérationnel. Snorre et moi parlions de faire un autre album depuis plusieurs années, et en 2018/19, nous avons décidé qu’il était enfin temps. Heureusement pour nous que nous l’avons fait à ce moment-là, puisque le monde entier s’est arrêté quelques semaines seulement après les dernières sessions d’enregistrement. Je me souviens avoir vu beaucoup de masques dans les aéroports lors de mon retour en Norvège depuis la Lituanie, sans vraiment comprendre les implications de ce qui se passait.

– L’album est composé de morceaux écrits entre 2007 et 2019, et pourtant on sent une belle unité et une continuité. Vous avez retravaillé certains titres pour rendre l’ensemble plus homogène ou plus actuel, ou pas du tout ?

Les chansons sont toutes des pistes plus ou moins autonomes. Quelques unes ont été écrites dans le même intervalle et pourraient avoir une sensation similaire. Quelques autres consistent en des riffs plus anciens, qui ont été arrangées et  achevées en studio, mais il n’y a jamais eu de plan global, de corpus cohérent de travail. Nous avons même eu recours à différentes configurations de guitare et de batterie, afin de nous assurer qu’elles servent la chanson plutôt qu’elles aient un son défini, qui ne correspondrait pas à leur style.

La continuité à laquelle tu fais référence vient probablement du style d’écriture et de notre jeu. Nos personnalités transparaissent même si la musique représentée sur l’album se situe dans un éventail très large. Et en fin de compte, le mix de l’album aide également à lier le tout.

– « Succession » bénéficie également d’une très bonne production, très organique. Je crois que l’enregistrement s’est fait un peu à l’ancienne en privilégiant vraiment un son plus analogique. C’est ça ?

L’album a été enregistré numériquement, mais nous avons essayé de mettre des limites pour le rendre plus chaleureux, plus dynamique et plus analogique aussi. Par exemple, les sons de guitare sont tous basés sur des pédales d’effets et différentes combinaisons d’instruments et d’amplis au lieu d’utiliser simplement des plug-ins informatiques. Les batteries ont été enregistrées en prise directe, puis reconstituées à partir de trois prises maximum. Snorre est très doué pour travailler avec les micros et pour exploiter l’ambiance du studio. Ce sont des choses qui semblent probablement évidentes pour de nombreux anciens, mais je pense que c’est devenu moins courant de travailler comme ça. Cela prend du temps et peut vite devenir trop cher pour un groupe underground. C’est l’un des nombreux avantages d’avoir son propre studio.

– Il me semble que vous avez été très attentifs aux parties de batterie, qui sont d’ailleurs incroyables…

Merci ! Oui je suis d’accord. Il y a beaucoup de parties de batterie impressionnantes sur le disque. Nous prenons grand soin de choisir la bonne configuration pour chaque chanson et bien sûr, cela aide d’avoir un batteur extrêmement talentueux comme Sindre, qui comprend immédiatement où nous voulons aller. SHE SAID DESTROY a de la chance à ce niveau-là. Thor Henrik, qui a joué sur tous nos albums précédents, est également un batteur extrêmement talentueux. Ils sont l’épine dorsale du groupe. Lorsque vous jouez de la musique comme la nôtre, tout s’effondre si le batteur ne fait pas son travail.

– Ce troisième album s’inscrit parfaitement dans son époque et d’ailleurs beaucoup de groupes se sont engouffrés dans ce style post-Metal Blackened. Est-ce que vous vous sentez un peu précurseurs à ce niveau-là ?

Je ne veux pas prétendre que nous étions avant-gardistes à l’époque, mais incorporer ces parties atmosphériques influencées par le Black Metal dans notre musique fait partie de notre ADN depuis notre premier album. Je suis certain que de nombreux groupes l’ont fait en même temps que nous, mais ce n’est qu’au cours de la dernière décennie que c’est devenu beaucoup plus courant.

– Enfin, j’imagine qu’après huit ans, vous devez avoir une terrible envie de remonter sur scène ! Une tournée est-elle déjà prévue, ou au moins quelques dates ?

Nous ne savons pas encore s’il y aura des concerts. Après tout, nous avions décidé d’arrêter de jouer en live en 2009 et de nous concentrer sur le travail en studio. Garder une unité de groupe et caler des dates avait commencé à devenir un casse-tête à l’époque. Mais après dix ans, je dois admettre que j’ai envie de revenir sur scène avec SHE SAID DESTROY. Ces nouvelles chansons passeraient vraiment très bien en live. Cependant, il y a quelques défis à relever pour que ça tienne la route. Nous dépendons aussi de musiciens de studio pour pouvoir jouer en live, car seuls quelques-uns d’entre nous sont intéressés par les concerts. Et nous vivons également dans différents pays, ce qui rend la préparation assez pénible. Je suppose que tout se résumera à des problèmes d’argent si des demandes commencent à arriver.

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Blues Soul / Funk

Zac Harmon : l’âme du Mississippi

ZAC HARMON est l’incarnation-même du son du Mississippi et il transmet un puissant message Soul de son Blues. Guitariste hors-pair, brillant chanteur et songwriter très instinctif, son talent resplendit sur ce nouvel album, « Long As I Got My Guitar », aussi expressif que soyeux et captivant. Sur les dix morceaux, la douceur est électrique et lancinante.

ZAC HARMON

« Long As I Got My Guitar »

(Catfood Records)

Né à Jackson dans le Mississippi, ZAC HARMON a baigné depuis son plus jeune âge dans le Blues et c’est très naturellement qu’il embrasse une carrière professionnelle dès ses 16 ans. C’est en tant que guitariste qu’il fait ses premières armes avant de s’envoler pour Los Angeles où il travaille comme musicien de studio, puis auteur-compositeur et enfin comme producteur.

Il faut attendre 2003 pour le bluesman sorte son premier album solo, « Live At Babe & Ricky’s Inn », un véritable hommage au son et à la musique de son Mississippi natal. Aujourd’hui basé au Texas, ZAC HARMON sort son premier album sur le label Catfood Records, dont le propriétaire, Bob Trenchard, co-signe d’ailleurs plusieurs morceaux de ce très bon « Long As I Got My Guitar ».

Accompagné par le groupe The Rays et ses deux incroyables choristes, l’Américain distille un Blues contemporain mêlé à ses racines familiales, ainsi qu’à une Soul aussi douce que son jeu est électrisant. Doté d’une voix profond et chaude, ZAC HARMON se pose en virtuose de la six-cordes, et son feeling n’a d’égal que sa dextérité. « Long As I Got My Guitar » est tout simplement envoûtant et apaisant.

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France Metal Rock

No One Is Innocent : un combat politiquement Rock [Interview]

C’est avec un dixième album et une sérieuse envie d’en découdre que se présente NO ONE IS INNOCENT avec « Ennemis ». Près de 30 ans après leur formation, les Parisiens n’ont pas levé le pied et continuent leur ‘Combat Rock’, imperturbables aux modes et plus que jamais attentifs à notre société. Kemar, emblématique chanteur du groupe, revient sur l’élaboration de ce nouvel opus et livre aussi sur sa vision d’une époque en perdition. Le frontman a une fois encore trempé une plume acide, afin de livrer des textes engagés et directs. Entretien.

– Commençons par le titre de ce nouvel album, « Ennemis ». D’autres groupes s’y sont déjà essayés, mais il était toujours question de fiction ou d’histoires. Or là, vous les pointez du doigt certaines choses, laissant place à la réalité. Certes, vous êtes un groupe engagé depuis vos débuts, mais on vous sent beaucoup plus virulents. Et « Ennemis » est un titre très violent quand on y pense, non ?

C’est finalement un titre qui est en rapport avec l’évolution de la société médiatique, politique et économique… Il y a dans tous les titres cette notion d’ennemis qui transpire un peu à chaque fois, comme dans « Force du Désordre », « Humiliation », « Bulldozer »… En fait, ça revenait dans les discussions qu’on avait entre nous, et j’ai un peu synthétisé tout ça. Et puis, on a aussi senti qu’en ce moment il y avait des gens qui avaient une espèce de désir d’exister absolue avec cette tentation permanente de désigner un ennemi. Aujourd’hui, on existe constamment en désignant un ennemi ! Je pourrais t’en citer plusieurs qui sont justement dans cette position. On ne désigne plus les amis et c’est hyper-dérangeant.  

– En parlant de cet engagement que vous nourrissez depuis votre premier album, j’ai l’impression que c’est votre disque le plus politique, au sens noble du terme, jusqu’à ce jour. L’état de la société et le comportement de certains sont au cœur d’ « Ennemis ». Et vous dressez un constat, que je partage, très sombre et aussi très colérique pour ne pas dire plus. Il est grand temps de se réveiller ?

Oui, par rapport à des choses qu’on a banalisé. Aujourd’hui, on laisse une Marine Le Pen dire tout et n’importe quoi, on laisse un Zemmour aux télés, aux radios et à la candidature présidentielle, alors qu’il a été condamné pour incitation à la haine raciale et on laisse un Sarkozy faire la promo de son bouquin, alors qu’il a pris un an de prison ferme ! Il y a des choses dans la fonction politique qui déconnent et on banalise tout ça. On aurait pu donner à cet album un titre autour de la banalisation de plein de choses. C’est vrai qu’avec notre musique, on essaie de pointer du doigt tout ça pour alerter un peu.

– Depuis la sortie de « Frankenstein » il y a maintenant trois ans, notre société a subi beaucoup de choses, qui vont de la pandémie bien sûr jusqu’aux actions gouvernementales en France, mais aussi partout dans le monde (George Floyd, Black Live Matters, …). On ne vous a rarement senti si vindicatifs et rageurs. Et pourtant, on a encore le sentiment que vous en avez encore sous le pied. « Ennemis » aurait presque pu être beaucoup plus long, non ?

Oui, mais nous ne sommes pas le supermarché de l’engagement ! Ce qui nous importe avant tout, c’est d’écrire de la bonne musique ! C’est notre métier à la base. Sans bonne musique, a cappella, je ne ressemble à rien, tu vois ? (Rires)

– Sur « Ennemis », on retrouve Charles de Schutter à la production avec Shanka. C’est lui qui avait réalisé « Drugstore » (que je considère d’ailleurs comme votre meilleur album) et on retrouve ce son direct, brut et très massif. Là encore, il n’y a aucune fioriture et des arrangements très efficaces. On sent une certaine urgence dans vos morceaux. C’est ce que vous aviez en tête dès le début de la composition, puis de l’enregistrement ?

C’est très bizarre, car nous avons beaucoup composé pendant la période de confinement. Dans notre rythme, il n’y avait pas de notion d’urgence. Nous nous sommes focalisés sur le son en nous demandant ce que nous pouvions écrire et ce qui pourrait nous surprendre. Shanka est allé chercher un peu du côté des musiques orientales et indiennes notamment. Peut-être que les gens ne vont pas capter toute de suite ces influences-là, mais en tout cas, elles ont été déterminantes sur « Force du Désordre », « Armistice » ou certains mouvements dans « Les Hyènes de L’info », par exemple. On voulait aller chercher un peu ailleurs pour les intégrer aux compos et pas forcément seulement au son.      

– Cela n’empêche nullement le gros travail que vous avez effectué sur la production, qui est très soignée. Et puis, il y a cette irrésistible impression d’énergie live et toujours très fédératrice et communicative. Vous pensez à la scène en composant vos morceaux, car certains refrains vont faire très mal…

On a un mode de fonctionnement bien à nous. Il faut aussi savoir que nous sommes toujours de l’école du riff. On cherche encore le riff ultime, c’est toujours notre démarche. Il faut que la compo, à un moment donné, fasse bouger le chanteur physiquement. C’est un mot d’ordre chez nous. Tout le monde le sait et tout le monde le sent. Quand je commence à ressentir quelque chose, c’est que c’est bon.

– Il y a aussi « Armistice », qui se place au milieu de l’album et qui est une sorte d’interlude. Pourtant, et malgré son titre, on ne sent pas beaucoup de sérénité…  

Il l’est dans le sens où, tout autour, c’est la guerre. Au départ, j’avais proposé à Shanka de chanter un morceau avec moi, car j’aimais bien l’idée. Il n’était pas très chaud, alors je lui ai proposé de regarder parmi tous ses instruments quelque chose qui pourrait sortir de l’ordinaire. On avait comme référence « Planet Caravan » de Black Sabbath. Et comme depuis quelques temps, il s’est mis à la viole de gambe, et qu’il est extrêmement doué, on lui a laissé toute liberté, car ça nous plaisait beaucoup et nous avions aussi besoin d’un morceau comme ça.  

– A propos de scène, vous qui donnez l’impression de ne jamais vous arrêter, le confinement, puis la privation de concerts, ont dû avoir un énorme impact sur le groupe. Comment avez-vous vécu cette (trop) longue période de repos forcé ?

On a eu de la chance, parce que nous avons terminé la tournée fin 2019 et quand le confinement est arrivé, on avait déjà commencé à composer un peu le nouvel album. On n’a pas du tout ressenti de frustration live, parce qu’on était pleinement dans l’élaboration d’ « Ennemis ». Finalement, ça a été un moment de réflexion. Personnellement, ça m’a fait beaucoup de bien, car j’ai besoin que mon corps et mon cerveau soient hyper-posés pour être bien et composer. Paradoxalement, ce confinement nous a fait du bien.

– D’ailleurs, je me posais la question récemment. Je vous suis depuis vos tout débuts et c’est toujours assez difficile de nous définir. Rock, Hard-Core ou Metal, votre leitmotiv reste le combat, la revendication et surtout la prise de conscience, non ? C’est quelque chose qui ne vous quitte pas…

Oui, c’est vrai. Dans une démarche de compo, je dis souvent aux gars qu’il faut que notre musique raconte une histoire. Même si j’ai des thèmes dans mes tiroirs, j’ai besoin que l’instrumental raconte déjà une histoire. C’est ça qui fait qu’on arrive à donner un vrai liant entre ce qui est raconté et ce qui est joué.

– « Ennemis » est aussi votre dixième album studio. C’est toujours un cap particulier dans la carrière d’un groupe, car il marque une étape importante. Vous y avez pensé, ou pas du tout ? Vous aviez la volonté de marquer encore plus les esprits avec « Ennemis » ?

Non, on n’est pas dans le comptage ou la nostalgie. L’album n’est pas plus important qu’un autre. Il marque l’histoire d’un groupe qui est ensemble depuis des années, qui construit ensemble et qui se connait bien. Nous avons une façon de composer apaisante. Il n’y a pas d’histoire égo entre nous, car on cherche le meilleur de nous-mêmes. C’est juste la bonne évolution d’un groupe qui aime faire de la musique ensemble.

– En 2021, la scène musicale française n’est plus aussi contestataire ou engagée comme elle a pu l’être par le passé, alors que nous vivons dans une société de plus en plus inégalitaire. Comment l’expliques-tu, alors que les intérêts ont changé pour devenir essentiellement individuel au détriment du bien-être collectif ?

Il y a une grosse influence des réseaux sociaux. La consommation de la musique n’est plus la même, on est plutôt dans la quantité que dans la qualité. Aujourd’hui, il faut produire, produire, produire… On est peut-être moins dans l’exigence au niveau de la qualité de la musique. Après, l’engagement fait partie de l’ADN d’un groupe, ou pas…

– Oui, mais pourtant dans les années 80 et 90, c’était quand même autre chose…

Oui, c’est vrai. On était aussi poussé par des groupes comme Rage Against The Machine, Nirvana et d’autres qui ont été moteurs à leur façon d’un certain engagement propre à chacun d’eux. Et malheureusement, il y a aussi eu l’avènement d’un Hip-Hop, d’une Trap Music qui ne veut plus rien dire, qui n’explique plus rien, qui se noie dans de la prod’ minimaliste et des textes qui n’ont plus de sens. Alors, tout d’un coup, tu as une nouvelle génération très influencée par tout ça et qui se perd dans une espèce de truc mielleux et mièvre. Finalement, c’est très contradictoire car, aujourd’hui, il devrait y avoir de la colère partout. Cela dit, l’exposition médiatique de musiques comme la nôtre ou d’un Hip-Hop un peu rageur n’existe pas, parce qu’il faut que ce soit lisse, il ne faut pas que ça déborde et il ne faut pas trop d’engagement. En fait, ça ne donne peut-être pas envie à une nouvelle génération d’aller vers cette forme-là de musique, parce qu’ils savent pertinemment qu’ils vont rester dans une niche et dans l’ombre. Nous, ça fait 30 ans qu’on est là. On s’est construit autour de ça et c’est peut-être plus facile d’être écouté par rapport à un groupe qui commence aujourd’hui, ou même il y a cinq ans.

« Ennemis » de NO ONE IS INNOCENT est disponible depuis le 1er octobre chez Verycords.

Retrouvez la chronique de l’album :

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Alternative Rock Rock US

Daughtry : back to Rock

Ce sixième album de DAUGHTRY vient sonner la fin de la récréation très mielleuse infligée par le chanteur américain depuis quelques temps. Avec « Dearly Beloved », le frontman à la voix incroyable renoue avec de puissantes rythmiques et d’énormes guitares, le tout sur une production exceptionnelle de bout en bout : l’un des albums de Rock US Alternatif le plus brillant depuis très longtemps.

DAUGHTRY

« Dearly Beloved »

(Dogtree Records)

Oui, je sais que sur ses deux derniers albums, Chris DAUGHTRY s’était perdu dans une sorte de soupe très Pop, acidulée, gavée de synthés et de mièvreries. Mais le garçon s’est repris et, sans tomber dans un Metal extrême non plus, renoue avec un Rock US Alternatif de bonne facture et percutant à souhait. Certes, l’Américain livre toujours des ballades très radio-friendly, mais beaucoup moins.

Nettement plus sombre et profond que sur les précédents albums, DAUGHTRY envoie un son lourd sublimé par une production cristalline et puissante : un vrai modèle du genre comme on n’en voit plus beaucoup. Apparu sur le « Live From Red Rocks » de Nickelback récemment avec le titre « Savin’ Me », le chanteur se rapproche cette fois encore de ceux qui ont été un exemple pour lui, et il excelle dans le domaine.

Accrocheurs et fédérateurs, les morceaux de « Dearly Beloved » mettent en valeur l’incroyable voix de DAUGHTRY, qui est plus convaincant que jamais (« Desperation », « World On Fire », « Heavy Is The Crown »). Imparable lui aussi, le mur de guitares est massif et écrasant… enfin ! Les titres s’enchainent et se font plus menaçants et efficaces (« Asylum », « Evil », « The Victim »). Ce nouvel album fait beaucoup de bien et c’est tout ce qu’on lui demande.

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France Metal Progressif Rock

Pat O’May : une créativité très narrative [Interview]

Réaliser un album-concept était la seule corde qui manquait à l’arc très tendu du compositeur, guitariste et chanteur PAT O’MAY. C’est chose faite avec ce très bon « Welcome To A New World » toujours très Rock, où sur une heure, il nous fait voyager dans l’univers de No Face, personnage qui guide l’histoire musicale contée par le musicien. Progressif et lorgnant parfois sur le Hard Rock et le Heavy Metal, ce nouvel album révèle une fois encore la créativité débordante du Celte, qui a mené ce projet de main de maître.

Photo : Mat Minat

– Il y a eu « One Night In Breizh Land » en 2018, ton dernier album solo date de 2016 (« Keltia Symphonia ») et plus récemment tu as participé à United Guitars. Concernant cette dernière collaboration, comment as-tu appréhendé le projet, et est-ce que cela t’a donné l’opportunité de sortir un peu de tes habitudes ?

Oui vraiment, car c’était la première fois que je co-écrivais un morceau. Je n’avais jamais fait ça. Je l’avais déjà fait pour des textes avec James Wood, mais jamais au niveau musical. Du coup, c’était intéressant de travailler avec Ludo Egraz. On a fait ce morceau et on s’est bien marré ! Mais pour que ça reste exceptionnel, je ne participerai qu’une seule fois à United Guitars, sans exclure de venir jouer en live avec eux, bien sûr.

– Après de multiples collaborations, tu reviens en solo avec « Welcome To A New World ». C’est ton premier album-concept et on sait que c’est une démarche particulière au niveau de l’écriture. Comment as-tu construit cet album ? De manière globale ou, malgré tout, titre par titre ?

De manière complètement globale ! D’habitude quand j’écris des morceaux pour un album, je me demande ensuite dans quel ordre je vais les mettre pour que ce soit cohérent. Cette fois-ci, et comme j’aime bien raconter des histoires, c’est ce que je voulais encore faire mais sur une heure. Je suis parti sur cette idée-là et je suis aperçu que cela s’appelait tout simplement  un concept-album! (Rires) Comme je suis très spectateur de mon inspiration, quand ça me plait, je la fixe. Et c’est comme ça que je suis parti sur le premier titre. Ensuite, je voulais que tous les morceaux soient reliés par un sound design. Pour le second titre, j’ai juste pris ma guitare sur la nappe de fin, ce qui a donné naissance au morceau suivant. Et tout l’album s’est construit comme ça. C’est une sorte de fil d’Ariane que tu tires et l’ordre dans lequel tu écoutes l’album est le même que celui de l’écriture. Tout a été assez fluide en fait.  

Photo : Mat Minat

– Tu décris « Welcome To A New World » comme un album construit sur un design sonore. C’est d’abord la musique et son esthétisme, ou les textes, qui t’ont guidé ?

C’est d’abord la musique. Et c’est au quatrième morceau que ce personnage de No Face est arrivé. Je voulais écrire ce voyage-là, mais je me suis demandé au bout d’un moment qu’elle était la thématique. Je bricolais pour faire une pochette et je suis tombé sur ce fond vert, puis sur ce businessman sans visage, sans rien. Alors, je suis allé dans mon Photoshop. (Rires) Et puis, j’ai commencé à faire cette pochette-là et tout le texte est venu comme ça. J’ai compris que c’était ça qu’il fallait que j’exploite.

– Comme toujours, on retrouve dans ton jeu différentes sonorités musicales et même plusieurs langues. C’est important pour toi de conserver cette universalité ?

Ah oui, bien sûr ! Pour moi, tous les styles sont des outils, au même titre que la guitare. J’essaie de ne jamais faire de la guitare pour faire de la guitare. Ca ne m’intéresse pas. Si j’ai besoin de deux notes, j’en mets deux. Si j’en ai besoin de 40, je travaille pour avoir la technique pour pouvoir en utiliser 40. Pour la musique, c’est la même chose. Si j’ai besoin d’un truc plus Metal pour raconter quelque chose, c’est ce que je vais prendre. Parfois, je suis seul avec une guitare nylon, parce que c’est ce qu’il faut à ce moment-là.

– Tu signes l’intégralité de l’album, tu l’as co-mixé avec Bryan Roudeau et il a été masterisé à Abbey Road, un gage de qualité supplémentaire. C’est important pour toi d’être présent à toutes les étapes de la réalisation et aussi de produire l’album ?

Ca commence à devenir une longue histoire avec Abbey Road, car c’est déjà le quatrième album que je masterise là-bas avec Alex Wharton. C’est aussi devenu une histoire d’amitié. C’est un magicien du mastering. Pour moi, il fait partie du top Ten mondial, c’est véritablement un artiste. Il n’est pas là pour faire en sorte que tout rentre dans la boîte, il y apporte vraiment son sens artistique. Il pousse ce que tu lui as amené. Pour la production, quand je suis parti en solo, je me suis acheté ma liberté. Je peux faire ce que je veux. Je n’ai pas de compte à rendre à une esthétique de groupe, par exemple. Et c’est vrai que maintenant, j’aime maîtriser la production, l’enregistrement et le mix. En revanche, pour le mastering, c’est au-delà de mes compétences. J’ai aussi fait le artwork. Ce n’est peut-être pas le meilleur du monde, mais c’est celui qui correspond le mieux à l’album et c’est ce que je voulais raconter.

Photo : Mat Minat

– L’album sonne très Progressif avec des touches Hard Rock et Classic Rock. Est-ce qu’un album-concept offre une plus grande liberté et nécessite aussi d’une certaine façon de se recentrer sur son jeu en se livrant un peu plus ?

Pas forcément, parce que je suis très spectateur de tout ça. Je suis juste là pour mettre en forme les idées qui me viennent. Il faut d’abord que ça me fasse vibrer, sinon ça n’a aucun sens.

– Une tournée va suivre. Est-ce que tu penses déjà à une mise en scène particulière, étant donné qu’il s’agit d’un album-concept ?

Oui, on a une scénographie qui est en place et sur laquelle on a travaillé tous les aspects avec un éclairagiste, etc… On vient de finir une résidence de plusieurs jours à Nancy avant la date parisienne (ce soir au Café de la Danse – NDR). Il y aura aussi des vidéos… sur lesquelles j’ai aussi travaillé évidemment ! (Rires) J’adore ça, ça me passionne ! Ce qui m’excite le plus, c’est la création. Je ne vois pas l’intérêt de faire deux fois le même album. J’essaie de toujours faire quelque chose de différent. Il n’y a aucun jugement de valeur sur les autres groupes, c’est juste ma façon de faire, toujours avec des choses neuves. Par exemple, sur « Welcome To A New World », c’est la première fois qu’on enregistre tout le monde en live. On l’a fait à l’ancienne, car je voulais vraiment retrouver un son très organique. Et puis, j’ai deux musiciens fabuleux et nous sommes vraiment connectés. Au-delà de la musique, il y a du poids dans les notes.

– Justement étant donné le format de l’album, vas-tu le jouer dans son intégralité et chronologiquement ?

Complètement ! Et puis, on n’a pas le choix, sinon ça n’aurait pas de sens, l’histoire serait biaisée. On va le jouer dans son intégralité et après on fera un petit rappel d’une quarantaine de minutes ! (Rires) On va jouer d’anciens morceaux que les gens ont envie de retrouver, d’entendre et nous aussi de jouer. 

– Pour conclure, sur « Welcome In A New World », comme dans l’ensemble de ta carrière, il y a toujours un lien avec la Bretagne ou le monde celtique. Comment est-ce que tu définirais cet attachement et la nécessité de sa présence dans ta musique ?

Je crois que c’est devenu atavique. Je pense que je ne le contrôle pas, en fait. On me le fait souvent remarquer, alors que je ne m’en rends même plus compte. Et c’est vrai que ce soit dans les chorus ou les progressions d’accords, on retrouve la musique celtique. C’est très intéressant d’ailleurs. C’est un style de jeu construit année après année… dans un dur labeur. L’effort, quoi ! (Rires)

L’album « Welcome To A New World » de PAT O’MAY est disponible depuis le 17 septembre chez ArtDisto/L’Autre Distribution.

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Blues Rock Hard Rock Southern Rock

Troy Redfern : wild slide

Alors que certains guitaristes ne jurent que par la wah-wah, d’autres se sont fait une spécialité de la slide, bien sûr apparentée au Blues et ses dérivés. Et c’est le cas de l’Anglais TROY REDFERN, véritable virtuose de la six-cordes de laquelle il sort des accords époustouflants avec un feeling et une liberté absolue. Sur « The Fire Cosmic ! », le Blues Rock très musclé du chanteur affiche une fougue moderne et sauvage. Un régal.

TROY REDFERN

« The Fire Cosmic ! »

(RED7 Records)

Ce sixième album du Britannique TROY REDFERN marque un réel tournant et surtout un aboutissement pour le guitariste et chanteur. Non seulement le groupe qui l’accompagne est phénoménal, ce à quoi il faut ajouter une production aux petits oignons, très organique, énergique et travers laquelle la puissance et la finesse du Blues Rock très Hard de « The Fire Cosmic ! » prend un relief incroyable. 

Armé de riffs efficaces et d’une slide versatile et fougueuse, TROY REDFERN est brillamment accompagné par Darby Todd à la batterie, Dave Marks à la basse et aux claviers et même du génial Ron ‘Bumblefoot’ Thal sur le morceau « On Fire ». Enregistré dans les mythiques studios Rockfield où tant de classiques ont vu le jour, « The Fire Cosmic ! » bénéficie également du mastering de Frank Artwright effectué à Abbey Road.

Bien que britannique, TROY REDFERN joue un Blues Rock aux forts accents Hard Rock dont les influences sont résolument américaines. Musclé et accrocheur, ce nouvel album exploite parfaitement la détermination du quatuor qui a enregistré ensemble et en prise live de la vraie dynamite (« Scorpio », « Sanctify », « One Way Ticket »). Pour autant, le guitariste sait aussi lever le pied et propose des titres aux saveurs Southern délicates (« Ghosts », « Saving Grace »). 

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Blues Blues Rock Soul / Funk

Steve Marriner : une modernité ancrée dans la tradition

Tombé tout petit dans la marmite du Blues Rock, de la Soul et de l’Americana, le multi-instrumentiste STEVE MARRINER est un musicien qui, à force de travail et grâce à de multiples collaborations, s’est forgé une forte expérience et un style bien à lui. Près de 15 ans après un premier album en solo, le Canadien livre « Hope Dies Last », un opus très personnel bien que collégial dans sa conception.

STEVE MARRINER

« Hope Dies Last »

(Stony Plain Records)

A l’âge de 14 ans, le naïf d’Ottawa était déjà reconnu comme un jeune prodige de l’harmonica. Après s’être aguerri auprès des meilleurs bluesmen de la région, STEVE MARRINER a étendu son champ d’action à la guitare, la basse, les claviers et le chant. Egalement producteur depuis 2014, le Canadien ne se refuse plus rien et a même invité quinze musiciens sur « Hope Dies Last ». C’est donc un album très complet et large en horizons musicaux que livre le compositeur.

Après avoir joué avec de très nombreux artistes et plusieurs groupes reconnus, STEVE MARRINER livre un nouvel album solo, le deuxième après « Going Up », sorti en 2007. Le multi-instrumentiste a même profité de la pandémie pour se former comme ingénieur du son, rajoutant une corde essentielle à son arc. Assez Rock dans son ensemble, « Hope Dies Last » montre d’autres facettes du musicien à travers des sonorités beaucoup plus roots et toujours très Blues et Americana.

Soul et Rock sur « Take Me to The City », « How High » ou « Coal Mine », le Blues du Canadien reste toujours plein d’émotion. Les trois guitaristes chargés des pedal-steel s’en donnent à cœur joie et STEVE MARRINER peut ainsi laisser parler son feeling comme sur le superbe duo tout en douceur, « Enough », avec la chanteuse Samantha Martin. Langoureux sur «  Honey Bee » et « Somethin’ Somethin’ », il s’offre même une parenthèse aux saveurs de la Louisiane sur « Petite Danse », chanté en français. Frais et enthousiasmant !