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Blackbriar : une ode au romantisme [Interview]

Loin des frasques habituelles inhérentes au Metal Symphonique, la formation hollandaise présente depuis ses débuts en 2012 un registre aéré et presque flottant. Si les arrangements et les orchestrations ont très présentes, ils n’écrasent pas les mélodies et, au contraire, évoluent dans un équilibre parfait entre des voix fortes et multiples et des parties instrumentales entièrement à son service. Porté par une frontwoman au chant puissant et délicat à la fois, BLACKBRIAR signe un troisième album très abouti, qui nous entraîne dans un Metal fait de romantisme, tout en restant véloce et percutant. Ses fondateurs, Zora Cock (chant) et René Boxem (batterie) nous parlent de ces deux dernières années et de la conception de « A Thousand Little Deaths », un nouvel opus qui vient brillamment enrichir sa discographie.

– Lors de notre dernière interview il y a deux ans à l’occasion de la sortie de « A Dark Euphony », vous confirmiez avoir pris une nouvelle dimension artistique avec cet album. Sur cette belle lancée, on peut voir « A Thousand Little Deaths » comme son successeur et une suite assez logique. Est-ce dans cette perspective que vous l’avez imaginé et composé ?

Zora : Pour « A Thousand Little Deaths », nous n’avons pas suivi de plan fixe. J’ai accueilli tout ce qui m’inspirait sur le moment et je l’ai suivi, en étant créative quel que soit le résultat. J’aime travailler comme ça. Si je fais des plans, ou si je me dis que je veux que quelque chose soit d’une certaine manière à l’avance, je suis généralement bloquée assez facilement. Nous pensons que cet album est un digne successeur de nos précédents travaux. Rester fidèles à nous-mêmes est important pour nous, et nous avons construit cet univers BLACKBRIAR que nous aimons explorer. Nous n’avons pas ressenti le besoin de nous en éloigner, car c’est là que nous nous sentons chez nous créativement. En même temps, j’ai l’impression qu’il y a une croissance naturelle en nous et nous avons creusé encore plus profondément dans tous les détails.

– Sur ce nouvel album, vous appuyez sur vos points forts, à savoir un grand sens de la narration et des paysages sonores très cinématographiques. De quelle manière avez-vous élaboré ces nouveaux morceaux, car vous êtes aussi retournés dans le manoir où vous aviez tourné le clip de « Until Eternity Ends ». C’est un lieu propice à l’inspiration pour vous ?

Zora : D’habitude, on écrit nos chansons à deux, René et moi. On voulait faire un peu différemment cette fois-ci, et comme René bloquait sur une chanson, proposer un camp des auteurs m’est venu à l’esprit. J’ai eu l’idée romantique de retourner au manoir où nous avons tourné le clip d’« Until Eternity » et d’y passer quelques nuits avec tous les membres de BLACKBRIAR. C’est une magnifique maison du XIXème siècle avec toute sa décoration. Je suis passionnée par l’époque victorienne et l’Histoire en général, donc ça m’a vraiment mis dans l’ambiance idéale pour travailler sur notre nouvel album. La chanson sur laquelle on a le plus travaillé pendant notre séjour était « The Hermit and the Lover », qui tient une place importante dans mon cœur grâce aussi à ces souvenirs.

– Justement, vous restez fidèles à un univers musical axé sur les contes de fées sombres et gothiques, qui vous distinguent vraiment du reste de la scène symphonique. Entre ambiances macabres et Fantasy, il émane un certain romantisme que l’on retrouve dans la littérature romantique du XIXème siècle notamment. Est-ce aussi pour vous une certaine quête d’intemporalité, au moins dans le propos ?

Zora : Merci ! Mon amour pour le romantisme, la littérature et le folklore du XIXème siècle m’inspire beaucoup lorsque j’écris des chansons. Pour cet album en particulier, je me suis beaucoup inspirée de la poésie d’Emily Dickinson. Je ne dirais pas qu’il s’agit d’une quête délibérée d’intemporalité, mais plutôt d’une conséquence naturelle de mes centres d’intérêt, de mes muses et de ce qui captive mon imagination à un moment précis.

– BLACKBRIAR a aussi la particularité de présenter un registre très équilibré, alors que certains penchent soit sur le côté lyrique, soit sur l’aspect plus Metal. Est-ce une chose sur laquelle vous êtes très attentifs au moment de l’écriture ?

Zora : Les paroles sont très importantes pour moi, j’oserais même dire la partie la plus importante, peut-être. Notre processus d’écriture commence toujours par là. Ensuite, René prend mes paroles et mes mélodies et construit la musique autour, façonnant les éléments Metal, l’atmosphère et le son global. Je pense que l’équilibre que vous entendez est simplement le résultat naturel de la collaboration de deux personnes, chacune apportant des forces différentes et se concentrant sur les aspects qu’elle apprécie le plus.

– « A Thousand Little Deaths » est également votre album le plus riche musicalement, notamment au niveau des arrangements comme de l’utilisation du spectre sonore, car vous êtes tout de même six dans le groupe. Est-ce que le fait de travailler depuis vos débuts avec votre producteur Joost van den Broek vous aide dans ce sens ? Peut-être pour canaliser votre énergie créative ?

René : Joost nous accompagne depuis notre deuxième EP, « We’d Rather Burn », et au fil des années, nous avons énormément appris de lui, de l’écriture à la création d’atmosphères musicales, en passant par les arrangements et l’orchestration. Travailler avec Joost a eu une énorme influence sur nous, nous aidant à progresser en tant qu’auteurs-compositeurs et à tirer le meilleur de nous-mêmes et de notre processus d’écriture. Je me souviens très bien de la première fois où nous lui avons présenté notre musique. Nous étions arrivés avec la batterie, les guitares, la basse et, bien sûr, le chant de Zora. Mais de manière très basique, sans grand-chose d’autre en termes d’atmosphère ou d’orchestration dans ces premières versions. Aujourd’hui, des années plus tard, après d’innombrables séances avec lui, nous avons appris à approfondir nos chansons. Il nous a essentiellement appris à donner le meilleur de nous-mêmes. Désormais, nous arrivons avec quelque chose qui sonne déjà bien plus proche du son BLACKBRIAR que nous connaissons tous, et c’est grâce à cela que Joost peut aller encore plus loin.

– Là où de nombreux groupes de Metal Symphonique proposent des morceaux assez longs, ce n’est pas votre cas, alors que votre style est très narratif et pourrait s’y prêter. Est-ce un désir d’aller à l’essentiel, tout en maintenant un certain rythme et de la percussion ?

René : Nous nous efforçons d’écrire des chansons fluides et qui s’accordent parfaitement avec la narration de Zora. Je comprends que l’on puisse donner l’impression d’aller droit au but, mais ce n’est pas du tout le cas, ni ce qui, à mon avis, fait la qualité d’une chanson. Personnellement, j’aime tout simplement une chanson qui s’oriente davantage vers une structure Pop, en permettant d’avoir les moments les plus aigus et les plus graves aussi proches que possible. Dans notre cas, cela crée parfois un contraste très agréable, où l’on peut passer du sommet de la chanson à un paysage sonore très silencieux et prémonitoire qui transporte vraiment nos auditeurs dans un autre monde en un laps de temps relativement court.

– Depuis vos débuts, vos compositions s’articlent autour de ta voix,  Zora, et tu proposes aussi les lignes vocales et en partie les mélodies. De quelle manière travaillez-vous ensemble, car le plus souvent c’est le riff qui conduit l’écriture d’une chanson, non ?

Zora : On a développé ensemble un processus d’écriture qui nous convient parfaitement. Je commence toujours par les paroles, la base de l’histoire. Une fois que je pense que c’est terminé, je me mets au micro et je commence à chanter des mélodies possibles avec ces paroles, en voyant ce qui me vient à l’esprit. J’enregistre ces mélodies a cappella, j’ajoute une note de piano comme référence pour rester dans la tonalité et je décide du tempo de la chanson. Souvent, j’enregistre aussi des harmonies et des couches vocales supplémentaires à ce stade. Une fois que c’est fait, j’envoie le tout à René, qui construit la musique autour de ma voix. Donc, dans notre cas, ce sont généralement les idées vocales et lyriques qui donnent la direction, plutôt que de commencer par un riff.

– Pour ce nouvel album, vous avez de nouveau fait appel à vos fans pour les précommandes. C’est une démarche qui peut paraître assez étonnante compte tenu que vous êtes chez Nuclear Blast, qui est un label de Metal parmi les plus importants. Outre l’envie de conserver cette connexion avec votre fan-base que l’on peut comprendre, cela peut interroger aussi sur l’industrie musicale. Quel est votre regard là-dessus ?

René : Cette approche ne serait surprenante, ou déroutante, que pour ceux qui ne nous connaissent pas encore. Etre signés sur un grand label comme Nuclear Blast ne signifie pas que nous devons tourner le dos à nos fans, et encore moins que nous n’avons plus à assumer notre part de responsabilité. Etre capable de produire un album, ou de garder nos fans au plus près, est un poids que nous partageons avec le label. Notre collaboration est incroyable et fructueuse, et nous nous complétons parfaitement. En tant que groupe indépendant, c’est ce que nous avions prévu, c’est exactement comme ça que nous avons imaginé notre parcours avec un label comme Nuclear Blast à nos côtés. Respecter les souhaits de chacun et travailler ensemble, en harmonie, sur l’aventure de BLACKBRIAR.

– J’aimerais aussi que l’on revienne sur l’année dernière, car 2024 a été très riche pour BLACKBRIAR. Vous avez tournée en Amérique du Nord avec Battle Beast, vous avez participé au ‘Wacken Open Air’ et vous avez aussi sorti le single « Moonflower » avec Marjana Semkina d’Iamthemorning. J’imagine que les émotions se sont succédé avec beaucoup d’intensité. Qu’en retenez-vous et est-ce que ce rythme assez soutenu vous a convenu ?

Zora : Je me souviens de 2024 comme d’une année incroyable pour nous, remplie de tant de moments particuliers. La sortie de « Moonflower » et la collaboration avec Marjana me tenaient particulièrement à cœur. Participer à la première tournée nord-américaine avec Battle Beast était un rêve devenu réalité et jouer au ‘Wacken Open Air’, un festival incontournable pour nous, était inoubliable. Pendant ce temps, nous étions également plongés dans l’écriture de « A Thousand Little Deaths » à travers divers ateliers. Je m’en souviens parfaitement, car tout ce n’est pas passé comme un rêve lointain et c’est ça qui est merveilleux, j’ai vraiment pu en profiter pleinement. Cela dit, vers la fin de l’année, après notre tournée européenne avec Kamelot, j’ai vraiment atteint mes limites. Je suis tombée très malade vers la fin de cette tournée, et une fois rentrée chez moi, il m’a fallu un temps incroyable pour me rétablir. Le temps que je me sente enfin à nouveau moi-même, il était déjà temps de filer directement en studio pour enregistrer l’album (Rires)

– Enfin, vous êtes aussi impressionnants au niveau des statistiques de streaming, ce qui a par ailleurs aussi bouleversé le monde de la musique ces dernières années. Est-ce que, dans un sens, cela vous oblige également à sortir un certain nombre de singles avant la sortie de l’album pour maintenir votre présence et une actualité sur les plateformes ?

René : Merci de votre attention ! Nous sommes très fiers de ces chiffres et tout le mérite en revient à nos auditeurs ! On ne nous impose rien et nous ne choisissons pas le nombre de singles dans le but d’obtenir plus de streams ou d’attention. Petite anecdote : nos singles nous apparaissent généralement clairement très tôt. Il y a une logique particulière. Si nous avons une excellente idée de clip, ce morceau deviendra très probablement un single, quelle que soit sa pertinence, son côté Pop ou son synchronisme pour le streaming. Nous sommes convaincus que si nous pouvons pleinement soutenir une chanson et son histoire avec des visuels qui représentent fidèlement ce que nous essayons de raconter, alors ce morceau deviendra un single pour nous.

Le nouvel album de BLACKBRIAR, « A Thousand Little Deaths », est disponible chez Nuclear Blast.

Retrouvez aussi la précédente interview du groupe :

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Visionatica : tragic vision 

Avec « Harrowing Insight », les Allemands gagnent en intensité et la chanteuse Tamara Amedov montre la pleine capacité de son chant. Très ferme et jouant sur une diversité qui les guide, le quatuor trouve l’équilibre dans un nouvel opus qui confirme toutes ses aptitudes à produire un Metal Symphonique, qui se détache un peu de la scène actuelle. Les grosses guitares et la massive rythmique montre la voie sur des orchestrations qui servent parfaitement les morceaux. Un beau troisième effort.

VISIONATICA

« Harrowing Insight »

(El Puerto Records)

En une décennie, VISIONATICA s’est imposé comme le groupe incontournable de la scène Metal Symphonique allemande dans un élan qui ne cesse de croître. Le quatuor a patiemment franchi les étapes et avec « Harrowing insight », il s’impose même parmi les plus créatifs d’Europe. Sophistiqué, mais loin d’être pompeux comme c’est si souvent le cas, il laisse une impression de facilité dans un registre qui n’use pas démesurément d’artifices. Pour autant, ce troisième opus brille aussi par des arrangements subtils.

Grâce à une frontwoman qui a pris l’ascendant sur ces nouveaux morceaux à travers une prestation limpide et cristalline, où elle se montre aussi délicate que tranchante, VISIONATICA prend donc une nouvelle dimension. A noter également que c’est dorénavant Martin Kainbacher, qui officiait chez Ardent Spirits et Entera, qui est le nouveau batteur. Avec des parties orchestrales plutôt sobres et efficaces, « Harrowing Insight » affiche une puissance de feu implacable et dense, n’hésitant pas à faire également dans la nuance.

Très bien produit, l’apparition du violon libère également beaucoup de fraîcheur et de respiration au Metal Symphonique de la formation germanique (« Sympathy For The Devil »). S’engouffrant dans des sonorités orientales sur « Scheharazade », VISIONATICA fait preuve d’une belle adaptation, comme avec l’apparition d’Ambre Vourvahis de Xandria sur « Fucking Seducer ». Ici, les riffs sont racés, les solos biens sentis et les mélodies prennent le dessus en restant solides (« Psychopaths », « Paralyzed », « Flashback »). Très réussi !

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Epica : symphonic rebirth [Interview]

Groupe phare et emblématique de la scène Metal Symphonique mondiale, EPICA signe un neuvième album aussi nerveux qu’accrocheur, enveloppé d’arrangements grandioses et porté par la voix cristalline de Simone Simons. Audacieux et racés, les Hollandais ont cette fois modifié leur façon de composer. « Aspiral » se montre même peut-être plus accessible dans ses mélodies que ses prédécesseurs, tout en restant résolument Metal et même assez complexe. Inspiré et ascensionnel, il est ici question de cycles, de destruction et de renaissance. Lumineux et puissant, le sextet signe un retour éclatant. A la veille de sa sortie, la frontwoman revient sur la conception de ce nouvel opus, ainsi que sur son expérience en solo et les gigantesques concerts donnés en 2023 avec chœurs et orchestre. Entretien.

– Vous avez commencé à travailler sur « Aspiral » il y a plus d’un an avec un planning très établi. Et il en est ressorti beaucoup de chansons. Tout d’abord, comment le choix définitif des morceaux s’est-il effectué, et avez-vous cherché un lien entre eux, sans pour autant réaliser un album-concept ?

Oui, en fait, les chansons ont toujours besoin de temps pour évoluer et certaines nécessitent aussi plus de travail que d’autres. Mais une fois que ce processus est fait, nous les écoutons toutes ensemble et c’est à ce moment-là que nous choisissons les meilleures pour l’album. Après, on fait chacun une liste de nos titres préférés. Il faut trouver le juste équilibre pour l’album et ensuite chacun vote ! C’est un groupe très démocratique ! (Rires) C’est tout simplement comme ça qu’on définit la sélection définitive pour le CD. En ce qui concerne les paroles des chansons, elles sont finalement toutes assez connectées entre-elles, c’est vrai. Donc, l’ordre sur l’album n’a pas vraiment d’importance, en fait, en tout cas pas dans ce sens-là.  

– J’aimerais qu’on parle des morceaux « A New Age Drawns », dont on découvre ici les parties sept, huit et neuf. Où en êtes-vous de cette saga et avez-vous l’intention de la prolonger encore ?

Non, la saga s’arrête ici avec les trois dernières parties. Et puis, c’est aussi notre neuvième album, donc… Il s’agit sur « Aspiral » d’un changement dans la conscience de toute l’humanité. Nous devons nous réveiller et réagir à ce chaos dans lequel nous vivons. Nous devons nous concentrer sur la communauté et faire les choses ensemble, en arrêtant de ne penser qu’à nous-mêmes. Et tout cela vient donc acter la fin de la saga sur ce disque.

– D’ailleurs, est-ce que la composition de ces morceaux a quelque chose de particulier pour vous ? Et est-ce que, finalement, « A New Age Drawns » n’est pas un peu la colonne vertébrale d’EPICA depuis ses débuts ?

En fait, les paroles sont écrites par Marc (Jansen, guitare et voix – NDR), ainsi que la musique. Et oui, tout a commencé il y a de nombreuses années aux tous débuts d’EPICA en 2005. C’est lui qui a probablement la connexion la plus forte avec cette saga. Et si l’on revient sur le dernier album avec les trois dernières parties, ma préférée est sans doute « The Grand Saga Of Existence », je l’adore !

– Vous avez sorti « Omega » il y a quatre ans, puis « The Alchemy Project » l’année suivante pour célébrer vos 20 ans, un disque accompagné de nombreux guests. Vous aviez ressenti le besoin d’explorer d’autres styles et de vous détachez un peu d’EPICA le temps d’un EP ?

Oui, « The Alchemy Project » a été pour nous un bon moyen d’expérimenter beaucoup de choses et également de travailler avec de nombreux artistes venus d’horizons différents. En effet, je n’avais pas eu, d’une certaine manière, le sentiment d’avoir de limite au niveau du chant par rapport au style propre à EPICA. Cela a aussi été très inspirant pour nous, d’autant que le retour des fans a été très bon. On a senti qu’on pouvait aller vers de nouvelles choses, sans trop penser à notre style précisément. L’idée était juste d’écrire des chansons, d’expérimenter autant que nous le souhaitions et de nous amuser surtout. Et c’est exactement ce que nous avions fait ! (Sourires)

– Et l’an dernier, tu as sorti « Vermillion », ton premier album solo. Tu as travaillé avec Arjen Lucassen d’Ayreon sur des morceaux plus progressifs et électroniques. C’est un projet que tu nourrissais depuis longtemps ? Quel était l’objectif premier ? C’était avant tout pour te faire plaisir, même si ton emploi du temps est déjà très chargé ?

Oui, j’avais l’idée d’un album solo depuis de nombreuses années, mais je n’avais jamais le temps de m’y consacrer. Il y a un bon moment maintenant, j’avais déjà contacté Arjen en lui demandant s’il serait intéressé. Il m’avait répondu positivement, mais il n’avait pas le temps ! (Rires) Ce n’est finalement qu’au début 2023 que nous avons commencé à travailler sur « Vermillion ». Bien sûr, je désirais avoir mon album solo pour moi-même et faire également quelque chose en dehors d’EPICA. J’ai toujours travaillé avec d’autres artistes, bien sûr, j’ai fait de nombreuses collaborations, mais je n’avais jamais réalisé un album entier seule. Et puis, j’ai toujours adoré la musique d’Ayreon et je me suis dit qu’il serait le meilleur pour le réaliser avec moi.

– Parallèlement, vous aviez donné deux concerts exceptionnels à Amsterdam et Mexico, « The Symphonic Synergy », qui sortira d’ailleurs sur l’édition limitée d’« Aspiral ». C’est toujours un grand moment pour vous de vous produire avec un tel orchestre et une chorale complète ?

Oh oui, c’est un rêve qui devient réalité ! C’est la meilleure manière pour nous de créer de la magie. Cela correspond vraiment à notre musique, mais c’est impossible de faire de tels concerts à chaque fois, car cela implique énormément de gens. Je suis très fière de « The Symphonic Synergy », car nous avons travaillé dur et ce fut deux concerts magiques. Je suis aussi heureuse qu’il soit disponible en Blue-Ray pour que tout le monde puisse l’apprécier. C’est vraiment un sommet dans notre carrière. Ce sont bien sûr des concerts qu’on aimerait faire plus souvent, mais c’est une énorme organisation pour créer de tels shows. Il y a eu au total 150 personnes, hors et sur scène, à travailler sur ce projet. C’était fou ! (Rires)

– Est-ce que cela reste un objectif important pour un groupe de votre style de pouvoir jouer avec un orchestre symphonique, afin de donner toute sa dimension et son relief à votre musique ? 

Oui, c’est exactement ça. On aimerait en faire plus souvent, bien sûr. En 2027, EPICA célèbrera ses 25 ans et nous sommes déjà en train de réfléchir à ce que nous pourrions faire sur scène et offrir à nos fans. Jusqu’à présent, nous avons toujours célébré nos anniversaires avec le groupe, des chœurs et un orchestre. Cette fois, nous regardons les possibilités pour voir ce que nous pourrions produire dans le futur. J’aimerais beaucoup partir en tournée avec un orchestre mais, financièrement, cela coûte vraiment très cher de créer un tel spectacle ! C’est énorme ! (Rires)

L’album d’EPICA, « Aspiral », est disponible chez Nuclear Blast Records.

Photos : Tim Tronckoe

Retrouvez aussi la chronique de l’album « We Still Take You With Us – The Early Years » et celle de l’album solo de Simone Simons, « Vermillion » :

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folk Hard'n Heavy Melodic Metal Symphonic Metal

Marko Hietala : the Northern mage

Très respecté pour son style d’écriture, ainsi que pour un jeu de basse très identifiable, MARKO HIETALA, qui avait pourtant annoncé son retrait, semble avoir retrouvé de l’envie et surtout de l’inspiration. A la tête d’un quatuor uni et chevronné, il donne vie à « Roses From The Deep », un disque très bien réalisé où le songwriting se révèle toujours aussi authentique dans des registres qui, malgré leurs différences, se retrouvent dans un même élan pour éclairer le monde musical de ce musicien hors-norme, dont la performance est toujours aussi saisissante. Un deuxième effort solo remarquable et captivant.

MARKO HIETALA

« Roses From The Deep »

(Nuclear Blast Records)

La réputation de MARKO HIETALA n’est plus à faire, ni son talent à démontrer. L’ancien bassiste et co-chanteur de Nightwish fait son retour en solo pour donner suite à « Pyre Of The Black Heart » (2020). L’homme aux multiples projets (Tarot, Northern Kings et de très nombreuses collaborations comme avec Delain, Ayreon ou Avantasia) livre l’album qu’on attendait un peu de lui, à savoir une production où s’entremêlent les genres, passant d’un Metal mélodique souvent Hard et parfois Symphonique, à de la Folk ou du Prog. On sait l’étendue stylistique du musicien particulièrement vaste et il en use avec beaucoup d’habileté.

Et on ne met bien longtemps à retrouver l’univers artistique du Finlandais. Parfaitement accompagné de Tuomas Wäinolä (guitare), Anssi Nykänen (batterie) et Vili Ollila (claviers), le line-up a de l’allure, conjugue expérience et jeunesse et débouche sur un « Roses From The Deep » fluide et équilibré. MARKO HIETALA tient solidement les rênes et déploie des compositions créatives et efficaces. Entre orchestrations généreuses et arrangements subtils, ces nouveaux titres montrent une belle énergie, beaucoup de sincérité et un savoir-faire imparable.

Dès l’entraînant « Frankenstein’s Wife » qui ouvre les festivités, suivi de « Left On Mars » en compagnie de sa complice de toujours, l’ex-chanteuse de Nightwish Tarja Turunen, le Scandinave semble vouloir rassurer ses fans les plus ‘métalliques’ et « Proud Whore » va aussi dans ce sens. Histoire d’ajouter encore un peu de piquant, Juha-Pekka Leppäluoto de Northern Kings, se livre à un véritable exercice de style sur « Two Soldiers », marquant un certain basculement pour la suite. Puis, MARKO HIETALA régale avec le long « Dragon Must Die » ou le très accrocheur « Impatient Zero », et aussi « Tammikuu » chanté en Finnois. 

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Ethnic Metal Symphonic Metal

Belle Morte : across the world

La douce mélancolie de BELLE MORTE traverse sur « Pearl Hunting » de nombreuses frontières musicales et culturelles. Le duo originaire de Minsk s’est considérablement étoffé et par la même fait grandir son Metal Symphonique déjà très inspiré. Entre éléments progressifs et gothiques, Dark Folk et mélodies captivantes, les voix sont sublimées grâce aussi à de beaux duos, tandis que les guitaristes brillent aux côtés d’instruments traditionnels du monde entier. Un modèle du genre.

BELLE MORTE

« Pearl Hunting »

(Wormholedeath Records)

Il y a  un peu moins de trois ans, BELLE MORTE signait son premier album complet, « Crime Of Passion », après s’être déjà manifesté avec un EP, « Game On » en 2018. Cette fois, la chanteuse et compositrice qui donne son nom au groupe et Sergey Butovsky, multi-instrumentiste et producteur, passent de la formule en duo au sextet et son Metal Symphonique prend aussi beaucoup d’ampleur pour s’engouffrer avec talent dans une Dark Folk élégante et des sonorités venues des quatre coins du monde.

Et pour ce très bon « Pearl Hunting », BELLE MORTE s’est entouré d’une pléiade d’invités qui fait faire à cette réalisation un tour de la planète en traversant de nombreuses cultures aux résonnances diverses avec authenticité et surtout beaucoup de crédibilité. Un exercice peu évident et parfaitement accompli. En effet, le Metal des Biélorusses nous promène en Mongolie, au Japon, au Pérou et sur des ambiances orientales, celtiques et latines, le tout dans une belle fusion des genres.

Le volume du Metal Symphonique de BELLE MORTE est donc conséquent, puisque l’on compte 23 instruments différents joués par 17 musiciens venus de 12 pays. Une véritable prouesse artistique qui ne rend pas pour autant les morceaux de « Pearl Hunting » pompeux ou trop chargés. Au contraire, la production respire et la voix cristalline de la frontwoman y est pour beaucoup (« Fallen Idol », « Exorcism », « Krew », « Blame Me », « September »). Avec ce nouvel opus, la formation signe un disque fascinant et envoûtant.

Retrouvez la chronique de « Crime Of Passion » :

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Symphonic Metal

Tarja : symphonie en enfer

Huit ans après cette prestation, la cantatrice scandinave décide sortir des cartons son concert donné au Hellfest. Accompagné d’un groupe classique, plus un violoncelle, TARJA n’avait pas manqué de faire le show devant sa fan-base française, qui avait pu apprécier et mesurer l’étendue de son talent et la solide clarté de sa voix. Unique en son genre dans le monde du Metal, la Finlandaise incarne littéralement l’aspect symphonique du style dans toute sa splendeur sur ce bon « Rocking Hells : Live At Hellfest ».

TARJA

« Rocking Heels : Live at Hellfest »

(earMUSIC)

Si vous y étiez, vous vous souvenez certainement de la performance de TARJA le 19 juin 2016 sur la main stage du Hellfest. Ses fans en tout cas étaient aux anges, puisque la chanteuse venait juste de sortir « The Brightest Void » et s’apprêtait à dévoiler « The Shadow Self », quelques semaines après ce passage. Deux albums dans la même année est une chose suffisamment rare pour être souligné, même avec trois reprises parmi lesquelles on retrouve d’ailleurs ici la non-essentiel « Supremacy » de Muse. Un faute de goût pardonnée.

Car il n’y a rien à redire de « Rocking Hells : Live At Hellfest », on pardonnera aussi que le set livré à Clisson ne soit pas dans son intégralité, trop long certainement. Comme souvent dans les festivals, la tracklist contient des morceaux parmi les plus percutants de la frontwoman à commencer par « No Bitter End », extrait du dernier opus en date de TARJA à l’époque. Non seulement, il affiche une pleine puissance, mais il lui permet aussi de mettre tout de suite les choses au clair concernant ses légendaires capacités vocales.

Si TARJA mène une belle carrière solo depuis son départ de Nightwish, il faut reconnaître qu’à ce moment-là ses albums n’étaient encore du même calibre, mais elle s’est bien rattrapée par la suite. Cela dit, les versions de « Ciaran’s Well », « Calling From The Wind » et « Victim Of Ritual » sont imparables et irréprochables, tout comme l’excellent medley de titres de son ancienne formation « Tutankhannen/Ever Dream/The Riddler/Slaying The Dreamer », qui a enflammé les adeptes de Metal Symphonique présents. Un beau souvenir.

Photo : Philippe Bareille

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Metal Progressif Symphonic Metal

Chasing Zeniths : de belles aspirations

Carl Kernie a vu les choses en grand pour son premier véritable album complet et « Epochs Changing » n’a sûrement pas à rougir d’un manque d’expérience et encore moins d’approximation. Avec un casting trois étoiles et transatlantique, le trio formant le socle de CHASING ZENITHS guide les très nombreux guests avec talent et assurance et on se laisse facilement embarquer dans l’univers très variable de ce projet, où rien n’est laissé au hasard. Une entrée en matière, qui en dit long aussi sur l’ambition à l’œuvre ici.

CHASING ZENITHS

« Epochs Changing »

(Independant)

C’est du côté de Seattle, dans l’Etat de Washington, que le compositeur, chanteur et guitariste Carl Kernie a élaboré ce premier album de CHASING ZENITHS. Aboutissement de plusieurs années de travail et de recherches autant musicales que techniques, « Epochs Changing » est un disque audacieux, qui renvoie autant à un Metal Progressif façon Dream Theater, qu’à des aspects plus symphoniques rappelant Delain ou Nightwish et aussi des passages plus Folk et d’autres aux contours plus cinématographiques ou Fantasy à la Avantasia. L’expérience est très aboutie et solide, d’autant que l’Américain a également fait appel à une pléiade d’artistes venus du monde entier, qui viennent multiplier les couleurs.

Entouré d’une garde rapprochée composée du guitariste Timo Somers passé chez Delain et du bassiste Roman Engen, le groupe a donc posé les bases d’un style assez éclectique et une dizaine de musiciennes et de musiciens de renommée mondiale se succède derrière le micro, ainsi qu’avec divers instruments. CHASING ZENITHS dévoile les performances soignées et pleines d’élan au chant de Charlotte Wessels (ex-Delain, aussi à la flûte), Anna Murphy (Eluveitie, Cellar Darling), Vicky Psarakis (The Agonist), Marco Pastorino, Lauren Hart et Otto Schimmelpenninck van der Oije, qui vient poser quelques growls malheureusement devenus la norme dans le Metal et donc pas franchement essentiels.

Produit par Carl Kernie, le mix et le mastering ont été confiés à Tom Müller en Allemagne et c’est vrai que « Epochs Changing » prend une dimension internationale également dans le son proposé, qui a plutôt des consonances européennes. S’il n’est pas conceptuel, ce nouvel opus s’ouvre avec le morceau-titre entièrement instrumental, avant de prendre son envol. CHASING ZENITHS hausse immédiatement le ton sur « Last Apsis » et « None And The Same ». Si la technicité est irréprochable, les mélodies sont mises en avant sur des atmosphères changeantes (« Slipstream », les longs « Midnight Roses » et « Unmourned Amnesia » et le plus délicat « Ever Shall We Roam »). Une première très réussie et complète.

Photo : Zak Chowdhury

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Metal Progressif Modern Metal Symphonic Metal

Simone Simons : red ride

Même si elle ne déboussolera pas ses fans de la première heure, SIMONE SIMONS sort quelque peu des sentiers balisés d’Epica. Très symphonique pour l’essentiel, « Vermillion » affiche des ambiances franchement Electro, assez Prog même et résolument Metal. Composé en collaboration avec le maître à penser d’Ayreon, ce premier envol sous son nom oscille entre des moments calmes et des impacts plus musclés, où la frontwoman distille une prestation à la fois épique et aérienne.

SIMONE SIMONS

« Vermillion »

(Nuclear Blast Records)

Emblématique chanteuse d’Epica depuis plus de deux décennies et figure incontournable de la scène Metal Symphonique, SIMONE SIMONS se présente cette fois en solo avec un premier album très complet et plutôt convaincant. A l’instar de ses consœurs Floor Jansen et Charlotte Wessels, on découvre un univers plus personnel et assez différent de ce à quoi elle nous a habitué jusqu’à présent, tout en restant fidèle à son style. Cela dit, on connait ses grandes qualités vocales et dans ce domaine, elle reste incroyable.  

« Vermillion » ne ressemble donc pas à une production de son groupe, car SIMONE SIMONS parait ici plus libre et se montre également plus sobre au niveau du chant. Les embardées lyriques sont par conséquent moins systématiques et elle évolue dans des contrées très électroniques, légèrement progressives, mais toujours aussi Metal. Cette diversité fait aussi ressortir toute l’étendue du panel de la voix de la Hollandaise. D’ailleurs, cet éclectisme soudain doit beaucoup à la présence d’Arjen Lucassen à ses côtés.

C’est avec son complice de longue date et leader d’Ayreon que SIMONE SIMONS a conçu ce premier effort et cela s’entend sur quelques morceaux aux reflets cinématographiques et même Indus (« Red », « Dystopia », « Fight Or Flight »). Par ailleurs, si « Vermillion » est assez synthétique dans la production, il offre une collection de riffs impressionnante (« Aeterna » et ses sonorités orientales, « Cradle To The Grave » en duo avec Alissa White-Gluz d’Arch Enemy, « The Weight Of My World »). Une émancipation réussie.

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Ethnic Metal Metal Progressif Symphonic Metal

Myrath : prophétique

Avec « Karma », MYRATH semble ouvrir un nouveau chapitre et donne même de l’élan à une carrière déjà bien remplie. Sans renier ce qui constitue son ADN, à savoir un Metal Oriental à la fois Heavy, symphonique et progressif, il met en exergue ce savoureux mélange, et même si les envolées ne manquent pas, l’efficacité paraît être la priorité de ces nouveaux titres qui, pourtant dotés d’arrangements très soignés, évitent toute fioriture. Guidé par son frontman Zaher Zorgati, le combo se montre lumineux, positif et énergique.

MYRATH

« Karma »

(earMUSIC)

Cinq ans après le très bon « Shehili » et le double DVD live au Sweden Rock et à Carthage, les Franco-Tunisiens font un retour exceptionnel. Très bien écrit, « Karma » doit cette petite métamorphose, du moins cette évolution, a une méthode de composition imposée par les circonstances, mais qui aura permis aux musiciens de se recentrer sur leurs fondamentaux et d’expérimenter aussi beaucoup. Direct, fluide et dynamique, MYRATH revient dans une forme éblouissante et cela s’entend sur les onze titres de ce sixième opus qui devraient prendre toute leur dimension sur scène.

Et le groupe commence aussi, d’une certaine manière, à s’émanciper très légèrement du Metal Oriental, dont ils sont bien sûr les fervents représentants. Musicalement, pas de bouleversements majeurs mais, en revanche, « Karma » est entièrement chanté en anglais, une première, ce qui montre à l’évidence que MYRATH se projette de plus en plus à l’international. Et ce n’est pas tout, puisque l’on retrouve le grand Jacob Hansen au mix et à la production. Le son est clair, puissant, équilibré et surtout il conserve et met en lumière les particularités du quintet.

Pied au plancher, c’est « To The Stars » qui ouvre les festivités sur un groove d’enfer et un petit air vintage niché au creux de ce Metal plutôt costaud. Techniquement, MYRATH hausse le ton sans tomber dans une technicité exacerbée pour autant. Incisive et mélodique, cette nouvelle réalisation mise aussi sur les changements d’atmosphères et de tempos. On n’a pas vraiment le temps de s’ennuyer, tant « Karma » ne manque pas d’éclat (« Into The Night », « Candles Cry », « Words Are Falling », « Child Of Prophecy », « The Empire », « Carry On »). Les étoiles sont alignées…

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Folk Metal Symphonic Metal

Cabrakaän : une tradition revisitée

Avec une telle histoire bâtie sur les civilisations mayas et aztèques notamment, CABRAKAÄN est allé puiser dans le folklore toujours très vivant du Mexique pour l’intégrer à un Metal souvent épique, très symphonique et d’une force et d’une énergie toute tribale. Racé autant que délicat, « Aztlán » rend hommage à un passé riche enrobé d’un style actuel et très percutant que porte l’incroyable voix d’une vocaliste hors-norme. Un opus très original, musclé et mélodique.  

CABRAKAÄN

« Aztlán »

(Independant)

Originaire de la capitale mexicaine et dorénavant basé à Calgary au Canada, le quintet n’en est pas à son coup d’essai et sort aujourd’hui son troisième album. Après « Songs From Anahuac » (2014) et « Cem Anahuac My Home » (2019), « Aztlán » vient confirmer un bel élan forgé d’un Metal lourd et robuste et de traditions héritées des Mayas et des Aztèques. Quelque part entre Nightwish et Amon Amarth, le Mexicain Folk Metal de CABRAKAÄN trouve sa place dans un bel équilibre.

Fondé il y a une décennie par la soprano Pat Cuikäni et le batteur/growler Marko Cipaktli, le groupe a la particularité de s’exprimer dans sa langue maternelle, ce qui apporte une touche ensoleillée à un style massif et appuyé. Cela dit, CABRAKAÄN s’est fendu de versions anglaises des morceaux « Mictlán » et « Fuego », deux moments forts de ce nouvel opus haut en couleurs. Egalement très à l’aise dans la langue de Shakespeare, le chant en espagnol confère aux refrains surtout un charme indéniablement plus accrocheur.

C’est le morceau instrumental « Tonantzin », qui ouvre l’album avec une plongée au cœur de la nature mexicaine dans un instant très immersif et captivant. Mais le Metal reprend vite le dessus, et avec une telle frontwoman, CABRAKAÄN s’enfonce dans un Metal Symphonique, dans lequel viennent se nicher quelques instruments traditionnels. Authentique et très moderne dans son approche, le contraste entre le growl et la voix perchée de la chanteuse donne une puissance saisissante (« Tialoc », « Luces Y Sombras », « Yolot »).

Photo : Angela Ambrose