Tourbillonnant et imprévisible, ce premier album des Parisiens de SWEET NEEDLES montre un groupe déjà pointu, pertinent et plein d’audace. Dans un Alternative Metal particulièrement Heavy, le quintet trouve sa voie en s’engouffrant dans de multiples registres avec une facilité et une homogénéité pleine d’imprévus. « Tormenta » est un aller simple pour la cour des grands et il devrait agiter les foules.
SWEET NEEDLES
« Tormenta »
(Independant)
Pour un premier album, c’est un coup de maître. Formé en 2012, SWEET NEEDLES a surtout fait ses armes sur scène tout en prenant le temps de sortir deux EP assez différents… histoire sans doute de se forger un style et de peaufiner son identité sonore et musicale. Une chose est sûre, avec « Tormenta », le quintet sait où il va et son Metal Alternatif très Heavy vient le confirmer.
Naviguant entre Metal et Hard US, les Parisiens apportent beaucoup de fraîcheur et surtout un impact à la fois musclé et groove. Dès la furieuse intro portant le titre de l’album, SWEET NEEDLES affiche une couleur mélodique et sauvage. Sur de gros riffs aussi entrainants que tranchants et une solide rythmique, les morceaux s’enchainent avec une véloce férocité.
Si on pense bien sûr à RATM, Disturbed, RHCP et No One Is Innocent pour la voix, le combo se veut pourtant très original avec des titres percutants, tout en nuances et en contrepieds (« Not The Only One », « Egotrip », « Headache »). Avec des clins d’œil assumés au Jazz, à l’Electro et parfois au Punk dans l’énergie, SWEET NEEDLES séduit par son effervescente diversité avec des morceaux taillés pour la scène (« From Hisingen To Paris »).
A l’occasion d’une interview pour le numéro de décembre de l’excellent magazine Metallian, j’en ai profité pour poser quelques questions supplémentaires à la révélation Rock Hard 70’s finistérienne : KOMODOR. Après un EP éponyme en 2019, le quatuor sort son premier album, « Nasty Habits », aux très aériennes et solaires ambiances psychédéliques et Garage. Grâce à un énorme travail sur les voix et les guitares, on est littéralement happé par le tourbillon musical distillé par le combo. Cinq décennies plus tard, KOMODOR dépoussière les années 70 avec brio et fraîcheur sur une production magistrale. Entretien collégial avec Goudzou (basse, chant) et Slyde (guitare, chant).
– Si « Nasty Habits » évolue dans un esprit vintage, marqué par le Rock des années 70, je le trouve carrément moderne et très actuel. Au-delà de votre jeu et de vos compositions bien sûr, est-ce que vous jouez et enregistrez aussi sur du matériel d’époque ?
Oui pour les amplis et guitares, mais pas pour tout ! (Rires) On a aussi utilisé beaucoup de vieux micros. Ensuite, une partie de l’album a été enregistré en numérique et le mixage a été réalisé en analogique.
– La première chose qui émane de l’album à sa première écoute, c’est son côté solaire et hyper-joyeux. « Nasty Habits » est positif à tel point qu’on vous entend souvent vous marrer en début ou en fin de titre. Ca rigole beaucoup chez KOMODOR, on dirait…
Ah ouais, ouais, ouais, ça déconne ! On est des rigolos ! On a plus de rides de sourires que de rides de colère ! (Rires) Et puis, c’est volontaire d’avoir gardé ça, car dans certains albums d’époque, il y a souvent cet esprit live, très vivant où tu entends souvent les gens se marrer et cela apporte de la vie à l’album. Aujourd’hui, tout est calibré en fonction des radios notamment, et tout est calculé comme il faut. On voulait un album très abouti tout en gardant cet aspect fun, qui donne aussi un peu de relief à l’album. Et puis, c’est un disque de copains aussi. On a commencé l’enregistrement à Saint-Divy chez les parents de l’un de d’entre nous. Ensuite avec le confinement, il y a eu la limite de kilomètres et on s’est demandé comment on allait pouvoir faire pour réunir tout le monde. Alors, on a déplacé tout le studio à Douarnenez chez Yuna Le Braz, où on a enregistré la fin de l’album, notamment les voix et les guitares.
– En fait, vous faites les choses sérieusement sans vous prendre au sérieux !
C’est ça !!! (en chœur !)
– Pour en revenir au son et à la production de l’album, il y a une énorme énergie qui est constante et qui donne vraiment l’impression que vous l’avez enregistré en prise directe et en jouant tous ensemble. C’est le cas ?
Pour beaucoup de morceaux, ça s’est passé comme ça. On a enregistré la basse/batterie en même temps, tout simplement parce qu’on n’avait pas assez de pistes pour les guitares. Et au niveau acoustique, ça ne sonnait pas, car on joue toujours avec les amplis à fond en studio. Et ce n’était pas gérable. Sinon, en effet, l’objectif était de faire le tout en prise live. L’idée est d’avoir un maximum d’énergie, parce que notre musique est faite pour ça. Et c’est aussi le cas sur beaucoup d’albums qu’on écoute. C’est vraiment l’essence-même du groupe, c’est ce qui nous caractérise. En concert, le but est aussi de se donner à fond, quelques soient les conditions. Et puis, on compose aussi tous ensemble, pas chacun dans son coin. Ce son live commence dès le travail de composition finalement.
– Parlons aussi un peu de votre look si particulier. Vous le voyez comme un prolongement de votre musique ? Un peu comme la signature visuelle de KOMODOR ? A moins que vous alliez chercher votre pain le matin habillés de la sorte ?
On est tout le temps habiller comme ça, ce n’est pas un déguisement ! Les 70’s sont aussi une passion jusque dans la déco de l’appartement de certains d’entre nous. C’est une époque que l’on n’a pas connu, et pourtant… Et c’est pareil pour tout, que ce soient les bagnoles, les motos…
– Vous serez aux Trans le 3 décembre prochain à Rennes. En général, c’est une date importante pour les groupes. Vous la préparez d’une façon particulière, ou est-ce que c’est un concert comme un autre pour vous ?
C’est un concert comme un autre, même s’il y a des enjeux. Tous les concerts, il faut les assurer de toute façon. Après, c’est sûr qu’on va faire du social ! (Rires) On ne se met pas la pression non plus, car on veut rester naturel. Il faut que les gens apprécient le concert comme il se doit. Cela dit, c’est vrai aussi qu’il y aura des programmateurs et c’est chouette si, ensuite, on peut faire des dates à droite, à gauche ou même des festivals. On verra bien si des opportunités se dessinent.
– Et puis, le lendemain, vous allez également vous produire avec vos amis du duo paimpolais Moundrag pour un projet commun qui se nomme Komodrag And The Mounodor. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus, car j’ai l’impression qu’il vous tient également beaucoup à cœur ?
Oui, c’est vrai. Cette rencontre a vraiment été un coup de foudre ! En fait, après s’être envoyé quelques messages, on a eu l’impression de se connaître depuis toujours. Ensuite, on a fait une date ensemble à Douarnenez et on s’est bien marré ! Après, on a commencé à faire des reprises et comme ça marchait super bien humainement, on s’est dit que ce serait cool de monter un set. Ils ont réussi à nous trouver une date aux Trans, donc il a fallu préparer tout ça très rapidement, en six mois. On a fait une résidence à Saint-Brieuc, à ‘Bonjour Minuit’, et ça a été vraiment super de bosser ensemble.
KOMODOR sera aux Trans à Rennes le 3 décembre à L’Étage à 19h30 (gratuit), puis le lendemain avec KOMODRAG AND THE MOUNODOR dans le Hall 3 du Parc Expo en clôture de la soirée (de 12 à 31€).
L’album « Nasty Habits » sera disponible le 17 décembre chez Soulseller Records.
Le guitariste star de YouTube Jared Dines s’est associé au tonitruant chanteur Howard Jones, ex-Killwitch Engage, pour mettre au point un projet imaginé il y a quelques années déjà. Sous le patronyme de SION, le duo sort un album éponyme entre Alternative Metal et MetalCore. Et avec une belle force de frappe, ce premier effort tient franchement la route.
SION
« Sion »
(Independant)
Sorti un peu en catimini sur les plateformes, SION est le projet du guitariste et YouTuber Jared Dines et de l’ancien chanteur de Killwitch Engage, Howard Jones, actuellement frontman de Light The Torch et anciennement de Devil You Know avec qui il sorti deux réalisations. Autant dire qu’il est question ici d’Alternative Metal fortement empreint de MetalCore, mais pas trop non plus…
L’idée de cette collaboration est née lors d’une tournée de Trivium durant laquelle les deux musiciens se sont lancés le défi de composer ensemble un album. Jared Dines et Howard Jones ont mis près de deux ans à écrire les douze titres de cet opus éponyme et le résultat est plutôt convaincant. Compact et vif, SION ne manque pas d’ambition, même si aucune signature sur un label n’apparait en marge.
Produit par Hiram Hernandez et masterisé par Ted Jensen, « Sion » bénéficie par conséquent d’un gros son, qui met en relief toute la puissance et l’agressivité du duo (« The Blade », « The Worst Day »). Forcément mis en perspective, les riffs de Dines sont aussi tranchants que racés et, vocalement, Jones sait aussi proposer de bonnes et accrocheuses mélodies (« Dying Of The Light », « Great Deceiver »).
Engagé et révolté, le quatuor suisse KILLING VOLTS débarque avec fureur et un premier album massif, mélodique et très Rock. Dans un esprit légèrement Punk et dans une ambiance penchant vers les 70’s en tirant sur le Stoner, les Helvètes soufflent le chaud et le froid avec une belle assurance et un sacré sens du groove. Mature et solide.
KILLING VOLTS
« Symptomatic Dilemma (Of A Post-Capitalist Mind) »
(Electric Maze Records/Urgence Disk)
KILLING VOLTS n’est pas là pour conter fleurette et sonne la charge dès « Love Sailed », qui ouvre l’album. Le quatuor suisse sort son premier opus, « Symptomatic Dilemma (Of A Post-Capitalist Mind) », après un EP de quatre titres en 2016 qui lui a permis d’aller distiller son Rock très alternatif bien au-delà des frontières helvétiques et de même de créer son propre label et son studio.
Bondissant et hyper-groove, KILLING VOLTS livre huit morceaux aussi racés et percutants que l’est l’ensemble de l’album. Guidé par sa frontwoman Tania Silversen (guitare, chant) très bien accompagnée par Al Castro (guitare, basse), Antoine Superflej (basse) et Math Sink (batterie), le combo se déploie avec assurance dans un registre aux multiples saveurs, preuve d’une belle créativité.
Sur des textes frondeurs interrogeant et dénonçant à la fois les dérives et les injustices de notre société, les Suisses sont loin d’être neutres et se montrent même très virulents (« Not A Saint », « Low », « Another Man’s War »). KILLING VOLTS alterne entre morceaux aux accents Grunge, Rap façon RATM dans le chant et même Stoner sans sourciller et sort un premier album explosif.
Technique et puissant, ce premier album de TOWARD THE THONE est le fruit d’années de travail de la part du quatuor. Inspiré et très bien produit, « Vowed To Decline » offre un Death Metal, qui tend vers des registres atmosphériques et même Black avec des côtés épiques très dark. Solides et massifs dans leur jeu, les Français posent une véritable chape de plomb.
TOWARD THE THRONE
« Vowed To Decline »
(Metal East Production)
Les Alsaciens de TOWARD THE THRONE ne sont pas du genre à se précipiter et la sortie de ce premier album leur donne vraiment raison. Fondé en 2012, le quatuor a déjà sorti deux EP, mais s’est surtout consacré à la scène se forgeant ainsi une belle réputation. Loin d’être usurpée, celle-ci resplendit sur « Vowed To Decline » d’où émanent de nombreuses sensations.
Si les influences suédoises sont bel et bien présentes, TOWARD THE THRONE a cependant parfaitement réussi à se créer une identité propre et originale en jouant sur les émotions et les ambiances. Cela dit, le Death Metal atmosphérique des Français sait aussi se faire brutal en injectant dans son jeu une bonne dose de sonorités Black très lourdes, sombres et véloces.
Mixé par Gwen Kerjean au Slad Sound Studio (Loudblast) et masterisé part Victor Bullok au Woodshed Studio (Celtic Frost, Pestilence), « Vowed Ton Decline » présente une très bonne production, qui brille aussi par la puissance, la précision et la minutie de TOWARD THE THRONE (« Neogenesis », « The Ashes Of Pain », « Per Ignes Mortuus », « The Sorrow », « The Inevitable Trail Of The Fall »). Le quatuor a vu et fait les choses en grand.
Déterminés, ALMA, originaire de Tours, livre « Time’s Running Out », un premier album fruit d’une expérience scénique conséquente. Son Hard-Core aux contours Metal, notamment Thrash, est direct et frontal et sa chanteuse rend encore un peu plus originale cette entrée en matière. Le quatuor avance avec une énergie débordante et un groove agressif.
ALMA
« Time’s Running Out »
(Independant)
Six ans après sa formation, dont quatre à écumer les scènes, auront été nécessaires à ALMA avant d’entrer en studio pour y enregistrer son premier album. Malgré quelques déboires dus à la pandémie, le quatuor a finalement pu sortir son premier effort entièrement autoproduit, qui sent bon la fureur du Metal Hard-Core.
Véloce et musclé, le jeu des Tourangeaux s’inscrit dans la tradition HxC américaine, avec toutefois de solides références aux courants Metal et plus particulièrement au Thrash estampillé 90’s. ALMA se fait brut et efficace, libérant une belle énergie sur des riffs tranchants et une rythmique puissante sur l’ensemble de « Time’s Running Out ».
L’autre atout de choc d’ALMA est sa frontwoman, Giny, dont le chant pour le moins rugueux électrise les morceaux de l’album. Avec un engagement totale et radical, elle apporte une touche de fraîcheur très pertinente (« Misdtrust », « Crypt », « Lasting Memories », « Mind Cell »). Avec « Time’s Running Out »), le combo de Tours livre une bonne première réalisation.
L’album est libre et disponible sur le Bandcamp du groupe :
Très aéré et remarquablement bien produit, ce premier album d’ORPHEUM BLACK est la vraie belle surprise de cette rentrée. Ancré dans un Rock aux atmosphères progressives et même Metal par moment, « Sequel(s) » étonne par la diversité dont il fait preuve. Sur cet album-concept, le groupe déroule un fil d’Ariane où la narration tient un rôle essentiel, tout comme le visuel sous toutes ses formes. Entretien avec Mélodie (chant, claviers) et Greg (chant, guitare)…
– Vous êtes tous originaires d’Orléans et vous vous connaissiez tous avant de monter ORPHEUM BLACK en 2019. L’année suivante, vous sortez « Act 1 » qui a été très bien accueilli. C’est le fait de partager une même vision musicale qui a autant accéléré les choses ?
Greg : En fait, au moment de monter le projet ORPHEUM BLACK, nous avions tous plus ou moins dix années de “vie de groupe » avec des tournées, des albums et des concerts à nos actifs. Romain (guitare – NDR) et moi étions dans le même groupe et, forcément, il y a des automatismes qui étaient toujours présents. Nous étions passionnés et excités à l’idée de reformer un groupe. Pour ma part, j’avais très envie de chanter avec Mélodie et cela m’a probablement donné des ailes pour avancer plus vite. Nous voulions tous remonter rapidement sur scène et nous nous sommes servis de nos expériences passées pour prendre quelques raccourcis et éviter certains pièges.
Mélodie : Effectivement, nous avions, dès le début du projet, la volonté de travailler sur des ambiances et un duo vocal. Nous avons tâtonné au départ, pour trouver un fil conducteur, une “patte” commune à laquelle chacun de nous puisse s’identifier, mais tout en ayant pour objectif de sortir un EP pour pouvoir rapidement proposer un contenu live cohérent, car c’est aussi ce qui nous anime !
– Malheureusement, comme beaucoup, vous avez été stoppés net par la pandémie. Comment avez-vous vécu cette période artistiquement très silencieuse ? Il semblerait que vous en ayez profité pour avancer encore plus sur votre projet…
Greg : A la base, « Sequel(s) » devait sortir à la rentrée 2020, nous avons donc écrit une bonne partie pendant la pandémie. Nous avons tâché de mettre à contribution tout ce temps dont nous disposions pour mettre en forme nos idées, beaucoup parler sur la direction à prendre et sur ce que nous voulions transmettre. Une bonne partie de l’album à été écrite pendant que nous étions bloqués chez nous sans nous voir. Heureusement, nous avons la chance d’être tous plus ou moins équipés d’un home-studio, ce qui nous a permis d’enregistrer des maquettes et de continuer à créer même à distance. Dès que nous avons pu nous revoir, nous avons passé beaucoup de temps ensemble, en studio, pour mettre nos idées en commun et relancer la dynamique que nous avions afin de tenir nos délais. Nous étions prêts pour la rentrée, mais nous nous sommes finalement abstenus de sortir l’album compte-tenu de l’ambiance “fin du monde”, et avons pris la décision de reporter d’une année. Nous étions donc en avance, il fallait que nous restions actifs et avons consacré ce temps à approfondir notre univers et en le liant à celui du cinéma, notamment par le biais des trois clips que nous avons sortis.
– Vous venez donc de sortir votre premier album, « Sequel(s) », qui est particulièrement réussi tant au niveau des compos que de la production. Commencer par un album-concept est assez audacieux. C’était l’idée de départ, ou est-ce que celle-ci a doucement fait son chemin ?
Greg : Disons que c’était d’abord une volonté de départ que de développer un projet artistique avec une approche holistique. Le nom ORPHEUM BLACK faisant référence au théâtre, nous voulions dès le départ aller “plus loin que la musique” sans trop savoir comment nous y prendre. Avec le report de la sortie de l’album, nous nous sommes vus gratifiés d’une année supplémentaire pour réfléchir et approfondir une histoire, créer des ponts entre les courts-métrages qui sont sortis…
Mélodie : Le brassage des arts faisait partie du “cahier des charges” initial. On trouve que c’est une vraie opportunité de collaborer avec des artistes réalisateurs, photographes, designers… Néanmoins, la mise en place de ces collaborations s’est pensée au fur et a mesure, et nous sommes en perpétuelle réflexion sur la suite !
– L’album est musicalement très riche avec beaucoup de variations, des atmosphères Rock très appuyées et des passages très aériens. Et « Sequel(s) » est un disque très narratif dans sa progression. Pourriez-vous nous parler de cet univers si particulier ?
Greg : Avec notre premier EP, nous ne savions pas trop où aller et nous avons voulu expérimenter, sur cinq morceaux, le champ des possibles : de la ballade Rock au Metal plus intense. Avec « Sequel(s) », nous avons affiné notre style en nous concentrant sur ce qui fait la “touch” ORPHEUM BLACK, à savoir les ambiances, les atmosphères et le duo vocal. Dans l’ensemble, la ligne directrice fut de composer des morceaux aux structures peu complexes, mais fortement arrangées et enrichies tout en explorant d’autres aspects qui nous étaient encore inconnus, comme l’intégration de cordes frottées, de machines, de piano…
– « Sequel(s) » a été composé comme une odyssée et il existe une vraie connexion entre les morceaux. Justement, vous avez conçu l’album de manière globale, ou titre par titre ?
Greg : Un des thèmes principaux de l’album est “la connexion”. A la base, les morceaux ont pour la plupart été pensés indépendamment, mais à mesure que nous avancions, nous avons cherché à créer du liant entre eux. Cela passe bien sûr par l’histoire que nous racontons au fil des neuf chansons, mais les plus curieux trouveront des connexions “inter-morceaux” au niveau des champs lexicaux, des sons utilisés, des arrangements… Il y a même des lignes de chant et des thèmes qui sont réutilisés (le refrain de « Strangest Dream » repris dans le morceau qui clôture l’album, « Way Back Home »).
Mélodie : Cela permet d’avoir deux niveaux de lecture de nos morceaux : celui du texte isolé, et ce qu’il raconte dans son contexte. Chaque titre peut vivre indépendamment et raconte une histoire qui peut parler à chacun !
– Vous dites vous inspirer de références cinématographiques et théâtrales. Comment est-ce que cela se traduit dans votre approche de l’écriture et de la composition notamment ?
Greg : Il faut imaginer ces neuf morceaux comme la bande originale d’épisodes d’une même série. Comme au cinéma, il y a des alternances entre les moments plus intenses et les moments plus calmes, des cliffhangers, des résolutions… Cela passe également par la façon dont nous avons tourné nos clips, notre volonté d’avoir travaillé avec différents réalisateurs aux pattes bien distinctes, les visuels, la pochette de l’album qui ressemble à une affiche de film…
– L’une des particularités d’ORPHEUM BLACK est aussi cette dualité vocale, féminine et masculine. Comment travaillez-vous les parties de chant ? Et comment vous répartissez-vous les rôles et est-ce que chacun écrit ses propres parties ?
Greg : En parallèle de l’instrumental, avec Mélodie, nous nous voyons à part et nous discutons (beaucoup !) des thèmes que nous voudrions aborder. Nous sommes très proches dans la vie également et cela facilite ce processus, c’est une vraie force que nous mettons à contribution de l’écriture. Puis, lorsque nous sommes d’accord, soit nous écrivons à deux, soit l’un de nous apporte les éléments de base, puis nous les modifions à deux. Enfin, nous trouvons une top-line et cherchons des harmonies possibles lorsque c’est nécessaire. Puis nous mettons tout en commun sur les temps de répétition, afin de faire valider par tout le monde.
Mélodie : Au-delà de l’écriture, il y a tout un travail sur l’harmonisation musicale. Nous avons mis du temps à trouver un bon équilibre, nos deux voix sont complémentaires la plupart du temps, mais nous essayons aussi d’utiliser nos différences pour renforcer les nuances, et c’est sur chaque nouveau titre un nouveau challenge !
– Enfin, vous mettez également l’accent sur les vidéos qui semblent même indissociables de l’univers d’ORPHEUM BLACK. Vous le voyez comme un prolongement de l’album, ou plutôt comme un complément ?
Greg : L’écriture des textes a beau être abstraite, l’image force un niveau de lecture bien spécifique. L’aspect graphique, qu’il s’agisse des clips ou des visuels, nous permet de créer une autre porte d’entrée vers notre univers. J’invite volontiers les gens qui veulent se plonger dans ce que nous avons à proposer à visionner les clips, dans l’ordre si possible (« Strangest Dream », « Unsaid Forever », « Together and Alone » et… le petit prochain qui arrive courant novembre !). Ils sont à la fois complémentaires… et indissociables !
« Sequel(s) », l’album d’ORPHEUM BLACK, est disponible depuis le 24 septembre chez Blood Blast.
Après un bon premier EP (“Awakening”), ORKHYS n’a pas perdu de temps et sort son premier album, « A Way », qui vient confirmer les belles choses entrevues sur son premier effort. Dans un registre Metal, qui pioche beaucoup de branches allant du Black au Symphonique et du Pagan au Celtique, le groupe s’est construit une identité originale et inspirée. Laurène Telennaria (chant, harpe) et Brice Druhet (guitare) reviennent sur un parcours mené tambours battants.
Photo : Eloise Le Névanic
– La dernière fois que je vous ai interviewé, c’était à l’occasion de la sortie de « Awakening », votre premier EP trois titres. Quel accueil a-t-il reçu et comment avez-vous vécu les débuts discographiques d’ORKHYS ?
Laurène : Eh bien, notre EP a été plutôt très bien reçu ! Nous sommes vraiment ravis de l’accueil que le public et la presse lui ont réservé, ce qui n’était pas gagné pour un groupe qui vient tout juste de fêter son premier anniversaire et qui est composé de membres pour qui cet EP était la première expérience de studio et de réalisation !
Brice : Je ne m’attendais pas à un tel accueil, toute proportion gardée évidemment. Ca fait bizarre après avoir passé quasiment 10 ans à composer et gratouiller seul dans sa chambre !
– A l’époque, vous m’aviez dit que vous souhaitiez enchainer avec un autre EP de cinq titres cette fois. Or, vous revenez avec « A Way », un album complet. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée ?
Laurène : Je pense que ça a été l’accueil de notre cover de « The Clansman » (Iron Maiden – NDR) et les demandes de figuration de ce morceau sur l’album. On avait aussi envie d’intégrer un bonus instrumental, car on s’est rendu compte que les orchestrations de « A Brand New World » et « The Devil & the Impudent » déchiraient ! Brice les a donc liées dans un seul et même morceau. Au début, on appelait notre disque un « EPum », hydride d’EP et d’album, mais notre attaché de presse, Roger de Replica Promotion, nous a conseillé de communiqué sur un album.
Brice : On a mis ce qu’on avait envie de mettre et au final on s’est dit : « Mais il est vachement gros pour un EP, dites donc ! ». Et voilà !
– Vous démarrez l’album avec une intro, ce qui est de plus en plus rare. C’est une manière de présenter l’ambiance générale de « A Way » ? Qu’est-ce qu’elle signifie par rapport aux morceaux de disque ?
Laurène : Personnellement, j’adore les albums avec intro, cela permet de poser justement une envie, une ambiance ; c’est un prélude à ce qui va se passer. Cela prépare et met en condition pour la suite !
Laurène – Photo : Eloise Le Névanic
– Avec « A Way », on a vraiment l’impression que vous avez parfaitement défini les contours de l’univers d’ORKHYS, qui est fait d’un esprit Pagan mêlé à des atmosphères symphoniques et très Metal. L’objectif est atteint ?
Laurène : L’univers d’Orkhys est assez vaste et on ne souhaite pas se coller d’étiquette. L’album « A way » représente nos envies du moment, un savant mélange de Folk Pagan, de Black, de Thrash, de Heavy et une furieuse envie d’être Metal ! Qui sait à quoi ressemblera le ORKHYS de demain ? On en a une petite idée, mais on ne veut pas s’enfermer, on souhaite garder notre liberté d’expression.
Brice : On ne se pose pas trop la question en fait. On fait et on voit si ça le fait. On a des idées pour la suite, et en tout cas on va tout faire pour conserver notre identité sans tomber dans la routine.
– Sur ce premier album, vous avez confirmé la maîtrise d’un équilibre musical entre certains passages dans l’esprit Folk et épique en contraste avec des éléments de Metal extrême. Il n’y a décidemment rien de linéaire chez ORKHYS…
Laurène : Nous jouons les styles de musique que nous aimons, et comme nous apprécions des genres musicaux variés et nombreux, cela fait un bon mélange !
Brice : On ne veut pas se limiter à un seul style, ça irait hyper frustrant pour nous. Il y a déjà des groupes qui excellent dans chacun des sous-genres de notre musique préférée. Du coup, notre défi est de faire un petit cocktail en prenant des ingrédients à droite et à gauche et de faire en sorte que ça fonctionne.
Brice – Photo : Eloise Le Névanic
– Vous reprenez également « The Clansman » d’Iron Maiden, extrait de « Virtual XI » sorti en 1998, qui n’est pourtant pas un standard du groupe et qui est d’ailleurs chanté par Blaze Bayley. Pourquoi ce morceau ? Vous avez l’habitude de le jouer sur scène ou en répétition ?
Laurène : C’est un morceau que nous adorons tous les deux Brice et moi et à la base. Nous voulions juste le reprendre en cover sur YouTube en l’ ‘Orkhysant’, comme nous avions pu le faire pour « Pieces Of You » d’Annihilator. Le morceau a eu un tel accueil et reçu des demandes quant à sa figuration dans l’album à venir, que nous avons décidé de faire une version améliorée de notre premier jet et de le faire figurer sur l’album.
Brice : J’ai tellement fait chier tout le monde pour faire une reprise de Maiden qu’on a réussi à tomber d’accord sur ce titre qui, d’une part, se marie bien à notre univers et d’autre part change des 300 reprises de « Trooper » ou de « Fear Of The Dark ». J’ai personnellement énormément de sympathie et de respect pour Blaze et les albums qu’il a fait avec Maiden. Sa carrière solo est également extrêmement qualitative. Je pense qu’il s’en ait pris plein la tronche assez injustement. Bref, avec Blaze, Bruce ou Paul, Maiden reste Maiden ! On la joue en répèt’ et aussi de temps en temps en live.
– Sur « A Way », il semble également que la harpe ait pris une place plus importante, qui contribue vraiment à l’identité musicale d’ORKHYS. Est-ce que c’est difficile à intégrer dans un environnement très Metal comme le vôtre ?
Laurène : C’est vrai que j’avais demandé à Brice, qui compose les morceaux, s’il lui était possible de rajouter un peu plus de harpe, sans toutefois l’imposer. Le groupe n’a pas été créé autour de la harpe, donc son apparition n’est pas obligatoire. Il a su répondre à ma demande tout en faisant passer au premier plan la cohérence musicale.
Brice : Encore une fois, ça s’est fait comme ça, sans trop y réfléchir à part ce souhait exprimé par Laurène. J’ai essayé de le prendre en compte, sans non plus trop me forcer à mettre de la harpe pour mettre de la harpe. Peut-être qu’il y en aura encore davantage par la suite, ou beaucoup moins, on a une idée grossière de ce que l’on veut, mais on calcule très peu de choses à l’avance. On écrit et compose d’abord et on réfléchit après.
– Avec un EP et un album, vous disposez maintenant d’un set conséquent. Une tournée est-elle prévue dans les mois à venir, maintenant que la situation sanitaire s’est vraiment améliorée ?
Laurène : De nombreux concerts sont prévus, nous avons quatre dates sur cette fin d’année, dont deux sur Paris (le 03/10 et 20/10), une à Vitré en Bretagne (le 20/11) et une au ‘Festival de l’Avesnement’ dans le Nord (le 27/11).
Brice : On est aussi en discussion pour faire une mini-tournée avec les copains de Hopes of Freedom, qui sont de Caen avec qui on avait déjà joué avec notre ancien groupe à Laurène et moi, et Adaryn qui sont de Rouen et que certains ont déjà pu découvrir au ‘Cernunnos Pagan Fest’ !
L’album d’ORKHYS, « A Way », est disponible depuis le 17 septembre chez M&O Music.
Avec une telle entrée en matière, KADABRA signe un premier album qui devrait propulser le power trio vers les plus hautes cimes. Les Américains n’ont pas eu peur de nommer leur opus « Ultra », car c’est exactement l’impression qui jaillit de ces sept titres denses et de ce Stoner très Rock et accrocheur. Une bonne baigne !
KADABRA
« Ultra »
(Heavy Psych Sounds Records)
2020 n’a été une bonne année pour personne (et 2021 n’est pas beaucoup mieux, avouons-le) et aux Etats-Unis, elle a surtout été source de tensions sociales et culturelles en plus de la pandémie. Alors, devant tant de dissensions, Garrett Zanol (guitare, chant) et Ian Nelson (basse) ne sont pas restés les bras croisés et ont recruté le meilleur batteur du coin Chase Howard. KADABRA était né.
Originaire de Spokane dans l’état de Washington, le groupe se lance dans un Stoner Psych aux riffs lourds et tendus, qui offrent à la musique du combo un son étouffant et massif. L’enregistrement finalement assez rapide de « Ultra » par le musicien et producteur Dawson Scholz a ouvert les portes du label italien Heavy Psych Sounds Records à KADABRA qui, au demeurant, mérite très largement cette première reconnaissance.
Sur une base Heavy et Classic Rock, le power trio a des allures de revival, bien mises en avant par la dextérité des membres du trio et l’impact Stoner distillé aux fils des titres. Le groove à la fois lascif et soutenu permet à Garrett Zanol de partir dans des solos très 70’s insouciants et bourrés de feeling (« Faded Black », « Eagle 20’s », « Death », « Settle Me »). KADABRA s’envole dans des ambiances psychédéliques avec talent et conviction.
Les bouillonnants Norvégiens de SUNCRAFT rugissent et font résonner un bon gros fuzz comme assez rarement pour un premier album. Ludique et solide, « Flat Earth Rider » percute et envoûte de son Stoner Rock très bien écrit et furieusement Heavy. Le jeune quatuor est généreux et performant et cet opus est une pure gourmandise.
SUNCRAFT
« Flat Earth Rider »
(All Good Clean Records)
Affichant une énergie et une explosivité incroyable, SUNCRAFT livre son premier album gravé dans un Stoner Rock rugueux aux influences Doom et Hard Rock. Issu de la scène underground d’Oslo en Norvège, le quatuor avait déjà commis un EP, « Saigon » en 2019, avant d’être stoppé net dans son élan. « Flat Earth Rider » a donc été composé et enregistré l’an dernier.
Viscéralement Rock’n’Roll, les membres de SUNCRAFT semblent avoir plutôt bien pris cette sombre période tant l’écriture de l’album respire la liberté et affiche un ton très optimiste et plein d’allant. Le groove et les mélodies très accrocheuses de « Flat Earth Rider » n’empêchent pas les riffs puissants et percutants du quatuor de s’imposer de manière très fluide.
La production très organique de Ruben Willem, qui a signé quelques gros hits du Hard Rock norvégien est aussi pour beaucoup dans cette mise en lumière limpide et massive des morceaux de SUNCRAFT (« Commie Animal », « Adaptation », « Bridges To Nowhere », « Space Buddha » et l’excellent morceau-titre). Vif et ascensionnel, ce premier album des Scandinaves est une bouffée d’air pure Rock et débridée.