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Eight Sins : smilin’ mosh [Interview]

Direction la planète Namek, celle des Dragon Balls évidemment, avec le joyeux et turbulent quatuor Thrash/HxC grenoblois qui sort son quatrième album, « Straight To Namek », et qui s’apprête à reprendre le chemin des concerts avec un enthousiasme débordant. Aux confluents de la scène Thrash californienne de la Bay Area et du Hard-Core musclé et sans concession de New-York, EIGHT SINS aborde son Crossover avec joie, auto-dérision et surtout une sérieuse envie d’en découdre… avec le sourire aux lèvres ! Entretien avec Julien Alves, batteur du combo.

– Cinq ans après l’EP « It’s A Trap », vous faites votre retour avec un quatrième album, « Straight To Namek », haut en couleur et toujours aussi féroce. Vous avez pris votre temps et cette fois, vous avez confié vos morceaux au groupe Landmvrks, notamment à Florent Salfati. Vous aviez besoin de changement, afin d’explorer d’autres sonorités ?

C’est vrai qu’on a pris plus de temps, car le Covid a aussi freiné nos ardeurs. Nous sommes tous les quatre pères de famille, d’ailleurs Loïc (Pouillon, chanteur – NDR) et moi avons eu des enfants pendant cette période, ce qui a aussi un peu repoussé l’enregistrement de l’album. Ensuite, il a fallu du temps pour se retrouver et composer de nouveau. Dans la foulée, on a pris l’initiative de faire l’album avec les gars de Landmvrks à Marseille. On ne connaissait personne de notre entourage qui avait bossé avec eux, mais vu le résultat de la production, on est vraiment super content. Ils ont archi-bien bossé !

– Malgré une grosse quinzaine d’années d’existence, vous avez lancé une campagne de financement participatif pour « Straight To Namek ». C’est une démarche de plus en plus fréquente… 

Nous sommes complètement indépendants et nous faisons tout par nos propres moyens. Même si nous avions un peu de fonds évidemment, il nous a fallu un petit coup de pouce. L’argent est le nerf de la guerre et on a sollicité un peu nos fans. Et nous avons été agréablement surpris, puisque nous avons atteint l’objectif de notre cagnotte à hauteur de 190%. On est très fier de ça, parce qu’en fait, il y a beaucoup plus de gens que ce que l’on pensait qui nous soutiennent et ça fait super chaud au cœur ! Maintenant, on espère bien le leur rendre !

– EIGHT SINS a la réputation de livrer des prestations scéniques intenses et explosives, ce qui vous a d’ailleurs permis de jouer avec de grands noms. On a l’impression que vous avez appliqué la même formule à ce nouvel album : 10 titres pour 24 minutes, c’est sacrément expédié ! « Straight To Namek » a le format d’un EP, c’était le but ?

Nous sommes un groupe de Crossover et les chansons sont plutôt courtes, c’est vrai, et elles vont droit au but ! Si tu prends certains groupes comme Terror (Punk-HxC de Los Angeles – NDR), par exemple, leurs albums dépassent rarement la demi-heure. On a souhaité garder ce format-là. De toute façon, je ne connais personne qui te met 50mn de Hard-Core dans la tronche comme ça ! Et puis, tous les titres restent bien en tête et cela donne aussi une vision globale de ce qui se trouve sur l’album. Les chansons sont vraiment taillées pour le live et on a pris soin à ce qu’il y ait de bonnes bagarres pour déclencher un bon bordel dans la fosse, tout en ayant toujours le sourire aux lèvres. Notre leitmotiv est vraiment que tout le monde vienne pour prendre du plaisir, se défouler et surtout qu’ils sortent de là avec la banane jusqu’aux oreilles !

– Vous tirez vos influences des Etats-Unis et même de ses deux côtes. La côte ouest pour ce qui est de l’aspect Thrash et New-York pour votre côté Hard-Core. La scène européenne, notamment allemande, n’a pas eu le même impact sur vous, malgré un panel tout aussi large ?

C’est vrai que c’est la même musique jouée de manière différente. Je suis assez d’accord avec toi sur le fait que nous sommes plus influencés par les Américains. Néanmoins, pour être allé dans divers festivals, j’apprécie autant des groupes comme Kreator, Sodom, Tankard et Destruction, par exemple, qui forment le ‘Big Four allemand’. Mais nous avions choisi ce format plus américain, c’est vrai.

Illustration : Chris Regnault

– D’ailleurs, pour rester sur le côté Hard-Core de votre musique, on le sent nettement moins sur « straight To Namek », sauf parfois dans le chant. Le Thrash offre plus de possibilités dans la composition, ou cela s’est-il fait sans calcul ?

En fait, on avait déjà commencé à prendre cette direction sur le EP précédent (« It’s A Trap » – NDR) en 2018, qui est plus Crossover. Nos premiers albums traitaient plutôt de sujets sérieux. Puis, de fil en aiguille, on s’est aperçu que ce que nous aimons, c’est la musique qui va vite. On aime se marrer, partir en tournée, sortir des conneries, faire l’apéro, etc… Ça peut paraître léger comme ça, mais finalement c’est ce qu’on a voulu retranscrire dans notre musique et c’est vraiment le créneau où on se sent le mieux ! Un bon mélange de Thrash et de Hard-Core ! Cela dit, il y a peut-être plus de pointes ‘thrashouilles’, car je pense que dans le Thrash, il y a plus de place pour la blagounette !

– On retrouve cette touche festive et déconnante tout au long de l’album avec des samples, essentiellement en français d’ailleurs, en intro ou en fin de morceau. Il y a un petit côté Municipal Waste et même un peu Crisix chez EIGHT SINS. On a l’impression de vous mettez un point d’honneur à ne pas vous prendre au sérieux…

Tu as entièrement raison ! En fait, on s’est aperçu que les sujets sérieux parlent toujours de drames, parce qu’on vit dans un monde qui est de moins en moins drôle. Nous, la musique est notre plaisir et notre passion, on est là pour se marrer. L’essentiel, pour les gens qui viennent nous voir, est qu’ils prennent du bon temps. S’ils se marrent et se défoulent, notre mission est accomplie. Bien sûr que Crisix et Municipal Waste, dans ce sens-là, sont des influences majeures. On a eu la chance d’ouvrir pour Municipal Waste à plusieurs reprises et à chaque fois, et même si c’est ultra-violent, on est ressorti avec la banane. C’est vrai qu’on aime prendre les choses à contre-pied.

– J’aimerais aussi qu’on dise un mot sur la pochette de « Straight To Namek », signée Christophe Regnault avec qui vous travaillez depuis un moment. Comment cela se passe-t-il ? Vous lui indiquez ce que vous souhaitez, ou a-t-il aujourd’hui tellement bien assimilé votre univers que ce n’est plus la peine, vous lui laissez carte blanche ?

En fait, il a fait ses études d’Art avec notre chanteur et c’est dont via Loïc qu’on a commencé à bosser avec lui. En fait, on lui donne une trame de base et ensuite, libre à lui de se faire plaisir. Là, l’idée était la bagarre des gentils vs les méchants. On lui a donné les personnages qu’on souhaitait voir figurer sur la pochette, et après il s’est régalé. Il a eu une demi-carte blanche, voilà !

– On a parlé des interludes en français sur l’album, mais sur « Street Trash », vous évoquez aussi votre ville, Grenoble. Que signifie ce clin d’œil et est-ce que Grenoble est véritablement la ‘Trash City’ qui vous inspire ? A moins que ce ne soit juste pour la déconne, encore ?

(Silence)… C’est mi-figue, mi-Konos comme on dit ! Il y a un fond de déconne, bien sûr. Après Grenoble, si tu veux, n’est pas réputée pour être l’endroit le plus propre de France. On s’est un peu lâché, mais c’est chez nous et on en est fier. Quelque part, c’est une sorte d’hommage aussi, d’être fier de là d’où l’on vient ! Généralement, on vient chez nous pour aller faire du ski, pas pour visiter la ville ! Mais on existe quand même !

– Enfin, on connait votre préférence pour la scène. J’imagine que ce nouvel album va vous amené sur les routes de France et peut-être même de Navarre. Est-ce qu’une tournée est déjà prévue et êtes-vous aussi confrontés aux mêmes problèmes que de nombreux groupes sur le coût que cela engendre aujourd’hui ?

C’est vrai que pour des indépendants comme nous, ce n’est pas une mince affaire de partir sur la route. Cependant, on a pas mal de concerts qui arrivent. Pour la tournée, on y travaille en ce moment. Il y a des trucs dont je ne peux pas te parler, mais il se passe des choses ! L’idée est de défendre notre album quoiqu’il arrive et bec et ongle. Avec ou sans argent, on viendra ! (Rires)

L’album d’EIGHT SINS, « Straight To Namek », et toute la discographie du groupe sont disponibles sur son Bandcamp : https://eightsins.bandcamp.com/album/straight-to-namek-3

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Avant-Garde Metal Progressif Technical Metal Thrash Metal

Voivod : l’avant-garde du Metal

Afin de célébrer de la plus belle des manières ses quatre décennies d’existence, VOIVOD a parcouru sa discographie et a choisi neuf morceaux qu’il s’est fait un plaisir de ré-enregistrer avec un son et une production actuelle, tout se réservant le plaisir d’offrir un titre inédit. Pour autant, l’esprit reste intact et les Canadiens ont même convié leurs anciens bassistes, E-Force et Jason ‘Jasonic‘ Newsted, sur quelques plages pour un revival absolument démoniaque.  

VOIVOD

« Morgöth Tales »

(Century Media Records)

Pour fêter en beauté ses 40 ans de carrière, VOIVOD a eu la riche idée de se plonger dans son back-catalogue et de revisiter avec son line-up actuel neuf titres figurant sur ses albums les plus emblématiques. Retour donc sur une période s’étalant de 1986 à 2003 et durant laquelle il est assez incroyable et spectaculaire de constater l’évolution du groupe, bien sûr, mais aussi la façon dont il a su préserver un style unique et en constante mutation. Il a ouvert la voie tout en se renouvellement perpétuellement… Une chose inimaginable aujourd’hui !

Ce quinzième album montre tout le talent, le savoir-faire, la créativité et surtout l’aspect très novateur de ce ‘Chevalier-vampire-androïd de l’ère post-nucléaire’ avant-gardiste, qui a influencé plusieurs générations de musiciens. On passe ainsi en revue la période Technical Thrash, Thrash Punk, Progressive Metal et Sci-Fi des Québécois qui n’ont eu de cesse de se réinventer. VOIVOD a retourné le monde du Metal avec tellement d’application que beaucoup ne l’ont même pas encore saisi.

On démarre avec « Condemned To The Gallows », morceau méconnu apparu sur la compilation « Metal Massacre V » en 1986 et ça défouraille ! S’en suivent avec des titres piochés sur les albums « Rrröööaaarrr », « Killing Technology », « Dimension Hatröss » (un chef-d’œuvre), « Nothingface », « Angel Rat », « The Outer Limits », « Phobos » et « Voivod ». Le festin est total jusqu’à « Morgöth Tales », l’inédit qui donne son titre à l’album. Les membres de VOIVOD se sont éclatés et cela s’entend ! En un mot : merci !

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International Speed Metal Thrash Metal

Raven : la passion du chaos [Interview]

Précurseur et même pionnier du Thrash Metal, RAVEN est toujours resté fidèle à ce style Heavy et Speed, et en mode power trio, qui fait sa force et a forgé sa légende depuis maintenant un demi-siècle. Fondé par les frères Gallagher, ossature indestructible du combo, les Britanniques sont de retour avec leur 15ème album, « All Hell’s Breaking Loose », toujours aussi rageurs et athlétiques. Entretien calme et tout sourire avec John (basse, chant).

Photo : Jay Shredder

– Votre dernier véritable album studio date de trois ans, « Metal City ». Mais l’année dernière, vous avez sorti « Leave’Em Bleeding », qui était aussi le dernier chez Steamhammer. C’était la manière la plus simple de quitter votre label avant de venir chez Silver Lining Music ?

Oui, « Leave’Em Bleeding » était une sorte de compilation, qui faisait le bilan de nos dernières années chez Steamhammer et sur laquelle on a pu ajouter des morceaux en version inédites et notamment live. Et cela tombait bien aussi, puisque le nouvel album n’était pas encore terminé. Ensuite, nous avons reçu une très belle proposition de Silver Lining Music. Steamhammer a fait du bon boulot avec nous, c’est vrai, mais ce nouveau deal nous permettait d’avoir une exposition différente et également de toucher un public plus large et un peu différent.


« All Hell’s Breaking Loose » est aussi le second album complet avec votre batteur Mike Heller et on a franchement l’impression qu’il a toujours été là. Je trouve même que c’est peut-être le meilleur line-up affiché par RAVEN depuis longtemps. C’est aussi ton sentiment ?

Oui et j’espère que c’est vrai ! (Rires) Il suffit de le voir sur scène ! Et puis, il gère très bien les interviews, la presse, les vidéos : il s’occupe vraiment de beaucoup de choses au sein de RAVEN. Il est très impliqué et il a fait du super boulot sur l’album.

John Gallagher – Photo Jay Shredder

– D’ailleurs, c’est votre 15ème album et l’an prochain, vous fêterez vos 50 ans de carrière. C’est une incroyable longévité et vous faites partie d’un cercle très fermé. Qu’est-ce que tout ça t’inspire et est-ce que tu aurais pu l’imaginer en 1974 à Newcastle ?

Bien sûr que non ! On a commencé à faire de la musique pour s’amuser et on n’aurait jamais imaginé que cela dure aussi longtemps. C’est incroyable pour nous de nous voir dans le Top 10 des groupes les plus anciens encore en activité. C’est même fou ! Aerosmith s’est formé juste deux ans avant nous, tu imagines ? (Rires) L’an prochain, nous allons essayer de préparer quelque chose de spécial pour célébrer cet anniversaire. Nous avons toujours eu cette motivation pour continuer le groupe et surtout pour faire ce que nous faisons. On a toujours voulu être meilleur à chaque album. Nous avons toujours en nous cette étincelle qui nous pousse plus loin et qui continue à nous inspirer. Et nous n’avons pas l’intention de nous arrêter en si bon chemin ! (Sourire) D’ailleurs, je pense que ce nouvel album en est un parfait exemple. Nous ferons des choses très spéciales en tournée l’an prochain, c’est une certitude.

– Vous avez enregistré ce nouvel album à Los Angeles dans vos propres studios. Vous êtes désormais installés là-bas, ou est-ce que c’est juste parce que le soleil de Californie qui vous donne toute cette énergie ?

En fait, Mike (Heller, le batteur – NDR) vit là-bas et possède son propre studio. Nous sommes en Floride avec Mark, mais cela ne change rien au processus d’écriture. Mike a apporté beaucoup d’idées et fait de nombreuses propositions pour obtenir ce son sur ce nouvel album. Pour ce qui est des arrangements, nous nous en occupons toujours tous les trois, ensemble. Nous lui avons tout envoyé : les guitares, la basse, les solos et il a fait un travail de fou avec tout ça, ainsi que sur les voix ! Il a réussi à faire un mix génial, tout en conservant ce côté très organique, qui caractérise RAVEN. Il nous a suffit de livrer la meilleure performance possible finalement.

– Cette fois encore, l’album est bâti autour des riffs et vos morceaux sont toujours très compacts. Il y a un côté intemporel dans votre écriture, ce qui fait que RAVEN sonne très actuel et moderne. Comme l’expliques-tu, car la plupart des groupes sont marqués par une époque et cela ne concerne pas seulement le son ?

En fait, on essaie de garder à l’esprit ce qui fait RAVEN : les riffs, bien sûr, un rythme soutenu, etc… mais sans jamais regarder vers le passé. On ne perd pas de vue nos racines, elles sont définitivement ancrées en nous. Et il y a aussi ce côté un peu extravagant et exagéré dans les textes, une certaine attitude de mauvais garçons peut-être aussi. Parfois, la basse et la guitare prennent des directions différentes et lorsqu’on se rend compte que ça devient un peu trop commercial : on se dit ‘Oups ! Il faut changer ça !’. Mais on garde un œil sur l’aspect mélodique, c’est un truc de fou en fait ! Il y a de l’intensité, on  frôle souvent le chaos, mais il faut que ce soit accrocheur. Notre truc, c’est notre relation de musicien et la destruction ! (Rires)

– Il y a aussi une chose que je trouve incroyable chez RAVEN, c’est que votre Heavy Thrash ou Speed Metal ne baisse pas en rapidité et en percussion. Beaucoup de groupes de votre génération ont tendance à lever le pied et diminue en intensité, mais pas vous. Quel est le secret de toute cette nervosité si généreuse ?

C’est juste qu’on adore ce que l’on fait et nous sommes très ouverts ! Je me souviens que gamin à Newcastle, ce qui me fascinait dans certains concerts, c’était justement cette intensité et cette puissance, qui étaient saisissantes. Ca me transportait littéralement. Mon héritage musical vient de là, de tout ça. Depuis, j’essaie de délivrer la même chose, les mêmes sensations que j’avais adolescent. Et il y a aussi bien sûr cette connexion avec le public, qui est incroyable. C’est aussi pour ça qu’on ne prend pas de drogue, par exemple. Si tu fais ça, tu ne peux pas capter l’attention, tu restes dans ton coin à faire ton truc. Tu comprends ça en vieillissant et tu te rends vite compte que tu n’as pas d’excuse si tu n’as pas la passion. Balancer toute cette énergie est ce que tu dois faire ! C’est ça la liberté ! Regarde les Rolling Stones, ils sont probablement meilleurs aujourd’hui qu’ils ne l’ont jamais été ! Mick Jagger n’a jamais arrêté, il n’a jamais perdu l’inspiration. Si on peut le faire, alors faisons-le ! (Rires)

John & Mark Gallagher – Photo Jay Shredder

– Tout en restant très puissant et massif, RAVEN n’a jamais négligé les mélodies. Vous les travaillez plutôt en fonction des lignes vocales ou de la guitare ?

La plupart du temps, cela vient de la guitare. Souvent, Mark (Gallagher, son frère – NDR) m’envoie des trucs par téléphone qui ne veulent pas dire grand-chose et il me dit : ‘Tu vois, c’est ça qu’il faut faire !’ (Rires) Plus sérieusement, cela vient de la musique, pas du chant. Elle dicte la structure de la chanson, mais pas seulement, elle guide aussi la mélodie qui installe le titre. Ensuite, c’est une question de feeling. Il pose des voix avec des mots qui ne veulent rien dire au début pour installer la charpente en quelque sorte. Les paroles viennent après, suivant l’ambiance, et la ligne directrice apparaît d’elle-même. La fin de la pandémie a aussi réveillé beaucoup de choses en nous et nous a ouvert tellement de voies. Il a fallu canaliser tout ça et se demander de quelle manière devaient sonner nos nouveaux morceaux et je pense que cela nous a rendu encore meilleurs. On trouvait les choses plus rapidement, les breaks venaient d’eux-mêmes… Cela a provoqué ce genre de choses chez nous. Pas mal de trucs sont devenus assez évidents et nous avons expérimentés tellement de choses également ! (Rires) Lorsque nous enregistrons un album, il y a toujours environ 20% d’improvisation en studio. C’est quelque chose que nous adorons et qui ne nous fait pas peur du tout. Il y a un peu de magie là-dedans… (Sourire)

– Enfin, beaucoup de groupes dénoncent les difficultés économiques engendrées par les tournées. Comment cela se passe-t-il pour RAVEN ? Vous n’avez pas trop de problèmes au niveau de l’organisation financièrement ?

On en a eu, oui, mais ce n’était pas de notre fait. Nous devions participer à des festivals qui ont été annulés. Mais nos fans n’ont pas demandé à être remboursé. Ils ont en grande partie gardé leur billet. Après, c’est vrai que beaucoup de choses s’annulent, car les organisateurs n’ont aucune idée du nombre de gens qui viendront et combien d’argent ils pourront faire. Ils ne prennent donc aucun risque et annulent. Ils veulent l’argent avant de faire le concert. La pandémie a bousculé beaucoup de choses également jusqu’en 2021. Depuis deux ans, les concerts ont repris et certains endroits où nous étions programmés ont reportés en gardant la même affiche. Et pour nous, c’est très bien, car nous avons un nouvel album et nous ferons tous les festivals l’an prochain, même s’il y en aura aussi cet été. Et nous allons tourner avec Saxon également en Italie, puis nous jouerons aussi quelques concerts en Belgique. Et nous serons en France le 9 septembre dans les Pyrénées pour le ‘Pyrenean Warriors Open Air’, et ensuite en Allemagne. En octobre, nous serons ici en Angleterre pour une série de concerts, puis l’an prochain en Australie et au Japon. Donc, tout va très bien !!! (Sourire)

Le nouvel album de RAVEN, « All Hell’s Breaking Loose », est disponible chez Silver Lining Music.

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Heavy metal Thrash Metal

Metallica : hors-saison

Pourquoi hors-saison ? Parce qu’intemporel, tout simplement ! Mais pas hors-jeu, ni hors-sujet ou hors-concours, non plus. Si en plus de 40 ans de carrière, METALLICA a alterné le bon, le très bon et le carrément mauvais, il faut bien reconnaître qu’avec « 72 Seasons », le quatuor renoue avec une certaine fraîcheur, une envie aussi et, avec un tel acquis, la maîtrise et le savoir-faire font encore une fois la différence. Les Américains ne font pas le grand écart, ne révolutionnent pas grand-chose mais, au fond, est-ce que c’est encore ça qu’on leur demande et qu’on attend d’eux ? Un disque de ce calibre est déjà une très belle chose.

METALLICA

« 72 Seasons »

(Blackened Recordings)

C’est toujours rigolo de s’atteler à la chronique d’un album que tout le monde déteste déjà avant même de l’avoir écouté ! Cela dit, les Californiens sont coutumiers du fait, rompus à l’exercice et surtout archi-blindés… à tous les niveaux ! Pas de quoi perdre le sourire donc pour nos amis de METALLICA. Bien plus qu’Ozzy, Megadeth ou Iron Maiden, James Hetfield et ses camarades sont sûrement les plus attendus au tournant de la scène Metal et même au-delà, si l’on en croit la palette sociale de leur public. Chaque nouvel album est par conséquent un évènement mondial et les attentes sont à la hauteur de cette démesure. 

Ayant déjà lâché quatre singles, « Lux Æterna », « Screaming Suicide », « If Darkness Had A Son » et le morceau-titre, on sait donc à quoi s’attendre de la production signée Greg Fidelman, assisté tout de même de Lars Ulrich et de James Hetfield… On ne sait jamais ! C’est massif, costaud, pas trop resserré et malgré une évidente modernité, le petit côté Old School fait du bien avec sa chaleur toujours très rassurante. METALLICA utilise ses propres recettes et on ne saurait trop lui en vouloir. Alors du haut de ses 77 minutes, de quoi est fait « 72 Seasons » et plus largement qu’est-on en droit d’attendre des Four Horsemen ?

Fidèle à lui-même, le cogneur en chef martèle tant que faire se peut ses fûts avec la métronomie qu’on lui connait. Lars Ulrich n’est sans doute pas le meilleur batteur du monde mais, quoi qu’on en dise, il est l’une des composantes majeures du style de METALLICA par son empreinte inimitable. Et que dire de Robert Trujillo, qui reste impérial de bout en bout ? Moins créatif qu’avec Suicidal Tendencies et Infectious Groove, certes, mais toujours indispensable. Aux guitares, Kirk Hammett et James Hetfield se font plaisir entre échanges bien sentis de riffs carrés et tranchants et  solos assez sobres et acérés.

Je ne vous ferai pas l’offense du ‘track by track’ que beaucoup affectionnent, d’une part parce que le tiers de « 72 Seasons » a déjà beaucoup tourner et d’autre part, car je pense que vous n’avez pas besoin de moi pour vous faire votre opinion. Mais un mot tout de même sur les moments forts, selon moi, de cette onzième réalisation studio. Sur des titres assez longs, donc peu formatés, METALLICA prend le temps de poser les atmosphères, preuve d’une grande liberté. Coup de projecteur donc sur « Sleepwalk My Life Away », « You must burn! », « Chasing Light », « Room Of Mirrors » et le génial « Inamorata ». Great job, dudes !

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Thrash Metal

Overkill : brand new old school

Si les noms du ‘Big Four’ reviennent avec insistance dès que l’on parle Thrash Metal, on a souvent tendance à négliger OVERKILL, véritable institution du genre, élément moteur pour plusieurs générations et régulièrement plus créatifs que les suscités. Encore meilleur que son prédécesseur et intéressant dans bien des domaines, « Scorched » prouve que le combo ne manque pas de ressources et encore moins d’idées.

OVERKILL

« Scorched »

(Nuclear Blast Records)

Vingtième album en 43 ans de carrière pour la légende Thrash Metal du New Jersey. C’est d’ailleurs assez rigolo de lire un peu partout que c’est le plus grand laps de temps entre deux efforts de la part d’OVERKILL. Certes, « Wings Of War » est sorti il y a quatre ans, mais si on tient compte de la pandémie, on est plutôt dans les clous. Ah, la, la ! Quand marketing et communication deviennent de si piètres arguments de vente.

C’est donc toujours sur le même rythme effréné que les Américains refont surface avec « Scorched » qui est étonnant à plus d’un titre. Toujours emmené par son frontman Bobby ‘Blitz’ Ellsworth et son bassiste Carlo ’D.D.’ Verni, derniers rescapés du line-up originel, OVERKILL assène son Thrash Metal si personnel avec une envie et une volonté intactes. Hargneux, groovy, incisif et percutant, le job est comme toujours très bien fait.

Pourtant, « Scorched » est tout en contraste et c’est même ce qui fait sa force. Le quintet ne fait pas dans le réchauffé et parvient même, contrairement à beaucoup d’autres, à se renouveler. S’il y a cet aspect Old School qui fait toujours le charme d’OVERKILL, la production est exemplaire, massive et libère une puissance toute sauvage (« Harder They Fall », « Twist Of The Wick », « Know Her Name », « Fever », « Bag O’Bones ». Classe !

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Thrash Metal

Kamala : la force du karma

Chez KAMALA, ça tabasse en règle et minutieusement et ça fait même 20 ans que ça dure ! Le trio brésilien sort son sixième opus studio (en plus d’un Live enregistré en France) et paraît avoir atteint la totale plénitude de son jeu. Avec « Karma », le combo conjugue vélocité, puissance et mélodie dans un juste équilibre très racé.

KAMALA

« Karma »

(M&O Music)

Cela fait maintenant deux décennies que KAMALA diffuse son Thrash Metal depuis Campinas au Brésil. D’une fraîche sauvagerie, la musique du combo s’affine au fil du temps forcément, mais aussi et surtout au gré des multiples changements de line-up. Il semblerait que son créateur, le guitariste et chanteur Raphael Olmos, soit en quête perpétuelle d’excellence, ce qu’on ne saurait lui reprocher.

Sur ce très bon sixième album, le frontman est entouré du bassiste Zé Cantelli et de la batteuse Isabela Moraes, tous deux rompus à l’exercice et d’une redoutable efficacité. Il faut bien avouer que la Brésilienne avoine sévère derrière ses fûts et non sans un groove certain, faisant corps avec des lignes de basse imparables. KAMALA montre les crocs et sort une fois encore l’artillerie lourde.

Sur des riffs acérés et agressifs, le power trio avance à toute allure dans un registre qui prend racine dans les 90’s et qui n’est d’ailleurs pas si éloigné de ses aînés et compatriotes Sepultura à leurs débuts. Cela dit, les Sud-Américains se démarquent grâce à une belle touche de modernité et « Karma » dispose également d’une production massive, qui élève aujourd’hui KAMALA dans la hiérarchie Thrash Metal.

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Thrash Metal

Praetor : bulldozor

Un pied en Lorraine et l’autre dans le Duché de Luxembourg, PRAETOR est solidement ancré dans un Thrash Metal percutant et sans détour. Rageur, le combo se montre facile dans un exercice très maîtrisé pour un premier album. Bien aidé par une riffeuse et soliste hors-pair, l’unité affichée se montre fracassante et très prometteuse. 

PRAETOR

« Praetor »

(Metal East Productions)

Forcément pour avoir œuvré dans des Tribute Bands dédiés à Metallica, Sepultura et Pantera, les influences de PRAETOR sur ce premier album éponyme sont manifestes. Et on ne va pas s’en plaindre ! Bien au contraire, les Franco-Luxembourgeois sont parvenus à élaborer un mix vraiment convaincant à travers des compositions musclées, efficaces et rentre-dedans.

Avec des tonalités Old School et directement marqué par l’héritage de la Bay Area, le quatuor a des arguments que les puristes de Thrash Metal trouveront familiers et addictifs. Composé d’Hugo Centero (guiatre, chant), Alex Guignard (batterie), Sébastien Gouttes (basse) et Noémie Bourgois (guitare), PRAETOR envoie du bois avec un savoir-faire de vieux briscards.

Ce premier effort présente une production puissante et massive, où les dix morceaux se libèrent dans un registre à la fois rugueux et sans concession. Véloce et groovy, le style de PRAETOR se détache rapidement de ses modèles avec des titres agressifs et mélodiques (« No Return », « Enemy », « Dormant Brain », « Screens », « Distant Road »). Une belle et grosse claque !

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Death Metal Ethnic Thrash Metal

Concrete Age : tribal vibes

Fusionnant des inspirations directement issues d’Europe de l’Est et même au-delà avec un Metal Thrash/Death, le quatuor russe CONCRETE AGE assène un style très original et personnel. Arborant des sonorités ancestrales avec un style très actuel, le quatuor n’a aucun mal à nous envoûter, grâce à des changements de rythmes et d’ambiances à la fois brutales et mélodiques.

CONCRETE AGE

« Bardo Thodol »

(Independant)

Originaires des Balkans et du Caucase du nord, les russes de CONCRETE AGE se sont établis à Londres et c’est depuis la capitale anglaise qu’ils livrent aujourd’hui leur huitième album. Basé sur un style technique Thrash et Death, le combo y injecte avec talent des sonorités ethniques aux multiples teintes pour une explosion musicale loin du folklore suranné de The Hu, notamment. Ici, on n’est pas dans la gaudriole.

« Bardo Thodol » tient son titre de l’ouvrage tibétain du même nom, que l’on traduit couramment par le ‘Livre Des Morts’ en Occident. Il s’agit d’un corpus décrivant les états de conscience et les perceptions se succédant durant le moment entre la mort et la renaissance. Et si le concept est audacieux, CONCRETE AGE réussit à rendre son album captivant, immersif et d’une puissance très bien distillée.

Entre Metal massif et musique du monde jouée sur des instruments traditionnels, le quatuor fait preuve d’une grande maîtrise et d’une technique imparable. Inarrêtable, le groupe multiplie les paysages sonores avec une inspiration qui abat les frontières avec force (« Hex », « Purity », « Lullaby For A Deadman », « Bardo Thodol », « Ridges Of Suffering », « Bezdna Of Ludost »). Solide et mélodique, CONCRETE AGE se montre conquérant.

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Hard 70's Heavy metal Thrash Metal

Dungeon Crawl & Throne Of Iron : house of dragon

Depuis quelques temps maintenant, on assiste à un certain revival des split-albums de la part de certains labels. Convaincre deux groupes de partager la même production n’est pas forcément chose aisée et que l’osmose se créé en est encore une autre. Avec DUNGEON CRAWL et THRONE OF IRON, l’entente est parfaite et la complémentarité évidente sur ce « The Side Quest » conceptuel.

DUNGEON CRAWL & THRONE OF IRON

« The Side Quest »

(Wise Blood Records)

Le label américain Wise Blood Records a eu la brillante idée de réunir deux groupes habités par le même amour du Heavy Metal et surtout la même folie. A travers ce split-album de sept titres, DUNGEON CRAWL et THRONE OF IRON se sont inspirés de ‘Dungeons & Dragons’ et on ne pouvait vraiment pas trouver mieux que ces deux furieux combos pour s’exprimer en musique sur le thème choisi ici. « The Side Quest » régale !

DUNGEON CRAWL

Et c’est le trio originaire de la célèbre baie de San Francisco qui ouvre les hostilités avec « Minions Of A Dark Master », une intro de deux minutes qui plante parfaitement le décor avant les trois brûlants morceaux à suivre. Dans une mouvance Thrash très Heavy, DUNGEON CRAWL se présente dans un style très brut, live et offensif. Alors que son album, « Roll For Your Life », vient de sortir, le groupe s’éclate encore !

THRONE OF IRON

Dans un Heavy Metal plus traditionnel, mais pas vraiment plus calme, THRONE OF IRON emboîte le pas de ses camarades et le gang de l’Indiana a lui aussi du répondant. Dans un esprit vintage façon Cirith Ungol et Manilla Road, les Américains enchainent les riffs dans un registre épique très old school et réjouissant. Vigoureux, les trois pistes ont même un goût de trop peu. Un split-album court, frontal et dynamique.

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No Return : une identité confortée [Interview]

Pionnier de la scène Metal française au début des années 90, NO RETURN continue son bonhomme de chemin, se bonifie avec le temps et surtout peaufine son style. Avec « Requiem », le quintet français conjugue puissance et efficacité sur un album qui bénéficie d’une production massive et révélatrice d’un groupe toujours en quête de performance. Fondateur et dernier membre du line-up originel, le guitariste Alain Clément revient sur ce nouvel opus et le retour de leur ancien chanteur, notamment. Entretien.

– J’ai encore en mémoire notre première interview en 1990 à la sortie de « Psychological Torment » chez Semetery Records. A cette époque où les fanzines comme Rock’n Force étaient les principaux relais et la scène Thrash/Death était composée de NO RETURN, Loudblast, Agressor, Mercyless, Misanthrope et Massacra pour l’essentiel. Et tout le monde, ou presque, est encore là. Quel regard portes-tu aujourd’hui sur vos débuts et sur le parcours du groupe ?

Ah oui, cette interview ne nous rajeunit pas, c’était hier ! On a effectivement commencé à la même période que tous ces groupes. C’était une époque où il y avait moins d’anonymat, car aujourd’hui il y a une multitude de groupes. Si je regarde l’histoire de NO RETURN, je pense que les deux premiers albums sont très importants. Pour le premier, « Psychological Torment », nous avions le batteur de Coroner, Marquis Marky, comme directeur artistique et producteur. C’était important pour nous, car nous étions jeunes et nous n’avions pas vraiment d’expérience et cet album nous a permis de tourner à la fois en France et en Europe. Le deuxième album « Contamination Rises » que nous avons enregistré à Tampa dans les studios Morrisound en Floride et qui était la capitale du Death Metal, a été très important également, car nous avons pu franchir un palier supplémentaire. Plus tard, l’album « Machinery » nous a permis, notamment en Europe, de nous faire un nom. Globalement, je suis fier de notre parcours car, même si parfois cela a été difficile au niveau du line-up ou des labels, nous avons pu au fil de toutes ces années partager notre musique dans de nombreux endroits et faire des rencontres humaines très enrichissantes.

– Onze albums en trois décennies est un bilan très honorable. Tout en restant ancré dans le Thrash/Death dans lequel s’est construit NO RETURN, comment vois-tu l’évolution de votre musique, car elle est vraiment manifeste sur cet album ?

Nous évoluons depuis plusieurs années maintenant dans un Thrash/Death mélodique. Je pense qu’on peut trouver sur cet album de nouvelles choses, car nous avons aussi évolué techniquement et cela nous apporte de la diversité, tout en gardant nos racines musicales. Nous pouvons ainsi proposer des chansons avec des atmosphères différentes. On veut mélanger le côté mélodique et l’agressivité. Je pense que c’est une bonne chose de d’offrir toutes ces possibilités et montrer ce que NO RETURN peut proposer actuellement.

– Ce qui n’a pourtant pas changé chez NO RETURN, c’est cet alliage entre le Thrash de la Bay Area et la fureur du Death suédois. Finalement, et même si le groupe a évolué pour sonner aujourd’hui différemment et très actuel, vos racines sont toujours très présentes et traversent plutôt bien l’épreuve du temps, non ?

Oui, au-delà de l’évolution musicale du groupe, il est important que ces racines soient toujours présentes et notamment ce coté Thrash de la Bay Area qui est, c’est vrai, l’ADN de NO RETURN.

– Parlons maintenant de ce nouvel album, « Requiem », tout en puissance et très bien produit. Tout d’abord, j’aimerais que l’on parle du retour de Steeve au chant, lui qui avait déjà officié sur deux albums (« Self Mutilation » et « Machinery »). Comment le rapprochement a-t-il eu lieu et qui en est à l’initiative ?

C’est Steve qui m’a contacté alors que nous recherchions un chanteur. Même si cela m’a surpris au début, j’ai vraiment réfléchi à sa proposition avec attention. Ses qualités artistiques et de frontman sont évidentes et l’expérience et la maturité qu’il a acquises au cours des 20 dernières années, ainsi que des discussions constructives, m’ont convaincu que ce serait une très bonne chose pour le groupe de travailler ensemble sur un nouvel album.

– Si l’évolution de NO RETURN s’est fait naturellement au fil du temps, « Requiem » marque, je trouve, une certaine rupture et un incroyable bond en avant. Que ce soit musicalement, vocalement et tout en restant mélodique, le groupe propose des compos massives et percutantes. A quoi cela est-il dû ? Les cinq années entre vos deux derniers albums ? Une plus grande ouverture sur d’autres registres, peut-être ?  

Ce que l’on souhaitait, c’est en fait mixer le NO RETURN de la période où il y avait Steeve et celui des derniers albums studios, c’est-à-dire un mélange de Death Metal et de Thrash assez agressif et mélodique, tout en restant moderne. Le but est vraiment de pouvoir montrer la diversité musicale du groupe en 2022 avec tous ces éléments anciens et nouveaux. Et donc ne pas jouer uniquement sur la nostalgie, car le groupe doit toujours évoluer et montrer ce que NO RETURN est capable d’aborder.

– Je sais que la question est facile, mais elle me titille ! « Requiem » est peut-être votre meilleur album à ce jour, tant dans son écriture qu’au niveau de sa production. Avec le retour de Steeve dans la balance, NO RETURN tient-il son meilleur line-up, et surtout enfin le définitif ?

Merci pour ton compliment. Nous avons essayé de faire du mieux possible, tant au niveau de l’écriture que de la production. Après comme toujours, c’est le public qui, selon ses gouts, apprécie ou pas. Artistiquement parlant, je suis très content en tout cas du résultat final, car tout le monde s’est vraiment arraché sur cet album. Et j’aimerais sincèrement que ce line-up soit définitif.

– Pour la production de ce nouvel album, vous avez confié les manettes à Olivier Didillon, qui est votre ingé-son live et à qui l’on doit aussi des albums de Manigance, Messaline et Dreamcatcher. Après avoir travaillé avec de grands noms, c’est peut-être finalement l’un de vos plus proches collaborateurs qui a su développer et peaufiner le mieux votre son. C’est une belle ironie de l’histoire et une belle satisfaction aussi, non ?

Oui, c’est une belle satisfaction, car ce choix s’est imposé comme une évidence. Olive est notre ingénieur du son live depuis plusieurs années maintenant. Il a fait plusieurs tournées européennes avec nous, dont la dernière avec Cannibal Corpse. Il connaît très bien le groupe et sait le faire sonner de manière très performante. Il est très talentueux et c’est avant tout un véritable ami doté de qualités humaines rares de nos jours dans ce milieu. Le travail et le résultat final qu’il a effectué sur ce nouvel album sont impressionnants de qualité.

– J’aimerais que l’on dise un mot aussi sur les parties de guitares et notamment sur les solos que tu partages avec Geoffroy (Lebon). Il y a une complicité palpable entre vous deux et une nette distinction dans le son et l’accroche. De quelle manière avez-vous travaillé et comment vous êtes-vous repartis les rôles ? Sans oublier le travail du riff sur les rythmiques…

Effectivement, je pense qu’il y a une bonne complémentarité et une osmose avec Geoffroy à ce niveau. Pour les solos, il n’y a pas spécialement de règles et l’idée en général, c’est vraiment de servir le morceau plutôt que d’en mettre partout. Ainsi, il peut y avoir un seul solo dans un titre, parfois deux, en fonction de l’intérêt que cela peut apporter au titre et à l’ambiance qui s’en dégage. En ce qui concerne le travail des rythmiques, on utilise la même approche. Le riff doit être accrocheur, parfois mélodique, sans être forcément trop technique, car le but n’est pas de le rendre difficile à l’écoute et qu’il soit indigeste. 

– On assiste depuis quelques années à l’émergence de très nombreux groupes français dans tout style de Metal d’ailleurs. Quel regard portes-tu sur cette nouvelle scène et est-ce qu’elle t’inspire ?

Je pense que la scène Metal française est très riche aujourd’hui tout style confondu et beaucoup plus professionnelle aussi. La diversité et la qualité fait que chacun peut y trouver son compte que ce soit dans le Heavy, le Thrash, le Death, le Black ou d’autres styles et c’est bien cela le plus important à mon sens.

– Enfin, quelle est la suite immédiate pour NO RETURN ? J’imagine que vous devez être impatients de reprendre la route ? D’ailleurs, avez-vous déjà élaboré une setlist autour de vos onze albums, ou resterez-vous concentré sur « Requiem » ?

La suite immédiate est d’effectuer la promotion du nouvel album et bien sûr, nous sommes impatients de rejouer un peu partout après cette triste période de pandémie. L’essentiel des dates arrivera en 2023. Concernant la set-list, on proposera bien évidement des morceaux de « Requiem » avec d’autres titres, mais pas autour des onze albums comme nous l’avons fait pour le live « XXX ». Le but est aussi de jouer des morceaux que nous n’avons pas joué depuis longtemps et notamment ceux de la période « Self Mutilation », ainsi que des reprises qui, je l’espère, feront plaisir au public.  

L’album de NO RETURN, « Requiem », est disponible chez Mighty Music/Target Group.