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Alternative Metal Alternative Rock Grunge

DeadBlondeStars : émotions fortes

Basé dans le South Yorkshire en Angleterre, DEADBLONDESTARS n’en est pas à son premier coup d’essai et ce deuxième album du quintet submerge par les émotions qu’il procure. L’Alternative Metal/Rock savamment gorgé de Grunge dégage une énergie dense et pleine de contrastes. Mastodonte et tout en finesse, « Metamorphosis » est un modèle du genre, une réussite totale.

DEADBLONDESTARS

« Metamorphosis »

(Independant)

Rock, Grunge, Alternative Metal ou post-Rock, peu importe finalement, puisque les Anglais de DEADBLONDESTARS sont parvenus à élaborer un style très personnel. Forcément, les noms de Pearl Jam, Soundgarden, Audioslave ou Alice In Chains vous viendront à l’esprit, car le groupe est directement issu de cette mouvance et il a réussi à y insuffler beaucoup de modernité, tant dans ses compositions que dans le son.

Après deux EP et un album éponyme en 2020, DEADBLONDESTARS a décidé de reprendre sa liberté et de sortir « Metamorphosis » en indépendant. Conséquence directe ou pas, le quintet de Sheffield est animé d’une grande liberté et s’est montré particulièrement inspiré durant la pandémie, puisque sur une trentaine de titres composés, les Britanniques n’en ont conservé que douze. Et le choix est plus que judicieux.

Profond et intense, « Metamorphosis » s’accompagne aussi d’une grande mélancolie incarnée par la voix puissante et touchante de Gary Walker. Le frontman a un impact incroyable tout au long du disque et ses variations sont incroyables (« Shine Any Light », « Bow To The Bend », « This Tree », « Alaska »). Des riffs  imparables, une rythmique massive et une production  irréprochable font entrer DEADBLONDESTARS dans la cour des grands.

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Hard Rock Hard US

Electric Mob : étincelante confirmation

Moderne, bluesy et directement hérité des grands noms du Hard Rock, le registre d’ELECTRIC MOB a tout pour séduire les amateurs du genre et même au-delà. Talentueux, les quatre musiciens du groupe le sont et, sans lever le pied, ils continuent un parcours sans faute avec la folie qui les habite depuis leur première réalisation, qui avait reçu un très bel accueil. Avec « 2 Make U Cry & Dance », les Brésiliens confortent leur statut et peuvent viser très haut. 

ELECTRIC MOB

« 2 Make U Cry & Dance »

(Frontiers Music)

Découvert il y a deux ans au cours d’une interview d’ailleurs fort sympathique, j’avais immédiatement été conquis par la fougue et la spontanéité de « Discharge », le très bon premier album d’ELECTRIC MOB. Dans un Hard Rock très groove inspiré par les plus belles décennies du style, c’est-à-dire des 70’s aux 90’s, les Brésiliens n’ont pas leur pareil pour libérer une folle énergie avec une insolence très joyeuse.

Malheureusement, la planète s’étant arrêtée de tourner au même moment, ELECTRIC MOB n’a donc pas pu capitaliser sur la qualité de son premier effort et c’est bien dommage. Gageons qu’avec « 2 Make U Cry & Dance », les Sud-Américains puissent enfin prendre leur envol, car ce nouvel opus contient tous les ingrédients pour une belle mise en lumière. Ici, les morceaux sont efficaces et diablement bien composés.

Aussi Rock’n’Roll dans l’attitude comme dans son jeu, ELECTRIC MOB a conservé ce feeling instinctif si présent sur « Discharge », tout en faisant preuve de beaucoup plus de maturité. Le gang de Curitiba au Brésil se montre déchainé (« Will Shine », « Soul Stealer », « Thy Kingdom Come », « Locked N Loaded ») et tout en retenue avec un chanteur exceptionnel (« Sun Is Falling Down », « Love Cage », « Saddest Funk Ever »). Furieusement bon !

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Stoner Rock

Tidal Wave : une vague fuzz

Malgré son assurance et un panache de vieux briscards, TIDAL WAVE n’en est pourtant qu’à son deuxième album. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’avec une telle créativité et une envie que l’on perçoit au fur et à mesure que le fuzz prend corps, les Nordiques ne devraient pas tarder à s’imposer sur la scène Stoner Rock. Avec son irrésistible touche Heavy, « The Lords Knows » se savoure en boucle.

TIDAL WAVE

« The Lord Knows »

(Ripple Music)

Sorti en 2019, le premier album des Suédois, « Blueberry Muffin », semble avoir fait suffisamment de bruit pour parvenir aux oreilles du label californien Ripple Music, qui s’est empressé de signer les Scandinaves. Et avec « The Lord Knows », ils enfoncent le clou grâce à un Stoner Rock puissant et mélodique. TIDAL WAVE mise sur une efficacité sans faille et l’opération est une franche réussite.

Le souffle de l’énergie déployée par le quatuor se fait immédiatement sentir avec « Lizard King », qui donne le ton d’un opus qui s’annonce d’ores et déjà très costaud. Epais et massifs, les riffs s’enchaînent sur des refrains accrocheurs et une dynamique qui ne faiblit pas. TIDAL WAVE se montre robuste et met le feu. Et la très bonne production vient vite confirmer sa grande qualité d’écriture.

Si Jesper Sjödin fait des prouesses à la guitare et qu’Adam Nordin (basse) et Rasmus Sunberg (batterie) ne sont pas en reste, que dire de la performance vocale d’Alexander Sundqvist ? Il est tout simplement bluffant de vérité et de folie sur l’ensemble de « The Lord Knows ». Et même si les influences de TIDAL WAVE sont évidentes, le combo tire admirablement son épingle du jeu (« End Of The Line », « Robbero Bobbero », « Purple Bird »). Grand !

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Hard Rock

Leaflet : inter-générationnel

Accrocheur et vivifiant, ce deuxième album de LEAFLET brille pourtant par la qualité de ses refrains et de ses mélodies. Les Finlandais offrent un nouvel opus rayonnant et assez original dans son contenu. En effet, « Something Beyond » traverse des décennies de Hard Rock sans jamais s’essouffler et grâce aussi à un frontman de haut vol.

LEAFLET

« Something Beyond »

(Rockshots Records)

A mi-chemin entre un Hard Rock moderne penchant vers l’Alternative Metal et l’héritage assume des années 80 et 90, LEAFLET mène sa barque depuis dix ans maintenant et il faut bien avouer que le style du quatuor s’affine de plus en plus. Dans une formule deux guitares/basse/batterie/chant qui a fait ses preuves, cette deuxième réalisation des Finlandais respire le Rock par tous ses pores.

Six ans après « Outta Door » où le groupe affichait déjà de belles choses, « Something Beyond » se montre bien sûr plus mature, plus direct aussi et surtout maîtrisé de bout en bout. Mené par Jaakko Leaflet au chant et à la guitare, LEAFLET se montre d’une étonnante variété qui tient en équilibre entre des influences américaines allant d’Extreme à White Lion jusqu’à Alter Bridge et une production très nordique.

Préférant porter son effort sur les mélodies plutôt que d’enchaîner les riffs, les Scandinaves font preuve d’une songwriting efficace et harmonieux. Musclé et dynamique, LEAFLET lâche les chevaux sur des chansons rapidement addictives (« Earth », « Alone-Alive », « Someone Somewhere », « Resonate » et le morceau-titre). Très actuel et rappelant pourtant au bon souvenir d’une belle époque, le combo séduit par sa fraîcheur.

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Doom Post-Metal Sludge

Gavran : des nuances de noir

En jouant sur la force des émotions déployées dans son Sludge/Doom, GAVRAN sort un deuxième album très rugueux, qui laisse également de la place à des ambiances post-Metal très précises. La production à l’œuvre sur les titres des Hollandais libère des parties instrumentales qui gravitent sur des crescendos survitaminés et rendent « Indistinct Beacon » totalement évanescents.

GAVRAN

« Indistinct Beacon »

(Dunk! Records)

A eux trois, Jamie Kobic (batterie, chant), Freek Van Roogen (guitare) et Ritsaart Vetter forment GAVRAN, un combo Sludge/Doom aux climats post-Metal singuliers. Le trio hollandais évolue tout en contraste dans un style sombre et absorbant où les sentiments d’anxiété, de doute et de détresse dominent pour finalement donner un instantané troublant de notre époque.

Fondé en 2018, ce n’est que deux ans plus tard que le groupe sort le single « Uska », suivi de près par un premier album, « Still Unavailing », qui annonce déjà un goût prononcé pour un registre fait de lourdeur et de riffs écrasants, mais que des breaks éthérés allègent avec finesse. Les thèmes des textes de GAVRAN traitent de l’existence, de la vie et de la mort et d’une société très sombre sous un prisme assez pessimiste.

Construit sur cinq titres dépassant tous les neufs minutes, « Indistinct Beacon » alterne entre moments calmes et très progressifs et des souffles Sludge assourdissants. Le trio de Rotterdam avance sans fioritures sur des répétitions hypnotiques. L’épaisseur des guitares et les variations vocales entre chant clair et growl offrent à GAVRAN une robustesse très atmosphérique aussi. Subtil et herculéen !

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Blues Rock

Kenny Wayne Shepherd Band : ultime retouche

Plutôt que de se contenter d’une réédition classique augmentée de versions plus ou moins pertinentes, le guitariste et chanteur KENNY WAYNE SHEPHERD a tenu à réenregistrer l’intégralité de l’album avec lequel il s’est imposé sur la scène internationale. « Trouble Is… 25 » offre un souffle nouveau à des compositions largement éprouvées sur scène depuis. Indispensable.

KENNY WAYNE SHEPHERD BAND

« Trouble Is… 25 »

(Provogue/Mascot Label Group)

Une chose se précise : il y a eu Stevie Ray Vaughan et il y a désormais KENNY WAYNE SHEPHERD. Originaire de Louisiane, le guitariste a fortement contribué à donner un second souffle à la scène Blues Rock américaine il y a près de trois décennies maintenant. Après neuf albums, le dernier en date étant « The Traveler » (2019), il est retourné en studio pour célébrer les 25 ans de son album le plus vendu à ce jour, « Trouble Is… », et la surprise est belle d’autant que le musicien s’est considérablement aguerri.

Après un premier album (« Ledbetter Heights » – 1995) sorti alors qu’il n’avait que 18 ans, c’est avec le second que KENNY WAYNE SHEPHERD a véritablement pris la lumière et son envol. Quelques millions d’exemplaires plus tard et une reconnaissance unanime, il entame le parcours qu’on lui connait. Et afin de fêter comme il se doit les 25 ans de cet opus majeur de sa carrière, l’Américain a réuni le line-up originel pour réinterpréter des morceaux devenus des classiques.

Désireux d’enregistrer ses chansons telles qu’il les joue aujourd’hui sur scène, le KENNY WAYNE SHEPHERD BAND leur offre un lustre très actuel, même si « Trouble Is… » possédait déjà une incroyable touche intemporelle. Le songwriting est intact et brillant et l’expérience acquise depuis rend encore plus fort des titres comme son tube « Blue On Black », la nouvelle version de « Ballad Of A Thin Man », « Slow Ride », « (Long) Gone », « King’s Highway » et les reprises de Dylan et Hendrix. Du grand art !

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Dark Folk Dark Gothic Neo-Folk

Lisieux : religieusement éthéré

Très enveloppant, ce nouvel opus des Français de LISIEUX joue sur des tonalités à la fois inquiétantes et d’un éclat intense. L’esthétisme de « Abide ! » se forge dans les détails, ceux de la subtile voix de sa chanteuse pleine de nuances et dans des arrangements où l’Electro se joint à l’acoustique des guitares comme une évidence. Folk, sombre et très mélodique, le quatuor montre un style aussi baroque qu’intemporel. Il suffit d’y consentir…

LISIEUX

« Abide ! »

(Throatruiner Records)

Original et d’une grande liberté artistique, le style musical de LISIEUX peut paraître déroutant pour peu que l’on ne soit curieux et ouvert s’esprit. Car, après immersion, les Toulousains s’avèrent d’une fraîcheur et d’une créativité très développée. L’univers du groupe s’articule autour d’un imaginaire où se croisent des ambiances liturgiques et médiévales, mais pas seulement. De quoi donc aiguiser la curiosité.

Formé en 2014 autour de Cindy Sanchez (chant) et Hugo Campion (guitare), le duo est devenu quatuor deux ans plus tard avec les arrivées de Michael De Almeida et Christèle Gaye, ouvrant ainsi le champ des possibilités. Très atmosphérique, LISIEUX se pose au croisement de la Dark et de la Néofolk, mâtinées d’un soupçon d’Electro-gothique. Et malgré ce spleen ambiant, « Abide ! » ne manque pas de luminosité.

Enregistré par le groupe lui-même et masterisé par Michael Lawrence (Ulver, Current 93), ce deuxième album saisit par l’enchevêtrement de sonorités acoustiques et électroniques. Les harmonies de l’orgue rendent souvent le propos austère ou grandiloquent, c’est selon, mais LISIEUX parvient toujours à rebondir en se livrant là où on ne l’attend avec délicatesse (« Lys Noir », « Abide ! », « Herb Harp », « Le Chant de Fer », « Déluge »). Ensorceleur !

Photo Alexandre Ollier
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post-Rock Psych Stoner/Desert

Aktopasa : embarquement immédiat

C’est à un périple paisible et serein, mais non sans péripéties et soubresauts, que nous invitent les Italiens d’AKTOPASA avec leur deuxième album. En tout point réussi, il nous porte d’un Psych Rock planant à un Stoner/Desert relevé en passant par des ambiances post-Rock saisissantes. « Journey To The Pink Planet » propulse un souffle d’air frais réconfortant et salvateur….

AKTOPASA

« Journey to the Pink Planet »

(Argonauta Records)

Fondé en 2017 autour des canaux de Venise, AKTOPASA a le don de faire de son Psych Rock un beau voyage musical. Après un album en 2018 (« Mulachara »), puis un EP l’année suivante (« Sun »), le trio italien livre un deuxième opus tout en progression et mêlant plusieurs registres. Et sur « Journey To The Pink Planet », la montée en puissance est rondement menée et avec un incroyable feeling.

Très progressifs et éthérés, les trois premiers morceaux évoluent dans des sphères plutôt post-Rock et aériennes, comme si AKTOPASA préparait le terrain pour mieux élaborer une évasion sonore inéluctable. C’est sur « It’s Not The Reason » que les premières (et les seules) paroles se font entendre, le reste de l’album étant entièrement instrumental. Et c’est précisément à partir de ce titre que les Transalpins haussent le ton.

L’intensité monte et sans perdre de sa fluidité, AKTOPASA s’engouffre dans un Stoner/Desert Rock où les riffs se font plus lourds et le rythme plus soutenu (« Agarthi », « Sirdarja », « Foreign Lane »). Palpitant et sauvage, « Journey To The Pink Planet » regorge de surprises et d’arrangements subtils d’où s’échappent quelque touches orientales. Très bien produit, l’ensemble est addictif.

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Hard 70's

The Riven : une joyeuse nostalgie

Depuis quelques années maintenant, on assiste à l’émergence d’une vague Rock et Hard Rock très 70’s interprétée par de jeunes groupes qui, pourtant, n’ont pas connu cette époque de grande liberté artistique qui propageait une sorte d’insouciance bienfaitrice. Et c’est donc le cas avec THE RIVEN, quintet suédois, qui revient avec « Peace And Conflict », un nouvel opus léger dans le ton et musclé dans la forme.

THE RIVEN

« Peace and Conflict »

(The Sign Records)

Six ans d’existence et deuxième album pour les Suédois de THE RIVEN qui se perdent de belle manière dans les années 70 et 80 et un Hard Rock légèrement Heavy et un brin psychédélique. Si de jeunes groupes se retrouvent dans ce revival, ce n’est pas vraiment un hasard, mais plutôt l’envie de délivrer une certaine vérité artistique à la fois roots et authentique.

Sous l’impulsion de sa frontwoman, Totta Ekebergh, THE RIVEN fait preuve d’une douce folie musicale, à l’instar d’ailleurs des Canadiens de The Damn Truth dont le registre est assez proche. Mais les Scandinaves ont d’autres atouts en main, notamment deux bons guitaristes, Arnan Diaz et Joakim Sandgård, formés façon NWOBHM à faire briller les twin-guitars et les solos partagés.

Organique et robuste, ce nouvel opus libère des vibrations tout en nuances avec de belles mélodies, sans négliger la puissance de riffs bien appuyés (« On Time », « The Taker », « On Top Of Evil »). THE RIVEN s’autorise aussi une petite escapade hispanique avec « La Puerta Del Tiempo », une ambiance planante sur l’excellent « Sorceress Of The Sky » et finit en beauté avec le très bluesy « Death ». Complet et solide.

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Blues Rock France

One Rusty Band : still hot ! [Interview]

Si le duo Breton avait déjà créé la surprise avec son premier album, « Voodoo Queen », celle-ci ne retombe pas le moindre du monde sur ce « One More Dance », à la fois costaud et d’une incroyable fraîcheur. Toujours guidés par un enthousiasme débordant, Greg aka Rock’n Roux (guitare, chant) et Léa aka Tap’n Roll (claquettes, percussions, washboard) apportent encore un peu plus de volume à leur Blues Rock endiablé et explosif. Et c’est avec la bonne humeur qui les caractérise que le turbulent binôme a répondu à quelques questions.

Photo : I Shot Photography

– Il y a trois ans, on vous découvrait avec votre premier album, « Voodoo Queen », débordant d’énergie. Puis, il y a eu le Covid et la reprise timide des concerts. Vous qui êtes un véritable groupe de scène, j’imagine que la période a du être difficile à vivre. C’est à ce moment-là que vous avez composé « One More Dance » ?

Greg : Durant le premier confinement, la situation était trop anxiogène pour composer. Du coup, on en a profité pour faire d’autres choses. Après, on a eu la chance de pas mal tourner durant l’été 2020, grâce à notre bookeuse Kristell Arquetoux qui a remué ciel et terre pour trouver des dates.

Léa : Ce n’est que durant le deuxième confinement, en automne, que nous avons trouvé l’inspiration et composé l’album. Le positif, dans toute cette histoire de pandémie, est que nous avons eu du temps pour pouvoir expérimenter de nouvelles choses et sortir de notre manière de faire habituelle.

– ONE RUSTY BAND a la particularité d’être un duo festif et enjoué. Or, ce nouvel album paraît plus sombre et plus sérieux aussi. A quoi est-ce que vous l’attribuez ? La situation de ces dernières années ? Une certaine maturité accrue dans votre jeu ?

Léa : Le monde est très sombre, donc forcément cela transparait dans nos compositions et le fait d’avoir plus de temps a permis d’avoir de l’espace pour s’exprimer et aller au fond des choses. Mais l’album reste positif et avec des compositions pour bouger ses miches !

Greg : Nous avons quand même gardé un côté léger dans les chansons. « Boogie Brothers » est, par exemple, basée sur l’observation de nos chats qu’on imaginait avec un petit perfecto en cuir faire la loi dans le quartier !

Photo : I Shot Photography

– On a vu émergé quelques duos à tendance Blues ces derniers temps, mais ONE RUSTY BAND reste unique en son genre, grâce notamment à Léa et ses claquettes. J’aimerais savoir comment elles interviennent dans les morceaux. Sont-elles parfois à la base d’une chanson, ou est-ce qu’elles viennent surtout en complément ?

Greg : Les claquettes, de par leur présence, obligent à composer d’une certaine manière. On ne peut pas dire qu’elles soient à l’origine d’un morceau, mais elles influencent fortement la composition et la construction des chansons. 

Léa : Ça dépend vraiment. Parfois, Greg arrive avec une base construite et on réarrange le tout. D’autres fois, c’est une rythmique qui lance une jam qui aboutit à une chanson… C’est variable !

– Léa, la Tap Dance, vient de la musique traditionnelle irlandaise avant de s’être plus tard exporter aux Etats-Unis et ailleurs par la suite. En ce qui te concerne, d’où viennent tes modèles et les styles qui t’inspirent le plus, et dans quelles mesures sont-ils adaptables au Blues Rock ?

Léa : Je n’arrive toujours pas à me considérer comme une danseuse de claquettes. Ce ne serait pas faire honneur aux ‘vraies’ danseuses et danseurs ! (Rires) Je vois la chose plus du côté instrument, percussion. La première fois que je me suis dit ‘WuuuaaaaH, c’est ça que je veux faire !!!’, c’est en voyant un spectacle des Stomp. Allez voir ça sur YouTube, c’est de la percussion de rue avec toutes sortes d’objets, les pieds, les mains, le corps… et des allumettes ! Les claquettes, je les ai découvertes plus tard avec Jimmy Slide et les Nicholas Brothers, qui sont supers. Pour l’adaptation, il a fallu inventer, de la manière de sonoriser en passant par la façon de composer… C’est super passionnant !!!

– Greg, tu es l’un des rares à jouer de la cigar box guitar en France et le seul en mode radiateur aussi. C’est un instrument que l’on voit de plus en plus, je pense à Samantha Fish, Alain Johannes, Orville Grant et beaucoup d’autres. Comment expliques-tu cette nouvelle émergence et ce retour en grâce, et qu’est-ce que cela t’inspire ? On le doit à un retour d’une musique plus ‘Roots’ ou c’est un simple effet de mode, selon toi ?

Greg : J’ai découvert la cigar box en allant manger chez mon père. Il venait d’en fabriquer une. Je l’ai essayée et j’ai tout de suite adoré : le son, la manière de jouer roots et groovy. J’en ai donc construit une dans la foulée avec lui ! Je ne sais pas si c’est un effet de mode, ou si c’est revenu sur le devant de la scène grâce à des passionnés comme mon père qui se sont mis à en fabriquer. C’est chouette de créer un objet qui sonne à partir de pas grand-chose. En tant que guitariste, c’est gratifiant de pouvoir fabriquer son propre instrument. Par la suite, j’ai trouvé un vieux radiateur électrique dans les poubelles, et je me suis dit que je pouvais en faire quelque chose dans le même esprit que la cigar box, mais dans un style Dobro. Ce sont des instruments qui sont limités pour la composition. C’est super intéressant, ça pousse à sortir du cadre standard et ça simplifie la musique !

– D’ailleurs, ça ne te tente pas, ou plus, un beau solo ou un chorus cristallin sur une belle Gibson ou une scintillante Fender ?

Non plus vraiment, je crois que les longs solos m’ennuient maintenant ! Mais sur le dernier album, je me suis quand même permis de rajouter quelques solo avec ma Fender, sur « Screen Generation » et « Boogie Brothers », notamment.

Photo : I Shot Photography

– ONE RUSTY BAND est un duo particulièrement riche avec en plus de la guitare et des claquettes, de l’harmonica, de la washboard et plusieurs percussions. Sauf à intégrer un nouveau membre, ce que je n’ose imaginer, y a-t-il d’autres instruments que vous aimeriez ajouter à votre musique ?

Léa : Non pas vraiment, on a déjà assez de bordel et ça ne rentrerait pas dans la camionnette ! (Rires) Déjà, le rajout d’un tom a été tout un Tetris ! On essaie d’étoffer avec de nouvelles percussions et on aimerait bien rajouter plus de doubles voix… Mais c’est beaucoup de travail vu que je ne savais pas chanter du tout !

– Par ailleurs, vous développez un son très particulier de Blues Rock agrémenté de Funk et de Soul aussi. ONE RUSTY BAND met en avant une culture DIY qui vous offre une liberté totale. Pour un ingénieur du son, c’est d’ailleurs assez naturel. Est-ce que tu as déjà imaginé laisser les clefs de votre son à un autre producteur, Greg ?

Oui je l’ai déjà imaginé. Mais ça m’amuse tellement de mixer et de travailler le son que je n’en ai pas vraiment l’envie, même si peut-être qu’une autre personne ferait un meilleur boulot. Après ça pourrait être chouette de collaborer avec quelqu’un. Par contre, lâcher complètement le projet… Hors de question ! Ma contrôlite aigue me l’interdit !

– J’aimerais que l’on dise un mot de cet esprit très live qui vous anime et qui prend tout son sens sur scène avec les acrobaties incroyables de Léa. Le visuel est donc très important chez ONE RUSTY BAND. Vous arrive-t-il de composer et de façonner vos morceaux avec déjà en tête son rendu scénique ?

Léa : Pour ma part, tout le temps. Quand je compose la partie rythmique, je pense tout de suite au rendu visuel… Même si servir la musique reste la chose la plus importante !

Greg : Moi pas trop, parce que je suis moins exposé. Par contre, j’y pense au moment de construire les set-list, de varier les guitares, etc…

Le nouvel album de ONE RUSTY BAND, « One More Dance » est disponible sur le site du groupe : https://www.onerustyband.com