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Heavy metal Proto-Metal

Lucifer : une profonde dévotion

Sur de solides fondations, LUCIFER continue d’élaborer et de peaufiner son Heavy Occult aux contours proto-Metal très 70’s. Toujours mené par sa diablesse de chanteuse, la frontwoman Johanna Sadonis, le quintet propose un « Lucifer IV » encore plus ténébreux et ensorceleur. Pourtant très actuel, le groupe nous plonge dans l’âge d’or d’un registre intemporel et grisant.

LUCIFER

« Lucifer IV »

(Century Media Records/Sony Music)

Depuis 2014, LUCIFER construit sa discographie façon encyclopédique et un an tout juste après son dernier effort, le groupe livre « Lucifer IV » dans une ambiance tout aussi Heavy et occulte. Fondé par sa frontwoman à la personnalité très affirmée, Johanna Sadonis, le quintet est désormais basé à Stockhölm en Suède, ce qui semble presque avoir décuplé sa créativité.

Alors que jusqu’à présent, la chanteuse composait avec Nicke Andersson (guitare, basse, batterie), « Lucifer IV » a pu compter sur la contribution active de ses deux guitaristes, Martin Nordin et Linus Björklund, tous deux très inspirés. D’ailleurs, que ce soit au niveau des riffs comme des solos, LUCIFER a élargi sa palette sans renier ses influences puisées dans les années 70.

Langoureux, toujours sensuel et martelant un Heavy aux saveurs proto-Metal, les Germano-scandinaves nous plonge dans des profondeurs sombres sur un groove de chaque instant où viennent se poser des riffs tranchants et acérés : « Wild Hearses », « Crucifix (I Burn For You) », « Cold As A Tombstone » et le captivant « Phobos ». Ce quatrième album est probablement le plus complet et le plus abouti de LUCIFER. 

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Heavy metal

Guadaña : la vérité d’un Heavy authentique

Fer de lance de la scène Heavy Metal espagnole depuis une dizaine d’années, GUADAÑA nous revient avec un quatrième album (le groupe compte aussi deux EP) bien rentre-dedans et épicé à souhait. Chanté dans sa langue maternelle, le registre du quintet prend de l’ampleur et de l’énergie sans négliger des mélodies toujours plus accrocheuses. Avec « Erytheia », les Hispaniques s’affirment de belle manière.

GUADAÑA

« Erytheia »

(Maldito Records)

Quatrième opus pour le quintet espagnol GUADAÑA et on peut aisément considérer « Erytheia » comme l’album de la maturité, tant le groupe semble exprimer vraiment son jeu avec des compos très abouties, une production conséquente et un parti-pris qu’il faut aussi saluer. En effet, le combo de Cadix a la particularité de présenter un Heavy Metal entièrement interprété dans la langue de Cervantès, ce qui est toujours une force… lorsque c’est bien fait, ce qui est le cas.

Certes assez classique, le registre de GUADAÑA comporte aussi quelques touches symphoniques, qui n’assouplissent pas ce très bon « Erytheia », mais a contrario lui donne beaucoup de volume. Puissant et très bien arrangé, ce nouvel album présente un bel équilibre entre des riffs percutants et racés façon NWOBHM et des solos pleins de fougue signés du guitariste Juanna Patrón, très son aise et affichant une liberté de jeu efficace et solide.

L’autre particularité, et aussi tout le charme de GUADAÑA, est d’évoluer avec un duo vocal constitué de Gloria Romero et de Salvador Sanchez. Si la touche féminine apporte beaucoup au niveau des mélodies, le chant rugueux de son acolyte n’est pas en reste et vient très habillement compléter l’impact des morceaux. A noter que les Hispaniques ont fait appel à quelques compatriotes, qui viennent offrir une belle diversité à ce « Erytheia » qui ne manque pas de saveurs.

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Hard Rock Heavy metal

U.D.O. : façon rouleau compresseur

Imperturbable et inoxydable, Udo Dirkschneider reste un roc du Metal allemand depuis les années Accept, dont il demeure toujours la marque de fabrique et la véritable identité vocale. Avec U.D.O., le frontman poursuit l’aventure et sa carrière solo commence aussi à compter quelques classiques. Puissant et très actuel, « Game Over » s’inscrit dans la solide lignée Hard et Heavy teutonne.

U.D.O.

« Game Over »

(AFM Records)

Depuis qu’Accept n’est plus que l’ombre de lui-même, ça s’active sévèrement du côté de ses anciens membres. A commencer par son emblématique ex-leader et chanteur UDO. Et il faut croire que le Heavy Metal et le Hard Rock qu’il distille depuis des décennies lui vont plutôt bien car, à 69 ans, il reste vocalement irréprochable et ce n’est pas « Game Over », 17ème album du frontman, qui le démentira.

En plus de son fiston Sven derrière les fûts, l’Allemand peut compter plus que jamais sur ses deux guitaristes, Fabian Dee Dammers et Andrey Smirnov, dont la complémentarité est évidente et le colossal Tilen Hudrap à la basse. U.D.O. a fière allure et « Game Over », s’il fait une place de choix à son leader, se révèle être un très bon album de Heavy et de Hard Rock.

Toujours aussi robuste et dans la grande tradition germanique, le vétéran enchaine les morceaux comme autant de rounds (« Holy Invaders », « Prophecy », « Metal Never Dies »). Sur une grosse production, les riffs déferlent avec ardeur en parfait soutien et les solos ne sont pas en reste (« Midnight Stranger », « Speed Seeker », « Time Control »). Avec ténacité, U.D.O. trace sa route… pied au plancher.

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Hard Rock Heavy metal

Alcatrazz : le feu sacré

Exit Graham Bonnet, fondateur et chanteur emblématique du groupe, et place au non moins très bon Doogie White, dont le parcours force aussi le respect. ALCATRAZZ semble presqu’immortel et livre « V », qui vaut bien que l’on s’arrête un moment. Les vétérans californiens ont toujours la pêche et le Heavy Metal chevillé au corps.

ALCATRAZZ

« V »

(Silver Lining Music)

S’il y a bien un groupe dont le parcours est chaotique et qui refuse de rendre les armes, c’est bien ALCATRAZZ. Célèbres pour avoir notamment compté dans leurs rangs Yngwie J. Malmsteen et Steve Vai, les Californiens n’ont pourtant sorti que cinq albums, dont celui-ci, ce qui fait assez peu finalement. Mais le quintet attire toujours les projecteurs, grâce à une solide réputation.

Si ALCATRAZZ joue aux montagnes russes depuis 1983, il faut lui reconnaître une certaine constance dans la qualité de ses albums. Côté line-up, il ne reste que deux membres originaux, Jimmy Waldo (claviers) et Gary Shea (basse), on retrouve Mark Benquechea (batterie) et Joe Strump (guitare) et on découvre Doogie White (Rainbow, Michael Schenker) au chant. 

Très bien produit, l’album d’ALCATRAZZ porte le titre de son cinquième opus, mais revendique aussi le V de la victoire, synonyme d’un retour aux affaires inspiré. C’est vrai que les vétérans du Heavy Metal livrent douze morceaux aussi vintage qu’intemporels, et qui devraient faire leur petit effet sur scène. Le combo reste une valeur sûre du style depuis des années.

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Hard Rock Heavy metal

[Going Faster] : Lords Of Black / Wayward Sons

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

LORDS OF BLACK – « Alchemy Of Souls, Pt II » – Frontiers Music

Formé en Espagne en 2014, LORDS OF BLACK n’est autre que le groupe du chanteur Ronnie Romero (Sunstorm, The Ferrymen) qui œuvra aussi aux côtés du légendaire Ritchie Blackmore lors de la reformation de Rainbow. Autant dire que le frontman possède un solide bagage, qui prend une dimension incroyable sur cette deuxième partie de « Alchemy Of Souls », après un premier volume l’an dernier. Auteur d’une prestation puissante, faisant clairement penser à feu-Ronnie James Dio, il forme un formidable duo avec Tony Hernando (guitare, claviers, compositions). Et en quatuor, les Ibériques présentent un Heavy Metal racé et mélodique avec des passages progressifs très bien sentis. Epique et très bien produit, ce troisième opus vient hisser LORDS OF BLACK au rang des meilleurs groupes actuels du genre.

WAYWARD SONS – « Even Up The Score » – Frontiers Music

L’ancien chanteur des Little Angels, Toby Jepson, est de retour avec le troisième album de son groupe WAYWARD SONS. Et le chanteur, guitariste et producteur anglais livre de nouveau une prestation haute en couleur et terriblement Rock’n’Roll. Avec une énergie sans faille, le groupe assène un Hard Rock rafraîchissant et tonique en s’inspirant de ses références issues des 70’s et des 80’s. Loin d’être nostalgique ou passéiste, « Even Up The Score » est au contraire très actuel avec ce grain de folie présent jusque sur la pochette. Gros riffs et rythmiques sauvages accompagnent le frontman, dont le songwriting est aussi efficace et relevé que sa performance. WAYWARD SONS commence à s’inscrire dans la durée et de belle manière. Les Britanniques épatent !

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Hard Rock Heavy metal

Duel : riff vs groove

Véritablement enivrant, ce quatrième album des Texans de DUEL prend un relief saisissant au fil des morceaux. Très massif, « In Carne Persona » s’empare des codes du Hard Rock et du Heavy Metal à travers une production vintage et moderne à la fois. Fédérateur et envoûtant, le quatuor balance des riffs très costauds sur des refrains terriblement efficaces.

DUEL

« In Carne Persona »

(Heavy Psych Sounds Records)

Dans la torpeur d’Austin, Texas, DUEL a soigneusement concocté un quatrième album décapant et irrésistible. Depuis 2016 et « Fears Of The Dead », son premier effort, le quatuor américain n’a de cesse de repousser les limites du Hard Rock et du Heavy Metal dans un esprit hyper-groovy, rappelant avec une touche vintage les belles heures des années 70 et 80. Un revival très actuel réjouissant !

Si on pouvait déjà entendre ce style il y a quatre ou cinq décennies chez Thin Lizzy, Kiss ou Maiden, on a vraiment le sentiment que DUEL vient d’allumer la lumière et de passer à la couleur. Flamboyant et mélodique, les Texans assènent leurs riffs démoniaques sur des morceaux entêtants aussi sombres que fun dans les textes.

Sur « In Carne Persona », il est question de magie noire, de sexe, de rites anciens et des démons qui peuplent nos rues. Véloces et incisifs (« Children Of The Fire », « Bite Black »), DUEL nourrit ses titres d’une tessiture sonore incroyable, très chaleureuse et qui fait des merveilles sur les mid-tempos de l’album (« Wave Of Your Hand », « Dead Eye », « Blood On The Claw »). La classe « In Carne » ! 

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Heavy metal

KK’s Priest : les fantômes du passé

Grand artisan du Heavy Metal et incontournable acteur de la NWOBHM, le guitariste et compositeur KK Downing remet le couvert avec un nouveau combo, dix ans après son départ de Judas Priest. Même si l’effort est louable, KK’S PRIEST et « Sermons Of The Sinner » ne rivalisent pas avec l’ancienne formation du Britannique, dont elle est une bien pâle copie. Il y a toujours des départs que l’on regrette…

KK’S PRIEST

« Sermons of the Sinner »

(Explorer1 Music Group)

Inutile de présenter KK Downing, fondateur et guitariste de Judas Priest pendant des décennies. Parti en 2011 avec pertes et fracas de son groupe, le voici de retour sous le nom de KK’S PRIEST entouré de musiciens qu’il connait bien. Au chant, Tim ‘Ripper’ Owens, qui a œuvré de 1996 à 2003 chez la légende anglaise en remplacement du grand Rob Halford, tient le micro entouré de A.J. Mills (Hostile) à la guitare, Tony Newton (Voodoo Six) à la basse et Sean Elg (Deathriders, Cage) à la batterie. Autrement dit, du beau monde.

Si les trois premiers singles (« Hellfire Thunderbolt », « Sermons Of The Sinner » et « Brothers Of The Road ») laissaient entrevoir un Heavy Metal, certes classiques mais vigoureux, l’album en lui-même peut laisser perplexe. En effet, la nouvelle formation du six-cordiste renoue surtout avec les débuts de NWOBHM, ce qui en soit n’est pas une mauvaise chose. Ainsi, deux lectures de KK’S PRIEST s’offrent à l’auditeur. Soit on y voit un témoignage nostalgique et la transmission d’une époque, soit un coup d’épée dans l’eau.

A commencer par «  The Return Of The Sentinel » qui n’est autre que la suite de « The Sentinel », sorti par Judas en 1984. Le sentiment qui prédomine sur « Sermons Of The Sinner » est cette impression de déjà-vu à travers des morceaux très consensuels et peu originaux. KK’S PRIEST aurait pu sortir cet album dans les 80’s, tant la production est également vintage. On croirait même écouter un vieux Maiden par moment, c’est dire ! Le disque en lui-même n’est pas mauvais, on peut juste s’interroger sur son apport artistique.

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Hard Rock Heavy metal

Rebel’s End : Sleazy Pact

Explosif et survolté, REBEL’S END déboule plein pot avec un deuxième album délicieusement impertinent et subjectif. « Sing To The Devil » est en effet diabolique et s’étend sur douze titres incandescents. Le quatuor belge distille un Heavy Sleaze ravageur et se présente comme un combo sur lequel il va falloir compter.

REBEL’S END

« Sing To The Devil »

(Pure Steel Records)

Déjantés et irrévérencieux à souhait, les Belges de REBEL’S END balancent un mix entre Hard Rock et Heavy Metal avec une grosse dose de Sleaze. Musclé et insolent, ce deuxième album, qui fait suite à « Seeing Red, Seeing Dead » sorti en 2017, est positif et transmet une énergie incroyable à grand renfort de riffs aiguisés.

En l’espace de cinq ans, le quatuor originaire d’Anvers est parvenu à mûrir un son et une identité sonore originale, malgré des influences évidentes et parfaitement assimilées. Arborant une fougue dévastatrice, REBEL’S END embarque tout sur son passage grâce à des morceaux costauds et hyper-fédérateurs. « Sing To The Devil » est une invitation à la fête.

Dès « Evil Eye », on est pris dans le tourbillon Heavy Sleaze des Belges, dont la vigueur et la férocité ne cesse de croitre au fil de l’album (« Death & Destruction », « Outlaw », « Inferno »). La rythmique bastonne et les deux guitaristes rivalisent d’audace sur des riffs acérés et des solos hyper Rock’n’Roll. REBEL’S END sait y faire et sa puissance répand une ferveur addictive.  

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Heavy metal

Eternal Flight : vol supersonique

Fidèle représentant de la scène Heavy Metal hexagonale, ETERNAL FLIGHT semble infatigable. Résolu et puissant, le désormais quatuor voit cette fois son chanteur tenir également la guitare comme soliste, et c’est dans un esprit un peu Old School, mais très actuel, que se présente « SurVive », le cinquième album du combo.

ETERNAL FLIGHT

« SurVive »

(Metalapolis Records/Berthus)

Inépuisable depuis 20 ans, le quatuor d’Annecy revient plus motivé et plus optimiste que jamais. Et il y a de quoi ! Véloce et dynamique, « SurVive » montre ETERNAL FLIGHT trancher dans le vif et le fait que son chanteur, Gérard Fois, ait aussi pris le lead guitare change un peu la donne et apporte un souffle nouveau aux compositions de ce cinquième album.

Incisif et rentre-dedans, ce nouvel opus est aussi beaucoup moins Progressif que le précédent « Retrofuture », même s’il en reste toujours quelques bribes (« The Promise »). ETERNAL FLIGHT fait le pari d’un Heavy Metal aiguisé, où la technicité de ses membres libère beaucoup de fraîcheur et d’assurance (« Mysterious King », « Will We Raise Again »).

Très bien structurés, les morceaux de « SurVive » met en lumière de bons arrangements et une totale cohésion. Grâce à un chant tout en variations, l’album présente des ambiances multiples, dans lesquelles ETERNAL FLIGHT évolue très naturellement (« Legions », « Evolution, Revolution »). Avec de telles compos, « SurVive » aurait cependant mérité une production digne de ce nom.

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Hard Rock Southern Rock

Holy Death Trio : southern vibrations

Il existe des groupes qui parviennent à régénérer un style en puisant au cœur de ses racines. C’est le cas de HOLY DEATH TRIO dont le Hard Rock très vintage et Southern vient secouer l’auditeur. Les Texans signent un très bon premier album, aussi jubilatoire qu’intemporel. Tout en assumant ses influences, le power trio régale aussi par son approche très moderne et sauvage.

HOLY DEATH TRIO

« Introducing… »

(Ripple Music)

Arrivé il y a quelques mois chez Ripple Music pour y dénicher de nouveaux talents, Rob Blasko, accessoirement bassiste d’Ozzy, n’a pas mis bien longtemps à trouver une vraie pépite et méchamment armée de surcroit. Et cette première signature se nomme HOLY DEATH TRIO, combo Hard Rock aux saveurs vintage fougueuse et presque démoniaque.  

Originaires du Texas, John P. Rosales, Jonathan Gibson et Trey Alfaro ont été nourris au Hard et au Heavy Metal des années 70 et 80 et bercés de Blues sudiste décapant. Et HOLY DEATH TRIO a parfaitement digéré cette belle mixture pour la faire sienne. Naturellement intitulé « Introducing… », ce premier album fracasse à tout-va.

Sur un groove imparable, le trio déroule et la machine à riffs s’emballe (« White Betty », « Bad Vibrations », « Get Down »). Sous la houlette de Charles Godfrey (Whiskey Myers, Swans), ce premier opus bénéficie d’une belle production qui met parfaitement en relief la fièvre que procure HOLY DEAH TRIO (« The Killer », « Fish Sticks »). Du beau boulot !