Par bonheur, il existe toujours des groupes pour qui l’analogique signifie encore quelque chose et qui parviennent encore à en extraire des petites merveilles. C’est le cas de DEWOLFF qui poursuit son aventure vintage entre Rock, Blues et Hard 70’s avec une touche de Soul et de Funk et basée sur un groove permanent. Avec « Love, Death & In Between », le trio néerlandais atteint encore des sommets.
DEWOLFF
« Love, Death & In Between »
(Mascot Label Group)
Cela fait maintenant 15 ans que DEWOLFF est resté bloqué dans les années 70, une époque qu’aucun de ses membres n’a connu et pourtant qu’aucun d’entre-eux ne souhaite quitter. Les Hollandais, nourris de Blues, de Rock Psychédélique, de Soul, de Gospel, et même de Southern Rock et de Hard vintage livrent un huitième album studio dantesque et plus élaboré que jamais. Le trio a vu les choses en grand et cela s’entend.
Les frères Van de Poel, Pablo au chant et à la guitare et Luka derrière les fûts, accompagnés du fidèle Robin Piso à l’orgue Hammond, offrent une synthèse incroyable d’une période musicale qui a forgé leurs influences pour obtenir ce style à la fois unique et intemporel. Et pourtant, DEWOLFF ne se répète, ne tourne pas en rond et se concentre sur un jeu incroyablement fluide délivrant des mélodies enivrantes d’un autre temps.
Superbement produit, « Love, Death & Between » est chaleureux et organique bénéficiant d’un soin tout particulier apporté aux cuivres, qui libère une superbe luminosité. Groovy et entraînant, DEWOLFF enchaine les morceaux sur une allure stellaire (« Night Train », « Message From My Baby », « Counterfeit Love », « Gilded »). Avec une mention spéciale à « Rosita » et ses 16 fabuleuses minutes, magnifique point d’orgue de l’album.
A noter que DEWOLFF se produira en Bretagne au festival ‘God Save The Kouign’ le 23 juin prochain à Penmarc’h, Finistère (29).
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Complice vocale et grande amie de Grant Haua que Dixiefrog nous avait fait découvrir l’an dernier pour notre plus grand plaisir, c’est une autre perle venue des îles polynésiennes que nous présente cette fois le label français, et non des moindres ! DELAYNE signe un premier album en collaboration avec son concitoyen et « Karu » brille grâce à une interprétation époustouflante, tout en feeling et alternant entre une grande finesse et des moments puissants d’une grande intensité…. Le tout sur d’exquises mélodies !
DELAYNE
« Karu »
(Dixiefrog)
Retour en Nouvelle-Zélande avec Madame DELAYNE Ututaonga, chanteuse qu’on avait déjà pu découvrir aux côtés de Grant Haua l’espace d’un titre (le génial « This Is The Place ») sur son album « Awa Blues », puis sur le live « Ora Blues At The Chapel » (tous deux chroniqués ici). Cette fois, c’est en solo qu’elle se lance avec une première réalisation, « Karu », forcément Blues et Soul, et qui laisse également une jolie place à sa culture maori.
Evidemment conscient de l’énorme potentiel vocal de sa compatriote, Haua lui a façonné un disque sur mesure en signant pas moins de sept morceaux et en produisant « Karu ». DELAYNE se montre étincelante comme sur le dynamique « BettleJuice » et ou d’autres titres très relevées comme « Shame On You », « Little By Little » ou « Billie Holiday », chanson hommage à l’autre grande dame, mais qui dénote très sérieusement du reste de l’album.
Très bien accompagnée, DELAYNE s’offre un somptueux duo avec David ‘Nono’ Noël des Supersoul Brothers (« Please »), où le mélange des voix est saisissant. Délicate et envoûtante sur « Paying Dues », la chanteuse a bien sûr tenu à inclure un zest de sa langue maori et la magie opère en toute simplicité (« Karu », « Small Change » et le morceau de Grant Haua « To Be Loved » traduit par Aramahou Ririnui). Un premier album qui s’impose avec classe…
Créatif et jouant très habillement et avec naturel sur les émotions, DERRICK PROCELL manie la Soul et le Blues de Chicago comme peu de chanteurs. Brillant songwriter, il excelle sur ce « Hello Mojo! », dont les compositions sont parfaitement servies par un groupe d’exception. Ce nouvel album est un moment d’insouciance et légèreté bienvenu.
DERRICK PROCELL
« Hello Mojo! »
(Catfood Records)
Homme de scène et songwriter depuis quatre décennies, DERRICK PROCELL a la Chicago Soul et le Blues dans la peau. Egalement compositeur pour la télévision et le cinéma, c’est le succès de son album « Why I Choose To Sing The Blues » en 2016, qui l’a conduit à « Hello Mojo! », que le musicien de Milwaukee est allé enregistrer aux fameux studios Sonic Ranch de Tornillo.
Savoureux d’un bout à l’autre, ce nouvel opus a été produit Zac Harmon, un proche du label Catfood Records, et celui-ci est d’ailleurs invité à la guitare sur trois morceaux. Entièrement écrit ou co-écrit par DERRICK PROCELL, « Hello Mojo! » est chaleureux et positif et il en ressort une joie et une douceur communicative, presque en constante opposition à l’époque actuelle.
Remarquablement accompagné pat le groupe texan The Rays, l’Américain captive grâce à des titres aux mélodies addictives distillées avec passion et feeling par des musiciens au groove incroyable (« Skin In The Game », « Hello Mojo! », « Broken Promise » », « I Can’t Say No », « Baby I’m Lost »). Egalement harmoniciste de talent, DERRICK PROCELL livre un bel et enthousiasmant opus.
D’une sincérité absolue et d’une grande profondeur, KAT RIGGINS revient avec un cinquième album très coloré et intense. « Progeny » s’inscrit dans un Blues, qui s’avère être une véritable déclaration d’amour à une musique en perpétuel mouvement et d’une émotion constante, ainsi qu’à la vie plus simplement.
KAT RIGGINS
« Progeny »
(Gulf Coast Records)
Deux ans après l’excellent « Cry Out », la chanteuse américaine vient confirmer tous les espoirs placés en elle par le guitariste Mike Zito, patron de Gulf Coast Records, qui a su immédiatement percer à jour l’incroyable voix et les capacités de la chanteuse. Et pour « Progeny », il a également réuni un groupe hors-norme pour interpréter les compositions flamboyantes de KAT RIGGINS.
Celle-ci ne chante pas seulement le Blues, elle le respire. Nourrie au Gospel, au Rythm’n Blues, à la Soul et au Rock notamment, la Floridienne se livre sur des textes très personnels dans lesquels elle apparait aussi vulnérable qu’incroyablement forte. Sur « Progeny », KAT RIGGINS rend hommage à la vie avec tout ce qu’elle comporte comme bonheur, joie, tristesse et colère.
Riche et abondante, la musique de l’Américaine se place dans un registre très actuel, où toute la culture Blues a sa place et rayonne à travers sa puissance vocale (« My City », « Warriors »). Très varié, « Progeny » passe du Blues Rock à la Funk, la Soul et même des passages Rap en clin d’œil (« In My Blood », « Expresso », « Walk On », « Promised Land », « Mama »). KAT RIGGINS régale une nouvelle fois !
Porté par une belle énergie, le quintet parisien continue sa route dans une ambiance Blues, Soul, Funk et Rythm’n Blues qui ne manque ni de couleurs, ni de fraîcheur et encore moins d’humanisme. Avec « Horosho », son deuxième album, ELISE & THE SUGARSWEETS libère un héritage musical hors du temps et, par conséquent, très actuel.
ELISE & THE SUGARSWEETS
« Horosho »
(Adora Blues/Absilone)
« Horosho » est déjà la troisième réalisation du groupe en six ans. Après un EP (« When The Whistle Blows ») et un premier album (« It Can’t Go Wrong »), tous deux très réussis, ELISE & THE SUGARSWEETS fait son retour avec un changement de taille. Au chant, c’est dorénavant Yulia Gubenko qui officie en lieu et place d’Elisa Heyte, ce qui n’a d’ailleurs pas empêché le quintet de conserver son nom.
Toujours aussi intemporelle, la musique des Français s’inscrit dans la veine des productions de Stax, Atlantic et de la Motown avec tellement de talent que la comparaison s’impose d’elle-même. Entre Blues, Soul et Rythm’n’ n Blues, ELISE & THE SUGARSWEETS nous entraîne dans un groove et un swing irrésistibles dans lesquels quelques pulsations Funk trouvent aussi un peu de place.
En montrant une belle diversité à travers de nombreuses teintes Blues et Soul, les Parisiens affichent aussi une identité musicale très personnelle. Grâce à une incroyable technique et une dextérité de haut vol, ELISE & THE SUGARSWEETS nous font passer par tous les états et le voyage est enchanteur (« In The Shadow Of Your Wings », « Galaxy », « Birthrights », « Not Allowed To Sing The Blues », « Stolen Sun »). Superbe.
Après des parcours très remarqués en solo, Susan Tedeschi et Derek Trucks ont fondé le TEDESCHI TRUCKS BAND pour bénéficier d’une liberté totale et pouvoir donner libre-court à leur fertile inspiration. Explorant toutes les facettes du Blues avec talent, le groupe est devenu reconnaissable entre tous et une grande influence pour beaucoup. Aujourd’hui, c’est avec le premier volet d’un album-concept, qui en comptera quatre, « I Am The Moon », que les Américains viennent inscrire un nouvel et flamboyant chapitre à leur discographie.
TEDESCHI TRUCKS BAND
« I Am The Moon – I : Crescent »
(Fantasy/Universal)
C’est en 2010 à Jacksonville en Floride que Susan Tedeschi (guitare, chant) et Derek Trucks (guitare), unis à la scène comme à la ville, ont décidé de fonder le fameux TEDESCHI TRUCKS BAND. Et depuis, le collectif a trois albums live et présente aujourd’hui son cinquième et très ambitieux opus. Collectif, car ce sont 12 musiciens qui forment cette belle famille Blues et Southern, qui se fondent dans un univers également Soul et Rock et dans lequel leur virtuosité et leur feeling atteignent des sommets.
La singularité de « I Am The Moon » réside dans le fait que le groupe va livrer quatre albums répartis en 24 morceaux pour plus de deux heures de musique, et accompagnés par quatre films où l’on peut voir les Américains en studio et en tournée. Autrement dit, ce beau coffret est un ravissement et un incontournable pour tous les fans du TEDESCHI TRUCKS BAND et de ce style aussi créatif que superbement interprété. Et dès ce premier volet, « Crescent », la mise en bouche est déjà belle.
Inspiré par un mythique conte perse, l’ensemble de « I Am The Moon » se présente donc sous la forme d’un album-concept et « Crescent » se montre envoûtant à souhait. Le collectif s’est libéré de toute contrainte artistique pour livrer une partition unique, façon épopée Southern. Sans distinguer de titre en particulier, les 12 minutes de « Pasaquan », qui clôt l’album, sont d’une beauté incroyable et laissent espérer une suite magique signée par le TEDESCHI TRUCKS BAND. Magistral !
La Soul et le Rythm’n Blues ne semblent plus seulement être l’apanage de la scène américaine, loin de là, et les Français de TOUCH OF GROOVE viennent en apporter une preuve irréfutable avec ce premier album éponyme, digne des meilleures productions d’outre-Atlantique. Même si on reste au premier abord subjugué par la prestation de sa chanteuse, le quintet est d’une minutie et d’un feeling dignes des plus grands.
TOUCH OF GROOVE
« TOG »
(Touch Of Groove Music/Absylone)
Si le son des productions de Stax Records et d’Atlantic Records des années 60 et même 70 continue de susciter chez vous l’émotion, ce premier album de TOUCH OF GROOVE va vous régaler et ne plus quitter votre platine pendant un long (et très agréable !) moment. Le quintet français est parvenu à concentrer la quintessence de la Soul Music, un brin bluesy, de cette époque bénie pour livrer une première réalisation éponyme de toute beauté, où chaque accord est d’une justesse imparable.
TOUCH OF GROOVE est composé de Letty M. incroyable au chant, de Sylvain Lansardière rayonnant aux claviers, de Pascal Guegan tellement subtil à la guitare et de la flamboyante rythmique menée par Olivier Marchevet à la batterie et de Pascal Diouf à la basse. Autant dire qu’à eux cinq, ils en connaissent un rayon sur le groove et ils apportent une modernité à la fois efficace et délicate à ce « TOG » de très haute volée et guidé par une performance vocale impressionnante.
Certes, le groupe rend un hommage appuyé et sans détour à la Soul et au Rythm’n’ Blues de ses héros, mais il n’est aucunement question ici de nostalgie, et plus certainement de l’expression d’un immense respect. A commencer par cette reprise, « (Sweet Sweet Baby)Since You’ve Been Gone », de la reine Aretha Franklin, qui prend un relief étonnant. Et sur l’ensemble de l’album, TOUCH OF GROOVE déroule avec une facilité déconcertante des titres accrocheurs (« Breathe », « This Summer 21 », « Evolved World »). Réjouissant !
Solaire, délicate et relevé, c’est ainsi que l’on peut qualifier ce quatrième album de la chanteuse et guitariste française. Constitué d’un Blues Rock enveloppé de Soul et de Rythm’n Blues, « Pieces Of Soul » s’impose de lui-même comme une réalisation parfaitement menée, inspirée et très personnelle. NINA ATTAL a su trouver les mots et y posé des accords aussi sensibles que puissants.
NINA ATTAL
« Pieces Of Soul »
(Zamora Productions)
Sorti il y a à peine un an, le quatrième album de NINA ATTAL est un peu passé sous les radars, la faute à une situation sanitaire compliquée. Et pourtant, « Pieces Of Soul » est certainement l’un des meilleurs disques de Blues Rock Soul sorti en France depuis très longtemps. En dix ans de carrière, la chanteuse et guitariste a énormément fait évoluer son jeu et son style, qui affichent aujourd’hui beaucoup plus de personnalité.
Avec Gaëlle Buswel et Laura Cox, NINA ATTAL est la plus américaine de nos blueswomen hexagonales dans ses compositions et son registre. A l’instar de ce qui se fait outre-Atlantique, la musicienne offre une synthèse parfaite de Blues Rock et de Soul avec quelques touches d’Americana et de Rythm’n Blues bien senties. En songwriter efficace, elle donne une dimension toute particulière à « Pieces Of Soul », d’ailleurs très bien produit.
Guitariste virtuose, NINA ATTAL n’en fait pourtant pas étalage et se concentre sur des mélodies imparables, misant sur le feeling plutôt que sur la démonstration (« Shape My Home », « Daughter », « Never Been Clear »). Plus intime dans l’approche, la voix de la musicienne porte littéralement ce nouvel album à travers des chansons délicates et sensibles (« Spring Flowers », « Make A Turn », « You’re No Good »). Lumineux !
Le Blues de BONNIE RAITT est éternel et sa voix garde cette intensité rare qui fait d’elle l’une des plus grandes blueswomen de tous les temps. Compter les très bons albums de la songwriter américaine serait déplacé, mais « Just Like That… » en fait bel et bien partie, malgré les épreuves endurées ces derniers mois par la musicienne. A travers un style toujours très Soul, elle resplendit de toute sa classe.
BONNIE RAITT
« Just Like That… »
(Redwing Records)
Les décennies passent et l’étincelle brille toujours chez BONNIE RAITT, qui livre une fois encore un grand et bel album. Six ans après l’excellent « Dig In Deep », la chanteuse américaine a réuni ses partenaires de prédilection pour un « Just Like That… » des grands jours. Enregistré l’été dernier à Sausalito en Californie, ce nouvel opus sort sur son propre label, preuve d’une liberté tenace.
Brillamment accompagnée par les fidèles James Hutchinson (basse), Ricky Fataar (batterie), Glenn Patscha (claviers) et Kenny Greenberg (guitare), BONNIE RAITT passe du Blues à la Soul avec une touche toujours Rock et même Reggae avec la reprise de Toots Hibbert, « Love So Strong ». La musicienne s’éclate, son enthousiasme est toujours aussi communicatif et du haut d’une telle carrière, rien ne lui résiste.
Ponctué de somptueux chorus de slide, de refrains entêtants et de partitions exceptionnelles d’orgue, « Just Like That… » s’inscrit parmi les meilleures productions de la Californienne. De « Made Up Mind », à « Waitin’ For The Blow », « Livin’ For The Ones » ou le très bon morceau-titre, BONNIE RAITT éclabousse de son talent ce nouvel album très inspiré et virtuose. Une perle… encore !
Suite et fin de l’entretien accordé par Janne Timmer, chanteuse et parolière de HARLEM LAKE avec qui on évoque cette fois des aspects plus personnels de ses textes, mais aussi la scène et les projets du groupe. Aussi sensible et pleine d’entrain que les morceaux de « A Fool’s Paradise Vol.1 », la frontwoman se dévoile et nous en apprend un peu plus sur les intentions du quintet, et pas seulement, dans les mois à venir.
Photo : Melle de Groot
– Si la cohérence de HARLEM LAKE réside dans l’osmose et l’harmonie entre chacun d’entre-vous, il faut admettre que ta voix est d’une force phénoménale, capable d’autant de feeling et d’émotion pure que de puissance. On te sent habitée sur chaque mot, Janne. Et ce naturel visible cache une grande technique. Il y a beaucoup de poésie et de délicatesse dans le chant. Pourtant, l’ensemble reste très abordable. C’est peut-être le difficile finalement, non ?
Tout d’abord, merci beaucoup. Trouver l’équilibre entre la poésie et le côté accessible est une quête permanente, mais franchement amusante ! Je parie qu’il y a un tas de gens qui ne seront pas d’accord sur ce côté très abordable de notre musique, mais ça ne me dérange pas. On ne peut pas plaire à tout le monde, mais je suis sûr que nous séduirons un public qui pourra s’identifier à notre musique et à nos histoires. Je cache souvent des situations personnelles dans les paroles, même si je pense qu’elles sont assez difficiles à déceler. Le meilleur exemple, je pense, sont les premières lignes de « I Won’t Complain » :
‘’The drawings on the wall are screaming my pain.
I’m so done with driving people sane.’’
À l’époque, j’étais assez perdue et j’essayais de combler un vide en idéalisant constamment les personnes. Lorsque je faisais l’amour, par exemple, j’avais tendance à défier l’autre, à le grandir et à l’aider à guérir dans l’espoir qu’elle resterait dans les parages. Le sexe est un espace sûr pour moi. J’ai laissé beaucoup de gens utiliser cet espace, alors qu’ils n’en réservaient pas pour moi. Cela s’est souvent avéré être une guérison pour eux, mais une expérience fatiguante et même dommageable pour moi. Montrer un côté très vulnérable et être spirituelle m’a souvent fait mal.
Ces quelques lignes parlent d’un gars en particulier avec qui je sortais à l’époque et qui m’envoyait des dessins sur des cartes postales que j’affichais dans ma chambre. Quand j’ai été rejetée pour la énième fois, j’en ai eu assez. Je cherchais un partenaire fiable, mais je me suis retrouvée avec des gens qui ont abusé de ma vulnérabilité. Dans la chanson, je voulais vraiment dire que j’en ai fini avec la guérison des gens en partageant mon intimité. Mais je n’ai pas de rancune, car cela m’a appris à prendre soin de moi en premier.
– « A Fool’s Paradise Vol 1 » dispose également d’une superbe production, très organique et au relief incroyable. Pour un premier album, vous êtes conscients d’avoir placé la barre très haute ?
Oui, nous en sommes conscients, et c’est à la fois une bénédiction et une malédiction que nous nous sommes imposées. Mais nous avions décidé avant de sortir l’album qu’il fallait qu’il soit à un niveau auquel on n’attendait pas un jeune groupe. Fixer la barre aussi haute est audacieux, mais nous pensons aussi que c’est nécessaire pour être pris au sérieux.
Photo : Cem Altınöz
– Votre son combine aussi à merveille un côté très intemporel avec un savant mélange de tradition et une approche très actuelle. Beaucoup de groupes restent dans l’un des deux registres sans forcément les associer. C’est votre jeunesse qui apporte cette fougue et ce brassage ?
Nous faisons la musique que nous aimons. Si nous avions trouvé un groupe qui faisait déjà exactement ça, on n’aurait pas eu besoin de le faire nous-mêmes. C’est une recherche permanente et, évidemment, toutes les musiques que nous avons entendues nous inspirent et parfois, nous aurions même aimé les avoir écrites. Cependant, je ne pense pas que cela aurait le même son. Découvrir de nouveaux artistes et surtout d’autres plus anciens est quelque chose que nous apprécions vraiment. Je pense que ce n’est pas notre jeunesse qui apporte ce brassage, mais le fait que tant de musique ait déjà été faite. Nous pourrions copier ce qui existe déjà, mais nous n’aurions aucune joie à le faire.
– Il y a aussi un détail qui a son importance sur « A Fool’s Paradise », c’est la précision du « Volume 1 ». Est-ce à dire que le suivant est déjà en route ou peut-être même déjà composé ?
(Rires) Bonne question ! Comme je l’ai écrit dans le livret de l’album : « Notre bébé s’appelle « A Fool’s Paradise vol.1 » et il aura certainement un petit frère ! ». C’est donc une partie de réponse à ta question. Pendant le confinement, il y a deux ans, nous avons écrit de nombreuses chansons avec Dave. Au départ, on voulait en mettre plus sur l’album, mais nous n’avions pas le budget pour ça. Nous avons donc pensé qu’il serait amusant de le diviser en plusieurs parties. Il y a donc encore quelques chansons qui traînent, attendant juste d’être enregistrées. Et depuis l’enregistrement du volume 1, nous avons encore écrit de nouvelles chansons. Cela dit, on veut prendre notre temps pour développer notre répertoire et écrire avec la nouvelle section rythmique avant de retourner en studio. En attendant, nous envisageons de sortir un single ou un EP live.
Photo : Melle De Groot
– Sur scène, vous passez d’une formule en quintet à une formation à douze musiciens avec l’apport de cuivres et de chœurs notamment. Là encore, on revient aux grandes formations Southern, qui permettent des possibilités instrumentales et harmoniques incroyables. C’est dans cette configuration que HARLEM LAKE prend réellement toute son ampleur, selon vous ?
Oui, cela apporte vraiment beaucoup à notre musique. Cela donne beaucoup de profondeur et ça donne à nos concerts quelque chose d’assez inoubliable. Evidemment, une bonne chanson reste une bonne chanson, et mettre beaucoup de monde sur scène ne l’affine pas pour autant. Mais nous avons soigneusement arrangé ces chansons pour l’album, et nous voulons que l’expérience live soit aussi proche que possible de la version enregistrée, et même la surpasse. Et puis, les musiciens qui partagent la scène avec nous sont tous d’un niveau incroyable, même s’ils sont aussi jeunes que nous. Seul petit bémol, il faut trouver l’équilibre entre les parties existantes et les jams spontanées, car nous n’avons pas encore eu l’occasion de jouer très souvent tous ensembles. Mais une fois que les concerts vont vraiment reprendre normalement, et que nous aurons le budget pour les répétitions, nous nous concentrerons définitivement pour devenir cette énorme machine !
– Enfin, les deux mots qui me viennent à l’esprit pour qualifier ce très bon premier album sont énergie et sincérité. Rassurez-moi, vous en avez encore sous le pied ?
Oh oui ! Nous en avons ! La pandémie commence à freiner et même si certains jours, nous sommes fatigués et découragés, il nous reste vraiment beaucoup d’énergie et chaque petite victoire, comme faire cette interview, vient l’alimenter. On ne peut jamais en être vraiment sûr, mais nous pensons que nous sommes sur la bonne voie pour réaliser nos rêves et nous espérons que vous resterez longtemps avec nous !