Les légendes et les écrits épiques ont toujours influencé un grand nombre de groupes Metal. PROPHETIC SCOURGE est de ceux qui se sont attelés à livrer leur interprétation de l’œuvre attribuée à Homère, ‘L’Odyssée’. Avec ce deuxième album, « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey », c’est une vision et une version Death Metal très technique et massive que propose le quintet basque sur plus d’une heure intense et saisissante.
PROPHETIC SCOURGE
« Gnosis – A Sorrower’s Odyssey»
(Klonosphere/Season Of Mist)
Sorti en fin de l’année chez Klonosphere, ce deuxième album des Basques de PROPHETIC SCOURGE n’a malheureusement, comme tant d’autres, pas eu la mise en lumière qu’il méritait. Pourtant depuis 2013, le quintet ne cesse d’affiner son Death Metal, qui se fait de plus en plus technique. Le bon moment donc pour le groupe pour se lancer dans un album dont la complexité, si elle reste musicale, tient aussi au thème abordé : ‘L’Odyssée’ d’Homère.
Avec « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey», le combo s’attaque donc à un mythe, qui a déjà fait couler beaucoup d’encre et qui a aussi donné lieu à nombre d’interprétations dans de multiples domaines artistiques. Cette fois, il est question d’une vision violente et brutale des travaux du poète grec. Fort d’une technicité évidente, PROPHETIC SCOURGE donne sa version de cette épopée dans ses aspects les plus sombres.
Décliné en sept chapitres, marquant les principales étapes de l’aventure, le groupe porte un regard musclé et sauvage en faisant un focus sur les sentiments du deuil et de la culpabilité de survivre du protagoniste. Sur un rythme effréné, « Gnosis – A Sorrower’s Odyssey » s’étend sur plus d’une heure, où les riffs se font tranchants, les rythmiques lourdes et rapides tout en laissant quelques respirations au Death Metal très inspiré de PROPHETIC SCOURGE.
En près de cinq d’existence, le quatuor algérien SILENT OBSESSION compte deux EP à son actif. Si les formats sont très courts, l’ambition du combo est à l’image de son Death Metal : déterminé et volontaire. Dans un registre assez technique et brutal dans l’intention, le groupe évolue dans un univers sombre et chaotique pour ce qui est des textes. Entretien avec Max, leader de la formation.
– Max, on te connait comme fondateur, leader et principal compositeur de SILENT OBSESSION. Amorcé sous la forme d’un projet solo en 2017, tu es entouré aujourd’hui d’un groupe. Peux-tu nous présenter les musiciens qui t’accompagnent et votre parcours commun ?
Le line-up du groupe date en effet de 2017, et il a débuté avec Randa Benamara au chant, Manil à la basse et Ben Der à la batterie. Nous avons commencé à composer les titres du premier EP, « Lost », ce qui nous a pris deux ans. Peu après, Randa a dû quitter le groupe pour des raisons personnelles et a été remplacé par Danny au chant pour finaliser l’enregistrement. En juillet dernier, notre deuxième EP, « Countdown », est sorti et a été enregistré au studio Fermata à Alger avec Redouane Aouameur au chant, qui a depuis rejoint le groupe.
– Justement, vous avez sorti « Countdown » en autoproduction et il contient trois pistes dont une intro. C’est très court pour se faire une véritable idée de SILENT OBSESSION sur seulement deux morceaux. L’objectif de départ était de faire court, ou sont-ce d’autres paramètres qui vous y ont contraint ?
« Countdown » est une continuité du premier EP « Lost ». C’est vrai qu’il est court, mais on s’était lancé le défi de le faire comme ça, tout en abordant les thèmes de l’apocalypse et de la dégradation humaine.
– Sur deux titres « Countdown » s’inspire du film « Mad Max ». C’est un clin d’œil à ton prénom, ou plutôt une plongée dans l’univers apocalyptique du mythique long métrage ?
Je suis un grand fan de « Mad Max » et cela se reflète sur « Countdown » et « Lost ». Je suis à la fois inspiré par le film et par l’énergie qu’il dégage, car il montre beaucoup de similitudes avec ce qui se passe en ce moment.
– Vous évoluez dans un Death Metal rugueux et assez technique et vos morceaux ont la particularité d’être compacts et racés. On a le sentiment que le but est d’aller à l’essentiel…
Je suis inspiré par les grands groupes de Death Metal américain depuis que je suis tout jeune. J’aime la brutalité des riffs sombres et chaotiques, ainsi que la technique et le son proposé. C’est à partir de ça que j’ai commencé à développer mon oreille musicale et à composer ma propre musique.
– Vous faites aussi partie de la communauté de Metal extrême en Algérie que l’on connait d’ailleurs assez peu. Peux-tu nous en parler ? Comment se porte-t-elle et parvient-elle à se développer dans un contexte politique et religieux assez tendu ?
Après une décennie noire en Algérie, le Metal a vécu un second souffle avec des formations comme Lelahell, Paranoid Fantasy, Jugulator, Dusk et des groupes de reprises. Mais depuis que le Covid s’est propagé, les choses sont devenues assez difficiles pour la scène qui est aujourd’hui inexistante. Les groupes n’arrivent plus à trouver de salles de répétition et d’enregistrement. Le Metal algérien a souvent été considéré comme une musique de second plan, derrière le Rai ou le Chaabi. Cependant, elle n’a jamais été interdite ou bannie et elle existe depuis trente ans maintenant.
– Pour avoir écouté « Lost », votre premier EP, on note une grande progression qui se traduit dans l’aspect musical et créatif bien sûr, ainsi que dans l’intention. SILENT OBSESSION poursuit son ascension de manière constante et progressive…
Depuis le début, on essaie d’être à la hauteur pour nos fans et être toujours plus original en mélangeant les styles. Nous essayons aussi de développer notre concept et améliorer le son de nos EP. C’est l’objectif du groupe et c’est pour cela que nous poussons toujours plus loin nos idées.
– Maintenant que vous avez sorti deux EP, j’imagine que l’idée de sortir un premier album complet doit vous titiller. Où en êtes-vous de ce côté-là ? C’est toujours à l’état de projet ou est-ce que cela commence à prendre forme ?
L’album est en cours d’enregistrement et sera très différent des deux EP. Il sera très agressif et brutal avec un autre concept cette fois. Et on compte le sortir cette année.
Après le très convaincant « Auric Gates Of Veles » sorti en 2019, HARE revient déverser sa colère sur un douzième album varié et très bien produit, « Rugia ». Nar-Sil (Neolith, Embrional) fait aussi son apparition en remplacement de l’habituel batteur Pavulon, absent pour maladie. Le Death/Black Metal des Polonais claque toujours autant et sa noirceur est profonde.
HATE
« Rugia »
(Metal Blade Records)
Les Polonais de HATE déversent leur Death Metal très Black depuis trois décennies sans le lever le pied, ni défaillir. Toujours guidé par son emblématique frontman et guitariste Adam ‘The First Sinner’ Buszko, le groupe présente « Rugia », un hommage aux anciennes tribus et cultures slaves. Un douzième album sombre et décapant.
Très ésotérique, ce nouvel opus nous plonge à nouveau dans les brumes d’un Death Metal aux ambiances presque terrifiantes. HATE n’est pas là pour rigoler, même si quelques lignes mélodiques apparaissent de manière assez épisodique. Techniquement imparables, les Polonais reviennent aussi à leurs racines avec ce côté très dur qui fait leur force.
Assez épique par moment, HATE développe même des éléments atmosphériques très probants (« Velesian Guard », « Sun Of Extinction »). Mais le combo n’a rien perdu de sa férocité et elle est même d’une violence chaotique (« Resurgence », « Sacred Dnieper »). Les Polonais réussissent leur pari d’un album conceptuel rondement mené et d’une explosivité de chaque instant.
Technique et puissant, ce premier album de TOWARD THE THONE est le fruit d’années de travail de la part du quatuor. Inspiré et très bien produit, « Vowed To Decline » offre un Death Metal, qui tend vers des registres atmosphériques et même Black avec des côtés épiques très dark. Solides et massifs dans leur jeu, les Français posent une véritable chape de plomb.
TOWARD THE THRONE
« Vowed To Decline »
(Metal East Production)
Les Alsaciens de TOWARD THE THRONE ne sont pas du genre à se précipiter et la sortie de ce premier album leur donne vraiment raison. Fondé en 2012, le quatuor a déjà sorti deux EP, mais s’est surtout consacré à la scène se forgeant ainsi une belle réputation. Loin d’être usurpée, celle-ci resplendit sur « Vowed To Decline » d’où émanent de nombreuses sensations.
Si les influences suédoises sont bel et bien présentes, TOWARD THE THRONE a cependant parfaitement réussi à se créer une identité propre et originale en jouant sur les émotions et les ambiances. Cela dit, le Death Metal atmosphérique des Français sait aussi se faire brutal en injectant dans son jeu une bonne dose de sonorités Black très lourdes, sombres et véloces.
Mixé par Gwen Kerjean au Slad Sound Studio (Loudblast) et masterisé part Victor Bullok au Woodshed Studio (Celtic Frost, Pestilence), « Vowed Ton Decline » présente une très bonne production, qui brille aussi par la puissance, la précision et la minutie de TOWARD THE THRONE (« Neogenesis », « The Ashes Of Pain », « Per Ignes Mortuus », « The Sorrow », « The Inevitable Trail Of The Fall »). Le quatuor a vu et fait les choses en grand.
Percutant, Progressif et Metal, le Technical Death de CHAOS OVER COSMOS traverse l’espace et les galaxies avec une dextérité et un sens des atmosphères toujours aussi pointu et travaillé. « The Silver Lining Between The Stars », troisième album du duo américano-polonais, joue sur une grande technicité au service d’un feeling porté sur la S-F et remarquablement produit et interprété.
CHAOS OVER COSMOS
« The Silver Lining Between the Stars »
(Independent)
Un an après le très bon « The Ultimate Multiverse », CHAOS OVER COSMOS est déjà de retour avec son digne successeur. Et cette fois-ci, il y a encore du changement au niveau de ce groupe au concept peu ordinaire. Après l’Espagnol Javier Calderón et l’Australien Joshua Ratcliff, c’est aujourd’hui l’Américain KC Lyon quoi œuvre au chant dans ce duo atypique dont le Polonais Rafal Bowman reste la pièce maîtresse.
Guitariste, programmateur et principal compositeur de CHAOS OVER COSMOS, le musicien parvient parfaitement à conserver l’identité musicale depuis le premier album. Il faut aussi rappeler qu’aucun musicien ne s’est jamais rencontré et que tous les morceaux ont été composés et réalisés à distance. Comme son nom l’indique, le duo navigue toujours dans univers spacial basé sur la Science-Fiction étonnant et saisissant.
Musicalement, le Metal Progressif de CHAOS OVER COSMOS est toujours très imprégné de Technical Death et de mélodies développées notamment à travers des solos très shred, qui apportent beaucoup de lumière aux compos (« Violent Equilibrium », « The Last Man in Orbit »). Très moderne dans sa conception, ce troisième album laisse un vaste espace de liberté aux deux protagonistes qui s’en donnent à cœur-joie (« Control ZED », « The Sins Between The Stars »). Une bonne claque !
Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !
DRAEMORA – « Death Rectangle » – Independant
Basé à Seattle, DRAEMORA semble aussi véloce dans sa démarche que dans sa musique. Après avoir sorti un premier EP, « Awakening » l’an dernier, le quatuor sort son premier effort et travaille déjà sur son deuxième opus. Autant dire que les Américains enchainent et pourtant « Death Rectangle » est loin d’être bâclé. Au contraire, il regorge de créativité. Basé sur un groove incroyable combiné à des éléments Death Progressif, le combo se montre aussi musclé que mélodique grâce à des titres racés et efficaces. Très actuelle, la production de « Death Rectangle » est massive et soignée, et le niveau technique du quatuor montre de belles choses. Musicalement, DRAEMORA rappelle des formations comme Lamb Of God ou Gojira, tout en gardant une identité propre et originale. Une belle découverte.
INTERPOLER – « Search Party » – Nuclear Blast
Alors qu’il avait sorti un EP (« A Revenant Legacy ») un peu plus tôt dans l’année sans doute pour tâter le terrain, le trio californien se présente avec « Search Party », son premier album. Composé de Dimitri Baker ((guitare), Aaron Stechauner (batterie) et d’Andrew Virrueta (guitare, chant), le groupe évolue dans un Metal Progressif, qui sonne étonnamment européen. Bien servi par la production de Joey Virrueta, frère d’Andrew, INTERLOPER propose des titres matures, dont certains manquent encore un peu de pertinence et d’audace, même si l’intention est là. Peut-être un peu à l’étroit dans une formule en trio, les Américains sont pourtant solides et véloces. Les structures des morceaux sont abouties sans être trop complexes et l’aspect Heavy Metal domine le Progressif dans l’ensemble. A confirmer.
VAREGO – « Varego » – Independant/Distrokid
Fondé à Gênes en Italie il y a un peu plus de dix ans, VAREGO livre son quatrième album. Evoluant désormais en trio, le groupe livre une approche singulière et créative d’un Metal Post-Prog qui aborde bien des registres. Energique et massif, ce nouvel opus des Transalpins présente un répertoire à la fois lourd et aérien avec des riffs Stoner, quelques embardées Post-Metal et progressives. Grâce à un chant tout en nuances, VAREGO offre une large palette d’atmosphères, flirtant même avec des styles plus extrêmes, qui renvoient à des aspects plus techniques et très directs. Difficile à saisir, le trio, qui reste indépendant depuis ses débuts, montre une cohérence saisissante à travers un son très organique et puissant. Une belle surprise.
Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !
FEAR FACTORY – « Aggresion Continuum » – Nuclear Blast
Alors qu’on célèbre les 25 ans de « Demanufacture », album emblématique et inégalé du groupe, FEAR FACTORY revient avec « Aggression Continuum », son onzième opus en presque 30 ans de carrière. Désormais seul rescapé du line-up originel, Dino Cazares (guitare) semble en avoir terminé avec les procès à répétition et continue l’aventure. Etonnamment, on retrouve Burton C. Bell au chant avec une bonne prestation et, pour le reste, l’impact chirurgical est toujours à l’œuvre tant à travers les riffs que dans la froide rythmique qui sévit sur l’album. Pourtant, « Aggression Continuum » a une sonorité plus organique que ses prédécesseurs et ce malgré la présence plus marquée des claviers. Aussi, l’ensemble fait penser au chant du cygne de FEAR FACTORY, qui va devoir se réinventer, afin de retrouver la créativité et la puissance qui ont fait sa force.
FRACTAL UNIVERSE – « The Impassable Horizon » – Metal Blade Records
Originaire de Lorraine, le quatuor commence à avoir une solide discographie. Après un EP, trois albums et un Live, FRACTAL UNIVERSE signe donc un quatrième opus dans lequel le combo confirme déjà tout le bien que l’on pense de lui. Créatif, complexe et remarquablement bien produit, le groupe n’en finit de surprendre et « The Impassable Horizon » est sans doute l’une de ses réalisations les plus concluantes. Technique et mélodique, le Death Metal des Français fait aussi la part belle à des parties progressives avec même un saxophone qui se fait assez présent. Costaud et massif, FRACTAL UNIVERSE fait preuve de maîtrise et ne semble connaître aucune limite dans l’expérimentation d’un style qui se détache peut à peu. Le groupe s’avère très, très convaincant.
KOLLAPSE – « Sult » – Fysisk Format
Malgré sa courte existence et « Angst », premier album sorti il y a quatre ans, KOLLAPSE a marqué de son empreinte la scène la scène danoise et même bien au-delà. C’est aujourd’hui sous la forme d’un power trio que le groupe livre « Sult ». Hors-norme et décapant, ce deuxième opus frappe fort avec son Sludge post-Metal et post-HardCore et cette fois mâtiné de sonorités Noise, qui viennent se répandre sur des titres massifs et gras. Fracassant et puissant, le trio scandinave appuie là où ça fait mal et, entre désespoir et réalisme, « Sult » vient jeter un énorme pavé dans le petit monde du Metal. KOLLAPSE réveille autant qu’il assomme et ne laisse pas indifférent. Anticonformiste au possible, le combo affiche une force et une détermination sans faille. Une belle et grosse claque.
Après avoir sorti son deuxième album l’an dernier de son côté et entre deux déconfinements, le groupe a été approché par Listenable Records pour la distribution de « Void », petit bijou de Death Metal Progressif. LUNA’S CALL a dorénavant les coudées franches pour avancer plus librement et surtout s’adresser à un plus large public. Il faut dire que « Void » est étonnant et percutant, tout en étant très technique. L’occasion était donc trop belle pour en parler avec son chanteur et guitariste Neil Purdy.
– En dehors du fait que vous ayez sorti votre premier album « Divinity » en 2016 et que vous êtes anglais, on vous connait malheureusement assez peu en France. Pouvez-vous nous dire dans quelles conditions s’est créé LUNA’S CALL et ce qu’il représente musicalement pour vous ?
En effet, nous sommes un quatuor de Death Metal Progressif originaire du Lincolnshire, au Royaume-Uni. Tout a commencé en 2012, c’était mon projet solo alors que j’étudiais à l’université. J’ai écrit et enregistré une démo et j’ai demandé à mes colocataires de l’époque, Brad et James, s’ils aimeraient me rejoindre pour réenregistrer les parties de basse et de batterie. J’avais déjà fait partie de plusieurs groupes avec Brad (Laver – basse) et James (Batt – batterie), donc je savais que nous aurions une bonne base pour le groupe. Puis, nous avons rencontré Liam (Underdown – guitare), lors d’un concert, où il jouait avec un autre groupe. On a tout de suite su qu’il devait rejoindre LUNA’S CALL. Ironiquement, alors que nous avons tous des goûts musicaux différents, nous n’écoutons pas beaucoup de Death Metal Progressif. En fait, nous faisons la musique que nous aimerions écouter !
– Votre deuxième album, « Void », est sorti en août 2020 et la situation due à la pandémie a bouleversé beaucoup de choses. C’est pour cette raison que vous le ressortez actuellement chez Listenable Records ?
Listenable Records nous a contacté fin 2020 et nous a demandé si nous serions intéressés pour rééditer « Void ». La raison pour laquelle nous les avons rejoint est que nous voulions que notre musique atteigne un public beaucoup plus large. Le fait qu’ils prennent en charge nos ventes physiques me libère plus de temps pour travailler sur d’autres choses, comme l’écriture et l’enregistrement de nouveaux morceaux. La pandémie nous avait en fait aidé à prendre du recul par rapport à la pratique, et à nous concentrer davantage sur la promotion en ligne de « Void ».
– Par rapport au premier album, « Void » est nettement plus abouti et il semble aussi que vous soyez vraiment parvenu à définir votre style et votre son. C’est aussi votre sentiment ?
Écrire les chansons de « Void » nous a semblé beaucoup plus naturel. Après de nombreuses années à jouer ensemble, il est bon de connaître ses forces, mais aussi ses faiblesses, pour savoir comment avancer musicalement. « Divinity » était plus une expérience personnelle pour voir comment je pouvais me dépasser en tant que guitariste. « Void » a un son plus défini, mais cela changera, espérons-le, encore une fois sur le prochain album. Nous voulons continuer à être un groupe ‘Progressif’, de par la nature même de ce terme. On veut grandir, se développer et modifier notre son au fur et à mesure.
– Ce nouvel album est particulièrement bien réalisé et sa production est toute aussi massive. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré, avec qui et quelle a été votre degré d’implication dans les différentes étapes du processus ?
Nous avons réalisé la majorité de la production nous-mêmes. L’album a été écrit en l’espace d’un an et demi environ, puis on est entré en phase d’enregistrement en 2018. Nous voulions faire tout ça près de chez nous et enregistrer autant que nous le pouvions nous-mêmes. La batterie a été enregistrée dans notre studio de répétition. Nous l’avons réservé pendant cinq jours d’affilée et avons essayé d’enregistrer autant que possible. On n’avait pas de date limite pour l’album, et avec les concerts et le travail à temps plein, on a du espacer l’enregistrement de toutes les instruments. Il a parfois fallu plusieurs semaines entre les prises !
Ces courtes pauses m’ont permis de réfléchir à chaque morceau et de continuer à expérimenter d’autres idées, telles que les percussions ou les éléments orchestraux. Ce n’est que lorsque tout a été enregistré et terminé que nous avons demandé à Russ Russell de mixer et de masteriser l’album. Nous savions que Russ ferait un travail incroyable et que le disque était entre de bonnes mains. J’ai eu la chance de passer quelques jours avec lui à le regarder mixer les morceaux et dans l’ensemble, j’ai eu très peu de choses à lui demander. Dès le début, il était clair qu’il savait ce que nous essayions de réaliser avec cet album, et il est même allé au-delà.
– La musique de LUNA’S CALL est assez complexe notamment dans la structure des morceaux et à travers son aspect très technique. De quelle manière travaillez-vous et combien de temps vous a pris l’écriture de « Void » ?
Il y a une grande partie de moi qui souhaite pouvoir être un musicien capable de s’asseoir dans une pièce avec d’autres et jouer. Mais le compositeur solitaire que je suis préfère rester avec ses idées et les sculpter lentement. Habituellement, j’essaie d’intégrer dans les démos ce qui va ressembler à l’idée finale avant de les envoyer au reste du groupe. Puis, il y a encore beaucoup d’apports et de changements dans l’étape de pré-production et même pendant l’enregistrement. L’album n’ayant pas de date limite, nous avons pu expérimenter et essayer différentes approches des chansons et des arrangements.
– Votre Death Metal Progressif emprunte autant à un style très brutal qu’à des composantes de Rock Progressif plus classiques. On a souvent l’impression que contrairement à d’autres groupes, vous tenez presque à séparer et distinguer les deux registres. C’est quelque chose qui vous a paru important dans vos morceaux et sur l’ensemble de l’album ?
Il n’a jamais été dans mon intention de séparer les différents styles en deux registres. J’ai toujours essayé de me mettre au service de la chanson et cela a été un objectif majeur dans l’écriture de « Void ». Je voulais que les chansons possèdent une sensation et un flux naturels, plutôt que de se sentir forcés de passer d’une section Death Metal à du Rock Progressif. L’idée était qu’elles se fondent l’une dans l’autre. Être étiqueté comme groupe progressif me donne certainement la liberté artistique d’expérimenter et d’inclure toutes ces idées.
– LUNA’S CALL se distingue aussi à travers le chant qui est tantôt clair, tantôt growl. Est-ce parce que vous tenez à ce que certains textes soient plus compréhensibles afin de faire passer certains messages, par exemple ?
C’est un point de vue intéressant ! Je suppose que je fais ce qui sonne le mieux pour la chanson. J’essaie souvent différentes approches du chant (clean ou growls) dans certaines parties et je garde la version qui me convient le mieux au final.
– Techniquement, à travers « Void », vous êtes assez étourdissants tout en maintenant une grande cohésion sur tout l’album. Vous n’avez jamais peur d’en faire trop ? Ou au contraire, est-ce que vous vous freinez même un peu ?
On a voulu que « Void » ait des moments très techniques et extrêmes propres au Metal. Cependant, l’équilibre est quelque chose que nous voulions maintenir tout au long de l’album. Nous aimons le Death Metal Technique et même les formes extrêmes de musique progressive, mais un album entier peut, selon moi, souvent paraître épuisant et un peu fatiguant pour l’auditeur. Nous voulions que « Void » l’emmène dans un voyage, un peu comme dans un film. Il y a des moments extrêmes et d’autres plus calmes tout au long de l’album. L’essentiel est que les choses soient fraîches et intéressantes.
– Enfin, j’ai lu beaucoup d’articles sur LUNA’S CALL et tous vous comparent sans cesse à Opeth. Si le lien existe, c’est indéniable, c’est assez hallucinant et très restrictif de s’en contenter. De votre côté, vous êtes amusés ou agacés par le manque d’imagination et finalement de culture musicale de certains médias Metal ?
Un peu des deux je suppose ? Nous sommes ravis de la comparaison avec Opeth, et il me semble que tous les groupes qui impliquent à la fois du clair et de l’extrême leur seront désormais comparés par défaut. Nous avons eu cette discussion d’innombrables fois, et nous ne voyons pas d’autres raisons que celle d’avoir une gamme vocale et un style similaires. Bien que nous ne puissions nier qu’Opeth nous ait influencé en tant que musiciens, ils ne représentent qu’une petite partie du nombre d’artistes que nous aimons et par lesquels nous sommes influencés.
L’album « Void » est disponible chez Listenable Records depuis le 30 avril.
Avec son Psychedelic Death Metal, HUNDRED HEADLESS HORSEMEN part explorer des contrées musicales aussi profondes que prenantes. A travers « Apokalepsia », le quatuor finlandais propose un concept-album étonnant et riche, qui nous pousse au bord de l’asphyxie, grâce à une interprétation irréprochable et captivante.
HUNDRED HEADLESS HORSEMEN
« Apokalepsia »
(Inverse records)
Préservant son anonymat, on sait seulement de HUNDRED HEADLESS HORSEMEN qu’il s’agit d’un quatuor originaire d’Helsinki en Finlande. Le combo sort son premier opus, un concept-album autour de l’apoplexie, une maladie regroupant de multiples symptômes caractérisés par de nombreuses crises. Au programme, arrêts des fonctions cérébrales, pertes de connaissance, paralysie, suspension de la circulation du sang et de la respiration… Ambiance !
Et l’album des Scandinaves plonge dans les méandres et les ténèbres engendrés pour s’engouffrer dans un Death Metal Psychédélique, empruntant aussi des sonorités Doom et atmosphériques. Dire que la musique de HUNDRED HEADLESS HORSEMEN est très dark est doux euphémisme. Grâce à une production très soignée dont le mastering a été confié au grand Magnus Lindberg, « Apokalepsia » fait ressortir des ambiances étouffantes et oppressantes.
Dès les premières onze minutes de « The Road » qui ouvre l’album, les Finlandais font preuve de beaucoup de finesse. Les guitares pesantes et la lourde rythmique offrent un contraste assez saisissant avec le chant. Contrairement à la plupart des groupes du genre, celui de HUNDRED HEADLESS HORSEMEN est presque chuchoté et vient se fondre dans les morceaux avec un rare souci du détail (« Breath To Death », « Echoes », « Spleen »). Original et très bien ficelé, « Apokalepsia » ouvre de nouvelles voies.
Le gros coup de latte de cette fin d’année est signé des vétérans de la scène Death/Thrash française LOUDBLAST. Après plus de 30 ans de service, le quatuor assène avec constance et sur un rythme effréné son savoir-faire sur ce « Manifesto » puisant et déchainé. Le combo provoque de nouveau un séisme de forte magnitude.
LOUDBLAST
« Manifesto »
(Listenable Records)
C’est avec un line-up de choc et des musiciens au CV long comme le bras que LOUDBLAST vient se manifester pour la huitième fois. Toujours mené par l’inamovible Stéphane Buriez, le quatuor compte dorénavant dans ses rangs le bassiste Frédéric Leclercq, le guitariste Jérôme Point-Canovas et le batteur Kevin Foley en lieu et place de Hervé Coquerel, blessé au moment de l’enregistrement de « Manifesto », mais qui conserve bien sûr sa place.
Sur une énorme production signée de son leader et de HK, ce nouvel opus rentre dans le lard de façon brutale avec une multitude riffs assassins et de breaks en tout genre (« Todestrieb », « Erasing Reality »). En patron du Thrash/Death hexagonal, LOUDBLAST tient son rang entre noirceur et grosses secousses (« The Promethean Fire », « Invoking To Justify »). Agressif et violent, « Manifesto » sent la poudre.
Enregistré dans l’urgence, même si les compos étaient prêtes depuis un moment, ce huitième album n’est pas sans rappeler « Sublime Dementia » et « Cross The Threshold » pour son côté mélodique, ainsi que « Disincarnate » pour la part sombre et déchaînée. LOUDBLAST a rassemblé sur « Manifesto » ce qu’il a de meilleur et ce qui fait sa force depuis trois décennies (« Festering Pyre », « Unit 731 »). Une déferlante pleine de fureur !