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Laura Cox : French queen of Southern Blues [Interview]

Le 16 octobre dernier, la guitariste et chanteuse LAURA COX se produisait dans la salle Cap-Caval de Penmarc’h pour le plus grand bonheur du public. La musicienne s’est montrée généreuse et aussi ravie que le public venu l’écouter. Après l’annonce du couvre-feu dans les grandes villes, c’était l’occasion de faire un point sur la triste situation que vit le monde du spectacle.

Photo : François Alaouret

LAURA COX

– On va commencer par la sortie de « Burning Bright » paru en novembre dernier, soit il y a presqu’un an. Après la promo d’usage, tu avais commencé la tournée avant que tout ne cesse en mars. Comment as-tu vécu cette période ?

Au début, je me suis dit que ça n’allait pas nous faire de mal, qu’on aurait un peu de temps pour bosser. J’avais aussi plein de compos en attente et des tas de choses à faire. Je me suis dit que j’allais me concentrer là-dessus. J’étais assez contente mais j’ai commencé à vite perdre patience et même perdre de la motivation. J’étais confinée toute seule chez moi et je ne voyais personne. J’ai fait beaucoup de guitare les deux premiers mois, et ensuite j’avais juste envie de sortir prendre l’air. Après le confinement, j’ai fait beaucoup de surf et du skate. Le déconfinement n’a pas changé grand-chose puisque les concerts n’ont pas repris. Encore aujourd’hui, tout n’a pas repris. C’est un peu dépriment, mais il faut essayer d’être un peu imaginatif et créatif pour trouver d’autres angles d’attaque pour s’en sortir et arriver à monter des choses envisageables dans les conditions actuelles.

– Puis, ça a été le tour des festivals. Même si l’album a eu quelques mois de bonne visibilité, comment t’es-tu organisée ensuite pour continuer à le faire vivre ?

Le principal pour moi est de jouer l’album sur scène. Après, il n’y a pas grand-chose à faire d’autre. J’ai fait quelques interviews pour des médias américains et des tutos destinés aux guitaristes. Cet album s’est vendu comme il a pu pendant trois mois avant le confinement. La situation est la même pour tout le monde. On va continuer les compos et essayer de sortir un nouvel album quand on sera prêt. Malheureusement, je crois que le Covid a tué le deuxième album (sourires).

– A l’heure actuelle, comment mesures-tu l’impact du Covid sur ton album du fait qu’il ait été si peu défendu sur scène ?

J’ai un peu de mal à savoir. On a eu pas mal de dates en novembre et décembre, et ensuite il y a eu un gros trou entre janvier et février. Je suis partie au NAMM à Los Angeles avec Gibson en janvier. Ca a repris en mars avec une petite tournée en Espagne dans des petits clubs. Ensuite, on a eu une date en Allemagne le 13 mars et plus rien jusqu’en juillet. Avec le groupe, on n’a pas l’habitude de rester sans jouer, et il faut donc qu’on se réhabitue aussi à ça.

– Certaines dates, dont celle de ce soir, ont pu être maintenues. Avec le couvre-feu annoncé dans certaines régions, les concerts risquent fort d’être à nouveau annulés. Comment vis-tu ce nouveau coup dur ?

On a quelques dates dans des petites villes, hors des grosses agglomérations. Tout reste encore très indécis, parce que certains programmateurs vont essayer de décaler les heures pour peut-être jouer l’après-midi le week-end. Pour le moment, c’est très flou. On a déjà des dates annulées et pour le reste, on va attendre. On va continuer à travailler et apprécier le peu de concerts qu’il y a.   

– On parle souvent, à juste titre, de l’énergie entre un artiste et son public en concert. Qu’est-ce qui change principalement devant une salle assise et masquée ?

Ca nous est déjà arrivé de jouer dans des salles assises. Ce n’est pas ce que je préfère car pour du Rock, ce n’est pas très approprié. Il y a un peu moins d’énergie qui passe, mais au point où on en est, je suis très contente que les gens soient là ! (Rires) Ca se voit dans les yeux quand ils sont contents et souriants. Et qu’ils se soient déplacés nous ravit. C’est sûr que ça ne vaut pas un concert avec une fosse blindée debout, mais vu la situation actuelle, je suis déjà très contente que ça puisse avoir lieu.  

– Pour conclure, et même s’il est difficile de se projeter, comment envisages-tu les mois à venir ? Se remettre à l’écriture à défaut de pouvoir se produire sur scène ?

On va travailler les nouveaux morceaux et il va falloir voir si la maison de disque nous suit. Car sans concert, on ne défend pas un album. Alors, est-ce qu’ils seront d’accord de nous suivre pour un nouveau disque, ce n’est pas dit non plus. Et puis, je vais également faire revivre ma chaîne YouTube que j’ai un peu délaissé depuis qu’on est avec le groupe. Et comme on a moins de choses à faire, pourquoi ne pas poster un peu plus de contenu Internet, chose que je ne faisais plus depuis un certain temps ? Et puis, trouver des idées peut-être pour des concerts privés ? Il va falloir réfléchir en tout cas.

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Blues

A cup of Blues

Moins expansif qu’à l’habitude, JOE BONAMASSA revient à ses influences Blues anglaises avec « Royal Tea » qu’il est allé enregistrer aux studios Abbey Road. En immersion à Londres, le guitariste-chanteur dévoile un aspect plus modéré, mais tout aussi virtuose. Entouré d’un groupe exceptionnel, l’Américain devrait mettre tout le monde d’accord.

JOE BONAMASSA

« Royal Tea »

(Provogue/J&R Adventures)

Pourtant exubérant avec une furieuse tendance à en mettre partout, JOE BONAMASSA livre un nouvel album étonnamment sobre. Délicat et presque mélancolique (« Why Does It Take So Long To Say Goodbye »), l’Américain renoue avec une certaine élégance tout en émotion. Même vocalement, on le sent nettement plus impliqué et concentré sur ses textes. Il faut préciser que c’est aux studios Abbey Road à Londres que « Royal Tea » a été enregistré, et que le musicien a souhaité coller au plus près à ses influences Blues britanniques. 

Très inspiré depuis ses débuts par Jeff Beck, John Mayall, Cream et Eric Clapton, JOE BONAMASSA expose cette fois-ci au grand jour les influences anglaises qui ont forgé son jeu depuis toutes ces années. Presque froid sur « Lookout man ! » ou plus aérien sur « A Conversation With Alice », la métamorphose est assez saisissante. Bien sûr, le guitariste ne joue pas petits bras et livre des solos majestueux, mais nettement moins shred qu’à l’habitude (« When One Door Opens »).

En montrant qu’il est aussi à l’aise dans son registre habituel, plus Rock et très américain, que dans un Blues typiquement britannique, JOE BONAMASSA fait une éclatante démonstration de force, tout en modération et en feeling (« Beyond The Silence »). Du morceau-titre à « Savannah » ou au virevoltant et très swing « Lonely Boy », le guitariste enchante à chaque morceau en revenant à l’essentiel et en laissant de côté les effets de manche. « Royal Tea » est de loin son meilleur album depuis très longtemps.

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Hard Rock Southern Rock

Black Stone Cherry : Kentucky rules

Quoiqu’on en dise et malgré le contexte, 2020 ne pouvait se faire sans un nouvel album de BLACK STONE CHERRY. Et « The Human Condition » se pose comme une évidence. Ce huitième album du combo du Kentucky vient mettre du baume au cœur.

BLACK STONE CHERRY

The Human Condition

(Mascot Records)

Le retour du gang du Kentucky en 2020 était plus qu’improbable sur le papier. Et pourtant, ils l’ont fait et de quelle manière ! Et dès « Ringin’ In My Head », le refrain puis le solo vous sautent autant en plein tronche. Ensemble depuis 19 ans quand même, BLACK STONE CHERRY donne une belle leçon de Rock’n’Roll et montre que le Southern a plus que de la ressource.

Robertson et sa bande se sont enfermés dans le studio de leur bassiste, Jon Lawhon, pour y concevoir ce nouvel album, tout en émotion et qui porte un regard lucide sur la situation actuelle. Ne serait-ce que la voix ensorceleuse et chaude est à même de rassembler les plus sceptiques. BLACK STONE CHERRY ne lâche rien.

Entre Southern Blues et Alternative Rock, le quatuor est toujours aussi réjouissant (« Push Down & Turn », « The Chain », « Some Stories »). Et les gros riffs pleins de chaleur consoleraient le plus triste d’entre-nous. Bien qu’enfermé, BLACK STONE CHERRY montre aussi un sacré savoir-faire, loin des grosses productions, mais tellement plus authentique et positif.

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Extrême Heavy metal

Doom moderne

Fougueux et élégant, ce premier album Live d’AVATARIUM inscrit définitivement le groupe parmi les formations les plus créatrices du Doom. Sans renier ses fondations musicales, le quintet suédois propose un style unique et très actuel, et met un bon coup de jeune à un registre souvent très conservateur.

AVATARIUM

« An Evening With Avatarium »

(Nuclear Blast)

Créé en 2013 par Leif Eidling (fondateur, bassiste et compositeur de Candlemass), AVATARIUM compte déjà un EP et quatre albums et à son actif, dont le dernier en date « The Fire I Long For » lui a permis de voler de ses propres ailes, suite au départ de son créateur. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a fait du bien et a levé un vent nouveau sur la formation suédoise, dorénavant nettement plus libre musicalement.

Toujours guidé par sa chanteuse et guitariste Jennie-Ann Smith, le quintet propose un Doom très Heavy, moins prévisible et tirant même sur le Rock. Si l’aspect occulte et ténébreux n’a pas disparu, AVATARIUM laisse entrer un peu plus de lumière sur ce live long de 15 morceaux aussi limpides que compacts et entraînants (« Voices », « Rubicon », « Pearls and Coffins »). Les Scandinaves maîtrisent leur sujet, et semblent plus libres que jamais.

Enregistré à domicile à Stockholm en janvier dernier, « An Evening With Avatarium » ne manque franchement pas d’audace, bien porté par des musiciens d’un niveau exceptionnel (« Avatarium », « Shake That Demon », « Sky At The Bottom Of The Sea »). Avec des intermèdes en suédois qui ne manquent pas d’exotisme, AVATARIUM nous fait vivre un concert entre puissance et émotion à travers une prestation irréprochable.