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Hard Rock International Southern Rock Stoner/Desert

Acid’s Trip : une charge émotionnelle brute [Interview]

Aussi brut dans l’attitude que dans sa musique, ACID’S TRIP débarque avec un premier album fortement imbibé de Rock’n’Roll aux effluves bluesy et Southern. Originaire de Göteborg en Suède, le quatuor vient de livrer un « Strings Of Soul » aussi ébouriffant qu’intemporel entre riffs Hard Rock et ambiance Psych. Anna, guitariste et chanteuse de la formation, revient sur la conception de ce premier album et aussi sur sa vision de la musique à travers le groupe.  

– Avant tout, j’aimerais qu’on revienne sur la formation d’ACID’S TRIP en 2018. Tu jouais avec Honeymoon Disease jusqu’à ce moment-là. Que s’est-il passé ? Tu as senti que c’était le moment de passer à autre chose ?

ACID’S TRIP est né dans mon esprit bien avant que nous ayons jamais parlé de nous séparer avec Honeymoon Disease. Je voulais jouer un Rock plus dur et plus technique, et je n’avais pas le sentiment que le groupe était le bon pour ce genre-là. Je voulais donc créer ACID’S TRIP en tant que groupe parallèle, tout en conservant Honeymoon Disease pour continuer d’exprimer ma créativité. Mais après la dernière tournée espagnole, les autres membres ont abandonné et je n’ai eu d’autre choix que de me concentrer à 100% sur ACID’S TRIP, qui est alors devenu mon groupe principal. C’est ce qui pouvait arriver de mieux d’ailleurs. J’adore le mélange de Soul et de Hard Rock que nous produisons, et nous ne pourrions pas être plus heureux de la sortie de notre nouvel album. J’ai même l’impression que nous venons juste de commencer à jouer même si ça fait déjà trois ans. Le temps passe si vite quand on s’amuse !

– Avec ACID’S TRIP, on a l’impression d’un retour aux sources du Rock’n’Roll avec un son brut, efficace et sans concession. C’est l’objectif ? Aucun artifice ?

Oui, notre principal objectif était ce retour aux sources avec un son plus brut et technique même s’il reste facile d’accès. Nous aimons les riffs intelligents, amusants mais qui sont bien pensés et qui donnent une note personnelle à la tonalité dans laquelle nous jouons. Ce genre de riffs est original, car il n’y a pas beaucoup de groupes aujourd’hui, qui consacrent autant de temps juste pour trouver « ce riff parfait ». De nos jours, tout semble axé sur une  voix entraînante et des accords Rock, ce qui n’est pas grave, mais les gens ne se souviendront plus de ces morceaux dans quelques années. Notre album fait partie de ceux qui dureront des décennies et plus, vous ne vous ennuierez jamais en l’écoutant. Laissez-vous aller !

– Et il y a cette superbe Flying V sur laquelle tu joues. On en voit beaucoup trop peu depuis un moment, et notamment dans la nouvelle génération. J’imagine qu’il y a une histoire personnelle autour de cette guitare aussi, non ?

Ouais, ma Vera est ma principale et la seule guitare sur laquelle que je joue en fait. J’ai aussi une excellente guitare JPN SG, mais elle est ma guitare de secours en tournée, car j’aime un peu trop la V. J’ai vu cette édition spéciale de 1998 en 2014-2015, lorsque je passais devant un magasin de guitares ici à Göteborg. Je l’ai vu à travers la vitrine et 10 minutes plus tard, j’ai acheté la guitare de mes rêves. Elle a un son génial et surtout, le manche me parle et je joue beaucoup mieux. Les guitares sont très personnelles et j’adore la forme en V. J’élargirai ma collection V, lorsque le groupe atteindra les grands charts ! (Rires !) Et si Gibson lit ceci, passez-moi un coup de fil !!!

– Avec une inspiration très 70’s, ACID’S TRIP est résolument ancré dans son temps entre Rock lourd et Stoner Psych. L’accent est aussi porté sur un groove imparable et une folie permanente dans l’attitude, comme une sorte de défouloir très orchestré finalement. C’est votre comportement qui guide votre musique, ou l’inverse ?

Oui, c’est l’amour de vieux groupes comme Captain Beyond, The Dead Boys, MC5 et le Kiss des 70’s à leur apogée. Nous écoutons beaucoup de musique Rock et Heavy, et depuis que je collectionne les vinyles, j’ai écouté des milliers de disques qui ont perfectionné mon style d’écriture et la façon dont j’entends les mélodies. Tout ce que j’écris fait référence à quelque chose que j’ai entendu auparavant, et cela sonne comme je l’entends. J’adore l’album, car il a une âme, peu de groupes de Rock aborde le Rock de cette façon.

– J’aimerais que tu me dises un  mot sur l’intro de l’album, « Prelude », elle aussi très originale. Quand on connait la suite de « Strings Of Soul », on imagine que vous avez voulu désorienter votre auditoire dès le début, non ?

Quand l’album était presque terminé, il nous restait quelques notes d’orgue à enregistrer. Mon père jouait sur tous les disques Honeymoon Disease, alors je lui ai demandé s’il voulait aussi le faire sur l’album d’ACID’S TRIP. Je connais sa façon de jouer, et lui celle dont je chante les mélodies. C’est comme ça aussi que j’entends les arrangements de chorale et ça sort naturellement pour moi. Je lui ai demandé de jouer un morceau mélancolique auquel j’ajouterai plus tard des voix. Je veux que les gens réfléchissent lorsqu’ils écoutent notre album, et « Prelude » était un moyen de mettre les gens de bonne humeur. Certaines personnes aiment ça et d’autres veulent juste des chansons Rock pour ensuite passer à l’album suivant. Je viens du milieu Psych Prog avec beaucoup de Blues, et on ne peut pas donner une âme à un album sans une bonne intro à mon avis.

– Avec ACID’S TRIP, on touche au Hard Rock un peu Old School, mais aussi à des ambiances Stoner, bluesy et même Southern. En, fait, vous êtes un groupe de cow-boys and girls scandinaves des temps modernes ! C’est ça ?

(Rires) Oui, je suppose que oui ! Quand je cherche une grande variété d’émotions, je mets du Lynyrd Skynyrd. Quand j’ai besoin de réfléchir à quelque chose, je me tourne plutôt vers des sons de Floride, et quand j’ai besoin d’inspiration pour des harmonies, je mets du Allman Brothers et du Big Mama Thorton. Et quand j’ai besoin de vitesse, les Hellacopters sont le meilleur choix. Et voilà, vous avez le mix d’ACID’S TRIP ! Le voyage que j’ai fait en 2018 à Nashville puis à Jacksonville, en Floride, m’a vraiment donné une perspective sur les choses et j’ai réalisé que le Rock peut être beaucoup plus que simplement maltraiter des guitares. Bien que ce soit amusant à faire, il faut être plus intelligent que ça.

– Vous avez entièrement enregistré « Strings Of Soul » vous-mêmes, qui a ensuite été mixé et masterisé par Ola Ersfjord. La première étape était importante pour vous, afin de délivrer ce son particulier qui forge vraiment l’identité d’ACID’S TRIP ?

Je pense que oui, surtout quand il s’agit du chant et de toute la production de l’album. Lorsque vous entrez en studio, le résultat est souvent ce que le producteur est capable de faire. Cela peut être une expérience vraiment géniale et qui peut également améliorer la qualité de l’album, car c’est un travail de professionnel. Mais cela peut aussi compromettre le son, le rendre trop commercial et « trop » clean, car il n’y a plus de place pour les erreurs et les joyeux petits accidents. J’ai pris le rôle de producteur pour cet album, ce qui m’a pris beaucoup de temps et d’efforts. Sans mon intervention, l’album aurait probablement un son plus moderne, ce qui pourrait être une bonne chose. Mais nous voulions garder l’ambiance que nous avions sur ce projet : beaucoup de café et de longues heures passées à répéter. J’ai fait le chant dans une pièce sombre toute seule, ce qui a été une expérience formidable. J’ai fait confiance à mon instinct et ça s’est bien passé.

– Assez rapidement et notamment du à la qualité de vos concerts, vous vous êtes faits remarquer par le patron du très réputé label underground Heavy Psych Sounds Records. C’est une belle récompense, en plus d’être la maison de disques idéale pour vous aussi, non ? Elle vous ressemble beaucoup…

Elle nous ressemble beaucoup, c’est vrai. Oui, on adore Heavy Psych Sounds Records ! Le label nous a vraiment pris sous son aile et nous n’aurions pas pu avoir de meilleurs partenaires dans ce domaine. L’ambiance et le style sont parfaits pour nous. Et c’est très direct !

– Le printemps est là et la pandémie semble nous laisser un peu respirer. Avec un album encore tout chaud, vous devez bouillir d’impatience de remonter sur scène ?

Absolument, mais à l’heure où nous parlons, nous prévoyons des concerts pour 2022, car nous ne voulons pas le faire cet automne. Il y a de grandes choses à venir et nous visons les festivals pour l’année prochaine. L’album est pertinent et il le sera encore à l’avenir ! 

L’album « Strings of Soul » d’ACID’S TRIP est disponible chez Heavy Psych Sounds Records depuis le 7 mai !

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Progressif Rock Stoner/Desert

Wytch : bataille aérienne

Robuste et aérien, ce premier album de WYTCH montre déjà l’étoffe d’un groupe sûr de son jeu et inspiré. A l’instar de la pochette réalisée par sa chanteuse Johanna Lundberg, le quintet est capable d’autant de finesse que de rugosité. Le Stoner Heavy Psych des Suédois flirte même avec le Hard Rock et le Metal sans complexe.

WYTCH

« Exordium »

(Ripple Music)

Après avoir commencé en 2016 sous le nom d’Aska sur la côte nord-est suédoise, le groupe avait déjà un EP à son actif avant le changement de nom et une signature sur le label californien Ripple Music quatre ans plus tard. Et il faut aussi préciser que WYTCH compte dans ses rangs des musiciens aguerris venus étonnamment d’horizons muscinaux très différents.

Distillant un Stoner Heavy Psych aux sonorités Hard Rock et parfois même Metal, les Suédois sont pourtant la combinaison de membres issus du Folk Metal, du Rock Psych, du Black Metal et du Rock alternatif. Et le mélange est aussi explosif que créatif. La férocité des riffs des deux guitaristes et la puissance affichée de sa chanteuse offrent à WYTCH une touche particulière.

Les huit morceaux de « Exordium » montrent une homogénéité et une grande liberté d’écriture que le quintet maîtrise parfaitement. Capable de provoquer des tempêtes décibéliques, puis de se réfugier dans des breaks où la sensualité de sa frontwoman rayonne, WYTCH développe un style aussi inspiré que pointu (« Black Hole », « Savior », « Warrior », « Rebel » et « You »). Une réussite totale !

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Doom Metal

Candlemass : pionniers et maîtres incontestés

C’est dans l’intimité de leur Q.G. de Stockhölm, Covid oblige, que les pionniers de  CANDLEMASS ont tenu à enregistrer en live cette parenthèse Doom mémorable. On y retrouve avec un immense plaisir Leif Edling à la basse, ainsi que Johan Längquist au chant, le frontman aussi discret que légendaire du combo suédois. « Green Valley Live » va vite devenir indispensable !

CANDLEMASS

« Green Valley Live »

(Peaceville Records)

Plus de 35 ans après sa formation, CANDLEMASS n’a toujours pas rendu les armes et c’est une très bonne nouvelle ! Confinés comme tout à chacun l’an dernier, les Suédois ont tenu à marquer d’une belle empreinte discographique cette maudite année 2020. C’est donc le 3 juillet dernier à Stockhölm que le groupe a immortalisé une prestation privée, « Green Valley Live », pour le plus grand plaisir des fans, et pas seulement.

La première bonne nouvelle est que CANDLEMASS enregistre le retour de son emblématique fondateur Leif Edling, qui ne tournait plus depuis des années pour des raisons de santé. Et ça change tout ! On retrouve l’âme et le groove profond des maîtres scandinaves du Heavy Doom. Les pionniers, à l’écoute de « Green Valley Live », ne sont pas prêts d’être détrônés et cette excellente tracklist vient le confirmer.  

Les Suédois remettent les choses en place en rappelant, grâce à ces classiques de leur répertoire, que leur registre reste inégalable (« The Well Of Souls », « Dark Reflections », « Anciens Dreams »). CANDLEMASS enfonce le clou avec « Bewitched », « Under The Oak » ou encore « Solitude » et « Demon’s Gate ». Très organique et massive, la production met en valeur toute la classe des maîtres européens du Doom Metal.

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Doom Stoner/Desert

Moon Coven : cerné par une brume épaisse

Sur un groove dark et des fulgurances Fuzz démonstratives et massives, MOON COVEN surgit avec un Stoner très Doom et Psych, dont la précision et l’efficacité viennent souligner l’expérience acquisse par les Suédois en seulement trois albums. « Slumber Wood » est d’une rare noirceur, dont on a bien du mal à se défaire.

MOON COVEN

« Slumber Wood »

(Ripple Music)

Après cinq ans d’absence, MOON COVEN est de retour sur le devant de la scène avec un troisième album, qui montre encore une belle évolution dans le style des Suédois. Suite à « Amanita Kingdom » puis à un second album éponyme, le quatuor semble désormais délaisser quelque peu son Stoner pour un Doom plus marqué. Plus Metal dans l’approche, les Scandinaves sont plus ombres encore (« Eye Of The Night », « Potbelly Hill »).

Plongé dans une épaisse brume, MOON COVEN promet et garantit un voyage au cœur du Doom le plus profond grâce à un son lourd et très Psych. Guidés par leur guitariste et chanteur David Leban, les Suédois sont de plus en plus mystiques et leur registre se pare même de sonorités orientales sur certains titres, tout en présentant un travail remarquable sur les guitares (« Further », « Bahgsu Nag »).

Très Fuzz, le quatuor n’a pas pour autant délaissé ses racines Stoner aux riffs aiguisés et aux ambiances aériennes (« My Melting Mind », « Ceremony », « Seagull »). Le chant toujours aussi lointain et écorché donne une dimension très 70’s à ce nouvel album qui révèle autant de surprises à chaque écoute. MOON COVEN livre un très bon troisième album et travaille déjà sur le suivant. Les Suédois sont en forme !

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Hard Rock Rock

Electric Boys : serrage de boulons

Mélodique, costaud et enthousiasmant, ELECTRIC BOYS n’a rien change à son élan créatif et revient avec « Ups!de Down », un album où les Suédois distillent des sonorités et des compos beaucoup plus Rock et rentre-dedans que sur leurs dernières productions. Un retour aux sources frais et dynamique.

ELECTRIC BOYS

« Ups!de Down »

(Mighty Music)

Un peu plus de trente ans d’activité et septième album pour les iconoclastes Suédois d’ELECTRIC BOYS et, une fois encore, « Ups!de Down », est une petiote pépite. Etiqueté vintage depuis ses débuts, le quatuor continue de surprendre même si ce nouvel opus est peut-être plus consensuel que ces prédécesseurs. Résolument Hard Rock, les escapades Funk ont quasiment disparu au profit d’un son plus Rock.  

Toujours produit par l’excellent David Castillo (Katatonia, White Chapel), ELECTRIC BOYS accueille aussi en son sein Martin Thomander à la guitare, mais a du se passer de son batteur Niclas Sigevall confiné à Los Angles (mais toujours membre à part entière), et habillement remplacé par Jolle Atlangic. Ne manquant jamais d’audace, les Scandinaves ouvrent l’album avec un instrumental de sept minutes, rien que ça !, qui donne le ton. 

Composé par son charismatique guitariste et chanteur Conny Bloom, ELECTRIC BOYS propose avec « Ups!de Down » une sorte de parcours initiatique à travers des morceaux pêchus (« Twang’Em & Kerrang’Em »), d’autres plus bluesy (« The Duds & The Dancers »), terriblement accrocheurs et groovy (« Tumblinb’ Dominoes », « It’s Not The End ») ou cosmiques (« Interstellafella »). Comme toujours, le combo reste irrésistible et livre une belle prestation. 

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Progressif Stoner/Desert

Vokonis : la tangente progressive

Depuis son premier album, « Olde One Ascending » en 2016, VOKONIS semble en constante mutation. Après des débuts dans un Stoner Metal qui se sont prolongés vers des ambiances plus Doom, c’est dans une direction plus progressive et moins virulente que se projette aujourd’hui le quatuor suédois avec ce très bon « Odyssey », un voyage musical plein de surprises.

VOKONIS

« Odyssey »

(The Sign Records)

Après la Californie, la Suède est la seconde patrie du Stoner et ce n’est donc pas une surprise de voir VOKONIS sortir un aussi bon album. Il faut aussi dire que le groupe a connu quelques évolutions depuis « Grasping Time » (2019) pour son plus grand bien d’ailleurs. Musicalement, les Scandinaves ont encore peaufiné leur jeu, qui met beaucoup plus l’accent sur le côté progressif de son style.

« Odyssey » voit le batteur Peter Ottoson prendre vraiment du volume et guider le groupe. VOKONIS accueille aussi aux claviers (définitivement, espérons-le) Per Wiberg qui officie chez Spiritual Beggars et Kamchatka après avoir quitté Opeth il y a dix ans. Il se fond parfaitement dans ce nouvel album en appuyant de manière assez discrète, mais efficace, les morceaux (« Hollow Waters », « Through The Depths »).

Profond et puissant, ce quatrième opus voit aussi son bassiste Jonte Johansson prendre plus de responsabilité au chant dans un style épuré et plus mélodique. Le quatuor n’a en revanche rien perdu de son intensité et les riffs tranchants et l’agressivité vocale de Simon Ohlsson maintiennent la percussion et le côté massif de VOKONIS (« Blackened Wings », « Rebellion » et le génial morceau-titre). Un album complet et créatif.

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Heavy metal

Johan Kihlberg’s Impera : la force du collectif

Le musicien JOHAN KIHLBERG s’est fait une solide réputation surtout comme batteur pendant trois décennies dans le monde du Heavy Metal avant de monter son propre groupe IMPERA en 2011. C’est entouré de la crème des musiciens suédois, et de quelques invités, que le Scandinave revient avec « Spirit Of Alchemy », le cinquième album du combo.

JOHAN KIHLBERG’S IMPERA

« Spirit Of Alchemy »

(Metalville Records)

Le très expérimenté JOHAN KIHLBERG, dont le CV est long comme le bras, fait son retour avec IMPERA, projet qu’il mène de main de maître depuis une dizaine d’années maintenant. Tête pensante de la formation, le batteur et multi-instrumentiste suédois a conçu ce cinquième album résolument Heavy Metal où subsistent quelques écarts symphoniques. Pour le reste, « Spirit Of Alchemy » est tranchant, racé et comme toujours remarquablement produit, une habitude sur la scène scandinave. 

Très mélodique et costaud, JOHAN KIHLBERG’S IMPERA s’appuie encore et toujours sur un line-up de huit musiciens de haut niveau. Tous également Suédois, on retrouve Lars Chriss à la guitare et Kay Backlund aux claviers (Lion’s Share), Jonny Lindkvist au chant (Nocturnal Rites), John Levén à la basse (Europe), Snowy Shaw à la batterie (ex-Sabaton, King Diamond) et en guest Mats Vassfjord (220 Volt) et Pontus Egberg (King Diamond) à la basse. Bien, quoi !

Imparable mais sans réelles surprises, le collectif exécute un Heavy Metal très nordique, souvent très shred côté guitares et peu expansif niveau rythmique. Cela dit, JOHAN KIHLBERG’S IMPERA peut compter sur ses membres pour ne pas tomber dans la facilité (« Nothing Will Last », « All About You », « What Will Be Will Be », « Lost Your Life To Rock’n’Roll »). Les Suédois font le taff mais restent dans les clous, ce qui n’est pas forcément désagréable. Technique et solide, « Spirit Of Alchemy » fait plus que tenir la route.

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Stoner/Desert

Greenleaf : rêveries hallucinatoires

Les cadors du Stoner Rock Suédois se sont servis de la situation bloquée de 2020 pour composer et enregistrer « Echoes From A Mass », un album taillé dans la roche la plus dense. Avec Karl Daniel Lidén aux manettes, un ancien de la maison, GREENLEAF a mis tous les atouts de son côté pour cet atomisant huitième opus.

GREENLEAF

« Echoes From A Mass »

(Napalm Records)

Avec les rééditions de trois albums cultes de Dozer et la récente sortie d’un EP, « Vultures », par le label italien Heavy Psych Sounds Records (Merci !), on n’attendait pas forcément de si tôt GREENLEAF avec un nouvel opus. Et pourtant, c’est avec ce très bon « Echoes From A Mass » que Tommi Holappa et sa bande se présente et, une fois encore, les quatre Suédois sont toujours aussi inspirés et leur Stoner parfaitement huilé.

Le successeur du très bon « Hear The Rivers » sorti en 2018 est nettement moins Doom, mais le rouleau compresseur scandinave reste toujours aussi puissant et il magnétise. Avec au chant un Arvid Hällagård dont la voix captive et hypnotise, GREENLEAF semble s’orienter vers un Stoner Rock musclé rappelant les belles heures de Dozer. Mais le quatuor affiche son identité et elle est très personnelle.

Le grondement et la frappe du batteur Sebastian Olsson se fondent dans les lignes de basse de Hans Fröhling dans un maelstrom inouï et ravageur. Dès le très envoûtant « Tides » en passant par « Love Undone » ou « Neeckle In My Eyes », Tommi Holappa maltraite sa guitare jusqu’au très bluesy « Bury Me My Son » et le très Desert Rock « March On Higher Grounds ». GREENLEAF livre une nouvelle cuvée exceptionnelle dont il sera difficile d’être rassasié.

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Hard Rock Stoner/Desert

The Quill : granitique !

Ils avaient enregistré 20 nouveaux morceaux pour n’en garder finalement que neuf, c’est dire la qualité et l’impact de ce neuvième album des Suédois de THE QUILL. Entre Hard Rock et Stoner Metal, le quatuor n’a pas vraiment choisi et passe de l’un à l’autre à l’envie. Le résultat est là : « Earthrise » est une bombe !

THE QUILL

« Earthrise »

(Metalville Records)

Savoir si ce nouvel album de THE QUILL sonne plutôt Stoner ou Hard Rock n’a finalement pas beaucoup d’importance. Ce qui compte, c’est que cet opus des Suédois soit bon et il l’est ! Véritable institution dans son pays, le quatuor se révèle toujours aussi percutant, massif et incisif plus de 25 ans après ses débuts. « Earthrise » est solide et accrocheur de bout en bout.

Toujours guidé par un Magnus Ekwall impressionnant au chant, par les riffs épais et les solos racés de Christian Carlsson et la fantastique rythmique composée de Jolle Atlagic (batterie) et Roger Nilsson (basse), THE QUILL tient la dragée haute aux jeunes formations. Les Scandinaves ont de l’énergie et de l’inspiration à revendre, et ça s’entend. Le mur de guitares est franchement  massif.

Bâti sur un Hard Rock lourd et direct très 70’s, « Earthrise » multiplie les montées d’adrénaline avec un grand savoir-faire (« Hallucinate », « Keep On Moving », « Left Train Blues ») Très Stoner sur les monumentaux « Drawft Planet » et « Evil Omen », THE QUILL régale de puissance et de mélodiques imparables. Les Suédois montent encore d’un cran et de façon magistrale.

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Extrême International

The Crown : le Metal comme carburant [Interview]

En 30 ans de carrière, THE CROWN est devenu une institution mondiale en termes de Death Metal. Jamais rassasiés, les Suédois sortent un « Royal Destroyer » brutal, plus intemporel que jamais et avec toujours ces touches Thrash et groovy qui font leur particularité. Robin Sörqvist, guitariste du combo, nous en dit un peu sur ce nouvel album et les intentions musicales du groupe.

Photo : Ida Kucera

– On vous savait agressifs et virulents mais là, ouvrir ce nouvel album avec le très explosif « Baptized In Violence », c’est très frontal ! Le but était de scotcher tout le monde d’entrée de jeu ?

L’idée initiale n’était pas d’ouvrir l’album avec cette chanson. Elle était censée devenir plutôt un morceau bonus, vraiment brutal. Mais pourquoi devrait-on toujours suivre ses propres plans ? (Rires) En fait, la chanson s’est avérée être géniale. La brutalité et l’énergie étaient trop bonnes pour n’être qu’un bonus, alors c’est devenu ce choc. On carbure au Metal !

– Le son Metal extrême suédois est souvent cité en référence car il demeure pionnier dans le style. En l’occurrence, « Royal Destroyer » correspond parfaitement à la définition qu’on en a. C’est quelque chose d’instinctif chez vous, ou vous sentez-vous dépositaire de cette identité sonore ?

C’est tout simplement notre identité sonore. Il n’y a pas de discussion pour savoir si une chanson devrait correspondre, ou pas. Nous faisons simplement ce que nous faisons et le résultat est direct. C’est un tout et c’est ce qu’il en ressort. Je pense d’ailleurs que notre son est assez unique. Il y a des choses personnelles en termes de mélodies et de progressions d’accords que l’on retrouve dans tout le répertoire de THE CROWN. Vous ajoutez à tout ça une attitude très punk assaisonnée de la voix de Johan, et vous obtenez notre son.

– « Royal Destroyer » est toujours ce bel assemblage de Death, de Thrash et de groove avec un côté Old School intemporel. Justement, on a vraiment l’impression que vous êtes imperturbables face aux modes et aux nouveaux courants musicaux, c’est le cas ?

Nous ne suivons aucune tendance musicale. Nous écrivons avec le cœur, notre humeur et notre âme. Ce qui est à la mode à un moment donné n’a jamais été la préoccupation de THE CROWN. Si vous pouviez voir nos collections d’albums privés, les plus récents datent  probablement de 2000 ! (Rires) Blagues à part, il y a bien sûr des artistes intéressants et vraiment talentueux dans le monde entier. Mais il n’y a pas beaucoup de nouveaux groupes vraiment bons, qui vous scotchent dans votre fauteuil. Peut-être que la numérisation en a tué la beauté ? Ou alors, peut-être que nous sommes tous trop paresseux pour emprunter cette voie. 

Photo : Ida Kucera

– Ce qui surprend aussi sur ce nouvel album, ce sont les changements d’ambiances au fil des morceaux, et pourtant il y a une belle continuité musicale. Dans quel état d’esprit avez-vous composé « Royal destroyer » ?

Il n’y avait pas de critères spéciaux qui visaient à faire un album plus diversifié ou d’un niveau plus élevé que « Cobra Speed Venom ». Puisque nous étions vraiment fiers de tout le processus de sa création, nous avons discuté de la manière de surmonter cela. Nous voulions opter pour la diversité et je pense que c’était une sage décision. Une batterie rapide, des guitares qui déchirent, des growls puissants mélangés à une belle mélancolie acoustique. Sans oublier d’ajouter une cloche, des hennissements de chevaux, un peu de sons de guerre et de tonnerre… Et voilà ! (Rires)

– Vocalement aussi, il y a une belle évolution et surtout une impression de grande maîtrise. Tu mets ça sur le compte de l’expérience, ou est-ce que c’est une nouvelle approche ?

Il y a bien sûr l’expérience de 30 ans de Death Metal qui joue beaucoup. Johan (Lindstrand – NDR) maîtrise une technique qui le rend plus détendu lorsqu’il chante. Il peut se concentrer davantage sur le timing et la prononciation, qui font vraiment ressortir le chant. Il n’y a pas beaucoup de chanteurs de Death Metal qui rendent les paroles aussi faciles à comprendre que lui.

– Enfin, on a tous récemment appris la mort de Lars-Göran Petrov, chanteur d’Entombed et Entombed A.D. Comment as-tu ressenti cette grande perte pour le Metal suédois notamment et au-delà ?

Oui, c’était vraiment un triste jour. Je l’ai suivi sur les réseaux sociaux et j’ai pu voir qu’il a vraiment combattu durement sa maladie jusqu’à la fin, et toujours avec le sourire et une attitude positive. C’est une légende et il a livré de la très bonne musique, de l’inspiration avec beaucoup d’esprit tout au long de sa carrière. Je n’ai jamais entendu un seul mot de travers sur lui. La dernière fois que je l’ai vu, c’était le 11 mai 2019, nous avons joué au festival ‘Graveland’ en plein air à Hoogeveen (Pays-Bas), que de bons souvenirs.

– Enfin, tu n’y échapperas pas car la question me brûle les lèvres : as-tu regardé la série « The Crown » ?

(Rires) Bien joué ! Non, je n’ai pas regardé, mais je leur suggère fortement d’utiliser « Royal Destroyer » comme bande originale de la prochaine saison !

« Royal Destroyer » est disponible depuis le 12 mars chez Metal Blade Records