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Hard Rock International

D-A-D : institutionalized [Interview]

Ces cinq dernières années sont probablement les plus créatives de D-A-D depuis un bon moment. Même si la formation de Copenhague est restée fidèle à ce Hard Rock si californien, le définissant presque comme le plus américain des groupes scandinaves, elle semble surfer aujourd’hui sur la vague d’une inspiration retrouvée. Dynamique et accrocheur, le quatuor y va même de son premier double-album en 40 ans de carrière et le musée national de la capitale danoise lui a même dédié une exposition relatant sa belle aventure. Autant d’évènements sur lesquels revient Jesper Binzer, heureux frontman d’un groupe qui mesure sereinement le chemin parcouru et le travail accompli…

– Avant de parler de ce nouvel et double album, j’aimerais que tu me dises quels sentiments t’ont traversé lorsque le ‘Danish National Museum’ a décidé de vous consacrer une exposition pour célébrer les 40 ans du groupe en mars dernier ? C’est quelque chose d’assez exceptionnel, j’imagine, que de devenir une institution dans son pays ? 

Lorsque le Musée National du Danemark nous a demandé si nous souhaitions participer à une exposition D-A-D pour célébrer les 40 ans du groupe, nous avons commencé par rire ! Sommes-nous désormais devenus des pièces de musée ? (Rires) Il s’avère que oui et c’était un grand honneur et beaucoup de travail aussi. Ils ont eu leur façon de communiquer dessus et nous avons eu la nôtre. Mais nous avons trouvé un terrain d’entente et cela s’est avéré être un très grand moment de culture contemporaine, avec tout ce que nous avons pu traverser et transmettre à travers notre musique dans le temps.

– Autre moment fort de cette année en plus de cette exposition, c’est ce concert que vous avez donné au ‘Planetarium’ à Copenhague, qui est l’endroit où se trouvait l’emblématique théâtre ‘Saltlageret’ et où D-A-D a donné son tout premier concert. Est-ce que c’est la date la plus excitante, et émotionnellement la plus forte, de cette tournée avec ce que cela représente ?

Remonter dans le temps est bien sûr le mot d’ordre lorsqu’il s’agit d’un 40ème anniversaire. Donc jouer un concert au sommet des ruines du lieu de l’un de nos premiers concerts était une excellente idée. Et comme le nouvel album a une pochette très spatiale et lointaine avec le crâne de vache en guise de météore, c’était parfait pour coller au thème. Doublement parfait, en fait… (Sourires)

– Parlons de « Speed Of Darkness », votre treizième album, qui se trouve aussi être votre premier double-album. Qu’est-ce qui pousse une formation reconnue comme la vôtre à sortir un tel disque dans une époque où le streaming est devenu envahissant ? Peut-être un peu de nostalgie par rapport au vinyle et à vos débuts, où ce genre de production n’était pas rare du tout ?  

En fait, nous avons passé beaucoup de temps à composer et à nous amuser ensemble. A tel point que c’était difficile de choisir les morceaux à la fin… Après, chacun peut écouter tout ce qu’il veut aujourd’hui avec le streaming, c’est vrai. Mais le vinyle est aussi quelque chose de spécial pour beaucoup de nos fans…

– Justement, depuis la sortie du très bon « A Prayer For The Loud » en 2019, où on vous avait retrouvé très inspirés, vous avez composé 40 chansons pour n’en garder que celles qui figurent sur « Speed Of Darkness ». Comment expliques-tu cette grande créativité de ces dernières années ? Y a-t-il eu un déclic entre vous ? Quelque chose de particulier et de déclencheur ?

Pour être honnête, il a fallu très longtemps pour que ce déclic arrive. Nous avions composé au moins une dizaine de chansons, qui étaient fondamentalement nulles. Mais nous avons continué et insisté, même si rien de génial n’est apparu immédiatement. Je pense que le déclic a eu lieu début 2023. À ce moment-là, nous étions en répétition depuis plus d’un an déjà. Au final, ce sont l’astuce, la persévérance et le travail acharné, bien sûr associés à une certaine forme de confiance en nous, qui nous ont aidés à y parvenir.

– 2024 marque donc le quarantième anniversaire de D-A-D et l’on ne peut que saluer une telle longévité, d’autant que votre line-up n’a pas bougé depuis les débuts en dehors de l’arrivée de Peter Lundholm en 1998, il y a 26 ans déjà. C’est aussi ça le secret du groupe ? D’être restés unis et avec une idée commune de la musique que vous avez toujours souhaité faire ?

J’imagine que nous avons la chance d’avoir un objectif commun. Sans doute aussi avons-nous peut-être eu une bonne éducation ? Il faut beaucoup d’introspection pour pouvoir non seulement voir les défauts des autres, mais aussi essayer de  changer soi-même parfois. Mais je pense aussi que c’est principalement parce que nous nous offrons la possibilité de pouvoir toujours façonner le Rock dont nous rêvons. La communion entre nous est parfaite et nous savons tous comment faire un super riff bien Rock… (Sourires)

– Vous avez également fait appel à Nick Foss, qui vous connait très bien, pour produire « Speed Of Darkness ». On y retrouve vraiment ce qui fait l’essence-même de D-A-D, c’est-à-dire un son à la fois puissant et moderne, mais paradoxalement très intemporel. L’objectif était-il de réaliser une sorte de synthèse musicale et sonore de votre carrière à l’occasion cet anniversaire ?

En fait, nous avons simplement composé beaucoup de chansons. Ensuite, plus nous nous sommes impliqués, mieux nous avons su qui nous sommes aujourd’hui. On ne voulait pas non plus être des copies, ou des parodies, de nous-mêmes, mais créer un D-A-D nouveau et amélioré.

– L’album contient des morceaux très directs, parfois assez épurés puisqu’ils ne sont pas surproduits justement. C’est vers cette efficacité que vous tendiez dès le début ? Ecrire et jouer des chansons fraîches, directes et accrocheuses ? Retrouver les fondamentaux du Hard Rock comme on le jouait dans les années 90 et avec l’esprit d’aujourd’hui ?

C’est vrai que nous avons travaillé dur et, au fil du temps, notre confiance en nous a grandi. Cela dit, nous ne pouvons pas nier que nous sommes aussi des témoins de l’évolution du Rock. Nous avons donc essayé de maintenir notre meilleur côté au goût du jour, c’est-à-dire en restant très actuel, tout en conservant l’énergie de nos débuts.

– Justement, où est-ce que vous vous situez aujourd’hui sur la scène Hard Rock en tant que précurseurs du genre ? Quel regard portez-vous sur la nouvelle génération et vous sentez-vous aussi dépositaires d’un certain héritage musical ?

Nous sommes un vieux groupe de ‘Punk Rock’ dans l’âme et cela nous permet de rester authentiques ! (Sourires) Nous savons que la mélodie et l’énergie sont les deux choses les plus importantes dans notre musique et dans cet ordre-là. Et puis, avoir des fans fidèles, notamment dans notre pays, constitue également une grande partie de notre travail au fil des années. Nous sommes constamment en dialogue avec eux et avec ce qui se passe autour de nous. Aujourd’hui, nous restons curieux de voir ce que l’avenir nous réserve… (Sourires)

– La tournée a déjà commencé et elle doit avoir une saveur particulière, d’autant que vous êtes aussi réputés pour être un groupe de scène redoutable. Sortir un double-album et fêter en même temps ses 40 ans d’existence peuvent avoir des avantages et quelques inconvénients… Comment choisir vos meilleures chansons dans un tel répertoire ? Vous allez donner des concerts de quatre heures ?

Je ne pense pas que nous ferons un jour un concert de quatre heures ! (Rires) C’est vrai que nous avons environ 200 chansons que nous pourrions jouer sans même les répéter. En l’occurrence, et comme il s’agit de concerts anniversaires sur la tournée, nous jouerons environ cinq nouvelles chansons au milieu des classiques. Notre objectif est surtout de délivrer beaucoup d’énergie sur scène.

– Enfin, à l’écoute de « Speed The Darkness », D-A-D apparait avec une incroyable fraîcheur et surtout beaucoup d’envie. Et on a le sentiment que vous n’êtes vraiment pas prêts de lever le pied et qu’au contraire, ce nouvel album vous a donné un nouveau souffle et qu’il a presque un effet ‘fontaine de jouvence’ sur vous. C’est le cas ?

L’expérience de l’exposition au Musée National nous a permis d’apprendre à mieux connaître notre passé. Nous avons passé des nuits là-bas à regarder de vieilles photos des premiers albums et des concerts de D-A-D. Nous avons aussi pu observer et écouter beaucoup d’enregistrements et de documentaires. Tout cela nous a apporté un nouveau regard et aussi une certaine douceur de voir ce que nous avons réellement accompli pendant 40 ans. Et puis, c’est vrai que nous sommes dans une bonne phase en ce moment… (Sourires)

Le nouvel et double-album de D-A-D, « Speed The Darkness » est disponible chez AFM Records.

(Photos : Søren Alfred Olsen)

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Heavy metal Thrash Metal

Flotsam And Jetsam : une continuité assumée

Les albums se suivent et se ressemblent du côté de Phoenix et on n’en voudra pas à la légende FLOTSAM AND JETSAM de conserver l’élan d’un virage amorcé il y a quelques années déjà. Le Thrash Metal de ses débuts se teinte de plus de plus de Heavy, tout en gardant beaucoup de vélocité et d’agressivité. Plus mélodique, le quintet garde cependant toujours cette touche si particulière et, l’âge aidant, se concentre sur des morceaux compacts, peut-être moins percutants, mais toujours aussi énergiques. « I Am The Weapon » est le reflet d’un style qui s’est modernisé, notamment au niveau de la production, mais qui a perdu aussi de son aspect brut et spontané.

FLOTSAM AND JETSAM

« I Am The Weapon »

(AFM Records)

Malgré près de 40 ans de carrière, c’est toujours assez étonnant de voir un groupe tel que FLOTSAM AND JETSAM se référer à ses deux dernières réalisations, en l’occurrence « The End Of Chaos » (2019) et « Blood In The Water » (2021), comme si rien n’avait survécu ou était arrivé dans leur belle et longue discographie. Cela dit, c’est indéniable que « I Am The Weapon » et son titre volontairement provocateur tiennent de leurs prédécesseurs et s’inscrivent même directement dans leurs pas… Et c’est peut-être aussi ce qu’on pourrait leur reprocher. Il en est coulé de l’eau sous les ponts depuis les « Doomsday for the Deceiver », « When the Storm Comes Down », « Cuatro » et même « High ».

C’est vrai qu’on peut compter sur le frontman Eric AK Knutson et son compositeur en chef et guitariste Michael Gilbert, colonne vertébrale de la formation originelle, pour entretenir et raviver la flamme des piliers du Thrash Metal américain. Pourtant, FLOTSAM AND JETSAM s’est éloigné de ses ambitions premières, qui allaient creuser au fond d’une inspiration qui semblait inépuisable. Les nombreuses expérimentations ont disparu pour laisser place à un Heavy Thrash de bonne facture, certes, mais qui n’a plus l’insolence et la pertinence d’antan. Le combo de Phoenix ne s’est pas forcément assagi, mais il prend le pli… sans tout de même nous faire l’affront de tomber dans le Power Metal !

Bien sûr, l’attaque vocale est toujours aussi vivace, même si on l’en pense souvent à Bruce Dickinson, mais le temps a sans doute fait son œuvre et on ne saurait que saluer une longévité et une persévérance qui forcent le respect. Côté guitare, le duo Michael Gilbert-Steve Conley apporte beaucoup de tranchant, que ce soit sur les riffs, les solos et plus largement les mélodies, tandis que Ken Mary à la batterie impose un rythme effréné bien soutenu par Bill Bodily à la basse. FLOTSAM AND JETSAM livre donc un opus très correct, très au-dessus de la moyenne actuelle, et il alimente le mythe avec une belle rage (« A New Kind Of Hero », « I Am The Weapon », « Beneath The Shadows », « Black Wings »).

(Photo : Shane Eckart)

Retrouvez la chronique de l’album précédent :

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Heavy metal Power metal Speed Metal

Firewind : un vivifiant souffle Heavy

FIREWIND est devenu au fil de ses productions une référence qui s’étend dorénavant bien au-delà de sa Grèce natale. Avec un frontman dont le charisme explose enfin au grand jour, un duo basse/batterie intenable et un Gus G. des grands jours, le combo affiche un Heavy Metal racé enrichi de touches Hard Rock, Speed et Power Metal lui offrent un relief très véloce. « Stand United » est solide, accrocheur et nerveux. Sans se disperser, les quatre musiciens livrent une très bonne performance.

FIREWIND

« Stand United »

(AFM Records)

Cela fait maintenant un peu plus de 20 ans que FIREWIND domine, et dynamise aussi, la scène grecque Heavy Metal et chacune de ses réalisations apporte son lot de surprises. Le quatuor ne cesse de progresser dans la composition et l’écriture et « Stand United » est sans conteste le meilleur de ses dix albums. Petros Christo (basse) et Jo Nunez (batterie) assènent une rythmique imparable et martèlent avec une précision chirurgicale. De son côté, le chant de Herbie Langhans est plus efficace et maîtrisé que jamais. Et puis, il y a le petit génie, qui reste l’élément moteur ici encore.

On ne présente plus Gus G., virtuose de la six-corde au CV long comme le bras que ce soit en groupe ou en solo. Moins tourné sur son jeu, « Stand United », dont le titre parle de lui-même, est incontestablement un vrai disque de groupe, et plus seulement axé sur ses prouesses guitaristiques. Cela dit, il n’est pas beaucoup plus discret qu’auparavant, ce qui serait d’ailleurs dommage, mais ses envolées servent l’aspect mélodique et fédérateur des nouveaux titres de FIREWIND. Son Heavy Metal est nettement plus personnel et identifiable, et les fulgurances Speed et Power lui confèrent cette modernité, qui manquait peut-être.

Certes, ce nouvel opus reste assez classique dans la forme, mais « Stand United » est beaucoup plus accrocheur que ses prédécesseurs. Produite par Dennis Ward, la formation  hellène est toujours aussi épique dans l’intention et le dynamisme affiché devrait renverser les foules en concert (« Salvation Days », « Destiny Is Calling », « Fallen Angel », « Chains », « The Power Lies Within »). Histoire de se faire plaisir, FIREWIND s’est même fendu d’une reprise musclée de « Talking In Your Sleep » de The Romantics dans une fibre Hard Rock bien sentie. Le quatuor frappe fort et dans le mile.

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Hard Rock

Shakra : irrésistible

Taillé pour la scène, « Invincible » figure parmi les meilleures réalisations du combo de Berne, tant il regroupe l’ensemble de ses qualités intrinsèques. A fois abordable dans son approche et aussi sachant faire preuve de plus d’agressivité dans son jeu, SHAKRA maîtrise plus que jamais son sujet et le Hard Rock proposé s’inscrit dans le temps et s’appuie sur des fondamentaux acquis de longue date, ce qui fait de lui l’un des acteurs actuels majeurs.

SHAKRA

« Invincible »

(AFM Records)

Avec Gotthard et Krokus, SHAKRA est l’un des plus fidèles représentants du Hard Rock suisse qu’ils portent tous les trois à bout de bras. Le quintet s’inscrit donc dans la durée et vient démontrer avec « Invincible » toute la force et surtout la qualité d’écriture qui les animent depuis leurs débuts. Classique et très américain dans le son, le groupe reste toujours pétillant et rafraîchissant.

Depuis le retour en grâce de son chanteur Mark Fox, SHAKRA enchaîne les bons albums (« Snakes & Ladders », « Mad World ») et semble même avoir trouvé une seconde jeunesse. Il faut dire que si la formation brille grâce à son songwriting, à des riffs imparables et des mélodies très accrocheuses, les Helvètes comptent l’un des meilleurs frontmen européens du registre et deux guitaristes très précieux.

Très complet, l’album de SHAKRA passe en revue un bel éventail de son savoir-faire et « Invisible » joue la diversité avec des titres qui sont véritablement son ADN (« On The Wild Side », « Devil Left All »), d’autres plus Metal (« The Matrix Unfolds », « Old Irish Song ») et sait toujours se montrer robuste et solide (« Invincible », « House Of Rock »). Ce treizième opus combine avec brio des refrains entêtants, des solos plein de feeling et une énorme envie.

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Alternative Metal Alternative Rock International

Lansdowne : no alternative [Interview]

Même si le style commence à faire quelques émules en Europe, l’Alternative Metal/Rock reste un registre typiquement américain et canadien évidemment. Dans la mouvance des plus grands groupes du genre, LANSDOWNE commence à faire de plus en plus parler de lui en Europe, où le groupe est actuellement en tournée. C’était justement l’occasion de poser quelques questions à Glenn Mungo, batteur du quintet de Boston dans le Massachusetts, sur le dernier album « Medicine », mais pas uniquement…

– Vous jouez de l’Alternative Metal/Rock, qui est un style véritablement propre aux Etats-Unis. Même si quelques groupes parviennent à s’imposer dans le monde entier, ils sont peu nombreux. Est-ce que tu penses aussi que c’est un style typiquement américain ?

Oui, je pense que cela vient effectivement des racines du Rock américain. Même si beaucoup de groupes vont dans des directions différentes, il y a toujours ce côté très roots qui reste assez confortable finalement, en tout cas pour nous. Mais on peut voir aussi beaucoup de très bons groupes du même style en Europe aujourd’hui. Techniquement, c’est sans doute plus simple pour nous et c’est vrai qu’on est en train d’essayer d’importer tout ça chez vous ! (Rires

– Justement, est-ce que votre signature l’an dernier chez AFM Records, un label allemand, a aussi pour objectif de sortir de votre pays plus facilement et peut-être aussi de démocratiser le genre ?

Absolument, notre signature avec AFM Records est une façon pour nous de faire un grand bond en avant pour nous focaliser sur l’Europe. Cela fait maintenant 16 ans que nous jouons notre musique et à chaque fois que nous rentrons chez nous, on s’aperçoit qu’il y a un fort potentiel en Europe, au même titre qu’aux Etats-Unis. On a de plus en plus de fans chez vous et AFM Records peut nous aider à propager notre musique plus largement ici. Oui, je pense qu’on peut aider à démocratiser ce style un peu partout.

– En plus de 15 ans de carrière, vous avez  sorti deux EP, deux albums et plusieurs singles. Il s’est écoulé 12 ans entre « Blue Collar Revolver », votre premier album, et « Medicine » sorti il y a quelques mois. C’est très long, comment l’expliques-tu ?

(Rires) Oui, c’est très long ! C’est vrai qu’on a sorti quelques singles ici et là et on a aussi pris le temps de tourner. Et puis, nous nous sommes mariés, nous avons eu des enfants et nous avons eu moins de temps pour nous poser sur la longueur. Mais on n’a pas arrêté de grandir pour autant, mais nous nous sommes réunis moins qu’auparavant, c’est vrai. Alors quand AFM Records nous a fait cette proposition, cela a été le moment parfait pour vous pour nous y remettre vraiment et surtout de prendre le temps de le faire. C’était le bon timing pour un album, et aussi pour repartir en tournée !

Photo : Jared Sher Photography

– Parlons de « Medicine » justement, qui bénéficie d’une grosse et explosive production avec des arrangements très soignés. Avec la pandémie, beaucoup de choses ont été stoppées, bien sûr. Alors est-ce que, finalement, c’est un album sur lequel vous avez pu travailler plus longtemps ?

Oui, certaines chansons ont été écrites il y a des années. Ensuite, la pandémie nous a offert l’opportunité de plus travailler sur nos morceaux, car nous avons eu beaucoup plus de temps pour nous y consacrer. On a vraiment pu le faire tous ensemble cette fois et tout le monde est resté très uni pour parvenir à obtenir le résultat que nous souhaitions. 

– Vous franchissez souvent la frontière entre le Rock et le Metal. J’imagine que sur scène, cela doit être encore plus massif. Où est-ce que tu situes le groupe musicalement ? Un mélange des deux, un équilibre ?

Je ne sais pas si c’est vraiment un équilibre entre le Metal et le Rock. Je pense que nous déployons beaucoup d’énergie sur scène et c’est vrai que nos concerts sont définitivement beaucoup plus Metal dans notre façon de jouer. C’est plus Heavy, plus dynamique aussi. On a beau être un groupe de Rock, on est beaucoup plus Metal en live ! (Rires)

– Le groupe bénéficie d’une grande exposition sur le Net avec des millions de vues et de streams. C’est quelque chose à laquelle vous êtes très attentifs, ou votre objectif reste finalement la scène ?

Internet offre de nombreuses opportunités, c’est clair. On peut s’adresser à nos fans dans le monde entier. C’est quelque chose qu’on ne pouvait pas faire avant, on ne pouvait pas avoir de réelles discussions avec eux. Et puis, on peut nous suivre dans nos vidéos aussi. Il y a quelques années, on avait MTV, mais aujourd’hui Internet nous permet de réagir presqu’instantanément et directement. Les réseaux sociaux ont vraiment changé la donne, car on peut aussi partager des extraits de nos concerts. Par exemple, on peut nous suivre en tournée partout et les gens découvrent également un peu plus nos personnalités.

Photo : Jared Sher Photography

– Vous êtes actuellement au milieu d’une grande tournée en Europe avec plusieurs passages en France d’ailleurs. Comment cela se passe-t-il et quel accueil vous fait le public, notamment français, jusqu’à présent ?

C’est une très bonne question, car on a pu remarquer plusieurs choses. La première est que l’accueil est formidable, car c’est quelque chose d’assez inédit dans notre carrière de pouvoir jouer autant ici. Et puis, ce qui est fantastique, c’est que notre concert à Paris a été tellement bien reçu que nous avons pu ajouter une date à Bordeaux ! Nous sommes vraiment très heureux, car cela montre aussi que le public est au rendez-vous et qu’on a envie de nous voir sur scène ! (Rires)

– Vous êtes en soutien d’Ice Nine Kills sur cette tournée. LANSDOWNE a toujours fait ses preuves sur scène depuis le début. J’imagine que ces moments sur la route doivent vous combler ?

Honnêtement, être sur la route, rencontrer les gens, donner le meilleur de nous-mêmes en concerts sont les plus belles choses qui puissent nous arriver. Et puis, nous avons une personne qui est avec nous et qui organise tout, Marguerite, qui est vraiment fantastique. Elle fait vraiment partie de la famille maintenant ! L’accueil des gens et de nos fans, ici en France, est absolument incroyable ! 

– Enfin, une fois cette longue tournée terminée, est-ce que vous allez directement commencer à travailler sur le prochain album, ou allez-vous profiter d’un repos bien mérité ? A moins que vous enchainiez sur d’autres concerts ?

Nous avons quelques chansons, qui vont bientôt arriver. Elles seront être très vite terminées après cette tournée. Nous allons peut-être sortir un nouveau single en juin, on espère en finir deux autres durant l’été pour présenter un EP dans la foulée. Et nous prospectons toujours pour tourner également ert pour essayer de revenir en Europe à la fin de l’année.

L’album « Medicine » de LANSDOWNE est disponible depuis février chez AFM Records.

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Folk Metal Pagan Metal Power metal

Elvenking : Metal Fantasy

Narratif et massif, le Heavy/Power Metal d’ELVENKING se peaufine au fil des albums et la trilogie entamée se dévoile peu à peu, grâce à ce nouveau chapitre de « Reader Of The Runes ». Les sonorités Folk et Pagan rendent le style des Italiens très vivant et la qualité d’écriture fait de « Rapture » un disque accrocheur et envoûtant.

ELVENKING

« Reader Of The Runes – Rapture »

(AFM Records)

ELVENKING est très probablement le groupe italien le plus talentueux et créatif de sa génération. Seul Lacuna Coil rivalise peut-être. Depuis 1997, le sextet s’est bâti une solide discographie et réussit aussi à apporter beaucoup de variations à son Metal. Toujours très Folk et de plus en plus Pagan, l’univers des Transalpins s’étoffe et se muscle depuis dorénavant onze albums. 

Passant du Heavy au Power en un claquement de doigt grâce notamment à son frontman Damna, à sa brillante rythmique et à son duo de guitaristes virevoltants, ELVENKING impose son style avec brio. Toujours très véloce et puissant, le combo oscille entre des moments forts aux mélodies imparables et des solos très relevés pour mieux narrer le monde très Fantasy qu’il affectionne tant.

« Rapture » est donc le deuxième volet de l’épique saga entreprise en 2019 avec « Divination ». Et la trilogie, qui s’intitule « Reader Of The Runes », se dessine en une quête mêlant désespoir, magie noire et une violence évidente. Le Heavy Folk d’ELVENKING est captivant, effréné et particulièrement bien composé (« Rapture », « The Cursed Cavalier », « Bride Of The Night », « Covenant », « The Repentant »). Enivrant !

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Doom Metal Rock

Avatarium : vibrant d’intensité

L’héritage légué par le leader de Candlemass, après trois albums, est entre de très bonnes mains. La guitare de Marcus Jidell, les claviers discrets et pertinents de Daniel Karlsson et la voix très expressive de Jennie-Ann Smith rendent ce « Death, Where Is Your Sting » d’une poésie ténébreuse au style singulier et troublant. AVATARIUM entre dans une ère nouvelle.

AVATARIUM

« Death Where Is Your Sting »

(AFM Records)

Imaginé et mis en œuvre par le grand Leif Edling de Candlemass, désireux d’explorer d’autres voies doomesques, AVATARIUM sort son deuxième album sans son créateur, et c’est probablement le meilleur des Suédois à ce jour. Toujours aussi Doom dans l’esprit, « Death, Where Is Your Sting » navigue entre Rock et Metal dans des sphères plus progressives et une conception plus théâtrale qu’auparavant.

Finement produit par son guitariste et co-fondateur Marcus Jidell, qui a aussi travaillé pour Soen et Evergrey notamment, ce cinquième opus est resplendissent à bien des égards. Forcément très cérébral, AVATARIUM ne s’enferme pas pour autant dans une intellectualisation de son style, qui reste aéré, très élégant et aussi sensible que percutant. Sombre et pesant, « Death, Where Is Your Sting » affiche aussi une troublante poésie.

Sur des structures mélodiques de toute beauté, les arrangements des morceaux sont étincelants, au même titre que la prestation de Jennie-Ann Smith. D’une grâce absolue, la chanteuse a écrit les textes et les fait vivre d’une manière exceptionnelle (« Stockhölm », « Mother, Can You Hear Me Now », « Psalm For The Living », « God Is Silent »). AVATARIUM libère et incarne le futur du Doom Rock.

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Hard Rock

Dead City Ruins : nouvelles fondations

Nouveau départ pour les Australiens de DEAD CITY RUINS qui, en plus d’un nouveau bassiste, ont également accueilli Steve Welsh au chant. Et sans changer leur style du sol au plafond, le quintet semble bénéficier d’un nouvel élan, largement visible sur « Shockwave », un album 100% Hard Rock et sans effet de manche.

DEAD CITY RUINS

« Shockwave »

(AFM Records)

Ca faisait un bail que je n’avais pas eu la joie d’écouter un très bon album de Hard Rock. En glissant « Shockwave » dans la platine, j’étais même loin d’imaginer que, malgré « Never Say Die », son précédent et musclé troisième opus, DEAD CITY RUINS allait raviver certaines choses… et pourtant ! Le quintet de Melbourne a opéré de nombreux changements et le résultat va au-delà de mes espérances.

Tout d’abord, les Australiens ont changé de chanteur. Steve Welsh a remplacé Jake Wiffen derrière le micro, et il faut bien avouer qu’il donne un sacré coup de fouet aux nouvelles compositions du groupe. Et le combo a également fait appel au producteur Gene Freeman (Lamb Of God, Clutch, Crobot), qui semble enfin avoir libéré DEAD CITY RUINS et décuplé sa puissance.

« Shockwave » transpire le Rock’n’Roll, développe une épaisseur et une diversité incroyables, qui est parfaitement restituées sur des morceaux massifs et compacts (« Preacher », « Speed Machine », « The Sorcerer »). Les riffs sont tendus et nerveux, la rythmique sèche et le frontman de DEAD CITY RUINS passe d’un registre à l’autre avec fougue et sans nostalgie aucune. Very good job !

Photo : Jay Hynes
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Hard Rock

Thundermother : Rock’n’Roll fever

Parmi le peu de groupes entièrement féminins en activité, THUNDERMOTHER est sûrement celui qui tire le mieux son épingle du jeu grâce à un Hard Rock pêchu, certes classique, mais qui s’affine et s’affirme au fil des albums. Avec « Black And Gold », les Suédoises confirment un énorme potentiel et une classe évidente.

THUNDERMOTHER

« Black And Gold »

(AFM Records)

A en juger par leurs très nombreux concerts de ces derniers mois, les Suédoises sont en grande forme et ce cinquième album vient témoigner de la nouvelle dimension prise par THUNDERMOTHER en l’espace de deux ans. Depuis le succès rencontré avec « Heat Wave », le groupe a déferlé sur l’Europe et ce très bon « Black And Gold » atteste de sa nouvelle envergure avec une fougue et une liberté décuplées.

Sur leur lancée, Guernica Mancini, (chant), Filipa Nässil (guitare), Mona Lindberg (basse) et Emlee Johansson (batterie) livrent un nouvel opus cette fois beaucoup plus personnel et qui vient asseoir un style enfin débarrassé des influences jadis flagrantes qu’on a pu leur reprocher. Plus que jamais, THUNDERMOTHER affiche une vélocité et une fraîcheur incroyables sur un disque qui transpire le Rock’n’Roll.

Sur des riffs acérés, une rythmique en béton et des refrains hyper-fédérateurs, la frontwoman du quatuor apporte beaucoup de lumière, de puissance et ce supplément d’âme qui pouvait encore manquer au combo (« The Light In The Sky », « Black And Gold », « Wasted », « Loud And Free », « Stratosphere »). Les filles de THUNDERMOTHER signent un album solide, efficace et inspiré… exactement ce qu’on attendait d’elles !

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Hard Rock International Metal Progressif Thrash Metal

Lordi : encyclopedia of monsters [Interview]

Mr LORDI n’est pas du genre à procrastiner, loin de là ! Alors que « Killection » venait de sortir et que les Finlandais étaient sur les routes, la pandémie a ramené tout le monde au bercail. Mais pas question pour le multi-instrumentiste de sortir un nouvel album standard ou même un volume 2 du précédent. Et pourquoi ne pas composer et enregistrer sept albums dans sept styles différents et qui auraient pu être édités entre 1975 et 1995 ? C’est le pari (remporté !) fou du Scandinave qui nous balade entre Hard Rock, Heavy Metal, AOR, Rock Progressif, Indus et Speed/Thrash. Une « Lordiversity » peu banale et hors-norme. Entretien avec le monstre en chef de LORDI.

– « Killection » est sorti il y a moins de deux ans et après une tournée écourtée, LORDI est déjà de retour et avec un coffret de sept albums inédits. Tu as tout composé durant ce laps de temps, ou est-ce que certains morceaux existaient déjà ?

En fait, j’avais déjà quelques morceaux prévus pour « Killection ». L’idée de « Lordiversity » vient directement de cet album, je voulais créer le back-catalogue de ce groupe imaginaire. En fait, j’ai tout composé durant l’été 2020 et au départ, je voulais sortir dix albums. Ma maison de disques m’a dit de n’en faire que sept. Pourtant, ce n’était pas un problème, j’avais les dix albums en tête. Ils ont tous été composés dans l’ordre chronologique et chacun a nécessité un mois complet pour l’enregistrement et le mixage. Donc, on aurait très bien pu en sortir dix, j’en suis sûr ! (Rires)   

– Avec le recul, crois-tu possible qu’un seul et unique groupe puisse aborder autant de styles différents… à part toi, bien sûr ?

Je n’en sais rien, mais j’ai envie de dire : « si tu peux le faire, get in the ring, motherfucker ! » (Rires) Blague à part, ce n’est pas si simple de passer du Thrash au Progressif, etc… Je savais que je pouvais le faire, traverser toutes ces ambiances différentes et faire les arrangements. Je sais faire tout ça et je n’ai pas besoin d’aide de qui que ce soit. Et ça me fait sourire intérieurement d’être conscient de ça. Et tous ceux qui se foutent de nous, de LORDI le monstre, j’aimerais beaucoup qu’ils essaient de faire la même chose. J’adorerais voir ça, vraiment ! 

– Durant la composition des albums, est-ce que tu t’es immergé en écoutant d’autres disques du même style et de la même époque pour mieux saisir l’état d’esprit et le son, ou pas du tout ?

Pas du tout ! Ca aurait tout bousillé ! (Rires) Avant de commencer les enregistrements, j’ai juste réécouté un ou deux disques marquants de chaque époque comme le premier Kiss, les Doors, Black Sabbath et c’est tout ! Rien d’autre ! Ensuite, j’ai pris ma guitare et j’ai commencé à composer. Je n’avais pas besoin d’autre chose. Et j’ai ensuite enchaîné les albums de la même manière avec quelques repères, bien sûr, mais rien qui puisse m’influencer. C’était juste pour choper l’ambiance de chaque époque.

– Enfin, vous allez repartir en tournée très bientôt. Définir une set-list risque d’être un vrai casse-tête ! A moins que vous en changiez à chaque concert ? Comment avez-vous prévu de vous organiser ?  

Tout le monde me demande ça ! C’est vrai que c’est assez rigolo ! Sur la prochaine tournée par exemple, on va ouvrir pour Sabaton avec un set de 45/50 minutes environ. Ce n’est pas une configuration pour jouer ces albums. Donc, je pense qu’on jouera les singles et peut-être un ou deux titres de « Lordiversity». En revanche, pour les festivals, ce sera très différent. Tu es là pour jouer une sorte de bande annonce pour des gens qui sont là pour boire des bières et s’amuser. Ce n’est donc ni le lieu, ni le moment pour les jouer, non plus. Et quand nous serons sur notre propre tournée, ce sera encore autre chose. Là, on pourra choisir des morceaux de chacun album. Cela dit, je ne peux pas encore dire quand est-ce que nous aurons l’occasion de repartir en tournée pour le moment. C’est finalement assez drôle, ça aussi ! (Rires)

– Au fait, un dernier petit mot au sujet du dernier Concours de l’Eurovision que vous avez gagné en 2006. Ca t’a fait plaisir de voir des groupes comme Måneskin et Blind Channel ?

C’était cool de les voir ! J’ai bien sûr été très content de voir ça. Les choses sont en train de changer. Ca fait 16 ans… Ah ouais, 16 ans quand même… (Rires) On voit arriver de nouveaux groupes et ils font du Rock, même assez Metal. En dehors de Måneskin et Blind Channel, on constate que d’autres pays présentent des groupes de Rock. C’est une vraie évolution pour l’Eurovision, car la majorité des spectateurs de ce concours n’écoutent pas de Rock ou de Metal. Tous les 15 ans, les gens ouvrent à nouveau les yeux et retrouvent le droit chemin ! (Rires) 

Le coffret de LORDI, « Lordiversity » est disponible chez AFM Records.