L’ampleur et la dimension prises par le groupe sur ce nouvel effort éponyme semble marquer à elles seules le fossé qui le séparait de sa formule en trio. Sur « Big Canyon », son volume est décuplé et enfin à sa taille. Heavy Rock, Hard Rock, peu importe finalement tant les chansons respirent, cognent et deviennent familières en un claquement de doigt. Si le nouveau chanteur change forcément la donne, les autres musiciens de BIG CANYON donnent aussi l’impression d’être enfin à leur place. Tentaculaire et immédiat, il règne une proximité haletante pleine d’audace.
BIG CANYON
« Big Canyon »
(Independant)
Que 2020 semble bien loin à l’écoute de l’album de BIG CANYON. A l’époque, le groupe évoluait encore à trois et sortait son tout premier EP. Il faut bien avouer que la métamorphose est saisissante et elle s’explique même assez facilement. Tout d’abord, l’arrivée au chant d’Andi Meacock apporte beaucoup de poids et de relief, au point de rendre le combo londonien presque méconnaissable. Un nouveau départ exaltant s’offre à lui et renforce son Heavy Rock en consolidant solidement ses fondations, grâce à une énergie folle et toute en nuances, qui vient flirter avec un Hard Rock très britannique.
Si le nouveau frontman conduit la formation avec beaucoup d’assurance et un talent indéniable, qu’il doit en partie à une puissance vocale et un grain aussi identifiable que chaleureux, il y a un autre élément important dans cette évolution sonore et musicale. Pour son premier opus complet, BIG CANYON a fait appel au producteur Dave Draper, connu pour son travail avec The Wildhearts (qui s’apprête d’ailleurs à faire son retour très bientôt) et Terrovision pour ne citer qu’eux, et ça change pas mal de choses. La puissance des guitares, la lourde rythmique et le chant trouvent un équilibre parfait.
Si le quatuor n’élude pas quelques belles ballades, l’ensemble est plutôt costaud et fait également une place conséquente à des mélodies très travaillées, qui n’ont aucun mal à entrer dans le crâne pour ne plus en sortir. BIG CANYON a l’art de se faire fédérateur et très accrocheur et ses nouveaux titres sont franchement taillés pour la scène (« Rescue Me », « Mine In Another Time » », « Dominion Of Truth », « Beautiful Mind », « Captain Of Your Soul », « Devil In Disguise », « The Things You Do »). Bruts et authentiques, les Anglais manient les émotions avec subtilité et une implacable cohérence.
Il n’aura fallu que quelques singles savamment distillés pour que XIII DOORS fasse déjà parler de lui. Le temps de peaufiner son premier effort, qui sort en indépendant, et le combo semble plus que d’attaque pour conquérir le monde du Hard Rock tant la dynamique à l’œuvre sur « Into The Unknow » est renversante. Avec la percussion de vieux briscards, les Irlandais montrent déjà un visage assuré, jonglant habillement avec l’adrénaline de chansons gorgées d’énergie et d’où émanent quelques légères touches celtiques et arabisantes gravées dans un infranchissable mur de guitare. Une réelle prouesse !
XIII DOORS
« Into The Unknown »
(Independant)
Cela faisait un petit moment que la belle terre d’Irlande n’avait vu émerger un groupe de Hard Rock de ce calibre. Et il pourrait bien que XIII DOORS soit celui qui vienne enfin réveiller l’île. Ayant déjà reçu les louanges de Joe Elliot de Def Leppard qui s’est enthousiasmé à leur écoute, c’est cette fois les oreilles de Michael Schenker qui se sont mises à vibrer, puisque l’Allemand vient de les inviter à ouvrir ses concerts de Dublin et de Belfast en mai. Une reconnaissance qui arrive assez tôt, mais qui ne doit rien hasard, bien au contraire. Car le talent est là et il est éclatant. Une sorte de diamant brut.
Originaire de Shannon, le quatuor évolue dans la veine moderne du genre, dans la lignée d’Alter Bridge, par exemple, avec un petit côté alternatif qui lui offre cette facilité à développer des refrains entêtants, le tout sur des guitares musclées, un duo basse/batterie au taquet et un chanteur qui a déjà tout d’un grand. Bref, XIII DOORS entend ne pas perdre de temps et a entre les mains tout ce qu’il faut pour retourner et ravir les fans du monde entier. Et l’autre surprise vient aussi du fait que « Into The Unknown » soit autoproduit… ce qui ne devrait pas durer, non plus !
Dès les premières notes de « Unleash The Beast » le bien-nommé, les Irlandais nous embarquent dans un univers très personnel et explosif. L’ensemble est très soigné, la production irréprochable et véloce, et le quatuor livre une véritable démonstration de force. L’intro orientale de « Make A Life Again » laisse place à des guitares massives pour l’un des moments forts et sombres de l’album. La qualité des riffs et l’impact des solos, combinés à l’incroyable prestation du frontman, imposent XIII DOORS de très belle manière (« Face The Truth », « Inside » et le morceau-titre). Quand le trèfle sort les épines !
Plus de 40 ans après son émergence, CRAZY LIXX continue d’entretenir avec brio l’héritage d’un Hard Rock un brin FM, très Sleaze et savamment Heavy. A grand renfort de riffs rageurs, de solos percutants et de refrains entêtants, la formation nordique défriche le genre en le réoxygénant grâce à des compositions hyper-fédératrices bardées de choeurs très travaillés posés sur un songwriting pointilleux et fougueux. « Thrill Of The Bite » fait franchement beaucoup de bien !
CRAZY LIXX
« Thrill Of The Bite »
(Frontiers Music)
Depuis « Street Lethal » (2021), puis deux titres inédits sur une compilation l’an dernier (« Call Of The Wild » et « Little Miss Dangerous » que l’on retrouve d’ailleurs ici), le nouvel album studio des Suédois commençait à se faire attendre. Rangés derrière leur excellent frontman, compositeur et producteur Danny Rexon, les membres de CRAZY LIXX répondent présents et livrent un « Thrill Of The Bite » de haut vol. Au menu, pas de bouleversements majeurs, mais toujours une bonne touche de Heavy et une énergie brute assumée, carrément réjouissante et très entraînante.
On n’en demande d’ailleurs pas plus aux Scandinaves qui appliquent une recette qui a fait ses preuves il y a quelques décennies et qu’ils maîtrisent aujourd’hui à la perfection. Car, 23 ans après sa formation à Malmö, CRAZY LIXX en a fait du chemin et ce neuvième opus est bien différent de ce qu’il proposait sur « Loud Minority » en 2007. Dorénavant, et après quelques changements de line-up, le quintet est plus affûté que jamais et sa créativité ajoutée à une solide expérience débouche sur un Hard Rock très Heavy musclé, explosif et à toute épreuve.
« Thrill Of The Bite » ne connait pas de temps calme, mais fonce avec une assurance débridée, qui transpire autant le plaisir que le Rock’n’Roll. Là-dessus, l’état d’esprit qui anime CRAZY LIXX n’a pas changé et c’est une très bonne chose. A des milliers de kilomètres, il nous téléporte sur le Sunset Strip de Los Angeles sur des morceaux très actuels, qui ne laissent pas la moindre once de nostalgie se propager (« Highway Hurricane », « Who Said The Rock N’Roll Is Dead », « Run Run Wild », « Hunt For Danger », « Final Warning », « Stick It Out »). Flamboyant !
La liberté artistique affichée par AVATARIUM depuis quelques albums maintenant semble sans limite, tant le groupe nous plonge dans des ambiances toujours différentes, cherchant presque le contre-pied. Modelable à l’envie, le Doom Rock, très Hard Rock, des Suédois surprend une fois encore sur leur sixième album, « Between You, God, The Devil And The Dead ». Porté par son très créatif duo Marcus Jidell et Jennie-Ann Smith, les Scandinaves affiche une incroyable confiance, qui se ressent à travers des compositions aussi surprenantes qu’envoûtantes. La chanteuse et compositrice revient sur l’état d’esprit qui règne sur cette nouvelle réalisation.
– La première chose que l’on remarque sur « Between You, God, The Devil And The Dead » est qu’AVATARIUM évolue dorénavant en quatuor. Et à l’écoute de ce nouvel album, n’est-ce finalement pas la meilleure formule pour le groupe ?
Je suis reconnaissante de ce que j’ai appris au cours de ces dix années avec AVATARIUM. Nous sommes désormais un quatuor comme nous l’étions déjà sur notre premier album. Ce n’est probablement pas tant une question de nombre de personnes impliquées que du sentiment de sécurité et de confiance que l’on a dans ces relations. Je respecte Marcus, Andreas (Habo Johansson, batterie – NDR) et Mats (Rydström, basse – NDR). J’ai également du respect pour leurs grandes capacités musicales et je leur fais confiance pour être stables pour moi quand j’en ai besoin. Avoir cette sécurité me procure vraiment un sentiment de liberté et me permet de donner le meilleur de moi-même, en tant qu’auteure-compositrice et interprète.
– Sans bien sûr renier vos précédents albums, le sentiment qui domine ici est celui d’une grande liberté de composition. On retrouve les fondamentaux du groupe, à savoir le Doom, le Hard Rock et aussi cette touche nordique qui est aussi très perceptible. AVATARIUM n’a jamais donné l’impression d’autant de confiance en son jeu et dans l’écriture de ses morceaux. Est-ce aussi ton constat ?
J’espère et je sens que j’ai aussi gagné en confiance en tant qu’auteure et compositrice au cours de ces trois derniers albums que nous avons produits avec AVATARIUM. L’écriture de chansons est exigeante et parvenir à quelque chose qui se rapproche de ses propres préférences ou standards est toujours un grand défi.
– On a bien sûr longtemps associé Leif Edling à AVATARIUM dont il est l’un des fondateurs. Sans vraiment vous détacher de vos premières réalisations, ce sixième album montre une évolution notable du groupe. Est-ce qu’au fil du temps, tu as aussi cette impression que Marcus et toi avez donné une identité peut-être nouvelle aux compositions, mais aussi à votre son ?
Je pense que ce qui a fait d’AVATARIUM un groupe unique depuis ses débuts, c’est son éclectisme dans le son. Un son issu de nos origines musicales très diverses. Le fait que les talents de Marcus Jidell, Leif Edling et moi-même aient été réunis dès le début a rendu ce projet unique. Il n’y a pas eu de recherche délibérée d’équilibre, mais plutôt un bonheur accidentel que nous avons nourri au fil du temps. Tous les acteurs impliqués laisseront leur empreinte sur les arrangements et le son, et en tant qu’auteure-compositrice, je laisserai inévitablement des traces de mon moi intérieur entre les lignes.
– Pour rester sur le son et la production de « Between You, God, The Devil And Me », il est plus organique que jamais avec une intention d’immédiateté très présente également. L’objectif était-il de réaliser un album aux sonorités plus live et directes ?
Je pense que cette fois-ci, nous nous sommes concentrés sur ce que nous aimons jouer sur scène. Savoir quel genre de riffs est agréable à jouer en live, quel genre de mélodies donne la chair de poule, il s’agit toujours de viser cette énergie.
– Pour autant, il y a un énorme travail sur les arrangements et une attention toute particulière portée aux nombreux détails. En ces temps où les albums sonnent presque tous de la même manière, on sent ici beaucoup d’humanité dans la production comme si votre musique était votre guide… C’est le cas ?
En ce qui concerne la performance et le son, tout est enregistré et traité de manière très organique. Par exemple, il n’y a pas d’autotune et toutes les machines utilisées dans le processus ont été choisies pour améliorer le son organique, c’est-à-dire des mains jouant des instruments, afin qu’il soit dynamique et réel. Les détails sont importants aussi. Je suppose que je fais partie de ceux qui aiment vraiment prendre du temps et me concentrer dessus. C’est une partie tellement géniale du processus, lorsque vous avez presque terminé un morceau, ce sentiment de savoir que vous avez quelque chose de vraiment bien, et puis ces touches finales qui lient le tout. Ajouter un détail de guitare, une note de basse au piano ou un son de voix… J’adore être dans ces moments-là.
– Même si ce nouvel album est toujours axé sur les riffs, la présence du piano au niveau de la composition et aussi dans les morceaux est beaucoup plus prégnante. Il vous a fallu changer un peu vos habitudes pour peut-être trouver un nouveau souffle et un nouvel élan pour ce nouvel album ?
Le piano est un orchestre à part entière. En fait, nous avons utilisé mon vieux piano pour écrire et enregistrer. Cela a stimulé la créativité et Marcus a initialement écrit certains des riffs de guitare de l’album sur ce piano. Cela élargit votre esprit et vos options musicales pendant l’écriture. Je pense que j’avais 19 ans quand je l’ai acheté, c’est un piano allemand des années 50, et nous l’avons rénové avant l’enregistrement et il sonne tout simplement bien.
– Il y a aussi beaucoup de fluidité et de confiance qui émanent de l’album. Est-ce qu’AVATARIUM a atteint un sommet de complicité artistique depuis vos débuts ? C’est en tout cas l’impression que donne « Between You, God, The Devil And Me »…
Merci ! Espérons que ce ne soit pas le cas et qu’il y ait encore plus à donner. Nous voulons simplement écrire et jouer du mieux que nous pouvons, c’est une bénédiction de ressentir de la curiosité pour la musique à ce stade de la vie.
– Même si l’album est peut-être plus sombre encore et aussi plus lourd que son prédécesseur, il est également et paradoxalement très vivant et personnel dans son approche. Comment êtes-vous parvenus à combiner ces deux visions, qui peuvent paraître en opposition ?
Sombre, lourd et poétique sont les maîtres mots depuis le début d’AVATARIUM il y a 12 ans. La dynamique entre le lourd et le fragile, la lumière et l’ombre a toujours été présente dans notre travail et elle l’est toujours. Je pense aussi qu’il est extrêmement important que notre musique porte un espoir et fournisse une énergie qui aide même à traverser les passages difficiles.
– Enfin, la musique d’AVATARIUM paraît infinie et laisse encore le champ à une multitude de possibilités. Est-ce qu’écrire et composer sont des choses que tu considères comme naturelles finalement, ou cela te demande-t-il au contraire beaucoup d’efforts ?
Je pense que ce qui vous apporte de la joie et un sentiment d’accomplissement au final demande probablement beaucoup d’efforts. Apprendre à jouer d’un instrument, élever des enfants… Je ne pense pas qu’il y ait de contradiction entre ce qui vient naturellement et travailler dur, et en pensant à ce processus, c’est vraiment les deux. Ce qui est gratifiant lorsque vous travaillez dur à pratiquer votre instrument ou à améliorer votre savoir-faire en tant que compositeur, c’est que cela vous procure irrémédiablement du flow, de l’adrénaline et probablement de l’ocytocine. C’est addictif !
Le nouvel album d’AVATARIUM, « Between You, God, The Devil And The Dead », est disponible chez AFM Records.
Photos : Niklas Palmklint (1, 2 et 4)
Retrouvez la chronique du précédent album « Death Where Is Your Sting » :
C’est en montrant beaucoup de caractère que les Scandinaves font un retour fracassant six ans après « Panoptical », qui leur avait valu une belle reconnaissance. Un changement de label et une direction musicale qui sonne plus européenne plus tard, et revoici DAYS OF JUPITER renforcé dans ses certitudes et affichant avec « The World Was Nerver Enough » une belle force de frappe. Sans négliger une identité artistique basée sur les émotions, le combo nordique se montre vif et solide sur un disque dense et très soigné.
DAYS OF JUPITER
« The World Was Never Enough »
(Reigning Phoenix Music)
En 15 ans d’existence, DAYS OF JUPITER peut se targuer de mener un parcours sans faute et qui mériterait même une reconnaissance à l’international plus conséquente. Depuis « Secrets Brought To Life », son premier opus sorti en 2012, le groupe a fait évoluer son Hard Rock moderne vers un Alternative Metal très actuel et pêchu. Pour son cinquième album, il a confié la production à Peo Hedin, lequel a réalisé un travail précis pour mettre en valeur des compositions abouties qui naviguent dans des ambiances variées.
Comme souvent, les Suédois soufflent le chaud et le froid entre titres puissants et massifs et ballades plus mélancoliques. DAYS OF JUPITER parvient à maintenir l’équilibre et donne surtout une forte impression de vélocité. Très en verve, les deux guitaristes donnent le ton sur des riffs racés et tranchants et apportent beaucoup d’explosivité aux morceaux (« Original Sin », « Machine »). L’énergie brute qui se dégage de « The World Was Never Enough » doit énormément à leur complicité et leur talent.
Egalement irréprochable, la rythmique prend littéralement d’assaut des nouveaux morceaux et donne encore un peu plus d’envergure à l’ensemble. De son côté, Jan Hilli offre une prestation vocale implacable. Accrocheur et fédérateur, DAYS OF JUPITER ne fait pas dans la demi-mesure, ce qui devrait se sentir prochainement sur scène. Intense, ce cinquième effort est aussi technique qu’entêtant et aussi Metal que Rock (« The Fix », « Parazite », « My Heaven My Hell », « Ignite » et le morceau-titre). Enthousiasmant !
La pandémie a eu l’effet de mettre WOLVESPIRIT sur les nerfs. Et la formation germanique en a profité pour se défouler, lâcher son ressenti et mettre les choses au clair sur sa nouvelle production. En effet, « Bullshit » traite de désinformation, de réalités parallèles et de son désir de s’en extraire. Musclé et fracassant, ces nouveaux titres sentent la poudre et, même s’ils sont toujours mélodiques, ils font l’effet d’une belle bagarre en règle. Une vraie tornade Hard, Metal et Stoner Rock pour le moins ravageur.
WOLVESPIRIT
« Bullshit »
(Spirit Stone Records)
Avec un tel titre, on pouvait difficilement faire plus explicite et c’est justement tout ce qui fait le charme du quintet allemand, qui ne manque jamais une occasion de se faire remarquer. Pour la petite histoire, WOLVESPIRIT a vu le jour en 2009 du côté de la Bavière sous l’impulsion des frères Eberlein, Richard et Oliver, rejoints par la chanteuse américaine Deborah ‘Debbie’ Craft. Basé sur un Hard Rock robuste mâtiné de Classic Rock et surtout de Stoner cette fois-ci, l’ensemble est explosif.
Il faut aussi rappeler que le groupe a fondé son propre label après avoir claqué la porte de Sleaszy Rider Records un an tout juste après la sortie de son premier effort. Il était simplement mécontent du travail fourni. Il y a donc du caractère chez WOLVESPIRIT et également dans sa musique. Et « Bullshit » va dans ce sens et suit le chemin tracé depuis le début, c’est-à-dire axé sur des riffs costauds, une rythmique en béton et surtout une frontwoman à la voix puissante et hyper-Rock’n’Roll.
Musicalement, le combo sort l’artillerie lourde dès « Titanium », qui ouvre les hostilités, suivi de « Robots » et du morceau-titre. L’entrée en matière est massive et la chanteuse donne de la voix de manière presque frénétique. Ce nouvel opus est probablement le plus ambitieux de WOLVESPIRIT qui part chasser sur des terres Stoner Rock, sans négliger ses racines Hard Rock et assez classiques (« Fire », « Starborn », « Screaming », « 666 »). Un brûlot sauvage et flamboyant mené de main de maître.
De l’autre côté du Rhin, BONFIRE retrouve sa vigueur et sa créativité d’antan. Après quelques problèmes de santé, son leader Hans Ziller renoue avec l’inspiration en arborant un ardent Hard Rock très Heavy. Hyper-affûtés, les cinq musiciens créent la sensation grâce à une intensité constante et s’autorisent même une bonne reprise du « Rock’n’Roll Survivors » de leur précédent disque avec panache et dans des circonstances appropriées. « High Ground » est solide, vif et massif.
BONFIRE
« Higher Ground »
(Frontiers Music)
Depuis plus de quatre décennies, BONFIRE est une institution du Hard Rock et du Heavy Metal allemand aux côtés de Scorpions ert Accept notamment. Même s’il n’a pas connu autant de succès et la même reconnaissance que ses compatriotes, il n’en demeure pas moins un groupe incontournable de la scène germanique et européenne. Pour son 18ème album studio, le quintet fait son arrivée chez Frontiers Music en livrant l’une de ses réalisations les plus enthousiasmantes avec ce virulent « Higher Ground ».
Toujours guidé par son guitariste et compositeur Hans Ziller, BONFIRE donne une suite musclée à « Fistful Of Fire », qui fut comme un nouveau départ il y a cinq ans. Aux côtés de Dyan Mair (chant), Frank Pané (guitare), Ronnie Parkes (basse) et Fabio Alessandrini (batterie), le six-cordiste ouvre la voie et avec un tel line-up, la machine est bien huilée. Dans un Hard’n Heavy qui tire même sur le Power Metal, le combo ose bouleverser ses vieilles habitudes et s’il se fait souvent sombre, il reste captivant.
C’est vrai que le BONFIRE des années 80, sa période faste, est à mille lieux de ce que propose « Higher Ground ». Hans Ziller envoie des riffs racés et fracassants et son entente avec Frank Pané est étincelante, tout comme la rythmique très resserrée qui avance sur un groove impressionnant (« I Will Rise », « Lost All Control », « I Died Tonight », « Fallin’ » et le morceau-titre). Agressif et très Heavy, cette nouvelle réalisation fait plaisir à entendre et remet aussi la formation au centre de l’échiquier. Costaud et intense.
Si le Heavy metal a la faculté de réunir les gens, il a aussi celle de faire se rapprocher les continents. Et quand le langage est le même, il n’en est que plus facile de fonder un groupe sur des bases et une vision artistiques communes. C’est ce qui s’est passé avec le guitariste et compositeur américain Parker Halub et le chanteur/parolier suédois Leo Unnermark. Depuis un peu plus de cinq ans maintenant, WINGS OF STEEL a pris son envol et, fort d’un EP et d’un album studio, les musiciens se sont laissés portés jusqu’en Europe et en France où ils ont enregistré un premier album live, « Live In France », sorti il y a quelques semaines. Rencontre avec ce duo qui s’est bien trouvé et qui ne compte pas en rester là.
– Avant de parler ce nouvel album live, j’aimerais que l’on revienne sur votre parcours. Vous êtes basés à Los Angeles, où vous vous êtes rencontrés dans l’école de musique que vous fréquentiez. Comment est née cette idée de fonder WINGS OF STEEL et est-ce que vos cultures suédoises et californiennes se sont vite retrouvées sur des bases communes ?
Parker : C’est vrai qu’il y a avait beaucoup de gens avec qui fonder un groupe. Quand nous nous sommes rencontrés, je me suis dit que Leo était un gars cool, qu’il écoutait les mêmes choses que moi, alors on a commencé à jouer et à écrire de la musique ensemble. Cela a été très naturel dès le départ. Mais au même moment, on voulait aussi vraiment créer un groupe complet. Finalement, au début, on a composé et on s’est dit qu’on trouverait les autres membres du groupe plus tard. C’est là que le Covid est arrivé. On a tous été confinés, mais Leo et moi habitions ensemble, donc c’était plutôt cool. On s’est posé et je me suis dit : je peux aussi jouer la basse, on sait écrire un morceau, faisons-le nous-mêmes ! On a commencé par l’écriture, puis quelques démos et on s’est juste dit qu’on trouverait les autres musiciens plus tard ! (Rires) On a tout fait tous les deux et ensuite, les autres musiciens venaient juste pour les concerts. On fonctionne encore de cette manière d’ailleurs dans le sens où nous composons toujours à deux.
– On vous connait en France depuis votre album « Gates Of Twilight » surtout, mais vous aviez déjà sorti un EP éponyme juste avant. Qu’est-ce qui a changé dans WINGS OF STEEL entre ces deux disques ? J’imagine que vous avez appris à mieux vous connaître et peut-être aussi à former un véritable groupe avec d’autres musiciens ?
Leo : Quand on a fait l’EP, comme l’a expliqué Parker, nous avons appris à mieux nous connaître musicalement et surtout à déterminer le genre de musique que nous voulions faire et on avait aussi une idée précise du son que l’on voulait. On l’a fait assez naturellement et assez facilement finalement. Pour le premier album, notre deuxième enregistrement, on avait acquis beaucoup d’expérience en faisant l’EP. On avait une meilleure idée du processus à suivre. Et on a dû accélérer un peu les choses pour faire « Gates Of Twilight » à cause des problèmes de visa que j’ai eu. Mon visa d’étudiant avait expiré et j’avais juste un visa touristique et donc 85 jours pour tout enregistrer, arrangements compris ! Mais grâce à tout ce qu’on avait pu apprendre auparavant, depuis le départ, ça s’est très bien passé, car on savait où on allait et ce qu’on voulait. On apprend toujours et cela facilite aussi beaucoup de choses en évoluant en tant que groupe.
– D’ailleurs, votre lien avec la France a commencé avec « Gates Of Twilight », qui a été mixé par Damien Rainaud, qui a travaillé avec DragonForce, Fear Factory et Angra. Outre son très bon travail, comment vous êtes-vous rencontrés et vous a-t-il aussi aidé à peaufiner votre son ? A moins que vous saviez déjà ce que vous vouliez…
Parker : En fait, nous avons rencontré Damien au moment du premier EP. Quand on a décidé de le finaliser, toutes les chansons étaient écrites et enregistrées. Il fallait juste faire le mix. On a essayé avec deux/trois personnes, mais cela ne collait pas. Alors un ami nous a présenté Damien. Il a fait le mix du morceau « Wings Of Steel », qui figure sur l’EP. On a été très content et il a mixé le reste et il a réalisé aussi le mastering. Mais on voulait, Leo et moi, rester les producteurs du disque. On lui a donc donné les indications sur ce que nous voulions vraiment au moment du mix. Il est vraiment bon dans ce qu’il fait et dans ce qu’il a fait avec nous. On se comprend très bien, et c’est d’ailleurs lui qui a mixé l’album live. Et il sait le son que nous attendons pour nos morceaux.
– Je vous avais découvert sur Internet au moment de la sortie de « Gates Of Twilight » et j’avais été frappé par la maturité de votre jeu. Avant que l’engouement ne commence en France, quels retours avez-vous reçu à Los Angeles et avez-vous aussi pu tourner là-bas ?
Parker : Nous avons donné nos trois premiers concerts au ‘Whisky A Gogo’, deux fois, et au ‘Viper Room’. Ça a vraiment été génial et je pense que c’est à ce moment-là que tout a réellement commencé. Je pense que la réception de l’album a été bonne et pas seulement à Los Angeles, dans le reste des Etats-Unis aussi. On a été diffusé dans le mid-west, au Texas, sur le côté ouest, à Chicago, un peu partout. Et tout ça s’est fait après seulement trois concerts ! Le reste a été réalisé via Internet. Les gens nous ont connus comme ça, car on peut y partager notre musique dans le monde entier, et pas uniquement à Los Angeles, en Californie ou dans le reste du pays. On peut le faire partout où les gens aiment le Heavy Metal ! On nous apprécie maintenant aussi en France, au Brésil, en Allemagne, au Japon et ailleurs… C’est génial ! (Rires)
– Quelques mois plus tard, Olivier Garnier qui est un attaché-de-presse renommé ici en France (Replica Promotion), a eu un coup de cœur pour votre premier album. Comment cette prise de contact a-t-elle eu lieu ?
Leo : Oui, il nous a contactés par Messenger sur Facebook, si je me souviens bien. Je crois qu’il avait écouté l’album que ses amis lui avaient envoyé. Il a adoré et c’est génial qu’il ait eu notre contact. Il nous a tout de suite dit qu’il voulait qu’on vienne jouer en France et qu’il fallait qu’on se rencontre. Nous nous sommes donc rencontrés et c’est un mec génial. Il a vraiment été super avec nous. En arrivant en France, on a fait une journée de relations-presse avec des tonnes d’interviews en un seul jour ! (Rires) C’était au ‘Hard Rock Café’ à Paris qui, je crois, à fermer depuis malheureusement. C’est comme ça que cela s’est fait et nous sommes toujours en contact. On essaie de mettre des choses en place pour 2025 et il est incroyable. C’est l’une des personnes qu’on apprécie le plus dans l’industrie musicale. Il a pris du temps pour nous et c’est vraiment génial !
– Parlons de votre musique et de ce Heavy Metal teinté de Hard Rock auquel vous donnez beaucoup de fraîcheur et de modernité. Vos influences sont assez évidentes et vous y apportez votre touche. Quelle était votre intention de départ ? Apporter une énergie nouvelle à un style que vous écoutez depuis votre adolescence ?
Leo : C’est intéressant comme question. Nous n’avions pas de plan spécifique quand nous nous sommes connus avec Parker. Quand nous avons commencé, nous avons partagé nos influences et beaucoup étaient les mêmes. Je ne sais pas si on a voulu faire faire quelque chose de précis. On a juste essayé un truc et cela nous plait ! Donc, nous l’avons enregistré et sorti ! C’est vraiment ce qu’il s’est passé ! (Rires)
Parker : L’idée première était de faire la musique qu’on aime. Nous ne sommes pas comme ces groupes qui veulent faire revivre le Heavy Metal des origines. Ce n’est pas le but et je ne vois pas vraiment où est l’intérêt. Pourtant, j’aimerais que ce style de musique devienne de nouveau très populaire. Bien sûr que nous avons en tête tout ce qui a été fait à l’époque avec Tony Iommi et Ronnie James Dio, par exemple, sur « Heaven & Hell ». Ils ont juste créé ce qu’ils voulaient et c’est la même chose pour tous les disques de Heavy Metal. Il y a un côté instinctif. En ce qui nous concerne, nous avons ces influences, certes, mais nous voulons composer notre musique, l’écrire et faire en sorte qu’elle soit différente. Pas que ce soit un ‘Tribute’, ou quelque chose comme ça. On veut juste faire un truc qui déchire, c’est très simple ! (Sourires)
Leo : Et si tu regardes notre musique, tu y trouveras des dynamiques très différentes, rien ne sonne de la même manière. On n’essaie pas du tout de s’adapter à quoique ce soit. On fait vraiment ce qu’on a envie de faire et on utilise tout ce qu’on a à notre disposition.
– On évoque justement depuis quelques temps la NWOAHM (New Wave Of American Heavy Metal), et c’est vrai que le Heavy Metal trouve un nouvel écho aux Etats-Unis avec de jeunes formations. Est-ce que vous vous sentez appartenir à cette nouvelle vague et comment cela se traduit-il concrètement ?
Leo : Je pense qu’on peut dire que nous appartenons à cette ‘nouvelle vague’, car nous sommes un jeune groupe avec seulement quelques années d’existence. Nous avons juste trois disques. Cela dit, et peu importe comment on l’appelle, c’est vrai qu’il y a un renouveau de ce côté-là dans le Heavy Metal traditionnel, Old School, épique, etc…
Parker : C’est aussi une bonne chose, car cela attire l’attention et motive les gens. Mais comme l’a dit Leo, on ne s’adapte pas à un style, nous vivons dans notre propre espace et c’est important. On peut nous mettre dans n’importe quelle case, et ce n’est pas important du moment que c’est la meilleure ! (Rires)
– Vous êtes les deux piliers de WINGS OF STEEL et j’aimerais savoir comment est-ce que vous composez et est-ce que rester dans cet univers très codés du Heavy Metal est votre objectif ?
Parker : Leo et moi avons toujours beaucoup d’idées. Si, par exemple, je trouve un début de chanson que j’aime, je l’envoie à Leo et il fait la même chose. Quand on est d’accord sur une même base, on commence à construire la chanson toujours à partir de la guitare et de la basse. Ensuite, on ajoute les autres instruments au fur et à mesure jusqu’à l’enregistrement de la démo avec le batteur en studio. Il faut que tout soit écrit. Une fois que toutes ces étapes sont franchies, on échange avec Damien pour le mix en essayant d’être le plus précis possible, car nous sommes très pointilleux et les chansons sont très différentes aussi. Ça peut aller très vite parfois, mais il nous arrive aussi d’enlever des choses auxquelles on pensait depuis longtemps. Ça se passe comme ça, très simplement et en essayant toujours de trouver le meilleur.
– Vous sortez aujourd’hui « Live In France », qui est un témoignage de cette tournée européenne au printemps dernier, qui vous a mené en Allemagne au festival ‘Keep It True’ et en France à Lille et Paris. Tout d’abord, comment avez-vous mis tout ça sur pied ? Cela demande beaucoup d’organisation…
Leo : Oui, Olivier nous a beaucoup aidé, c’est lui qui est derrière tout ça : il est le masterman ! (Sourires) Pour le reste de la tournée, c’est Parker et moi qui avons cherché à faire le plus de concerts possible en prenant contact avec des gens. C’est vrai que cela demande beaucoup d’organisation, mais partout où nous avons joué, c’était vraiment cool ! Et les gens sont venus, les promoteurs ont été supers. La tournée a été un succès, je pense. Cela aurait été génial d’avoir un booker pour mieux planifier tout ça, car on aurait pu faire plus de concerts. Cela dit, on en a fait onze et c’est très bien pour une première. Et puis, ce qui compte, c’est la qualité des shows et on s’est senti très bien !
– « Live In France » a été enregistré au ‘Splendid’ de Lille le 17 mai dernier. Tout d’abord, pourquoi le choix de ce concert ? C’était le meilleur des deux ou c’est juste une question d’opportunité ?
Leo : La réponse est très simple : on n’a rien choisi du tout, c’était une idée d’Olivier ! (Rires) Nous sommes venus, nous avons donné notre concert et après il nous a dit qu’il avait été enregistré et que, si on le souhaitait, on pouvait en profiter pour le sortir en disque. On s’est dit : cool, on a un album ! (Rires) On pensait prendre des morceaux de différents shows, mais c’est très bien comme ça. Ça sonne de manière très authentique.
– Et pourquoi n’y avait-t-il pas de nouveaux morceaux sur cette tournée et donc sur ce disque ?
Leo : En fait, on avait joué uniquement notre répertoire en y ajoutant juste deux morceaux : « Heaven & Hell » de Black Sabbath et « Creeping Death » de Metallica. C’était simplement deux petites surprises pour les concerts. Mais on a laissé ces enregistrements de côté, même si c’est un moment sympa qu’on aime beaucoup les jouer en live. Nous voulions vraiment qu’il n’y ait que nos chansons. Et en fait, nous n’avions pas, non plus, de nouveaux titres prêts à ce moment-là, juste ceux déjà existants.
– A l’initiative de cet album live, on retrouve Arno Geenens de Vérone Productions et l’ingénieur du son Jean-Loup Demeulemeester. Comment vous êtes-vous mis d’accord pour la production, le mix et l’édition ?
Parker : En fait, on a juste eu les fichiers audio que l’on a envoyés directement à Damien pour qu’il réalise le mix. L’ensemble sonnait très bien. Tu sais, quand tu enregistres un concert, tu as le son qui vient de la console et c’est assez différent de ce que tu entends lorsque tu assistes au show, quand tu es dans la salle. Je trouve que l’ambiance est très bien restituée et tu peux t’en apercevoir si tu l’écoutes au casque notamment.
– Est-ce que vous avez eu quelques surprises avec le public qui ne vous connaissaient pas forcément très bien ? Avez-vous été étonné par l’accueil que vous avez reçu ?
Leo : A mon avis, les deux concerts en France ont été les meilleurs de la tournée. Franchement ! (Rires) Nous avons été agréablement surpris de l’accueil qu’on nous a fait, car les gens qui sont venus nous voir étaient vraiment enthousiastes, alors qu’ils ne nous connaissaient pas vraiment. Beaucoup sont venus grâce au bouche à oreille et nous ont découvert. La prochaine fois, je suis sûr qu’ils chanteront avec nous ! (Sourires)
Parker : Oui, beaucoup de gens sont venus parler avec nous après les concerts, ont acheté du merchandising pour nous soutenir et commencent maintenant à nous suivre sur les réseaux aussi. Ils sont d’un grand support, il y avait une énergie incroyable pendant les concerts et notamment à Lille où nous avons passé une soirée géniale.
– D’ailleurs, est-ce que vous travaillez déjà sur votre deuxième album, ou est-ce que vous vous consacrez surtout aux concerts pour ce moment ?
Parker : En fait, Leo était avec moi au mois d’août jusqu’en novembre et nous nous sommes retrouvés, comme pendant la tournée, avec beaucoup de temps devant nous. Alors, on s’est posé un peu et nous avons commencé à composer un nouvel album que nous avons même enregistré. Nous sommes actuellement en pleine production. On espère le sortir en août ou septembre prochain. Mais on ne veut pas trop en parler pour le moment ! (Rires) Nous sommes focus sur l’album live, mais nous dévoilerons quelques chansons dans les mois à venir.
– Juste une dernière petite question. Vous êtes actuellement en autoproduction. Est-ce que vous êtes à la recherche d’un label qui pourrait peut-être aussi vous permettre de grandir, ou préférez-vous conserver cette liberté qui est aujourd’hui la vôtre ?
Leo : Je pense que c’est intéressant pour nous d’être indépendants pour le moment. Tu peux faire exactement ce que tu veux, quand tu veux. Et puis, tu peux aussi garder l’argent pour l’investir dans l’enregistrement, la production, etc… même si on aimerait s’offrir aussi un tour du monde ! (Rires) Bien sûr que si un label nous approche, on étudiera les propositions, mais ce n’est pas évident de décrocher le bon contrat du premier coup. Pour le moment, on continue comme ça et le plus important reste d’écrire et d’enregistrer. Ca a vraiment du sens pour nous.
Parker : Si on trouve le bon deal, on verra bien. Nous n’avons pas vraiment ce genre de chose en tête pour l’instant. Comme l’a dit Leo, notre principal objectif aujourd’hui est de composer la meilleure musique possible, de progresser, de faire des concerts et de partager nos morceaux au plus grand nombre de fans. Si un label arrive et nous permet de tenir ces objectifs en les améliorant, on verra bien, sinon nous continuerons comme ça, car c’est le mieux pour nous.
Tous les albums de WINGS OF STEEL sont disponibles sont disponibles sur le site du groupe et son Bandcamp :
Les solos sont toujours aussi aiguisés, le chant toujours aussi puissant et la rythmique galopante chez TOKYO BLADE, qui semble même avoir retrouvé une seconde jeunesse depuis quelques disques déjà. Avec « Time Is The Fire », il perpétue un héritage dont il est l’un des ardents fondateurs et à grand renfort de twin-guitars, il entretient sans mal ce côté si fédérateur qui a fait sa réputation. L’énergie est telle qu’on n’imagine pas le combo du Wiltshire, dans le nord-ouest de l’Angleterre, déposer les armes de sitôt.
TOKYO BLADE
« Time Is The Fire »
(Cherry Red Records)
Valeureux représentants de la fameuse NWOBHM, TOKYO BLADE n’a pourtant jamais accédé au rang qu’il aurait dû, et ce malgré une carrière longue de 40 ans agrémentée de quelques très bons albums, dont voici le 14ème. La faute sans doute à des changements de line-up incessants qui ont perturbé le bon cheminement des Anglais sur la scène mondiale. Peu importe finalement, le quintet est stable depuis 2014 maintenant, et « Time Is The Fire » contient une fois encore quelques pépites Heavy Metal bien senties et rafraîchissantes.
C’est donc le quatrième opus de cette reformation quasi-historique, et qui en a encore sous le pied, composée d’Andy Boulton (guitare), John Wiggins (guitare), Andy Wrighton (basse), Steve Pierce (batterie) et Chris Gillen (chant). TOKYO BLADE confirme sa très bonne santé et s’il nous renvoie à ce Heavy, qui manque aujourd’hui cruellement. Avec un peu de nostalgie, le groupe s’inscrit dans une modernité étincelante porté aussi par une production solide et puissante, qui sert autant les mélodies que les envolées guitaristiques dans un bel équilibre.
Et les Britanniques n’y sont pas à aller à moitié, puisque du haut de ses 14 morceaux, « Time Is The Fire » s’étend sur 1h15. De quoi être largement rassasié, car il n’y a rien de trop et l’implication est la même sur chaque titre, aucune négligence de ce côté-là. TOKYO BLADE tient son rang et le tient bien. Epiques et racés, les titres de cette nouvelle réalisation font le tour du répertoire de nos vétérans avec beaucoup de fougue et de percussion, tout en prenant le temps de poser des atmosphères bien structurées et des refrains accrocheurs.
Soufflant le chaud et le froid sur des morceaux très homogènes, MOON WIZARD présente un Stoner Metal varié, tout en maîtrise, à travers lequel cohabitent des atmosphères Doom, Heavy et même Hard Rock avec une épaisseur enveloppante. Mélodique et massif, « Sirens » impose des refrains entêtants portés par une frontwoman, qui se balade entre Metal et Rock sur des rythmes soutenus et languissants. Une réussite qui montre la vitalité de l’underground yankee.
MOON WIZARD
« Sirens »
(Hammerheart Records)
Troisième album pour Ashton Nelson (batterie), Aaron Brancheau (guitare) et Joseph Fiel (basse, chant) et le deuxième pour Sami Wolf (chant) qui a rejoint les trois amis d’enfance sur « The Night Harvest » sorti en 2020. Depuis cinq ans maintenant, MOON WIZARD peaufine son Stoner Doom Metal du côté de Salt Lake City, Utah, et « Sirens » est un bel aboutissement de ces dernières années de travail. Et cette présence féminine au chant a également ouvert un plus large champ d’action au quatuor.
Issus de la scène Black et Death, les trois musiciens de la formation originelle ont gardé un côté obscur dans leur Stoner et si le Doom domine les débats, les influences Heavy Metal sont très présentes et offrent à MOON WIZARD un aspect très mélodique. Et c’est aussi la voix de sa chanteuse qui distingue le combo avec originalité. On est loin d’un registre plombant et écrasant. Le groupe se veut plutôt accessible et se montre très accrocheur en s’inscrivant dans les pas très sabbathiens et classiques de leurs aînés.
Sur une production soignée, plus solide qu’agressive, MOON WIZARD évite aussi les écueils grâce à une paire basse/batterie en osmose et un guitariste inspiré et efficace qui donne sa ligne directrice à « Sirens ». Avec une mixité vocale utilisée à bon escient, l’ensemble gagne en profondeur et devient vite addictif (« Luminare », « Dessert Procession », « Magnolia », « Sunday », « Epoch »). Avec ce nouvel opus, les Américains franchissent un cap et livrent un disque mature et créatif. Bien structurés, les titres présentent un volume intéressant.