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Classic Rock Rock Rock Progressif

Songs For An Angel : une émotion intacte

Tous ses amis n’avaient évidemment pas pu figurer sur le premier « Tribute To Eric Bouillette », alors une deuxième réalisation s’imposait, afin que toutes et tous puissent faire un ultime clin d’œil à leur ami et musicien, dont la générosité et l’amitié manquent. SONGS FOR AN ANGEL n’a rien de larmoyant, même s’il est touchant, et il en ressort une douce sensation exacerbée par le talent des artistes présents.

SONGS FOR AN ANGEL

« Tribute to Eric Bouillette Vol. 2 »

(FTF Music)

Quelques mois après la sortie d’un premier volume très réussi, SONGS FOR AN ANGEL complète avec ce second volet le bel hommage rendu à Eric Bouillette après sa disparition. Là encore, on y retrouve ses complices, compagnons de route et membre d’une famille musicale, qui est décidemment très nombreuse. Assez différent de son prédécesseur, celui-ci s’inscrit dans un style qui ressemble beaucoup plus aux dernières inspirations et créations du Niçois.

Cette fois encore, c’est cet élan spontané et très sensible qui donne ce splendide éclat à l’album. SONGS FOR AN ANGEL ne se contente pas de raviver le souvenir du multi-instrumentiste d’exception, il rayonne par l’absence de calcul et l’absolue sincérité des participants. Et si chacun a composé et enregistré son morceau de son côté, il règne une réelle harmonie et une unité artistique surprenante, compte tenu des différents registres.

Comme sur le premier disque, Eric, sa guitare et son violon sont présents sur plusieurs morceaux et le plaisir est intact. Il est bien sûr difficile de mettre en avant certains titres plus que d’autres sur ce SONGS FOR AN ANGEL aux multiples saveurs. Chacun fera ses choix, même si on peut retenir quelques moments forts comme les prestations de Riccardo Romano Land, Hogan’s Hooligans, F.A.C.E., XCIII, AchElas, Colin Timpson et No Limits. Un beau partage.

Pour vous procurer l’album :

https://www.helloasso.com/associations/ftf-music/boutiques/ftf-label

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Classic Rock Hard Rock Rock US

Janet Gardner & Justin James : rockin’ together

Fraîche et entraînante, cette nouvelle galette de JANET GARDNER et JUSTIN JAMES donne enfin tout ce que l’on attend d’eux depuis le début. Autour des deux guitares, de solides compositions font corps sur ce « No Strings » direct, sans fioritures et qui brille aussi par ce son si organique qui manquait jusqu’ici. La frontwoman offre la pleine mesure de ses capacités vocales et son alter-ego des solos spontanés, très relevés et le tout avec un naturel dont ils ont fait leur marque de fabrique.

JANET GARDNER & JUSTIN JAMES

« No Strings »

(Pavement Entertainment/Frontiers Music)

Depuis 2017 maintenant, l’ex-Vixen a entrepris, et de belle manière, une carrière solo en étroite collaboration avec son guitariste et producteur de mari JUSTIN JAMES. Après un premier album éponyme un peu poussif, puis « You Place In The Sun » en 2019, JANET GARDNER a enfin trouvé sa voie depuis le très bon « Synergy » sorti il y a trois ans et depuis lequel le duo affiche ses deux noms sur des réalisations qui s’affirment vraiment.

Pour rappel, JUSTIN JAMES a également travaillé avec Staind, Collective Soul et Tyketto entre autres, avec qui il a pu élaborer son travail d’ingénieur, ce que l’on perçoit sans mal sur la très bonne production de ce quatrième album, qui est véritablement celui de la maturité pour le couple. JANET GARDNER affiche une voix qui se polit avec le temps et qui a considérablement gagné en puissance, mais aussi en variation et en émotion.

Porté par ses racines musicales américaines, le groupe (car il s’agit aujourd’hui d’un quatuor) ne s’interdit rien et campe sur la base d’un Rock US ferme et délicat empruntant aussi au Classic Rock, au Hard Rock et au Blues. Avec « No Strings », GARDNER & JAMES évoluent avec une honnêteté et une authenticité sans faille (« I’m Livin’ Free », « Set Me Free », « Into The Night », « She Floats Away », « Don’t Turn Me Away », « 85 »). Une réussite !

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Blues Rock Classic Rock Hard Blues International

Vargas Blues Band : Latin Blues [Interview]

Né à Madrid de parents argentins, Javier Vargas a monté le VARGAS BLUES BAND en 1991 et a multiplié les distinctions et les disques de platine. Homme de scène, ses albums sont d’une authenticité qui rend un hommage constant aux racines du Blues, tout y incluant des sonorités très Rock, Classic Rock et parfois même Hard Rock. Egalement très prolifique, l’Espagnol vient de sortir « Stoner Night » dans une version classique, en même temps qu’une ‘Edition Deluxe’. Entretien avec un guitariste inspiré.

– Si j’ai bien compté, « Stoner Night » et son Edition Deluxe, sont tes 26 et 27ème albums depuis « Del Sur », sorti il y a trois ans. Depuis plus de trois décennies, tu tiens un rythme très soutenu et pourtant, on sent toujours cette même décontraction dans ton jeu. Comment l’expliques-tu ? C’est juste le plaisir de jouer ?

Avec ma guitare, j’aime me laisser emporter par le ressenti et aussi respirer chaque note que je joue. J’ai toujours fui les artifices. Je cherche avant tout à servir le morceau et je créé les ambiances grâce aux riffs et aux accords. C’est vrai que j’aime jouer détendu, mais en restant concentré et sans oublier la mélodie. Pour transmettre une émotion, il suffit parfois d’une seule note.

– Sur tes précédents albums, tu faisais beaucoup de morceaux instrumentaux et il y en a d’ailleurs toujours sur ceux-ci. Cette fois, tu as ressenti le besoin que l’on pose plus de textes sur ta musique ?

J’aime toujours la musique instrumentale et beaucoup de mes plus grands succès ont été des morceaux instrumentaux. Mais pour ce nouveau projet, j’ai eu besoin de jouer avec du texte et dans une formule en power trio avec un chanteur très old school et Merrick (Wells, chanteur – NDR) m’a aussi aidé sur les paroles. Cela a vraiment été comme un processus de guérison dans lequel nous avons exprimé ce que nous ressentons après ces années sombres, qui sont aujourd’hui derrière nous.  

– L’album sort donc dans une version simple et classique, mais aussi en Edition Deluxe. Comment est née l’idée de sortir deux disques distincts et non pas directement l’édition augmentée ?

Vingt chansons avaient été enregistrées et j’ai pensé alors offrir aux fans autre chose qu’un simple album à écouter en conduisant, ou en se relaxant chez soi. Il y a un bon mélange de Blues, de Rock, d’instrumentaux et certains morceaux, qui sortiront dans un futur ‘Volume 2’ en streaming, sont vraiment expérimentaux. J’y ai joué tous les instruments, y compris la basse et les claviers.

– Par ailleurs, « Stoner Night » se présente aussi avec deux pochettes différentes avec une identité que l’on retrouve sur les deux disques. Qui a travaillé sur le graphisme et avais-tu déjà une idée précise de ce que tu voulais ?

Le logo a été créé par le légendaire Bob Masse, qui a créé les affiches de ‘Fillmore West’ (légendaire salle de concert de San Francisco – NDR). Je l’avais rencontré à Calgary. Il m’avait donné une affiche avec ce logo lors d’un concert et je l’utilise depuis. Récemment quand nous avons commencé à concevoir les pochettes et les illustrations de « Stoner Night », j’ai rencontré une illustratrice et dessinatrice de bande dessinée, qui s’appelle Sonja Brocal. Elle a fait un travail extraordinaire sur les deux albums avec des illustrations inspirées des 70’s pour chaque chanson.

– Il y a aussi des tracklists différentes sur les deux albums. Et puis, tu reprends aussi Muddy Waters, Chester Burnett et Chuck Berry. Comment s’est porté ton choix sur ces morceaux ? Tu les joues peut-être déjà régulièrement sur scène ?

J’ai toujours aimé jouer les classiques du Blues et mes préférés sont sur cet album. Mais je n’exclue pas un jour de rendre hommage à tous ces merveilleux bluesmen et d’en faire une compilation. En décembre prochain, j’enregistrerai d’ailleurs un album live, où je jouerai plus de classiques, avec ma signature bien sûr, et également avec un invité spécial de Chicago.

– L’énergie et l’intensité sont toujours très présentes sur tes albums. Tu produis d’ailleurs « Stoner Night » qui sonne très live. Dans quelles conditions as-tu procédé pour ses nouveaux enregistrements ? J’imagine que tu as suivi chaque étape de la production…

Hormis les morceaux plus expérimentaux du ‘Volume 2’, nous avons enregistré tous ensemble en studio dans une grande salle en nous laissant porter par la musicalité du lieu. J’aime ne pas perdre de temps en studio, car les premières prises sont souvent les meilleures.

– On le sait, les bluesmen en particulier sont très attachés à leur instrument et notamment les guitaristes. Tu jours sur une emblématique Stratocaster. Est-ce que tu as toujours préféré les Fender, ou est-ce que tu t’es déjà essayé à d’autres marques et types de guitares auparavant ?

J’ai toujours joué sur des Stratocaster et des Telecaster. Mais dans le passé, j’ai aussi utilisé des Les Paul et des Les Paul Junior. Et l’une de mes préférées est la Yamaha Mike Stern, qui a un son incroyable.

– Enfin, on sait que tu tournes beaucoup. Quels sont les prochains grands rendez-vous que tu attends avec le plus d’impatience et est-ce que tu feras un passage par la France aussi ?

Ces deux prochaines années, nous allons jouer en Europe et en Amérique. Nous serions ravis de revenir en France où nous savons que nous avons beaucoup de fans. D’ailleurs, je garde de très bons souvenirs des concerts que nous avons donnés dans votre pays. Alors, à bientôt sur la route !

Retrouvez tout l’univers du VARGAS BLUES BAND sur le site de l’artiste : https://www.vargasbluesband.com/

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Americana Blues Rock Classic Rock

Bourbon House : Roots’n’Roll

Le Rock très Blues et Americana de la formation du Wisconsin tire ses influences de la musique roots américaine. BOURBON HOUSE est parvenu à se forger un style et une sonorité très distinctive, grâce notamment à sa chanteuse, mais aussi et surtout à des morceaux d’une grande fraîcheur et d’une spontanéité de chaque instant sur ce très bon « The Fourth Album ».

BOURBON HOUSE

« The Fourth Album »

(Independant)

Comme annoncé il y a moins de deux mois dans l’interview à lire-ci-dessous, BOURBON HOUSE livre « The Fourth Album ». Judicieusement intitulé, il s’agit donc de la quatrième réalisation du groupe, qui avait déjà commencé à diffuser plusieurs singles depuis un bon moment. Très peu adepte des morceaux distillés au compte goutte et briseur, selon moi, de l’unité d’un l’album, c’est donc un plaisir de découvrir les onze morceaux réunis, d’autant qu’ils bénéficient d’une très bonne production.

Faisant suite à « Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy », « Blue Magic » et « 20 To Life », on découvre les quatre titres inédits et deux versions acoustiques très réussies. Electrique ou unplugged, BOURBON HOUSE fait mouche à chaque fois et il faut reconnaître que son Rock’n’Roll brut et épuré mâtiné de Blues et d’Americana offre de multiples possibilités dans lesquelles les Américains s’engouffrent avec brio. 

Mené par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe et les riffs endiablés du songwriter Jason Clark, BOURBON HOUSE franchit véritablement un palier avec « The Fourth Album », tant en ce qui concerne les compostions que l’attention apportée au son (« Love Is A Killer », « Villain », « Hotel Bar Blues », « Wild Days »). En toute logique, la prochaine étape devrait passer par un label, même si pour l’heure, ils ne semblent pas très emballés…

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force : https://rocknforce.com/bourbon-house-le-rock-a-pleine-gorgee-interview/

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Americana Blues Rock Classic Rock International

Bourbon House : le Rock à pleine gorgée [Interview]

Qualifier la musique de BOURBON HOUSE uniquement de Blues Rock serait bien trop réducteur. Sur un groove irrésistible, le quatuor du Wisconsin alimente son style de touches d’Americana et de Classic Rock, porté par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe. A quelques semaines de la sortie du troisième album du groupe, la chanteuse fait les présentations et nous en dit un peu plus sur la démarche de BOURBON HOUSE qui, je l’espère, ne tardera pas à séduire le public français. Entretien.

Photo : Jocelyne Berumen

– J’avoue vous avoir découvert récemment et un peu par hasard. En poussant un peu des recherches, je me suis aperçu que depuis 2017, vous aviez déjà sorti un EP, deux albums et plusieurs singles ces derniers mois. Est-ce que le fait que BOURBON HOUSE soit si prolifique tient d’une certaine urgence à composer et à jouer ?

Oui, parce qu’on a toujours envie de travailler sur quelque chose de nouveau. Je pense qu’en musique, il est difficile d’attendre, car il y a tellement de choses à faire entre l’écriture et l’enregistrement, ainsi qu’avec les tournées, les tournages de clips, etc… Créer de nouvelles choses est toujours quelque chose de très excitant.

– Votre premier EP éponyme était déjà annonciateur de votre Blues Rock si particulier. On a le sentiment que vous saviez dès le départ qu’elle était la voie à suivre. C’est le cas ?

Quand Jason (Clark, guitare – NDR) et moi avons commencé à écrire des chansons ensemble, il était plus qu’évident que nous étions sur la même longueur d’onde. Je pense que notre signature sonore a à voir avec notre combinaison en tant qu’auteurs-compositeurs. Ça tient aussi du fait que nous complétons très bien nos créations respectives. Je ne pense pas que je pourrais écrire ce genre de musique avec quelqu’un d’autre.

Photo Jocelyne Berumen

– D’ailleurs, BOURBON HOUSE a conservé le même line-up, je crois. Cette unité entre vous se ressent aussi à travers vos morceaux qui sont très spontanés et qui sonnent aussi très live sur disque. C’est important pour vous de garder cet aspect très direct ?

En fait, il y a eu quelques fluctuations en ce qui concerne notre section rythmique. Mais Jason et moi avons toujours été les auteurs-compositeurs, c’est pourquoi ça sonne toujours comme du BOURBON HOUSE. Le son ‘live’ auquel tu fais référence est un peu intentionnel même s’il est également assez inconscient. Nous avons beaucoup grandi en ce qui concerne l’enregistrement depuis notre premier EP, donc nos productions sont bien meilleures. Mais, nous apprécions toujours autant l’authenticité. Nous ne surproduisons pas, nous n’éditons pas, nous ne quantifions pas, nous ne corrigeons pas la hauteur, etc… Donc si un morceau nécessite cent prises pour être bon, c’est ce qu’il faut faire. Il est important pour nous que l’humain ne soit pas supprimé de la chanson pendant la production. Les petites imperfections sont belles aussi.

– Vu d’Europe, la musique du groupe faite de Blues, de Rock, d’Americana et de quelques sonorités Southern apparaît comme très roots. Est-ce que vous vous sentez un peu dépositaires et surtout héritiers d’un style typiquement américain ?

Je pense que tout est lié. Nous n’aimons pas nécessairement nous enfermer dans un style et nous utilisons des éléments de différents types de musique, mais au cœur des chansons de BOURBON HOUSE se trouvent les sons roots du Blues, de l’Americana et du Rock’n’Roll qui, je pense, influencent tant d’autres genres de toutes les régions du monde aussi.

Photo : Che Correa Photography

– Ce qui ressort aussi de votre discographie, c’est que vos compositions et votre jeu s’affinent au fil de vos réalisations, même si « Into The Red » est beaucoup plus Rock que les autres. On a presque l’impression que chaque album est une nouvelle page blanche. C’est aussi comme ça que vous le percevez et l’appréhendez ?

Oui, absolument. Nous n’avons aucun intérêt à créer des variations d’une même chanson. Et même si nous avons une signature sonore à défendre et que nous écrirons toujours ces chansons Blues Rock solides et efficaces pour nos fans, nous avons toujours le désir de composer en allant encore plus loin et approfondir chaque morceau.

– Depuis juillet dernier, vous avez sorti quatre singles (« Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy » et « Blue Magic »). Pourquoi ce choix et est-ce que ces chansons se retrouveront sur un album à venir prochainement ?

Oui ! En fait, nous en sommes maintenant à cinq singles depuis un an, si on inclue le dernier, « 20 to Life ». Il est tout simplement plus facile de commercialiser un album, lorsque tu as déjà sorti cinq singles. En fait, on travaille dessus depuis la sortie de « Resonate ». Notre quatrième album sortira au printemps et comprendra les cinq singles, deux versions acoustiques et quatre titres inédits.

– J’aimerais aussi que l’on parle de ta voix, Lacey, qui est aussi puissante que délicate. Est-ce que tu écris tes textes, car on te sent réellement habitée et très investie dans leur interprétation ?

Merci ! J’écris les paroles, oui. Non seulement parce que cela m’aide à transmettre le message à un niveau personnel, mais il est également important pour moi sur le plan sonore que les mots sonnent bien de la façon dont je les chante.

– D’ailleurs, la complicité qu’il y a entre ta voix et les riffs de Jason est très souvent explosives. De quelle manière travaillez-vous ce bel équilibre entre la voix et la guitare ?

En fait, si tu écoutes bien les riffs, il n’y a aucune raison pour que je les couvre avec ma voix. Pourquoi le ferai-je d’ailleurs ? C’est aussi une question de respect mutuel. Aucun de nous n’a un énorme ego et on croit toujours que tout ce qui est bon pour la chanson est ce qui doit être fait. Les voix et les guitares doivent se compléter et ne pas se concurrencer ou s’opposer.

– Enfin, il y a une chose qui me laisse un peu perplexe. Comment un groupe comme BOURBON HOUSE n’a-t-il pas encore signé sur un label ? C’est un désir d’indépendance et de pleine liberté ? Ou un manque d’opportunité ?

Je suppose que c’est un peu des deux. Nous avons eu des offres et avons même été signés brièvement. Nous voulons garder le contrôle et nous ne savons pas vraiment ce qu’un label pourrait faire de plus pour nous. L’industrie de la musique est si différente maintenant que les labels ne sont plus nécessaires pour réussir. En bref, nous ne cherchons pas à être signés. Mais si un gros label nous proposait la bonne offre, nous l’étudierions bien sûr.

Retrouvez BOURBON HOUSE et toute son actualité sur son site :

https://www.bourbonhouserocks.com/

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Classic Rock Rock Rock Progressif

Songs For An Angel : still alive

C’est assez naturellement que ses amis, ou partenaires, l’ayant accompagné dans diverses aventures musicales se sont réunis et ont composé des morceaux en guise d’au revoir à Eric Bouillette, artiste aussi discret que talentueux, dont la disparition a marqué le monde du Rock Progressif et bien au-delà. Parcourant les styles comme les pays, SONGS FOR AN ANGEL se veut un hommage d’une émotion joyeuse, authentique et sincère, ainsi qu’une superbe marque d’estime.

SONGS FOR AN ANGEL

« Tribute To Eric Bouillette Vol.1 »

(FTF Music)

Il y a des albums qu’on aime recevoir tout en redoutant de les écouter. C’est très précisément le cas avec SONGS FOR AN ANGEL que j’ai glissé, non sans un certain émoi, dans la platine. Car, même si on est relativement habitué à des ‘Tributes’ de toutes sortes, lorsque cela concerne une personne que vous aimez et respectez, l’instant se révèle beaucoup plus délicat et troublant. En nous quittant en août de l’année dernière, Eric Bouillette a laissé un grand vide autour de lui, et bien sûr aussi dans sa famille musicale.

Car c’est bel et bien de l’hommage d’une famille qu’il s’agit avec ce « Tribute To Eric Bouillette Vol.1 », où se sont réunis de nombreux artistes ayant partagé avec lui des moments de scène ou de studio, à travers les multiples groupes et projets auxquels le Niçois a participé dans une vie où la musique ne l’a jamais quitté. Multi-instrumentiste avec une prédilection pour la guitare, on a pu apprécier le talent d’Eric avec Nine Skies, The Room, Solace Supplice et Imaginaerium, son dernier et incroyable album-concept.

Réunissant 12 compositions originales et un titre de Solace Supplice, duo mené avec sa femme Anne-Claire Rallo présente, comme Eric, sur d’autres chansons, SONGS FOR AN ANGEL a forcément une prédominance progressive, un style dont il était devenu une référence. De nombreux membres de ses récentes formations rendent donc un hommage spontané à ce musicien et compositeur hors-norme. Et le plus étonnant est la présence permanente de la saveur des sonorités qu’il a distillées au fil des ans. Une belle respiration.

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Classic Hard Rock Classic Rock Hard US Melodic Metal

Mike Campese : la guitare en abondance

Si son jeu est très shred comme beaucoup de guitaristes de son rang, le New-yorkais MIKE CAMPESE n’en oublie pas de livrer de belles émotions dans divers styles majoritairement Rock et Hard, entre Heavy et Néo-Classic. Une fois encore, « Reset » présente toutes les qualités d’interprétation du musicien et ses facultés à proposer autant de feeling que de groove.

MIKE CAMPESE

« Reset »

(Independant)

Virtuose s’il en est, MIKE CAMPESE est un grand technicien de la guitare, mais pas seulement. Après un passage éclair au sein du Trans-Siberian Orchestra, le guitariste vole de ses propres ailes depuis quelques années. Très polyvalent, il a reçu les louanges des plus grandes publications spécialisées aux Etats-Unis et en Italie, où il écrit d’ailleurs pour Axe Magazine. Mais c’est de son onzième album, dont il est question ici.

Alors qu’il avait déjà entamé la composition de « Reset » avant la pandémie, c’est durant celle-ci qu’il a mis la touche finale aux douze morceaux qui le composent. Comme beaucoup de six-cordistes solistes, la tentation de l’instrumental est grande et MIKE CAMPESE ne s’en est pas privé. Pour autant, la moitié de ce nouvel opus est chanté, ce qui lui apporte beaucoup de respiration.

Soutenu par le batteur Patrick Johansson qui livre une belle prestation, l’Américain se fait plaisir, faisant étalage de son savoir-faire sans pour autant tomber dans un registre démonstratif tentant, mais ennuyeux au final. Au contraire, MIKE CAMPESE fait preuve d’audace et l’on retrouve un peu de Vinnie Moore et de Richie Kotzen dans son approche (« Fire », « Bee Eater », « Reset », « Wasted Time », « Space Dragon »). Très réussi !

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Classic Rock Hard 70's Progressif

Spell : chevauchée mystique

En jouant avec les dimensions musicales et grâce à une aisance technique de chaque instant, SPELL livre un album de haute voltige et le duo canadien provoque une incroyable alchimie entre des passages très Heavy, des aspects progressifs et un Classic Rock limpide et envoûtant. Très bien produit, « Tragic Magic » reste facile d’accès, malgré des prouesses artistiques multiples et originales.

SPELL

« Tragic Magic »

(Bad Omen Records)

Si SPELL a réduit la voilure pour se présenter aujourd’hui sous la forme d’un duo, c’est sûrement dans un souci d’efficacité et afin d’aller à l’essentiel. Et sur « Tragic Magic », on peut assurer que les Canadiens révèlent l’essence véritable de leur Heavy Rock, où le mysticisme côtoie l’occulte et où le Classic Rock se fond avec talent dans le Prog. Un brin vintage, ce quatrième album libère des ambiances captivantes.

En osmose totale, Cam Mesmer (chant, basse, guitare) et Al Lester (chant, batterie, lead guitare) offrent des envolées enivrantes dans les pas de Blue Öyster Cult ou King Crimson, et sur des guitares dont le mordant et l’attaque se veulent à la fois aérés et percutants. SPELL a misé sur un esthétisme pointilleux où les voix sont nettement plus présentes qu’auparavant. Le binôme semble avancer les yeux fermés avec une maîtrise souvent bluffante.   

A l’image de sa pochette, « Tragic Magic » nous transporte, sans nous malmener, entre rêve et réalité sur des morceaux parfois chimériques et héroïques (« Cruel Optimism », « A Ruined Garden », « Hades Embrace », « Fever Dream »). Malgré le grand soin porté aux atmosphères, SPELL ne s’étend pas. Les dix titres ne traînent pas en longueur et restent plutôt racés (« Fatal Breath », « Souls In Chains »). Mouvementé sans être chaotique !

Photo : David P. Ball
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Blues Rock Classic Rock France

Red Beans & Pepper Sauce : spicy groove [Interview]

Sur un rythme régulier, les Montpelliérains mènent leur carrière sur un train d’enfer. Sept albums en un plus de dix ans et une créativité toujours très prolifique font du quintet l’une des valeurs sûres hexagonales. Son Blues Rock musclé, doublé d’un Classic Rock efficace, fait encore et toujours des merveilles sur « 7 », un nouvel album enlevé et marqué aussi par la performance claire et puissante de sa chanteuse. Entretien avec Laurent Galichon, principal compositeur et guitariste de RED BEANS & PEPPER SAUCE.

– Vous venez de sortie « 7 » qui, comme son nom l’indique, est votre septième album en un peu plus de dix ans. C’est un rythme très soutenu, si on compte en plus les tournées. Comment faites-vous pour être aussi créatifs ?

Personnellement, dès que j’ai une idée, j’essaye de l’enregistrer, que ce soit en chantant dans mon smartphone, ou en jouant de la guitare si je l’ai sous la main. J’archive tout ça et ça me sert de boite à idées, quand il est temps d’écrire de nouveaux morceaux. Après, c’est sûr qu’on a aussi un rythme de travail très soutenu.

– Avec le nombre de concerts que vous donnez, on aurait pu imaginer que « 7 » soit le fruit de longues jams. Or, l’album est très écrit avec des compositions très efficaces. On a presque l’impression que vous gommez le superflu pour n’en garder que l’essentiel, et sans perdre en feeling. C’est votre façon de procéder ?

En fait, on compose à distance, on ne joue pas tous ensemble dans la même pièce. Je commence en général par envoyer aux autres musiciens une maquette, où j’ai joué tous les instruments. Niko intervient en premier sur la batterie, ce qui permet de poser les fondations du morceau et de retravailler les structures. Ensuite, Serge et Pierro ajoutent leurs idées, puis Jessyka travaille le chant à partir des textes et des mélodies que j’ai pu chanter ou jouer à la guitare. On s’envoie de très nombreux fichiers pendant des mois avant d’arriver aux versions définitives. L’avantage de cette méthode, par opposition au travail classique en studio, c’est qu’elle permet aux musiciens de tenter plein de choses, de laisser reposer les idées et de ne garder que le meilleur, le tout sans être dans l’urgence du studio, ni dans les tensions que cela peut engendrer.

– Avant de parler de l’album, vous œuvrez toujours dans un registre entre un Classic Rock racé et un Heavy Blues très Soul. Si on était dans les années 70, dans quel style auriez-vous versé : plutôt Rock/Hard ou Blues nerveux ?

C’est difficile de dire ce qu’on aurait fait dans les 70’s. Parce que ce reviendrait à gommer tout ce qui a pu nous influencer dans les 40 années suivantes. Même si nos bases se situées fins 60’s-début 70’s avec Led Zep, Purple, Hendrix, etc, on a forcément été influencé par ce qui s’est passé après, de Dire Straits à Police en passant par Queen, AC/DC, la vague Rock des 90’s des Nirvana, Soundgarden, la fusion des Red Hot, de RATM, l’Electro Pop de Bjork, etc… Le seul truc dont on peut être sûr, c’est que le blues aurait fait partie de l’histoire. Du blues nerveux, du Hard Blues, du Heavy Blues, on peut y donner le nom qu’on veut, mais pour moi ça revient au même.

– Sur « 7 », vous évoluez toujours en quintet et pourtant pour les compositions, c’est un travail en binôme entre Jessyka Aké et toi. C’est votre manière de gagner en concentration, ou c’est plus simplement la marque de fabrique et la façon de faire du groupe ?

C’est simplement que je propose au groupe des maquettes avec tous les instruments et la mélodie, ce qui fait de moi le compositeur. Ensuite, chacun apporte sa façon de jouer, son instrument. C’est plutôt du travail d’arrangement, car la mélodie, les accords, les riffs et les structures sont déjà là. Parfois la mélodie n’est écrite qu’en partie, voire pas du tout, et dans ces cas-là, Jessyka intervient dans le travail de composition.

– « 7 » est scindé en deux parties, l’une enregistrée chez vous à Montpellier, les ‘Rythm Design Sessions’ et l’autre aux Studios Rockfield au Pays de Galles, sur laquelle on reviendra. La plupart de vos enregistrements a été réalisée au Rythm Design Studio avec votre batteur Niko Sarran. C’est une belle preuve de fidélité et de confiance. Est-ce parce qu’il connait particulièrement bien votre son et donc vos attentes, que c’est très pratique aussi ou parce que d’autres opportunités ne se sont tout simplement pas présentées ?

Niko est un fantastique producteur d’album, c’est lui qui a amené ce son au groupe et cette méthode de travail. Comme il est également le batteur, son travail sur la production s’enclenche dès qu’il commence à imaginer les parties de batterie. C’est donc à lui que j’envoie les maquettes en premier, car la production est pensée dès le début. Et si on décide d’aller dans d’autres studios, il reste malgré tout celui qui travaille sur la production, c’est lui qui sculpte le son.

– Pour la seconde partie, vous êtes donc allés aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles, là où Black Sabbath, Queen et Led Zeppelin ont laissé leur empreinte. C’était un désir, voire un rêve, que vous nourrissiez depuis longtemps ?

En fait, un peu avant de commencer à travailler sur ce quatrième album que Niko allait produire pour le groupe, on cherchait comment lui donner une couleur différente. Les documentaires de Dave Grohl sur les studios les plus mythiques des USA (‘Sonic Highways’) nous avaient donné cette envie de visiter des studios légendaires, avec une histoire. Et puis, pendant nos réflexions, c’est un autre documentaire, « Le Rock est dans le pré », qui nous a fait découvrir ces studios avec leur histoire assez dingue. On a tout de suite flashé et eu envie d’aller s’isoler quelques jours dans cette ferme de la campagne galloise. Le fait que des artistes qu’on aime y soit passés avant nous donne une dimension incroyable à ce voyage. Pour des amateurs de musique, c’est comme un pèlerinage dans un lieu historique.

– D’ailleurs, vous y faites un beau clin d’œil à Led Zeppelin avec cette superbe reprise de « Rock’n’Roll » dans un esprit très Blues et Soul, et sur un tempo lent et doux. Comment est venue l’idée d’aborder ce standard avec cette approche très délicate par rapport à l’original, qui est très musclé ?

On a tendance à penser que quand on fait une cover, il faut s’éloigner de l’original, sinon ça présente peu d’intérêt. Après, on est partie du principe que comme Led Zep avait fait ce titre pour rendre hommages à ses idoles des années Rock’n’Roll, on allait remonter encore un peu plus dans le temps à le ramenant aux fondateurs du Blues. Alors évidement, Led Zep n’a pas joué ce titre comme l’aurait fait un Little Richard, mais il s’en est inspiré pour le faire à sa façon. On en a fait de même, on n’essaye pas de jouer comme l’aurait fait Muddy Waters, on s’en inspire et on l’a fait à notre sauce.

– Au niveau du son aussi et de la production, on vous découvre sous un angle nouveau avec trois morceaux plus ronds et aussi plus feutrés. Est-ce que vous avez travaillé différemment ces titres, sachant qu’ils seraient enregistrés aux Rockfield ?

Le processus de composition est resté le même, mais c’est la méthode d’enregistrement qui est complètement différente. Dans ce studio qui baigne dans son jus depuis les 70’s avec du matériel vintage, comme la légendaire table de mixage Neve de 74, on a voulu enregistrer dans les mêmes conditions, ou presque, qu’à l’époque c’est-à-dire en jouant ‘live’ tous ensemble. Ensuite, en post-production, Niko a souhaité conserver cette patine vintage. On a d’ailleurs utilisé pour les réverbes les fameuses rooms du Rockfield. Des pièces vides et hermétiques à l’acoustique travaillée, où on envoie du son via un haut-parleur et qu’on enregistre avec des micros dans la pièce. Entre ça, la Neve, les préampli vintage et les vieux micros, on obtient forcément quelque chose de plus ancien, de plus rond et c’est exactement ce qu’on voulait faire. D’où le fait qu’il y ait deux CD pour bien mettre en valeur ce contraste entre la prod’ moderne et puissante du Rythm Studio et la chaleur vintage du Rockfield.

– Est-ce cette expérience galloise vous a donné des idées ? Comme d’y retourner, par exemple ? Et enfin, pourquoi ne pas avoir enregistré l’ensemble de l’album là-bas ?

Je pense qu’on aurait tous envie d’y retourner et d’y rester plus longtemps. La campagne galloise est apaisante et inspirante. Et puis, c’est vraiment chouette de dormir sur place, c’est très confort et on est focus sur la musique. Mais ça reste un sacré budget pour un groupe autoproduit. Il va nous falloir trouver un mécène !

L’album, « 7 », de RED BEANS & PEPPER SAUCE est disponible depuis le 20 septembre chez Crossroads / Socadisc.

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Purpendicular : la mécanique du groove

En dehors de Deep Purple, Ian Paice sait comment passer du bon temps. Aux côtés de l’excellent Robbie Thomas Walsh, irrésistible au chant, le batteur a rejoint PURPENDICULAR, qui sort aujourd’hui un très bon « Human Mechanic », troisième album du quintet britannique constitué de musiciens d’expérience et surtout au feeling explosif.

PURPENDICULAR

« Human Mechanic »

(Metalville)

Ca n’aura échappé à personne, PURPENDICULAR tire son nom du quinzième album de Deep Purple, qui est aussi le premier de l’ère Steve Morse en remplacement de l’inégalable Richie Blackmore. Mais même s’il s’en inspire librement, et son line-up le rend assez légitime, le groupe suit sa propre voie à travers un Classic Rock qui tire aussi sur le Hard Rock… forcément. Et « Human Mechanic » est une belle respiration, doublée d’une petite parenthèse nostalgique plutôt agréable.

Fondé en 2007 par le chanteur irlandais Robby Thomas Walsh, PURPENDICULAR avait dû renoncer à sortir son troisième album en raison de la pandémie. Avec Ian Paice derrière les fûts et dernier membre originel de Deep Purple, le frontman dublinois ne s’est pas laissé abattre et le groupe, composé de musiciens au feeling débordant, à savoir Nick Fyffe (basse), Christoph Kogler (claviers et orgue) et Herbert Bucher (guitare), est reparti de l’avant. Et entre gros riffs, solos aériens et refrains imparables, ça ronronne.

Très impliqué sur ce nouvel opus, Ian Paice fait parler son groove en totale harmonie avec des lignes de basse rondes et enveloppantes. Il semble réellement s’amuser et le plaisir qu’il prend est vraiment palpable (« The Nothing Box », « Ghost », « Something Magical »). Enfin, une grande partie de la magie de PURPENDICULAR agit aussi grâce à un incroyable orfèvre de l’orgue Hammond et un chanteur impressionnant (« Human Mechanic », « Four Stone Walls », « Soul To Soul »). Magistral !