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Blues Rock Heavy Blues

Steve Hill : une leçon de vie

Sorte d’ode à la résilience et à la persévérance, « Hanging On A Still » montre toute la détermination d’un bluesman dans sa volonté d’artiste complet, mais aussi d’homme. Semés d’embûches, l’élaboration et l’aboutissement de cet album exceptionnel n’auront pas été une mince affaire pour STEVE HILL. Reconnu et récompensé pour ses talents de compositeur et d’homme-orchestre, cette nouvelle réalisation est probablement la plus belle de sa carrière, tant la force qui en émane est prodigieuse.

STEVE HILL

« Hanging On A String »

(No Label Records)

Le Canadien, originaire des Trois-Rivières au Québec, offre un retour réjouissant avec « Hanging On A String », un nouvel opus qui vient s’ajouter à la bonne douzaine qu’il a déjà sorti. Avec beaucoup d’authenticité, il revient en musique sur les mésaventures qui ont émaillé sa vie, y compris les plus récentes. Et en 30 ans de musique, STEVE HILL semble les collectionner. Si les ennuis se sont accumulés, il est parvenu à en faire un disque, qui n’est pas si sombre qu’il y paraît. Et cette belle émulation rejaillit dans les chansons, le son et la production.

Alors que le multi-instrumentiste se rendait au studio 606 à Los Angeles, c’est un accident de voiture quelques minutes après son arrivée à l’aéroport, qui l’a contraint à reporter l’enregistrement, la faute à quelques côtes cassées. Quelques mois plus tard, au début de cette année, c’est un STEVE HILL réoxygéné et déterminé qui a investit les mêmes studios avec un nouveau challenge : celui de mettre en boîte « Hanging On A Still » en six jours seulement… Il en mettra cinq ! Le résultat est époustouflant et scintillant de vérité. Une persévérance hors-norme.

Pour relever ce défi, ce sont Darrell Throp (Foo Fighters, Radiohead), lauréat de dix Grammy, derrière la console et au mix, et Michael Romanowski au mastering, qui en a emporté six de son côté, qui ont capté l’énergie et toute la substance du Blues Rock de STEVE HILL. Il en ressort des sonorités presque Garage, très roots et sans détour. Il a composé, chanté et joué tous les instruments et, au beau milieu de ces électrisantes chansons, on peut retenir cette dantesque reprise des Doors, « When The Music’s Over », longues de huit intenses minutes. Magique !

(Photo : Jean-Sebastien Desilets)

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Dark Folk post-Rock Progressif Rock

The Ascending : le temps de l’élévation

Cela fait maintenant quelques décennies que la Cité des Ducs, c’est-à-dire Nantes, fleurit de belles histoires musicales et montre une grande diversité à travers les groupes qui la représentent. C’est d’ailleurs presque devenu un gage d’authenticité. THE ASCENDING en est le parfait exemple et son premier opus éponyme offre des sensations très pertinentes sur notre époque, où l’ancrage humain et naturel prédomine. Une réussite totale.

THE ASCENDING

« The Ascending »

(Frozen Records/Klonosphere)

Tous issus de la scène Rock et Metal nantaise, les six musiciens qui composent THE ASCENDING n’en sont pas à leur coup d’essai. Et pour preuve, on y retrouve des membres de Stinky, Alan Stivell, Les Hommes Crabes, Tsar, 20 Seconds Falling Man ou Kaiser. Autrement dit, du beau monde qui s’est réuni au sein d’un projet en forme de collectif, et surtout guidé par une liberté artistique qui prend ici une dimension saisissante.

Forcément avec de tels parcours et venant d’horizons aussi différents et même parfois opposés, il est assez difficile de définir avec précision le style de THE ASCENDING. Mais au fond, est-ce bien nécessaire ? Pour mieux appréhender ce bel éclectisme, il suffit d’être curieux et de se laisser aller, voire se perdre, dans ce savoureux mix de Dark Rock, de Folk atmosphérique teinté de Garage, de Post-Rock, de violon et d’une touche progressive.

Même s’il ne compte que six titres, « The Ascending » offre une belle idée des contours musicaux à l’œuvre. Mené par une chanteuse, Jessica Delot, et deux chanteurs, Clair et Eddy Kaiser, on croise dans ce premier opus des moments de poésie (« Circles In The Same Sky ») comme des passages plus engagés (« Waiting A Storm »). THE ASCENDING libère une force organique dans laquelle on se laisse prendre (« The Ascending », « Herons »). Très généreux !

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Crossover Hard-Core Thrash Metal

Dead Cross : le monde d’après

On connait la dinguerie et le génie de Mike Patton, ainsi que la puissance de frappe hors-norme de Dave Lombardo. Et lorsqu’ils embarquent Justin Pearson et Michael Crain dans leur chevauchée Thrash/HardCore ultra-débridée, cela donne un deuxième album de DEAD CROSS, « II », entre fureur et expérimentations et techniquement d’une autre dimension.

DEAD CROSS

« II »

(Ipecac Recordings)

Autant mettre tout de suite les pieds dans le plat et se faire de nouveaux amis. Je lis un peu partout que DEAD CROSS est le projet Punk de Dave Lombardo et de Mike Patton, accompagnés aussi de belle manière par Justin Pearson (basse) et Michael Crain (batterie). Or, c’est faux. Il suffit de regarder le line-up et le niveau affiché. Un groupe Punk pourrait-il jouer ça ? Bien sûr que non, beaucoup trop technique !

Donc et malgré de nombreux obstacles comme la santé mentale de Patton et le cancer aujourd’hui en rémission de Crain, DEAD CROSS a trouvé les ressources pour écrire et composer ce deuxième opus en forme de brûlot contre une société et une époque qui semblent avoir beaucoup affecté le génial frontman du quatuor (« Christian Missile Crisis », « Reign Of Error »). Et l’énergie et la rage distillées sont colossales.

Enregistré sur bandes et produit par Ross Robinson (Korn, Sepultura, Deftones), « II » affiche pourtant un son très Garage, d’où vient sans doute ce côté Punk dont certains se sentent proches. Frontal, direct et sans limite, DEAD CROSS reste inclassable, surprenant et d’une férocité incontrôlable (« Love Without Love », « Heart Reformers », « Imposter Syndrome »). Les Américains fracassent tout et s’en amusent !

Photo : Becky DiGiglio
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France Psych Rock

Komodor : une énergie communicative [Interview]

A l’occasion d’une interview pour le numéro de décembre de l’excellent magazine Metallian, j’en ai profité pour poser quelques questions supplémentaires à la révélation Rock Hard 70’s finistérienne : KOMODOR. Après un EP éponyme en 2019, le quatuor sort son premier album, « Nasty Habits », aux très aériennes et solaires ambiances psychédéliques et Garage. Grâce à un énorme travail sur les voix et les guitares, on est littéralement happé par le tourbillon musical distillé par le combo. Cinq décennies plus tard, KOMODOR dépoussière les années 70 avec brio et fraîcheur sur une production magistrale. Entretien collégial avec Goudzou (basse, chant) et Slyde (guitare, chant).   

– Si « Nasty Habits » évolue dans un esprit vintage, marqué par le Rock des années 70, je le trouve carrément moderne et très actuel. Au-delà de votre jeu et de vos compositions bien sûr, est-ce que vous jouez et enregistrez aussi sur du matériel d’époque ?

Oui pour les amplis et guitares, mais pas pour tout ! (Rires) On a aussi utilisé beaucoup de vieux micros. Ensuite, une partie de l’album a été enregistré en numérique et le mixage a été réalisé en analogique.

– La première chose qui émane de l’album à sa première écoute, c’est son côté solaire et hyper-joyeux. « Nasty Habits » est positif à tel point qu’on vous entend souvent vous marrer en début ou en fin de titre. Ca rigole beaucoup chez KOMODOR, on dirait…

Ah ouais, ouais, ouais, ça déconne ! On est des rigolos ! On a plus de rides de sourires que de rides de colère ! (Rires) Et puis, c’est volontaire d’avoir gardé ça, car dans certains albums d’époque, il y a souvent cet esprit live, très vivant où tu entends souvent les gens se marrer et cela apporte de la vie à l’album. Aujourd’hui, tout est calibré en fonction des radios notamment, et tout est calculé comme il faut. On voulait un album très abouti tout en gardant cet aspect fun, qui donne aussi un peu de relief à l’album. Et puis, c’est un disque de copains aussi. On a commencé l’enregistrement à Saint-Divy chez les parents de l’un de d’entre nous. Ensuite avec le confinement, il y a eu la limite de kilomètres et on s’est demandé comment on allait pouvoir faire pour réunir tout le monde. Alors, on a déplacé tout le studio à Douarnenez chez Yuna Le Braz, où on a enregistré la fin de l’album, notamment les voix et les guitares.

– En fait, vous faites les choses sérieusement sans vous prendre au sérieux !

C’est ça !!! (en chœur !)

– Pour en revenir au son et à la production de l’album, il y a une énorme énergie qui est constante et qui donne vraiment l’impression que vous l’avez enregistré en prise directe et en jouant tous ensemble. C’est le cas ?

Pour beaucoup de morceaux, ça s’est passé comme ça. On a enregistré la basse/batterie en même temps, tout simplement parce qu’on n’avait pas assez de pistes pour les guitares. Et au niveau acoustique, ça ne sonnait pas, car on joue toujours avec les amplis à fond en studio. Et ce n’était pas gérable. Sinon, en effet, l’objectif était de faire le tout en prise live. L’idée est d’avoir un maximum d’énergie, parce que notre musique est faite pour ça. Et c’est aussi le cas sur beaucoup d’albums qu’on écoute. C’est vraiment l’essence-même du groupe, c’est ce qui nous caractérise. En concert, le but est aussi de se donner à fond, quelques soient les conditions. Et puis, on compose aussi tous ensemble, pas chacun dans son coin. Ce son live commence dès le travail de composition finalement.  

– Parlons aussi un peu de votre look si particulier. Vous le voyez comme un prolongement de votre musique ? Un peu comme la signature visuelle de KOMODOR ? A moins que vous alliez chercher votre pain le matin habillés de la sorte ?

On est tout le temps habiller comme ça, ce n’est pas un déguisement ! Les 70’s sont aussi une passion jusque dans la déco de l’appartement de certains d’entre nous. C’est une époque que l’on n’a pas connu, et pourtant… Et c’est pareil pour tout, que ce soient les bagnoles, les motos…

– Vous serez aux Trans le 3 décembre prochain à Rennes. En général, c’est une date importante pour les groupes. Vous la préparez d’une façon particulière, ou est-ce que c’est un concert comme un autre pour vous ?

C’est un concert comme un autre, même s’il y a des enjeux. Tous les concerts, il faut les assurer de toute façon. Après, c’est sûr qu’on va faire du social ! (Rires) On ne se met pas la pression non plus, car on veut rester naturel. Il faut que les gens apprécient le concert  comme il se doit. Cela dit, c’est vrai aussi qu’il y aura des programmateurs et c’est chouette si, ensuite, on peut faire des dates à droite, à gauche ou même des festivals. On verra bien si des opportunités se dessinent.

– Et puis, le lendemain, vous allez également vous produire avec vos amis du duo paimpolais Moundrag pour un projet commun qui se nomme Komodrag And The Mounodor. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus, car j’ai l’impression qu’il vous tient également beaucoup à cœur ?

Oui, c’est vrai. Cette rencontre a vraiment été un coup de foudre ! En fait, après s’être envoyé quelques messages, on a eu l’impression de se connaître depuis toujours. Ensuite, on a fait une date ensemble à Douarnenez et on s’est bien marré ! Après, on a commencé à faire des reprises et comme ça marchait super bien humainement, on s’est dit que ce serait cool de monter un set. Ils ont réussi à nous trouver une date aux Trans, donc il a fallu préparer tout ça très rapidement, en six mois. On a fait une résidence à Saint-Brieuc, à ‘Bonjour Minuit’, et ça a été vraiment super de bosser ensemble.

KOMODOR sera aux Trans à Rennes le 3 décembre à L’Étage à 19h30 (gratuit), puis le lendemain avec KOMODRAG AND THE MOUNODOR dans le Hall 3 du Parc Expo en clôture de la soirée (de 12 à 31€).

L’album « Nasty Habits » sera disponible le 17 décembre chez Soulseller Records.

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Psych Rock

The Lords Of Altamont : road-trip psychédélique

Jake Cavaliere et ses hommes sont de retour et le vrombissement de leur Garage Rock Psych est plus intense que jamais. Le Californien a fait de THE LORDS OF ALTAMONT une institution depuis sa création en 1999 et les fondations sont toujours aussi solides. « Tune In, Turn On, Electrify ! » ne manque ni d’impact, ni d’envolées musicales hallucinantes. 

THE LORDS OF ALTAMONT

« Tune In, Turn On, Electrify ! »

(Heavy Psych Sounds Records)

Bien connu dans le monde des bikers, THE LORDS OF ALTAMONT revient avec un septième album qui sent bon le bitume, la sueur et le cuir. Arborant tous une veste de motard avec le logo du groupe, les quatre musiciens du gang sont là pour en découdre et « Tune In, Turn On, Electrify ! » propose un voyage aussi percutant que psychédélique. Et l’univers dans lequel nous propulse le quatuor est savoureux.

Emmené par le sulfureux Jake ‘The Preacher’ Cavaliere, fondateur et dernier membre originel du combo, THE LORDS OF ALTAMONT parvient encore et toujours à se réinventer. Si la fougue et l’esprit Garage Punk est intacte, le gang se fait cette fois encore plus Psych et groovy à travers un Rock pêchu, Old School et sublimement interprété. Se laisser aller dans les méandres de la musique du groupe est une vraie délectation.

Les géniales parties d’orgue de Cavaliere se fondent dans les riffs démoniaques de Dani Sindaco, tandis que le tandem Barry Van Esbroek (batterie) et Rob Zimmermann (basse) martèle une rythmique d’enfer (« Living With The Squares », « Levitation Mind », « Blast For Kicksville », « Lost In The Future »). THE LORDS OF ALTAMONT est aussi irrésistible que passionné dans son jeu.