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Stoner Metal

Mother Iron Horse : souffre et douleur

Lorsqu’on est musicien à Salem dans le Massachusetts, on ne tergiverse pas très longtemps sur la musique qu’on a l’intention de jouer… pour peu qu’on ait quelques accointances avec ce qui touche au sacrilège et à la sorcellerie. C’est donc le chemin emprunté par MOTHER IRON HORSE depuis ses débuts et qui est plus que jamais exorcisé sur ce deuxième très bon album, « Under The Blood Moon ».   

MOTHER IRON HORSE

« Under The Blood Moon »

(Ripple Music)

Blasko, bassiste d’Ozzy et dénicheur de talents pour le label californien Ripple Music, ne perd pas de temps et enchaine les belles signatures. Et jusqu’ici, c’est un sans-faute et ce nouvel album de MOTHER IRON HORSE vient confirmer le travail et l’oreille aguerrie de l’Américain. Originaire de Salem, Massachusetts, le fougueux quatuor évolue dans un Stoner Metal épais… Le contraire aurait même été surprenant.

Fondé en 2018, le combo sort son premier EP (« The Curse ») dans la foulée et est remarqué l’année suivante par le label italien Electric Valley Records, qui sort « Old Man Satan ». L’album est une belle vitrine pour MOTHER IRON HORSE qui enchaine les concerts avant que la pandémie ne vienne mettre fin aux projets des Américains. Qu’à cela ne tienne, le groupe trouve refuge en studio pour composer « Under The Blood Moon ».

Très profond et introspectif, ce deuxième opus est aussi gras que féroce et massif. La hargne du chant et les conséquentes parties instrumentales se confondent dans une débauche sonore où occultisme et ésotérisme font bon ménage. Et avec MOTHER IRON HORSE, on plonge dans un Stoner blasphématoire et jouissif (« The Devil Works », « Nocturnal Eternal », « Samhain Dawn / Night ») On en redemande ! 

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France Heavy metal

ADX : une vision française du Metal [Interview]

Fer de lance de la scène Speed et Heavy Metal française dans les années 80, ADX est toujours fidèle au rendez-vous et a su adapter son jeu et la production de ses albums aux époques traversées. 30 ans après « Weird Visions », un opus en anglais diversement appréciée, le groupe en livre sa version française avec une approche nouvelle des morceaux et une détermination de chaque instant. Membre fondateur et dernier rescapé du line-up originel avec le chanteur Phil Grelaud, son batteur Didier ‘Dog’ Bouchard revient sur le parcours d’ADX, ses choix et ce nouvel opus, « Etranges Visions », très relevé.

– On va commencer par un peu d’Histoire pour les plus jeunes. ADX a 40 ans cette année et vous vous êtes imposés dans les années 80 sur la scène Heavy Metal française. Avec une douzaine d’albums à votre actif, quel regard portes-tu sur la scène hexagonale actuelle, vous qui faites partie des précurseurs ?

Comme dans les années 80, il y a toujours beaucoup de groupes de qualité, vraiment, et c’est malheureusement ce qu’il y a autour qui ne suit pas. Les infrastructures et tout ce qu’il faudrait ne sont toujours pas là. Je ne parle pas de Gojira, qui est plus américain que français maintenant. A côté de Mass Hysteria ou Ultra Vomit, il y a plein de groupes, mais c’est toujours aussi difficile de faire du Metal en France. Ça, on le sait depuis 40 ans, et on n’est pas surpris.

– Vous sortez « Etranges Visions » qui est la version française de « Weird Visions » sorti en 1991, et qui est d’ailleurs votre seul album en anglais. A l’époque, c’était une demande insistante de votre label Noise. Est-ce que c’est un regret aujourd’hui, ou au contraire, une bonne expérience ?

C’est du 50/50. Quand on a fait cet album, Noise et Roadrunner sont venus frapper à la porte d’ADX. Lorsque de tels labels s’intéressent à toi, c’est très flatteur. Mais il fallait faire un album en anglais, sinon ils ne nous signaient pas. Quand tu es jeune, tu te dis que tu vas faire un effort, car de leur côté, ils en faisaient un aussi, puisqu’une version française était prévue. Mais elle n’a jamais vu le jour. On a donc quelques regrets, car on a perdu des fans en France. On en a gagné en Europe et même au niveau mondial. L’album s’est assez bien vendu à l’étranger, mais en France, ça a été plus compliqué. Phil (Grelaud, chant – NDR) s’en souvient bien pour en avoir pris plein la gueule ! Phil en anglais, c’est un peu comme Bernie (Bonvoisin de Trust – NDR). C’est le franchouillard, alors on a un peu morflé. Si c’était à refaire, on pourrait mieux le faire, je pense. En attendant, ADX c’est français, ça chantera toujours en français et jusqu’au bout ! C’est bon, on a compris ! (Rires)

– L’idée de cette nouvelle version vient-elle du fait que l’ensemble de votre discographie soit en français, sauf cet album finalement ?

En fait, c’est une attente du public. Depuis 30 ans, on nous dit que cet album était bien, alors pourquoi ne pas le refaire en français ? Comme nous avons perdu pas mal de fans à la sortie de cet album, il était temps de le refaire en français et d’y mettre aussi un petit coup de jeune.

– D’ailleurs, y a-t-il des changements au niveau des textes en raison de la traduction notamment, ou est-ce que les paroles sont très fidèles aux originales ?

Ah non, pas du tout. J’ai ressorti les paroles en français, qui avaient été écrites à l’époque et franchement 30 ans après, j’avais envie de rigoler. On a gardé l’histoire et le thème de chaque morceau et on a refait toutes les paroles. 

– Musicalement, ce qui est intéressant, c’est que « Etranges Visions » n’est pas non plus la copie conforme de la version anglaise. Outre la production qui est très actuelle, on note aussi de nouveaux arrangements. Vous avez été tentés de faire beaucoup de modifications ou, au contraire, les choses se sont faites naturellement ?

On s’est mis autour d’une table et on s’est dit : voilà, en 1991, cet album était comme ça. On va garder la base, les riffs, etc… mais on va mettre une couleur actuelle et surtout celle d’ADX aujourd’hui. Pour le chant, on a donc changé les paroles. Les gratteux ont eu carte blanche, mais en gardant la base, c’est-à-dire que les solos et la basse ont été refaits. Pour ma part, la batterie à l’époque était déjà très rapide et très technique, j’y ai juste ajouté quelques trucs. On a voulu garder un peu de ce qui avait été fait en 1991 et y ajouter beaucoup de ce qui se fait actuellement.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– D’ailleurs, lorsqu’on sort une version dans une autre langue, est-ce que l’on garde constamment un œil et une oreille sur l’originale ou au contraire, on essaie de s’en défaire ?

Non, on a gardé une petite oreille sur l’originale, mais sans plus. ADX a sorti des albums très actuels récemment, comme « Bestial », par exemple, alors on voulait mettre beaucoup de couleurs autour de cette version pour qu’elle sonne aussi moderne que ce que l’on fait maintenant. C’est pratiquement un nouvel album en fait. En tout cas, pour nous, ça l’est !

– Bien sûr, l’ADN du groupe n’a pas bougé depuis vos débuts et pourtant ce nouvel album sonne résolument moderne. La production d’« Etrange Visions » est massive avec beaucoup de relief. Est-ce que vous avez travaillé différemment cette fois ?

On a travaillé comme sur nos derniers albums avec Francis Caste, qui fait partie de la famille, parce que c’est le quatrième album que nous faisons avec lui. On a bossé de la même manière. On lui a demandé de garder la patate des années 90, car l’album est assez Thrash et technique, tout en mettant ce que l’on fait actuellement au niveau du son. On voulait le mélange de l’ancien et du nouveau et, personnellement, je trouve l’album très puissant.

– Vous avez fait appel à un financement participatif pour l’album. C’est un choix délibéré pour garder une certaine liberté, ou est-ce par nécessité vu l’état de l’industrie musicale ? Car ADX possède tout de même une belle notoriété…

Nous sommes autoproducteurs avec notre petite maison à nous, mais c’est hyper difficile, car ce n’est pas notre métier. On avait déjà fait ça pour « Bestial », alors on s’est dit qu’on pourrait le refaire pour celui-ci. En fait, notre management a un peu poussé dans ce sens. On s’est dit que ça faisait un peu les mecs qui n’ont plus de sous, donnez-nous de l’argent pour faire l’album, etc… Mais, ce n’est pas ça du tout ! En fait, c’est de la prévente. Et les fans ont suivi et ça a super bien marché. Mais c’est la dernière fois que nous le faisons. On est en train de voir pour trouver une maison de disques, parce que c’est un vrai métier, même si notre équipe travaille bien.

– Parlons un peu de la scène. Est-ce qu’auparavant vous jouiez facilement les morceaux de « Weird Visions », sachant que votre répertoire est essentiellement en français ? Et d’ailleurs, est-ce que l’approche vocale est très différente ?

En fait, on a abandonné cet album environ deux ans après sa sortie. Tout ce qui était en anglais, on l’a viré ! On a donné, c’est bon ! (Rires) Quand tu fais du gros Death Metal en français avec d’énormes hurlements, ça passe. Mais avec une voix claire, beaucoup moins ! Pourtant, Trust et Warning l’ont fait et ce sont de grands groupes ! Il en faut des groupes qui chantent en français, merde !

– Enfin, depuis un bon moment, on note une grande forme des groupes français issus comme vous des années 80 avec Sortilège, Nightmare, Titan et d’autres. Sans tomber dans la nostalgie, cela ferait un beau plateau, non ?

On en parle de plus en plus. On a même commencé à évoquer une tournée. Tu sais, un truc sur le concept années 80 comme avec Patrick Juvet où on partirait sur un bateau, ou une péniche pour nous ! (Rires) Blague à part, c’est vrai que ça pourrait être sympa et je suis sûr que ça attirerait du monde. Il faudrait trouver le tourneur, c’est toujours la même chose… Actuellement, notre tourneur est en train de se battre pour les salles, car on a vraiment envie de jouer !

Le nouvel album d’ADX, « Etranges Visions », sera disponible le 19 novembre et distribué par Season Of Mist.

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Blues Folk/Americana Soul / Funk

Natalia M. King : la grâce incarnée

Si le Blues s’est révélé à elle tardivement, le coup de foudre a été immédiat et la facilité avec laquelle la chanteuse s’est approprié le style est époustouflante. La New-Yorkaise, et française d’adoption, se livre sur un album taillé sur mesure, « Woman Mind Of My Own », que des saveurs Americana et surtout Soul viennent délicatement envelopper. NATALIA M. KING se présente sans fard à travers neuf morceaux délicats et radieux.

NATALIA M. KING

« Woman Mind Of My Own »

(Dixiefrog)

Arrivée en France il y a un peu plus de 20 ans maintenant, la chanteuse NATALIA M. KING est tombée dans le Blues un peu par hasard et l’électrochoc fut une révélation. Sept albums plus tard, la New-Yorkaise rayonne littéralement sur ce « Woman Mind Of My Own », qui navigue entre Blues, Soul et Americana qu’elle incarne brillamment. Roots et raffinée, difficile de ne pas tomber sous le charme.

Accompagnée par des musiciens étincelants, l’Américaine chante avec une rare émotion des morceaux de sa composition, ainsi que trois reprises qu’elle a totalement pris à son compte comme pour mieux les incarner. Faisant preuve d’un éclectisme remarquable, NATALIA M. KING affiche d’ailleurs une belle unité tout au long de l’album, signe d’une forte et sincère personnalité.  

Sensible sur « One More Try » de George Michael, très roots sur « (Lover) You Don’t Treat Me No Good » avec le bluesman Grant Haua, la chanteuse s’offre aussi un duo de toute beauté avec Elliott Murphy sur le « Pink Houses » de John Cougar Mellencamp. NATALIA M. KING régale sur ce nouvel album d’une réelle authenticité (« Forget Yourself », « Play On », « So Far Away », « Aka Chosen »). 

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Melodic Metal Symphonic Metal

Ad Infinitum : l’histoire se poursuit…

AD INFINITUM revient déjà sur le devant de la scène avec un deuxième chapitre musclé, « Chapter II : Legacy », beaucoup plus tranchant et toujours aussi mélodique. Très varié dans son ensemble, ce deuxième opus du combo de la chanteuse suisse Melissa Bonny côtoie des ambiances épiques, atmosphériques et très Heavy sur des compositions actuelles et solides.

AD INFINITUM

« Chapter II – Legacy »

(Napalm Records)

Moins de deux ans après un premier effort très réussi (« Chapter I : Monarchy »), AD INFINITUM propose la suite avec un « Chapter II : Legacy », tout aussi bon que son prédécesseur. On retrouve avec plaisir l’ex-chanteuse d’Evenmore et de Rage Of Light, Melissa Bonny, dont le chant est encore plus assuré et puissant. Ici, pas de registre lyrique, mais au contraire, une voix claire qui porte les morceaux avec force.

Petit changement également au niveau de la couleur d’ensemble de « Chapter II : Legacy » avec un style toujours aussi mélodique, mais plus Heavy et nettement moins symphonique. Malgré un album qui s’étend sur près d’une heure, AD INFINITUM ne tergiverse pas et va à l’essentiel sur des titres fédérateurs, qui devraient certainement faire leur petit effet sur scène, d’autant que les riffs et les solos d’Adrien Thessavitz ne manquent pas de feeling.

Le combo a donc gagné en impact et en percussion avec des refrains accrocheurs et une remarquable polyvalence vocale de la part de Melissa Bonny. AD INFINITUM accueille même sur « Afterlife » un invité de choix en la présence de Nils Molin (Amaranthe, Dynazty) pour un duo très convaincant. Sans être trop chargée, la production de l’album est elle aussi très bien réalisée, offrant un opus de grande qualité.    

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Stoner/Desert

Stone From The Sky : une nouvelle pierre à l’édifice

Pour son troisième album, STONE FROM THE SKY a musclé son jeu, faisant quelques infidélités post-Rock à son Stoner Psych originel et instrumental. « Songs From The Deepwater » explore des facettes plus massives et percutantes, sans pour autant que le trio ne perde de son identité musicale. Le groupe poursuit sa progression de très belle manière.

STONE FROM THE SKY

« Songs From The Deepwater »

(More Fuzz Records)

Si la scène Stoner Rock hexagonale se porte si bien, c’est aussi grâce à des formations inventives et intenses comme STONE FROM THE SKY. Basé au Mans, le trio livre son troisième album, et voit son registre s’élargir un peu plus en s’engouffrant dans des sphères plus obscures, libérant une énergie toujours aussi fuzz, mais plus incisive et aériennes. Le groupe semble avoir trouvé sa voie.

Particulièrement bien produit, « Songs From The Deepwater » dispose d’un son qui met en lumière toute la dynamique de son Stoner Psych. Sur un groove imparable et servi par une rythmique éclatante, STONE FROM THE SKY laisse respirer ses compositions, qui s’étalent sur de belles longueurs sans être pour autant redondantes, bien au contraire (« Godspeed », « Karashi »).

Quant aux guitares, elles ont aussi pris du volume et de l’ampleur pour s’aventurer brillamment dans des atmosphères post-Rock, voire post-HardCore. STONE FROM THE SKY est peut-être un peu moins planant, mais a gagné en densité et en agressivité (« The Annapurna Healer », « City Angst », « Talweg »). Les Manceaux se montrent plus rugueux et incisifs, et ça leur va carrément bien.

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Heavy metal Power metal

Running Wild : les liens du sang

En bons pères-fondateurs du Power Metal à l’allemande, RUNNING WILD assume toujours son statut et ce 17ème album devrait facilement conquérir les fans du groupe. Dans la lignée des meilleures réalisations de sa longue discographie, « Blood On Blood » montre un quatuor prêt à donner l’assaut et partir au combat. 

RUNNING WILD

« Blood On Blood »

(Steamhammer/SPV)

Figure emblématique de la scène Heavy Metal allemande et grand précurseur du Power Metal, RUNNING WILD a laissé passer la pandémie pour mieux faire son retour avec un album brut et efficace. Le quatuor d’Hambourg est allé puiser au cœur-même de ses fondations pour composer ce « Blood On Blood », qui lui ressemble tellement. Tranchant et solide, son style est inamovible. 

L’inoxydable Rolf ‘Rolf And Roll’ Kasparek, leader incontournable depuis 1976, semble ne pas être rassasié et met toujours autant de rage et de détermination dans son chant féroce et ses riffs acérés. Quelques décennies après sa création, RUNNING WILD reste prompt à donner la leçon, et même si « Blood On Blood » n’est pas révolutionnaire, il reste percutant et terriblement Heavy.

Grâce à un line-up enfin stabilisé depuis dix ans, les Teutons ont rafraîchi leur registre, modernisé leur style et demeurent toujours aussi sincères dans la démarche (« Wings Of Fire », « Say Your Prayers », « Wild & Free », « Wild, Wild Nights »). RUNNING WILD bastonne avec une énergie intacte et conserve le feu sacré entre les mains (« Crossing The Blades », « Diamonds And Pearls »).

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Blues Rock

Joe Bonamassa : le Blues à hauteur de guitare

L’homme au costume n’en finit plus d’étonner et de séduire depuis quelques albums déjà. Beaucoup plus intime et authentique, le jeu et le songwriting du guitariste-chanteur ont rarement atteint de tels sommets. Avec « Time Clocks », JOE BONAMASSA célèbre le Blues et le Rock brillamment, tout en se montrant aussi virtuose que fédérateur. 

JOE BONAMASSA

« Time Clocks »

(Provogue/Mascot)

Du haut d’une discographie qui commence à être franchement conséquente, JOE BONAMASSA est comme le bon vin : il se bonifie avec le temps. Déjà sur son précédent album, « Royal Tea », le guitariste et chanteur avait éclairci et simplifier son jeu au profit de morceaux plus digestes et efficaces. Avec « Time Clocks », il se met à nouveau au service de ses chansons, et le pari est gagnant.

C’est à New-York avec son producteur Kevin Shirley et avec Bob Clearmountain au mix que le six-cordiste a mis en boîte « Time Clocks », et le résultat est très largement à la hauteur. Clair, dynamique et relevé, ce nouvel opus dispose d’un line-up d’une petite dizaine de musiciens venus accompagner un JOE BONAMASSA à son apogée et plus collectif que jamais. Il régale à chaque titre.

Virtuose, l’Américain se révèle de plus en plus en plus comme un songwriter hors-pair, qui n’hésite pas à se remettre en question et en se montrant aussi habile dans un registre Blues que Rock. Vocalement aussi, JOE BONAMASSA est plus assuré à l’instar de textes également plus profonds et personnels (« Notches », « The Hearts That Never Waits », « Mind Eye », « The Loyal Kind », « Hanging On A Loser »). Un album de star ! 

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Rock

Santana : le caméléon mystique

Avec ce toucher si expressif et intemporel, le grand Carlos SANTANA laisse éclater tout son feeling sur ce 26ème album, où le guitariste latino parvient encore et toujours à surgir aux côtés de musiciens à la fois proches et éloignés de sa vision très personnelle de la musique. Steve Winwood, Kirk Hammet, Chick Corea, Chris Stapleton ou G-Eazy se succèdent auprès du maître pour un « Blessings And Miracles » haut en couleur et toujours aussi inspiré.  

SANTANA

« Blessings and Miracles »

(BMG)

Après 50 ans de magie guitaristique, le grand Carlos SANTANA n’entend pas raccrocher de sitôt. Nous ayant habitué à des réalisations où se succèdent les guests de luxe, le musicien ne déroge à sa propre règle et accueille même sa fille Stella et son fils Salvador, qui ont d’ailleurs de qui tenir. Sur « Blessings And Miracles », il montre une fois encore ses prédispositions à s’adapter à n’importe quel style avec une facilité déconcertante.

Eternellement latino dans son jeu et identifiable entre mille, SANTANA semble pourtant s’amuser sur des duos parfois improbables comme « Joy » avec le chanteur Country Chris Stapleton, « Move » avec Rob Thomas de Matchbox 20 ou encore le somptueux «  A Whiter Shade Of Pale » interprété par Steve Winwood. On le retrouve puissant et psychédélique sur « Peace Power » où le leader de Living Coloür, Corey Glover, rugit littéralement de plaisir.

Après une courte prière, « Break », chantée par la texane Ally Brooke, l’Américain basé à San Francisco vient croiser le fer avec Kirk Hammet de Metallica sur « America For Sale », où l’on retrouve carrément Marc Osegueda de Death Angel au micro dans un registre très hendrixien. SANTANA n’en finit plus de surprendre et étonne encore sur ce 26ème album aussi brûlant (« Mother Yes ») que délicat (« Song For Cindy »). Chapeau bas, Monsieur.

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International Southern Rock

The Georgia Thunderbolts : la relève Southern [Interview]

Originaire de Rome, Georgie, au pied des montagnes Appalaches, THE GEORGIA THUNDERBOLTS a frappé les esprits dès son premier EP éponyme sorti l’an dernier. Le quintet américain s’est approprié avec élégance, force et savoir-faire le Southern Rock de ses aînés tout en y insufflant une vision moderne et un son étincelant. Avec « Can I Get A Witness », le groupe enfonce le clou et confirme le talent et la créativité perceptive sur son premier effort. Zach Everett, bassiste de la formation, revient sur leur démarche artistique, leur vision de la vie et ce que le Southern Rock véhicule dans sa musique.

– A l’été 2020, vous avez créé la sensation en sortant un premier EP éponyme tellement réussi qu’il a beaucoup fait parler et vous a ouvert de nombreuses portes. Comment avez-vous vécu cette période qui a été le véritable point de départ du groupe, en tout cas médiatiquement ?

L’expérience des médias avec la sortie de notre EP en 2020 a été vraiment très intéressante. Nous étions encore novices dans ce genre d’exercice et c’était à la fois une expérience et un apprentissage amusant et parfois aussi stressant ! Aujourd’hui, nous sommes bien mieux armés, même pour en jouer le plus possible.

– Entre cet EP et « Can I Get A Witness », on note une continuité dans la production avec des morceaux puissants, chaleureux et des arrangements très soignés. Quelles différentes majeures faites-vous entre ces deux enregistrements ?

L’année dernière, nous avons sorti l’EP en raison des circonstances dues à la pandémie. Ce premier album, y compris l’EP, était terminé depuis deux ans. Au niveau des compositions, nous écrivons toute notre musique ensemble à chaque fois. Nous faisons des jams, nous essayons beaucoup de choses assez simplement et on voit ce qu’il en ressort. Et c’est ce processus de création qui donne ce que chacun peut ensuite écouter.

– Votre Southern Rock tranche avec la tradition grâce à un son très actuel. Si le style a déjà un côté intemporel, dû sûrement à ses côtés Blues et Country, vous renouvelez pourtant le genre. Quel est votre regard et quel héritage retenez-vous de la période 70’s et 80’s ?

En fait, tout ce que nous avons retenu du passé et qui nous a inspiré se retrouve dans notre musique. Notre désir est aussi de vouloir transmettre tout ça aux futurs groupes pour continuer de porter le flambeau. Tout ça concerne même plus la vie que la musique, parce que la musique reflète notre quotidien et ce que l’on ressent. Le message est simple : soyez honnête, soyez alerte, travaillez dur pour atteindre un objectif et soyez vrai. Ce sont des choses que nous essayons de vivre au mieux, car c’est comme ça que nous avons été élevés. Et c’est de cette manière que naissent nos inspirations.

– Contrairement à la plupart des formations Southern Rock, vous n’affichez pas trois guitaristes, mais les claviers et le piano ont un grand rôle. C’est aussi une façon de vous distinguer et de vous concentrer sur le côté chanson plutôt que sur l’instrumental ?

Je pense que l’absence d’un troisième guitariste et d’un claviériste était un moyen très naturel et aussi imprévu pour nous distinguer des formations traditionnelles de Rock Sudiste. Pour nous, l’important est de rester les meilleurs amis du monde, en étant attentifs à ce que personne ne viennent s’immiscer dans le groupe.

– Tout en affichant un style très moderne et ancré dans son temps, vous reprenez aussi « Midnight Rider » du Allman Brothers Band. C’est une manière de leur rendre hommage et finalement de rappeler où sont vos racines musicales ?

Oui, « Midnight Rider » est résolument un hommage au Allman Brothers Band. Cela dit, c’est également et simplement le désir de reprendre une bonne chanson. A nos yeux, c’était le meilleur compromis et le pont idéal.

– Après une période où le Southern Rock a peu fait parler de lui et a livré assez peu de nouvelles productions, on assiste à un superbe revival avec des groupes comme Blackberry Smoke, Whiskey Myers, Robert Jon & The Wreck et vous-même, bien sûr. Comment l’expliquez-vous ? Il y a eu une certaine nostalgie chez les fans ?

Je pense que c’est naturellement le juste retour des choses et d’un genre. Mais tout cela s’est produit sur une assez longue période. Le socle de fans a également évolué et s’est vraiment agrandi. Finalement, nous sommes vraiment arrivés au bon moment pour aider à faire avancer cette culture et cette musique.

– Enfin, pouvoir prendre la route et remonter sur scène doit aussi vous ravir ! L’attente n’a pas été trop longue ?

Pouvoir reprendre la route a été quelque chose de formidable ! C’est là où nous nous sentons le mieux et c’est là que nous voulons être ! Fédérer le plus de monde à notre musique et passer un bon moment avec nos fans est vraiment la vie que nous aimons.

L’album, « Can We Get A Witness”, de THE GEORGIA THUNDERBOLTS est disponible depuis le 15 octobre chez Mascot Records.

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Metal Progressif Rock

Mastodon : précieux et unique

Affronter les épreuves semble magnifier MASTODON et avec « Hushed And Grim », c’est à une véritable épopée musicale que nous convie le quatuor américain. Grâce à deux décennies de stabilité dans son line-up, le groupe évolue dans une dynamique exceptionnelle et livre un double-album monumental et massif avec un aspect très intime et universel : la marque des grands. Progressif, Metal et Rock, ce huitième opus traverse le temps et les styles.

MASTODON

« Hushed and Grim »

(Reprise Records)

Bien malin qui pourrait définir cette nouvelle réalisation de MASTODON, voire en faire une chronique en réussissant à faire le tour de manière précise de ce magistral double-album, qui se pose comme un chef d’œuvre. D’une richesse inouïe et d’une incroyable densité, « Hushed And Grim » brille par la créativité du quatuor qui se propulse avec talent dans des sonorités Metal et Rock, Progressives et Stoner avec un soupçon de Psych savamment dosé.

Avec David Bottrill (Tool, King Crimson, Rush) aux manettes, MASTODON distille 15 morceaux lumineux que la mélancolie et parfois la noirceur ne parviennent pas à atténuer. Certes, « Hushed And Grim » est marqué par la perte du manageur du groupe, Nick John, et pourtant le combo de Georgie a rarement semblé aussi serein et fertile, et dans un style qui englobe habillement une matière Rock et Metal colossale.   

Ce huitième album, s’il nécessite un grand nombre d’écoutes pour en saisir toutes les subtilités et les composantes, est réellement captivant pour vite devenir addictif. Musclé sur « The Crux », « Pushing The Tids » ou « Savage Lands », MASTODON est carrément stellaire sur « Dagger » et « Had It All ». D’une cohérence qui peut s’assimiler à un concept-album, « Hushed And Grim » renferme des perles musicales incroyables (« Gigantium »). Indispensable.