Bien que canadienne, c’est le Blues texan qui coule dans les veines de SUE FOLEY depuis des décennies. Celle qui a joué avec des légendes leur rend aujourd’hui hommage avec « Pinky’s Blues », dont la star est surtout sa Fender Telecaster rose qui a été de toutes ses aventures musicales.
SUE FOLEY
« Pinky’s Blues »
(Stony Plain Records)
Originaire d’Ottawa au Canada, la guitariste et chanteuse SUE FOLEY est tombée dans le Blues à son arrive à Austin, Texas. Dès son premier album, « Young Girl Blues » en 1992, c’est surtout vers la guitare qu’elle porte son attention et aujourd’hui avec « Pinky’s Blues », c’est à sa Fender Telecaster rose, qui l’accompagne depuis des années, que la musicienne rend hommage… ainsi qu’au Texas qu’elle a très vite adopté.
En quatuor, et avec Mike Flanigin (orgue Hammond B3) à la production, ce 16ème opus a été enregistré en trois jours pendant le confinement de l’an dernier. Accompagnée de Chris Layton (batterie) et de Jon Penner (basse), SUE FOLEY fait ressortir tout son talent et sa spontanéité sur 12 morceaux, qui nous font traverser le Texas via son héritage musical. Dépaysement garanti.
En reprenant quelques standards locaux comme « Stop These Teardrop » de Lavelle White ou « Boogie Real Low » de Frankie Lee Sims, SUE FOLEY nous rappelle aux grands espaces de l’Etat du sud américain. En point d’orgue, elle interprète « Dallas Man », une de ses compositions s’inspirant des grands guitaristes comme les frères Vaughan, T-Bone Walker, Denny Freeman ou Derek O’Brien. Un véritable album Southern de guitariste !
La chanteuse américaine livre un nouvel album étonnant. Deux ans après le très bon « The Medecine Show », elle vient présenter des morceaux inédits composés alors qu’elle avait une vingtaine d’années. Frais, spontané et très Rock, « One Way Out » montre une autre facette de MELISSA ETHERIDGE et ce répertoire dévoilé lui va comme un gant.
MELISSA ETHERIDGE
« One Way Out »
(BMG)
Ce nouvel album de MELISSA ETHERIDGE a une drôle d’histoire, puisque les chansons présentées ont un peu plus de 30 ans. Et si la chanteuse, guitariste et activiste exhume aujourd’hui ces trésors jusqu’à présent cachés, ce n’est pas vraiment un hasard. « One Way Out » est composé de morceaux que l’Américaine a composé à la fin des 80’s et au début des 90’s.
Ecrits alors qu’elle n’avait pas la notoriété actuelle, ces titres dévoilent une MELISSA ETHERIDGE âgée d’une vingtaine et qui possède déjà un talent et une assurance incroyable. D’abord destiné à un coffret rétrospectif, le contenu de l’album a été mis de côté à de multiples reprises avant de se voir offrir une nouvelle vie en 2013, accompagné du groupe d’origine de la chanteuse.
Ces enregistrements sont Rock, pêchus, assez bluesy et beaucoup plus fougueux que le répertoire récent de la frontwoman. La voix est là, façon Bruce Springsteen au féminin, et on baigne dans le Rock américain avec, en prime, deux titres enregistrés en live au Roxy de Los Angeles en 2002. La chasse au trésor en valait vraiment la peine… Et « One Way Out » est inestimable.
Avec une pochette tout en contraste avec son contenu, ce nouvel album de SAMANTHA FISH dénote de ses prédécesseurs en affichant une production convenue et très formatée. « Faster » s’éloigne du Blues Rock très roots auquel la chanteuse et guitariste de Kansas City, Missouri, nous avait habitué. Un virage en forme de déception pour les puristes ou une volonté commerciale tournée vers le grand public ?
SAMANTHA FISH
« Faster »
(Rounder Records)
Egérie de la scène Blues américaine depuis quelques années maintenant, SAMANTHA FISH a su se forger une solide réputation grâce à des albums pleins de fraîcheur et des prestations scéniques endiablées qui ont séduit les plus grands noms du style. Originale et moderne, son jeu s’est personnalisé au fil du temps pour devenir immédiatement identifiable… notamment grâce à sa guitar-box.
Du haut de ses 32 ans, SAMANTHA FISH affiche déjà un nombre incalculable de distinctions et ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Celle qui est devenue une artiste majeure de la scène Blues mondiale livre aujourd’hui « Faster », un huitième album qui marque peut-être un tournant dans sa carrière, tant il diffère des précédents.
Racé et rentre-dedans sur « Kill Or Be Kind », la chanteuse et guitariste explore de nouveaux horizons et la production signée Martin Kierszenbaum (Lady Gaga) y est peut-être pour quelque chose. Le manque de relief et un aspect très lissé et formaté rendent « Faster » quelque peu méconnaissable au regard de la discographie de SAMANTHA FISH. Un peu facile et peu ambitieux au final.
La frontwoman polonaise se fait un petit plaisir avec « Metal Queens » où elle reprend les classiques du Heavy Metal féminin qui l’ont bercé et influencé. De Lee Aaron à Hellion, Acid, Zed Yago, Malteze ou le Warlock de Doro, MARTA GABRIEL dévoile ses racines musicales accompagnée de deux de ces complices de Crystal Viper et en mode power trio.
MARTA GABRIEL
« Metal Queens »
(Listenable Records)
Quelques mois après « The Cult » avec son groupe Crystal Viper, la frontwoman MARTA GABRIEL est déjà de retour sous son nom avec un album de reprises, « Metal Queens ». La Polonaise y rend hommage aux chanteuses de Heavy Metal qui ont marqué son parcours et forgé son style. Et parmi elles, il y a quelques surprises.
Au chant, à la basse et à la guitare, MARTA GABRIEL célèbre les artistes des années 80 notamment. Pour l’accompagner, elle a fait appel à Eris Juris (guitare) et Cederick Forsberg (batterie) qui officient déjà ses côtés dans Crystal Viper. Et en version power trio, ces onze reprises n’en ont que plus d’impact et de férocité sur une tracklist très cohérente.
Parmi les classiques repris par la chanteuse, on retrouve « Metal Queen » de Lee Aaron, « Light In The Dark » de Chastain avec la participation d’Harry Conklin de Jag Panzer au chant, « Bad Attitude » d’Hellion ou encore « Mr Gold » de Warlock. MARTA GABRIEL offre même un « My Angel » de Rock Goddess en duo avec John Gallagher de Raven. Une fraîche nostalgie !
Retrouvez l’interview de Lee Aaron à l’occasion de la sortie de son nouvel album, « Radio On ! » :
Depuis son début de carrière tonitruant dans les années 80 avec une succession de hits incontournables, LEE AARON mène sa barque en étant devenue sa propre productrice et en effectuant avec « Radio On ! » un remarquable retour à un Rock Hard mélodique percutant et entêtant. La Canadienne n’a rien perdu de sa fougue, bien au contraire, et parle sans détour de son amour du Rock, de son nouvel album et de la place des femmes dans ce milieu toujours très masculin.
– Depuis 2016 et l’album « Fire And Gazoline », tu es revenue au Rock de tes débuts dans lequel d’ailleurs ta voix prend une dimension incroyable. Et « Radio On ! » est lui aussi entièrement Rock. Finalement, on revient toujours à ses premières amours ?
Ah, ah ! Excellente question ! Je suppose que nous sommes tous enclins à vouloir retrouver nos premières amours. Quand nous écrivions les chansons de « Radio On ! », je voulais simplement capter cette énergie et ce sentiment que nous avions à l’adolescence quand nous étions si excités par les groupes que nous écoutions. Tout ce que nous voulions faire était de nous retrouver dans un garage et de jouer fort de la musique Rock pour nos amis. Nous n’essayions pas d’écrire des chansons à succès en soi, nous faisions juste de la musique que nous pensions être cool et qui faisait battre nos cœurs un peu plus vite. Je suppose que cela revient à la bonne vieille musique Rock’n’Roll pour nous. Nous sommes toujours de grands fans de la musique des autres. Je pense que cela nous motive pour continuer à créer.
– Avec ce nouvel album, tu reviens au Melodic Rock, voire au Hard Rock, qui a fait ton succès. Alors que le genre semble retrouver un regain d’intérêt, tu restes fidèle à ce que tu as toujours fait et cette authenticité est vraiment palpable. Te sens-tu détentrice d’un certain héritage musical ?
Je ne sais pas si héritage est le mot juste, mais j’ai toujours fait les albums que je voulais. J’ai exploré d’autres genres de musique (comme le Jazz, le Blues et même l’Opéra), mais je reviens toujours au Rock. Je pense que ces expériences musicales ont élargi ma réflexion et ma créativité pour faire de moi une meilleure chanteuse et une meilleure auteure-compositrice de Rock. Je pense qu’on retrouve les saveurs de ces différents styles dans ma musique et notamment sur « Radio On ! ». Pour ce qui est de faire des albums très mélodiques, je me suis toujours efforcée d’écrire des chansons avec des refrains qui restent dans la tête des gens et leur donnent envie de chanter. Pour moi, c’est la recette d’une bonne chanson.
– A l’écoute de « Radio On ! », on retrouve cette fougue et cette sincérité à travers un Rock féminin pêchu et mélodique. Tu es d’ailleurs simplement accompagnée d’un groupe en formule guitare/basse/batterie très efficace. Tu souhaitais donner un son brut et direct à ce nouvel album ?
Je suis convaincu qu’en matière de production, plus c’est simple, mieux c’est. Si tu as perçu ce son comme brut et direct, c’est exactement ce que nous espérions ! Je préfère retirer des choses plutôt que d’en ajouter. Si une chanson se tient sur une instrumentation de base avec juste une voix, alors c’est un travail solide. À l’ère de la technologie numérique, il n’est même plus nécessaire pour les artistes de bien jouer de leur instrument. Tout peut être mis en boucle, édité, collé et corrigé. Je suis toujours dans cette idée ‘Old School’ selon laquelle les musiciens obtiennent de meilleurs sons quand ils jouent ensemble et en direct.
– Depuis tes débuts, tu es l’une des rares représentantes féminines dans le milieu du Rock et même du Hard Rock mélodique. Comment expliques-tu la situation actuelle et comment est-ce que tu penses que cela pourrait éventuellement changer ?
Être une femme dans le milieu du Rock a toujours été difficile et ça l’est toujours. J’ai maintenant le cuir épais face à la critique. Il y a toujours un journaliste ou un critique musical, qui veut vous réduire à votre « apparence » et rejeter votre talent et votre dur travail. J’en suis à mon 17ème album maintenant, donc évidemment, j’ai une éthique de travail féroce depuis des années. Nous sommes toujours moins nombreuses que nos homologues masculins, et cela ne compense pas notre sous-représentation sur les scènes des festivals et dans l’industrie musicale. Les hommes dirigent encore majoritairement le business et on voit assez rarement des groupes féminins avoir les mêmes cachets ou être en tête d’affiche des festivals Rock. L’ensemble du mouvement #MeToo a braqué les projecteurs sur certains promoteurs pour prendre conscience du fait que les femmes ont besoin d’être représentées plus équitablement dans les festivals. En 1984, à 21 ans, quand j’ai écrit la chanson « Metal Queen », je pensais que les femmes méritaient le respect et l’égalité totale dans le Hard Rock. C’était tout l’intérêt de la chanson, mais ce message a été complètement perdu dans le marketing sexiste des années 80. Les fans masculins pensaient que je m’autoproclamais comme leur propre déesse du sexe en Metal, ce qui était exactement le contraire. C’est pourquoi, pendant un certain temps, j’ai refusé de la chanter. Ce n’est que maintenant – 37 ans plus tard – que les journalistes m’interrogent sur la véritable signification de ces paroles.
– Sur « Radio On ! », tu abordes de nombreux sujets assez sensibles et personnels. C’est l’époque qui veut ça ou c’est un désir plus profond qui t’anime depuis plus longtemps ?
J’écris toujours sur ce que j’ai dans le cœur et à l’esprit à un moment précis. J’avais beaucoup pensé à la mort, ayant perdu ma mère en 2017, ainsi que beaucoup d’amis musiciens et chanteurs au cours des cinq ou six dernières années. Devenir parent de deux enfants a également changé ma façon de voir le monde. Parfois, je me retrouve tellement en colère contre la stupidité et la politique, le mépris de l’environnement et la façon dont nous nous restons si passifs face à l’impact des réseaux sociaux et des fake news. Cette colère me procure aussi de quoi écrire beaucoup de chansons ! (Rires)
– Même si Mick Fraser a travaillé sur le mix de « Radio On ! », c’est déjà le sixième album que tu produis. C’est important pour toi d’être à chaque étape du processus ?
Absolument ! J’ai mon propre label, Big Sister Records, et à travers je gère le studio, les ingénieurs, le mastering, le mix, les photographes, l’équipe de conception artistique et vidéo, etc… et je dirige chaque partie des albums jusqu’à leur finition. Ainsi, que ce soit un succès commercial ou non, je suis à chaque fois satisfaite du résultat. J’ai appelé Mike Fraser et je lui ai demandé s’il voulait mixer l’album (les morceaux étaient déjà terminés à 100%), et il a été vraiment excité à l’idée de travailler avec nous. Je me sens très chanceuse d’avoir pu travailler avec Mike et j’ai beaucoup appris à ses côtés… même s’il hésite encore à dévoiler certains de ses « secrets de mixage »… ! (Rires)
– En tant que chanteuse, tu n’as jamais été tentée de monter un groupe entièrement féminin, par exemple, comme cela se fait toujours régulièrement ?
C’est une excellente question. La réponse est pourtant non. Mais il y a tellement de grandes musiciennes avec qui j’ai pu travailler. La claviériste de mon groupe à la fin des années 90 était une femme, qui a également joué du Jazz avec moi pendant plusieurs années. Cela m’intéresse de travailler avec des musiciens qui sont les meilleurs et ils ne sont pas faciles à trouver. J’ai travaillé avec beaucoup d’hommes qui ne correspondaient pas non plus à mon groupe. En ce moment, j’ai un groupe fantastique de gars talentueux avec qui j’aime écrire et enregistrer. Nous avons ensemble une alchimie musicale assez redoutable. Alors, pourquoi est-ce que j’en changerais ?
– Les concerts reprennent petit à petit. Comment vas-tu constituer ta set-list entre anciens et nouveaux morceaux ? Cela ne doit pas être si évident avec autant de titres incontournables, si ?
Mon set se compose de beaucoup de nouvelles chansons. Parfois, j’ai du mal à intégrer tout ce que nous voulons jouer et ce que le public veut entendre. Mes fans apprécient vraiment le fait que j’enregistre toujours et demandent à entendre les nouveaux morceaux. Bien sûr, je vais toujours inclure les classiques comme « Whatcha Do To My Body », « Hands On », « Barely Holdin’ On », « Some Girls Do », « Metal Queen », , etc… Je change les chansons en fonction de l’endroit dans le monde où je joue, parce que certains pays ont leurs titres préférés qui sont très populaires. Quand je vois la joie qu’apportent ces vieux morceaux aux gens, c’est vraiment incroyable. Cela les ramène à une période plus jeune de leur vie et leur rappelle de bons souvenirs. Mais la plus belle chose de voir des jeunes qui ont été élevés par leurs parents en écoutant notre musique. Quand ta musique dépasse plus d’une génération, c’est la plus grande récompense.
L’album de LEE AARON, « Radio On ! », sera disponible 23 juillet sur Metalville Records.
Aussi brut dans l’attitude que dans sa musique, ACID’S TRIP débarque avec un premier album fortement imbibé de Rock’n’Roll aux effluves bluesy et Southern. Originaire de Göteborg en Suède, le quatuor vient de livrer un « Strings Of Soul » aussi ébouriffant qu’intemporel entre riffs Hard Rock et ambiance Psych. Anna, guitariste et chanteuse de la formation, revient sur la conception de ce premier album et aussi sur sa vision de la musique à travers le groupe.
– Avant tout, j’aimerais qu’on revienne sur la formation d’ACID’S TRIP en 2018. Tu jouais avec Honeymoon Disease jusqu’à ce moment-là. Que s’est-il passé ? Tu as senti que c’était le moment de passer à autre chose ?
ACID’S TRIP est né dans mon esprit bien avant que nous ayons jamais parlé de nous séparer avec Honeymoon Disease. Je voulais jouer un Rock plus dur et plus technique, et je n’avais pas le sentiment que le groupe était le bon pour ce genre-là. Je voulais donc créer ACID’S TRIP en tant que groupe parallèle, tout en conservant Honeymoon Disease pour continuer d’exprimer ma créativité. Mais après la dernière tournée espagnole, les autres membres ont abandonné et je n’ai eu d’autre choix que de me concentrer à 100% sur ACID’S TRIP, qui est alors devenu mon groupe principal. C’est ce qui pouvait arriver de mieux d’ailleurs. J’adore le mélange de Soul et de Hard Rock que nous produisons, et nous ne pourrions pas être plus heureux de la sortie de notre nouvel album. J’ai même l’impression que nous venons juste de commencer à jouer même si ça fait déjà trois ans. Le temps passe si vite quand on s’amuse !
– Avec ACID’S TRIP, on a l’impression d’un retour aux sources du Rock’n’Roll avec un son brut, efficace et sans concession. C’est l’objectif ? Aucun artifice ?
Oui, notre principal objectif était ce retour aux sources avec un son plus brut et technique même s’il reste facile d’accès. Nous aimons les riffs intelligents, amusants mais qui sont bien pensés et qui donnent une note personnelle à la tonalité dans laquelle nous jouons. Ce genre de riffs est original, car il n’y a pas beaucoup de groupes aujourd’hui, qui consacrent autant de temps juste pour trouver « ce riff parfait ». De nos jours, tout semble axé sur une voix entraînante et des accords Rock, ce qui n’est pas grave, mais les gens ne se souviendront plus de ces morceaux dans quelques années. Notre album fait partie de ceux qui dureront des décennies et plus, vous ne vous ennuierez jamais en l’écoutant. Laissez-vous aller !
– Et il y a cette superbe Flying V sur laquelle tu joues. On en voit beaucoup trop peu depuis un moment, et notamment dans la nouvelle génération. J’imagine qu’il y a une histoire personnelle autour de cette guitare aussi, non ?
Ouais, ma Vera est ma principale et la seule guitare sur laquelle que je joue en fait. J’ai aussi une excellente guitare JPN SG, mais elle est ma guitare de secours en tournée, car j’aime un peu trop la V. J’ai vu cette édition spéciale de 1998 en 2014-2015, lorsque je passais devant un magasin de guitares ici à Göteborg. Je l’ai vu à travers la vitrine et 10 minutes plus tard, j’ai acheté la guitare de mes rêves. Elle a un son génial et surtout, le manche me parle et je joue beaucoup mieux. Les guitares sont très personnelles et j’adore la forme en V. J’élargirai ma collection V, lorsque le groupe atteindra les grands charts ! (Rires !) Et si Gibson lit ceci, passez-moi un coup de fil !!!
– Avec une inspiration très 70’s, ACID’S TRIP est résolument ancré dans son temps entre Rock lourd et Stoner Psych. L’accent est aussi porté sur un groove imparable et une folie permanente dans l’attitude, comme une sorte de défouloir très orchestré finalement. C’est votre comportement qui guide votre musique, ou l’inverse ?
Oui, c’est l’amour de vieux groupes comme Captain Beyond, The Dead Boys, MC5 et le Kiss des 70’s à leur apogée. Nous écoutons beaucoup de musique Rock et Heavy, et depuis que je collectionne les vinyles, j’ai écouté des milliers de disques qui ont perfectionné mon style d’écriture et la façon dont j’entends les mélodies. Tout ce que j’écris fait référence à quelque chose que j’ai entendu auparavant, et cela sonne comme je l’entends. J’adore l’album, car il a une âme, peu de groupes de Rock aborde le Rock de cette façon.
– J’aimerais que tu me dises un mot sur l’intro de l’album, « Prelude », elle aussi très originale. Quand on connait la suite de « Strings Of Soul », on imagine que vous avez voulu désorienter votre auditoire dès le début, non ?
Quand l’album était presque terminé, il nous restait quelques notes d’orgue à enregistrer. Mon père jouait sur tous les disques Honeymoon Disease, alors je lui ai demandé s’il voulait aussi le faire sur l’album d’ACID’S TRIP. Je connais sa façon de jouer, et lui celle dont je chante les mélodies. C’est comme ça aussi que j’entends les arrangements de chorale et ça sort naturellement pour moi. Je lui ai demandé de jouer un morceau mélancolique auquel j’ajouterai plus tard des voix. Je veux que les gens réfléchissent lorsqu’ils écoutent notre album, et « Prelude » était un moyen de mettre les gens de bonne humeur. Certaines personnes aiment ça et d’autres veulent juste des chansons Rock pour ensuite passer à l’album suivant. Je viens du milieu Psych Prog avec beaucoup de Blues, et on ne peut pas donner une âme à un album sans une bonne intro à mon avis.
– Avec ACID’S TRIP, on touche au Hard Rock un peu Old School, mais aussi à des ambiances Stoner, bluesy et même Southern. En, fait, vous êtes un groupe de cow-boys and girls scandinaves des temps modernes ! C’est ça ?
(Rires) Oui, je suppose que oui ! Quand je cherche une grande variété d’émotions, je mets du Lynyrd Skynyrd. Quand j’ai besoin de réfléchir à quelque chose, je me tourne plutôt vers des sons de Floride, et quand j’ai besoin d’inspiration pour des harmonies, je mets du Allman Brothers et du Big Mama Thorton. Et quand j’ai besoin de vitesse, les Hellacopters sont le meilleur choix. Et voilà, vous avez le mix d’ACID’S TRIP ! Le voyage que j’ai fait en 2018 à Nashville puis à Jacksonville, en Floride, m’a vraiment donné une perspective sur les choses et j’ai réalisé que le Rock peut être beaucoup plus que simplement maltraiter des guitares. Bien que ce soit amusant à faire, il faut être plus intelligent que ça.
– Vous avez entièrement enregistré « Strings Of Soul » vous-mêmes, qui a ensuite été mixé et masterisé par Ola Ersfjord. La première étape était importante pour vous, afin de délivrer ce son particulier qui forge vraiment l’identité d’ACID’S TRIP ?
Je pense que oui, surtout quand il s’agit du chant et de toute la production de l’album. Lorsque vous entrez en studio, le résultat est souvent ce que le producteur est capable de faire. Cela peut être une expérience vraiment géniale et qui peut également améliorer la qualité de l’album, car c’est un travail de professionnel. Mais cela peut aussi compromettre le son, le rendre trop commercial et « trop » clean, car il n’y a plus de place pour les erreurs et les joyeux petits accidents. J’ai pris le rôle de producteur pour cet album, ce qui m’a pris beaucoup de temps et d’efforts. Sans mon intervention, l’album aurait probablement un son plus moderne, ce qui pourrait être une bonne chose. Mais nous voulions garder l’ambiance que nous avions sur ce projet : beaucoup de café et de longues heures passées à répéter. J’ai fait le chant dans une pièce sombre toute seule, ce qui a été une expérience formidable. J’ai fait confiance à mon instinct et ça s’est bien passé.
– Assez rapidement et notamment du à la qualité de vos concerts, vous vous êtes faits remarquer par le patron du très réputé label underground Heavy Psych Sounds Records. C’est une belle récompense, en plus d’être la maison de disques idéale pour vous aussi, non ? Elle vous ressemble beaucoup…
Elle nous ressemble beaucoup, c’est vrai. Oui, on adore Heavy Psych Sounds Records ! Le label nous a vraiment pris sous son aile et nous n’aurions pas pu avoir de meilleurs partenaires dans ce domaine. L’ambiance et le style sont parfaits pour nous. Et c’est très direct !
– Le printemps est là et la pandémie semble nous laisser un peu respirer. Avec un album encore tout chaud, vous devez bouillir d’impatience de remonter sur scène ?
Absolument, mais à l’heure où nous parlons, nous prévoyons des concerts pour 2022, car nous ne voulons pas le faire cet automne. Il y a de grandes choses à venir et nous visons les festivals pour l’année prochaine. L’album est pertinent et il le sera encore à l’avenir !
L’album « Strings of Soul » d’ACID’S TRIP est disponible chez Heavy Psych Sounds Records depuis le 7 mai !
Débordante d’énergie, la chanteuse à la chevelure bleue DIAMANTE revient avec un nouvel album, « American Dream ». Sur des morceaux racés et puissants, le Melodic Rock aux contours Hard et Metal de l’Américaine joue sur l’impact des refrains entêtants et des riffs robustes et incisifs. Très accessible et abordable, mais pas désagréable du tout.
DIAMANTE
« American Dream »
(Independant)
Malgré un premier qui a connu un franc succès outre-Atlantique, c’est toujours en indépendante qu’Azzura Boveli, alias DIAMANTE, revient avec ce « American Dream » rentre-dedans et une fois encore taillé pour les charts. A seulement 24 ans, la chanteuse américaine se montre d’une maturité étonnante, grâce notamment à une voix puissante et de l’adrénaline à revendre.
Survitaminé et musclé sont les maîtres-mots de ce second opus, dont le Rock Hard mélodique fait mouche à chaque morceau. Très formaté et très calibré pour les radios US, « American Dream » est bien entendu surproduit, mais la fraîcheur des morceaux, les riffs massifs et racés, ainsi que le superbe timbre de voix de DIAMANTE suffisent à rendre l’album entrainant et convaincant.
Aguerrie par de longues tournées aux côtés de Three Days Grace, Chevelle et Breaking Benjamin avec qui elle chante d’ailleurs « Iris » (une reprise des Goo Goo Dolls), la frontwoman avance sans filtre et séduit par sa fougue presqu’instinctive (« American Dream », « Ghost Myself », « Unfuck You »). DIAMANTE séduira les amateurs de Melodic Rock intense, costaud et très féminin. Une belle surprise.
Dans un univers électro-acoustique et sur des textes chantés dans la langue de Shakespeare, NELL trace son chemin de bien belle manière. Son Blues Rock aux accents Folk est aussi fédérateur qu’entraînant et sensible. Et l’authenticité de l’artiste se perçoit dès les premières notes de ce « The Pace Of Life » au songwriting très efficace.
NELL
« The Pace Of Life »
(Independant)
La voix est assurée, les mots sont forts et l’ensemble est aussi électrique qu’intimiste. Pour ce nouvel EP, et après un album en 2017 (« Not That Sleek »), NELL a décidé de prendre les choses en main et se livre avec force et intensité à travers cinq morceaux, aussi efficaces que mélodiques. « The Pace Of Life » s’écoute en boucle, à un point où l’on reste même un peu sur sa faim.
Songwriter, guitariste et chanteuse, NELL est très bien entourée par la solide rythmique composée de Nicolas Marsal (basse) et Etienne Lagarde (batterie), qui apporte coffre et relief aux compositions. Entre Blues Rock et Folk, les textes de la francilienne se veulent personnels et touchants (« Mom », « Figure It Out » où elle chante même en duo et en français).
Le côté Blues Rock aux riffs épais (« The Call Of Rythm », « I Forgot To Be Pretty ») laisse aussi place à la guitare acoustique et plus légère de NELL, qui offre une belle couleur à « The Pace Of Life ». Le temps d’un titre, le très bon « Six Years », la chanteuse s’engouffre dans un mid-tempo assez Pop rappelant agréablement le duo Dun Leia par sa douceur et son côté aérien. Très réussi et addictif.
Bercé par le Blues et le Rock, les Anglais de WHEN RIVERS MEET font partie de cette nouvelle génération au son authentique et à la démarche artistique sincère. Le couple, à la ville comme à la scène, est parvenu sur son premier album, « We Fly Free », à parfaitement retranscrire cette énergie Blues Rock directe et sensible. Grace (chant, mandoline et violon) et Aaron Bond (chant et guitares) reviennent ensemble sur leur duo, leurs inspirations et cette récente mise en lumière du groupe. Entretien.
Photo : Rob Blackham
– Avant ce premier album, vous avez sorti deux EP, « The Uprising » et « Innocent Of Youth ». Ils vous ont permis de vous aguerrir, de peaufiner ou de personnaliser votre jeu ?
Aaron – Nous avons tâtonné pendant un moment avant de trouver notre style. On a fait de l’Americana pendant un certain temps, mais cela ne correspondait pas tout à fait. Le tournant s’est produit lors d’un concert de Guns N’ Roses à Londres et ça a vraiment été le déclic. La réponse était évidente : mélanger le Rock et le Blues car, après tout, c’est ce que nous aimons. Le faire en duo était la grande question. Comment développer quelque chose de nouveau, de distinctif et d’unique. Nous aimons le Classic Rock et le Blues à l’ancienne et des artistes comme Bad Company et John Lee Hooker. Lorsque nous avons découvert notre son, nous en sommes immédiatement tombés amoureux et on avait vraiment hâte d’aller en studio.
La chose la plus importante était de trouver le bon producteur, qui pourrait partager notre vision et nous avons eu la chance de trouver Adam Bowers. Quand nous avons commencé à travailler sur l’EP « Uprising », c’était tout simplement magique. Adam a fini par jouer de la basse et de la batterie sur tous nos morceaux. Il s’est vraiment mis des deux côtés de la barrière. Nous avons appliqué cette formule au deuxième EP « The Innocence of Youth », que nous avons enregistré pendant l’hiver dernier. Nous avons décidé de le faire dans le même style que le précédent. Et ça nous a conduit naturellement à enregistrer l’album « We Fly Free ».
Nous voulions quelque chose d’un peu plus expérimental avec cet album tout en racontant une histoire à chaque morceau. On voulait une ambiance organique, et nous avons donc utilisé une technique d’enregistrement en espace ouvert avec des micros partout. Tout a été enregistré sur du vieux matériel à bande avec des anciens amplis Marshall et Fender qui développe une belle réverbération. Nous voulions enregistrer quelque chose d’authentique, une vraie représentation de ce que nous sommes, et c’est ce que nous espérons avoir accompli.
– Durant ces derniers mois, vous avez également été très présents sur les réseaux sociaux en diffusant en direct vos prestations dans « Rockin’ The Lockdown ». Qu’avez-vous gardé de cette expérience, outre le fait de conserver un lien fort avec votre public ? Perfectionner vos morceaux ?
Grace – Lorsque le confinement a commencé, comme tout le monde, tous nos concerts ont été annulé. Nous ne savions pas combien de temps cela allait durer à l’époque et il était fort possible que ce soit long. Nous avons donc décidé en mars de l’an dernier de diffuser nos prestations en direct. Nous avons vu quelques groupes le faire, alors pourquoi pas nous ! C’était un peu bizarre les premières fois, mais c’est maintenant devenu normal. Nous avons eu la chance d’avoir été très soutenus chaque semaine, et nous avons atteint plus de 100.000 streams dans le monde entier. De plus, cela nous offre un concert chaque semaine, ce qui est plutôt cool.
Photo : Rob Blackham
– Parlons maintenant du très bon « We Fly Free », un premier album qui semble bien porter son nom. Il sort après deux singles qui vous ont valu de belles louanges. J’imagine que cette confiance acquise doit vous porter aujourd’hui ?
Grace – Ouais, nous étions très nerveux quand nous avons sorti l’album, parce que c’était la première fois. Nous ne savions pas à quoi nous attendre par rapport aux critiques, mais nous espérions vraiment que les gens l’aimeraient. Nous avons été extrêmement chanceux que Planet Rock et BBC Radio 2 aient joué quelques-unes de nos chansons, ainsi que de nombreuses émissions de radio sur Internet.
– WHEN RIVERS MEET distille un Blues Rock aussi énergique que sensible. Lorsque vous composez vos morceaux, comment est-ce que vous vous répartissez les rôles, notamment vocalement ? Vous composez ensemble ?
Aaron – Les idées viennent vraiment de partout. Cela peut être d’un riff de guitare, une voix ou des paroles et ensuite on commence à travailler dessus. Puis, nous nous séparons dans différentes pièces. Grace continue à travailler sur la musique et je travaille sur les paroles. Et nous nous remettons ensemble pour travailler sur la chanson. Si nous l’aimons, on continue à travailler dessus, mais si on ne l’aime pas, on la jette et on passe à la suivante. Nous sommes impitoyables là-dessus, c’est notre façon de faire. Et il a fallu beaucoup de temps pour arriver à cette approche, mais c’est la formule qui fonctionne le mieux pour nous.
– Il y a beaucoup de slide, de la mandoline et même du violon sur l’album, ce qui offre une grande diversité à l’album. Etonnamment, on retrouve presqu’autant d’influences anglaises que du Blues de Chicago et même quelques sonorités Southern Rock. C’est un mélange plutôt détonnant !
Grace – Oui, nous avons beaucoup d’influences musicales que nous voulons exploiter quand nous écrivons. Aaron a grandi avec le Rock’n’Roll de son père et la musique des années 70 de sa mère. D’une manière ou d’une autre, il a trouvé lui-même le Blues et le Classic Rock quand il était jeune. Ses premiers CD étaient « Boom Boom » de John Lee Hooker et « A Real Live One » d’Iron Maiden. C’est cette ouverture au monde de la musique qui nous a massivement impacté en tant que couple. J’écoutais plus Dusty Springfield et les autres grands chanteurs de Soul avant de rencontrer Aaron. Ce doit être le destin que nous nous soyons rencontrés dans le pub rock préféré d’Aaron et que la première conversation que nous ayons eue porte sur la musique. Et Elvis passait dans le Juke Box…
Photo : Rob Blackham
– A travers toute cette incandescence qui traverse « We Fly Free », on note également un son très vintage présent sur tout l’album. C’est une façon de rendre votre Blues intemporel ?
Aaron – Nous étions très conscients du son que nous voulions. L’ambiance vintage très live du Classic Rock et du Blues était quelque chose que nous recherchions. Nous sommes de grands fans de Led Zeppelin, Bad Company, Free, Guns N’Roses, Nirvana etc., et aussi des grands maîtres du blues comme John Lee Hooker, Muddy Waters, Robert Johnson, Bonnie Raitt et beaucoup d’autres. Le processus d’enregistrement qui était présent à l’époque de ces grands musiciens était quelque chose que nous voulions. Cela donne une telle ambiance live, sans fioriture et qui dégage une énergie pure, ce qui était très important pour nous.
– Enfin, vous évoluez en duo et ça vous va très bien. Est-ce que l’idée d’étoffer votre line-up vous a déjà effleuré ?
Grace – Nous serons toujours un duo dans l’âme. Mais nous sommes actuellement en train de former un groupe pour la suite avec une basse, une batterie et un orgue Hammond. Cela ne veut pas dire que nous ne sortirons pas encore en duo de temps en temps si l’occasion se présente, mais notre objectif est de vraiment faire un bon spectacle et avoir un groupe derrière nous va nous permettre vraiment de le faire, afin aussi de recréer le son de l’album.
Le très bon premier album éponyme de WHEN RIVERS MEET est disponible sur le site du groupe : www.whenriversmeet.co.uk
SUZI QUATRO traverse le temps et semble incarner plus que jamais le Glam Rock, le Blues et la Soul qui ont fait d’elle une figure légendaire de la scène Rock américaine féminine. Avec « The Devil In Me », la chanteuse et bassiste, vient rappeler son énorme talent et surtout livre l’un de ses meilleurs albums. Une persévérance et une performance qui l’honorent cette fois encore, et qui font d’elle la dernière frontwoman vraiment active d’une époque bénie.
SUZI QUATRO
« The Devil In Me »
(SPV Steamhammer)
Décidemment, la Ville de Detroit est sous le feu des projecteurs depuis quelques semaines. Après l’excellent album d’Alice Cooper, c’est en voisine que la chanteuse SUZI QUATRO livre un nouvel album, qui vient s’ajouter à sa longue discographie. Et il semblerait que nos deux septuagénaires soient toujours aussi inspirés. Avec « The Devil In Me », la chanteuse livre l’une des ses meilleures réalisations depuis longtemps.
Si les 70’s ont vu la carrière de l’Américaine prendre son envol avec un Glam Rock endiablé, SUZI QUATRO n’a jamais lâché l’affaire malgré des traversées du désert inévitables. Enchainant les albums, les tournées et en renouvelant son jeu et son répertoire, elle revient aujourd’hui avec « The Devil In Me » où elle fait honneur au Rock, au Blues, au Glam et à la Soul auxquels elle reste très attachée.
Produit et enregistré dans le studio de son fil, Richard Tuckey également compositeur (au moins, pas de problème d’héritage !), la chanteuse n’a rien perdu de sa voix et de sa fougue, et ses lignes de basse sont toujours aussi groovy. Sur de bons riffs bien Rock et Blues, SUZI QUATRO déploie un très bel album dont on retiendra le morceau-titre bien sûr, « Betty Who » avec sa copine Cherie Currie (ex-The Runaways), « Get Outta Jail » ou encore « I Sold My Soul Today ». Inépuisable !