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Metal Progressif

Vanden Plas : un bond dans le passé

C’est en présence de ses plus fervents fans que les maîtres du Metal Progressif allemands ont enregistré « Live & Immortal », fusionnant littéralement avec un public uni et enthousiaste. Avec une énergie intense, VANDEN PLAS offre un concert majestueux, où le quintet fait une réelle démonstration de force en mariant des mélodies atmosphériques d’une grande finesse à des fulgurances Metal puissantes.

VANDEN PLAS

« Live & Immortal »

(Frontiers Music)

Suite à l’excellent concept-album « The Ghost Experiment » sorti en deux parties (2019-2020), on pouvait s’étonner de voir VANDEN PLAS revenir si tôt avec un nouvel opus studio. Peu ou pas défendu sur scène, faire une telle impasse serait même un sacrilège. Et c’est sans doute pour cette raison que les Allemands livrent un double live dans lequel ils régalent une fois encore.

Enregistré le 30 décembre 2016 dans leur ville natale de Kaiserslautern, « Live & Immortal » dévoile une prestation exceptionnelle et même inattendue du quintet. En effet, sur plus d’une heure et demie, VANDEN PLAS y interprète l’essentiel de ses réalisations « Chronicles Of The Immortals », sorties respectivement en 2013 et 2014. Et pour info, le concert sort également en DVD.

On se replonge donc dans ses deux disques majeurs de la carrière du groupe germanique avec des titres comme « Holes In The Sky », « Iodic Rain », « Postcard To God » ou « Christ O », ainsi que des morceaux jamais joués en live comme le monumental « The Final Murder ». Limpide et puissante, la production de « Live & Immortal » rend parfaitement compte de la grande qualité de VANDEN PLAS sur scène.

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Modern Metal

Stryfe : un théâtre Metal très contemporain

Aux frontières du Heavy Metal et du Metal Progressif, STRYFE évolue dans un Modern Metal racé, mélodique et très percutant. Malgré le soleil de la Californie, le quatuor développe un style assez dark dans un registre très technique et massif avec une aisance toute naturelle. A coup sûr, « Cursed Theatre » ne fera pas seulement trembler Los Angeles !

STRYFE

« Cursed Theatre »

(Independant)

Originaire de la cité des anges, STRYFE sort son premier album en indépendant, et la première question que l’on peut se poser est de savoir comment un groupe d’un tel niveau ne soit pas encore signé. La production est irréprochable, le son massif et la qualité des morceaux ne laissent rien au hasard. Le quatuor californien livre là un disque qui rivalise avec n’importe quelle réalisation  actuelle.

Par ailleurs, bien malin celui (ou celle bien sûr !) qui pourra définir au plus près le style de STRYFE. Si les Américains évoluent dans un Modern Metal très pêchu, ils n’hésitent pas à brouiller les pistes, ou plutôt à enrichir leur jeu, de sonorités Hard Rock, Heavy Metal et progressives. Un bel alliage qui donne à « Cursed Theatre » une saveur très particulière et un configuration assez unique.

Sombre et puissant, STRYFE joue sur l’incroyable voix de son chanteur et le travail très pointu de son guitariste. Et la rythmique n’est pas en reste. Très technique, le combo se meut souvent dans un Metal Progressif tout en insistant sur des mélodies très inspirées (« Deception », « Duplicitous », « Fake », « Born Again », « Highlands »). Avec un tel album, on devrait très rapidement entendre parler du quatuor.

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Heavy metal

Seventh Storm : contre vents et marées

18 ans passés derrière les fûts avec Moonspell et Mike Gaspar quitte le navire pour se mettre à la barre du sien. Avec SEVENTH STORM, le batteur prend également le rôle de compositeur et arrangeur de « Maledictus », un premier album de pur Heavy Metal très vivant et aux atmosphères parfois progressives.

SEVENTH STORM

« Maledictus »

(Atomic Fire Records)

Après son départ de Moonspell et un léger moment de flottement, le batteur Mike Gaspar n’a pas mis longtemps à reprendre les baguettes pour fonder SEVENTH STORM toujours au Portugal, où l’Américain réside depuis des décennies. Loin du registre de son ancien groupe, il renoue avec ses premières amours que l’on retrouve dans le Heavy Metal, au sens large, des années 90.

Assez dark dans son ensemble, « Maledictus » propose des ambiances très variées que le quintet exécute avec beaucoup d’élégance. A la fois racé et mélodique, ce premier album brille par le travail d’orfèvre réalisé par cinq musiciens affûtés et très techniques. Pourtant, SEVENTH STORM ne fait pas dans la démonstration, mais propose plutôt une belle harmonie.

Cependant, que l’on ne s’y trompe pas, les Portugais (et l’Américain) donnent dans un Heavy Metal costaud, où la voix du frontman de SEVENTH STORM, Rez, offre un relief incroyable dans un chant à la fois rageur et plein d’émotion (« Saudade », « Gods Of Babylon », « Seventh », « Haunted Sea »). Très organique, « Maledictus » livre une belle et intergénérationnelle synthèse du genre.

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Viking Metal

Amon Amarth : the way to Valhalla

AMON AMARTH continue de parcourir les mythes et légendes nordiques avec le poing levé, le glaive tranchant et surtout un Viking Metal qui se réinvente quelque peu. « The Great Heathen Army » regorge de mélodies entêtantes, d’une énergie sauvage et d’une volonté guerrière. Les Suédois donnent l’assaut avec brutalité.

AMON AMARTH

« The Great Heathen Army »

(Metal Blade Records)

L’armée viking menée par le frontman Johan Hegg est en ordre de marche et ce douzième album d’AMON AMARTH s’inscrit dans la droite lignée de la discographie des Suédois. Avec un Death Metal mélodique qui penche clairement vers un Thrash souvent très Heavy, le quintet ne s’est pas pour autant endormi et « The Great Heathen Army » reste dans la configuration  ‘rouleau compresseur’ de ses prédécesseurs.

Massifs et racés, les riffs de Johan Söderberg et Olavi Mikkonen mènent la charge sur des morceaux sombres et épiques. Avec un style qui n’appartient qu’à lui, AMON AMARTH ne dévie pas de ses intentions premières et reste toujours aussi fédérateur porté par le chant profond et guttural de son leader (« Get In The Ring », « Dawn Of Norsemen »). Le groupe avance sur un rythme effréné avec une précision d’horloger.

Et « The Great Heathen Army » réserve encore quelques bonnes surprises, ce qui montre la faculté des Scandinaves à infuser du sang neuf dans son jeu, sans pour autant perdre de son identité. Atmosphérique sur « Skagul Rides With Me », quasi-orchestral sur « The Serpent’s Trail », AMON AMARTH s’aventure même dans des contrées Heavy Metal sur « Saxons And Vikings », hit imparable chanté en duo avec le grand Byff Byford de… Saxon ! Imposant !

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Blues Soul / Funk

Derrick Procell : inspector Blues

Créatif et jouant très habillement et avec naturel sur les émotions, DERRICK PROCELL manie la Soul et le Blues de Chicago comme peu de chanteurs. Brillant songwriter, il excelle sur ce « Hello Mojo! », dont les compositions sont parfaitement servies par un groupe d’exception. Ce nouvel album est un moment d’insouciance et légèreté bienvenu.

DERRICK PROCELL

« Hello Mojo! »

(Catfood Records)

Homme de scène et songwriter depuis quatre décennies, DERRICK PROCELL a la Chicago Soul et le Blues dans la peau. Egalement compositeur pour la télévision et le cinéma, c’est le succès de son album « Why I Choose To Sing The Blues » en 2016, qui l’a conduit à « Hello Mojo! », que le musicien de Milwaukee est allé enregistrer aux fameux studios Sonic Ranch de Tornillo.

Savoureux d’un bout à l’autre, ce nouvel opus a été produit Zac Harmon, un proche du label Catfood Records, et celui-ci est d’ailleurs invité à la guitare sur trois morceaux. Entièrement écrit ou co-écrit par DERRICK PROCELL, « Hello Mojo! » est chaleureux et positif et il en ressort une joie et une douceur communicative, presque en constante opposition à l’époque actuelle.

Remarquablement accompagné pat le groupe texan The Rays, l’Américain captive grâce à des titres aux mélodies addictives distillées avec passion et feeling par des musiciens au groove incroyable (« Skin In The Game », « Hello Mojo! », « Broken Promise » », « I Can’t Say No », « Baby I’m Lost »). Egalement harmoniciste de talent, DERRICK PROCELL livre un bel et enthousiasmant opus.

Photo : Ryan Bennett
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Hard Rock Heavy metal

Blood God / Debauchery : carnassiers

Exubérants et fantasques, BLOOD GOD et DEBAUCHERY ne font (presque) un. Partagé entre un registre vocal clair et chanté d’un côté et un autre plus guttural et growl, les deux formations composées des mêmes musiciens livrent deux versions de ce « Demons Of Rock’n’Roll » très entraînant et solide. Les Allemands jouent sur une bipolarité musicale bien maîtrisée.  

BLOOD GOD / DEBAUCHERY

« Demons Of Rock’n’Roll »

(Massacre Records)

Thomas Gurrath, alias The Bloodbeast, alias Blutgott, est probablement l’un des musiciens de Metal parmi les plus atypiques d’Allemagne. A la tête de BLOOD GOD et de DEBAUCHERY, le multi-instrumentiste se dédouble à l’envie, menant de front les deux formations dans des registres Hard et Heavy sur une thématique sanguinaire rappelant celle de Gwar.

Avec près de 20 albums depuis 2003, le trio de Stuttgart vient cette fois exhorter les « Demons Of Rock’n’Roll » dans une approche et une ligne musicale ancrée dans le temps et inamovible. Comme toujours, BLOOD GOD sert de base et de rampe de lancement, puisque chaque nouvel opus possède toujours sa version DEBAUCHERY.

Le double-album commence donc avec un Hard Rock/Heavy Metal, qui n’est pas sans rappeler le Accept de la première heure et Ac/Dc. Le mix des deux offre dix titres percutants et entêtants. Puis, Thomas Gurrath revêt la panoplie de DEBAUCHERY pour un pendant plutôt Death’n’Roll basé sur des grognements et où l’agressivité bat son plein.

Photo : Dupasquier and Gurrath
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Blues Rock Psych Rock

Datura4 : raw & roots

En un peu de dix ans de carrière et avec ce cinquième album de haute volée, les Australiens de DATURA4 sont en train de marquer de leur empreinte le Rock de leur grande île. Entre Boogie Rock, Psych Blues et Garage Rock, le quatuor est direct, sans effet de manche et particulièrement inspiré et créatif sur ce « Neanderthal Jam » somptueux.

DATURA4

« Neanderthal Jam »

(Alive Natural Sound)

Affublé au départ de simple groupe de Pub Rock par les mauvaises langues, DATURA4 n’a pourtant pas tardé à mettre tout le monde d’accord. Autour de quatre musiciens très talentueux dont leur frontman Dom Mariani, les Australiens se sont fait connaître bien au-delà de leur côte-ouest natale, et ce cinquième album vient asseoir encore un peu plus leur belle réputation.

Nourri de Boogie Rock, de Psych Blues et de Garage Rock, DATURA4 a élaboré son nouvel opus dans la grange qui lui sert de studio, et ce qu’il en ressort est un voyage psychédélique, aride et rentre-dedans comme il n’en avait pas encore réalisé. « Neanderthal Jam » porte parfaitement son nom, tant l’ensemble est brut et instinctif, dans l’esprit d’une jam hors du temps.

Très roots et planant, DATURA4 sait aussi montrer les crocs grâce, notamment, à son infaillible leader. La chaleur de l’harmonica, les vibrations diaboliques de l’orgue, les riffs acides et la rythmique appuyée font du quatuor une machine à triper imparable (« Going Back To Hoonsville », « Open The Line », « Bad Times », « Hold My Life », « Fish Fry »). Un must du genre.

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Thrash Metal

Toxik : retour en grâce

Alors que TOXIK avait fait très forte impression en émergeant sur la scène Thrash Metal américaine, côte Est, à la fin des années 80, le groupe avait splitté une première fois en 1992 avant de rater son come-back en 2007. Mais depuis 2013, on retrouve toute sa dynamique et sa force sur « Dis Morta », un troisième album racé et compact, en forme de renaissance.

TOXIK

« Dis Morta »

(Massacre Records)

Apparu en 1987 avec l’album « World Circus », puis « Think This » deux ans plus tard, TOXIK a ensuite disparu des radars pour refaire surface trois décennies après avec un simple EP, « Breaking Class ». Cependant, ces dernières années laissent penser que le quintet américain est bel et bien de retour et à en juger par l’écoute de « Dis Morta », il semble aussi inspiré qu’à ses débuts.

Basé dans l’état de New-York, il ne reste aujourd’hui que le guitariste et compositeur Josh Christian de la formation originelle. Il a pourtant réussi à garder intacts l’énergie et le son de TOXIK. Pour les textes, ils sont cette fois-ci écrits en collaboration avec Ron Iglesias, le frontman du combo qui lui doit d’ailleurs beaucoup vu l’incroyable diversité vocale proposée sur « Dis Morta ».

Très technique, percutant et avec un sens de la mélodie bien à lui, TOXIK est resté ce groupe original diffusant un Thrash Metal efficace et incisif (« Dis Morta », « The Radical », « Creating The Abyss », « Straight Razor », « Devil In The Mirror »). On ne peut regretter qu’une chose chez les Américains, c’est qu’ils n’aient pu livrer plus d’albums, car une telle créativité est assez rare dans le style.

Photo : Henk Brouwer
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Blues Blues Rock

Todd Sharpville : le Blues comme remède

Sur une thématique pas forcément réjouissante, « Medication Time » se pose comme un exutoire à des passages compliqués et douloureux traversés par TODD SHARPVILLE il y a des années. Pourtant, le musicien anglais offre un album lumineux et positif, et musicalement étincelant et virtuose.

TODD SHARPVILLE

« Medication Time »

(Dixiefrog/ Pias)

En l’espace de trois décennies, le guitariste, chanteur et songwriter britannique TODD SHARPVILLE s’est taillé une solide réputation dans son pays, mais aussi à l’international en partageant la scène avec les plus grands et surtout en sortant des albums de plus en plus convaincants et brillants depuis son tout premier, « Touch Of Your Love », en 1992.

Cette fois pour ce nouvel opus, le musicien effectue une sorte d’introspection avec un retour sur les années les plus difficiles de sa vie jusqu’à sa guérison. Etonnamment, TODD SHARPVILLE ouvre cet opus thématique avec une reprise très personnelle de « Walk Out In The Rain » de Bob Dylan, revisitée à travers un Blues Rock très british et attachant.

Accompagné d’une exceptionnelle section cuivre sur la base d’un quatuor classique, l’Anglais livre des morceaux optimistes avec une saveur très enveloppante (« Get Outta My Way », « House Rules », « God Loves A Loser »). TODD SHARPVILLE accueille également le guitariste Larry McCray et l’harmoniciste Sugar Ray Norcia sur l’étonnant « Money For Nothing » de Dire Straits. « Medication Time » surprend et épate.

Photo : Al Stuart Scaled
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Thrash Metal

Soulfly : tropical Metal

Comme à son habitude, Max Cavalera fait parler la poudre en invoquant les âmes ancestrales à grand renfort de riffs puissants et appuyés, tout en misant sur une efficacité sans faille et une maîtrise totale de son jeu. Avec « Totem », son douzième album, SOULFLY frappe toujours aussi fort en préservant un héritage musical inégalé.

SOULFLY

« Totem »

(Nuclear Blast)

Construit sur les bases des premiers Sepultura (du temps de leur vivant) et dans l’esprit de « Roots », ce douzième album de SOULFLY est une immersion dans une forêt ou une jungle profonde, épaisse et hostile. Toujours guidé par le grand Max Cavalera (guitare, chant), Mike Leon (basse) et du fiston Zyon à la batterie, le trio se passe une nouvelle fois du six-cordiste Marc Rizzo, mais a convié un musicien de session.

Avec « Totem », le Brésilien revient aux fondamentaux, à ce qui fait la force et l’originalité de SOULFLY depuis ses débuts en 1997. Le guitariste et frontman du trio s’inspire plus que jamais des pratiques spirituelles indigènes qui viennent planer dans un Metal d’une lourdeur incroyable entre Thrash et Heavy et dans cette démarche Old School qui a toujours animé le groupe.

Magistralement produit par Max et Arthur Rizk, « Totem » est un album frontal, d’une férocité et d’une rage puisée dans l’underground comme dans le Metal le plus moderne. Par ailleurs, les arrangements, notamment au niveau des guitares et de la voix, rendent ce nouvel opus très fouillé et nécessitant même plusieurs écoutes (« Spirit Animal », « Superstition », « Filth Upon Filth », « Ancestors », « Ecstasy Of Gold »). Immersif !