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Hard Rock Heavy metal

Tokyo Blade : le feeling intact d’un groupe culte

Jamais rassasié, TOKYO BLADE effectue depuis quelques années un retour remarquable, malgré une certaine discrétion. Parfaitement ancré dans son temps, le groupe livre « Fury », un nouvel album rondement mené par des musiciens d’expérience et toujours très créatifs. Des guitares impériales et un chanteur hors-norme maintiennent les Anglais à leur meilleur.

TOKYO BLADE

« Fury »

(Cherry Red Records)

Comme une petite partie des groupes de la NWOBHM, TOKYO BLADE est une entité immuable, une sorte de denrée rare de celles sur lesquelles le temps ne semble pas avoir de prise. En l’espace de douze albums depuis 1982, les Britanniques ont connu de fastes années, ainsi que des traversées du désert, dont d’autres ne se sont pas toujours relevées. Mais le combo entretient le mythe avec classe et vigueur.

Deux ans après l’excellent « Dark Revolution », « Fury » vient confirmer la grande forme et l’inspiration du quintet anglais. Toujours guidé par son guitariste et fondateur Andy Boulton, TOKYO BLADE a réuni son line-up originel et le pari est gagnant. Loin de s’assoir sur une gloire passée, c’est un Alan Marsh véritablement ressuscité qui mène ce nouvel album, grâce à un chant imparable.

Constitué de 15 morceaux purement Hard Rock et Heavy Metal et 80 minutes à la fois classiques et modernes, TOKYO BLADE se montre toujours aussi percutant et incisif (« Man In A Box », « Blood Red Night », « Eyes Wired Shut »). Enchainant les riffs accrocheurs, les twin-guitares et les solos de hauts vols, les Britanniques régalent encore et toujours (« Nailbomb », « Life Leaves A Scar », « Static »). Solides comme toujours.

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Heavy metal

Spitfire : retour de flamme

Avec une envie retrouvée et décuplée, les Grecs de SPITFIRE ont enfin repris le chemin des studios pour y enregistrer un troisième album en forme de renaissance. « Denial To Fall » s’inscrit dans un Heavy Metal classique, hors d’âge et très contemporain. Grosse rythmique, riffs racés et mélodiques et un chanteur dans une forme olympique, le quintet se donne les moyens et tous les atouts pour effectuer un nouveau départ sous les meilleurs auspices. 

SPITFIRE

« Denial To Fall »

(No Remorse Records)

L’histoire de SPITFIRE commence sous des cieux très favorables avec notamment une signature chez EMI et un premier album, « First Attack » (1987), qui marque la scène grecque et inscrit le groupe parmi les meilleures formations Heavy Metal de la fin des années 80. Pourtant, le sort s’est acharné sur le groupe dont le chanteur a eu un grave accident mettant fin à sa carrière. La suite est marquée par d’innombrables changements de line-up et des coups du sort irréversibles.

Sommés par l’industrie musicale de changer de nom pour Speedfire, les Hellènes sortent « 100% Live » en 1990 et récupèrent leur patronyme un peu plus tard. S’en suivra un deuxième album en 2009, « Die Fighting », puis un long silence discographique malgré quelques belles performances scéniques. Avec l’arrivée récente de Nick Adams derrière les fûts et une stabilité dans son line-up, SPITFIRE livre enfin son troisième opus, remarquablement bien produit par George Aspiotis, qui joue aussi des claviers, et par le groupe. 

C’est donc avec une rage et une détermination légitime et sans faille que le quintet fait son retour avec ce très bon « Denial To Fall ». Le combo évolue dans un Heavy Metal très actuel, qui repose sur les fondations posées par Judas Priest, Accept et Saxon notamment (« Stand And Fire », « Denial To Fall », « Ready To Attack », « Many Lies », « Naked Fire ». Vigoureux et axé sur des riffs tranchants et une très belle prestation de son chanteur, l’album de SPITFIRE explose de toutes parts.

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Hard Rock Heavy metal Progressif Proto-Metal Stoner/Desert

Döminance & Submissiön : culte et dévotion

Lorsqu’on connait la technicité de Blue Öyster Cult, se lancer dans un Tribute peut s’avérer être délicat au point d’y laisser quelques plumes et quelques dents. Mais concernant les musiciens de Stoner, Desert Rock et proto-Metal qui composent ce bel album DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, il semblerait que le challenge ait décuplé leur inspiration. Mieux, certains morceaux sont revisités avec une fougue surprenante.

DÖMINANCE & SUBMISSIÖN

« A Tribute To Blue Öyster Cult »

(Ripple Music)

Chez le label californien Ripple Music, on ne manque pas d’idées et grâce à des connexions facilitées par des artistes-maison de haut viol et de grands talents, de beaux projets émergent comme ce DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, un album hommage au légendaire groupe de Hard Rock occulte Blue Öyster Cult. Composé de reprises inédites interprétées par des artistes issus essentiellement du mouvement Stoner, la fête est belle, inattendue et agréablement surprenante.

S’atteler au répertoire des mythiques New-Yorkais n’est pas une mince affaire. Et il faut rappeler qu’à l’origine du projet, on retrouve feu Steve Hanford et Ian Watts de Ape Machine. Initialisé alors que ce premier était une fois encore en prison, il a tout juste eu le temps de finaliser ses propres parties avant de laisser la place à un casting hors-norme, dont le travail est aussi étonnant qu’éblouissant, le tout avec une production extrêmement brute.

A l’œuvre sur DÖMINANCE & SUBMISSIÖN, Mark Lanegan, Billy Anderson, Mondo Generator, Mos Generator, Howling Giant, des membres de Fu Manchu et High On Fire, ainsi que les talentueux Great Electric Quest, War Cloud et Spindrift s’en donnent à cœur-joie. Parmi les 13 morceaux, on redécouvre sous un œil neuf les classiques « The Reaper », « Burnin’ For You », « Godzilla », « Tattoo Vampire », « Fireworks » ou encore « Flaming Telepaths ». Un bon coup de fouet !

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Hard Rock Heavy metal

Tony Martin : éternelle légende du Heavy Metal

Classique et terriblement efficace, ce troisième album solo du frontman TONY MARTIN se meut dans un Heavy Metal teinté de Hard Rock sombre et massif et dont le songwriting est tout aussi précis que féroce. Le Britannique fait parler sa longue expérience sans pour autant sombrer dans la facilité. « Thorns » est enthousiasmant et percutant.

TONY MARTIN

« Thorns »

(Battlegod Productions)

TONY MARTIN est probablement le chanteur, et multi-instrumentiste, anglais le plus méconnu et sous-estimé de la scène Heavy Metal et Hard Rock. Pourtant, le musicien a un CV long comme le bras et surtout un fait d’arme qui reste impressionnant. En effet, le frontman compte la plus longue présence, après celle d’Ozzy, au sein de Black Sabbath avec qui il a sorti cinq albums et un live.

En marge, TONY MARTIN a également tenu le micro chez Aldo Giuntini, Dario Mollo, Empire et Bobby Rondinelli et s’est même fendu de deux opus en solo dont le dernier, « Scream », est sorti en 2005. Et c’est avec un casting de haute volée que le Britannique livre aujourd’hui son troisième effort, « Thorns », dans une veine Heavy Metal et Hard Rock puissante et mélodique.

Avec le batteur Danny Needham (Venom), le bassiste Magnus Rosen (Hammerfall), le guitariste Scott McClellan (Army Of Soul) qui a co-écrit l’album et le légendaire bassiste Greg Smith (Alice Cooper, Blue Öyster Cult, Rainbow, …) TONY MARTIN s’est constitué un groupe de choc pour sortir ce très bon « Thorns », bardé de morceaux imparables (« As The World », « Book Of Shadow », « Crying Wolf », « Passion Killer », « Run Like The Devil », « Thorns »). Un régal !

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Heavy metal Power metal

Crystal Throne : en ordre de marche

Jouant sur l’authenticité d’un Heavy Metal traditionnel plein de ressources et de dextérité, CRYSTAL THRONE vient de sortir, il y a quelques semaines, son premier album éponyme entièrement autoproduit. Bien réalisées, les compos du quatuor ne manquent ni de fraîcheur, ni de vélocité. Les Français se font plaisir et livrent un opus tranchant et fédérateur.  

CRYSTAL THRONE

« Crystal Throne »

(Independant)

Propulsé par son YouTuber de guitariste, Max Waynn, CRYSTAL THRONE est né dans l’Est de la France il y a un peu plus de deux ans et s’est attelé par ses propres moyens à l’écriture et à la production de son premier album éponyme. Composé et interprété par des musiciens chevronnés, « Crystal Throne » a plutôt fière allure et présente un registre massif flirtant avec le Power Metal, quelques sonorités 80’s et des ambiances progressives.

Au chant, on retrouve le frontman de The Hell Patrol, Terry DeFire, dont la voix puissante et perchée nous renvoie aux premières heures du style. La rythmique, quant à elle, est assurée par le bassiste de Catalyst, Jefferson Brand, et par le batteur de Drenalize, dont Max Waynn est d’ailleurs le guitariste, Alex Gricar. Autant dire que le combo est en terres connues et peut s’en donner à cœur-joie.

C’est donc un Heavy racé que propose le quatuor (« Rise To Glory », « Timescape » et le morceau-titre). Si les riffs sont acérés et mélodiques, les compos font ressortir le jeu très shred de son guitariste, qui gagnerait peut-être à aller à l’essentiel. A noter la présence de NeoGeoFanatic (ADX) sur « Shades Of Existence » et de Sonia Anubis (Crypta) sur « Valkyrie Ride ». CRYSTAL THRONE livre une belle et enthousiasmante prestation.

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Heavy metal

Bastet : déesse de Metal

A base de riffs acérés, le Heavy Metal de BASTET s’inscrit dans la grande tradition du genre. Mélodique et massif, les Italiens ont bâti leur premier album éponyme sur des compos entêtantes, des refrains fédérateurs et un jeu de guitare millimétré et plein de feeling. Composé de musiciens plus qu’aguerris, le quatuor réalise un opus plein de classe.

BASTET

« Bastet »

(Steel Shark Records)

Si vous êtes amateurs de Heavy Metal racé et véloce, BASTET ne devrait pas vous décevoir. Les Italiens livrent leur premier album éponyme et s’il sonne si bien, ce n’est pas complètement un hasard. Ce qui n’était qu’un side-projet pour le guitariste Mike Petrone (Gengis Khan) a rapidement pris la forme d’un groupe où sont venus se greffer des musiciens de choix.

Derrière le micro, on retrouve la frontwoman Nico Gilli (ex-Nasty Tendency) dont la puissance vocale guide avec force ce premier opus dans un registre rappelant celui de Leather Leone et Doro dans l’agressivité. Et les deux membres permanents de BASTET ont bénéficié de l’apport considérable d’une rythmique infaillible, qui offre une énergie et un impact redoutables.

A la basse, Simone Mularoni (guitariste de DGM et qui a aussi réalisé l’album) donne le change à Fabio Alessandrini (batteur d’Annihilator) pour former un duo explosif. Sur des compos incisives, mélodiques et un brin Old School, BASTET entretient la flamme d’un Heavy Metal éternel (« Lights Out », « Anger In Your Eyes », « News From Hell », « Beyond The Fight », « Masquerade »). Imparable.

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Heavy metal

Iron Fate : acéré et tendu

Avec « Crimson Messiah », le quintet allemand fait un retour remarqué sur la scène Heavy Metal avec, une décennie plus tard, un deuxième album convaincant, massif et accrocheur. IRON FATE est plus consistant que jamais et se présente avec beaucoup de force et d’envie : Heavy et sans détour !

IRON FATE

« Crimson Messiah »

(Massacre Records)

Il a beau sonner franchement américain, le Heavy Metal d’IRON FATE vient pourtant d’Allemagne. Plus de 10 ans après « Cast In Iron », le quintet livre enfin son deuxième album et il faut admettre que « Crimson Messiah » ne manque ni d’ambition, ni de puissance. Ce nouvel opus rassemble diverses influences Heavy Metal, des éléments Hard Rock et Thrash, le tout dans une belle homogénéité.

Toujours mené par son frontman Denis ‘Iron Ivan’ Brasowki, particulièrement en forme, IRON FATE montre un registre solide, appuyé et dont l’originalité s’affine de plus en plus. Autoproduit avec Jost Schlüter, qui a aussi enregsitré ce nouvel album, le combo germanique s’étend sur près d’une heure à travers des ambiances épiques et agressives, mais où les mélodies dominent l’ensemble. 

En plus des deux très bons guitaristes et d’une galopante rythmique, IRON FATE accueille quelques invités dont Henrik Osterioh (Denis The Urge) sur le solo de « Strangers (In My Mind) », Harry Conklin (Jag Panzer, Satan’s Host) au chant sur « Crossing Shores » et enfin l’incontournable Jost Schlüter (Final Cry, …) sur les solos de « Crimson Messiah » et « Crossing Shores ». Un album tonique et vivifiant… et Heavy à souhait !

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Heavy metal Metal Progressif Power metal

Max Pie : la dynamique des flux

Variant les atmosphères et les ambiances sur ce quatrième album très travaillé et remarquablement réalisé, MAX PIE affiche une maîtrise et une force, qui font de « Passengers » un très bel opus. Heavy, épique et tranchant, le quatuor belge distille des mélodies accrocheuses sur des morceaux très progressifs tutoyant parfois même le Heavy Metal.

MAX PIE

« Passengers »

(Rock City Music Label)

Cette fin d’année marque le retour de MAX PIE et il devrait retentir bien au-delà des frontières belges. Avec « Passengers », le quatuor franchit un cap supplémentaire que ce soit dans la composition comme dans la production. Le groupe a lui-même enregistré et produit l’ensemble de son quatrième album pour un résultat remarquable. Ca sonne très bien et ce nouvel opus ne manque pas de relief.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que depuis ses débuts au milieu des années 2000, les Belges ont fait grandir et évoluer leur style. D’un registre Hard Rock et Heavy Metal assez classique, MAX PIE distille sur « Passengers » un style nettement plus progressif avec toujours cette base Heavy et même quelques éléments Power venant se fondre dans des morceaux très épiques.

Tony Carlino, frontman et dernier membre originel de la formation, montre la voie grâce à une prestation puissante rappelant les belles heures du Heavy Metal. MAX PIE a mis également un soin tout particulier aux arrangements de « Passengers » à travers des morceaux très élaborés (« Only The Silence Remains », « Ariadne’s Thread » et le morceau-titre). Le quatuor a vu les choses en grand pour un résultat très convaincant.  

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France Heavy metal

Titan : par la grande porte [Interview]

Un petit tour et puis s’en va. C’est à peu près le résumé de la carrière de TITAN, groupe finalement assez éphémère du milieu des années 80. Plus de 30 ans après, le combo de Heavy Metal basque remet le couvert, revigoré par l’enthousiasme de ses fans, dont la patience semble sans limite. « Palingenesia », le nouvel album du quintet, marque un retour fracassant et vient démontrer que la scène hexagonale a vécu de belles heures et s’apprête plus que jamais à en vivre d’autres largement aussi intenses. Patrice le Calvez, chanteur de TITAN, revient sur la brève épopée du groupe et surtout sur une envie décuplée de revenir sur le devant de la scène.

– Commençons par un peu d’histoire pour la jeune génération. TITAN a sorti un album éponyme en 1986, puis le Live « Popeye Le Road » deux ans plus tard. Ensuite, c’est le split avant un retour sur scène en 2017. Comment expliquez-vous que vous ayez autant marqué les esprits en seulement deux albums ?

On ne se l’explique pas trop en fait. A l’époque, on ne s’était pas rendu compte de l’impact que ça avait pu avoir auprès du public Metal français. On a vraiment pas pris la mesure quand on est revenu, même si avant il y avait quand même pas mal de demandes. Il y a eu une réédition en 2015, qui nous a fait prendre conscience qu’on était toujours dans l’esprit des gens et qu’on avait marqué les fans. Ensuite, l’apothéose a été quand on a fait la date au ‘Pyrenean Warriors Festival’ où on a reçu une dose d’amour et d’émotion vraiment fabuleuse ! 30 ans et les gens ne t’ont pas oublié et n’ont qu’une envie, c’est de partager des trucs avec toi.  

– Après l’album live, c’est la séparation pendant de longues années. Que s’est-il vraiment passé et à quoi chacun a-t-il vaqué ensuite ?

On a tous continué dans la musique, mais dans des groupes différents. On continuait à se voir de temps en temps. En 2015, nous nous sommes retrouvés sur un projet commun, qui était un ‘Tribute’ à Accept. Il y a eu deux concerts et au premier, quelqu’un est venu nous voir en nous disant qu’il aimerait avoir TITAN à l’affiche du festival ‘Pyrenean Warriors‘. On ne pensait pas du tout remonter le groupe, mais on s’est pris au jeu. On leur a dit qu’on ferait un concert pour voir comment ça se passe et comment on se sent 30 ans plus tard. Et la réaction du public a eu son importance. Ca a été tellement énorme que ça nous a reboosté et nous sommes repartis comme en 40 ! (Rires)  

– Est-ce qu’ensuite, il vous a paru immédiatement évident de remettre TITAN sur les rails, compte tenu de l’accueil enthousiaste du public ? D’autant qu’à écouter ce nouvel album, vous avez encore des choses à dire…

Ah oui, tout à fait ! Tout ça s’est fait presque naturellement, sans calcul, ni prévision. On a toujours été guidé par le plaisir. Au fil des concerts, on s’est rendu compte qu’on avait toujours le même accueil, puis on s’est remis tout doucement à composer quelques morceaux. Ca tenait vraiment la route, alors on s’est dit que faire un album serait une bonne idée. C’est tout simplement ce qu’il s’est passé ! (Rires)

– Quand avez-vous commencé l’écriture de « Palingenesia », et comment vous y êtes-vous pris ? Chacun a retrouvé son rôle ? Les habitudes sont vite revenues ?

Oui, vraiment. On part toujours d’un riff de guitare ou d’une ligne de basse, puis on structure le morceau et on y pose une mélodie. On fonctionne toujours de la même façon. Nous avons commencé fin 2018/début 2019 avec un premier morceau, et tout s’est enchainé très naturellement. Tout est très vite revenu. C’est comme le vélo ! (Rires)

– Parlons justement de ce nouvel album. Il est très actuel, tant dans les textes que dans le son. Et votre Heavy Metal, s’il reste classique, sonne très moderne. La production est également massive. Dans quelles conditions et comment avez-vous travaillé ?

On a travaillé en local. La technologie actuelle nous permet aussi beaucoup de souplesse, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Toute la production artistique, que ce soit le son, le mix et le mastering, on voulait absolument le prendre en charge pour que ça sonne exactement comme on le voulait. C’est une co-production avec Crazy Grumpy, qui s’occupe de la fabrication des supports, de la distribution et de la communication. Et nous sommes très satisfaits du résultat et du son obtenu.    

– Vous restez toujours aussi engagés à travers vos textes, qui traitent de la société et de ses dérives comme la détresse des migrants ou les extrémistes en tout genre. La situation ne semble donc pas s’être améliorée depuis 1986 et vous restez fidèles à vous-mêmes en restant très revendicatifs. On ne vous imagine d’ailleurs pas chanter autre chose. En vous reformant et en composant l’album, vous n’avez pas été tentés d’aborder d’autres sujets, peut-être plus légers ?

Non, parce que c’est vraiment notre ADN. On a toujours fonctionné comme ça. C’est un reflet de la société qui nous entoure. Lorsqu’on écrivait les morceaux, on s’est rendu aussi compte qu’il y avait tellement de choses à dire. On aurait pu en traiter plein d’autres d’ailleurs. Ce sont des sujets qui nous tiennent à cœur et dont on a envie de parler. Nous avons aussi une façon de dire les choses assez crue avec des messages clairs. C’est vraiment ça TITAN !

– Ceux qui ne vous connaitriez pas pourraient dire que vous êtes dans la lignée de Trust, ce qui n’est pas totalement faux (« Les Fous De Dieu »). Je dirai plutôt que vous avez une démarche commune et que vous êtes aussi de cette génération qui est très engagée, contrairement à celle d’aujourd’hui. Tu partages aussi ce point de vue ?

Oui, on est un peu dans la lignée du Trust de l’époque, des premiers albums. Aujourd’hui, je les trouve beaucoup moins engagés et un peu plus polissés. Nous sommes restés bruts de décrochage et on continue, parce que c’est comme ça que nous sommes bien ! On n’a pas envie de changer ! (Rires) Aujourd’hui, on est presqu’à contre-courant en dehors de quelques groupes. Je pense que c’est un état d’esprit. Il y a aussi une absence de conscience politique depuis deux générations. Ce n’est peut-être pas complètement de leur faute, car tout est tellement politiquement correct, on fait passer les infos qu’on veut bien. Alors qu’on a aujourd’hui tous les moyens pour chercher l’info, la vraie, mais les gens ne font plus l’effort. C’est dommage de ne pas être un peu plus curieux et de ne pas aller plus loin de ce qu’on leur donne en pâture.

– Sur « Palingenesia » figure aussi le morceau « Résurrection », qui est même assez émouvant. Vous vous adressez directement à vos fans en confirmant vos intentions et votre engagement. Comment est né ce titre et laisse-t-il présager que TITAN est de retour pour de bon ?

Oui, normalement, on est de retour pour de bon ! (Rires) On n’a pas l’intention de s’arrêter là. Pour nous, ce titre était assez évident. Il y a eu tellement d’émotion, ça a été très fort lorsqu’on a fait ce retour en concert en 2017 que cela nous a paru naturel que sur l’album figure un morceau comme celui-ci. « Résurrection » raconte la journée que nous avons vécu ce jour-là et aussi la raison de notre présence sur scène. S’il n’y a pas de groupe, il n’y a pas de fans. Et s’il n’y a pas de fans, il n’y a pas de groupe. Si nous sommes toujours là pour défendre nos morceaux et nos idées, c’est que nous sommes suivis et c’était évident de leur hommage. C’est un échange.

– Et qu’avec ce très bon nouvel album, vous n’avez pas le regret de ne pas avoir continué votre route à la fin des années 80 ?

Non, je ne crois pas. Personnellement, j’étais le premier à partir du groupe. A cause de mon activité professionnelle, les week-ends étaient toujours chargés, car on jouait partout en France. C’était devenu très compliqué. Et quand tu n’as plus la foi et la pêche pour aller partager ça avec le public, je pense qu’il faut savoir s’arrêter. Aujourd’hui, on est très content d’avoir retrouvé cette envie et on veut que ça continue le plus longtemps possible ! 

– Enfin, quel regard portes-tu sur l’actuelle génération du Metal français, et que penses-tu du retour, comme le vôtre, d’ADX, de Sortilège et de quelques autres ?

Je trouve génial que des groupes de cette époque, comme nous, puissent revenir, se produire à nouveau et avoir le soutien des fans. Et ce qui est encore plus intéressant, c’est qu’il y a des jeunes groupes qui arrivent, je pense à Tentation et Existance notamment, parce que nous ne sommes pas non plus éternels. C’est important que de nouveaux groupes portent aussi le flambeau et il faut que ça continue ! (Rires)

L’album de TITAN, « Palingenesia », est disponible depuis le 26 novembre 2021 via Grumpy Mood Records.

Album et merchandising : https://www.crazygrumpystore.com/

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Hard Rock Heavy metal

Estriver : en eaux troubles

Repartant sur de nouvelles bases après une expérience sous un autre nom, ESTRIVER sort son premier album, « Outcry », loin d’être l’œuvre d’amateurs. Bien au contraire, les Italiens montrent une très belle technique et un songwriting affûté. Le quintet présente un style entre Hard Rock et Heavy Metal très accrocheur et robuste.  

ESTRIVER

« Outcry »

(Wormholedeath)

Puissant et véloce, ESTRIVER a retenu des années 90 ce sens de la mélodie imparable et ce riffing tranchant, vif et un peu shred, façon Dokken. Cependant, le quintet italien évolue dans un registre résolument moderne, ce qui donne à « Outcry » un attrait singulier. Efficace et costaud, ce premier album sous ce nom est une réelle bonne surprise. Rentre-dedans dès le premier morceau, le groupe se montre féroce.

Evoluant auparavant sous le patronyme de Bluerose qui compte deux albums à son actif, les Transalpins sont déterminés à en découdre et l’énergie déployée tout au long des 12 morceaux devrait saisir et convaincre sans peine les amateurs de Hard Rock et de Heavy Metal. Très percutant, ESTRIVER se déploie avec force et volonté (« Nails », « Slavery », « Hiraeth »).

Grâce à son frontman Piero Patty qui offre une prestation hors-norme, à ses deux guitaristes inspirés et sa rythmique musclée, le combo italien apporte une vision pertinente de son style de prédilection. Sur des riffs tranchants et acérés, ESTRIVER s’aventure avec habileté dans des sphères entre Hard et Heavy avec une belle dextérité (« Human Destiny », « March Of The Black Flag »).