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Doom Heavy metal

Candlemass : l’essence du doom

Sinistre, théâtral ou hargneux, le Doom de CANDLEMASS agit toujours comme par magie et comme au premier, où ses fondations prenaient forme sur un « Epicus Doomicus Metallicus » devenue la référence du genre. Et c’est justement sur leurs racines que se sont penchés les Suédois usant de la force et de la précision qui ont forgé leur légende.

CANDLEMASS

« Sweet Evil Sun »

(Napalm Records)

En phase de boucler leur quatrième décennie d’existence, les Suédois continuent sur leur lancée et c’est sous le line-up établi en 1987 qu’ils présentent le massif « Sweet Evil Sun », leur treizième album studio. Grand architecte du Doom, CANDLEMASS n’est toujours pas à bout de souffle et il faut reconnaître que le retour de son chanteur Johan Längquist depuis l’opus précédent fait beaucoup de bien.

Sans surprise mais toujours aussi imposant, le Doom des Scandinaves libère de multiples atmosphères très prenantes et d’une lourdeur écrasante. Grâce à la production très organique de Marcus Jidell (guitariste d’Avatarium, groupe créé par Leif Edling), « Sweet Evil Sun » fait trembler les murs tout en évoluant dans les brumes épaisses du Heavy Metal tellement identifiable de CANDLEMASS.

Toujours guidé par son leader, fondateur et bassiste Edling, le quintet peut compter sur la frappe et le groove de Jan Lindh (batterie). Cependant, c’est le travail effectué sur les guitares qui transcende ces nouveaux titres. Les riffs de Mats Björkman combinés aux solos sauvages de Lars Johansson donnent ce relief si particulier à CANDLEMASS depuis 38 ans maintenant.

Quant à « Sweet Evil Sun », il nous ramène en partie aux premières heures du groupe. Dès « Wizard Of The Vortex », la puissance se fait sentir tout comme sur le morceau-titre. CANDLMEMASS délivre majestueusement son Doom épique sur « Scandinavian Gods » et sur « When Death Sighs », où la chanteuse Jennie-Ann Smith d’Avatarium méritait bien plus que quelques mots sur le refrain. Pas essentiel, mais solide.

Photo : Linda Åkerberg
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Doom Heavy metal

Doomocracy : noirceur hellénique

D’une grande finesse dans la composition comme dans la technicité à l’œuvre tout au long de « Unorthodox », DOOMOCRACY livre son album le plus abouti à ce jour. Très travaillé, le Doom Metal des Grecs se montre d’une grande modernité, sans pour autant renier des influences majeures, perceptibles, mais discrètes. Avec ce troisième opus, le combo impose une belle et soignée dramaturgie, parfaitement mise en valeur par une très bonne production.

DOOMOCRACY

« Unorthodox »

(No Remorse Records)

C’est sous le soleil de Crète que DOOMOCRACY a vu le jour en 2011, offrant un regard neuf sur le Doom Metal. Moderne et Heavy, le quintet trouve sa place entre Candlemass et King Diamond avec un côté véloce et technique. Après deux albums salués et reconnus (« The End Is Written » – 2014 et « « Visions & Creatures Of Imagination » – 2017), les Grecs montent encore d’un cran, grâce à un jeu puissant et précis et des atmosphères raffinées.

Axé sur le thème de la persécution religieuse au XVIème siècle, l’album-concept de DOOMOCRACY révèle un talent d’écriture évident basé sur une belle maîtrise du contexte et une interprétation irréprochable. Ténébreux et épique, « Unorthodox » s’articule sur un Heavy Metal traditionnel très Doom, forcément, avec aussi quelques sonorités progressives servant de tremplin à une avalanche de riffs solides et acérés.

Ce troisième opus dévoile des titres imparables (« Eternally Lost », « The Spiritualist », « Our Will Be Done »). DOOMOCRACY se fait aussi plaisir sur le dernier morceau, « Catharsis », où Mike Wead (King Diamond, Mercyful Fate, Memento Mori) livre un solo époustouflant. Et on notera aussi la présence sur quatre titres de Miguel Robaina (ex-Memento Mori) aux claviers et à la flûte sur ce même titre. Une valeur sûre.

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Doom Metal Rock

Avatarium : vibrant d’intensité

L’héritage légué par le leader de Candlemass, après trois albums, est entre de très bonnes mains. La guitare de Marcus Jidell, les claviers discrets et pertinents de Daniel Karlsson et la voix très expressive de Jennie-Ann Smith rendent ce « Death, Where Is Your Sting » d’une poésie ténébreuse au style singulier et troublant. AVATARIUM entre dans une ère nouvelle.

AVATARIUM

« Death Where Is Your Sting »

(AFM Records)

Imaginé et mis en œuvre par le grand Leif Edling de Candlemass, désireux d’explorer d’autres voies doomesques, AVATARIUM sort son deuxième album sans son créateur, et c’est probablement le meilleur des Suédois à ce jour. Toujours aussi Doom dans l’esprit, « Death, Where Is Your Sting » navigue entre Rock et Metal dans des sphères plus progressives et une conception plus théâtrale qu’auparavant.

Finement produit par son guitariste et co-fondateur Marcus Jidell, qui a aussi travaillé pour Soen et Evergrey notamment, ce cinquième opus est resplendissent à bien des égards. Forcément très cérébral, AVATARIUM ne s’enferme pas pour autant dans une intellectualisation de son style, qui reste aéré, très élégant et aussi sensible que percutant. Sombre et pesant, « Death, Where Is Your Sting » affiche aussi une troublante poésie.

Sur des structures mélodiques de toute beauté, les arrangements des morceaux sont étincelants, au même titre que la prestation de Jennie-Ann Smith. D’une grâce absolue, la chanteuse a écrit les textes et les fait vivre d’une manière exceptionnelle (« Stockhölm », « Mother, Can You Hear Me Now », « Psalm For The Living », « God Is Silent »). AVATARIUM libère et incarne le futur du Doom Rock.

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Doom Post-Metal Sludge

Nuit d’Encre : crépusculaire

En intégrant un batteur à son projet solo, le créateur de NUIT D’ENCRE ajoute une belle dynamique à son deuxième album, qui bénéficie d’un aspect organique plus marqué. Musicalement, « De L’Autre Côté » s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur avec une maturité musicale décuplée et une production exemplaire.

NUIT D’ENCRE

« De L’autre Côté »

(Bitume)

Deux ans après le très bon « Sans Maux Dire… », Franswa Felt poursuit son aventure instrumentale avec le deuxième album de NUIT D’ENCRE, un projet solo mené de main de maître. Sur ce nouvel effort, le compositeur a mis tous les atouts de son côté en confiant le mix de ses nouvelles compos à Etienne Sarthou (Karras, Aqme) et le mastering au grand Magnus Lindberg (Cult Of Luna).

Si, sur le papier, la qualité de la production laisse peu de doute, elle ne fait que mettre un peu plus en avant le talent d’écriture du multi-instrumentiste. Car sur « De L’Autre Côté », on le retrouve à l’œuvre à la guitare, à la basse et aux claviers. Cependant, cette fois-ci, NUIT D’ENCRE accueille le batteur Eric Dunnet, qui apporte beaucoup de relief et d’épaisseur à l’ensemble.

Quant au style, le Sludge Doom déployé reste dans cette veine très immersive aux lueurs post-Metal. Le registre instrumental permet a lui aussi de développer des atmosphères très prenantes, capables de se faire aussi submergeantes qu’aériennes (« Mille Lieux Hostiles », « L’Enfant Ephémère », « Faim D’un Rêve »). Avec « De L’Autre Côté », NUIT D’ENCRE franchit un palier, tant dans la création que dans l’affirmation d’un son et d’un style très personnel.

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Doom Psych

Lord Of Confusion : une ferveur énigmatique

Saisissant d’effroi, ce premier album du jeune groupe LORD OF CONFUSION lui prédit déjà un bel avenir tant il présente de belles dispositions. Mélodique, épais et torturé, le Psych Doom Metal des portugais est d’une noirceur presque mystique. La voix de sa chanteuse conjuguée aux riffs sabbathiens, à l’implacable rythmique et aux sonorités glaçantes de l’orgue offre à « Evil Mystery » un cachet aussi étrange qu’ensorcelant.  

LORD OF CONFUSION

« Evil Mystery »

(Gruesome Records)

C’est dans un univers plein de mystères que nous plonge LORD OF CONFUSION pour son premier album. Faisant suite au EP « Burnin’ Valley » sorti en 2019, le quatuor affiche une grande maturité musicale au point qu’il en est presque méconnaissable. Plus solides et massifs encore, les Portugais se montrent ambitieux et créatifs et sont parvenus à rendre leur Doom Metal très personnel, tout en restant ancré dans une symbolique propre au style.  

Porté par des références évidemment occultes, LORD OF CONFUSION s’inspire de films d’horreur et de contes surnaturels pour échafauder un son qui renvoie autant au psychédélisme qu’à un Metal rugueux et parfois Fuzz, où les ombres de Saint Vitus , Electric Wizard et du grand Black Sabbath flottent à l’envie. Sans tomber dans les stéréotypes, le groupe fait s’entremêler des riffs massifs avec des orgues obsédants et démoniaques.

Au chant, la jeune Carlota Sousa se livre à un envoûtement incroyable grâce à sa voix éthérée et hypnotique. En se déployant sur des morceaux assez longs, LORD OF CONFUSION prend le temps de poser les atmosphères, qui s’articulent en un rituel ténébreux (« Land Of Mystery », « Howling Void », « Witchfinder »). Le groove de l’album et son ambiance lugubre captivent et fascine jusqu’au 13 minutes de « Hell », dernier volet d’une grande intensité.

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Doom

[Going Faster] : Fátima / Monasterium

Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !

FATIMA – «  Fossil » – MusikÖ Eye

Depuis sa première démo en 2015, le trio parisien a fait du chemin et se présente aujourd’hui avec « Fossil », un nouvel album où son style se précise de plus en plus. Grâce à une production claire et solide, ce troisième opus réalise une très bonne synthèse entre le Doom pour le genre, le Grunge pour la voix et des sonorités orientales pour les atmosphères. Fort de cette triangulation très réussie, FATIMA est difficile à saisir, mais très facile à adopter. A la fois mélodique, épuré et pourtant très riche en arrangements, « Fossil » invite à l’évasion avec son rythme lancinant, ses voix écorchées et ses riffs terriblement fuzz. Après « Turkish Delights » et le très bon split avec Seum et son Doom’n Bass percutant, les Parisiens s’affirment avec beaucoup de personnalité. A suivre de très près…

MONASTERIUM – « Cold Are The Graves » – Nine Records

Cela fait huit ans maintenant que MONASTERIUM marche dans les pas de ses glorieux aînés Candlemass et Manilla Road pour bâtir un Heavy Doom consistant et compact. En l’espace de trois albums, « Cold Are The Graves » compris, le quatuor polonais a réussi à développer un style très personnel. Une atmosphère très 80’s se dégage de ce nouvel opus à travers lequel on sent une réelle communion. Sur une production assez classique, MONASTERIUM dévoile un son clair variant entre envolées épiques sur un Metal traditionnel, ponctué par des passages plus calmes. Le combo montre une écriture intéressante et soignée en évitant bien de tomber dans des clichés Doom trop prévisibles. Les Polonais se montrent habiles et inspirés, et « Cold Are The Graves » un très bon album.  

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Doom

Las Cruces : monstres sacrés

Le Doom à l’état pur, originel. Voilà comment on pourrait résumer ce tant attendu nouvel album des Texans de LAS CRUCES. « Cosmic Tears » est un parfait concentré de ce que représente ce courant du Metal, qui compte aujourd’hui tant de branches. Epique et mélodique à souhait, reposant sur un chant très expressif et non-growlé, le combo distille des riffs qui nous plongent dans des torpeurs captivantes sur une rythmique redoutable.Un cran au-dessus !

LAS CRUCES

« Cosmic Tears »

(Ripple Music)

Fondé en 1994 à San Antonio au Texas, LAS CRUCES fait partie de la légende du Doom Metal américain au même titre que Trouble, notamment. Avec seulement quatre albums, dont « Cosmic Tears », et quelques singles, le trio (quintet en live) s’est fait un nom et est considéré aujourd’hui comme une référence incontestable du genre. Et après ses débuts fracassants, le groupe atteint de nouveaux sommets avec une classe éblouissante.

Si les vétérans avaient marqué les esprits avec « Ringmaster » (1998), il se pourrait qu’ils en fassent de même avec « Cosmic Tears », qui s’étale sur une heure et qui s’inscrit dans la plus pure tradition Doom. On retrouve chez LAS CRUCES beaucoup de similitudes avec d’autres maîtres du genre comme Candlemass, par exemple. Mais sans sonner Old School, les Texans présentent surtout une intemporalité assez incroyable jusque dans la production.

Sur ce quatrième album, on mesure toute l’influence du trio sur la scène internationale. Les riffs de George Trevino sont massifs et tranchants, la rythmique pesante et aérienne mène la danse et le chant de Jason Kane transcende les morceaux avec une clarté et une puissance très Heavy (« Cosmic Tears », « Wizard From The North », « Egypt », « Holy Hell »). LAS CRUCES fait une véritable démonstration de force avec un panache hors-norme.

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Doom Sludge

SunStare : mythes et légendes

Troisième album en moins de dix ans pour le quatuor du Nord, qui se surpasse sur ce « Ziusudra » avec un style plus incisif et percutant que jamais. Avec un formidable aplomb et un contrôle total de son jeu, SUNSTARE pose un Doom massif et lourd au sein duquel des tranchantes et racées semonces Sludge frappent à tout rompre. Fulgurant.

SUNSTARE

« Ziusudra »

(Source Atone Records)

Les Lillois nous la font à l’envers. A l’envers de 4.800 ans pour être précis avec ce « Ziusudra » qui nous renvoie aux épopées des sumériens et de la légende de Gilgamesh, cruel, roi d’Uruk. SUNSTARE pose ainsi le décor de son troisième album, où le Sludge du quatuor vient frapper un Doom massif, déjà très appuyé et parfaitement mis en valeur par une production très soignée.

Granitique, ce nouvel opus a de quoi en laisser plus d’un sur le carreau. Mené par le chant féroce de son frontman Peb, les sept morceaux de « Ziusudra » s’inscrivent avec modernité dans une atmosphère ancestrale brute. Tout en contraste, SUNSTARE évolue sur une solide base Doom écrasante que des fulgurances Sludge viennent perturber habillement sur une cadence effréné.

D’entrée de jeu, le morceau-titre plante le décor sur une plage instrumentale assez progressive, juste avant un déferlement compact dans les règles (« Abgal/The Very Wise », « Uru/The Wrath, The Flood »). SUNSTARE déploie un véritable mur de guitare à travers lequel la rythmique implacable trouve son équilibre sur des déflagrations très maîtrisées (« Ganzer/The Abyss », « Awîlum/L’Homme Libre »). Pleine face.

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Dark Gothic Doom France Metal

GoneZilla : une poésie doomesque [Interview]

Sans afficher une lourdeur trop pesante, le Doom de GONEZILLA se précise au fil du temps et après deux EP et un album, les Lyonnais livrent leur deuxième réalisation, « Aurore », tout en accueillant la chanteuse Karen Hau. Venant contraster un growl ravageur, elle apporte un peu de douceur mélancolique au quintet, dont l’évolution gothique et progressive se précise aussi. Ce nouvel opus montre également une maturité évidente sur laquelle revient la frontwoman du groupe.

– Avant de parler du nouvel album, j’aimerais que l’on évoque ton parcours. Tu es arrivée au sein de GONEZILLA il y a moins de deux ans et tu œuvres toujours chez Octavus Lupus. Comment s’est passé ton arrivée et qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans cette nouvelle aventure?

En fait, j’étais en contact avec Julien (Babot, lead guitare – NDR) depuis cinq ans sur Facebook. Les groupes amateurs de Metal se connaissant tous un peu. Et il m’a contacté un jour sans savoir encore si c’était pour prendre le relais sur GONEZILLA, ou pour un side-projet. Il m’a fait écouter ce qu’il faisait et le côté sombre m’a immédiatement plu. Ensuite, il m’a envoyé un instrumental avec un texte. J’y ai posé des lignes de chant et Clément (Fau, basse – NDR) et lui ont été convaincus.

– Tu l’as vécu comme un challenge, ou plus simplement comme l’évolution naturelle de ton parcours de chanteuse ?

Plutôt comme une opportunité. Je ne viens pas du Doom Metal, mais plutôt du Rock, du Symphonic et du Progressif. Il a donc fallu que j’en écoute et que je m’en imprègne. Mais la musique que m’a envoyée Julien m’a vraiment touché et j’ai tout de suite adhéré.   

– L’album a été finalisé assez rapidement après ton arrivée. Tu as réussi à imposer ton style et tes idées, ou est-ce que « Aurore » était déjà entièrement écrit ?

En ce qui concerne l’instrumental, la plupart des morceaux était écrite et d’autres sont arrivés un peu plus tard. Pour les textes, Julien et moi les avons écrit au fur et à mesure. Comme le projet était ultra-motivant, tout s’est très vite enchaîné. On a tous été très réactifs et il y a eu une véritable émulation.

– Justement, pour rester sur le chant, GONEZILLA a la particularité de présenter des textes en français. C’est la volonté de se démarquer de la scène Metal et Doom hexagonale, sachant que peu de groupes osent s’y aventurer ? Ou alors pour faire aussi passer plus facilement vos paroles, puisque ton registre est clair ?

Il y a un peu des deux, c’est sûr. D’un côté, on voulait se démarquer et l’ensemble du groupe a aussi un certain goût pour la poésie française, tout simplement. La langue française permet aussi beaucoup de subtilités, déjà parce qu’on la maîtrise mieux, et aussi parce que je trouve, à titre personnel, qu’elle offre plus de nuances que l’anglais dans la majorité des cas.   

– Musicalement, le Doom de GONEZILLA est très sombre bien sûr, mais il contient aussi de nombreux passages assez progressifs et même post-Metal. C’était important aussi pour vous de vous distinguer en apportant peut-être un peu plus de lumière et une certaine légèreté ?

En fait, Julien a clairement des influences progressives, je pense. De mon côté aussi, j’ai grandi en écoutant Pink Floyd, Led Zeppelin, du Rock Progressif et plus récemment du Metal Progressif. C’est un bagage qu’on a tous en commun. Je ne dirai pas pour autant que c’est pour apporter consciemment de la lumière à notre style. C’est quelque chose de plus inconscient, à mon avis. 

– Votre album a également des aspects gothiques dans la musique comme dans les textes. C’est une extension assez naturelle lorsqu’on fait du Doom, car les deux univers sont souvent très différents ?

C’est vrai que l’on retrouve des influences gothiques qui sont venues naturellement, en fait. Même si nous ne sommes pas très, très fans des étiquettes, je pense qu’on peut quand même dire que GONEZILLA est un groupe de Doom Gothic, oui.

– Il y a aussi un gros travail d’effectué sur les atmosphères et les ambiances dans les morceaux, qui sont d’ailleurs assez longs. Vous travaillez vos textes en fonction, ou c’est la musique qui les inspire ?

En général, Julien compose et propose ensuite un squelette en précisant où se trouvent le chant féminin et le chant masculin, ainsi que l’ambiance attendue. A partir de là, j’écris les textes et on voit si cela correspond à ce qu’il avait en tête en composant le morceau. De mon côté, je fonctionne en écrivant d’abord le texte, la mélodie vient après.

– Justement sur le chant, il y a cette dualité entre ton chant clair et le growl de Florent (Petit – guitare, chant). De quelle manière construisez-vous ces deux aspects ? Y en a-t-il un qui guide l’autre ou il n’y a pas de véritable lead?

Pour le lead, il n’y en a pas vraiment, car c’est Julien qui nous dit où chanter. Pour l’essentiel, c’est beaucoup de communication entre nous. Florent et moi avons réussi, malgré la distance, à tisser des liens humains très importants. Cela nous permet d’avoir une vraie collaboration et beaucoup d’échanges. C’est presque un duo.

– GONEZILLA a maintenant un peu plus de dix ans d’existence, et le line-up semble aujourd’hui stabilisé. « Aurore » est-il une nouvelle étape pour le groupe ? Est-ce que vous le voyez comme ça ? Comme un cap de franchi ?

Pour te donner le point de vue du reste du groupe, qui est là depuis bien plus longtemps que moi, GONEZILLA est aujourd’hui ce qu’il aurait du être depuis des années déjà !

– Enfin, maintenant que la situation est revenue à la normale et que la reprise des concerts bat son plein, comment allez-vous organiser votre set-list ? GONEZILLA compte deux EP et deux albums. Allez-vous vous focaliser sur le dernier, sachant que c’est ton premier avec le groupe ?

Oui, l’attention va être portée sur le nouvel album, que l’on commence tout juste à défendre sur scène. Nous avons aussi du faire des choix sur les morceaux qu’on voulait présenter. Plus tard, on envisage de reprendre certains titres plus anciens. J’ai commencé à en travailler certains. Avec Céline (Revol, l’ancienne chanteuse – NDR), on n’a pas tout à fait la même tessiture de voix, donc il y aura sûrement des choses que j’interpréterai différemment. Tout en respectant ce qui a été fait, il y aura des nuances sur le volume et mon ressenti, je pense. On y réfléchit !

L’album « Aurore » de GONEZILLA est disponible depuis le 22 avril chez M&O Music.

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Dark Gothic Doom Metal Progressif Post-Metal

Lux Incerta : de luxuriantes certitudes

Tout en maîtrise et particulièrement créatif, LUX INCERTA a placé la barre tout en haut de la scène post-Metal et Doom française. Avec « Dark Odyssey », les Nantais effacent superbement la décennie passée à attendre ce deuxième album. Racée et magistralement orchestrée, cette nouvelle réalisation joue avec les ambiances et les atmosphères sans la moindre fausse note. Un modèle du genre.

LUX INCERTA

« Dark Odyssey »

(Klonosphere)

Il aura fallu attendre onze ans après « A Decade Of Dusk » avant d’avoir des nouvelles fraîches de LUX INCERTA. Il faut aussi préciser qu’entre-temps Benjamin Belot (chant) et Gilles Moinet (guitare) ont été occupés au sein de leurs formations respectives Penumbra et The Old Dead Tree. Mais cette longue décennie de patience en valait vraiment la peine, tant « Dark Odyssey » est un album saisissant et incroyable de diversité.

Sur la base d’un quintet pour l’enregistrement, car LUX INCERTA évolue aussi en concert, les Nantais nous plongent dans une aventure musicale où le Doom se fond dans un post-Metal parfois Black et même Sludge. Fort d’un univers très dark aux légers accents Gothic et New Wave, « Dark Odyssey » porte donc bien son nom et le travail d’écriture, d’arrangements et de production régale en tous points. 

Sur les traces de leurs aînés et piliers du genre, les Français proposent un son très actuel à travers des morceaux très structurés et assez longs. Que ce soient les growls caverneux ou le chant clair (avec des passages en français sur « Decay And Agony »), LUX INCERTA brille de finesse et de puissance (« Far Beyond The Black Skies », « Dying Sun », « Farewell », « Fallen »). Enfin, les cordes apportent une touche profonde et délicate. Somptueux !