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Groove Metal

Savage Lands : Make The Planet Great Again

La cause environnementale gagne aussi le monde du Metal, pourtant peu avare de gigantesques rassemblements et c’est une très bonne chose. Si sauver la planète est un projet plus qu’ambitieux, y apporter sa contribution pour fédérer le plus possible afin de mener à bien des actions très concrètes est largement de l’ordre du possible. Et c’est l’engagement pris par SAVAGE LANDS, regroupement international d’artistes issus du Metal au sens large du terme. Avec « Army Of Trees », c’est une nouvelle pierre qui vient renforcer l’édifice et qui devrait caresser les oreilles les amateurs de décibels engagées… et enragées !

SAVAGE LANDS

« Army of Trees »

(Season Of Mist)

Né il y a déjà trois ans sous l’impulsion de Sylvain Demercastel et Dirk Verbeuren, qui ont œuvré ensemble au sein du groupe de Thrash français Artsonic, et rapidement rejoints par Poun et Etienne Treton de Black Bomb A, ainsi que Florian Pons pour former le noyau dur du projet, SAVAGE LANDS se veut avant tout un collectif Metal en forme d’association à but non-lucratif, sorte d’ONG musicale. L’objectif, après avoir constaté les dégâts de la déforestation sur la forêt tropicale du Costa Rica, est simple : préserver les zones à hauts risques et leur écosystème. Une entreprise qui n’a d’ailleurs pas mis très longtemps à rassembler de nombreux artistes internationaux du monde du Metal.

Leur action se développe dorénavant dans d’autres pays et SAVAGE LANDS est aujourd’hui associé à des scientifiques et des ingénieurs forestiers, et d’autres acteurs venus d’horizons très différents. Et cette ‘Alianza Verde’ est déjà parvenue à planter de plus de 11.000 arbres au Costa Rica, avec l’aide de nombreux bénévoles. Touché par cet élan écologiste, le Hellfest s’est même engagé à faire don d’un million d’euros aux organisations au cours des cinq prochaines années… Imaginez un peu le même type d’aide à la presse spécialisée française qui travaille à mettre en lumière au quotidien les groupes dont le festival fait son affiche ! Bref, je m’égare sûrement un peu, quoique…

Musicalement, « Army Of Trees » évolue pour l’essentiel dans un Groove Metal assez l’éclectique, mais qui donne tout de même une ligne directrice très identifiable à ce premier album. Vous laissant le soin de vous y plonger, car tous les bénéfices vont à l’association, vous y croiserez le chemin de musiciens militants et talentueux comme Kai Uwe Faust, Chloe Trujillo, Alissa White-Gluz, Kenneth Andrews, Andreas Kisser, John Tardy, Maria Franz ou encore Lord Of The Lost et quelques autres venus se joindre au projet. A noter que « Army Of Trees » a été enregistré, mixé et masterisé par Adair Daufembach à Los Angeles. Donc, si la cause est belle, le son l’est tout autant !

Photo 2 : Kevin Merriaux

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Death Mélodique Groove Metal

PyraH : duality

Très technique et accrocheur, le style de PYRAH se frotte à un Metal extrême avec beaucoup de percussions, tout en gardant les mélodies très présentes. Le combo souffle le chaud et le froid avec une facilité et une maîtrise assez bluffantes. Aussi brutal qu’il peut être vraiment entraînant, il avance sur un épais groove bardé de passages torturés et effrénés, où sa chanteuse dicte littéralement sa loi et donne la marche à suivre. Grâce à une bonne production, les morceaux de « Veni Vidi Delevi » montrent beaucoup d’agressivité, mais aussi une facette grisante et exacerbée.

PYRAH

« Veni Vidi Delevi »

(Wormholedeath Records)

Composé de Lucie Duval (batterie), Maxime Walchuck (guitare), Clem Artuso (basse) et Ivy Brizard (chant), PYRAH joue la carte de la parité et ça lui franchement très bien. Sur de bons rails depuis une bonne décennie maintenant, le quatuor livre son troisième album et il dépasse de loin ses prédécesseurs en termes d’énergie et d’intensité. Après « Where Am I ? » (2014) et « Part Of The Ghost World » (2019, le style s’est resserré et tendu pour afficher une ligne musicale solide et variée, avec des moments très rapides et extrêmes.

Car, si nos Strasbourgeois évoluent dans un registre que l’on pourrait qualifier de Modern Metal, on est bel et bien sur une crête avec d’un côté un Groove Metal musclé et racé, et de l’autre des aspects tout droit issus du Death Metal mélodique. En effet, PYRAH compte dans ses rangs une frontwoman déterminée et à la dualité vocale, qui n’est donc pas avare de growls puissants et profonds. Pour autant, le chant clair ne manque pas d’intérêt, bien au contraire, et offre même plus de vélocité et d’harmonie aux morceaux.

Sur des riffs aussi acérés que massifs, la rythmique joue sur les variations de tempos avec des accélérations fulgurantes en phase avec des parties vocales très polymorphes. PYRAH surprend, grâce à un style qui oscille entre références actuelles assez dures et d’autres plus classiques et fédératrices. Les Alsaciens nous embraquent dans ce « Veni Vidi Delevi », qui dépasse d’ailleurs les 50 minutes, avec des titres entêtants (« Death From Above », « Mind Reset », « Obey », « Sea Of faces », « Constant Chatter » et le morceau-titre).  Du costaud !  

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Groove Metal Metal Progressif Post-Metal

Hippotraktor : heavy monster

La Belgique fournit régulièrement des formations atypiques qui se font plaisir en repoussant les frontières et les limites du Metal. A cette belle liste vient s’ajouter dans la durée HIPPOTRAKTOR avec un deuxième album monstrueusement exigeant et perfectionniste. Dans un post-Metal très progressif et Groove, « Stasis » développe une énergie sinueuse franchement phénoménale et d’une puissance qui s’affiche sans complexe en opposition à des passages apparemment plus éthérés.   

HIPPOTRAKTOR

« Stasis »

(Pelagic Records)

Avec « Meridian » sorti il y a trois ans, HIPPOTRAKTOR avait soigneusement posé les fondations d’un Metal moderne assez fulgurant et façonné sur des bases progressives, Groove et post-Metal. Et ce premier opus en avait secoué plus d’un par sa maîtrise, sa production et surtout l’originalité avec laquelle les Belges avaient réussi à mettre en œuvre la fluidité de tous ces éléments. Avec « Stasis », le combo ne fait pas autre chose, si ce n’est qu’il le fait encore mieux et en affichant une assurance indéfectible. Solide et massif, il paraît franchement inarrêtable.

Doté des redoutables Sander Rom (L’Itch) et Stefan de Graef (Psychonaut) au chant qui créent une sorte de miroir vocal très contrasté, HIPPOTRAKTOR peut développer à l’envie ce choix des nuances qui le rend imprévisible. Parfaitement produit par son guitariste Chiaran Verheyden, « Stasis » joue et trouve même l’équilibre entre les extrêmes tout au long des sept morceaux. Violent, aérien, lourd, voire écrasant, le jeu du quintet impressionne autant par la grande technicité de ses membres que dans la structures des titres.  

Cela dit, derrière l’imposante machine à broyer se niche aussi une formation sachant évoluer tout en finesse dans un post-Metal plus léger et parfois même contemplatif. Assez complexe dans la composition, HIPPOTRAKTOR n’en reste pas moins très lisible et on se laisse vite emporter par la multiplicité des reliefs et des tessitures sonores, le tout dans un ensemble millimétré (« Descent », « Stasis », « The Indifferent Human Eye », « Silver Tongue », « Echoes »). Avec une telle réalisation, les prestations scéniques s’annoncent aussi magistrales que résolument intenses.

Photo : Sam Coussens
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Groove Metal Hard-Core Thrash Metal

Swarm : un groove exponentiel

La scène Metal française ne s’est jamais aussi bien portée et SWARM en est le parfait exemple. Malgré une exposition bien trop discrète, la formation d’Antibes enchaîne les concerts et les albums depuis une bonne décennie maintenant. Le groove brutal et mélodique à l’œuvre sur « Omerta » devrait sans mal conquérir les fans de Thrash Hard-Core aux riffs tranchants et aux solos survoltés. Cette belle offrande décibélique ne doit rien au hasard, tant le groupe monte en puissance à chaque disque.  

SWARM

« Omerta »

(Independant)

Il y a cinq ans déjà, SWARM m’avait déjà fait forte impression avec « Anathema », son deuxième album. Le successeur de « Division & Disharmony » (2017) sortait d’ailleurs en indépendant ce qui, vu sa qualité, tenait de l’hérésie en comparaison d’autres productions supportées par un label. Ensuite, le combo nous a fait patienter avec « Mad In France », un EP paru l’an dernier, doté de six titres explosifs, où il a encore peaufiné un style basé sur un Groove Metal teinté de Thrash et de Hard-Core à la redoutable efficacité. Son registre semble être cette fois arrivé à maturité, car la force déployée est monumentale.  

D’ailleurs à l’époque de la parution du format court, beaucoup se sont interrogés, car le troisième opus était a priori déjà en boîte. Cela dit, ça valait vraiment la peine d’attendre, car « Omerta » montre et démontre que SWARM fait bel et bien partie du haut du panier de la scène hexagonale. Toujours enregistré et mixé au studio Artmusic dans le Var par Sebastien Camhi, le mastering a été confié au grand Jacob Hansen et le moins que l’on puisse dire est que ce nouvel effort a du coffre, du relief et dégage une folle et dévastatrice énergie. Tous les ingrédients sont réunis et les feux sont au vert.

« Omerta » ouvre avec « Alsamt », une belle intro instrumentale, acoustique et solaire. Mais SWARM, c’est d’abord deux guitares qui claquent, une rythmique qui bastonne et un chant accrocheur et varié. Musclée et massive, cette nouvelle réalisation présente un bel équilibre et balance bombe sur bombe (« Step By Step », « Suicidal Dreams », « Make Your Move », « My Inner »). Le quintet s’offre aussi une brève accalmie (« DeAD Inside »), quelques phrasés en français (« Clink And Come End ») avant de clore magistralement les débats avec l’excellent « First Class », l’ultime et brillant joyau d’« Omerta ». Bien joué !

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Djent Groove Metal Metal Progressif

TesseracT : futuriste

Sur une production massive signée en collaboration avec Peter Miles et Katherine Marsh de Choir Noir, TESSEARCT livre « War Of Being », un opus conceptuel et particulièrement immersif. Pointus et techniques, les Anglais posent des ambiances souvent avant-gardistes, et toujours aussi Metal et progressives. Et en se réinventant à chaque fois, leur parcours est assez renversant. A noter que la pochette a été réalisée avec l’assistance d’une IA, une chose qu’on ne verra pas se produire sur la musique du groupe, selon son guitariste James Monteith.

TESSERACT

« War Of Being »

(Kscope)

Apparu au début des années 2000, TESSERACT fait partie de la grande famille du Metal Progressif avec cependant des aspects qui le distingue du style originel. Les inspirations Rock des pionniers ont disparu au profit de sonorités plus actuelles comme le Nu Metal et surtout le Djent avec lesquels les membres du groupe ont grandi. C’est assez normal finalement et cela donne des spécificités particulières aux Britanniques, qui sont parmi les rares à proposer ce type de registre. En perpétuelle évolution et adeptes d’expérimentation musicale, ils présentent un « War Of Being » novateur.  

Cinq ans après leur dernier effort studio, « Sonder », et suite à « Live In The Lockdown » et « P.O.R.T.A.L.S. » sortis en pleine pandémie, TESSERACT s’essaie au concept-album et c’est plutôt réussi. On plonge ainsi dans ‘The Strangeland’, où se trouvent les deux protagonistes de cette fable moderne. En alternant les couleurs musicales à presque chaque album, le quintet sort systématiquement de sa zone de confort tout en restant dans un Metal Progressif flirtant avec le Groove, le Nu Metal et surtout le Djent. Présentées comme un élément unique, les neuf plages de « War Of Being » sont littéralement soudées.

L’enchaînement des morceaux est remarquable et grâce à des atmosphères très contrastées et un gros travail sur les textures sonores, TESSERACT s’appuie sur une belle vélocité et des passages aériens bien sentis. Entre chant clair mélodique et growl appuyé, le frontman Daniel Tompkins livre une prestation en symbiose parfaite avec un duo de guitaristes survitaminé, dont les riffs Heavy ravagent tout sur leur passage. Enfin, la rythmique agile et puissante mène ce nouvel opus sur un train d’enfer (« War Of Being », « The Grey », « Sacrifice », « Sirens »). Une belle et très maîtrisée déflagration !

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Groove Metal Nu Metal

Brain For The Masses : furious Esperanto

Le Portugal ne cesse de réserver de bonnes surprises en matière de Metal et BRAIN FOR THE MASSES vient renforcer cette belle scène émergeante au talent indéniable. Solide et massif, le quintet vient se loger quelque part entre Fear Factory, Linkin Park et Meshuggah en assumant pleinement la violence de son jeu et l’aspect très fédérateur de ses compos. Une sorte de Modern Metal en version organique et tout en finesse…

BRAIN FOR THE MASSES

« Monachopsis »

(Independant)

C’est assez rare que je chronique des EP, souvent faute de place et notamment aussi face à une quantité démentielle de sorties. Cependant, l’histoire de ce quintet portugais force le respect et surtout, « Monachopsis » est une très bonne réalisation de cinq titres d’une demi-heure intense où de nombreux courants du Metal viennent se bousculer intelligemment. BRAIN FOR THE MASSES fait une magnifique entrée en matière.

Obstinés, les Lusitaniens ont déjà six ans d’existence et même si ce premier effort ne sort qu’aujourd’hui, il a été enregistré en 2019, puis bloqué par cette satanée pandémie. Pourtant, ils n’ont jamais lâché l’affaire et « Monachopsis » montre beaucoup de dynamisme, de volonté et surtout un Metal virevoltant. Capable de nous transporter dans un Groove Metal massif et lourd, BRAIN FOR THE MASSES affiche bien d’autres envies.

Flirtant avec le Nu Metal, le Groove donc, mais aussi avec le Heavy et le Metal Progressif, le combo ne s’interdit rien et paraît même à l’étroit tant il est difficile à loger. Mélodique et puissant, BRAIN FOR THE MASSES livrent des titres aboutis, très bien structurés et que des arrangements soignés font bien respirer (« Bleak », « Seclusion », To Be Alive », « Stay Afloat »). Soutenu par une telle production, les portes semblent grandes ouvertes.  

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Groove Metal Hard Rock Southern

I’ll Be Damned : incendaire

Ils seront damnés et ça ne fait aucun doute ! Peu importe, les Danois prennent le taureau par les cornes pour asséner un album très nerveux, où la fièvre du propos s’étend sur des morceaux d’une totale liberté et d’une explosivité de chaque instant. Sur un Hard Rock massif, percutant et aux éclats de Metal, I’LL BE DAMNED livre l’un des meilleurs albums dans ce registre depuis bien longtemps ! La machine est lancée…

I’LL BE DAMNED

« Culture »

(Mighty Music/Target Group)

Présenté comme un groupe de Groove Metal, c’est pourtant bel et bien dans un registre très Hard Rock bien gras et surpuissant, d’où s’échappent des solos bien Heavy, qu’évolue I’LL BE DAMNED. Alors pour ce qui est des références, allez plutôt chercher du coté de Clutch que de Down. Résolument Rock’n’Roll dans l’attitude, mais pas seulement, les Danois livrent un troisième album survolté, hargneux et vindicatif.

Que ce soit la politique, la religion, les médias et plus largement la société dans son ensemble, tout le monde en prend pour son grade. Et pas à moitié ! Avec l’arrivée d’Anders Gyldenøhr derrière les fûts et surtout de Mark Damgaard au chant, le quintet se montre incisif dans les riffs, massif dans la rythmique et très rugueux, tout en restant mélodique dans la voix. I’LL BE DAMNED n’est pas de retour pour trier les lentilles.

Les neuf morceaux de « Culture » sont autant de grosses claques en pleine face. Avec un côté Southern marqué, les Scandinaves avancent sur un groove épais et rageur entre colère et désespoir avec un cynisme et une ironie de chaque instant. Parfaitement structurés et remarquablement bien produits, les morceaux de I’LL BE DAMNED sont autant d’uppercuts (« FuckYourMoney », « Hell Come », « Through The Walls », « Forever, Right »). Jouissif !

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Alternative Metal Groove Metal Modern Metal

Demon Hunter : entre lumière et tentation

Fondé en 2000 par les frères Clark dont il ne reste aujourd’hui que Ryan au chant (Don ayant décidé de se consacrer à sa famille), DEMON HUNTER est l’un des rares groupes de Metal chrétien à s’aventurer dans des registres massifs et des atmosphères très sombres. Entre Groove, Alternative et Modern Metal, les Américains bénéficient d’une belle et solide réputation que « Exile » vient contribuer à renforcer.

DEMON HUNTER

« Exile »

(Weapons MFG)

Après un report de quelques semaines, le dizième album des Américains de DEMON HUNTER pointe enfin le bout de son nez et il réserve de belles surprises. Le quintet de Seattle nous avait laissé avec « Peace/War » en 2019, doublement réussi, et réapparaît avec son premier album-concept, « Exile ». Produit et mixé par son guitariste, Jeremiah Scott, ce nouvel opus est rassembleur et percutant.  

Les douze morceaux reflètent le regard original d’un homme sans attaches dans une société civilisée venant de s’effondrer. DEMON HUNTER continue donc son exploration de la face obscure humaine, tout en y apportant de nombreuses notes d’espoir évidemment. Contrairement à son prédécesseur, « Exile » présente une unité musicale moins dispersée, mais toute aussi tranchante et mélodique.

Et pour épicer un peu l’ensemble, le groupe de Metal chrétien a fait appel à quelques invités de marque venus d’horizons très différents. Ainsi, Max Cavalera de Soufly (« Defense Mechanism »), Richie Faulkner de Judas Priest (« Godless ») et Tom S. Englund d’Evergrey (« Silence The World ») embellissent de belle manière cette réalisation bien musclée. DEMON HUNTER reste inspiré et frappe fort.

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Groove Metal Thrash Metal

Lamb Of God : l’envie du partage

Pour sa onzième réalisation studio, LAMB OF GOD donne presque l’impression d’un émoi  retrouvé, qui est très certainement dû au fait d’avoir enregistré « Omens » en live. Cette immédiateté déversée sur les dix titres offre à ce nouvel opus un aspect où le quintet enflamme par ses nouvelles compos, dont la force est décuplée et renforcée grâce à un élan très connecté, omniprésent et ravageur.

LAMB OF GOD

« Omens »

(Nuclear Blast Records)

LAMB OF GOD nous avait laissé en mars 2021 avec un drôle d’album live, « Live In Richmond, VA », que le groupe avait enregistré un concert, chez lui et en streaming, devant une salle vide pour cause de confinement. Même si l’envie et la puissance étaient au rendez-vous, une atmosphère étrange s’en dégageait. Pourtant, chez le quintet américain, un fort désir a émergé, celui de jouer en live le plus souvent possible. Et c’est le cas sur « Omens », où seules quelques toutes petites parties vocales ont été enregistrées séparément.

Donc, la chose qui ressort au premier abord d’« Omens » est cette énergie du collectif que le frontman Randy Blythe prend aussi à son compte. Jouer et composer ensemble s’entend véritablement sur ce nouvel album et LAMB OF GOD emporte tout sur son passage et y parvient sans peine. Produit par le grand Josh Wilbur (Korn, Trivium, Megadeth) et surtout enregistré aux mythiques Henson Recording Studios créés par Charlie Chaplin en 1917, le groupe livre ici un opus enragé et convaincu.

La culture et une évidente adoration du riff restent intactes et plus virulentes que jamais. La paire Willie Adler/Mark Morton s’en donne à cœur-joie, quitte parfois à nous perdre en route. Sans jamais lever le pied, « Nevermore », « Vanishing », « To The Grave », « Grayscale » ou encore « Denial Mechanism » sonnent comme des piqûres de rappel où LAMB OF GOD donne le sentiment d’insister sur l’aspect exaltant, électrisant et surpuissant de son jeu. « Omens » est particulièrement rageur, voire presqu’excessif. Jubilatoire. 

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Groove Metal Thrash Metal

Machine Head : la leçon

A en croire certains, MACHINE HEAD n’est plus que l’ombre de lui-même depuis quelques albums. Assez inégal, c’est vrai, le quatuor de la Bay Area reste pourtant une valeur sûre du Thrash/Groove Metal depuis trois décennies. Avec « Øf Kingdøm And Crøwn », le combo fait bien plus que de redorer son blason : il l’illumine. Rendant coup pour coup, cette dixième réalisation vient remettre l’église au centre du village Metal avec éclat.

MACHINE HEAD

« Øf Kingdøm And Crøwn »

(Nuclear Blast)

Et si, avec ce dixième album, MACHINE HEAD venait de livrer la pièce maîtresse de sa discographie ? Ça en fera certainement hurler plus d’un, mais si on y réfléchit bien… « Øf Kingdøm And Crøwn » recèle d’innombrables trésors répartis sur 15 pistes pour une heure de Thrash/Groove Metal de haute voltige. Les Californiens atteignent enfin le niveau auquel on les a toujours imaginés.

Robb Flynn et ses hommes apposent d’entrée leur ambition et leur assurance avec « Slaughter The Martyr », titanesque morceau de dix minutes où la mélancolie se mêle à une brutalité foudroyante. Dans le même temps, techniquement et au niveau des harmonies, MACHINE HEAD affiche la couleur : elle sera noire. Le quatuor se montre plus affûté que jamais et la fluidité de son Metal est juste phénoménale.

Entre Waclaw Kieltyka et son leader, l’osmose guitaristique est au sommet, tandis que Matt Alston (batterie) et Jared McEachern (basse) apportent à « Øf Kingdøm And Crøwn » un rythme infernal et un groove énorme (« Chøke Øn The Ashes Øf Yøur Hate », « Becøme The Firestørm »). Si la mécanique de MACHINE HEAD est parfaitement huilée, les mélodies et le chant libèrent une diversité presqu’addictive et très audacieuse (« Unhalløwed »). 

La facilité affichée sur l’ensemble de cet album-concept montre aussi à quel point le groupe a atteint sa pleine maturité et sa perpétuelle remise en question porte enfin ses fruits. Les Américains ne sont plus des challengers depuis longtemps et ce nouvel opus vient faire taire ses détracteurs. MACHINE HEAD est affamé, surpuissant et cette démonstration est franchement implacable (« Kill Thy Enemies », « Bløødshøt », « Røtten »).