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Metal

Everture : le Metal Alternatif sorti des glaces

Fort d’une belle assurance, EVERTURE livre un premier album très abouti, dynamique et mélodique. Dans un Alternative Metal plein d’énergie, le quintet finlandais fait preuve de beaucoup d’allant et de générosité sur ce « Emerge » bien produit et plein de feeling.

EVERTURE

« Emerge »

(Inverse Records)

Les Finlandais d’EVERTURE ont fait les choses dans l’ordre. Après deux bons singles enregistrés depuis 2019 (« Rightly Accused » et « Long Way Down »), le groupe a senti l’heure de son premier album sonner. Et même si le parcours a été semé d’embuches et de multiples péripéties, le quintet est parvenu à mettre en boîte ce très bon « Emerge » tout en variations et aéré.

Relevé et mélodique, ce premier opus est plein de promesses et de bonnes surprises. La rythmique est solide, les deux guitaristes se font plaisir et cela s’entend, et le frontman du combo livre une superbe prestation où il passe en revue une palette vocale très diversifié. EVERTURE a peaufiné son Metal Alternatif avec soin et talent.

Dans une veine très US, les Finlandais balancent d’entrée de jeu des morceaux bien rentre-dedans, costauds et accrocheurs (« In Between », « For Tomorrow »). Très bon techniquement, le quintet se veut aussi très fédérateur (« Undersky », « Closure »). Et EVERTURE sait aussi se montrer plus féroce et presque Nu Metal avec un chant brut (« The Rivers Flows », « The Unfortunate End »). Un premier album très réussi !

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Extrême

Xael : une violente odyssée symphonique

Brutal, subtil et très technique, ce deuxième album des Américains de XAEL ne se contente pas de fusionner des genres musicaux très différents. Il créé un monde où se rencontrent Fantasy, science-fiction, Technical Death, Metal Progressif et le Folk Pagan dans une unité futuriste et à la fois ancestrale. « Bloodtide Rising » est un album hors du commun.

XAEL

« Bloodtide Rising »

(Pavement Entertainment)

C’est en 2017 que le batteur Joshua Ward (Rapheumets Well) pose les bases et les fondations de XAEL, dont le projet en lui-même est déjà un concept à lui tout seul. L’Américain fait des émules et est bientôt rejoint par le chanteur Joshua Niemeyer, le guitariste Daniel Presnell, le chanteur et six-cordiste Chris Hathcock (The Reticent) et le bassiste Brad Parris (Nile). Autant dire une belle bande de furieux !

Dans un univers original et personnel où le groupe est allé jusqu’à créer un monde entre Fantasy et science-fiction d’une complexité étonnante, on découvre également un registre musical assez singulier. Entre Technical Death, Folk, sonorités Folk et ancestrales, XAEL surprend et la grande technicité du quintet mise à disposition d’un tel concept est magistrale.

Très polymorphe, « Bloodtide Rising » renvoie autant à des groupes comme Cattle Decapitation que Wardruna, c’est dire le large spectre que proposent les Américains. Aussi à l’aise dans un registre Metal Progressif que Death et Pagan, l’odyssée proposée par XAEL est franchement inédite. Eclectique et novateur, le combo captive et ensorcelle (« Suun Rai Arn », « Srai-The Demon Of Erring », « Bloodtide Rising », …). Une envolée spectaculaire !

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Extrême Stoner/Desert

Cosmic Reaper : défier la gravité

C’est sur un faux-rythme que COSMIC REAPER surgit avec un Doom Metal Psych aux subtiles sonorités Stoner à travers un premier album éponyme rugueux et granitique. Simples, efficaces et obsédants, les morceaux du quatuor Américain sont aussi épais que tranchants, et la voix lointaine et éthérée de leur chanteur tente tant bien que mal à apporter un peu de lumière à cette sombre entreprise. Un régal !

COSMIC REAPER

« Cosmic Reaper »

(Heavy Psych Sounds Records)

Avant de vous caler ce premier album de COSMIC REAPER entre les oreilles, installez-vous confortablement et prenez une bonne respiration. Le quatuor américain présente un Doom Metal aux contours Psych et la chape de plomb qui va s’abattre sur vos tympans est écrasante à tout point de vue. Véritablement sur orbite, le combo est paré pour le décollage et le voyage s’annonce mouvementé.

Originaire de Caroline du Nord, COSMIC REAPER a fait ses premières armes avec un EP, « Demon Dance », qui a vite séduit les amateurs de sensations fortes, qui se sont rapidement rués à ses concerts. Stoppés net par la pandémie, les Américains en ont profité pour composer un premier album éponyme et les sept morceaux présentés sentent le souffre autant qu’ils bastonnent et enivrent. 

Dès les premières notes de « Hellion », l’expédition spatiale commence dans une atmosphère tendue, où la production massive et puissante fait des merveilles. COSMIC REAPER a également soigné les arrangements sur ces nouveaux titres à vraiment écouter au casque (« Stellar Death », « Planet Eater », « Infrasonic ») ! Et comment ne pas succomber à « Wasteland » et ses deux parties aussi Psych qu’épaisses ? Voilà, vous pouvez respirer !

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International Rock

Evanescence : réminiscence dark [Interview]

S’il y a un album qui est attendu depuis des mois et fait beaucoup parler malgré la sortie de quatre singles, c’est bien « The Bitter Truth ». Dans cette période compliquée, EVANESCENCE a dû composer avec la crise, mais a finalement réussi à suivre le programme que les Américains s’étaient fixé… la tournée mondiale en moins, bien sûr. Will Hunt, excellent et très polyvalent batteur du quintet, revient sur la genèse de cette nouvelle production et le retour au son originel de la formation.  

Photo : Nick Fancher

– « The Bitter Truth » sort enfin. On a l’impression que ça a été un sacré périple. Même si vous avez été très occupés ces dernières années, ça doit être une grande satisfaction de pouvoir le livrer aux fans malgré cette époque compliquée, non ? 

Oui, c’est le fruit d’un long travail que nous avions commencé bien avant la pandémie. Nous avons composé les morceaux comme d’habitude quand le confinement nous est tombé dessus. L’album est prêt depuis un bon moment, et après quelques titres dévoilés : il sort enfin ! (Rires) Ca a été un périple très intéressant, et nous ne pourrions en être plus fiers, car c’est un album incroyable !

– Même si « Synthesis » est sorti il y a un peu plus de quatre ans, ce n’était pas un album entièrement inédit. Est-ce qu’il vous a guidé dans l’écriture de ce nouvel album où il y a encore beaucoup de sons électroniques ?

Oui, même si « Synthesis » était une vision plus orchestrale et électronique d’anciens morceaux dont les fans avaient l’habitude, il nous a beaucoup aidé dans l’écriture de « The Bitter Truth ». Il n’y a pas cet aspect orchestré cette fois. Nous avons décidé très consciemment que cette fois, l’album serait plus électronique. On a trouvé cette voie très intéressante et nous nous sommes éclatés à le faire. C’était vraiment le type de sons qu’on recherchait. « The Bitter Truth » a beaucoup de sens pour nous et cela nous apporté beaucoup à tous en termes de créativité et de puissance dans les morceaux. On ne l’aurait peut-être pas fait avant. C’est une très bonne chose.

– Vous n’allez sans doute pas pouvoir jouer « The Bitter Truth » en live avant un bon moment. Comment vis-tu cette situation ?

Je pense que beaucoup de monde a profité de ce break pour créer de nouvelles musiques et cela continue encore aujourd’hui. Pour nous, c’est différent car nous avions commencé le processus d’écriture bien avant tout cela. Le premier morceau est sorti au début du confinement. L’objectif à ce moment-là était de partir pour une grande tournée, qui devait commencer en avril dernier par l’Europe avec la sortie d’un second titre. Finalement, tout a été reporté en septembre et quand nous avons compris que ce ne serait pas possible encore, la tournée a été reportée à septembre prochain, soir plus d’un an après. J’espère vraiment qu’on pourra retrouver les concerts. Ne pas jouer ton nouvel album sur scène est d’une tristesse sans nom. C’est la première fois que ça m’arrive depuis le début de ma carrière professionnelle. L’album est sorti et je suis chez moi : c’est très perturbant ! J’ose espérer que les fans seront encore plus impatients de découvrir les nouveaux morceaux en concert d’ici la fin de l’année ou en début d’année prochaine. Tout n’est finalement pas si négatif que ça, je pense.

Photo : Nick Fancher

– Revenons un peu en arrière. Quand avez-vous commencé l’écriture de ce nouvel album ? Cette fois encore, il est assez sombre et très différent des précédents ? L’idée est de continuer à surprendre vos fans ?

Oui, bien sûr. Nous avons commencé l’écriture début 2019. Nous sortions du « Synthesis Tour » et nous avons un break de 4/5 jours. Nous avons très vite ressenti le besoin de retourner en studio, qui se situe à une quinzaine de kilomètres de chez nous. C’est une multitude d’émotions qui nous a envahi et poussé à composer de nouvelles choses. On avait une idée précise des morceaux et de ce que nous voulions proposer aux fans. Ca a été une période très prolifique pour nous, c’était génial. Et nous nous sommes rendu compte que notre musique était beaucoup plus Heavy et Dark, c’est vrai.

– D’ailleurs sur « The Bitter Truth », vous retrouvez Nick Raskulinecz, avec qui vous aviez travaillé sur votre album éponyme en 2011. Comment se sont passées les retrouvailles ? 10 ans plus tard, comment jugez-vous la différence de production et la manière d’aborder le nouveau son d’EVANESCENCE ?

Nous avions entre temps retravaillé avec lui pour le mix d’une reprise. Lorsque plusieurs morceaux du nouvel album ont été achevés, nous avons essayé quatre ou cinq producteurs. Tous ont apporté un nouveau son aux compositions, mais la meilleure expérience a été avec Nick, sans aucun doute. Il se souvenait très bien du groupe et nous avions eu une superbe expérience ensemble. Ca faisait donc sens de travailler avec lui, car il a parfaitement su capter l’énergie du groupe et sa dynamique. Après quelques essais, on a décidé de terminer le reste de l’album avec lui.

– Vous avez dévoilé quatre singles avant la sortie de l’album. C’était plus par impatience, car la pandémie ne vous permettait pas de sortir directement l’album ?

Non, en fait, ça a toujours été prévu. C’était notre plan dès le départ. Nous avions prévu de sortir un titre environ toutes les six semaines, c’est pourquoi l’album sort maintenant. On voulait vraiment sortir cinq ou six chansons avant la sortie de « The Bitter Truth ». C’est vrai que le processus a démarré quand la pandémie est arrivée. Nous nous sommes dits qu’il fallait continuer, car beaucoup de gens attendaient de nouveaux morceaux. Ca faisait presque dix ans que nous n’avions pas sorti de véritable nouvel album ! Nos fans attendent et méritent plus de musique de notre part. Je pense aussi que c’est une bonne chose, car il n’y a pas eu beaucoup de nouveautés pendant cette période. Lancer l’album de cette façon était vraiment très bien.

Photo : Nick Fancher

– En l’écoutant attentivement, on a un peu de mal à le situer entre Metal et Rock, mais il reste toujours Gothic et Dark. Comment le qualifierais-tu de ton point de vue ?

C’est un album de Rock, définitivement ! Il est très Heavy et revient vraiment au son originel d’EVANESCENCE. Oui, c’est très Rock. Ce n’est pas de la soupe ! Il n’y a pas d’orchestration, par exemple. C’est très brut et groovy. Comme à nos débuts, l’objectif est de créer de nouveaux espaces dans notre son, aborder de nouvelles atmosphères et la voix d’Amy est juste incroyable de force et d’émotion. « The Bitter Truth » montre parfaitement toute la puissance du groupe et c’est vraiment ce que nous voulions : c’est une très bonne chose !  

– On l’a dit, il y a beaucoup de sons électroniques sur cet album. Est-ce que ça a changé ton jeu et ta manière d’aborder ces nouveaux morceaux en tant que batteur ?

En fait, j’utilise et j’expérimente le côté électronique de la batterie depuis très longtemps maintenant Depuis environ 2002, je pense, quand j’ai commencé à jouer avec Tommy Lee. Il est très pointu dans le domaine. Il m’a notamment appris notamment à combiner les deux dans des conditions et un format Rock’n Roll. Pour ce nouvel album, c’était important pour moi d’avoir ces deux types de sets. Sur « Wasted On You », par exemple, où Amy chante accompagné au piano, j’ai d’abord mis des sons électroniques et on a tous trouvé que ça sonnait super bien et ça permettait aussi de varier les tonalités et d’apporter plus de créativité ! Ca ne collerait pas chez Ac/Dc, mais pour notre style de musique, c’est parfait ! (Rires) Nous aimons utiliser une grande variété de sons ! Mais pour moi, ça ne change pas grand-chose, ça m’offre juste beaucoup plus de possibilités, être créatif et prendre beaucoup de plaisir !

– Tu as aussi beaucoup participé à l’écriture de l’album. Comme se passe le processus de création au sein d’EVANESCENCE et quelle a été ta contribution ?

Le processus de création d’EVANESCENCE est un travail de groupe. En tant que chanteuse, Amy apporte les mélodies qu’elle nous soumet ensuite. Une fois qu’on a terminé une chanson, on revient en arrière et on regarde ce qui va et ce qui ne va pas. Parfois, elles sont achevées et non pas besoin d’être réécrites. Mais sur un morceau comme « Broken Pieces Shine », par exemple, je crois que nous avons fait huit versions avant d’en être vraiment satisfaits ! Et c’est passionnant ! Il faut que les morceaux nous parlent vraiment et qu’Amy ressente complètement le feeling des titres. On est souvent resté ensemble en studio pour réarranger et retravailler les mélodies. C’est un très bon mode de fonctionnement où tout le monde participent vraiment. 

Le nouvel album d’EVANESCENCE, « The Bitter Truth » sera disponible le 26 mars chez Sony.

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Rock

Dead Poet Society : insaisissable poésie alternative

Impertinents et audacieux, les quatre jeunes musiciens de DEAD POET SOCIETY n’ont franchement pas froid aux yeux et, pour un premier album, livre une production assez scotchante. Dans une veine alternative US, le groupe désormais basé à L.A. s’engouffre dans le Rock et el Metal avec fougue et détermination.

DEAD POET SOCIETY

« -!- »

(Spinefarm Records)

Originaire de Boston où le groupe d’étudiants du Berklee College s’est formé, c’est pourtant sous le soleil californien que DEAD POET SOCIETY a littéralement éclos. Suivi par de jeunes fans, c’est en figurant sur de multiples playlists que les Américains ont commencé à se faire connaître. Et c’est depuis Los Angeles que le quatuor sort son album coup de poing.

Pour une première production, « – ! – » (« The Exclamation Album ») se veut assez frondeur dans le fond comme dans la forme. Prenant grand soin de n’entrer dans aucune case, DEAD POET SOCIETY navigue entre Rock et Metal Alternatif avec un certain talent. Carré et percutant, le combo assène de gros riffs et de belles rythmiques posés sur l’étonnante gamme vocale de son frontman. 

En effet, ce qui surprend à la première écoute, c’est la performance du chanteur et guitariste Jack Underkofler capable de s’aventurer avec une aisance déconcertante presque partout (« .burymehole. », « .intodeep. », « .CoDA. », « .loveyoulikethat. »). Touchant au Modern Metal, au Stoner et même à la Pop, DEAD POET SOCIETY se perd un peu et devra vite se trouver une réelle identité musicale.

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Heavy metal Rock

Rob Zombie : comédie pas très horrifique

Très éclectique et cinématographique, ce nouvel album de l’extraterrestre du Massachusetts surgit au cœur d’une pandémie : le propre du zombie ! Divertissant et un peu dispersé, ROB ZOMBIE semble avoir tout misé sur une production chiadée et des arrangements très soignés au détriment de morceaux vraiment convaincants.

ROB ZOMBIE

« The Lunar Injection Kool Aid Eclipse Conspiracy »

(Nuclear Blast)

Après près de cinq ans d’absence, ROB ZOMBIE réapparait avec un septième album au nom interminable : « The Lunar Injection Kool Aid Eclipse Conspiracy ». Façon bande originale de film dont l’Américain est fin connaisseur, ce nouvel opus est une sorte de périple musical inclassable et iconoclaste, assez étonnant et toujours très bien produit…. Et parfois même un peu lisse. L’Américain s’est transformé en monsieur propre, et rien ne dépasse de cette réalisation où le sample est devenu roi.

Que tout le monde se rassure, ROB ZOMBIE fait toujours du ROB ZOMBIE ! Seulement, on peut être en droit d’attendre un peu de nouveauté et d’impertinence de la part d’un tel artiste. Si l’album s’écoute tout seul, il peine cependant à surprendre malgré des titres accrocheurs. Les 17 plages s’étalent sur un peu plus de 40 minutes, mangées par des bidouillages en tous genres, mais quelques titres parviennent à émerger dans ce qu’il reste de l’album.

Entre Metal, Electro, Indus et quelques gros riffs Stoner, le chanteur reste le touche-à-tout que l’on connait. Parmi de nombreuses expérimentations à base de samples se glissent tout de même quelques titres vraiment taillés pour la scène… mais assez peu nombreux (« The Triumph Of King Freak », « 18th Century Cannibals, Excitable Morlocks & A One-Way Ticket On The Ghost Train», « Shake Your Ass-Smoke Your Grass», « Get Loose »). ROB ZOMBIE se fait plaisir et, au final, cet hédonisme est très solitaire.

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International Progressif Stoner/Desert

Dvne : déflagration rétro-futuriste [Interview]

Fondé en 2015 à Edinburg en Ecosse, DVNE s’est fait un nom dans le paysage Sludge Progressif européen en l’espace de trois EP et d’un album. « Etemen Ænka », le deuxième opus complet du quintet, sort dans quelques jours et promet un voyage musical mouvementé dans une ambiance Old School presque cinématographique. L’occasion de poser quelques questions à Victor Vicart, seul Français du combo, qui tient la guitare et le chant…

– Avant toute chose, j’aimerais que tu éclaircisses une petite chose, stp. L’ensemble des médias spécialisés vous considèrent comme un groupe de Metal Progressif. Si sur l’aspect progressif de DVNE nous sommes d’accord, vous êtes avant tout un groupe de Sludge issu du Rock, non ?    

Oui, en effet, nous sommes plutôt issus du Post-Metal et du Sludge. Et personnellement, je pense que le progressif est plus une approche de composition et ne constitue pas vraiment une scène à part entière.

– Avec ce son brut très organique, il y a quelque chose chez DVNE de très futuriste, qui n’est pas seulement lié au nom du groupe ou au concept de l’album. Comment l’expliques-tu ? C’est une démarche artistique que l’on ne rencontre plus beaucoup…

Nous avons utilisé beaucoup de synthés sur cet album comme des vieux Junos, Moog et Prophet qui apportent énormément en termes de texture. Je pense que c’est ce qui te fait dire que notre son est futuriste. Cela dit, notre approche avec les autres instruments est assez old school, puisque nous utilisons surtout des vieux amplis des années 70/80, type Hiwatt/Marshall, que l’on retrouve dans beaucoup d’album de Rock et de Hard Rock. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec notre producteur Graeme Young sur le son de cet album et nous sommes parvenus à retranscrire ce que nous avions en tête pendant l’écriture de l’album.

– Il y a même un petit côté ‘Blade Runner’ en fond sur l’album dans les transitions (« Weighing of the Heart », « Adræden »). « Etemen Ænka » a un côté très cinématographique dans le récit. Si l’époque n’est malheureusement plus aux clips très réalisés d’antan, quels genres d’images ou d’ambiances te viennent à l’esprit sur ce nouvel album ?

Nous avons réalisé un clip pour « Sì-XIV », dont nous sommes fiers puisqu’il colle avec l’atmosphère rétro-futuriste de l’album. Nous avons utilisé beaucoup d’effets spéciaux traditionnels. Par exemple, vous retrouvez dans la vidéo un cocon visqueux ou encore un costume totalement flippant pour notre créature. Nous avons été influencés par des artistes comme Giger/Alien. De façon plus générale, nos références viennent de la cinématographie de film d’horreur et Sci-Fi des années 80/90. Nous aimerions beaucoup faire un clip d’animation, mais cela dit j’ai souvent du mal avec l’animation 100% digitale, et je préfère les plus classiques.

– L’album développe aussi beaucoup de morceaux très instrumentaux, à un point que l’on a l’impression que certains titres pourraient presque se passer de chant… avec peut-être juste une explication dans le livret. DVNE passe ses émotions par les ambiances ?

Nous ne considérons pas le chant comme un élément qui devrait être plus en avant que les autres instruments. Pour nous, s’il ajoute quelque chose d’intéressant sur un passage, c’est très bien, mais très souvent les instruments se suffisent à eux-mêmes.

– Avec toute la puissance que dégage « Etemen Ænka », DVNE reste un groupe où la mélodie est au premier plan, selon moi (!). Et on imagine que d’autres instruments pourraient venir s’y greffer. C’est quelque chose que vous avez dans le coin de la tête ?

Carrément ! Nous voulons continuer notre évolution musicale et cela passe par l’ajout de nouveaux éléments dans l’écriture et pendant l’enregistrement aussi. C’est aussi pour ça que nous avons une invitée sur cet album (Lissa Robertson). Nous avons voulu ajouter un autre type de chant pour apporter encore plus de diversité à notre musique. Nous avons déjà de nombreuses idées pour le prochain album, notamment avec l’utilisation d’autres instruments et d’autres méthodes d’enregistrement.

– Sinon, est-ce qu’avec le Brexit les choses ont changé pour vous ? Alors que rien n’est décidé nulle part, comment voyez-vous l’avenir dans les mois à venir ?

C’est très regrettable ce qui se passe avec le Brexit. Cela ne nous inquiète pas, car nous nous sommes bien préparés pour nos prochaines tournées. C’est surtout dommage pour les groupes anglais plus jeunes qui pensent à faire leur première tournée en Europe. Je pense que la plupart ne tournera tout simplement pas et les autres le feront dans l’illégalité. Cela dit, j’espère encore qu’un accord EU/UK est toujours possible, notamment sur un visa artiste de 90 jours qui serait gratuit. On croise les doigts.

– Et on va conclure avec une question conne, comme j’aime. Finalement DVNE : plutôt Le Pilat ou Sting ?

Sting of course ! Le slip en V lui va si bien.

Le deuxième album de DVNE, « Etemen Ænka », sortira le 19 mars chez Metal Blade Records.

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Extrême

No Terror In The Bang : le Metal en 16/9

Très orchestré tout en restant très incisif, NO TERROR IN THE BANG se présente avec un premier album, « Eclosion », aux ardeurs conséquentes et aux ambiances contrastées. Le sextet normand réussit haut la main le pari de rassembler un Metal résolument moderne avec des sonorités classiques, propres au 7ème art.

NO TERROR IN THE BANG

« Eclosion »

(M&O Music)

C’est suffisamment rare de voir un groupe fraîchement formé (2019) sortir un album aussi abouti, complexe et si bien produit que cela nécessite d’être souligné. Dans un Metal Alternatif absorbant toutes sortes d’influences, souvent très opposées, NO TERROR IN THE BANG surnage grâce à une technicité et une créativité imparable et très originale. Le voyage musical est pour le moins atypique et présente de multiples thématiques.

Originaire de la région rouennaise, le sextet présente un pédigrée conséquent avec des musiciens aguerris aux horizons divers, faisant vraiment la force du combo qui est capable de faire de grands écarts incroyables. L’identité de NO TERROR IN THE BANG se devine déjà sur le morceau d’ouverture, « Saule Pleureur », dont la finesse nous transporte dans un univers très cinématographique, façon écran géant.

Très atmosphérique, la formation fait assez rapidement parler la poudre (« Another Kind Of Violence ») sur des riffs racés et fragmentés (« Micromegas »). Avec un piano très présent, les mélodies se font intemporelles sous l’impulsion de Sofia Bortoluzzi, chanteuse polymorphe au flow impressionnant et nuancé (« Uncanny, « Poison »). NO TERROR IN THE BANG possède la carrure des grands et ça va vite se voir.

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Extrême Rock

Sister : sauvage et impertinent

Dézinguer tout ce qui dépasse, oui, mais avec minutie et un sens aigu de la mélodie : tel est le crédo de SISTER et de son nouvel album, « Vengeance Ignited » à travers lequel les Suédois laissent éclater toute leur rage. Les Scandinaves assènent à grand coup de latte un Sleaze Metal réjouissant, enthousiasmant avec humour et folie.

SISTER

« Vengeance Ignited »

(Flick Records)

Oreilles chastes, passez votre chemin ! SISTER livre son quatrième album et les Suédois n’y vont toujours pas de main morte. Le quatuor de Stockholm a subi quelques remaniements de personnel et est aujourd’hui composé de Jamie Anderson (chant), Cari Crow (batterie), Freddan Hiitomaa (basse) et Phil Armfelt (guitare). Sur une superbe production signée par le claviériste de H.E.A.T, Jona Tee, le combo est aussi percutant qu’accrocheur et « Vengeance Ignited » bastonne généreusement. 

Entre refrains hyper-fédérateurs, riffs tranchants et assassins et une rythmique basse/batterie costaude et très groovy, le Sleaze Metal de SISTER s’est vraiment étoffé et présente dix titres à faire lever les foules. Les bad-boys mené par leur excellent et hurleur chanteur font un mix irrévérencieux entre Glam déjanté et un Punk/Rock aux saveurs Metal en mettant l’accent sur des mélodies très addictives et bien senties.

Loin d’être avares de très bons solos aussi Rock’n’Roll que Heavy, le  quatuor dévaste tout sur son passage avec des morceaux à faire décoller les tympans (« Spitfire », « Primal Rage », « Scream For Pleasure » ou « One Last Ride »). Le rythme effréné de « Vengeance Ignited » laisse toutefois une petite place à une étonnante ballade, loin d’être indispensable (« Whispering Winds »), mais carrément Sleaze. Bref, SISTER distribue les gaffes à tour de bras.  

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Heavy metal Progressif

Witherfall : chauffé à blanc

Lorsque quatre virtuoses décident de se défouler et de n’en faire qu’à leur tête, ça peut vite tourner au cauchemar… ou au mal de crâne. Avec WITHERFALL, c’est plutôt une explosion de mélodies mêlées à une technique et un groove hors-norme qui prend le dessus. Animés par une rage très virulente, les Californiens sont venus pour en découdre et « Curse Of Autumn » fait ressortir toute la classe de cet incroyable quatuor.   

WITHERFALL

« Curse Of Autumn »

(Century Media)

En seulement deux EP et ce troisième album, WITHERFALL s’est fait une place de choix dans le paysage Metal. Terriblement Heavy, un brin vintage, hyper-technique et très mélodique, le quatuor américain s’est créé un univers autour d’un style unique et original. Il faut dire qu’avec un line-up et une équipe pareille, le quatuor est à même d’en laisser plus d’un sur le carreau. Et pourtant, les Californiens sont en colère et « Curse Of Autumn » a été conçu dans l’optique de régler certains comptes et d’exorciser leur exaspération.

Avec pour ambition d’enterrer littéralement tous ceux qui ont entravé leur parcours, la formation menée par le chanteur et claviériste Joseph Michael et l’incroyable guitariste Jake Dreyer se fait franchement plaisir. Accompagné par Marco Minnemann (Demons & Wizards) derrière les fûts et Anthony Crawford et son groove légendaire à la basse fretless, le duo prend le taureau par les cornes et s’abat comme la vérole sur le bas-clergé… WITHERFALL n’en fait qu’à sa tête en brouillant sans cesse les pistes.

Faisant sans trembler le grand écart entre un Heavy Metal musclé, un Metal Progressif très structuré et un Technical Thrash totalement débridé, les Californiens en rajoutent et ne se perdent jamais. Breaks et ponts à perte de vue, solos à faire pâlir un Malmsteen (« The Last Scar ») et longs titres épiques (« And They All Blew Away », « Tempest »), WITHERFALL met tout le monde à terre entre demonstrations hallucinantes et mélodies radieuses (« As I Lie Awake », « Curse Of Autumn », « The Other Side of Fear »). Juste éblouissant !