Parce qu’il y a beaucoup, beaucoup de disques qui sortent et qu’il serait dommage de passer à côté de certains d’entre eux : [Going Faster] se propose d’en mettre plusieurs en lumière… d’un seul coup ! C’est bref et rapide, juste le temps qu’il faut pour se pencher sur ces albums, s’en faire une idée, tout en restant toujours curieux. C’est parti !
MUDDLES – « Mind Muddling » – Klonosphere
C’est un vent de fraîcheur qui souffle sur ce « Mind Muddling », premier album des Français de MUDDLES. Le quatuor signe ici de bonnes compos, très abouties et très bien produites. Mélodique et percutant, le Rock Alternatif du groupe, qui tire très franchement sur le Metal, puise son énergie chez des formations des 90’s. La voix de Barbara, toute en puissance, combinée au registre de MUDDLES fait irrémédiablement penser à Skunk Anansie mais des influences, on en trouve toujours. Le combo s’appuie sur une guitare efficace et aiguisée, une solide rythmique et surtout des refrains qui font mouche et viennent s’enraciner dans le cerveau. Sobre, direct et grâce à des arrangements dthe widow,iscrets et subtils, « Mind Muddling » laisse entrevoir un bel avenir au quatuor.
EREI CROSS – « The Widow » – Klonosphere
Décidemment, Poitiers semble devenue un point névralgique en termes de créativité et, forcément, tout ce qui est Rock et Metal n’est pas en reste. Ouvertement féministe dans son propos, ce premier EP de six titres est un concentré de sonorités très variées. Difficilement identifiable musicalement, EREI CROSS avance dans un Rock Alternatif aux vastes contours, qui vont d’ambiances très Electro à des fulgurances Stoner, le tout appuyé par de gros riffs rappelant le Metal Fusion des 90’s. Autoproduit, « The Widow » affiche une très belle production, mise en valeur par des arrangements très soignés et inventifs. Le trio composé d’Adrien Grousset (guitare), Laetitia Finidori (basse, chant) et Matthieu Guérineau (batterie) compte une solide expérience que l’on ressent sur l’ensemble très mature de ce premier EP, qui laisse même un goût de trop peu.
Même instrumentale, la musique de GLEN ne manque ni de poésie, ni d’expression. Le Post-Rock Progressif du groupe berlinois prend une dimension nouvelle sur ce deuxième album, « Pull ! », parfaitement interprété et superbement bien produit. Parvenant à captiver à travers des morceaux pourtant assez longs, mais très rythmés et accrocheurs, le quatuor présente de multiples facettes dues aux parcours singuliers de ses membres. Entretien avec Wilhelm Stegmeier et Eleni Ampelakioutou pour évoquer ce nouvel opus, mais pas seulement…
– On sait que Berlin est une capitale culturelle cosmopolite et GLEN avec son line-up international en est la preuve. Comment vous êtes-vous rencontrés et sur quelles bases et quelles influences musicales avez-vous décidé de bâtir votre répertoire ?
Wilhelm : Eleni et moi sommes des collaborateurs de longue date, tant dans la musique qu’au cinéma. Nous avons collaboré sur plusieurs projets de films : Eleni en tant que réalisatrice, et moi comme compositeur de longs métrages, de documentaires et de films abstraits expérimentaux. Brendan Dougherty nous a été présenté. En plus d’être batteur, il travaille dans le théâtre en tant qu’artiste sonore et a collaboré avec l’Ensemble de danse Meg Stuarts, « Damad Goods », ainsi qu’avec divers autres groupes de danse et de performance. Nous connaissons aussi Maria Zastrow depuis assez longtemps. Elle a animé une émission dans une station de radio indépendante à Berlin, où elle nous avait invité à présenter notre précédent album « Crack ». Elle s’est demandé pourquoi nous ne lui avons pas demandé de jouer de la basse. Et comme elle avait déjà participé à un autre projet musical avec nous, on lui a simplement proposé.
– Vous venez de sortir « Pull ! », votre deuxième album et il est cette fois entièrement instrumental. Le choix de se passer de chant a été une décision que vous aviez prise dès le départ, ou est-ce venu naturellement ? Les morceaux se suffisant à eux-mêmes finalement ?
Wilhelm : Au sein du groupe, il y a toujours eu un terrain d’entente. Il y a une forte influence de l’élément narratif épique issu de la musique cinématographique, la création de nouveaux espaces sonores et de structures ouvertes aux musiques expérimentales ; et d’autre part, celle de la puissante dynamique et l’énergie du Noise, du Drone et du Rock Progressif également. Nous ne voulons pas nous limiter à produire de la musique qui contribue à un genre spécifique. Il y a une transformation constante au sein du groupe.
– Bien qu’instrumental, « Pull ! » se présente comme un album-concept. Est-ce que vous pouvez entrer dans le détail pour nous l’expliquer, et est-ce que le fait de se priver de textes complique les choses pour le côté narratif ?
Eleni : Le titre « Pull ! », ainsi que chaque titre de l’album ouvre la voie à une ambiguïté délibérée. Le morceau « Ahab » et ses illustrations font référence à Mocha Dick, une célèbre baleine agressive, mentionnée pour la première fois en 1839 dans une histoire publiée dans « The Knickerbocker » et « New-York Monthly Magazine », et qui ont probablement été une inspiration pour « Moby Dick » de Melville. Par ailleurs, il se dégage d’autres thèmes comme les personnages mythiques à domination masculine dans « Ahab », les efforts insurmontables sur « Korinth » et le bouton de rose comme énigme de « Davos », entourés de la « Montagne magique » de Thomas Mann accueillant le Forum Economique Mondial, et « Buffalo Ballet », qui est le témoin des batailles historiques de l’urbanisation, sont ouverts à de multiples interprétations. Autant, chacun de ces titres signifie quelque chose pour nous, autant ils laissent suffisamment d’espace à l’auditeur pour de multiples interprétations. Et c’est ce que nous voulions.
– Wilhelm, toi qui viens de la composition de musiques de films, tu as dû être peut-être plus à l’aise dans l’écriture de ces nouveaux morceaux, non ?
Wilhelm : Je suis venu à la musique de film, car j’étais fan de musique de film. J’aime les aspects narratifs des compositions et les paysages sonores de compositeurs comme Ennio Morricone, Pierre Jansen, Georges Delerue, Jerry Fielding ou Michael Small pour n’en citer que quelques-uns. J’aime les images que crée cette musique, même sans regarder le film. Travailler comme compositeur de film, c’est un rêve devenu réalité d’une certaine façon. D’un autre côté, c’est un engagement, car il faut servir les images du réalisateur, bonnes ou mauvaises. En travaillant sur la musique sans ces limitations, je peux servir et orchestrer mes propres images personnelles. Au-delà de cela, travailler en tant que compositeur peut aussi être une entreprise solitaire. Mais j’aime collaborer dans un contexte de groupe et apporter à la musique l’élan des autres musiciens.
– Le fait aussi que les nouveaux titres soient assez longs doit faciliter l’installation d’ambiances musicales grâce à une plus grande liberté, notamment pour un album-concept, non ?
Wilhelm : Tu as tout à fait raison. Certains effets ont besoin de temps pour se développer et s’élever. Par exemple, le rythme répétitif de « Yoo Doo Right » du groupe Can crée un vortex hypnotique qui dure 20 minutes. Cela créé une atmosphère qui rappelle la transe des percussions tribales. Sunn O))) a aussi créé un environnement transcendantal sacré avec son Drones et son volume massif. Pour ce genre de compositions, le temps est une partie essentielle de la musique. C’est un concept complètement différent d’une chanson Pop de trois minutes.
– Musicalement, l’univers de GLEN est assez vaste, même si on peut vous définir comme un groupe de Post-Rock Progressif. C’est une façon de brouiller les pistes, de ne pas se restreindre à un style ?
Eleni : Comme Wilhelm l’a mentionné précédemment, nous ne voulons pas contribuer à la musique d’un genre spécifique. On ne pense jamais à ça. Le terme « Post-Rock » contient tellement de musique et de styles différents que nous nous sentons assez à l’aise pour être définis comme tel, même si nous n’aimons vraiment pas être cataloguer de quelque manière que ce soit.
– Etonnamment, « Pull ! » est un album très technique musicalement et pourtant il est très abordable et ne présente pas de complexité apparente à l’écoute. C’est important pour vous d’être le plus « lisible » possible ?
Wilhelm : Pour moi, la musique est avant tout une expression émotionnelle et non une représentation de virtuosité et de technique. C’est une autre forme de communication. C’est merveilleux quand cette connexion émotionnelle se produit. Donc être « lisible », c’est probablement souhaité par n’importe quel musicien. Cela dit, nous ne changerons jamais un morceau ou une partie pour la rendre plus « lisible » ou consommable. En écoutant notre précédent disque, un ami a été surpris de pouvoir même danser sur notre musique… Je lui ai dit : eh bien danse ! D’un autre côté, Morricone, même avec ses compositions les plus expérimentales pour le cinéma et avec le collectif de compositeurs d’Avant-Garde Gruppo Di Improvvisazione Nuova Consananza ou The Group, a toujours réussi d’une manière ou d’une autre à créer des « Hits », en tout cas selon moi.
– Un dernier mot aussi sur votre travail avec le grand Reinhold Mack, qui a mixé l’album. Comment s’est passé votre collaboration et comment le contact a-t-il eu lieu ?
Wilhelm : Pour faire court, nous avons grandi dans le même petit village dans le sud profond de l’Allemagne… mais pas exactement au même moment. Sa famille avait un magasin de piano à côté de la maison de mes parents. Quand j’étais petit, il avait déjà du succès dans le monde de la musique. Dans le magasin de piano, ses parents avaient exposé une collection de ses disques d’or et je me tenais devant la fenêtre quand j’étais jeune, pensant qu’il y avait une sorte de sortie par là… Je me souviens juste de l’avoir sans doute vu une fois avec mon père quand j’avais peut-être trois ans dans la rue. Il portait un long manteau et des cheveux longs avec un autre gars dans le même style. Je les pointais du doigt en disant « Deatels », ce qui était censé signifier « Beatles ».
De nombreuses années plus tard, j’ai reçu un e-mail surprenant de sa part. Il était à Los Angeles et il venait de rentrer d’Allemagne. Il a allumé la télévision et a regardé un film allemand découvrant mon nom dans le générique de fin pour la musique… Calculant alors que nous étions autrefois voisins… Nous avons alors eu des contacts sporadiques. Quand on travaillait sur « Pull ! », il m’a contacté pour tout autre chose. Nous avons parlé un peu de musique et de business, je lui ai parlé de GLEN et du fait que nous travaillions sur un nouvel album.
De retour au studio, Eleni et moi étions coincés sur un morceau et on avait tendance à en faire de trop. J’avais nos échanges en tête et je lui ai dit : « Qu’aurait fait Mack ? », en pensant à la simplification parfaite de « Another One Bites the Dust ». Nous avons écouté la chanson et avons été subjugués par la parfaite production. Je lui ai alors écrit et il m’a répondu : « Si vous avez un problème, envoyez-le moi ». C’est ainsi qu’a commencé la collaboration, qui a été une belle expérience et vraiment un grand plaisir ! Au final, il a mixé l’intégralité de l’album et nous lui en sommes très reconnaissants ! Ce qui est drôle, c’est que nous ne nous sommes jamais rencontrés en personne jusqu’à présent… sauf par incident quand j’étais petit garçon… peut-être.
L’album « Pull ! » est disponible chez Anesthetize Productions depuis le 7 mai.
Ils ont beau se dire en colère et énervés, c’est pourtant avec une sacrée dose de bonne humeur et une énergie folle que le trio français THE CHRIS ROLLING SQUAD nous balance en pleine tête ce troisième album. « Cannonball Holocaust » est l’œuvre d’un power trio de fous-furieux qui fait rimer refrains accrocheurs et riffs assassins. Poussez les meubles et montez le son !
THE CHRIS ROLLING SQUAD
« Cannonball Holocaust »
(Cimex Records/Tvåtakt Records)
Invitez à la même table les Ramones, Motörhead, GBH et Slayer et vous aurez une petite idée du registre sauvage, véloce et enjoué de THE CHRIS ROLLING SQUAD. Entre la puissance du Hard Rock, l’énergie Punk et la fougue Rock’n’Roll, le trio n’a pas choisi, il a préféré se les approprier et l’idée est carrément bonne. Pied au plancher, le combo balance 14 baignes qui sont autant de bouffées d’oxygène.
Sorti il y a deux petits mois, « Cannonball Holocaust » est le troisième album de THE CHRIS ROLLING SQUAD et son premier sur les labels suédois Cimex Records et Tvåtakt Records, qui ont franchement eu du nez sur ce coup-là. Entre deux coups de speed, les riffs acérés et la très massive rythmique nous renvoient aux belles heures d’un Rock débridé, insolent et irrévérencieux à souhait.
Vocalement très en place, tant au niveau du lead que des chœurs, THE CHRIS ROLLING SQUAD rappelle des ambiances américaines (« Crazy Little Boy », « Revolution », « All Around »), des assauts très britishs (« Straight Down To Hell », « Desperate City ») et une énergie qui lui est très personnelle (« Faster », « Staying Home With Mommy », « Hollywood »). Courts et racés à l’instar des solos (!), les morceaux du trio claquent et fouettent !
Ce premier album éponyme de MAMMOTH WVH est l’un des plus attendus de ces dernières semaines et se révèle même être une petite sensation. Wolfgang, jeune multi-instrumentiste américain, n’est autre que le fils du grand Eddie Van Halen. Et entre Hard Rock et Rock US, il livre un très bon premier album et affiche déjà un style très personnel et en jouant tous les instruments sur l’ensemble du disque.
MAMMOTH WVH
« Mammoth WVH »
(EX1 Records/Explorer1 Music Group)
Vouloir marcher dans les pas de ses parents n’est jamais chose aisée et peu importe le domaine d’ailleurs. Les ‘Fils de’ sont très souvent décriés avant même d’avoir pu s’exprimer. Là où ça peut se compliquer un peu, c’est lorsqu’il s’agit d’honorer l’héritage d’une légende. Il faut beaucoup de talent et de travail et ce premier album de Wolfgang Van Halen, sous le nom de MAMMOTH WVH, relève le challenge de bien belle manière. L’hérédité est manifeste sans être démonstrative.
L’exercice est d’autant plus risqué que le fils du grand Eddie se présente sous une formule en one-man-band, et le multi-instrumentiste est franchement brillant et il impressionne même. Guitare, basse, batterie et chant, Wolfgang se présente comme un musicien plus qu’aguerri. Si on le connait déjà comme bassiste de Van Halen et surtout de Tremonti, ainsi que comme batteur de Clint Lowery, les parties de guitares et surtout le chant sur MAMMOTH WVH montrent une belle assurance et déjà une solidité à toute épreuve.
Les morceaux qui composent ce premier album éponyme, l’Américain les travaille depuis des années déjà et cela s’entend. La production très organique et aérée de Michael ‘Elvis’ Baskette (Slash, Alter Bridge, …) met parfaitement en valeur les côtés massifs de MAMMOTH WVH, tout en apportant beaucoup de profondeur sur les titres plus sensibles (« Mr Ed », « You’re To Blame », « Don’t Back Down »). Après Eddie, il faudra dorénavant aussi compter sur Wolfgang. Que ceux, qui en doutent encore, écoutent bien le Hard Rock US du fiston !
Alors qu’un nouvel album de ZZ Top se fait cruellement attendre, son guitar-hero maison, continue d’empiler les riffs et les solos imparables de son côté. Ce troisième album, « Hardware », est à l’image de BILLY F GIBBONS, c’est-à-dire mordant, classieux et tout en feeling. Et la chaleur de Joshua Tree lui va comme un gant…
BILLY F GIBBONS
« Hardware »
(Concord Records)
Alors que ses deux camarades de ZZ Top semblent en vacances prolongées, BILLY F GIBBONS passe son temps à sortir des albums solos. « Hardware » est son troisième depuis 2015 et cette fois, il comporte pour l’essentiel des compos originales pour une seule reprise (« Hey Baby, Que Paso » des Texas Tornados). Et au-delà du fait que c’est toujours réjouissant d’écouter le Texan, ce nouvel opus est vraiment très bon.
Enregistré dans le désert de Mojave en Californie (ça devait cailler au Texas !), « Hardware » est un beau panel des innombrables talents de BILLY F GIBBONS. Guitariste hors-pair et chanteur à la voix de velours, il nous transporte dans un Blues bien à lui avec toutes les facettes que l’on connait déjà du barbu. Très Rock dans son ensemble, le Boogie Blues n’est jamais loin et les titres plus calmes sont d’une habileté pleine de feeling.
Du haut de ses 77 ans, BILLY F GIBBONS envoie du bois comme au premier jour (« My Lucky Card », « She’s On Fire », « Shuffle, Step & Slide ») et varie les tempos avec une incroyable dextérité (« Vagabond Man », « Stackin’ Bones » en duo avec les frangines de Larkin Poe). Entraînant, captivant et sensible, ce troisième album est un régal du début à la fin (« I Was A Highway », « Desert High », « Spoken Words »). Bravo et merci Monsieur !
Parce qu’on n’est jamais assez prudent et qu’il vaut mieux être sûr d’être entendu, NINE SKIES ne sort pas un, mais deux albums simultanément : « Live @Prog En Beauce » et son troisième album studio « 5.20 » (Anesthetize Productions). Prolifique, mais pointilleux, le groupe de Rock Progressif français revient sur ces deux sorties et ce nouvel opus plein de surprises. Entretien avec Alexandre Lamia (guitare, piano) et Anne-Claire Rallo (claviers).
– Deux ans après « Sweetheart Grips », vous revenez avec une double-actualité : « 5.20 », votre troisième album studio, et aussi « Live @ Prog En Beauce ». Commençons par ce dernier. Dans quelles conditions a t-il été enregistré et surtout pourquoi le sortir simultanément ?
Alexandre : Le « Live @ Prog En Beauce » a été enregistré directement depuis la table de mixage du concert, donc rien n’a été ré-enregistré après, et tout est spontané !
Anne-Claire : La campagne Kickstarter pour financer l’enregistrement et la production du nouvel album « 5.20 » a rencontré un franc succès. Nous avons donc décidé d’ajouter de nouvelles récompenses en guise de remerciement. Il s’avère qu’Alexandre venait de remasteriser le son de la vidéo du live au ‘FestivalProg en Beauce’ et que nous recevions parallèlement des demandes pour avoir l’objet en CD (en plus de la vidéo YouTube déjà en ligne). C’est ainsi que le live a vu le jour en digipack, et c’est pourquoi les deux albums sortent en même temps.
– Vous qui êtes toujours très pointilleux sur le son et notamment le mix, ça n’a pas été trop déroutant de ne pas avoir pu le travailler un peu plus en profondeur, notamment piste par piste ?
Alexandre : Oui, quelque peu, même si nous n’avions pas le choix. J’ai simplement fait un mastering du mieux que j’ai pu pour pouvoir ouvrir un peu plus les fréquences et les rendre plus précises et que le son global soit également plus punchy et puissant. Mais le son d’arrivée n’est pas mauvais de base non plus !
– Malgré les distances qui vous séparent tous au sein du groupe et les changements de line-up après « Return Home », on vous sent très unis et très complices sur ce Live. C’est aussi cette sensation qui vous a motivé à sortir cette prestation sur disque ?
Alexandre : Exactement, nous avions tous très envie de pouvoir immortaliser ce concert qui est en même temps la consécration des albums, mais aussi le plaisir de jouer nos albums en live pour la première fois, en se faisant plaisir avant tout. Nous y avons mis énormément de sérieux pendant toute une résidence, et malgré la distance, nous avons pu répéter la setlist pour qu’elle soit la plus fun à jouer et la plus agréable à écouter !
Anne-Claire : Malgré les divers changements de line-up depuis le premier album, les membres du groupe ont toujours été très unis et la complicité tient un rôle très important pour nous, au-delà de la simple complicité musicale, et cela se ressent certainement de l’extérieur !
– Parlons maintenant de « 5.20 », votre troisième et nouvel album. Depuis quand travaillez-vous sur ces nouvelles compos et est-ce que la situation due au Covid vous a retardé dans l’écriture, car il y a encore un gros travail de composition ?
Alexandre : La composition de « 5.20 » a commencé environ quand l’album précédent (« Sweetheart Grips ») est sorti, comme tous les albums que nous produisons. Certaines idées viennent directement à la fin de chaque album, mais l’arrivée d’Achraf a également beaucoup boosté le processus de composition, car nous sommes désormais trois et plus seulement deux à composer les idées principales de l’album. Le Covid ne nous a pas affecté sur ce processus, car nous avons l’habitude de travailler à distance.
Anne-Claire : Cette pandémie nous a tous bien sûr affecté, mais elle a plus touché les groupes, qui avaient prévu de tourner. Nous venions de réaliser le Prog en Beauce, mais n’avions pas encore de tournée programmée. Nous avons eu deux dates annulées, mais nous avons certainement été moins touchés sur ce point-là que d’autres groupes. Nous nous sommes vraiment concentrés sur la réalisation de « 5.20 ».
– Autour du noyau dur présent sur « Sweetheart Grips », vous accueillez aussi Achraf El Asraoui au chant et à la guitare. Alors que le line-up de NINE SKIES est déjà étoffé, qu’est-ce qui vous a poussé à l’inviter à vous rejoindre, et quel est son parcours ?
Alexandre : Achraf possède un univers qui lui est propre, et quelque part, c’est ce que nous recherchions. Nous voulons avant tout que NINE SKIES soit une surprise, autant pour les auditeurs que pour nous-mêmes. Nous cherchons à surprendre et à nous surprendre, et nous renouveler constamment. Achraf a une voix et un timbre très personnels, un formidable feeling et une superbe ouverture d’esprit. Ce qui nous permet d’étendre nos horizons de composition toujours plus loin.
Anne-Claire : Son projet solo se nomme « Achelas ». On y retrouve toutes ses influences et je vous invite fortement à découvrir ce fabuleux mélange musical.
– La principale particularité de « 5.20 » est qu’il se présente comme un album acoustique. Là encore, pourquoi ce choix ? C’était un moyen pour vous d’explorer d’autres sphères musicales, peut-être moins artificielles ?
Alexandre : Exactement. Nous avons toujours été touchés par les instruments, les vrais. Et nous voulions le concrétiser dans cet album purement acoustique, et expérimenter ce qui est possible de faire avec les instruments que l’on utilise tous les jours, sans artifice, et sans alternative. NINE SKIES se veut en constant mouvement, et dans différentes phases d’exploration musicale à chaque album.
– L’autre nouveauté est la présence d’un quatuor à cordes, qui apporte des sonorités très orchestrales et organiques. L’objectif était de franchir les frontières du Rock et de donner une couleur plus intemporelle à l’album ?
Alexandre : Oui et également de pouvoir appuyer le côté acoustique, cinématique et introspectif de l’atmosphère. Il y a un côté magique à intégrer un quatuor de cordes, comme si l’on ajoutait de la magie, de l’étincelle harmonique à une composition.
Anne-Claire : De par sa formation initiale de violoniste, Eric a pu penser des parties de cordes sur les démos et les enregistrer. Nous avons ensuite fait appel au talent de Cath (Lubatti) pour enregistrer les violons et l’alto et Lillian (Jaumotte) le violoncelle en studio.
Photo : Marc Auger
– « 5.20 » est aussi plus intimiste que ses prédécesseurs, alors que NINE SKIES n’a jamais compté autant de musiciens dans ses rangs. C’est assez paradoxal, non ? C’était une sorte de challenge ?
Alexandre : Cela s’est fait naturellement, et effectivement nous ne comptons jamais le nombre de membres dans nos albums, et nous privilégions plutôt ce qu’un membre, même ponctuel, peut apporter à une atmosphère. Nous avions pensé, par exemple, ajouter un joueur de Oud à un moment pour cet opus, ou une harpiste. Peut-être pour les prochains !
– Comme d’habitude, l’album compte des guests prestigieux. Comment s’est porté votre choix cette fois-ci, et quelle a été leur liberté de création à chacun sur ces nouveaux morceaux ?
Alexandre : Nous sommes encore sous le choc d’avoir à nos côtés Steve et John Hackett, ou encore Damian Wilson. Ca a semblé comme une évidence de les appeler car, bien évidemment, nous admirons leur talent et les musiciens qu’ils sont, et leur sensibilité se rapproche énormément de la direction que l’on voulait prendre sur cet album. Quel bonheur qu’ils aient accepté !
Anne-Claire : Ils ont bien évidemment été totalement libres d’apporter leurs idées et leur talent créatif sur les chansons. Ce sont des musiciens hors du commun et ils ont une extraordinaire capacité à cerner l’ambiance musicale et l’atmosphère d’un morceau. Damian (Wilson) m’a d’ailleurs aidé à apporter quelques améliorations ‘bien anglaises’ au texte de « Porcelain Hill ». C’était une expérience extraordinaire.
– Un dernier mot au sujet du titre de l’album, « 5.20 », qui a une connotation très moderne contrairement à la pochette et son visuel très classique. Décidemment, NINE SKIES est fait de contrastes et de paradoxes une fois encore…
Alexandre : Je pense que c’est la définition même de NINE SKIES, composer des paradoxes, à l’image de la vie. Quand nous sommes libres et que nous ne mettons aucune barrière à notre art, les paradoxes viennent d’eux-mêmes, mais nous les laissons envahir notre univers car c’est aussi grâce à ça que les gens peuvent être touchés par les choses de la vie, ou l’art en général. C’est un concept qui peut se vouloir absurde, mais il prend tout son sens si l’on peut interpréter ces paradoxes pour nous-mêmes.
Anne-Claire : c’est aussi la magie d’une atmosphère onirique comme celle-ci. La poésie et les métaphores qui rentrent en jeu au-delà de la musique permettent une lecture à plusieurs niveaux et chacun peut y trouver son compte, parfois même redécouvrir sa propre interprétation au fil des écoutes.
Les albums de NINE SKIES sont disponibles sur leurs sites :
Sous ses airs de jeune premier, QUINN SULLIVAN est loin d’être un petit nouveau. Depuis plus de 10 ans, le songwriter américain présente un Blues Rock rafraîchissant, léger et pourtant tout en virtuosité. Très bon guitariste, sa prestation vocale est aussi très solide et démontre une créativité au service de ses multiples talents et d’un grand feeling.
QUINN SULLIVAN
« Wide Awake »
(Mascot Label Group/Provogue)
Auteur, compositeur, chanteur et guitariste virtuose, QUINN SULLIVAN fait partie de ces jeunes prodiges comme les Etats-Unis savent en produire. A seulement 22 ans, le natif du Massachusetts livre son quatrième opus, « Wide Awake », d’une fraîcheur incroyable et d’une étonnante maturité. Lorsque l’on sait que son premier album date de 2011, on ne peut que saluer son parcours sans faute.
Le jeune musicien a mûri comme on peut le constater sur « Wide Awake ». L’apprenti bluesman a pris du galon en côtoyant notamment son héro Buddy Guy ou Carlos Santana et en foulant des scènes prestigieuses aux quatre coins du monde. Produit par Oliver Leiber (Aretha Franklin, Beth Hart), les 12 morceaux de QUINN SULLIVAN prennent un éclat d’une authenticité et d’une sincérité rares à cet âge.
Sans entrer de plein pied dans un album de Blues pur, le guitariste évolue dans un Rock US, assez californien d’ailleurs, et des ambiances plus Soul et Funk… toujours avec une teinte bluesy. Les thématiques du style sont toujours aussi présentes, mais d’une manière très moderne et QUINN SULLIVAN s’avère être un excellent songwriter (« All Around The World », « In A World Without You », « You’re The One », « Keep Up »).
Aussi brut dans l’attitude que dans sa musique, ACID’S TRIP débarque avec un premier album fortement imbibé de Rock’n’Roll aux effluves bluesy et Southern. Originaire de Göteborg en Suède, le quatuor vient de livrer un « Strings Of Soul » aussi ébouriffant qu’intemporel entre riffs Hard Rock et ambiance Psych. Anna, guitariste et chanteuse de la formation, revient sur la conception de ce premier album et aussi sur sa vision de la musique à travers le groupe.
– Avant tout, j’aimerais qu’on revienne sur la formation d’ACID’S TRIP en 2018. Tu jouais avec Honeymoon Disease jusqu’à ce moment-là. Que s’est-il passé ? Tu as senti que c’était le moment de passer à autre chose ?
ACID’S TRIP est né dans mon esprit bien avant que nous ayons jamais parlé de nous séparer avec Honeymoon Disease. Je voulais jouer un Rock plus dur et plus technique, et je n’avais pas le sentiment que le groupe était le bon pour ce genre-là. Je voulais donc créer ACID’S TRIP en tant que groupe parallèle, tout en conservant Honeymoon Disease pour continuer d’exprimer ma créativité. Mais après la dernière tournée espagnole, les autres membres ont abandonné et je n’ai eu d’autre choix que de me concentrer à 100% sur ACID’S TRIP, qui est alors devenu mon groupe principal. C’est ce qui pouvait arriver de mieux d’ailleurs. J’adore le mélange de Soul et de Hard Rock que nous produisons, et nous ne pourrions pas être plus heureux de la sortie de notre nouvel album. J’ai même l’impression que nous venons juste de commencer à jouer même si ça fait déjà trois ans. Le temps passe si vite quand on s’amuse !
– Avec ACID’S TRIP, on a l’impression d’un retour aux sources du Rock’n’Roll avec un son brut, efficace et sans concession. C’est l’objectif ? Aucun artifice ?
Oui, notre principal objectif était ce retour aux sources avec un son plus brut et technique même s’il reste facile d’accès. Nous aimons les riffs intelligents, amusants mais qui sont bien pensés et qui donnent une note personnelle à la tonalité dans laquelle nous jouons. Ce genre de riffs est original, car il n’y a pas beaucoup de groupes aujourd’hui, qui consacrent autant de temps juste pour trouver « ce riff parfait ». De nos jours, tout semble axé sur une voix entraînante et des accords Rock, ce qui n’est pas grave, mais les gens ne se souviendront plus de ces morceaux dans quelques années. Notre album fait partie de ceux qui dureront des décennies et plus, vous ne vous ennuierez jamais en l’écoutant. Laissez-vous aller !
– Et il y a cette superbe Flying V sur laquelle tu joues. On en voit beaucoup trop peu depuis un moment, et notamment dans la nouvelle génération. J’imagine qu’il y a une histoire personnelle autour de cette guitare aussi, non ?
Ouais, ma Vera est ma principale et la seule guitare sur laquelle que je joue en fait. J’ai aussi une excellente guitare JPN SG, mais elle est ma guitare de secours en tournée, car j’aime un peu trop la V. J’ai vu cette édition spéciale de 1998 en 2014-2015, lorsque je passais devant un magasin de guitares ici à Göteborg. Je l’ai vu à travers la vitrine et 10 minutes plus tard, j’ai acheté la guitare de mes rêves. Elle a un son génial et surtout, le manche me parle et je joue beaucoup mieux. Les guitares sont très personnelles et j’adore la forme en V. J’élargirai ma collection V, lorsque le groupe atteindra les grands charts ! (Rires !) Et si Gibson lit ceci, passez-moi un coup de fil !!!
– Avec une inspiration très 70’s, ACID’S TRIP est résolument ancré dans son temps entre Rock lourd et Stoner Psych. L’accent est aussi porté sur un groove imparable et une folie permanente dans l’attitude, comme une sorte de défouloir très orchestré finalement. C’est votre comportement qui guide votre musique, ou l’inverse ?
Oui, c’est l’amour de vieux groupes comme Captain Beyond, The Dead Boys, MC5 et le Kiss des 70’s à leur apogée. Nous écoutons beaucoup de musique Rock et Heavy, et depuis que je collectionne les vinyles, j’ai écouté des milliers de disques qui ont perfectionné mon style d’écriture et la façon dont j’entends les mélodies. Tout ce que j’écris fait référence à quelque chose que j’ai entendu auparavant, et cela sonne comme je l’entends. J’adore l’album, car il a une âme, peu de groupes de Rock aborde le Rock de cette façon.
– J’aimerais que tu me dises un mot sur l’intro de l’album, « Prelude », elle aussi très originale. Quand on connait la suite de « Strings Of Soul », on imagine que vous avez voulu désorienter votre auditoire dès le début, non ?
Quand l’album était presque terminé, il nous restait quelques notes d’orgue à enregistrer. Mon père jouait sur tous les disques Honeymoon Disease, alors je lui ai demandé s’il voulait aussi le faire sur l’album d’ACID’S TRIP. Je connais sa façon de jouer, et lui celle dont je chante les mélodies. C’est comme ça aussi que j’entends les arrangements de chorale et ça sort naturellement pour moi. Je lui ai demandé de jouer un morceau mélancolique auquel j’ajouterai plus tard des voix. Je veux que les gens réfléchissent lorsqu’ils écoutent notre album, et « Prelude » était un moyen de mettre les gens de bonne humeur. Certaines personnes aiment ça et d’autres veulent juste des chansons Rock pour ensuite passer à l’album suivant. Je viens du milieu Psych Prog avec beaucoup de Blues, et on ne peut pas donner une âme à un album sans une bonne intro à mon avis.
– Avec ACID’S TRIP, on touche au Hard Rock un peu Old School, mais aussi à des ambiances Stoner, bluesy et même Southern. En, fait, vous êtes un groupe de cow-boys and girls scandinaves des temps modernes ! C’est ça ?
(Rires) Oui, je suppose que oui ! Quand je cherche une grande variété d’émotions, je mets du Lynyrd Skynyrd. Quand j’ai besoin de réfléchir à quelque chose, je me tourne plutôt vers des sons de Floride, et quand j’ai besoin d’inspiration pour des harmonies, je mets du Allman Brothers et du Big Mama Thorton. Et quand j’ai besoin de vitesse, les Hellacopters sont le meilleur choix. Et voilà, vous avez le mix d’ACID’S TRIP ! Le voyage que j’ai fait en 2018 à Nashville puis à Jacksonville, en Floride, m’a vraiment donné une perspective sur les choses et j’ai réalisé que le Rock peut être beaucoup plus que simplement maltraiter des guitares. Bien que ce soit amusant à faire, il faut être plus intelligent que ça.
– Vous avez entièrement enregistré « Strings Of Soul » vous-mêmes, qui a ensuite été mixé et masterisé par Ola Ersfjord. La première étape était importante pour vous, afin de délivrer ce son particulier qui forge vraiment l’identité d’ACID’S TRIP ?
Je pense que oui, surtout quand il s’agit du chant et de toute la production de l’album. Lorsque vous entrez en studio, le résultat est souvent ce que le producteur est capable de faire. Cela peut être une expérience vraiment géniale et qui peut également améliorer la qualité de l’album, car c’est un travail de professionnel. Mais cela peut aussi compromettre le son, le rendre trop commercial et « trop » clean, car il n’y a plus de place pour les erreurs et les joyeux petits accidents. J’ai pris le rôle de producteur pour cet album, ce qui m’a pris beaucoup de temps et d’efforts. Sans mon intervention, l’album aurait probablement un son plus moderne, ce qui pourrait être une bonne chose. Mais nous voulions garder l’ambiance que nous avions sur ce projet : beaucoup de café et de longues heures passées à répéter. J’ai fait le chant dans une pièce sombre toute seule, ce qui a été une expérience formidable. J’ai fait confiance à mon instinct et ça s’est bien passé.
– Assez rapidement et notamment du à la qualité de vos concerts, vous vous êtes faits remarquer par le patron du très réputé label underground Heavy Psych Sounds Records. C’est une belle récompense, en plus d’être la maison de disques idéale pour vous aussi, non ? Elle vous ressemble beaucoup…
Elle nous ressemble beaucoup, c’est vrai. Oui, on adore Heavy Psych Sounds Records ! Le label nous a vraiment pris sous son aile et nous n’aurions pas pu avoir de meilleurs partenaires dans ce domaine. L’ambiance et le style sont parfaits pour nous. Et c’est très direct !
– Le printemps est là et la pandémie semble nous laisser un peu respirer. Avec un album encore tout chaud, vous devez bouillir d’impatience de remonter sur scène ?
Absolument, mais à l’heure où nous parlons, nous prévoyons des concerts pour 2022, car nous ne voulons pas le faire cet automne. Il y a de grandes choses à venir et nous visons les festivals pour l’année prochaine. L’album est pertinent et il le sera encore à l’avenir !
L’album « Strings of Soul » d’ACID’S TRIP est disponible chez Heavy Psych Sounds Records depuis le 7 mai !
L’heure pour WINE GUARDIAN de briller au sein de la scène Metal et Rock progressive italienne, et même au-delà, serait-elle enfin venue ? Avec « Timescape », le trio affirme son style et se montre percutant et inventif. Après un EP et un premier album autoproduits, les Transalpins paraissent plus prêts que jamais.
WINE GUARDIAN
« Timescape »
(Logic II Logic Records/Burning Mind Music)
Présent sur la scène Metal progressive depuis maintenant 13 ans, WINE GUARDIAN ne livre pourtant que son deuxième album après un premier EP en 2014. Malgré une discographie peu étoffée, les Italiens se sont fait rapidement remarquer et « Timescape » vient confirmer tous les espoirs placés en eux. Et avec ce nouvel opus, le trio devrait enfin prendre son envol.
Après avoir évolué sur ses premières réalisations dans un registre rappelant Queensrÿche, Savatage et Fates Warning, WINE GUARDIAN a considérablement modernisé son jeu, tout en gardant des sonorités Heavy Metal très marquées. Et les Transalpins ont également conservé un côté très Rock, ne se privant pourtant pas quelques expérimentations tout en restant toujours aussi pertinents.
Avec « Timescape », Lorenzo Parigi (guitare, chant), Stefano Capitani (basse) et Davide Sgarbi (batterie) se montrent particulièrement inspirés et la qualité technique affichée et très bien mise en valeur sur une production précise et soignée (« Chemical Indulgence », « Digital Drama », « The Luminous Whale » et le très bon « The Astounding Journey »). WINE GUARDIAN déploie une belle créativité et on attend la confirmation.
Insaisissable, imprévisible et cavalièrement libre, ZARBOTH n’a aucune étiquette et pour cause : le groupe se les ait toutes accaparé. Des influences en tout genre, il y en a aussi, mais on retient surtout que les Parisiens ont su créer leur propre style fait d’impertinence, d’une charmante folie et surtout d’une technicité incroyable. « Grand Barnum All Bloom » s’adresse à celles et ceux à l’esprit ouvert et qui aiment les grands écarts.
ZARBOTH
« Grand Barnum All Bloom »
(Peewee!)
Ne cherchez pas à mettre ZARBOTH dans une case, elle sera de toute façon trop petite. Le trio déconstruit avec minutie tous les styles et tous les genres (ou presque) pour créer un édifice sonore comparable à une véritable cathédrale musicale. Tout s’entremêle et s’entrechoque avec une étonnante fluidité et un groove exceptionnel. Les Parisiens ne sont atypiques, ils sont hors-normes… et ça fait du bien !
Les amateurs de Zappa, des frasques de Mike Patton, des fulgurances Funk-Rock de Fishbone et d’autres expérimentations néo-Prog ou proto-Metal vont se régaler avec ce « Grand Barnum All Bloom » aussi sauvage que mélodique. Toujours guidé par l’inclassable duo mené par Etienne Gaillochet et Phil Reptil, deux musiciens-compositeurs touche-à-tout, ZARBOTH coupe le souffle de trop d’oxygène.
Pour ce quatrième album, Macdara Smith est venu apporter encore un peu plus de folie, de couleur et d’inattendu à la formation dont l’énergie semble inépuisable. Le flow incandescent, la trompette virevoltante, les tempos déstructurés et les mélodies efficaces fusionnent en une poésie urbaine décapante et élégante. ZARBOTH se pose où on ne l’attend pas… et c’est une chance !