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Enemy Of The Enemy : hybride et chirurgical

Ténébreux et apocalyptique, ce deuxième album des Franciliens d’ENEMY OF THE ENEMY va conquérir sans peine les fans de Metal au sens très large du terme. Avançant imparablement dans des sphères Groove et Indus, malmenées par des émanations Thrash, le registre très hybride du quatuor s’engouffre même parfois dans des ambiances très dark et presque Gothic. « The Last Dance » offre un rude combat et un choc de chaque instant.

ENEMY OF THE ENEMY

« The Last Dance »

(Wormholedeath Records)

Après être longtemps resté en indépendant, réalisant trois EP et un album depuis ses débuits en 2008, le quatuor de la banlieue sud parisienne livre son deuxième album et cette fois sous le label italien Wormholedeath, une façon de passer un cap. Fort d’une solide production, ENEMY OF THE ENEMY présente « The Last Dance », un concentré de Metal qui se meut dans un Crossover rondement mené de Groove, d’Indus avec des côtés Thrash et parfois même Nu Metal. 

Passé « A Bright Warning », sorte de long préambule à l’album, le combo nous embraque dans une déferlante de riffs tranchants et costauds, de rythmiques chirurgicales où évolue un chant versatile pouvant passer d’une voix claire, souvent parlée, à un scream dévastateur et rageur. ENEMY OF THE ENEMY sonne résolument actuel et l’atmosphère très Indus de ce nouvel opus est obsédante (« Alien », « Outta There »).

Sans laisser de répit, les Franciliens déferlent avec des titres sombres et puissants (« Blackstars », « The Devil In Me », « The Choice »). Particulièrement compacte et dense, la musique du combo se vit comme une déflagration basée sur une agressivité très maîtrisée où les riffs bastonnent avant de vous laisser respirer quelques instants (« SuperGreen », « Believe »). Avec ce son imposant, ENEMY OF THE ENEMY se montre plus que convaincant.

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Metal Indus Progressif Technical Metal

Voivod : cosmic trip

Une rythmique phénoménale guidée par une basse massive, des riffs insaisissables et percutants et une voix inquiétante et envoûtante : VOIVOD n’a rien changé à ses bonnes habitudes. Les Québécois se présentent façon rouleur-compresseur avec ce « Synchro Anarchy » qui viendra, sans nul doute, se hisser au sommet d’une déjà très belle discographie.

VOIVOD

« Synchro Anarchy »

(Century Media Records)

Cela fait maintenant 30 ans que VOIVOD surprend, innove et garde un temps d’avance dans les méandres d’un registre qu’il a lui-même élaboré. Se promenant dans des sphères progressives, Indus et parfois même jazzy, le quatuor québécois sort son quinzième album studio qu’il co-produit avec Francis Perron. Une fois encore « Synchro Anarchy » sort des sentiers battus et présente des ambiances inédites.

Entrer dans l’univers tortueux et unique de VOIVOD est autant une aventure qu’un exercice ardu, car rien chez les Nord-Américains n’est lisse ou conforme, mais affiche plutôt un caractère bien trempé basé sur une technique imparable, des références pointues et surtout une identité très forte. Et quatre ans après « The Wake », le groupe est resté instinctif, inspiré et même aspiré par le cosmos.

En effet, « Synchro Anarchy » peut se concevoir comme un road-trip spacial, la découverte d’un monde intersidéral à la fois hostile, terrifiant, chaotique et souvent planant et trippant. VOIVOD se remet sans cesse en question à travers des titres peu conventionnels (« Planet Eaters », « Mind Clock »). Toute en relief, la production de ce nouvel opus est renversante et le combo bouscule tout sur son passage. Stupéfiant !

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France Melodic Metal Metal Indus

Dust In Mind : en totale maîtrise [Interview]

C’est demain que le quintet français DUST IN MIND sort son nouvel album, « CTRL ». Moderne, mélodique et Indus, le groupe se présente avec un quatrième effort plein de confiance et très inspiré. Ressorti renforcé de cette période obscure, le groupe se livre à travers des émotions fortes dans des atmosphères très urbaines, des refrains addictifs et soutenu par une production massive doublée d’une belle force de frappe. La frontwoman du combo, Jen, nous parle de ce nouvel opus, ainsi que du travail collectif des musiciens du combo.

– Votre quatrième album, « CTRL », vient de sortir et il présente une direction artistique aboutie et une très belle production. DUST IN MIND s’affirme avec beaucoup d’assurance. C’est aussi votre sentiment ?


Merci beaucoup ! Oui, c’est également notre ressenti. On ne va pas faire dans le cliché et dire que c’est l’album de la maturité, (Rires) mais on sent que l’on est dans la bonne direction. On se sent en phase à 2000% avec tout ce que l’on fait, et on travaille sur tous les aspects de la production que ce soit la vidéo, les photos et le son. Cela demande énormément de travail et nous constatons que le public le ressent aussi, donc nous en sommes très heureux.

– Vous avez dit que la période de confinement vous avait aidé à travailler sur vos objectifs et votre son également. En quoi cette démarche a-t-elle modifié ou renforcé le groupe ?

On peut dire que l’on a beaucoup cohabité pendant ce confinement. Plutôt qu’uniquement le subir, on a pensé que c’était le bon moment pour travailler notre son et aussi faire des soirées brainstorming à rallonge, où l’on a beaucoup discuté. On l’a fait dans nos vies personnelles, et aussi dans celle du groupe. Nous avons une très bonne cohésion et je pense que c’est ce qui fait notre force. Nous voulons aller dans la même direction et nous faisons tous les mêmes sacrifices. Entre deux confinements, nous nous sommes isolés plusieurs jours dans une salle de concert, où nous avons travaillé le côté scénique et le jeu de lumière. Et nous avons également fait appel à un coach pour la première fois. Nous avons peaufiné notre jeu de scène, mais nous avons aussi passé beaucoup de temps à faire des exercices de cohésion de groupe, de lâcher prise, etc… C’était très précieux pour nous et cela a encore plus resserré nos liens.

– DUST IN MIND évolue dans un Modern Metal avec des dominantes Indus et même un peu symphoniques. Ce sont pourtant des registres assez opposés. C’est un mix qui vous est venu facilement et naturellement ?

Je ne pense pas qu’il y ait 1% de symphonique dans DUST IN MIND ! (Rires)(Pourtant vocalement, on y est très souvent ! –NDR) Mais oui, nous évoluons dans un registre Indus depuis les débuts du groupe. Nous avons aussi un coté très groovy, très Korn comme le disent certain. Et c’est vrai que nos influences étant Korn et Pain, nous nous présentons simplement comme un groupe de Modern Metal/Indus. Cette tendance est tout à fait naturelle et colle parfaitement au groupe et à nos personnalités.

– « CTRL » est un album très lumineux et paradoxalement certains passages, ainsi que vos textes sont très sombres. Quelle est la thématique générale, car on pense parfois à un album-concept ?

Cela pourrait être apparenté à un album-concept, pourtant il n’a pas été réalisé dans cette optique. En écrivant les textes, je laisse juste parler mon cœur de manière primitive. Et au final, c’est vers la fin de l’album que j’ai réalisé qu’il y avait bien un thème général qui ressortait clairement. Cette notion de contrôle des émotions, de lâcher prise qui peut faire parfois peur ou l’addiction aux émotions intenses, etc…


– DUST IN MIND se distingue aussi par sa double dualité vocale, grâce à un chant féminin et masculin d’un côté, ainsi que clair et growl de l’autre. C’est un aspect de votre musique que vous travaillez plus particulièrement et dont vous soignez un peu plus les arrangements ?

En effet, c’est quelque chose sur laquelle nous essayons de travailler et surtout d’évoluer. Sur ce nouvel album, nous avons beaucoup travaillé sur les voix et nous avons aussi expérimenté et osé. On voulait également casser certains codes comme le fait que la chanteuse ne doit pas nécessairement chanter tous les refrains. Damien (Dausch, guitare et chant saturé – NDR) chante plus que d’habitude et présente également un panel vocal beaucoup plus riche. C’est très plaisant et cela donne plus de diversité à l’album.

– Sur le morceau « Synapses », il y a  un passage chanté en français, qui se distingue aussi du ton du titre par son style. Comment vous est venue l’idée, et est-ce que c’était important pour vous que votre langue maternelle ait aussi sa place sur l’album ?


C’est vrai, car cela fait quelques temps que nous souhaitions faire un clin d’œil à notre langue maternelle. Et lorsque « Synapses » a été composé, c’est tout naturellement que j’ai posé des paroles en français. Nous réalisons que beaucoup de nos fans à l’étranger ne savent pas que nous sommes français. Il y a quelques années, j’essayais tant bien que mal de camoufler mon accent et aujourd’hui, je le regrette presque. Nous sommes français et la French Touch a une bonne image à l’étranger, alors pourquoi s’en cacher ? Je préfère l’assumer.

– Vous déclarez avoir plus de 10 millions de streams. Concrètement, quel est l’impact réel ? Cela se sent dans les ventes d’albums ou, peut-être et surtout, sur la fréquentation des concerts ?


Oui, cela se sent dans les ventes d’albums, et heureusement. Mais honnêtement, le nombre de streams (de Spotify par exemple) est une valeur objective. Si on tombe dans des playlists éditoriales, cela aura de suite un très gros impact. Et c’est une grande chance de nos jours, c’est vrai.


– Enfin, la pochette de « CTRL » est une photo de Freaky Hoody, connu notamment pour ses tatouages. Quel est le message ? Vous vous sentez proches de sa démarche ? Et vous êtes-vous rencontrés ?

Oui, nous nous sommes rencontrés, car c’est nous qui avons réalisé le clip de « Take Me Away » dans lequel il joue. Nous l’avons découvert dans une vidéo sur les réseaux sociaux et nous avons accroché à son histoire. Nous véhiculons des messages de tolérance que ce soit en termes de couleur de peau, de religion, d’orientation sexuelle, sur les tatouages, etc…
Faire appel à lui pour notre clip était plutôt naturel. Et à la fin du tournage, nous lui avons proposé de poser pour notre pochette et nous avons improvisé un shooting. C’était extra ! 

L’album « CTRL » de DUST IN MIND sera disponible demain (le 19 novembre) chez DarkTunes Music Group

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Metal Indus

Ministry : santé mentale

Chaque nouvel album de MINISTRY est toujours un petit événement en soi. Si « Moral Hygiene » ne figurera sans doute pas parmi les incontournables des maîtres du Metal Indus, il mérite cependant qu’on y prête une oreille. Très bien produit, ce quinzième opus est aussi le témoin musical d’une Amérique bancale et les propos d’Al Jourgensen ne manquent pas de piquant.

MINISTRY

« Moral Hygiene »

(Nuclear Blast)

Pour ce quinzième album, le chanteur s’est entouré d’experts du Metal Indus, registre qu’il a fortement contribué à créer, puis à développer depuis quatre décennies. Si l’explosivité et le côté extrême de MINISTRY commencent à s’atténuer peu à peu depuis les débuts à Chicago en 1981, la pertinence et la provocation n’ont quant à elles pas disparu. Vindicatif et engagé, le vétéran a toujours les crocs et le sens de la formule.   

Après le convaincant « AmeriKKant » paru en 2018, « Moral Hygiene » est finalement une suite logique, tant l’album reste dans les traces et le ton de son prédécesseur. Composé des guitaristes Cesar Sotto et Monte Pittman, de Roy Mayorga (ex-Soufly, Stonesour) à la batterie et John Bechdel (ex-Prong, Killing Joke, Fear Factory, …) aux samples et aux claviers, MINISTRY a fière allure.

Musicalement, « Moral Hygiene » tient la route même si du haut de ses 63 ans, Jourgensen s’est un peu calmé… sauf au niveau des textes (« Alert Level », « Good Trouble », « Disinformation », « Death Toll »). On notera aussi la présence non-indispensable de Jello Biafra (Dead Kennedys) sur le très mélodique « Sabotage Is Sex ». Là où MINISTRY se perd un peu, c’est sur la reprise « Search And Destroy » des Stooges, aussi terne que l’original d’Iggy Pop. Un album non-essentiel, mais recommandable.

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Metal Indus Metal Progressif

[Going Faster] : Klone / Mr Bungle / Danny Elfman

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !  

KLONE – « Alive » – Kscope

Après un peu plus de 25 ans de carrière, le quintet poitevin profite de cette période sans concert pour sortir « Alive », son premier opus enregistré en public. Savoureux mélange de morceaux enregistrés en 2016 aux Pays-Bas et en 2019 à Audincourt en France, l’album fait la part belle aux albums « Here Comes The Sun » et « Le Grand Voyage ». Comme par magie, ceux-ci montrent la belle évolution, la complémentarité et la montée en puissance assez phénoménale du groupe. Grâce à une production hyper-soignée, KLONE prend toute son ampleur sur scène. Alors que le combo s’apprête à sortir son septième album, c’est une superbe occasion de retrouver le Metal Progressif aux teintes mélancoliques et atmosphériques de l’un des meilleurs groupes actuels français du genre. Sublime.

MR BUNGLE – « The Night They Came Home » – Ipecac Recordings

En autant d’années d’activités que de mise en sommeil, Mr BUNGLE a pourtant marqué de son empreinte le Metal Rock Experimental dès 1986. Il faut aussi dire que là où passe le virevoltant Mike Patton, les souvenirs persistent et son influence grandit. En pause (très) prolongée depuis 2000, les Californiens étaient réapparus avec le réenregistrement de leur première démo, « The Raging Wrath Of The Easter Bunny », avec les renforts de Scott Ian d’Anthrax et du légendaire Dave Lombardo derrière les fûts, alors que les fidèles Trey Spruance à la guitare et le bassiste Trevor Dunn sont toujours de la partie. C’est l’an dernier, le jour d’Halloween, que Mr BUNGLE a proposé ce livestream devant 11.000 spectateurs virtuels, et ça sonne comme jamais. Que ce ne soit qu’un début !  

DANNY ELFMAN – « Big Mess » – Anti/Epitaph

Fondateur du turbulent Olingo Boingo, le Californien n’avait pas signé un album solo depuis plus de 30 ans. Alors forcément, on l’attendait au tournant avec, notamment, des interrogations quant au style abordé. Car DANNY ELFMAN est depuis longtemps un compositeur de musique de films très éclectique. Lauréat de multiples Grammy et Emmy Awards, on lui doit les bandes originales des films de Tim Burton, mais aussi les génériques des Simpson, Flash ou Desperate Housewives. C’est dire les grands écarts dont il est capable. Entouré de cadors (Josh Freese, Stu Brooks, Robin Finck, Nili Brosh, Warren Fitzgerald et bien d’autres), le producteur et multi-instrumentiste nous plonge dans un univers Rock Metal Indus, façon NIN, façonné de 18 titres superbement produits et vraiment décapants. Immersif.  

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Extrême Metal Indus

FauxX : explosif et glacial

Costaud et très incisif, le Metal Indus de FAUXX est là pour remuer autant les esprits que les corps. Brut et brutal à la fois, « StatistiC EgO » se développe sur un concept à la fois sociétal et individuel. Le duo appuie là où ça fait mal avec une constance soutenue par la froideur des machines et le côté organique et percutant de son batteur.

FAUXX

« StatistiC EgO »

(Independant/Blood Blast Distribution)

Nourri d’antagonismes, c’est bel et bien d’un seul et même élan qu’avance FAUXX dont le premier album (après un EP en 2018) est aussi puissant que rageur. Compact et massif, « StatistiC EgO » sonne comme un amer constat de notre société et notamment de ceux qui la composent et la subissent. Et malgré une noirceur persévérante, le duo manie les contrastes avec une grande clarté.  

Armé de claviers et de machines broyant tout sur leur passage, FAUXX évolue dans une unité musicale captivante. Très actuel dans les sonorités, le duo l’est tout autant dans ses textes portés par Joachim Blanchet (claviers, samples, chant). Par ailleurs, la batterie de Jean-Baptiste Tronel (Tagada Jones) apporte un côté très organique et de belles respirations à « StatistiC EgO ».

Dès « All Light Rebirth », FAUXX en impose et ça continue sur les sept morceaux suivants, dont certains s’étendent sur une belle longueur (« Duality », « Fury & Deception », « Kill The Monster »). Le Metal Indus des Français fait mouche avec un aspect expérimental et nihiliste savoureux. Furieux et futuriste, le duo fait preuve d’une très grande maîtrise que l’on a hâte de retrouver sur scène.