Quatre ans après « Gore » qui n’avait ni conquis ni convaincu grand monde, DEFTONES revient avec un album digne de ce nom. « Ohms » est aussi puissant que mélodique et vient confirmer toute la force et l’inspiration du combo californien.
DEFTONES
« Ohms »
(Reprise Records)
« Ohms », c’est d’abord et surtout le retour du son originel de DEFTONES. Pour leur neuvième album, les Californiens ont fait appel à Terry Date, producteur de leurs quatre premiers disques. Et des années plus tard, on retrouve cette même signature sonore (actualisée) qui a rendu le groupe incontournable.
Avec un mix carré, profond et organique, il ne manquait qu’à Chino Moreno et sa bande de confirmer cette bonne entrée en matière avec de nouvelles compos dignes du DEFTONES de la grande époque. Et c’est chose faite puisque « Ohms » est à classer parmi les grands albums des Américains.
Passant du chant clair au scream avec brio, le frontman semble plus que jamais guidé par les riffs massifs de Stephen Carpenter (« Pompeji », « Urantia », « The Spell of Mathematics »). Entre sonorités mélancoliques et rageuses, le combo déroule avec puissance des compos très pêchues (« This Link is Dead », « Ohms »). DEFTONES est de retour, qu’on se le dise !
Organique et puissant, ce premier EP éponyme de COFFEE AT NINE montre une maturité étonnante. Le trio montpelliérain fait preuve d’originalité dans un registre Desert Rock aux accents Stoner et Grunge.
– Commençons par votre rencontre. COFFEE AT NINE est une aventure très récente…
Nous nous connaissons déjà depuis quelques années, on s’est rencontrés à l’école de musique où nous faisions nos études. Chacun de notre côté, nous avions nos vies et nos projets, jusqu’à que nous fassions notre premier concert en mars 2019. En nous jouions ensembles depuis trois semaines. Pour l’histoire, le groupe avait un premier line-up, sous un autre nom, et c’est l’été dernier que nous avons adopté ce nouveau nom, que nous avons choisi ensembles, et qui nous correspond.
– Quelques mois après votre formation, vous enregistrez déjà un premier EP. Votre complicité et votre complémentarité ont fait des étincelles dès le départ ?
Ça a très bien marché entre nous, dès le départ ! Après nos deux premiers concerts, nous nous sommes retrouvés autour de quelques jams et bières… On prend un réel plaisir à jouer ensemble et il faut dire que ça nous a rendu particulièrement productifs. Nous sommes vraiment sur la même longueur d’onde.
– Vous avez décidé de sortir un EP après quelques mois. Vous étiez trop impatients pour attendre un album complet ?
Dans un premier temps, faire un EP, ça nous a permis de dévoiler notre musique assez rapidement, mais aussi de pouvoir se concentrer sur un nombre minimum de morceaux afin de les optimiser pour qu’ils aient vraiment le rendu qu’ils ont aujourd’hui. Avec ça, on a pu aussi cristalliser la spontanéité du moment. On s’était formés quelques mois auparavant, et cet EP est le témoin de trois potes qui se régalent bien jouer ensemble !
– COFFEE AT NINE a un son très personnel nourri de Desert Rock et de Grunge. Ce sont ces influences (et quelles sont-elles ?) qui vous ont rapproché au moment de fonder le groupe ?
Ce sont effectivement ces influences, c’est aussi cette veine musicale des années 90 qui nous correspond musicalement. On recherche toujours quelque chose de simple, plein d’énergie et qui nous parle avec une certaine fougue. On a tous des influences diverses, allant du Metal, au Jazz et au Rock moderne. Mais c’est le son de cette période qui marche pour nous. Je pense que dans cet EP, on peut entendre des choses comme Alice In Chains, Fu Manchu, QOTSA, Soundgarden…
– Vos morceaux sont à la fois massifs et percutants et pourtant vous mettez également l’accent sur les mélodies et les refrains. Comment faites-vous la jonction entre la puissance et les harmonies ?
En gros, l’idée c’est « on veut des riffs bien épais et des refrains accrocheurs pour que tout le monde puisse s’éclater avec sa bière en concert ». On part du principe qu’on a envie de traduire notre intention dans la musique, et le partager sur scène, et de faire la fête avec les gens qui viennent nous voir. Sur cet EP pour le son, c’est Simon Pillard du Buèges Valley Recording Service, qui s’est occupé de la production de A à Z. Il a fait un travail aux petits oignons, et a su rester fidèle à ce que nous voulions.
– L’adage veut qu’il n’y ait pas de meilleure formule pour le Rock que le power trio. C’est aussi votre sentiment et le line-up le plus efficace pour ce type de musique, selon vous ?
C’est vrai qu’à trois ça fonctionne très bien, on se connait assez pour parfois lâcher les rênes en concert, écrire des morceaux et avoir les mêmes idées, et puis il faut le dire, on a fatalement plus de bières quand on est trois que quatre ! On n’a jamais vraiment réfléchi à un membre en plus, qui sait à l’avenir… Quoique non en fait !
– Malheureusement, votre EP est sorti en plein confinement. Comment avez-vous vécu la situation et comment envisagez-vous l’avenir, même si les concerts ne reprendront pas avant un moment ?
Comme tous les artistes, la situation actuelle n’est pas facile. Effectivement, on ne sait pas quand on va pouvoir retourner sur scène. Nous devions défendre notre EP en avril le jour de sa sortie, mais ça été évidemment compromis. Il en a été de même pour le tournage du clip que nous devions démarrer à cette période. Donc, on en a profité pour explorer de nouvelles idées, on va se concentrer sur l’écriture de nouveaux morceaux, et faire en sorte de partir tourner l’an prochain. On ne lâche rien et de toute façon, on est trop borné pour ça !
Quoiqu’on en dise et malgré le contexte, 2020 ne pouvait se faire sans un nouvel album de BLACK STONE CHERRY. Et « The Human Condition » se pose comme une évidence. Ce huitième album du combo du Kentucky vient mettre du baume au cœur.
BLACK STONE CHERRY
“The Human Condition”
(Mascot Records)
Le retour du gang du Kentucky en 2020 était plus qu’improbable sur le papier. Et pourtant, ils l’ont fait et de quelle manière ! Et dès « Ringin’ In My Head », le refrain puis le solo vous sautent autant en plein tronche. Ensemble depuis 19 ans quand même, BLACK STONE CHERRY donne une belle leçon de Rock’n’Roll et montre que le Southern a plus que de la ressource.
Robertson et sa bande se sont enfermés dans le studio de leur bassiste, Jon Lawhon, pour y concevoir ce nouvel album, tout en émotion et qui porte un regard lucide sur la situation actuelle. Ne serait-ce que la voix ensorceleuse et chaude est à même de rassembler les plus sceptiques. BLACK STONE CHERRY ne lâche rien.
Entre Southern Blues et Alternative Rock, le quatuor est toujours aussi réjouissant (« Push Down & Turn », « The Chain », « Some Stories »). Et les gros riffs pleins de chaleur consoleraient le plus triste d’entre-nous. Bien qu’enfermé, BLACK STONE CHERRY montre aussi un sacré savoir-faire, loin des grosses productions, mais tellement plus authentique et positif.
Si AIRBAG revient quatre ans après « Disconnected », c’est sans deux de ses membres fondateurs. Le line-up a beau s’être resserré, la musique est loin de l’être et « A Day at the Beach » est peut-être même l’un des meilleurs albums des Norvégiens. Le très prolifique Bjørn Riis, guitariste et chanteur, revient sur la création de ce nouvel opus.
– Maintenant que vous jouez en trio, y a-t-il des choses que vous avez voulu expérimenter sur ce nouvel album que vous ne pouviez pas faire auparavant ?
Peut-être un peu, oui. Le fait d’être trois implique aussi moins de compromis, et nous sommes tous en phase avec ce que nous aimons et ce que nous voulions explorer. C’était aussi le cas avant, mais on perd toujours quelque chose quand un membre quitte le groupe. Cette fois, c’était peut-être plus facile. La voie à suivre était aussi plus claire.
– Sur « A Day At The Beach », l’atmosphère est très inspirée par l’électronique, les musiques de films et même par la New Wave des années 80. Et pourtant AIRBAG sonne toujours Rock, très actuel et toujours intemporel…
C’est vrai qu’il y a peut-être plus d’éléments électroniques cette fois. On en a toujours fait usage, mais avec cet album on a réussi à trouver le bon équilibre entre le Rock et les sons électroniques. C’est l’un des albums les plus difficiles que nous ayons enregistré, mais il y a toujours beaucoup de références à nos premiers albums et à notre côté très atmosphérique.
– La production est également très organique malgré tout, avec ce son de guitare directement indentifiable. Pourtant ce cinquième album laisse apparaître une nouvelle façon de jouer, toujours aussi positive…
Oui, c’est vrai, merci. En un sens, c’est un nouveau départ. Tu sais, perdre deux membres originels t’oblige aussi à te poser et à tout recommencer. Nous conservons cet héritage et nous sommes toujours le batteur, le chanteur et le guitariste qui ont joué sur tous les albums. Mais je pense qu’on a tous senti qu’il s’agissait tout de même d’un nouveau départ pour le groupe.
– Un mot sur le morceau-titre, « A Day At The Beach », qui est scindé en deux parties et qui constitue un moment fort de l’album…
Les deux parties étaient censées être de courtes interruptions entre les autres chansons. En même temps, je pense qu’elles racontent toutes les deux des parties importantes de l’histoire, et créent en quelque sorte l’ambiance de tout l’album.
– Enfin, « A Day At The Beach » devait sortir le mois dernier et a du être repoussé en raison du Covid-19. Quelle est ta réaction face à ce choc planétaire ?
C’est un monde étrange dans lequel nous vivons en ce moment, mais nous allons le surmonter. Nous avons des fans aux quatre coins du monde et nous savons que beaucoup sont profondément affectés d’une manière ou d’une autre. Donc je pense que la seule chose à dire est de rester en sécurité et de prendre soin de nous tous.
2020 aurait du être l’année de 7 WEEKS suite à la sortie du puissant et majestueux « Sisyphus », un album aussi mélodique que massif, organique et solaire. Faute de pouvoir le défendre sur scène, c’est avec un mini-album que le groupe fait son retour. Une suite finalement très évidente.
7 WEEKS
« What’s Next ? The Sisyphus Sessions »
(F2M Planet/L’Autre Distribution)
En janvier dernier, le quatuor de Limoges sortait probablement l’un des meilleurs albums français, et même au-delà, de l’année. Dans un Heavy Rock racé, 7 WEEKS balançait avec une incroyable puissance et une production exceptionnelle, neuf morceaux super-efficaces au songwriting poussé à l’extrême, véritable concentré de mélodies.
Stoppé net dans son élan et contraint d’annuler sa tournée, le groupe a préféré se retrousser les manches et travailler sur ce mini-album, qui s’inscrit dans la lignée de « Sisyphus ». A l’entame, on découvre « Intimate Hearts », jugé trop en contraste avec le reste de l’album à l’époque par 7 WEEKS. Et l’entrée en matière est en effet musclée et assez sombre.
Un autre inédit, « My Valhalla », lui emboîte le pas sur un groove tranchant et saisissant. Accueillant ensuite son ancien guitariste sur le démoniaque « Cirkus » de King Crimson, 7 WEEKS affirme son style avec maestria. Puis, « Gone », « Idols » et « Sisyphus » sont déclinés en version acoustique dans une atmosphère aussi intimiste que lumineuse. Brillant… encore !