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Hangman’s Chair : cold exploration [Interview]

Depuis ses débuts il y a 20 ans maintenant, HANGMAN’S CHAIR ne cesse d’évoluer, même si un lien persiste toujours entre ses albums. Du Sludge brutal au Doom très pesant, le groupe prolonge son aventure dans un post-Metal aux déflagrations Hard-Core avec un aspect Cold Wave et gothique plus prononcé aujourd’hui. Pour autant, la patte est toujours là, elle se peaufine et suit les envies et les inspirations de son binôme créatif, composé de Julien Chanut (guitare) et de Medhi Birouk Thépegnier (batterie). Sur ce septième opus, le quatuor français explore encore et toujours des sonorités qui collent à des textes emplis de mélancolie. Contraction de ‘Sadness’ et ‘addiction’, « Saddiction » s’inscrit dans un voyage musical très immersif, narratif aussi et surtout très captivant. Entretien avec un batteur passionné et très investi dans un projet, dont la vision se projette dorénavant sur le long terme.   

– Il y a un peu plus de deux ans, vous sortiez « A Loner », premier chapitre d’une trilogie. « Saddiction » est donc sa suite. Est-ce qu’à l’époque, vous travailliez déjà sur ce nouvel album ?

Pour être sincère et transparent avec toi, cette histoire de trilogie est sortie de la tête de Julien lors d’une conversation qu’on a eu avec la personne qui nous a fait la bio du dernier album. J’ai trouvé ça intéressant même s’il a son point de vue et que j’ai le mien. Je trouve ça bien, parce que ça permet aussi de ranger un peu notre chambre. Quand on parle de trilogie, ça veut dire que c’est le second volet et qu’il va y en avoir un troisième, alors que je ne sais même pas ce qu’il va se passer demain. C’est donc assez étrange de parler comme ça comme d’un concept établi. Cela dit, ça permet aussi de voir un peu où on en est. Je comprends bien l’idée de Julien, car il a essayé de classer un peu notre style et notre concept musical au sein de HANGMAN’S CHAIR par rapport à nos albums. Et donc, ça se tient, bien sûr. C’est vrai qu’on avait ouvert une nouvelle ère avec « A Loner ». C’est un épisode, avec le confinement aussi, où l’on a eu envie d’explorer plus en profondeur le côté Cold Wave. Et « Saddiction » est arrivé à point nommé dans le sens où on a continué cette exploration. Je comprends bien l’idée de la trilogie, car je suis à un âge où je passe à un autre concept moi-même dans ma tête et dans ma vie. J’ai aussi quitté Paris avec toute la tension et la folie qu’il y a autour du groupe. J’aime donc l’idée de cette nouvelle ère avec cette trilogie. C’est surtout une manière de voir les choses, en fait. Il a son idée par rapport au son, tandis que je le vois plus comme une étape de vie.

– Il n’y a pas vraiment de règles chez les artistes qui sortent des trilogies, mais concernant HANGMAN’S CHAIR, est-ce que vous voyez la trame des trois albums, ou est-ce que les idées émergent au fur et à mesure ?

Oui, je l’entends, je le vois venir. Pour le moment, je suis dans un cycle d’attente pour l’écriture et l’enregistrement et puis, nous sommes en pleine promo aussi. Je suis dans une phase de digestion par rapport à ce nouvel album. Après, c’est différent pour chaque groupe, mais en ce qui nous concerne, on met énormément de cœur à l’ouvrage. Il y a beaucoup de choses, beaucoup de sacrifices aussi. Tu sais, on se connaît avec Julien depuis nos 13 ans. Il y a une espèce de vie de couple, dans laquelle il faut gérer le côté humain et le côté professionnel avec tout le groupe. Il y a toujours eu des hauts et des bas dans les émotions et on retranscrit tout ça dans la musique, que ce soit des épreuves, des déceptions, des pertes… C’est la vie de tous les jours en fait. Et cela peut être parfois un peu lourd. J’ai un peu de mal à avoir une vision du futur, puisqu’on parle de cette trilogie. Et là, nous sommes au moment de la sortie de l’album, ce qui est toujours assez exceptionnel, même si les retours sont très bons dans les médias. J’attends maintenant ceux des auditeurs, qui sont une étape ultra-importante. Pour l’instant, je suis un peu en eaux troubles… ! (Rires)

– Je comprends très bien cette impression de vertige. Mais sur une trilogie comme celle-ci, on se lance tout de même dans une aventure sur le long terme, c’est-à-dire que vous ne pouvez pas ne pas faire le troisième…

Exactement ! Ça veut dire qu’il y a quelque chose de prédéfini ou de préparé. Mais sincèrement, je ne sais ce que demain nous réserve. C’est aussi pour ça que cette trilogie m’intéresse, même si j’ai du mal à intégrer l’idée pour l’instant. Julien a un rapport à l’écriture et je le comprends bien. Cela dit, il y a une globalité qui est assez effrayante. C’est le temps qui décide un peu de tout ça, par rapport à nos vies, et notre musique en est le reflet. Et avec tout ce que j’ai injecté de ma vie dans ce nouvel album, je suis vidé.

– Avant de parler du contenu de  « Saddiction », j’aimerais qu’on parle de la production. Une trilogie s’étale environ sur 6/8 ans et vu les avancées technologiques actuelles, tout peut aller très vite, sans même parler d’IA. Vous vous êtes-vous posé des limites pour que ces trois albums gardent une unité sonore ?

C’est une bonne question car, pour moi et avec un peu de recul, les choses se sont faites assez naturellement sur les deux derniers albums. On ne se pose aucune limite, car ce serait grave quand même. En revanche, cela nous arrive de ne pas être d’accord et de mettre nos idées en opposition, bien sûr. Il y a toujours débat, mais il y a des choses assez naturelles au niveau de la composition. Avec tout ce qu’il s’est passé pour « A Loner », la signature avec Nuclear Blast, une visibilité augmentée, beaucoup de concerts car on n’a jamais autant joué de toute notre vie, on a senti avec Julien le besoin de prendre du temps pour digérer tout ça. Et finalement, cette espèce de schizophrénie nous a poussés à composer directement. On a été très inspiré, chacun de notre côté. Et comme j’ai déménagé au bord de la mer, je suis arrivé avec des morceaux plus lumineux et il y a eu un frein de la part de Julien, car il n’arrivait pas à entrer dans le truc. Il a fallu que je me réadapte, que je revois ma copie. Donc, tu vois, notre musique dépend de tout ça, de tous ces paramètres personnels dans nos vies. En fait, on ne se met pas de frein, mais il nous arrive de nous recadrer, de rester sur une espèce de ligne directrice en laissant aussi de la marge à la création et à l’exploration. C’est magique en tout cas de pouvoir écrire comme ça. Je touche du bois, car on arrive encore à être inspiré par la vie qui passe et tout ce qu’il peut y avoir autour. Et de tout ça, c’est vraiment génial d’en sortir des mélodies !

– En revanche, musicalement, l’évolution de HANGMAN’S CHAIR est nette, et pas seulement depuis « Saddiction » ou « A Loner ». Les influences gothiques et Cold Wave sont manifestes. Est-ce pour mieux coller au propos de l’album, ou c’est plus largement une direction que vous entendez tenir à l’avenir ? Parce qu’on est quand même très loin du Sludge de vos débuts…

Clairement ! On a commencé en 2005 avec HANGMAN’S CHAIR et je pense qu’à ce moment-là, on était très à fond dans la veine du groupe qu’on avait avant et qui était plus Hard-Core et Metal, tirant même sur le Doom et le Sludge de la Nouvelle Orleans. On écoutait énormément Pentagram, Saint Vitus, etc… C’est vrai que cela a dépeint sur nous et HANGMAN’S CHAIR est arrivé juste après. Sur nos deux premiers albums, on était complètement dans l’exploration. C’est vrai qu’aujourd’hui, j’ai un peu de mal à réécouter ces disques, car on s’y perd un peu nous-mêmes. Mais c’est assez touchant, car ce sont nos débuts aussi. Je pense que c’est avec « Hope / / / Dope / / / Rop » (2012 – NDR) que la bascule a eu lieu. Il a été déclencheur pour la suite. Après, l’important est de rester naviguer, car ça reste de la musique et c’est vraiment là que je me sens le mieux. J’ai aussi l’impression qu’on arrivait bien à digérer tout ce qu’on écoutait et c’était très varié. Ca pouvait aller de Depeche Mode aux Cure, mais aussi à la scène Hard-Core new-yorkaise qu’on a beaucoup écoutée avec les Cro-Mags, Bad Brains, etc… Ensuite, certaines choses sont revenues sur des bases qu’on aime. Dernièrement, on a peut-être écouté plus de choses Cold, post-Punk, New-Wave et gothiques. Ce sont des ambiances qu’on arrive à bien manier et dans lesquelles on sait combiner plusieurs ambiances. Julien arrive le plus souvent avec des morceaux froids et assez agressifs, tandis que les miens sont peut-être plus mélancoliques, mélodiques avec des arpèges et des effets. Et c’est ce mix des deux qui fait la couleur de l’album, sa lumière. C’est toute la magie de notre binôme.

– Comme sur « A Loner », il y a un gros travail sur les tessitures sonores et les atmosphères. Pourtant, vous restez percutants. L’ambiance post- Metal/Rock domine toujours avec un petit côté Doom sous-jacent. L’idée d’entretenir le Sludge de vos débuts est définitivement passée ?

C’est vrai que sur « A Loner » et avec tous les concerts qu’on a donné ensuite, on est peut-être allé plus loin dans le côté post-Rock et le gothique parfois. On a beaucoup travaillé le traitement du son et des tessitures. Avec « Saddiction », ce qu’on a fait naturellement, c’est peut-être retrouver ce côté doomy et Sludge de nos débuts. Ca se mélange aussi beaucoup mieux, c’est plus digeste. Le travail sur ce dernier album a aussi été de réintégrer les sons de nos premiers amours et que ce soit harmonieux. Et j’ai l’impression que ça a débouché sur le deuxième volet de cette… trilogie ! (Rires) Il y a un équilibre plus évident avec des chansons plus courtes aussi et qui sont un peu le résultat de la tournée précédente. L’envie a été d’aller droit au but sur certaines choses.

– Parlons un peu des vidéos, qui ont aussi beaucoup d’importance chez HANGMAN’S CHAIR. Sur « Cold & Distant » (extrait de « A Loner »), Béatrice Dalle faisait partie de l’aventure et cette fois sur « Kowloon Light », il y a clairement une référence au « Into The Void » de Gaspard Noe…

« Into The Void » est clairement une référence, c’est vrai, et nous sommes très fans de l’œuvre de Gaspard Noe. On a adoré ce film car, esthétiquement, il est incroyable. Il a été hyper-loin dans la photo. On n’a pas non plus voulu aller volontairement dans ce sens, mais les gens avec qui on travaille savent qu’on aime ce genre-là et que nous sommes très friands du travail de Gaspard Noe. C’est super en tout cas que tu l’aies ressenti, car c’est une grosse influence. Et puis, il y a aussi un côté cinématique chez HANGMAN’S CHAIR, parce que ça nous a toujours fait vibrer. Il y a des liens très proches avec la vidéo et la photo, c’est certain. On se rapproche de certains univers comme celui de Lynch, par exemple. J’adore les vidéos qui subliment un morceau et j’adore les musiques qui subliment les images. C’est très lié.

– Avec un album aussi conceptuel et les clips qui sont réalisés, on imagine que vous allez aussi soigner la scénographie de vos concerts à venir. De quelle manière travaillez-vous cet aspect au sein du groupe ?

On travaille avec des techniciens qui nous apportent énormément de conseils. Il faut savoir aussi que nous sommes un groupe avec un certain statut, c’est vrai, mais pas illimité. On a un agent qui travaille très bien, qui nous trouvent les dates et les budgets, donc il faut toujours aussi voir l’aspect financier et ce que l’on peut faire, ou pas. Et puis, on fait aussi une musique qui est très terre-à-terre et j’adore aussi les groupes qui n’ont pas forcément de scénographie particulière. On essaie de faire ce que l’on peut et d’améliorer à chaque fois nos concerts de ce côté-là et on a la chance d’avoir une belle équipe qui s’occupe très bien de la création en habillant la musique du mieux possible. On a déjà intégré de la vidéo sur nos concerts par le passé, mais budgétairement, c’était très compliqué. Ensuite, il y a le risque de décrochage du public avec trop d’infos d’un coup. Après, c’est quelque chose que j’aime beaucoup chez d’autres groupes, où la musique s’y prête peut-être plus. Pour l’instant, je préfère de l’habillage d’éclairage. Il y a un équilibre à trouver, il ne faut pas non plus se cacher derrière une scénographie, malgré l’air du temps où le public attend de gros shows.

– Justement, comment allez-vous organiser votre setlist ? Car, au-delà des deux derniers albums, il y a les cinq précédents ?

Ce n’est jamais évident chez HANGMAN’S CHAIR de construire un set avec la longueur des morceaux, car on joue une heure et quart/une heure et demi et même 45 minutes en festival. C’est vrai qu’à la sortie d’un album, on a envie de le jouer, même en partie, car il y a de la nouveauté à présenter. Maintenant, 2025 est une année un peu particulière, car on fête les 20 ans du groupe, donc on a envie de jouer d’anciens titres aussi. On veut en intégrer certains qu’on n’a pas joués depuis très longtemps, en ajoutant certains arrangements pour les fondre dans le set. On y travaille ! (Sourires)

– Pour conclure, est-ce vous travaillez déjà sur le chapitre final ? Ou alors, allez-vous faire une pause pour vous concentrer exclusivement à la scène ?

(Rires) J’ai des morceaux ! En fait, je compose constamment, dès que je peux. Ce n’est pas ciblé, mais j’ai des choses. J’essaie de me mettre sur mes machines le plus possible, mais il n’y a rien de défini. C’est un peu ce qu’on se disait au début de l’interview… (Sourires) Et j’ai aussi besoin de voir où « Saddiction » va nous mener et à quelle sauce on va être mangé ! (Rires)

Le nouvel album de HANGMAN’S CHAIR, « Saddiction », est disponible chez Nuclear Blast.

Photos : Andy Julia

Retrouvez également l’interview du groupe au moment de la sortie de « A Loner » :

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Alternative Metal

Klogr : insubmersible

A l’écoute de « Fractured Realities », on peut désormais affirmer que les formations européennes sont véritablement de taille à se mesurer aux américaines, qui restent cependant maîtresses en la matière. Très Heavy et puissants, les Transalpins se font très créatifs dans l’alternance d’atmosphères lourdes, véloces et aux refrains accrocheurs. KLOGR surfe sur un groove épais et pose un mur de guitares, auquel il est difficile de résister. Et avec un frontman redoutable, le groupe se montre implacable et très efficace. 

KLOGR

« Fractured Realities »

(Zeta Factory)

Pour un peu, on les aurait presqu’oublié. Sept longues années après « Keystone » et quelques remaniements de personnels plus tard, KLOGR refait surface plus percutant encore qu’auparavant. Le quatuor sort son quatrième effort et se montre plutôt ambitieux en se livrant à l’exercice de l’album-concept, ce qui est assez inhabituel dans son registre. Les Italiens ont repris cette année un travail entamé durant la pandémie et cette interruption lui a fait le plus grand bien s’il en juge par la qualité de « Fractured Realities ».

A travers les dix titres, on suit Lila, le personnage central d’une histoire axée sur les défis et les troubles émotionnels alimentés par notre société. KLOGR développe au fil du disque une réflexion qui met en parallèle et en relief le profit devenu la priorité et le bien-être de l’individu. Et dans sa démarche, il va même plus loin puisqu’un projet vidéo accompagne les morceaux autour de clips interconnectés. « Fractured Realities » prend ici tout son sens. Et musicalement, l’Alternative Metal du quatuor est explosif tout eh restant très mélodique.

Sur une grosse production et des nappes de claviers discrètes et bien distillése, KLOGR s’affirme avec force, grâce à des riffs massifs et percutants. A la guitare et au chant, Gabriele Rustichelli affiche beaucoup de détermination, escorté d’une paire basse/batterie compacte et d’un six-cordiste, Alessandro Crivellari, dont l’emprise est nette. « Fractured Realities » est sans conteste la meilleure réalisation du combo (« Early Wounds », « Gravity Of Fear », « Face Of The Unknown », « One Of Eight », « Lead Wings »). Brillant !

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Post-Metal

Maudits : oratorio instrumental post-Metal

Plutôt que de se contenter d’un classique vidéo clip, MAUDITS n’a pas fait les choses à moitié et a saisi l’opportunité de se produire en live dans le majestueux Opéra de Reims qui, le temps d’une session, a résonné au son du post-Metal des trois musiciens. Un moment à retrouver en audio et surtout en vidéo avec des images d’un esthétisme et d’une élégance remarquables.

MAUDITS

« Live Session at Opera de Reims »

(Source Atone Records)

Cela fait maintenant quatre ans que MAUDITS nous fait plaisir, alors c’est tout naturellement que le groupe a décidé de se faire lui-même plaisir. Mais plutôt que d’enregistrer et de filmer l’un de ses concerts, le trio a vu les choses en grand en investissant l’Opéra de Reims, rien que ça, pour une prestation live de toute beauté autant visuelle que musicale, et ce malgré sa courte durée.

Sur trois morceaux et une demi-heure de jeu, MAUDITS nous invite à le suivre dans son univers souvent sombre où le Doom, l’Ambient et le Progressif trouvent refuge dans un post-Metal saisissant et très prenant. Entièrement instrumental, le registre du combo invite au voyage et à une évasion que cette performance unique sublime encore un peu plus en se fondant dans le bel écrin de la capitale du champagne.

Accompagné sur deux morceaux par leur ami violoncelliste Raphael Verguin qui apporte relief et profondeur, MAUDITS interprète tout d’abord son titre éponyme extrait de son premier album. Et c’est ensuite « Perdu d’Avance » et « Résilience », parus sur « Angle Mort », qui le succèdent dans une interprétation d’une belle fluidité. Un grand moment à regarder autant qu’à écouter.

La partie audio est à retrouver ici : https://songwhip.com/maudits/live-session-at-opera-de-reims

Et la session filmée par là : https://youtu.be/Og9WQAaKeZQ

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Metal Progressif

Soen : un écrin musical

Presque méditatif et d’une rare sensibilité, SOEN se présente avec « Atlantis », une nouvelle réalisation live enregistrée dans le légendaire studio du même nom dans la capitale suédoise. Accompagné de musiciens classiques, les morceaux issus de la discographie du groupe prennent ici une dimension et un relief d’une grande profondeur.

SOEN

« Atlantis »

(Silver Lining Music)

En dix ans de carrière, les Suédois n’ont eu de cesse de surprendre et surtout de sublimer leur Metal Progressif. Après cinq opus d’une égale intensité, SOEN se renouvelle à nouveau avec « Atlantis », du nom du mythique Studio Atlantis Grammofon, situé à Stockhölm. Cet ancien cinéma a vu passer de grands noms, c’est pourquoi le quintet a tenu à y enregistrer un disque très spécial.

Capté le 10 décembre 2021 (il sort aussi en DVD), « Atlantis » se présente sous la forme d’un concert de 80 minutes particulièrement immersif et, bien sûr, sans public vu le lieu. A travers 13 morceaux, SOEN parcourt ses albums en revisitant leurs titres les plus emblématiques accompagné d’un orchestre classique pour encore plus d’élégance. Et le résultat est plus que convaincant, il est captivant.

C’est donc entouré de huit musiciens, dont deux chanteuses, que le groupe fondé par le batteur Martin Lopez livre des versions d’une rare beauté de « Monarch », « Lucidity », « Antagonist » ou « Jinn ». SOEN rayonne littéralement et parvient même à donner de la grâce à « Snuff » de Slipknot, un sacré défi. Au chant, Joel Ekelöf est étincelant et la grande technicité des Scandinaves fait le reste. Majestueux !

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France Metal Rock Progressif

Orpheum Black : une dualité constante [Interview]

Très aéré et remarquablement bien produit, ce premier album d’ORPHEUM BLACK est la vraie belle surprise de cette rentrée. Ancré dans un Rock aux atmosphères progressives et même Metal par moment, « Sequel(s) » étonne par la diversité dont il fait preuve. Sur cet  album-concept, le groupe déroule un fil d’Ariane où la narration tient un rôle essentiel, tout comme le visuel sous toutes ses formes. Entretien avec Mélodie (chant, claviers) et Greg (chant, guitare)…  

– Vous êtes tous originaires d’Orléans et vous vous connaissiez tous avant de monter ORPHEUM BLACK en 2019. L’année suivante, vous sortez « Act 1 » qui a été très bien accueilli. C’est le fait de partager une même vision musicale qui a autant accéléré les choses ?

Greg : En fait, au moment de monter le projet ORPHEUM BLACK, nous avions tous plus ou moins dix années de “vie de groupe » avec des tournées, des albums et des concerts à nos actifs. Romain (guitare – NDR) et moi étions dans le même groupe et, forcément, il y a des automatismes qui étaient toujours présents. Nous étions passionnés et excités à l’idée de reformer un groupe. Pour ma part, j’avais très envie de chanter avec Mélodie et cela m’a probablement donné des ailes pour avancer plus vite. Nous voulions tous remonter rapidement sur scène et nous nous sommes servis de nos expériences passées pour prendre quelques raccourcis et éviter certains pièges.

Mélodie : Effectivement, nous avions, dès le début du projet, la volonté de travailler sur des ambiances et un duo vocal. Nous avons tâtonné au départ, pour trouver un fil conducteur, une “patte” commune à laquelle chacun de nous puisse s’identifier, mais tout en ayant pour objectif de sortir un EP pour pouvoir rapidement proposer un contenu live cohérent, car c’est aussi ce qui nous anime !

– Malheureusement, comme beaucoup, vous avez été stoppés net par la pandémie. Comment avez-vous vécu cette période artistiquement très silencieuse ? Il semblerait que vous en ayez profité pour avancer encore plus sur votre projet…

Greg : A la base, « Sequel(s) » devait sortir à la rentrée 2020, nous avons donc écrit une bonne partie pendant la pandémie. Nous avons tâché de mettre à contribution tout ce temps dont nous disposions pour mettre en forme nos idées, beaucoup parler sur la direction à prendre et sur ce que nous voulions transmettre. Une bonne partie de l’album à été écrite pendant que nous étions bloqués chez nous sans nous voir. Heureusement, nous avons la chance d’être tous plus ou moins équipés d’un home-studio, ce qui nous a permis d’enregistrer des maquettes et de continuer à créer même à distance. Dès que nous avons pu nous revoir, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, en studio, pour mettre nos idées en commun et relancer la dynamique que nous avions afin de tenir nos délais. Nous étions prêts pour la rentrée, mais nous nous sommes finalement abstenus de sortir l’album compte-tenu de l’ambiance “fin du monde”, et avons pris la décision de reporter d’une année. Nous étions donc en avance, il fallait que nous restions actifs et avons consacré ce temps à approfondir notre univers et en le liant à celui du cinéma, notamment par le biais des trois clips que nous avons sortis.

– Vous venez donc de sortir votre premier album, « Sequel(s) », qui est particulièrement réussi tant au niveau des compos que de la production. Commencer par un album-concept est assez audacieux. C’était l’idée de départ, ou est-ce que celle-ci a doucement fait son chemin ?

Greg : Disons que c’était d’abord une volonté de départ que de développer un projet artistique avec une approche holistique. Le nom ORPHEUM BLACK faisant référence au théâtre, nous voulions dès le départ aller “plus loin que la musique” sans trop savoir comment nous y prendre. Avec le report de la sortie de l’album, nous nous sommes vus gratifiés d’une année supplémentaire pour réfléchir et approfondir une histoire, créer des ponts entre les courts-métrages qui sont sortis…

Mélodie : Le brassage des arts faisait partie du “cahier des charges” initial. On trouve que c’est une vraie opportunité de collaborer avec des artistes réalisateurs, photographes, designers… Néanmoins, la mise en place de ces collaborations s’est pensée au fur et a mesure, et nous sommes en perpétuelle réflexion sur la suite !

– L’album est musicalement très riche avec beaucoup de variations, des atmosphères Rock très appuyées et des passages très aériens. Et « Sequel(s) » est un disque très narratif dans sa progression. Pourriez-vous nous parler de cet univers si particulier ?

Greg : Avec notre premier EP, nous ne savions pas trop où aller et nous avons voulu expérimenter, sur cinq morceaux, le champ des possibles : de la ballade Rock au Metal plus intense. Avec « Sequel(s) », nous avons affiné notre style en nous concentrant sur ce qui fait la “touch” ORPHEUM BLACK, à savoir les ambiances, les atmosphères et le duo vocal. Dans l’ensemble, la ligne directrice fut de composer des morceaux aux structures peu complexes, mais fortement arrangées et enrichies tout en explorant d’autres aspects qui nous étaient encore inconnus, comme l’intégration de cordes frottées, de machines, de piano…

– « Sequel(s) » a été composé comme une odyssée et il existe une vraie connexion entre les morceaux. Justement, vous avez conçu l’album de manière globale, ou titre par titre ?

Greg : Un des thèmes principaux de l’album est “la connexion”. A la base, les morceaux ont pour la plupart été pensés indépendamment, mais à mesure que nous avancions, nous avons cherché à créer du liant entre eux. Cela passe bien sûr par l’histoire que nous racontons au fil des neuf chansons, mais les plus curieux trouveront des connexions “inter-morceaux” au niveau des champs lexicaux, des sons utilisés, des arrangements… Il y a même des lignes de chant et des thèmes qui sont réutilisés (le refrain de « Strangest Dream » repris dans le morceau qui clôture l’album, « Way Back Home »).

Mélodie : Cela permet d’avoir deux niveaux de lecture de nos morceaux : celui du texte isolé, et ce qu’il raconte dans son contexte. Chaque titre peut vivre indépendamment et raconte une histoire qui peut parler à chacun !

– Vous dites vous inspirer de références cinématographiques et théâtrales. Comment est-ce que cela se traduit dans votre approche de l’écriture et de la composition notamment ?

Greg : Il faut imaginer ces neuf morceaux comme la bande originale d’épisodes d’une même série. Comme au cinéma, il y a des alternances entre les moments plus intenses et les moments plus calmes, des cliffhangers, des résolutions… Cela passe également par la façon dont nous avons tourné nos clips, notre volonté d’avoir travaillé avec différents réalisateurs aux pattes bien distinctes, les visuels, la pochette de l’album qui ressemble à une affiche de film…

– L’une des particularités d’ORPHEUM BLACK est aussi cette dualité vocale, féminine et masculine. Comment travaillez-vous les parties de chant ? Et comment vous répartissez-vous les rôles et est-ce que chacun écrit ses propres parties ?

Greg : En parallèle de l’instrumental, avec Mélodie, nous nous voyons à part et nous discutons (beaucoup !) des thèmes que nous voudrions aborder. Nous sommes très proches dans la vie également et cela facilite ce processus, c’est une vraie force que nous mettons à contribution de l’écriture. Puis, lorsque nous sommes d’accord, soit nous écrivons à deux, soit l’un de nous apporte les éléments de base, puis nous les modifions à deux. Enfin, nous trouvons une top-line et cherchons des harmonies possibles lorsque c’est nécessaire. Puis nous mettons tout en commun sur les temps de répétition, afin de faire valider par tout le monde.

Mélodie : Au-delà de l’écriture, il y a tout un travail sur l’harmonisation musicale. Nous avons mis du temps à trouver un bon équilibre, nos deux voix sont complémentaires la plupart du temps, mais nous essayons aussi d’utiliser nos différences pour renforcer les nuances, et c’est sur chaque nouveau titre un nouveau challenge !

– Enfin, vous mettez également l’accent sur les vidéos qui semblent même indissociables de l’univers d’ORPHEUM BLACK. Vous le voyez comme un prolongement de l’album, ou plutôt comme un complément ?

Greg : L’écriture des textes a beau être abstraite, l’image force un niveau de lecture bien spécifique. L’aspect graphique, qu’il s’agisse des clips ou des visuels, nous permet de créer une autre porte d’entrée vers notre univers. J’invite volontiers les gens qui veulent se plonger dans ce que nous avons à proposer à visionner les clips, dans l’ordre si possible (« Strangest Dream », « Unsaid Forever », « Together and Alone » et… le petit prochain qui arrive courant novembre !). Ils sont à la fois complémentaires… et indissociables !

« Sequel(s) », l’album d’ORPHEUM BLACK, est disponible depuis le 24 septembre chez Blood Blast.

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Soutiens

Protogonos : nouvelle vidéo dévoilée

Le quintet de MetalCore PROTOGONOS vient de dévoiler une nouvelle vidéo de son morceau « Embrace Your Truth ».

Après un EP en 2017 (« Ex Nihilo ») et un premier album en 2019 chez M & O Music (« From Chaos To Ashes »), le groupe de Reims s’apprête à sortir un nouvel EP en avril/mai, et proposera régulièrement des vidéos de ses nouvelles compos.

Ca commence donc avec « Embrace Your Truth », percutant et remarquablement bien mis en image :