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Blues Southern Blues

Bobby Rush : diamonds are forever

Imperturbable et passionné, BOBBY RUSH est fascinant. Au-delà de son incroyable longévité sur la scène Blues et un talent d’écriture d’une rare constance, il est l’un des seuls à s’être approprié le style de Chicago, tout en conservant une inimitable touche Southern. Cet énième album, « All My Love For You », regorge de petites merveilles d’une fraîcheur confondante et presqu’insolente… Un bonheur !

BOBBY RUSH

« All My Love For You »

(Deep Rush Records/Thirty Tigers)

Agée de 89 ans, la légende a encore frappé… et de quelle manière ! L’Américain semble inépuisable, tout comme sa source d’inspiration qui ne tarit jamais. L’incroyable bluesman de Louisiane possède toujours cette folle énergie qui le guide depuis ses lointains débuts. Et histoire de ne rien laisser au hasard, c’est BOBBY RUSH lui-même qui a entièrement composé et produit ce délicieux « All My Love For You », qui se révèle tellement captivant et séduisant.

Certes moins médiatisé que John Lee Hooker, Muddy Waters ou BB King, son parcours et surtout sa musique ont pourtant marqué de nombreuses générations. Pour rappel, le songwriter a bien sûr été intronisé au ‘Blues Hall Of Fame’ de Memphis, a reçu deux Grammy Awards et a été 16 fois lauréat des Blues Music Awards. Ca vous pose un homme et surtout un artiste, tout de même. Cependant, en dehors de ses récompenses, BOBBY RUSH porte le Blues avec classe et un sourire qui ne le quittent pas.

Et sur « All My Love For You », la malice et le feeling guident chacune des dix chansons avec tellement de naturel qu’on ne résiste pas à son humour si distinctif. L’harmonica étincelant, la guitare précise et le groove chevillé au corps, BOBBY RUSH demeure ce grand chanteur intemporel et si funky (« I’m Free », « TV Mama », « I’m The One », « One Monkey Can Stop A Show »). Emouvant, authentique et drôle, le mythe a encore beaucoup de ressources et on s’en délecte une fois encore.

Photo : Laura Carbone
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Blues Rock Southern Blues

Eric Johanson : deep South spirit

Bâti sur un songwriting d’une finesse incroyable, « The Deep And The Dirty » révèle de manière éclatante le talent d’ERIC JOHANSON, si cela était encore nécessaire. La force impressionnante des riffs combinée à une certaine nonchalance propre à la musique de Louisiane font de ce nouvel opus l’un des meilleurs en matière de Blues Rock de cette année. Très organiques, les chansons du guitariste-chanteur traversent le temps et semblent tout droit sorties de notre inconscient. Brillant.  

ERIC JOHANSON

« The Deep And The Dirty »

(Ruf Records)

Après avoir fait ses armes aux côtés des Neville Brothers, Anders Osborne, Terrance Simien, JJ Grey ou Mike Zito, c’est très naturellement que le bluesman ERIC JOHANSON a pris son envol pour devenir depuis quelques années une valeur sûre du Blues Rock. Si ses influences viennent de Freddie King et de l’incontournable Robert Johnson, le songwriter y mêle des sonorités Soul, Heavy Rock et Americana pour s’engouffrer dans un Deep South plein d’émotions. Assez sombre, l’ensemble respire l’authenticité d’un musicien virtuose et sensible.

Produit par l’excellent Jesse Dayton, qui a sorti un album explosif avec Samantha Fish en mai dernier, « The Deep And The Dirty » a été enregistré pendant la pandémie et en condition live (une habitude pour son producteur), ce qui lui donne une saveur très roots et percutante. Le son est rugueux et le grain épais, ce qui n’empêche nullement ERIC JOHANSON de se montrer sous son meilleur jour et d’offrir à sa guitare le premier rôle. Un rôle qui la fait passer d’instants musclés à d’autres plus tendres.

Et justement, c’est sur le branchement de celle-ci sur un ampli, d’où émane le grésillement d’une puissance pour l’instant contenue, que démarre cette quatrième réalisation studio avec un « Don’t Hold Back », qui donne le ton et dévoile déjà les intentions du guitariste. Parfois très Fuzz frôlant même le Stoner, ERIC JOHANSON fait vivre son Blues avec brio (« Just Like New », « Elysian Fields », Familiar Sound »), tout en se montrant plus mordant (« Galaxy Girl », « Get Me High », « Stepping Stone »). Du grand art ! 

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Hard US Heavy Rock

Mammoth WVH : à pas de géant

En l’espace de deux réalisations qu’il a lui-même composé et interprété seul, MAMMOTH WVH vient frapper à la porte du cercle très fermé des musiciens hors-norme. Aussi à l’aise derrière les fûts, à la guitare ou au chant, le Californien grave fièrement son prénom sur ce « Mammoth II » d’une incroyable variété, plein de feeling et sur lequel il laisse éclater une faculté, peut-être innée, à produire des chansons très fédératrices.

MAMMOTH WVH

« Mammoth II »

(BMG)

Au départ, on aurait pu croire à une double-peine lorsqu’il s’est lancé dans une carrière musicale. Etre le fils de la légende Eddie Van Halen et porter le patronyme de Wolfgang, rien que ça !, aurait pu lui brûler les ailes avant même son envol. Mais fort d’un premier album réussi et très bien accueilli, MAMMOTH WVH a enchainé les concerts, épreuve de vérité s’il en est, pour s’imposer de belle manière, armé d’un Hard US efficace.

Multi-instrumentiste plus que confirmé, il a tenu cette fois encore à jouer seul l’intégralité de « Mammoth II » à savoir tous les instruments et aussi toutes les voix. Et à ce niveau-là, très peu de musiciens peuvent actuellement en faire autant, sachant qu’il ne s’est pas forcément facilité la tâche. Même si quelques gimmicks paternels se font sentir ponctuellement, tout comme l’influence majeure d’Aerosmith, MAMMOTH WVH s’éclate !

Impressionnant de dextérité et de maîtrise, c’est bien sûr dans un style Hard US et Heavy Rock, qui le berce depuis son enfance, qu’il a choisi d’évoluer. Sans en faire de trop, il régale par ses mélodies entêtantes (« Right ? », « Like A Pastime », « Waiting ») et ses solos millimétrés (« Another Celebration At The End Of The World », « I’m Alright »). Avec ce deuxième opus plus Heavy, MAMMOTH WVH brille aussi par un sens du songwriting redoutable.

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Blues Rock Hard Blues

Lance Lopez : retour en force

Au meilleur de sa forme, LANCE LOPEZ est capable de livrer des morceaux d’une phénoménale intensité. C’est très précisément le cas avec ce dixième album solo, « Trouble Is Good », où le musicien se montre brillant et souvent même étourdissant. Son Blues Rock est flamboyant et distille une chaleur très sudiste. Massif et virtuose.

LANCE LOPEZ

« Trouble Is Good »

(Cleopatra Records)

Après avoir dû surmonter plusieurs problèmes personnels, LANCE LOPEZ semble requinqué à en en juger par ce très bon « Trouble Is Good », qui arrive cinq ans après « Tell The Truth ». Le Texan d’adoption (il est né en Louisiane) se présente avec un nouvel album dont la direction musicale est nettement plus précise et faite d’un Blues Rock hyper-musclé et tirant même vers le Hard Rock, tout en laissant parler ses émotions.

Guidé par une passion débordante, le guitariste, chanteur et songwriter fait toujours autant preuve de dextérité et de feeling. Les riffs et les solos semblent glisser sous ses doigts et les chevauchées de l’Américain sont aussi fougueuses qu’impressionnantes. « Trouble Is Good » donne presque l’impression d’un LANCE LOPEZ jusqu’ici bridé. Et s’il reste dans les pas de Stevie Ray Vaughan et de Billy Gibbons, c’est avec beaucoup de personnalité.

Le fondateur de Supersonic Blues Machine en a encore sous le pied et conserve avec une magie intacte toute la rugosité du Texas Blues imprégné d’un grain très 70’s et d’une puissance saisissante. L’énergie très live de LANCE LOPEZ est brûlante et même carrément grisante (« Jam With Me », « Take A Swing », « Wild Country », « Trying In The Tri State » et le mystique « Voyager : Sunrise, Voyager, I Am Ra ». Etincelant !

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Blues Blues Rock Contemporary Blues

Micke Bjorklof & Blue Strip : colors of soul

Faisant partie des plus grandes formations Blues d’Europe du Nord aux côtés de Bjørn Berge et de la reine de la slide Erja Lyytinen avec qui il a d’ailleurs travaillé, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue du Blues en ne se contentant pas de quelques chapelles, il englobe l’ensemble du style avec un feeling et une dextérité sans faille. Avec « Colours Of Jealousy », le chanteur, guitariste et songwriter éblouit encore une fois de sa classe et de celle de ses partenaires.

MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP

« Colors Of Jealousy »

(Hokahey Music Productions)

Depuis plus de 30 ans, le multi-instrumentiste alterne avec ses formations, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP en électrique et Micke & Lefty feat. Chef dans un registre acoustique et en trio. Dix albums sont déjà sortis et c’est avec son quintet qu’il se présente cette fois avec ce « Colors Of Jealousy » de toute beauté. Le bluesman finlandais se montre toujours très inspiré et la qualité d’interprétation est encore irréprochable.

Primé à de nombreuses reprises, le Scandinave affiche une grande créativité, bien aidé dans son effort par un groupe exceptionnel. MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP parvient avec une facilité déconcertante à faire le pont entre un Blues contemporain, un Blues Rock enflammé avec quelques touches bien senties d’influences du Delta et un soupçon de Nouvelle-Orléans et de Country. Un rayonnement incroyable.

Si « Colors Of Jealousy » arrive huit ans après « Ain’t Bad Yet », c’est que le groupe a beaucoup tourné, mais notre patience est magnifiquement récompensée. Enveloppé par les chœurs de Lena Lindroos et la slide de Lefty Leppänen, MICKE BJORKLOF & BLUE STRIP joue sur la corde sensible, tout en parvenant à garder un rythme d’enfer (« Highway Highway », « Missing My Woman », « Are You Real », « Through You Were Mine », « Into The Fire », « It Takes Two »). Eblouissant !

Photo : Mikko Parkkonen
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Blues Blues Rock

Mario Rossi Band : Blues do Brazil

Originaire de la région de São Paulo, MARIO ROSSI BAND s’articule autour du songwriter, chanteur et guitariste qui donne son nom au groupe. Entouré d’excellents musiciens, le Brésilien, qui transpire littéralement le Blues, a mis à profit sa créativité très productive pour peaufiner « Smoke Burst » à travers un Blues Rock assez roots et lumineux.  

MARIO ROSSI BAND

« Smoke Burst »

(Independant)

Très peu exposée, la scène Blues brésilienne regorge pourtant de talents et MARIO ROSSI BAND fait partie des valeurs montantes. Avec quatre albums en quatre ans, le jeune artiste est un bourreau de travail et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça paie à en juger par la qualité de composition et d’interprétation de « Smoke Burst ». Et à écouter le musicien, c’est même son meilleur opus et aussi le plus mature.

S’il y a un style où l’on ne peut tricher, c’est bien le Blues. D’une authenticité et d’une sincérité exemplaire, MARIO ROSSI BAND est allé en studio pour y enregistrer cette nouvelle réalisation en live. Et cela s’entend et se ressent sur tous les morceaux. La complicité entre les musiciens est palpable et la production d’Othon Ribeiro est remarquable. « Smoke Burst » vit et respire, grâce à une alchimie qui crève les yeux.

Décontracté et appliqué, le quatuor ouvre l’album avec un instrumental, le morceau-titre. Une façon pour les Sud-Américains d’afficher la couleur. MARIO ROSSI BAND libère ensuite son Blues Rock avec panache et élégance (« Leavin’ For A Walk », « Jammin’ For Jimi », « Expansive Instinct »). A noter l’excellent « It Means Blues » majestueusement interprété par la chanteuse Lu Vitti et « There’s No Hope For Willie Brown », où la chaleur de l’harmoniciste de Chicago Steve Bell resplendit. A découvrir en urgence.

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Dark Blues Desert Rock

Jaye Jayle : cathartique

Malgré la pénombre dans laquelle nous plonge JAYE JAYLE avec « Don’t Let Your Love Life Get You Down », il en émane cependant une certaine lueur, comme une note d’espoir. Sur des sonorités empruntées au Blues, au Desert Rock et avec une touche Indie, le songwriter Evan Patterson se livre avec émotion dans un opus tourmenté.

JAYE JAYLE

« Don’t Let Your Love Life Get You Down »

(Pelagic Records)

Chaque production de Pelagic Records réserve son lot de surprises et n’étant pas spécialement adepte des différentes formations d’Evan Patterson (Young Widows, Total Concrete), la qualité des sorties du label allemand m’a convaincu de poser les oreilles sur le quatrième album solo de l’artiste sous l’entité JAYE JAYLE. Et ne connaissant pas non plus ses précédentes réalisations, c’est une sorte de saut dans l’inconnu… enfin, pas tout à fait, non plus.

Dès le très Doorsien « Warm Blood And Honey » qui ouvre l’album, j’avoue avoir été séduit par le climat et l’ambiance du morceau. Et la suite est toute aussi intéressante. Si l’on pense tout de suite au regretté Mark Lanegan, JAYE JAYLE ne prend pourtant aucun parti-parti. Au contraire, il pioche autant dans le Desert Rock, le Psych Rock que dans le Dark Blues, mais sans y plonger véritablement. C’est là aussi peut-être toute sa force.

Lancinant et introspectif, « Don’t Let Your Love Life Get You Down » est une partition très personnelle de la part du chanteur et guitariste du Kentucky, qui joue énormément sur les atmosphères tout en livrant des textes bien ciselés. Si l’ambiance est assez feutrée, la noirceur qui l’accompagne ne manque pas de poésie (« The Part Of Redemption », « That Snake Bite », « Tell Me Live », « The Florist »). L’univers de JAYE JAYLE est saisissant et demande aussi plusieurs écoutes.

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Bluesy Rock Country France

Bernie Bonvoisin : les ponts plutôt que les murs [Interview]

En observateur avisé de notre société et animé par une curiosité qui ne le quitte jamais, BERNIE BONVOISIN se livre en solo avec un cinquième album que l’on n’attendait pas forcément si tôt. Moins d’un an après « Propaganda » de Trust, c’est dans un registre très différent, mariant sa culture Rock au Blues et même par certains aspects à la Country, que le chanteur révèle une facette moins connue que celle affichée avec son groupe. Original, très acoustique et toujours guidé par des textes affinés et affûtés, « Amo Et Odi » offre des couleurs inattendues et attachantes. Entretien avec le mythique frontman français.

– Ton nouvel album sort tout juste neuf mois après « Propaganda » de Trust, ce qui est très court. Les morceaux étaient déjà en boîte et les textes écrits, ou est-ce que tout s’est fait rapidement ? On te sait très créatif quand tu entres en studio et tu aimes aussi enregistrer en condition live…

Tout s’est fait dans la foulée. On est entré en studio presque sans rien. On avait préparé plusieurs choses chez moi, où on avait énormément travaillé en acoustique.

– Qu’est-ce qui t’a motivé à retourner aussi rapidement en studio ? C’est assez rare de voir quelqu’un sortir deux albums en moins d’un an, où alors c’est l’envie de vite retrouver la scène qui t’y a poussé ?

On me l’a proposé et j’ai accepté, tout simplement. Un album solo est toujours très différent, dans le travail comme dans l’approche. C’est une autre manière de faire les choses.

– Beaucoup de morceaux ont été écrits en studio. Comment as-tu sélectionné les 13 qui composent « Amo Et Odi » ? Est-ce que dans ces cas-là, on pense à l’intégralité du disque et à sa cohérence, ou plutôt aux moments forts ?

On a fait une sélection de 18 morceaux. En fait, on a fait 13 titres sans batterie et cinq autres avec. Oui, on a réfléchi au tracklisting ensemble. C’est un album qui s’est fait assez simplement et avec des gens en qui j’ai pleinement confiance. On a travaillé sereinement, on a cherché des choses. Ca a été une sorte de laboratoire en fait.

– Sur le même sujet, pour ce nouvel album solo, tu te distingues vraiment de ce que tu fais avec Trust, ce qui est très compréhensible. Pourtant, musicalement sur certains titres et surtout au niveau des textes, il y a aussi des similitudes dans l’engagement notamment …

Oui, mon écriture reste mon écriture. Ca se passe surtout dans la manière d’écrire, qui est cette fois plus intime et plus personnelle. Mais l’essence reste la même. Sinon, c’est un aspect des choses sur lequel je ne me penche pas plus que ça. Je sais comment je vais aborder les chansons. Ma source d’inspiration reste la même : je vis dans un monde et une société que j’essaie de comprendre. Je suis traversé par des choses et j’en parle. L’aspect qui est radicalement différent par rapport à Trust, c’est qu’il s’agit d’un album de chansons, plus encore que les quatre autres disques.

– D’ailleurs, ton avant-dernier album solo, « Organic », date de 2010. Ils sont tous très espacés depuis « Couleur Passion » en 1986. Est-ce que tu attends toujours le moment propice, celui de l’inspiration, ou ce sont tes autres activités qui guident un peu les sorties ?

Là, c’était vraiment une question d’opportunité. J’ai reçu un coup de fil un matin pendant la deuxième période Covid. On m’a proposé de faire un album solo, j’ai dit pourquoi pas et nous y sommes. Ca s’est vraiment passé aussi simplement que ça.

– Justement sur le même thème, notre époque incite clairement à la révolte, pour ne pas dire à la révolution, tant les injustices sont grandes et surtout n’épargnent pas grand-monde. J’imagine que cela doit aussi se bousculer dans ta tête au moment de coucher un texte. Tes choix se font sur ce qui te touche le plus et comment te places-tu par rapport à l’urgence de certains sujets ?

Il y a aussi une notion d’instant T. C’est très divers et varié. C’est ce qui est dans l’air, il n’y a pas de thématique appropriée ou de choses dont on peut parler spécifiquement. Une idée est quelque chose de volatile. 

Photo : Frédéric Dugit

– Izo, David Jacob et Jean-Pierre Bucolo et son dobro t’accompagnent et l’ensemble sonne très bluesy en dehors de du très beau piano/voix sur « A S’en Ouvrir Les Veines ». C’est plus facile de travailler avec une équipe restreinte ? Et est-ce cette tonalité était celle que tu avais en tête dès le départ ?

Oui et il y a même des choses Country sur l’album. Jean-Pierre est un ami depuis 1977. On est très proche et c’est un très grand compositeur. Il a apporté une manière différente de travailler, d’aborder les chansons. C’est vraiment une super expérience. Au final, en grande partie sur cet album, c’est la musique que j’écoute. J’ai un spectre d’écoute qui va de La Calas à Led Zeppelin. J’écoute énormément de Country comme du Rap colombien aussi. Je suis basiquement très curieux, comme pour tout dans la vie. Je n’ai jamais été dans une chapelle, je préfère les ponts que les murs. Durant cette période, on s’est beaucoup retrouvé chez moi, on a écouté de la Country, de choses comme ça. C’est pour ça qu’on a fait des morceaux avec juste un dobro et une voix. On a vraiment essayé des choses différentes.

Et c’est aussi plus facile de travailler en équipe restreinte dans la mesure où on n’est pas dans une contrainte de genre. Chacun peut vraiment amener toutes ses idées. Tout est bon à prendre et à essayer. Il y a des morceaux dans cet album qui ont été structurés et déstructurés trois/quatre fois jusqu’au dernier moment. Le morceau « Amy », par exemple, a été fait en cinq minutes, parce que notre ingénieur du son a eu l’intelligence de mettre un micro, lorsque nous avons improvisé le titre. On a fait deux prises et celle qui est sur l’album est la première. J’aime travailler comme ça, et que chacun puisse s’exprimer et exprimer sa différence. C’est essentiel ! C’est ce qui amène des couleurs et des tons différents.

– Un petit mot sur ce panneau qui sera sur scène et où sera indiqué : ‘On ne joue pas « Antisocial »’. Effectivement, il n’a rien à voir avec ton travail en solo, dont acte. J’aimerais juste savoir comment tu arrives à raviver l’envie de le chanter, plus de 40 ans après sa sortie ?

Oui, c’était une joke, parce que c’est quelque chose qu’on me demande à chaque concert. De toute façon, je ne mélange pas les choses. Maintenant, je souhaite à tous les artistes d’avoir une croix comme celle-là à porter.

Photo : Maury Golini

– Justement pour les concerts à venir, l’idée est de faire le focus sur ce nouvel album, ou est-ce que tu joueras également des morceaux de tes autres disques solos ?

Pour le moment, l’idée de travail est de jouer l’album tel qu’il est, c’est-à-dire sans batterie avec une formation où nous serons quatre avec David Jacob, Izo, Jean-Pierre Bucolo et moi-même. Izo va réaliser un gros travail de programmation que l’on va entrecouper avec une session acoustique et avec des anciens titres, bien sûr. En fait, les morceaux des autres albums solos seront abordés de cette manière et viendront s’intégrer au reste. C’est ça aussi qui est intéressant, de prendre juste une guitare acoustique sans autre ajout. On va essayer de monter une setlist pour se faire plaisir et aussi pour contenter les gens qui viendront aux concerts.

– Pour conclure, beaucoup se pose évidemment la question, car on a pu lire tout et n’importe quoi sur le sujet : qu’en est-il de Trust ? L’aventure va-t-elle continuer ?

Je ne sais pas. Quand on s’est reformé en 2016, on était parti pour jouer trois mois et on a joué deux ans et demi. En ce qui concerne « Re-Ci-Div », c’est différent, parce que j’avais eu cette idée en pleine période de pandémie où nous étions bloqués. Ca s’est passé pendant un déjeuner où j’ai soumis l’idée et le directeur du label, qui était là, a trouvé qu’elle était bonne et ça s’est monté comme ça. Mais je ne vois pas la nécessité d’en faire un systématisme pour les autres albums. Pour les trois premiers, c’était réjouissant et rigolo de le faire, c’était un challenge aussi, car on l’a fait en trois jours. En tout cas, l’adapter aux autres, on n’y a pas pensé.

L’album solo de BERNIE BONVOISIN, « Amo Et Odi », est disponible chez Verycords.

Retrouvez la chronique de l’album : https://rocknforce.com/bernie-bonvoisin-la-rage-au-coeur/

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Contemporary Blues

Monster Mike Welch : in full light

Il est l’un des bluesmen les plus brillants de sa génération et malgré tout, il est aussi d’une discrétion presqu’indécente. MONSTER MIKE WELCH impressionne autant qu’il séduit le monde du Blues depuis presque trois décennies. Enregistré en Californie, « Nothing But Tim » est l’un des disques les plus personnels de l’artiste du Massachussetts et il éblouit par la classe qu’il diffuse.

MONSTER MIKE WELCH

« Nothing But Time »

(Gulf Coast Records)

Surnommé ‘Monster Mike’ à l’âge de 13 ans par Mr Dan Aykroyd des légendaires Blues Brothers, MIKE WELCH a depuis fait du chemin et mené une belle et grande carrière. Originaire de Boston, le guitariste, chanteur et songwriter marque de son empreinte le Blues contemporain qu’il parvient à rendre lumineux grâce à son inimitable signature électrique et un toucher unique, qui le rend si identifiable.

« Nothing But Time » est son huitième album sous son nom, mais MONSTER MIKE WELCH est un musicien plus que chevronné de la scène Blues américaine. Multi-nominé et récompensé à plusieurs reprises, il a œuvré entre autres plus de 15 ans au sein de Sugar Ray And The Bluetone et enregistré avec de nombreuses pointures du genre. Ayant combattu un Covid long pendant de très longs mois, il pensait son avenir incertain, et pourtant…

Présentant 14 morceaux, dont deux reprises de Robert Johnson, une de George Harrison et un autre de Buddy Guy, le virtuose brille surtout sur ses propres compositions, où sa dextérité et son feeling célèbrent la beauté du Blues (« Walking To You Baby », « I Ain’t Sayin’ », « Losing Every Battle », « Hard To Get Along With », « Jump For Joy »). MONSTER MIKE WELCH fait un retour rayonnant et son jeu est juste exceptionnel. Une merveille !

Photo : Jo Welch
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Metal Progressif

Ray Alder : la passe de deux

RAY ALDER n’est pas du genre à rester les deux pieds dans le même sabot. Pour preuve, le leader de Fates Warning multiplie les projets artistiques, tout en restant dans un Metal Progressif qu’il maîtrise parfaitement. Avec cette deuxième réalisation sous son nom, « II », il fait encore la démonstration de sa polyvalence et de sa faculté à s’approprier les mélodies avec talent. 

RAY ALDER

« II »

(InsideOut Music)

Figure emblématique du monde du Metal Progressif depuis 1988 avec Fates Warning avec qui il a sorti une dizaine d’albums, ainsi qu’avec Engine, With Redemption et A-Z depuis l’an dernier, RAY ALDER se balade en solo. Son nouvel opus, « II », fait suite à « What The Water Wants » (2019) et offre également d’autres perspectives au chanteur américain, qui est une fois encore très bien accompagné.

Ainsi, Mike Abdow qui tourne aussi avec Fates Warning et Tony Hernando (Lords Of Black) qui jouent tous les deux les basses et le batteur Craig Anderson (Ignite, Crescend Shield) font partie de l’aventure. Et tout ce petit monde s’entend à merveille et libère une grande vélocité sur « II ». RAY ALDER livre comme toujours une très belle prestation et s’affirme comme la pièce centrale du groupe.

Très bien produit et avec un mix particulièrement bien équilibré, ce nouvel opus va encore plus loin dans l’exploration musicale proposée habituellement par le frontman. Sur des refrains accrocheurs et des riffs intenses, RAY ALDER se montre audacieux, percutant et tout en puissance (« The Hollow Shell », « My Oblivion », « Waiting For Some Sun », « Changes »). Et grâce à des solos tout en finesse, « II » s’impose brillamment.

Photo : Jorge Cueto