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International Stoner Rock

Dozer : the return of the giant [Interview]

Que l’attente fut longue, mais que la récompense est belle ! 15 ans après « Beyond Colossal », son dernier album studio, DOZER est enfin de retour ! Et même si on a pu suivre les différents membres à travers d’autres formations, le quatuor réuni reste la référence en matière de Stoner Rock et le retrouver avec cette énergie et cette inspiration intacte est un ravissement… Et une grosse claque aussi, est-il besoin de la rappeler ! Fondateur et guitariste du combo suédois, Tommi Holappa nous fait une fois encore le plaisir de répondre à quelques questions au sujet de « Drifting In The Endless Void » et des retrouvailles du groupe.   

Photo : Mats Ek

– Il y a deux ans, alors que DOZER repartait en tournée avec un passage notamment en Australie, tu m’avais affirmé qu’aucun nouveau morceau n’était en cours d’écriture et même au programme. Aujourd’hui, on vous retrouve avec plaisir pour ce « Drifting In The Endless Void » décapant. Qu’est-ce qui vous fait changer d’idée ? C’est la reprise des concerts et l’accueil du public ?

La dernière fois que nous nous sommes parlés, nous avions surtout évoqué nos retrouvailles en répétition d’abord et ensuite le fait d’essayer d’écrire une première nouvelle chanson, ou au moins de voir si nous serions à nouveau créatifs ensemble. Rien ne s’était passé pendant quelques années. Le timing n’était pas le bon, je suppose. Mais ensuite, le Covid est arrivé en 2020 et du coup, nous avons eu beaucoup de temps libre et aucune tournée n’était prévue avec mon autre groupe Greenleaf. Donc, en 2020, nous avons écrit et enregistré un nouvel album avec Greenleaf. Puis à la fin de cette session d’enregistrement, j’ai parlé aux autres gars de DOZER et je leur ai demandé s’ils étaient d’humeur à essayer d’écrire de nouveaux titres. Et la réponse a été oui ! Alors on s’est rencontrés, on a écrit une chanson et tout s’est bien passé. C’était presque comme si on n’avait jamais cessé de jouer ensemble ! Un premier morceau à déboucher sur deux autres, et ainsi de suite… Quand nous avons réuni 3/4 idées définitives pour de nouveaux titres, Blues Funeral Recordings nous a contacté et nous a proposé un contrat d’enregistrement… et le reste appartient à l’Histoire ! Je pense que nous pouvons remercier le Covid qui a permis à DOZER de sortir un nouvel album aujourd’hui ! (Rires)

– Après les rééditions de vos trois premiers albums chez Heavy Psych Sounds, il y a aussi eu la sortie de « Vultures », un EP constitué d’inédits enregistrés entre 2014 et 2015 et qui n’étaient au départ que des démos. Dis-moi, est-ce que vous aviez déjà en tête l’idée de ce come-back tant attendu ?

Lorsque ces rééditions sont sorties, nous n’avions pas prévu de faire un vrai retour. Quand nous avons recommencé à faire des concerts en 2013-2014, nous en avions fait juste une poignée dans des festivals comme le ‘Desertfest’ et le ‘Hellfest’. C’était juste histoire de sortir un peu, de jouer d’anciens morceaux et passer un bon moment. Mais ensuite, après quelques années et quelques concerts supplémentaires, nous avons commencé à parler d’écrire de nouvelles choses. Surtout si on voulait continuer à faire des concerts, on a senti qu’il nous fallait du nouveau matériel bien sûr, et aussi que ce serait amusant d’essayer d’écrire quelque chose de neuf et de voir comment cela se passe.

Photo : Mats Ek

– Revenons justement deux ans en arrière, date à laquelle vous veniez de signer chez Heavy Psych Sounds. Or vous faites votre retour sur le label américain Blues Funeral Recordings. Que s’est-il passé ? Vous n’êtes pas parvenus à trouver un accord pour ce nouvel album ? Ou est-ce que vous visez plus clairement le marché américain ?

Nous avons signé avec Heavy Psych Sounds juste pour ces rééditions. Et ensuite lorsque Jadd de Blues Funeral Recordings a découvert que nous écrivions de nouveaux morceaux, il nous a fait une offre que nous ne pouvions pas refuser. Il n’était pas prévu de cibler davantage le marché américain ou quelque chose comme ça, c’était juste une bonne opportunité et nous nous connaissons aussi depuis longtemps. Nous avons travaillé avec lui auparavant et nous savions donc que si nous voulions sortir un nouvel album, il était la bonne personne pour le job.

– DOZER a donc fait une pause de 15 ans. C’est très long ! Pendant ce temps, Johan a joué dans Besvärjelsen, Fredrik avec Ambassadors Of The Sun et Sebastian et toi bien sûr avec Greenleaf. Que va-t-il advenir de ces groupes ? Vous allez continuer ou donner la priorité à DOZER ?

Greenleaf continuera comme d’habitude. Nous écrivons d’ailleurs du nouveau matériel pour notre prochain album en ce moment et si tout se passe comme prévu, nous l’enregistrerons à la fin de l’année. Johan a quitté Besvärjelsen et je ne sais pas si Fredrik fera encore quelque chose avec Ambassadors Of The Sun. Je sais que pour Dozer et Greenleaf, je prendrai du temps pour les deux groupes. C’est comme si tu avais donné naissance à deux bébés, tu ne peux pas donner la priorité à l’un ou à l’autre. Il faut donner tout ton amour aux deux ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– D’ailleurs, vous avez tous joué, et joué encore, dans Greenleaf. Quelle distinction fais-tu entre les deux groupes ? Musicalement, quelles sont leurs principales différences, selon toi ? Et enfin, créez-vous avec DOZER des choses que vous n’oseriez peut-être pas avec Greenleaf, ou vice-versa ?

Greenleaf est plus Classic Rock et plus Blues au final, alors que DOZER est un peu plus Heavy. Les trucs plus Blues ne fonctionneraient jamais avec DOZER et les trucs plus durs ne fonctionneraient pas non plus avec Greenleaf. Bien sûr, il y a des similitudes entre les deux groupes, puisqu’ils développent et se basent beaucoup sur les riffs de guitare. Mais au final, je pense que les voix de Fredrik et Arvids sont si différentes l’une de l’autre que je ne m’inquiète pas trop du fait que les deux groupes pourraient sonner de la même façon un jour.

– Même si vous êtes tous restés très actifs au sein de la scène Stoner Rock, quels sentiments vous animent aujourd’hui en offrant un nouveau souffle à DOZER ? Vous devez être excités et impatients, non ? Et puis, DOZER est une référence du Stoner européen et mondial, vous avez un rang à tenir…

Impatients et excités… oui ! L’album a été enregistré il y a presque un an ! Nous voulons juste que les gens entendent ce que nous avons créé et dont nous sommes si fiers ! Espérons qu’ils l’aimeront autant que nous. On essaie de ne pas trop penser à garder un certain rang et à satisfaire les autres. On fait ce qu’on fait et si on est content… c’est cool ! Si nous pouvons rendre les gens heureux… alors, c’est même extra-cool ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– Parlons de ce nouvel album. Quand êtes-vous attelés à son écriture et quelle a été l’idée directrice ? Vous êtes tous arrivés avec vos idées respectives ou est-ce que la composition s’est faite à quatre ?

Nous avons commencé à travailler sur des idées chacun de notre côté en décembre 2020 et un mois plus tard, nous nous sommes retrouvés pour la première fois en répétition pour travailler sur de nouveaux morceaux. Les premières répétitions ont été un peu lentes. Je pense que nous ne savions pas vraiment ce que nous voulions faire. Alors nous nous sommes isolés, nous avons essayé un tas de choses, des bonnes et des moins bonnes ! (Rires)

Tout a vraiment commencé à rouler quand Fredrik a apporté l’idée de « Missing 13 ». Je pense que c’est venu des accords de l’intro qu’il a joué et nous avons senti que ça sonnait bien et que c’était vraiment la fraîcheur de DOZER. Nous avons donc commencé à jammer et chacun est venu avec ses idées et ses réflexions. Ensuite, on est rentré chez nous, on a travaillé un peu plus dessus, puis nous sommes retournés en répétition et on a continué à travailler encore… C’est comme ça qu’on écrit les chansons : on bosse chez nous séparément, puis nous assemblons tous les morceaux ensemble. C’est un véritable effort de groupe.

Quoi qu’il en soit, une fois cette chanson terminée, j’ai trouvé le riff pour « Ex Human, Now Beast » et à partir de là, les choses ont commencé à se dérouler sans accrocs et nous avons en quelque sorte trouvé le ‘concept’ de l’album.

– L’autre question qui se pose est de savoir si vous avez immédiatement retrouvé vos automatismes et la fluidité du jeu qui animaient DOZER près de 15 ans auparavant ? Est-ce que tout est revenu naturellement ? De manière instinctive ?

Dès la première répétition, c’était comme si nous n’avions jamais cessé de jouer ensemble ! Je pense que nous avons tous ressenti que c’était agréable d’être de retour dans une même pièce pour jouer et ça sonnait plutôt bien tout de suite ! C’était les mêmes vieux gars de DOZER, mais un peu plus gros et plus grisonnants. Mais dans nos têtes, nous faisons toujours la fête comme si nous étions en 2003 ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– Dès le départ, vous attaquez le disque avec « Mutation/Transformation », long de plus de 7 minutes et dont l’impact est monstrueux. L’idée était d’imposer beaucoup de force et de puissance dès le début de l’album ?

C’était la dernière chanson que nous avons écrite pour ce nouvel album. Nous avions l’impression que nous avions besoin d’un titre un peu plus lourd et avec un joli groove sur lequel on puisse secouer la tête. C’est quelque chose de plus puissant qui vient compléter l’ambiance de l’album. Une fois l’ensemble enregistré et quand nous avons entendu les premiers mixages de l’album, nous avons tout de suite compris que « Mutation/Transformation » devait être le titre d’ouverture.

– « Drifting In The Endless Void » compte sept morceaux et ils sont assez longs. Vous jouez aussi beaucoup sur les atmosphères et on peut sentir un vrai fil conducteur sur l’album. On a presque l’impression que vous l’avez conçu comme un album-concept. C’est le cas ?

Eh bien, dès le début, Fredrik avait en tête un concept autour des textes pour l’album. La musique est aussi un peu influencée par son histoire. En fait, « Missing 13 » est la trame de l’histoire et le reste des chansons est basé sur le même concept. Globalement, il s’agit d’une justification pour nos enfants. Nous avons reçu cette Terre de nos ancêtres et nous l’avons prise pour acquise. Nous, les humains, sommes de petits rouages dans cette grande grosse machine, et parfois cela peut vous faire sentir très petits et impuissants. D’où ce sentiment de ‘dériver dans le vide sans fin’ (Traduction du titre de l’album – NDR).

– Un mot aussi sur le mix et la production de l’album. On retrouve immédiatement le son et la touche de DOZER avec une sonorité très actuelle. Où l’avez-vous enregistré et avec qui avez-vous travaillé ?

Nous l’avons enregistré au studio Gröndahl à Stockholm avec Karl Daniel Lidén, qui a également mixé et masterisé l’album. Karl Daniel et moi travaillons ensemble depuis la fin des années 90. Il a été le premier batteur de Greenleaf, il a également été le batteur sur l’album de DOZER « Through The Eyes of Heathens » en 2006. Il a aussi enregistré « Beyond Colossal », ainsi que les cinq derniers albums de Greenleaf. Donc nous avons une belle histoire ensemble. (Rires)

Quoi qu’il en soit, Karl Daniel connaît le groupe de fond en comble, il est comme notre cinquième membre. C’est facile de travailler avec lui et nous n’avons pas à nous inquiéter, car nous savons qu’il obtiendra toujours un son explosif et puissant. Et jusqu’à présent, nous ne pouvons pas imaginer travailler avec quelqu’un d’autre.

– Enfin, vous allez aussi reprendre la route des concerts. Dans quel état d’esprit êtes-vous, car les fans vous attendent depuis si longtemps et sont aussi impatients que vous ? Peut-être même beaucoup plus…

Oui, nous allons jouer un peu plus maintenant et laisse-moi te dire ceci… Nous mourons d’envie de venir jouer les nouvelles chansons ! Car enfin, nous avons quelque chose de nouveau à proposer au public !

Le nouvel album de DOZER, « Drifting In The Endless Void », est disponible chez Blues Funeral Recordings.

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force à l’occasion de la réédition de leurs trois premiers albums chez Heavy Psych Sounds en 2020 :

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Doom Psych Stoner Doom

Doom Sessions Vol.7 : no tomorrow

Avec ce septième volume, c’est une nouvelle déferlante Doom teintée de Metal et de Stoner que lâchent ENDTIME depuis la Suède et les Américains de COSMIC REAPER. Toujours constituées de titres jamais enregistrés jusqu’ici, les « Doom Sessions » continuent de nous offrir la crème de la scène actuelle, ou en devenir, à travers des splits EP originaux et dans lesquels les musiciens donnent le meilleur d’eux-mêmes.

ENDTIME & COSMIC REAPER

« Doom Sessions Vol.7 »

(Heavy Psych Sounds Records)

Rendez-vous devenu incontournable du label italien Heavy Psych Sounds Records, les « Doom Sessions » se présentent déjà avec un septième volume tout aussi écrasant et dévastateur que ses prédécesseurs. Cette fois, ce sont les Suédois d’ENDTIME qui croisent le fer avec les Américains de COSMIC REAPER. Après avoir réalisé respectivement leur premier album en 2021, ils unissent leurs forces dans un déluge Doom assourdissant.

Les Suédois d’ENDTIME

Entrant dans leur troisième année, les « Doom Sessions » ont la particularité de sortir sur des splits EP toujours inédits et surtout présentant une production d’égale qualité sur les deux faces. Guidé par un nihilisme porté à bout de bras dans une torpeur presque sinistre, ENDTIME ouvre le bal avec une surprenante, inattendue et à peine reconnaissable reprise de Devo (il fallait oser !), « Tunnel Of Life ». Toujours gargarisé par son Doom profond, le quintet livre « Beyond The Black Void » dans une atmosphère post-apocalyptique et aurait vraiment mérité un dernier morceau.

Les Américains de COSMIC REAPER

Plus psychés, les Américains de Caroline du Nord libèrent aussi un Doom fracassant. Fondé par des vétérans de la scène Metal de Charlotte, COSMIC REAPER se montre convaincant dès les premières notes de « Sundowner ». En proposant trois morceaux, le quatuor bénéficie d’une plus grande marge de manœuvre que le combo scandinave, ce qui lui offre le temps de porter un impact plus massif sur ce septième volet. Avec « Dead And Loving Bring It », puis « King Of Kings », cette nouvelle formation confirment avec force qu’il faudra compter sur eux et leur grande expérience.

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Heavy metal Heavy Psych Rock International Proto-Metal

Warlung : une question d’équilibre [Interview]

Au croisement entre le Psych et le vintage, WARLUNG présente une Heavy Metal tranchant et mélodique. Bardé de solos enflammés, de chorus très NWOBHM et d’un travail très précis sur les voix, le style des Texans repose sur autant de traditions que sur un aspect visionnaire où l’esprit et le son du Doom a laissé une forte empreinte. Sorti en novembre dernier, le quatrième album du quatuor embrasse les générations avec malice et puissance. Entretien avec un combo ravit de venir poser ses valises en Europe le mois prochain pour quelques dates.  

– Dès 2017 avec « Sleepwalker », vous avez conquis la scène underground Heavy Rock, et moins de six ans après, WARLUNG en est déjà à son quatrième album. Vous imaginiez que les choses iraient aussi vite ?

Eh bien, je ne suis pas sûr que nous ayons encore conquis la scène underground, mais nous y travaillons ! Le projet a commencé par une jam amusante et c’est vrai que nous n’aurions jamais pensé faire quatre albums. Heureusement, nous avons des fans géniaux et avec l’aide de Heavy Psych Sounds Records, nous nous sentons plus inspirés que jamais. L’écriture peut être rapide même si, pour nous, nous sommes toujours impatients de travailler sur de nouveaux morceaux. Et malgré ce nouveau disque tout juste sorti, nous discutons déjà des prochains et de tournées.

– Avec « Optical Delusions », vous aviez déjà placé la barre très haut et sur « Vulture’s Paradise », vous vous surpassez à nouveau. Dans quel état d’esprit étiez-vous au moment de la composition ? Vous sentiez que vous aviez un nouveau challenge à relever ?

Il peut être à la fois effrayant et inspirant de se fixer un objectif. D’un côté, nous nous inquiétons de la façon dont nous sommes censés améliorer les choses, mais de l’autre, nous nous disons : « Qui s’en soucie ? Faisons simplement la musique que nous voulons entendre ! ». À chaque enregistrement, nous regardons en arrière et discutons de ce que nous avons bien fait et de ce que nous pourrions mieux faire. En théorie, tout devrait être plus élaboré. Que cela se produise, ou pas, dépend aussi de nos auditeurs. Mais quand on compose, c’est avant tout pour s’amuser.

– En réécoutant votre précédent album, j’ai trouvé que « Vulture’s Paradise » se présentait comme une suite logique. Vous semblez ne pas avoir tout dit sur « Optical Delusions », c’est le cas ?

Jusqu’à présent, chaque fois que nous répétons, chaque concert que nous faisons et chaque fois que nous sommes allés en studio, c’était génial. On arrêtera de faire de la musique uniquement quand ça cessera d’être amusant. Je ne peux pas parler pour l’avenir, mais à l’heure actuelle, le puits créatif n’a pas fini d’être exploité. Nous avons toujours plus de matériel, donc il reste beaucoup d’idées. Sur « Vulture’s Paradise », par exemple, nous avions environ 60 minutes de musique et nous n’en avons enregistré que 44. Chaque album est un mélange de morceaux plus anciens et retravaillés avec des choses plus récentes, de sorte que les albums ont tendance à ressembler à une transition naturelle.

– Il y a un côté obsédant dans la musique de WARLUNG, qui vient sûrement de l’ambiance et de l’esprit jam qui règnent sur vos albums. Pourtant, tout semble très écrit malgré tout. A quel moment l’improvisation intervient-elle lors de l’écriture ?

Nous apportons tous nos idées. Parfois, l’un d’entre-nous enregistre un brouillon de quelque chose sur lequel il a travaillé ou le joue simplement lorsque nous sommes ensemble. Qu’il s’agisse d’un riff, d’une mélodie ou simplement de paroles, il y a généralement suffisamment de matériel pour concevoir un morceau. Nous voyons tellement de groupes jouer un riff et rester dessus. C’est agréable de temps en temps, mais ça devient vite fatigant d’entendre ça chanson après chanson, disque après disque, groupe après groupe. Nous préférons concevoir notre musique avec un peu plus d’intention pour la garder intéressante et unique. Cependant, nous avons envisagé d’ajouter de l’improvisation dans nos concerts et sur un futur disque également, alors nous verrons !

– J’aimerais que vous nos disiez aussi un mot sur les textes. Ils traitent souvent de la mort et de la destruction. Vos paroles semblent en totale opposition à la luminosité de votre musique. C’est un contraste sur lequel vous aimez jouer ? Ou c’est par ironie ou une sorte de contre-pied ?

Même si nous ne nous considérons pas comme ‘Doom’, nous aimons toujours explorer les thèmes sombres inhérents à ce type de musique. Nous explorons consciemment des concepts et des récits pour que chaque chanson ait sa propre identité. Nos paroles vont d’événements historiques au psychédélisme ou même de la vente d’organes sur le marché noir, par exemple. Mais finalement, les histoires de création et de destruction sont les plus anciennes jamais racontées. La plupart des religions, des films et de la littérature fait aussi très souvent référence à ce concept, parce qu’il est tellement familier avec l’expérience humaine.

– Par ailleurs, WARLUNG combine un registre basé sur l’héritage de la NWOBHM avec des éléments proto-Doom, Psych et Prog 70’s. Et pourtant, la production de vos albums est très actuelle. Alors que beaucoup de groupes s’immergent dans des réalisations entièrement vintage, WARLUNG joue encore sur le contraste entre la modernité et le passé. Vous semblez aimer toutes formes de dualité finalement. C’est un exercice qui vous plait à ce point-là ?

A un moment donné du processus d’enregistrement, nous avons une conversation avec les ingénieurs du son sur ce point précis. Nous nous efforçons de trouver un juste milieu entre le son vintage et moderne. Les groupes qui font un son totalement vintage sont impressionnants, mais nous n’y arriverons probablement pas. Nous ne sommes pas un groupe basé sur le jam ou le psychédélisme, donc notre musique nécessite une touche moderne. De plus, nous apprécions autant les groupes modernes que les classiques. Nous n’avons donc aucune raison de nous en tenir à l’un ou à l’autre. Nous pouvons faire l’équilibre entre ces deux mondes.

– Enfin, un mot sur la tournée européenne qui se profile en février. Comment l’abordez-vous et qu’en attendez-vous par rapport au public américain que vous connaissez bien maintenant ?

Nous avons été signés chez Heavy Psych Sounds Records pendant la pandémie et comme nous n’avons pas encore pu nous déplacer, nous sommes très, très excités à l’idée d’aller à l’étranger ! Malheureusement, notre section rythmique reste chez nous pour s’occuper d’un souci de santé familial. Même s’ils vont nous manquer, nous croyons en la famille d’abord et soutenons leur décision de rester. Heureusement, nos amis Travis et Austin de Houston’s Kill The Lizard vont nous rejoindre à la basse et à la batterie ! En Amérique, nous pouvons jouer devant deux personnes ou 200, donc nous n’avons aucune attente. Nous sommes simplement heureux d’être là. L’opportunité de jouer devant des gens du monde entier et de voir des endroits où nous ne sommes jamais allés est un rêve absolu. Alors si vous nous voyez dans votre ville, venez partager une bière avec nous !

« Vulture’s Paradise » est disponible chez Heavy Psych Sounds Records.

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Heavy Psych Rock Sludge Stoner Blues

Lord Elephant : un colossal mastodonte

Bardé de Stoner, de Heavy Blues, de Sludge Metal et d’une pointe d’Acid Rock, c’est à un incroyable voyage dense et intense que nous convie le power trio italien avec « Cosmic Awakening ». Avec un tel premier album, le groupe risque de fortement marquer les esprits, tant le style instrumental de LORD ELEPHANT est franchement démentiel.

LORD ELEPHANT

« Cosmic Awakening »

(Heavy Psych Sounds)

Oser s’appeler LORD ELEPHANT et sortir un premier album de cette trempe fait plus que susciter la curiosité. Le trio italien, qui évolue dans un registre instrumental, n’y va pas par quatre chemins et affiche un Stoner Blues où une multitude d’éléments vient de greffer à la foudre du combo. Et l’incroyable fluidité avec laquelle se livrent les Transalpins est même surprenante.

Vu le style LORD ELEPHANT, on aurait pu s’attendre à des morceaux s’étendant sur la longueur, mais hormis le musclé « Hunters Of The Moon » et ses huit minutes trente, « Cosmic Awakening » se concentre sur des titres efficaces, solides et concis. Et avec des touches de Sludge, de Fuzz très Doom et d’un soupçon d’Acid Rock, le pari est remporté haut la main.

Malgré l’absence de chant, on est littéralement saisi par l’impact des compositions de « Cosmic Awakening ». Dès les deux parties qui ouvrent l’album (« Forsaken Slumber » et « First Radition »), LORD ELEPHANT va à l’essentiel et les riffs puissants, la monumentale basse et la fracassante batterie offrent une combinaison fulgurante (« Desert Collision », « Raktabija », « Stellar Cloud »). Massif et mélodique à la fois.

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Stoner Blues

Cachemira : une lumière enivrante

Sous de faux airs Classic Rock et de belles embardées Psych, le Stoner des Barcelonais de CACHEMIRA s’épanouie dans un Blues épais et solaire. Après un premier format court, le trio sort un premier album intense, groovy et solide. Grâce à sa frontwoman, également bassiste, les Espagnols font une très forte impression sur ce « Ambos Mundos », d’une élégance pleine de chaleur.

CACHEMIRA

« Ambos Mundos »

(Heavy Psych Sounds Records)

Entre jams intenses et riffs racés, ce premier album des Catalans se meut dans un Stoner Blues aux contours psychédéliques et « Ambos Mundos » est construit autour d’anciens morceaux et de plus récents. Car, depuis son EP « Jungle » sorti en 2017, CACHEMIRA a accueilli la bassiste et chanteuse Claudia González Diaz venue se joindre à Gastón Lainé (guitare) et Alejandro Carmona Blanco (batterie) pour assoir solidement le trio.

Et bien leur en a pris, car « Ambos Mundos » est d’une exaltation constante et d’un groove permanent. La formule à trois permet à CACHEMIRA de proposer un style très resserré, mais la force des Espagnols réside justement dans le fait de parvenir à s’en extirper pour libérer un Stoner Blues à la fois aérien et aéré. Passant d’un registre puissant à des passages plus suaves, la frontwoman et bassiste du combo offre un relief unique au groupe.

Grâce aussi à un répertoire de Led Zeppelin très bien digéré (le nom du groupe est d’ailleurs un possible clin d’œil), les Ibériques développent une personnalité très particulière. Essentiellement chanté en anglais, les morceaux de l’album se fondent dans un bel et homogène ensemble (« Don’t Look Back », « Future’s Sight », « Coast To Coast »). Et les titres chantés en espagnol sont, quant à eux, les plus authentiques et les plus pertinents (« Mujer Vudù », « Ambos Mundos ») CACHEMIRA invite à l’évasion avec subtilité.

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Doom Stoner Metal

Somnus Throne : un fuzz tamisé

Brumeux mais nerveux, le Stoner Psych Doom du trio américain fait de nouveaux ravages sur « Nemesis Lately », deuxième album du combo établi à Los Angeles. Rugueux, massif et puissant, SOMNUS THRONE ne baisse pas la garde et nous enferme dans un Metal très Fuzz, peu lancinant, compact et incisif. Saisissant.

SOMNUS THRONE

« Nemesis Lately »

(Heavy Psych Sounds Records)

Basé à la Nouvelle-Orléans puis à Portland, c’est dorénavant depuis Los Angeles que SOMNUS THRONE diffuse son Stoner ultra-Fuzz à travers lequel il ne manque pas de clins d’œil pour Lemmy et Iommi. Les deux idoles ont fortement influencé le trio, qui s’en donne à cœur-joie dans un registre où le Doom et le Psych se fondent dans un même Metal épais et enveloppant sur ce deuxième album.

Evan (guitare, chant), Ansel Bretz (basse) et Matt Davis (batterie) ont une vision assez singulière du Stoner et elle est étroitement liée à un Doom Psych bien enrobé de Fuzz. Après un premier album éponyme il y a deux ans, SOMNUS THRONE a resserré les boulons en rassemblant ses forces et en tirant dans le même sens vers un Metal gras et massif. « Nemesis Lately » s’impose avec vigueur.

Le chant incantatoire, frôlant le chamanique, renforce l’esprit Doom du combo, même si SOMNUS THRONE s’écarte du poids écrasant et lent du style. La richesse des riffs apporte beaucoup de vélocité aux morceaux en renforçant leur impact (« Snake Eye », « Dice And Scarecrow », « L-Dopatriptamine »). Pourtant les Américains s’offrent des parties acoustiques surprenantes (« Calm Is The Devil »). Ebouriffant !

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Heavy Psych Rock Stoner Blues Stoner Rock

Geezer : une épopée grisante

Lorsque trois musiciens sont guidés par une volonté commune elle-même portée par un groove exceptionnel, cela donne vie à l’un des meilleurs groupes de Heavy Stoner Blues de ces dix dernières années. Avec ce sixième album, « Stoned Blues Machine », GEEZER partage le plaisir de son jeu bluesy et Psych sur des morceaux addictifs et d’un feeling exceptionnel.

GEEZER

« Stoned Blues Machine »

(Heavy Psych Sounds Records)

Cosmique et Heavy, le Stoner Blues du trio new-yorkais fait de nouveau des étincelles sur le bien-nommé « Stoner Blues Machine ». Avec ce sixième album, GEEZER vient affirmer son étincelante vision d’un registre qu’il contribue à élever au fil de ses réalisations. Pat Harrington (guitare, chant), Richie Touseull (basse) et Steve Markota (batterie) repartent en croisade avec une vision bluesy très personnelle.

Cette fois encore, les Américains nous embraquent dans un voyage musical dont ils le secret sur un groove surpuissant, magnifié par l’excellente production  de Chris Bittner qui parvient à projeter GEEZER dans une autre dimension. Si le Blues reste la base du combo, « Stoned Blues Machine » va bien plus loin en explorant un espace sonore totalement investit par la créativité et la technicité du trio.

Le groupe se fond dans une détente psychédélique pourtant portée par des riffs épais où le feeling des trois musiciens met en évidence leur plaisir de jouer (« Saviours »). Entraînant, ce sixième opus avance sur des rythmiques hypnotiques et d’une incroyable fluidité (« Logan’s Run », « Broken Glass », « Stoned Blues Machine »). GEEZER transmet une joie palpable grâce à un style plein de vie. Hors-norme !

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Heavy Psych Rock Stoner Rock

Ecstatic Vision : vibrations sauvages

Façon bêtes de somme sous acid, les Américains d’ECSTATIC VISION déversent sans ménage leur Stoner Heavy Psych sur un quatrième album, où le quatuor de Philadelphie vient se placer au-dessus de la mêlée. « Elusive Mojo » associe une vitesse d’exécution et une imposante puissance pour tout écraser sur son passage.

ECSTATIC VISION

« Elusive Mojo »

(Heavy Psych Sounds Records)

S’ils n’étaient pas musiciens, ces quatre-là pourraient être bûcherons sans aucun problème. Plus musclé et féroce que jamais, le combo de Philadelphie élève d’un cran la folie qui l’habite avec ce « Elusive Mojo », où son Stoner très Heavy et Psych atteint une dimension quasi-cosmique. ECSTATIC VISION plane très haut, joue très fort et ne fait pas dans le détail.

Enregistré en condition live sur une bande 2 pouces probablement pour mieux saisir toute l’épaisseur de son jeu, ce quatrième album dégage une lourdeur et une saveur Rock’n’Roll authentique, brute et même brutale. Noyant même la wah-wah dans des distorsions inouïes, ECSTATIC VISION développe un groove sauvage et une débauche de décibels hors-norme.

Solidifié par le mastering de Tim green (Melvins), ce nouvel opus défie les lois du Stoner Rock grâce à des vibrations presque déstabilisantes, tant l’énergie déployée est d’une puissance phénoménale (« Times Up », « Venom », « The Countdown »). Les parties de saxophone et de basse font d’ECSTATIC VISION un combo à part dans le paysage Rock Heavy Psych.  

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Desert Rock Heavy Psych Rock Stoner Rock

Stöner : ascensionnel

Avec « Totally… », le power trio passe à la vitesse supérieure avec un deuxième album, qui reflète parfaitement les influences de ses fondateurs Brant Bjork et Nick Oliveri. Le côté épais et Punk de son bassiste entremêlé avec le jeu solaire et Desert de son guitariste font de STÖNER la quintessence-même d’un Stoner/Desert Rock incandescent, riche et ardent.

STÖNER

« Totally… »

(Heavy Psych Sounds Records)

La réunion entre Brant Bjork (Kyuss, Fu Manchu) et Nick Oliveri (Kyuss, QOTSA, Mondo Generator) bien accompagnés par Ryan Güt derrière les fûts s’était révélée plus qu’enthousiasmante sur l’excellent Volume 4 des « Live In The Mojave ». Quelques semaines plus tard, STÖNER confirmait cette belle créativité avec « Stoners Rule », un premier album en forme de gigantesque et addictive jam.

Le trio américain transpire le Rock’n’Roll et « Totally… » vient confirmer les espoirs placés dans ces monstres sacrés d’un style qu’ils ont eux-mêmes fortement contribué à créer. Se partageant le micro, le duo Bjork/Oliveri emporte STÖNER dans un tourbillon où le Hard Rock Old School, le Heavy Blues, le Desert et le Punk Rock font la fête sans relâche. Et cette solide communion emporte tout sur son passage.

Soufflant le chaud et le froid, le combo déploie un groove imparable où un chaos sourd côtoie des riffs solaires et où le jeu des Californiens se fait aussi galopant que lancinant. Très coloré, le style de STÖNER se précise et s’ouvre à d’autres dimensions dans une complicité à trois très décontractée (« A Millions Beers », « Space Dude & The Burn », « Turn It Around Now », « Great American Sage »). Brillant.

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Doom Hard 70's Stoner Rock

Alunah : hypnotique

La dynamique musicale adoptée par ALUNAH sur ce sixième album révèle une extrême maturité et surtout une grande maîtrise, qui permet au groupe de marier son Doom des débuts à des phases Hard Rock, progressives et psychédéliques. Avec « Strange Machine », le quatuor de Birmingham, la cité du Sabbath, lorgne vers l’excellence en s’ouvrant à d’autres horizons toujours très Stoner.

ALUNAH

« Strange Machine »

(Heavy Psych Sounds Records)

Chaque album d’ALUNAH est toujours une petite surprise en soi, tant ils sont différents les uns des autres. Et même s’il existe évidemment une continuité dans la discographie du groupe, à savoir une base Doom, la créativité des Anglais les pousse toujours un peu plus loin dans l’expérimentation et la quête d’une identité encore plus forte. Et « Strange Machine » se pose comme l’un des albums majeurs du combo.

Les changements de line-up déjà à l’œuvre sur le précédent album, « Violet Hour », semblent porter leurs fruits et ont ouvert bien des portes à ALUNAH. Toujours guidé par leur frontwoman Siân Greenaway et sa voix à la fois Soul, sensuelle et envoûtante, les Britanniques ont ajouté de la couleur à leur répertoire, qui portent désormais vers des ambiances Stoner et presque Desert.

Très solaire par moment (« Fade Into Fantasy », « Psychedelic Expressway »), c’est pourtant dans un Hard Rock doomesque et aérien qu’évolue dorénavant ALUNAH, tout en gardant ce côté épique (« The Earth Spins » avec Shane Wesley de Crowbar à la guitare) et un groove à toute épreuve (« Dead Woman Walking »). Avec « Strange Machine », le groupe est subjuguant de beauté et de clarté et son Stoner est éclatant.