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Messaline : avec révérence [Interview]

Faisant une petite entorse à son Heavy Metal de prédilection pour s’orienter vers un Classic Rock très Hard, MESSALINE a voulu se faire plaisir en posant un regard sur ses influences premières et fondatrices. Du line-up originel, Eric Martelat est le seul rescapé et c’est d’ailleurs peut-être aussi ce qui l’a motivé à réaliser cette sorte d’introspection musicale. C’est désormais entouré de nouveaux musiciens que le chanteur et fondateur du groupe présente « Vieux Démons », un album-concept d’une grande richesse et où il multiplie les clins d’œil. Entretien.  

Photo : Jean-Denis Izou

– « Vieux Démons » est votre sixième album et peut-même le plus déroutant pour qui n’aurait pas les références. C’est une belle aventure qui se joue dans années 70, mais pas seulement. Comment est-ce que tu en ferais la présentation ?

C’est exactement ça. On a voulu faire un album-concept, mais pas au sens où une histoire serait développée sur tous les morceaux. Son titre indique déjà qu’il s’agit plus d’un album référence et révérence aux grands anciens. On replonge dans les années 70. Au départ, MESSALINE était plutôt un groupe qui jouait du Heavy Metal avec des touches 80’s. Avec « Vieux Démons », on est plus dans le Hard Rock et les années 70. C’est aussi du à l’arrivée de nouveaux musiciens dans le groupe, dont Mathieu Gilbert, notre guitariste. On s’est retrouvé sur cet amour de cette musique, qui nous nourrit depuis longtemps. Au début, au moment de l’écriture, c’était assez inconscient mais nous avons vite décidé de mettre des références à nos groupes de jeunesse comme Santana, Hendrix, Cream, Led Zep… Ca peut en effet dérouter ceux qui ne connaissent que nos premiers albums

– L’album s’inscrit clairement dans un Classic Rock aux touches Hard Rock et dans un esprit Rock français assumé. Si je comprends, pour ma part, votre démarche : à quel public MESSALINE s’adresse-t-il directement ?

Nous faisons avant tout de la musique pour nous faire plaisir. Comme nous sommes des quinquagénaires, cela s’adresse peut-être plus à des gens qui écoutent de la musique depuis 30/40 ans. Après, il y a actuellement un côté revival et c’est vrai que j’aime bien ça. Beaucoup de gens ne jurent que par le vinyle, alors pourquoi les jeunes d’aujourd’hui ne miseraient-ils pas sur un groupe aux couleurs 70’s ? Et puis, lorsque nous faisons un album, on n’a pas en tête toutes ces préoccupations marketing. On s’en fout complet ! (Rires) Finalement, c’est notre disque le plus accessible et beaucoup de gens peuvent s’y retrouver.

Photo : Jean-Denis Izou

– Au-delà des influences, ou plutôt même de courants musicaux parcourus, les textes sont aussi d’une grande originalité, puisque vous êtes presque les seuls en France à aborder de tels sujets. On a même l’impression qu’ils sont le prétexte à un divertissement très joyeux. C’est aussi comme ça que vous le voyez et surtout que vous le concevez ?

Oui, complètement ! C’est vrai que la particularité de MESSALINE réside dans ses textes en français, qui sont d’ailleurs un peu ma chasse gardée. Je ne chante d’ailleurs que mes textes, car j’ai besoin qu’ils viennent de moi pour mieux les vivre et aussi les adapter à la musique. Les thèmes abordés sont assez larges. Si l’époque ne se prête pas forcément à beaucoup de joie, je garde en moi ce côté joyeux et humoristique. Même sur des textes sombres, j’essaie toujours de glisser un petit jeu de mot, par exemple, pour désintellectualiser la chose et apporter un peu de légèreté aussi. Mes deux grandes influences au niveau de l’écriture sont Christian Décamps et Thiefaine, qui représentent pour moi les deux faces d’une même pièce.

– L’album contient des morceaux super-efficaces comme « Les 3 Stryges », « Black Shaman » ou « Je Voulais Te Dire », qui sont vraiment la marque de fabrique de MESSALINE, votre touche. On y perçoit une réelle alchimie entre vous. Comment naissent vos morceaux ? Vous partez du texte, ou est-ce qu’il arrive en second suivant l’univers du titre ?

En fait, on a deux méthodes pour composer. On essaie d’être efficace sur les refrains et les mélodies. Nous sommes un peu des chansonniers, en fait, et je l’assume complètement. Alors, soit j’ai une mélodie en tête et je l’envoie à Mathieu, soit c’est lui qui m’envoie ce qu’il compose à la guitare sèche. Ensuite, on discute beaucoup, on structure les morceaux minutieusement. Et puis, Mathieu est un vrai boulimique de musique et j’écris aussi beaucoup de mon côté. On fait le tri et on avance comme ça. Toute la base des morceaux est acoustique et on construit ensuite autour. On part du principe que si une simple guitare sèche et du chant sonnent, ça sonnera tout le temps ! Et ça nous permet de varier les plaisirs en faisant des shows-cases, par exemple, où l’on s’aperçoit que ça fonctionne. 

Photo : Jean-Denis Izou

– Et il y a aussi ces deux « Marque Page » (« Antiqua » et « Daeomina »). Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus et nous expliquer leur signification ?

On voulait des respirations. On a beaucoup réfléchi à l’ordre des morceaux et à leur structure au sein-même du disque. Même si beaucoup de gens écoutent les titres individuellement sur les plateformes, on voulait aussi garder ce format de 45 minutes, où on se pose pour écouter l’album d’une traite. Et pour que tout s’enchaine bien, on a trouvé intéressant de faire ces pauses musicales. Ca repose l’oreille tout en apportant d’autres mélodies. On voulait un lien encore plus naturel entre les morceaux.

– On connait l’amitié qui vous lie au groupe Ange, et d’ailleurs vous reprenez « Par Les Fils De Mandrin », qui est réarrangé pour l’occasion. Quelle était l’intention ? C’est un morceau qui vous suit depuis longtemps, ou c’est une sorte d’hommage ?

Oui, c’est un hommage à Christian Décamps que je connais maintenant depuis une trentaine d’années. C’est un ami très proche. Nous avons eu la chance de faire souvent leurs premières parties, et nous sommes proches musicalement sur beaucoup d’aspects dont l’écriture. On n’avait jamais eu l’occasion de reprendre l’une de leurs chansons, que ce soit en concert ou en studio et je trouvais que c’était bien de boucler la boucle de cette façon. Et pour m’en libérer complètement, il me fallait aller aussi aller jusqu’au bout. Comme « Vieux Démons » est un album référence et révérence aux anciens, c’était le bon moment. Nous n’avons pas non plus voulu faire une reprise pour faire une reprise. On voulait aller un peu plus loin. Dans le morceau, on a intégré d’autres titres d’Ange et d’ailleurs Mathieu a fait un gros travail là-dessus. On retrouve entre autre un titre de 1970 qui s’appelle « Messaline » et dont les enregistrements sont d’ailleurs très rares. « Par Les Fils De Mandrin » est presque un medley finalement et les musiciens d’Ange ont apprécié le fait que l’on ne cantonne pas à une simple reprise et Christian m’a même dit que nous avions fait du MESSALINE, ce qui est un grand compliment pour nous.

– L’album comprend aussi « Le Jardin Des Délices », un clin d’œil, ou encore un hommage, au peintre flamand néerlandais Jérôme Bosch (autour de 1450-1516). On est assez loin de l’univers de MESSALINE et pourtant il s’intègre parfaitement à « Vieux Démons ». D’où vous est venue cette idée ?

On voulait un morceau très acoustique, fait d’arpèges et dans l’esprit du Led Zep « III ». Le déclic est venu du fait que c’est un morceau assez bucolique avec un côté très nature, comme le lieu où Led Zep a enregistré son album à l’époque (au Pays de Galles, au Rockfield Studios – NDR). Pour le texte, cela a été une association d’idée. Et comme je suis plasticien, enseignant en art appliqué et dessinateur, l’art fait partie de ma culture. Et j’avais aussi lu un roman un peu ésotérique, qui parlait du « Jardin des Délices » de Jérôme Bosch.

Photo : Jean-Denis Izou

– Avant de parler d’« Orion Stargazer » qui est l’un des titres-phares de l’album, j’aimerais que tu nous dises un mot sur la pochette, qui est signée Stan W. Decker, dont on connait le travail pour Megadeth et Blue Öyster Cult notamment. Comment s’est faite la connexion avec MESSALINE, car il a très bien cerné l’état d’esprit et la démarche du groupe ?

En fait, je l’ai contacté dès qu’on a commencé à avancer sur les morceaux, car on sentait qu’on allait sortir une sorte d’album-concept basé sur les années 70. Pour aller au bout de l’idée, on s’est dit qu’il fallait une pochette peinte où on se mettrait en scène. Et au-delà de ça, on y trouve beaucoup de clins d’œil à Kiss et à Rainbow notamment et dans un esprit un peu ‘Renaissance’ pour la peinture. Ca m’a paru assez naturel de le contacter, et puis c’était aussi l’occasion de passer un cap. Il connaissait notre univers un peu Prog avec des textes en français. Je lui ai fait un croquis détaillé de la pochette avec la mise en scène et il a réalisé un travail extraordinaire à partir de tous ces éléments. S’il y a des références musicales dans l’album, il y en a aussi énormément dans sa pochette car le visuel fait autant partie du concept que les morceaux. (L’album est bien sûr disponible en vinyle – NDR)

– Concluons donc avec « Orion Stargazer », où l’on retrouve du beau monde : Renaud Hanson (Satan Jokers), Tristan et Francis Décamps (Ange et Gens De La Lune), Jo Amore (ex-Nightwish, Kingcrown) et Pyt Theurillat (Galaad). J’imagine que ce sont tous des amis de MESSALINE. Comment les as-tu convaincu de tous participer au même morceau ?

En fait, on voulait réunir sur un même titre tous les copains avec qui on a partagé la scène. Et le fait que ce soit le dernier titre était assez rigolo aussi. C’était important pour moi d’avoir des invités qui ne soient pas des ‘pigistes’, mais des amis. J’ai juste envoyé un petit mail en expliquant l’idée de l’album et celle du titre. J’ai envoyé des voix témoins en disant qui je voyais sur tel couplet et en les laissant improviser sur le pont central. En 48h, tout le monde était d’accord. C’est également un vrai plaisir personnel d’avoir des musiciens de cette qualité pour ce dernier morceau. Chacun a envoyé ses bandes et comme je leur avais laissé la place d’improviser, on a pu mettre toutes les voix ensemble au mix. Et à l’écoute, on a vraiment l’impression qu’ils étaient tous dans la pièce au même moment. On est vraiment ravi !

L’album « Vieux Démons » de MESSALINE est disponible chez Brennus Music.

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Americana Country folk

Alyssa Bourjlate : intime et radieuse

Même si le style est essentiellement joué en Amérique du Nord, l’Americana qu’interprète ALYSSA BOURJLATE est d’une étonnante authenticité, compte tenu de sa rareté dans l’hexagone. Sur « I’ve Lost Myself On The Way », la chanteuse et compositrice française fait de sa sincérité une force et un atout majeur.

ALYSSA BOURJLATE

« I’ve Lost Myself On The Way »

(Independent)

Après des débuts assez discrets sous son seul prénom et avec deux albums en français, « Insomnie » (2008) et « Mariage Noir » (2010), ALYSSA BOURJLATE prend un virage très Americana, un style peu répandu chez nous et qui marie Country, Blues, Folk, et Rock avec une approche très narrative. Entièrement écrit en anglais, ce troisième opus marque une nouvelle entrée en matière très réussie et particulièrement convaincante.

Soutenue par un groupe de musiciens chevronnés (guitare, basse, batterie, banjo, harmonica), c’est en songwriter avertie que se présente ALYSSA BOURJLATE avec des morceaux très personnels et tout en délicatesse. Ecrit et composé par ses soins, « I’ve Lost Myself On The Way » retrace finalement, et avec élégance, le parcours de la chanteuse ces dix dernières années. L’essence-même de l’Americana…

Très bien produit, l’ensemble est constitué de titres d’une belle unité artistique à la fois intimistes et dynamiques (« High And Dry », « Outlaw », « King Of Sadness », « Never Be Yours »). Par ailleurs, ALYSSA BOURJLATE a eu la bonne inspiration de reprendre « Cry To Me » du grand Salomon Burke et aussi « Losing My Religion » de R.E.M., dont la présence interroge un peu par son décalage. Un disque et une chanteuse à découvrir d’urgence.

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France Hard 70's Rock 70's Rock Progressif

Moundrag : dragon’s flight [Interview]

MOUNDRAG, c’est l’histoire de deux frangins, Camille et Colin Gœllaën-Duvivier, biberonnés au Rock Progressif et psychédélique depuis leur plus tendre enfance. Originaire de Paimpol en Bretagne, le duo détonne et étonne grâce à un line-up surprenant, puisqu’ici point de guitare, ni de basse : juste (beaucoup !) des claviers et une frénétique batterie. A eux d’eux, ils viennent de sortir leur premier album, « Hic Sunt Moundrages », savante concoction de Hard Prog/Heavy Psych dans un  univers de science-fiction 70’s ancré dans une réalité très actuelle. Camille (claviers) nous en dit un peu plus sur ce groupe hors du commun et du temps…

Photo : Théo Gosselin

– MOUNDRAG a commencé à faire parler de lui il y a trois ans avec un premier EP éponyme. Depuis, les choses se sont accélérées. C’était déjà ce que vous imaginez en 2018 en créant le groupe ?

Eh bien non, pas vraiment ! En créant MOUNDRAG, nous avions comme objectif premier de faire les premières parties des groupes en tournée en Bretagne, afin de démontrer aux groupes et au public qu’il n’y a pas besoin de guitare pour faire du Rock’n’Roll ! Mais les choses se sont bousculées après qu’on est joué au Trans Musicales de Rennes en 2019. Depuis, on joue partout en France et en Europe… et on ne joue plus en premier !

– Comme de plus en plus de groupes, vous évoluez en duo, qui est d’ailleurs aussi une fratrie. Justement, est-ce que cela vous a aidé dans le sens où vous avez sûrement été bercés par la même musique ? Finalement, les repères étaient déjà là

Exactement, on a commencé à jouer ensemble très tôt (Playmobil, Lego…) et vers mes 13 ans, notre oncle irlandais nous a offert le CD de Deep Purple « Made in Japan », et ça a été un choc ! On est passé des Playmobil du grenier au studio de répétition dans la cave. De plus, nos parents sont musiciens, on a depuis tout petit été bercé par la musique et le rythme des tournées et des enregistrements, car on les accompagnait beaucoup.

Photo : Jean-Adrien Morandeau

– MOUNDRAG évolue dans un registre très marqué par les 70’s avec, forcément, de l’orgue en cascade et des morceaux progressifs. Cette évasion sonore et musicale que vous proposez, vous ne la retrouviez pas dans la musique d’aujourd’hui ? Ou plus simplement, c’est son intemporalité qui la rend toujours très actuelle, qui vous a séduit ?

Il est vrai que le Rock 70’s n’est pas du tout diffusé par les médias mainstream… Mais pour nous, ce style de musique et les messages des chansons sont toujours d’actualité ! Les problèmes sociaux, religieux ou encore environnementaux sont toujours présents. Le Rock Progressif et psychédélique est notre moyen de dénoncer et de parler des sujets qui nous angoissent… Et franchement, le Rock des années 70, c’est pas le kiff absolu ?

– « Hic Sunt Moundrages », votre premier album, vient tout juste de sortir et il est d’une incroyable fraîcheur et surtout il bénéficie d’une production très live et spontanée. Dans quelles conditions l’avez-vous enregistré, car il est le reflet parfait de vos concerts ?

Merci beaucoup ! Il a été enregistré en février 2021 dans les studios ZF Prod à côté de Rennes. Nous étions en osmose, perdus dans la campagne et sous la neige pendant dix jours ! Nous avons enregistré les parties rythmiques (basse, batterie, orgue) en live. Nous avons ensuite fait les overdubs des voix et des autres instruments (piano, percussions, mellotron, Moog…). Nous avons fait le choix de ‘surproduire’ ce premier album, car nous aimons différencier le live du studio. Maintenant le challenge, c’est de réarranger les morceaux studio pour le live.

– En vous écoutant, on pense à beaucoup de groupes, mais il dégage de MOUNDRAG beaucoup d’originalité et un souffle que l’on ne retrouve pas souvent dans la musique des 70’s. Votre intention est-elle de ‘dépoussiérer’ un peu un registre, qui peut paraître lointain pour certains ?

Nous aimerions que plus de personnes, et notamment des jeunes, écoutent ce style de musique, c’est pour cela qu’on essaye de rendre le Rock 70’s plus ‘actuel’ avec les codes de la musique d’aujourd’hui. Cela se traduit par une structure musicale, des refrains, des sonorités (parfois) plus actuelles, tout en gardant une énergie et une esthétique 70’s. Nous adorons jouer aux archéologues de la musique. D’ailleurs, « Hic Sunt Moundrages » est rempli de références et d’hommages aux groupes qu’on adore, tout en gardant notre patte de jeunes de 2022.

Photo : Jean-Adrien Morandeau

– Une autre de vos particularités est que vous chantez tous les deux. Comment cela se passe-t-il ? Chacun chante ce qu’il écrit, ou est-ce que vous adaptez vos voix et vos textes aux morceaux ?

Nous avons commencé à chanter sérieusement avec la création de MOUNDRAG, et donc chanter ensemble était la meilleure chose à faire. En unissant nos deux voix, on a réussi à trouver des harmonies comme celles des groupes Folk et Prog des seventies que nous aimons tant. En général, il n’y a pas de règles sur qui chante le lead et qui écrit les textes. On partage nos voix aussi en fonction de ce qui nous rend à l’aise à chanter et surtout pour ne pas laisser l’autre dans la difficulté.

– MOUNDRAG est empreint d’une forte communion entre votre musique et un aspect visuel très présent. Et au-delà des histoires de dragons (que j’adore !), vous abordez aussi des problèmes actuels très forts où se croisent religion et diverses cultures. Iriez-vous jusqu’à dire que vous avez un message à livrer à travers votre musique ?

L’univers musical étant bien particulier, il faut que l’univers visuel le soit aussi. Donc, c’est à travers des paysages de science-fiction que nous trouvons l’inspiration des thèmes de nos chansons. Les thèmes de sciences fictions sont en général plutôt pessimistes vis-à-vis de l’évolution des sociétés, et c’est en imaginant le futur sur notre terre à partir de ce que nous vivons actuellement que nous ne voyons que des problèmes pour les années à venir. Nous sommes très inquiets du chemin que nos politiciens, nos cultures et les religions nous font prendre… Et la musique progressive est parfaite pour mettre en abîme ces sujets pas faciles à exploiter dans le Rock’n’Roll.

– Parlons de l’album, qui est finalement assez court, puisqu’il contient cinq titres. Parmi eux, il y a « La Poule » et ses 20 minutes. Le morceau est incroyable en rebondissements et passe par de nombreuses émotions. Même s’il laisse apparaître un esprit très jam, il est très écrit avec des chapitres bien distincts. Comment ce morceau emblématique de votre répertoire a-t-il vu le jour, et est-ce que l’envie de composer un titre aussi long était présente dès le début, comme une sorte de challenge ?

Avant même de commencer MOUNDRAG, nous avions déjà la première partie de « La Poule » et il était déjà question d’en faire un morceau de 20 minutes, c’était notre rêve ! C’est comme ça que nous l’avons créé, parties par parties, comme pour bâtir un édifice pierre par pierre. Et cela prend du temps, en tout cas, ça nous a mis du temps à composer. Souvent les choses venaient très facilement et parfois c’était totalement l’inverse… Il nous est arrivé de buter sur un passage, ne plus savoir quoi faire après, ou comment faire la transition d’une partie à une autre. Il y a eu même des moments de questionnement sur le concept-même de composer ce titre, d’aller au bout. Finalement, on s’est retrouvé en studio avec tout en tête et tous les arrangements prévus. On l’a enregistré sans se poser toutes ces questions et c’est comme ça qu’est né « La Poule ».

– J’aimerais enfin qu’on dise aussi un mot sur Komodrag & the Mounodor, qui est la fusion entre MOUNDRAG et le groupe finistérien Komodor. Sur scène, il y a une réelle osmose entre vous à tel point qu’on a l’impression que vous vous connaissez depuis toujours. Est-ce qu’on pourrait imaginer la sortie d’un album ? D’ailleurs, est-ce que vous en avez déjà parlé entre vous ?

Les premières dix minutes de notre rencontre avec les Komodor en 2019 nous ont paru comme si c’était dix ans. Les relations humaines sont la base de toutes créations musicales et quand il y a l’étincelle entre différentes personnes, il faut foncer car on ne sait pas quel brasier va naître de cette étincelle. Les Komodor et nous, c’est puissant et sur scène c’est l’extase ! Et en studio, il ne vaut mieux pas imaginer… Bien sûr, il va y avoir un album qui sortira ! On attend juste tous ensemble que « Hic Sunt Moundrages »fasse un peu de route, mais on sent qu’on n’aura même pas le temps de souffler un peu entre les deux albums !

L’album de MOUNDRAG, « Hic Sunt Moundrages », est disponible chez Dionysiac Records/Modulor.

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Alternative Metal Alternative Rock France Post-HardCore

Bukowski : éclats de vie [Interview]

Paradoxalement, malgré la perte brutale de Julien Bottel, son bassiste et principal parolier, BUKOWSKI sort peut-être le meilleur de ses six albums en quinze ans de carrière. Sobrement éponyme, cette nouvelle réalisation montre un quatuor en pleine mutation, entre Rock et Metal, et affichant ouvertement des sonorités post-HardCore, Stoner et alternatives. « Bukowski » marque également la première apparition sur disque de son batteur, Romain Sauvageon, qui a répondu à quelques questions. Entretien.

Photo : Armen Balayan

– Vous sortez votre sixième album dans des conditions particulières, puisqu’il parait presqu’un an jour pour jour après la disparition tragique de Julien. Et pourtant, c’est bien sa basse qui résonne sur ces onze nouveaux morceaux. Au-delà de l’hommage naturel que cela représente, cela vous est apparu comme une évidence que « Bukowski » voit le jour ?

Oui, c’est exactement ça, c’était une évidence. On ne se voyait pas remballer tout ce qui avait été fait les mois précédents et surtout, il n’aurait jamais voulu que le groupe se termine après son départ. Cet album est devenu un véritable hommage à Julien.

– La pochette de l’album, toute en sobriété, dégage aussi beaucoup de force. Pour la première fois aussi, cette nouvelle réalisation est éponyme, ce qui en dit long sur votre état d’esprit. Ca peut paraître assez paradoxal, mais « Bukowski » se révèle comme votre disque le plus abouti avec une identité musicale très affirmée, et c’est peut-être même le meilleur…

Merci ! Effectivement, cet album s’est transformé en hommage à Ju. A la base, l’artwork (réalisé par Zariel) était totalement différent et l’album devait se nommer « Arcus ». Bref, tout était prêt. Mais avec les événements, on ne pouvait pas continuer sur notre lancée comme si de rien n’était. Concernant l’identité musicale, nous avions pris la décision pendant la composition de ne pas nous mettre de barrières et d’aller jusqu’au bout de toutes nos idées. On s’est dit dès le début que ce serait un album prise de risques, c’est un choix que nous avons assumé dès le début et vu les retours que nous avons depuis sa sortie, il semblerait que ce soit payant !

– Pour clore ce triste chapitre, c’est donc Max Müller, ancien guitariste de Full ThroIle Baby et ami de Julien, qui reprend la basse. Et comme un signe du destin, il est lui aussi gaucher et joue même maintenant avec son instrument et sur son matériel. Comment cette succession, ou ce relais, a-t-il eu lieu car un tel héritage peut être lourd à porter ?

Cela s’est fait assez naturellement pour être honnête. Quand la décision a été prise de continuer BUKOWSKI, s’est posée la question du remplaçant. Nous ne voulions pas de quelqu’un de trop extérieur, nous avons toujours aimé travailler ‘en famille’. Max était très proche de Julien et ça nous semblait être le plus logique. Quand on s’est rendu compte qu’il était gaucher, on a vu ça comme un signe. Aujourd’hui, on est ravis de  l’avoir avec nous et il est le meilleur successeur que l’on pouvait imaginer.

Photo : Armen Balayan

– Outre l’émotion qui émane de « Bukowski », ce nouvel album va encore plus loin que ce que vous avez l’habitude de proposer. Sur une base Rock et Metal, on retrouve des sonorités Stoner bien sûr, mais aussi post-Rock et Hard-Core, et plus alternatives à la Pearl Jam vocalement. On a l’impression de découvrir enfin tout le potentiel et la pluralité artistique du groupe. Comment êtes-vous parvenus à une telle éclosion ?

Je pense qu’un groupe parcourt un chemin pavé d’expériences et de rencontres. On sent sur cet album les influences de chacun d’entre-nous et que nous avons essayé de mélanger du mieux possible ! Chaque membre est déterminant dans les idées de compositions et d’arrangements. Entre les arrivées de Knäk (déjà sur l’album précédent) et la mienne, les choses changent forcément ! On se sent à l’aise dans nos sessions de travail, libres d’exprimer ce que l’on veut et je pense que c’est un facteur majeur pour une création saine !

– Etonnamment, malgré tous les courants et les styles que vous abordez, BUKOWSKI fait toujours du Rock français au sens noble du terme. C’est quelque chose à laquelle vous tenez, cette identité hexagonale dans le son et l’approche ?

Oui bien sûr, on a grandi avec la scène américaine et anglaise, mais aussi avec la scène française ! Ca fait partie de notre background. Et aujourd’hui, tourner avec des poids lourds de cette scène nous rend fiers de ce qu’on fait et de ce qu’on a accompli. Alors bien sûr, on a aussi envie d’aller explorer d’autres horizons, mais on se concentre pour le moment sur l’hexagone et on verra ce que nous réserve l’avenir.

Photo : Armen Balayan

– L’une des surprises de l’album est « Arcus » et sa partie en spoken-word interprétée par votre ami, le rappeur Wojtek. C’est une première en français pour vous et on retrouve une ambiance qui rappelle la scène des années 90. D’où est venue l’idée et comment le morceau a-t-il été composé ?

On avait envie de faire un morceau avec Wojtek qui est le roi du Battle Rap français. C’est vraiment parti de ça : on voulait faire un morceau avec notre pote ! Du coup, la composition est partie de cette idée-là, à savoir une base mid-tempo avec des relents Hip-Hop notamment dans la batterie. Ensuite, comme je te le disais plus haut : pas de barrières !

– L’autre featuring est celui de Tony Rizzoh d’Enhancer et de Perfecto pour un morceau d’une rare explosivité, « Vox Populi ». C’est un aspect extrême de BUKOWSKI que l’on voit assez peu souvent. Quel sens avez-vous voulu donner à ce titre, qui semble d’ailleurs taillé pour la scène ?

C’est le même principe que pour « Arcus », c’était une envie commune que de bosser ensemble. Alors la donne était différente puisque, comme tu le dis, Toni joue avec Mathieu et moi au sein de Perfecto. Tout est donc plus facile, car on se connait par coeur ! En gros, c’est un titre qui aborde le sujet des écarts qui se creusent dans la société avec des riches de plus en plus riches et des pauvres de plus en plus pauvres. On voulait exprimer une forme de rage autant dans les textes que dans le ressenti à l’écoute ! On a pu jouer ce morceau quelques fois sur scène avec Toni, et effectivement ça marche très bien en live !

– Enfin, ce sixième opus est d’une grande intensité avec des titres très denses, chargés en émotion et dont les mélodies sont tellement touchantes qu’on a qu’une envie, c’est de le découvrir en live et dans son intégralité. Comment allez-vous constituer vos setlists ? Ca risque d’être un vrai casse-tête, non ?

Alors oui, pour être honnête, c’est déjà un casse-tête! (Rires) Nous avons joué chez nous au Forum de Vauréal pour la release party le 15 Octobre dernier et ça a été très compliqué de choisir ! Cela fait quelques temps déjà que l’on voulait proposer autre chose sur scène, comme revenir à de vieux morceaux qui n’avaient pas, ou peu, été joués en live… Du coup, choisir des morceaux du nouvel album a été compliqué ! Mais au final, on a pris la décision de jouer quasiment deux heures au Forum, ce qui a simplifié la tâche. Malheureusement, on ne pourra pas faire des sets comme celui-ci à chaque fois, donc on mettra la priorité sur la nouveauté évidemment !

L’album éponyme de BUKOWSKI est disponible depuis le 23 Septembre chez At(h)ome.

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Fuzz Rock Psych Rock 70's

Howard : frénésie intemporelle

Malgré des débuts perturbés, HOWARD devrait enfin prendre son envol, grâce à ce deuxième album percutant et haut en couleurs. « Event Horizon », en plus d’être très bien réalisé, dévoile huit morceaux au groove constant, aux envolées Fuzz bien senties et avec un feeling qui puise dans un Psych Rock ensorceleur.

HOWARD

« Event Horizon »

(Ditto Music/Season Of Mist/Delta Fuzz Electronics)

Si 2020 a été une année noire pour beaucoup, elle a aussi coupé HOWARD dans son élan, alors que le trio sortait tout juste le très bon « Obstacle » (le bien-nommé), un premier album qui aurait du lancer le groupe de la plus belle des manières. Qu’à cela ne tienne, les Parisiens se sont remis au travail et à l’écriture de « Event Horizon », un deuxième opus qui vient confirmer leur bouillonnante créativité.

Si le Stoner Rock entrevu sur leurs précédentes réalisations (le groupe a aussi sorti un EP en 2018) laisse place à un Psych Rock très 70’s, HOWARD garde et peaufine son style en l’articulant sur des sonorités électroniques vintage boostées par un orgue Hammond sans limite. Pour autant, le combo fait fuzzer les guitares offrant à « Event Horizon » une vélocité et un impact très actuels qui tranchent avec l’esprit du disque.

Tout en restant d’une efficacité redoutable sur les mélodies, HOWARD a également apporté un soin tout particulier aux arrangements qui sont d’une grande finesse et que l’on découvre au fil des écoutes (« I Hear A Sound », « Need Want Get », « The Way » et le très bon morceau-titre). HOWARD est inventif, créatif et prouve que revival et modernité font plus que bon ménage. Précis et captivant.

A noter le HOWARD fera sa ‘release party’ avec le groupe Djiin samedi 3 décembre au Backstage By The Mill à Paris. Les tickets sont en prévente ici :

https://www.helloasso.com/associations/below-the-sun/evenements/howard-djiin-backstage-paris

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folk France Metal Progressif Rock

An’Hedonya : entre brume et halos [Interview]

Composé de Marie Soler au chant, Fred Martin à la guitare et Thibaut Gérard à la basse, AN’HEDONYA signe son premier album dans un univers Dark/Folk aux contours progressifs et l’ensemble est particulièrement bien réalisé. Autoproduit, « Ill’usions » affiche des morceaux originaux et dans un registre assez rare dans l’hexagone. Le trio montpelliérain navigue dans des atmosphères sombres aux saveurs Metal et Rock, et il n’en fallait pas plus pour leur poser quelques questions, alors que le groupe fait son entrée sur la scène française.

– Si vous n’êtes pas vraiment des inconnus sur la scène héraultaise pour avoir joué au sein de Gholes, Reaching Nothingness, Kalasia ou Eyeless, j’aimerais que vous reveniez sur la création d’AN’HEDONYA. Qu’est-ce qui vous a poussé à monter le groupe ?

L’idée est partie de petits concerts que nous avons donnés, (Marie et Fred – NDR), dans un cadre privé, où nous reprenions quelques morceaux de Metal et autres, à la sauce guitare acoustique/chant. Nous nous sommes dit : ‘Tiens, pourquoi ne pas élaborer un projet sous cette formule ?’ Nos racines sont bien sûr métalliques, cependant, on peut s’apercevoir aujourd’hui avec les nombreuses ‘covers’ qui circulent sur le net, que le Metal peut être interprété par beaucoup d’instruments différents, y compris les plus inattendus… De plus, il existe déjà quelques albums entièrement acoustiques, qui font pourtant bien partie de la sphère Metal, ou encore des groupes qui intègrent ce type de son à 80% de leur musique. Je pense, par exemple, à l’album « Kveldssanger » d’Ulver, ou encore à des groupes comme Empyrium, etc. L’envie de départ de ce projet était aussi de pouvoir faire des concerts dans les pubs, les petites salles, quelques chose d’intimiste et d’atmosphérique.

– Est-ce qu’avec AN’HEDONYA, vous pouvez enfin explorer d’autres sphères musicales, et vous exprimer dans des registres que vos autres formations ne vous permettaient pas ?

C’est précisément l’idée ! Ce projet ne devait pas être redondant par rapport à nos autres activités musicales. Il n’aurait pas eu d’intérêt, ou de valeur ajoutée. Avec cette formule, il nous est permis d’aborder les choses sous des angles différents, et donc d’élargir nos horizons. Et puis, cela nous permet aussi de partager notre musique avec nos proches (famille, amis), parmi ceux qui ne sont habituellement pas trop sensibles lorsqu’il s’agit de Metal Extrême, et tout en gardant notre identité musicale.

– Dès le départ, vous m’avez dit vous inspirer d’Opeth, Anneke van Giersbergen et plus étonnamment des albums « Damnation » d’Opeth et « Dethroned & Uncrowned » de Katatonia, ce qui n’est pas si courant. Pour avoir réécouté ces deux derniers albums, on y trouve des similitudes, c’est vrai. En quoi sont-ils si importants pour vous ? Ce sont les atmosphères, les ambiances surtout, ou plutôt l’écriture et la structure des morceaux ?

Marie : Anneke van Giersbergen est pour moi une grande chanteuse, son timbre, sa voix cristalline associée à sa technique me touche particulièrement, je m’en inspire malgré moi. Car quand tu écoutes beaucoup, et depuis longtemps, un artiste, il t’inspire forcément. Il en est de même pour Katatonia que nous écoutons depuis leurs débuts, « Dethroned & Uncrowned » nous a inspiré dans le sens où c’est cette configuration et cette ambiance que nous voulions pour AN’HEDONYA.

Fred : L’album de Katatonia « Dethroned & Uncrowned » est un peu particulier, car il s’agit d’une réinterprétation d’un de leurs albums classiques, c’est-à-dire ‘avec des guitares électriques’, « Dead End Kings », d’une manière acoustique. Mais lorsqu’on entend ces morceaux même sans connaître leur pendant saturé, on en imagine sans peine la version électrisée. C’est un peu l’idée d’AN’HEDONYA : ce sont des morceaux acoustiques, mais on pourrait tout à fait les transformer en morceaux Metal plus traditionnels, car ils en ont l’essence.

Pour le cas d’Opeth, l’album « Damnation » met en avant les aspects les plus atmosphériques de leur musique, contrairement à « Deliverance » qui se concentre plus sur la partie Death Metal. Habituellement, ces deux facettes sont davantage mêlées dans un même album, ce qui nous a donné des monuments tels que « Blackwater Park » et « Still Life », mais cette fois-là, ils ont ressenti le besoin de ‘séparer’  les deux aspects. L’album « Damnation » est ainsi né et le résultat est tout simplement magnifique. Ce qui nous a attiré dans ces albums sont en effet les atmosphères et les ambiances qui en ressortent.

– Pour ce premier album, vous avez donc décidé d’évoluer dans un registre acoustique, mais complet dans votre formation, à savoir avec basse et batterie. C’était un choix naturel pour vous, ou la passerelle indispensable avant de franchir un nouveau palier, peut-être plus électrique, moins Rock et plus Metal, par exemple ?

L’idée était bel et bien de proposer une musique avec des guitares acoustiques, mais aux sonorités Rock/Metal. Donc l’appui rythmique se devait de conserver un minimum de puissance, notamment avec la batterie. Cette configuration nous est venue naturellement, lorsque nous composions. A priori, la formule devrait perdurer ainsi, mais il n’est pas impossible qu’un jour, nous ayons une variante ‘électrique’ d’un de nos morceaux, ce serait un effet miroir intéressant par rapport aux groupes qui proposent en morceau bonus, l’un de leur tube en version acoustique…

– Pour « Ill’usions », vous avez fait appel à Brett Caldas-Lima (Ayreon, Cynic, Hypno5e) pour le mix et le mastering, ainsi qu’à Léo Margarit (Pain Of salvation) pour la batterie. Pour un premier album, ce sont des choix importants et conséquents. Vous teniez à mettre dès le départ tous les atouts de votre côté et la barre très haute, car la production est assez incroyable ?

Merci pour le compliment ! Brett est un ami de longue date et nous connaissons la qualité de son travail. Il était donc logique de faire appel à ses services pour le mixage et le mastering de l’album. Il nous a aussi beaucoup guidés lors des phases d’enregistrement. Comme nous avions aussi besoin d’un batteur, il nous a mis en relation avec Léo qui a accepté de participer à l’album et a enregistré ses parties de batterie depuis la Suède. En plus de son talent de musicien, c’est un mec très sympa, nous avons eu beaucoup de chance, c’était un plaisir de collaborer avec lui. On peut dire qu’ils ont tous deux apporté une autre dimension aux morceaux et nous avons partagé de beaux moments musicaux et amicaux. Nous sommes aussi très contents d’avoir la voix de Brett sur le morceau « Purple Death », qui apporte indéniablement un côté Metal, pour le coup !

– La sortie de « Ill’usions » se fait en autoproduction. Il va vous servir de carte de visite auprès des labels, ou est-ce par volonté d’indépendance, comme beaucoup d’artistes aujourd’hui d’ailleurs ?

Avant la sortie de l’album, nous avons contacté quelques labels et on ne va pas te mentir, les seuls retours que nous avons eus nous ont demandé une contribution financière. Nous avons déjà beaucoup investi dans la production de cet album et nous ne voulons pas payer pour être signés. Si ça plait, nous restons ouverts aux propositions mais de toute façon, l’objectif n’est pas forcément celui-là. Le plus important est de se faire plaisir et de partager notre musique, laisser vivre et voyager cet album. En revanche, nous avons fait appel à Inouïe Distribution pour la diffusion numérique sur les plateformes de streaming, qui a fait un super travail à ce niveau. Et il s’agit d’une boîte française, ce qui ne gâche rien ! Pour obtenir l’album en version CD, il faut donc s’adresser directement à nous, ou par le biais de notre page Bandcamp (lien ci-dessous – NDR).

– Avant de parler du morceau « Le Cri du Vent », on note aussi sur l’album beaucoup de sonorités celtiques, vocalement surtout. C’est une musique qui vous inspire aussi, ou c’est juste le simple fait du hasard ?

Marie : Non, ce n’est pas le hasard, c’est plutôt naturel puisque je suis d’origine bretonne et je passe énormément de temps là-bas depuis que je suis née. C’est d’ailleurs ce qui m’a inspiré l’écriture du morceau « Pen Lan ». C’est un lieu où je vais depuis toujours, mon repaire, mon havre de paix, l’endroit où je me sens le mieux et où j’écris et je chante seule, sur les rochers, en harmonie avec les éléments qui m’entourent.

Même si je ne réfléchis pas quand je chante à obtenir tel ou tel type de sonorité ou de style, avoir toujours écouté de la musique celtique, traditionnelle ou non, a forcément influencé ma manière de placer et moduler ma voix.

– Justement, « Le Cri du Vent » est le seul morceau chanté en français. Pourquoi ce choix et y en aura-t-il d’autres ? Ça vous parait naturel de vous exprimer dans votre langue maternelle autant qu’en anglais ?

Marie : Nous ne nous interdisons rien. Alors, pourquoi pas un morceau écrit dans notre langue ? Ce n’est, en effet, pas pareil d’écrire et de chanter en anglais ou en français. Si l’anglais sonne plus ‘facilement’ dans la musique Rock ou Metal, le français lui, demande plus de rigueur dans l’écriture, comme un poème, avec des rimes… J’ai écrit ce texte en dix minutes environ, pendant le confinement, en écoutant le silence et il m’a plu comme ça. À chanter, c’est différent aussi mais je ne pourrai pas te dire si je préfère chanter dans une langue ou dans l’autre, j’aime les deux. J’ai aussi pensé à Lacuna Coil, qui a quelques excellents titres en italien, leur langue maternelle. Ça m’a convaincu d’intégrer « Le Cri du vent » pour clôturer l’album.

– Enfin, on note la présence de la cornemuse de Pierre Delaporte sur ce dernier morceau. Est-ce que c’est une habitude que vous instaurerez à l’avenir ? Et puis, on revient à nouveau dans des sonorités celtiques au-delà de la voix…

Marie : Il n’était pas pensable pour moi de ne pas mettre quelques instruments aux sonorités celtiques dans notre musique, pas pour tous les morceaux. Mais la harpe sur « Pen Lan » exprime la plénitude de ce lieu et la cornemuse sur « Le Cri du Vent » évoque ce dernier élément d’une terre que j’imagine sans vie, où les seuls bruits restants seraient ceux d’un sol qui craque et du vent qui hurle.

Si nous composons un deuxième album, il est certain que nous intègrerons à nouveau des instruments celtiques. Nous aimerions bien, par exemple, inviter le groupe Plantec (groupe Electro Breizh) sur un prochain titre, car j’aime beaucoup l’ambiance qui se dégage de leur musique, surtout en fest-noz, c’est assez incroyable. Et puis, il y a aussi le fait que nous sommes quand même de gros cinéphiles, particulièrement du genre Heroic-fantasy dans lequel on retrouve souvent des sonorités celtes. Nous adorons les énergies qui s’en dégagent. Toutes ces sonorités font partie de notre culture musicale, alors nous les intégrons à nos compos quand cela fait sens.

L’album d’AN’HEDONYA, « Ill’usions », est disponible sur le Bandcamp du groupe : https://anhedonya.bandcamp.com/album/illusions

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Hard 70's

Bad Kingz : le respect de la tradition

Avec « Take Me To Your Kingdom », le trio franco-anglais montre une entente plus que cordiale. A l’unisson, les musiciens viennent ajouter une bien belle pierre à l’édifice Hard Rock originel initié par Led Zeppelin, Ad/Dc ou encore Thin Lizzy. BAD KINGZ a du coffre, du répondant et possède un groove très inspiré.

BAD KINGZ

« Take Me Into Your Kingdom »

(M&O Music)

Marqué du sceau des années 70, ce premier album de BAD KINGZ est à l’image de sa pochette : lumineux. Composé des Français Chris Savourey à la guitare et Alex Sire à la basse, le trio peut compter sur son Britannique de chanteur, Tomas Baptista, dont la voix illumine ce « Take Me To Your Kingdom » particulièrement abouti pour une première réalisation, tant musicalement qu’au niveau de la production, qui est très aérée.

Forcément, l’ombre du grand Zeppelin plane sur ce bel opus, mais BAD KINGZ ne semble pas avoir l’intention de vouloir révolutionner un style né il y a plus de 50 ans, et dont il se présente plutôt comme un digne représentant. Vocalement, Robert Plant a marqué au fer rouge le frontman, et ce n’est sûrement pas moi qui vais m’en plaindre, bien au contraire. Quant aux Riffs, l’album présente une vitrine plus qu’appétissante.  

Très Rock’n’Roll, le Hard Rock revival du combo nous propulse dès « They Came Here to Stay » sur un rythme soutenu que l’on retrouve sur « It’s A Long Way Down » et « The Mirror ». Et BAD KINGZ se montre aussi très Blues sur « I’m Seeing Blue » et même Folk sur « Friend ». Le trio ne manque pas de ressources et livre des morceaux pêchus et plein de feeling (« Hear Me Now »). Un premier pas très prometteur.

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Blues Rock Classic Rock France

Red Beans & Pepper Sauce : spicy groove [Interview]

Sur un rythme régulier, les Montpelliérains mènent leur carrière sur un train d’enfer. Sept albums en un plus de dix ans et une créativité toujours très prolifique font du quintet l’une des valeurs sûres hexagonales. Son Blues Rock musclé, doublé d’un Classic Rock efficace, fait encore et toujours des merveilles sur « 7 », un nouvel album enlevé et marqué aussi par la performance claire et puissante de sa chanteuse. Entretien avec Laurent Galichon, principal compositeur et guitariste de RED BEANS & PEPPER SAUCE.

– Vous venez de sortie « 7 » qui, comme son nom l’indique, est votre septième album en un peu plus de dix ans. C’est un rythme très soutenu, si on compte en plus les tournées. Comment faites-vous pour être aussi créatifs ?

Personnellement, dès que j’ai une idée, j’essaye de l’enregistrer, que ce soit en chantant dans mon smartphone, ou en jouant de la guitare si je l’ai sous la main. J’archive tout ça et ça me sert de boite à idées, quand il est temps d’écrire de nouveaux morceaux. Après, c’est sûr qu’on a aussi un rythme de travail très soutenu.

– Avec le nombre de concerts que vous donnez, on aurait pu imaginer que « 7 » soit le fruit de longues jams. Or, l’album est très écrit avec des compositions très efficaces. On a presque l’impression que vous gommez le superflu pour n’en garder que l’essentiel, et sans perdre en feeling. C’est votre façon de procéder ?

En fait, on compose à distance, on ne joue pas tous ensemble dans la même pièce. Je commence en général par envoyer aux autres musiciens une maquette, où j’ai joué tous les instruments. Niko intervient en premier sur la batterie, ce qui permet de poser les fondations du morceau et de retravailler les structures. Ensuite, Serge et Pierro ajoutent leurs idées, puis Jessyka travaille le chant à partir des textes et des mélodies que j’ai pu chanter ou jouer à la guitare. On s’envoie de très nombreux fichiers pendant des mois avant d’arriver aux versions définitives. L’avantage de cette méthode, par opposition au travail classique en studio, c’est qu’elle permet aux musiciens de tenter plein de choses, de laisser reposer les idées et de ne garder que le meilleur, le tout sans être dans l’urgence du studio, ni dans les tensions que cela peut engendrer.

– Avant de parler de l’album, vous œuvrez toujours dans un registre entre un Classic Rock racé et un Heavy Blues très Soul. Si on était dans les années 70, dans quel style auriez-vous versé : plutôt Rock/Hard ou Blues nerveux ?

C’est difficile de dire ce qu’on aurait fait dans les 70’s. Parce que ce reviendrait à gommer tout ce qui a pu nous influencer dans les 40 années suivantes. Même si nos bases se situées fins 60’s-début 70’s avec Led Zep, Purple, Hendrix, etc, on a forcément été influencé par ce qui s’est passé après, de Dire Straits à Police en passant par Queen, AC/DC, la vague Rock des 90’s des Nirvana, Soundgarden, la fusion des Red Hot, de RATM, l’Electro Pop de Bjork, etc… Le seul truc dont on peut être sûr, c’est que le blues aurait fait partie de l’histoire. Du blues nerveux, du Hard Blues, du Heavy Blues, on peut y donner le nom qu’on veut, mais pour moi ça revient au même.

– Sur « 7 », vous évoluez toujours en quintet et pourtant pour les compositions, c’est un travail en binôme entre Jessyka Aké et toi. C’est votre manière de gagner en concentration, ou c’est plus simplement la marque de fabrique et la façon de faire du groupe ?

C’est simplement que je propose au groupe des maquettes avec tous les instruments et la mélodie, ce qui fait de moi le compositeur. Ensuite, chacun apporte sa façon de jouer, son instrument. C’est plutôt du travail d’arrangement, car la mélodie, les accords, les riffs et les structures sont déjà là. Parfois la mélodie n’est écrite qu’en partie, voire pas du tout, et dans ces cas-là, Jessyka intervient dans le travail de composition.

– « 7 » est scindé en deux parties, l’une enregistrée chez vous à Montpellier, les ‘Rythm Design Sessions’ et l’autre aux Studios Rockfield au Pays de Galles, sur laquelle on reviendra. La plupart de vos enregistrements a été réalisée au Rythm Design Studio avec votre batteur Niko Sarran. C’est une belle preuve de fidélité et de confiance. Est-ce parce qu’il connait particulièrement bien votre son et donc vos attentes, que c’est très pratique aussi ou parce que d’autres opportunités ne se sont tout simplement pas présentées ?

Niko est un fantastique producteur d’album, c’est lui qui a amené ce son au groupe et cette méthode de travail. Comme il est également le batteur, son travail sur la production s’enclenche dès qu’il commence à imaginer les parties de batterie. C’est donc à lui que j’envoie les maquettes en premier, car la production est pensée dès le début. Et si on décide d’aller dans d’autres studios, il reste malgré tout celui qui travaille sur la production, c’est lui qui sculpte le son.

– Pour la seconde partie, vous êtes donc allés aux légendaires Rockfield Studios au Pays de Galles, là où Black Sabbath, Queen et Led Zeppelin ont laissé leur empreinte. C’était un désir, voire un rêve, que vous nourrissiez depuis longtemps ?

En fait, un peu avant de commencer à travailler sur ce quatrième album que Niko allait produire pour le groupe, on cherchait comment lui donner une couleur différente. Les documentaires de Dave Grohl sur les studios les plus mythiques des USA (‘Sonic Highways’) nous avaient donné cette envie de visiter des studios légendaires, avec une histoire. Et puis, pendant nos réflexions, c’est un autre documentaire, « Le Rock est dans le pré », qui nous a fait découvrir ces studios avec leur histoire assez dingue. On a tout de suite flashé et eu envie d’aller s’isoler quelques jours dans cette ferme de la campagne galloise. Le fait que des artistes qu’on aime y soit passés avant nous donne une dimension incroyable à ce voyage. Pour des amateurs de musique, c’est comme un pèlerinage dans un lieu historique.

– D’ailleurs, vous y faites un beau clin d’œil à Led Zeppelin avec cette superbe reprise de « Rock’n’Roll » dans un esprit très Blues et Soul, et sur un tempo lent et doux. Comment est venue l’idée d’aborder ce standard avec cette approche très délicate par rapport à l’original, qui est très musclé ?

On a tendance à penser que quand on fait une cover, il faut s’éloigner de l’original, sinon ça présente peu d’intérêt. Après, on est partie du principe que comme Led Zep avait fait ce titre pour rendre hommages à ses idoles des années Rock’n’Roll, on allait remonter encore un peu plus dans le temps à le ramenant aux fondateurs du Blues. Alors évidement, Led Zep n’a pas joué ce titre comme l’aurait fait un Little Richard, mais il s’en est inspiré pour le faire à sa façon. On en a fait de même, on n’essaye pas de jouer comme l’aurait fait Muddy Waters, on s’en inspire et on l’a fait à notre sauce.

– Au niveau du son aussi et de la production, on vous découvre sous un angle nouveau avec trois morceaux plus ronds et aussi plus feutrés. Est-ce que vous avez travaillé différemment ces titres, sachant qu’ils seraient enregistrés aux Rockfield ?

Le processus de composition est resté le même, mais c’est la méthode d’enregistrement qui est complètement différente. Dans ce studio qui baigne dans son jus depuis les 70’s avec du matériel vintage, comme la légendaire table de mixage Neve de 74, on a voulu enregistrer dans les mêmes conditions, ou presque, qu’à l’époque c’est-à-dire en jouant ‘live’ tous ensemble. Ensuite, en post-production, Niko a souhaité conserver cette patine vintage. On a d’ailleurs utilisé pour les réverbes les fameuses rooms du Rockfield. Des pièces vides et hermétiques à l’acoustique travaillée, où on envoie du son via un haut-parleur et qu’on enregistre avec des micros dans la pièce. Entre ça, la Neve, les préampli vintage et les vieux micros, on obtient forcément quelque chose de plus ancien, de plus rond et c’est exactement ce qu’on voulait faire. D’où le fait qu’il y ait deux CD pour bien mettre en valeur ce contraste entre la prod’ moderne et puissante du Rythm Studio et la chaleur vintage du Rockfield.

– Est-ce cette expérience galloise vous a donné des idées ? Comme d’y retourner, par exemple ? Et enfin, pourquoi ne pas avoir enregistré l’ensemble de l’album là-bas ?

Je pense qu’on aurait tous envie d’y retourner et d’y rester plus longtemps. La campagne galloise est apaisante et inspirante. Et puis, c’est vraiment chouette de dormir sur place, c’est très confort et on est focus sur la musique. Mais ça reste un sacré budget pour un groupe autoproduit. Il va nous falloir trouver un mécène !

L’album, « 7 », de RED BEANS & PEPPER SAUCE est disponible depuis le 20 septembre chez Crossroads / Socadisc.

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Post-Metal Progressif

Hypnagone : d’une écrasante beauté

Féroce tout en faisant preuve de beaucoup de délicatesse et d’une grande minutie, ce premier opus d’HYPNAGONE est captivant et dégage une puissance phénoménale. Très moderne avec des accents futuristes, il émane de « Qu’il Passe » une énergie et une maturité évidente dans son écriture et son jeu. Le quatuor originaire de l’Est de la France se montre d’ores et déjà d’une créativité à toute épreuve.

HYPNAGONE

« Qu’il Passe »

(Independant/Klonosphere)

Pointus et pointilleux. C’est en ces termes qu’on pourrait décrire HYPNAGONE et son premier album. Autoproduit et distribué par Klonosphere, « Qu’il Passe » aura nécessité cinq ans de gestation et deux enregistrements. Pointilleux, donc. Et si l’on ajoute que le mix a été réalisé par George Lever (Loathe, Monuments) et le mastering par Mike Kalajian (Machine Head, The Dear Hunter), on peut dire sans excès que le groupe n’a rien laissé au hasard.

Réunis autour d’Antoine Duffour, bassiste et fondateur d’HYPNAGONE, Adrien Duffour (chant), Yann Roy (guitare) et Jérôme Binder (batterie) ont élaboré un post-Metal technique et très structuré, qui ne manque pourtant pas de repères. Très immersive, la musique du combo conjugue également des approches progressives, Metal et Rock, expérimentales et avec un soupçon jazzy. Et l’ensemble est massif, très organique et accrocheur.

Axé sur des thèmes personnels en lien avec les luttes intimes, « Qu’il Passe » se déploie sur onze titres d’une surprenante fluidité. Par ailleurs, la pochette est signée du compositeur Antoine Duffour et représente le ‘brutalisme’, un mouvement architectural caractérisé par une bétonisation à outrance. Et pourtant, les morceaux respirent et ne souffrent d’aucune froideur, bien au contraire. HYPNAGONE réussit un magistral tour de force.

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Doom Post-Metal Sludge

Nuit d’Encre : crépusculaire

En intégrant un batteur à son projet solo, le créateur de NUIT D’ENCRE ajoute une belle dynamique à son deuxième album, qui bénéficie d’un aspect organique plus marqué. Musicalement, « De L’Autre Côté » s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur avec une maturité musicale décuplée et une production exemplaire.

NUIT D’ENCRE

« De L’autre Côté »

(Bitume)

Deux ans après le très bon « Sans Maux Dire… », Franswa Felt poursuit son aventure instrumentale avec le deuxième album de NUIT D’ENCRE, un projet solo mené de main de maître. Sur ce nouvel effort, le compositeur a mis tous les atouts de son côté en confiant le mix de ses nouvelles compos à Etienne Sarthou (Karras, Aqme) et le mastering au grand Magnus Lindberg (Cult Of Luna).

Si, sur le papier, la qualité de la production laisse peu de doute, elle ne fait que mettre un peu plus en avant le talent d’écriture du multi-instrumentiste. Car sur « De L’Autre Côté », on le retrouve à l’œuvre à la guitare, à la basse et aux claviers. Cependant, cette fois-ci, NUIT D’ENCRE accueille le batteur Eric Dunnet, qui apporte beaucoup de relief et d’épaisseur à l’ensemble.

Quant au style, le Sludge Doom déployé reste dans cette veine très immersive aux lueurs post-Metal. Le registre instrumental permet a lui aussi de développer des atmosphères très prenantes, capables de se faire aussi submergeantes qu’aériennes (« Mille Lieux Hostiles », « L’Enfant Ephémère », « Faim D’un Rêve »). Avec « De L’Autre Côté », NUIT D’ENCRE franchit un palier, tant dans la création que dans l’affirmation d’un son et d’un style très personnel.