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Desert Rock Heavy Stoner Psych Stoner Doom

Blue Heron : scarred desert

Offrant tour à tour des plages instrumentales planantes et épurées et des moments aux sonorités dont les textures sont intenses et compactes, BLUE HERON a fait de son désert un champ de bataille, qui donne aussi lieu à quelques trêves. Profond et pour le moins vibrant comme vrombissant, il navigue entre Desert Rock, Doom Metal et Heavy Stoner Psych avec tellement de dextérité que « Everything Fades » en devient presqu’obsédant. Le cap du deuxième effort est passé avec brio et une belle énergie.

BLUE HERON

« Everything Fades »

(Blues Funeral Recordings)

L’émergence de BLUE HERON a beau être relativement récente, ces trois dernières années ont été chargées, puisqu’après un single deux-titres en 2021 (« Black Blood Of The Earth »/« A Sunken Place »), les Américains ont enchaîné sur leur lancée. La sortie du premier album, « Ephemeral » (2022), les a menés sur la route un petit moment avant de partager le volume 8 de la fameuse série « Turned To Stone » de Ripple Music avec les excellents High Desert Queen. Et les voici avec un deuxième opus à forte déflagration.

Malgré une pochette quelque peu trompeuse, BLUE HERON nous promène dans son désert du Nouveau-Mexique pour une balade aride. Se situant entre Desert et Stoner Rock, « Everything Fades » est une réalisation un peu plus complexe qu’il n’y parait et surtout beaucoup plus riche. Avec le court morceau d’intro, « Null Geographic », puis le morceau-titre, on est d’abord troublé par le chant de Jadd Shickler qui offre un écho direct et à peine voilé au grand Lemmy. La suite ne s’annonce donc pas forcément légère.

Et en effet, la lourdeur des riffs et celle du duo basse/batterie libèrent une résonance Doom, Heavy et Psych. Très underground dans l’esprit, BLUE HERON semble se laisser aller au gré de ses inspirations, tout en restant fidèle à une ligne directrice très claire. Enivrant et mélodique, le combo flirte aussi du côté du Metal avec beaucoup de subtilité et sur un fuzz bourdonnant (« Swangson », « Dinosaur », « Trepidation », « Clearmountain », « Fight Of The Herron »). Un disque d’une densité musicale incroyable et un trip qui l’est tout autant.

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Heavy Stoner Psych

Thunderbird Divine : une tornade enchanteresse

Brut et rugueux, lumineux et fin et parfois même lyrique, « Little Wars » se balade dans un univers Stoner où les limites artistiques ont disparues. Il faut avoir une solide expérience et beaucoup d’audace pour se lancer dans une telle entreprise, et cela nécessite aussi forcément une grande ouverture d’esprit pour en apprécier toutes les subtilités. Hard Rock, Prog, Doom, Psych, Heavy Rock et sensations tribales, THUNDERBIRD DIVINE explose les codes et impose les siens avec brio et une assurance décomplexée.

THUNDERBIRD DIVINE

« Little Wars »

(Black Doomba Records)

Né des cendres de Wizard Eye et de Skeleton Hands en 2017, THUNDERBIRD DIVINE a fait du chemin et après « Magnesonic » (2019) et « The Hand Of Man » (2020), il se présente aujourd’hui avec un troisième opus sur lequel il souffle un vent de liberté. Expérimental et organique, « Little Wars » nourrit un Stoner débridé de sonorités Psych et Doom grâce à l’utilisation de thérémine, de sitar, de banjo, de mélodica et autres bizarreries comme l’indiquent les musiciens.

Tous multi-instrumentistes, les membres de THUNDERBIRD DIVINE sont des acteurs chevronnés de la scène de Philadelphie, ce qui explique probablement l’absence de frontières musicales et cette maîtrise instrumentale. Car au-delà d’un classique Heavy Stoner Psych, le quatuor multiplie les incartades en prenant des chemins inattendus et en passant d’une ambiance à l’autre d’un claquement de doigt. Entre voix féminines et parties de piano aériennes, les Américains sont d’un éclectisme rare.  

Dès l’instrumental, « Poney Express », et son ambiance far-west bardée de chants d’oiseaux, THUNDERBIRD DIVINE promet un voyage original. Et c’est ce que propose « Little Wars » à travers des passages Rock très appuyés et musclés et d’autres plus intimistes, mais avec toujours aussi une pointe de curiosité et une fougue non-dissimulées (« Times Gone Bad », « Last Laugh », « These Eyes », « Old Black Crow », « Black Rhino Mantra », « Highway Dawn »). Cet album est incroyable et il serait vraiment dommage de passer à côté.  

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Heavy Stoner Psych Space Rock Stoner Metal

Kayleth : galactique

La bonne santé de la scène Stoner en Italie n’est plus à démontrer et avec une quatrième réalisation compacte et véloce comme « New Babylon », KAYLETH vient confirmer et alimenter cette belle énergie. Psych et Space Rock, les Transalpins naviguent entre Rock et Metal et, sans complexe, ils assènent de nouveaux titres robustes et intenses. Sans détour, le quintet multiplie les univers, joue sur les variations de genre et se montre infaillible.

KAYLETH

« New Babylon »

(Argonauta Records)

Fondé il y a une petite vingtaine d’années à Vérone, KAYLETH a pris le temps de mûrir son Stoner et a procédé étape par étape. Un parcours à l’ancienne qui manque d’ailleurs cruellement aujourd’hui. En effet, après trois démos et un EP, c’est en 2015 que le groupe a sorti « Space Muffin », puis « Colossus » (2018) et « 2020 Back To Earth » il y a quatre ans. L’évolution est manifeste et le style s’affine et s’affirme très nettement sur ce solide « New Babylon », particulièrement massif.   

Dans une atmosphère SF tourmentée, KAYLETH propose une épopée galactique où il parvient à rassembler toutes ses influences, les courants qu’il traverse et surtout pose un style devenu immédiatement identifiable. Très Psych, le Stoner des Italiens emprunte autant au Metal qu’au Rock et l’apport du synthétiser offre une dimension 80’s très Space Rock. Cela dit, le quintet est toujours aussi rugueux et épais, même si le travail sur les mélodies de « New Babylon » est remarquable.

L’aventure spatiale commence avec « The Throne », qui donne la pleine mesure de la suite bien musclée de ce quatrième opus. Efficace et puissant, le combo enchaîne les morceaux avec une vigueur souvent sauvage et même épique (« Giants March »). S’autorisant quelques passages Doom, ce sont surtout les riffs serrés, les solos savamment distillés et la rythmique de plomb que l’on retient sur « New Babylon » (« Megalodon », « We Are Aliens », « Pyramids »). KAYLETH ne réinvente rien, mais fracasse dans les règles !

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Hard 70's Heavy Stoner Rock

The Quill : nouvelle odyssée

L’une des particularités de THE QUILL est de savoir proposer à chaque réalisation un Hard Rock hyper-Stoner qui fait aussitôt penser à un véritable travail de groupe. On sent ses membres tellement soudés que l’on s’éloigne des productions actuelles, où les compositions semblent plus tenir de la performance que de l’œuvre créative. « Wheel Of Illusion » est cru, mélodique, brut et non dépourvu de beaux arrangements. Et c’est cette unité entre les vétérans du Rock, qui transpirent sur chaque note et qui les distingue encore aujourd’hui.

THE QUILL

« Wheel Of Illusion »

(Metalville Records)

A l’aube de ses 30 ans de carrière, THE QUILL sort son dixième album et les Suédois se montrent toujours aussi solides et inspirés. « Wheel Of Illusion » fait suite au très bon « Earthrise », sorti il y a trois ans, et qui était terrassant à bien des égards. Le quatuor enfonce le clou, grâce à un Heavy Stoner Rock original. Si la base reste Hard Rock avec des teintes 70’s, le style de la formation nordique s’engouffre dans un registre qui dépasse les époques et les tendances en se distinguant brillamment, grâce à une originalité et un son qui la rendent immédiatement identifiable.

L’aspect rétro-futuriste encore à l’œuvre sur « Wheel Of Illusion » fait toujours plus l’effet d’une petite bombe que celui d’une madelaine de Proust. Inventif, le quatuor continue d’envoûter et d’assener ses compos avec force et vigueur. Au chant, Magnus Ekwall se montre impérial, capable d’autant de douceur que de force. THE QUILL puise justement son originalité dans ce contraste et cette dualité entre l’aspect planant d’un Stoner Psych et des accélérations très Metal. Solide, la rythmique donne le ton et Christian Carlsson distille ses riffs et ses solos avec une ferveur constante.

Poussé par une énergie folle, les Scandinaves poursuivent leur voyage musical mouvementé débuté en 1995 et, plus surprenant, parviennent sans mal à réinjecter autant de puissance que de dynamisme à un genre très maîtrisé, qui va puiser chez ses pionniers. Dès le morceau-titre en ouverture, THE QUILL affiche ses ambitions et se montre imparable sur « Elephant Head », « L.I.B.E.R. », « The Last Thing » avant l’ultime assaut « Wild Mustang », véritable pièce maîtresse de ce nouvel opus. Conquérant et accrocheur, « Wheel Of Illusion » recèle de quelques trésors et devrait enflammer les prochains concerts.    

Photo : Goran Markov

Retrouvez la chronique de « Earthrise » :

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Heavy Stoner Psych Stoner Prog

Mr Bison : des ondes astrales

Depuis « We Don’t Like Love Songs », son premier EP sorti en trio en 2011, MR BISON en a fait du chemin et la route tracée devient de plus en plus limpide au fil des albums. Quatre ans après le superbe et conceptuel « Seaward », les Transalpins montrent une ambition débordante sur « Echoes From The Universe », à nouveau saisissant. Heavy, Psych et Prog, leur Stoner Rock se démarque habillement et se pose hors du temps.  

MR BISON

« Echoes From The Universe »

(Heavy Psych Sounds)

Pourtant originaire d’une petite ville de la côte de Toscane, c’est la mythologie nordique qui a cette fois inspiré MR BISON, à laquelle il a d’ailleurs intégré des éléments SF, offrant à « Echoes Of The Universe » une ambiance très particulière. En jouant sur l’aspect Heavy du Stoner et un côté Psych très progressif, le quatuor parvient, comme sur ses précédents opus, à combiner force et délicatesse pour mieux nous embarquer dans un univers féérique et très polymorphe avec brio.

Grâce à un équilibre parfait, MR BISON allie des références 70’s issues de la scène progressive, à un son très moderne qui rappelle l’actuelle vague Stoner européenne. Aidé de synthés, d’orgue Hammond et de mellotron, le groupe installe des atmosphères soignées et très travaillées. Bercé et enveloppé de la voix de Matteo Sciochetto, « Echoes From the Universe » n’élude pas de somptueuses parties de guitares, sa faisant même acoustiques comme pour libérer certaines respirations.

S’il y a bien un disque où l’on peut parler de créations de paysages musicaux élaborés, c’est bien celui de MR BISON, qui atteint des sommets avec ce cinquième opus. Aérés et aériens, mais aussi massifs et dynamiques, ces sept nouveaux titres disposent d’une très bonne production signée de son guitariste Matteo Barsacchi, qui nous fait pleinement profiter de ce voyage sonore enchanteur (« Child Of The Night Sky », « Dead In The Eye », « The Promise », « The Veil »). Les Italiens livrent leur réalisation la plus aboutie à ce jour.

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Heavy Stoner Psych Space Rock

The Polvos! : en orbite

Originaire de Concepción au chili, THE POLVOS! commence à se faire un nom bien au-delà de ses lointaines contrées, grâce à un croisement entre un Heavy Stoner Psych puissant et un Space Rock souvent transcendantal. Sous de faux airs de jam, le combo présente au contraire des compositions captivantes, très bien structurées et sur une longueur propice à l’installation d’ambiances aux saveurs multiples et empruntant de nombreuses et sidérales directions.

THE POLVOS!

« Floating »

(Smolder Brains Records/Surpop Records/Clostridium Records)

Il y a presque quatre ans quand il a surgit avec « Darkness Emotion », un premier album étonnamment très abouti, THE POLVOS! m’avait fait forte impression. Dans un Space Rock aux frontières du Stoner et gorgé de Fuzz, le quintet s’était ouvert la voie avec beaucoup d’audace et d’assurance. Aguerri par plusieurs tournées, dont une mexicaine où il a trouvé son label, le groupe réapparaît avec « Floating », un deuxième opus très solide, créatif et qui affirme une personnalité plus cohérente que jamais.

Bien produit, l’opus nous embarque dans un trip cosmique où les références comme celles d’Hawkwind et King Buffalo demeurent présentes. Cependant, THE POLVOS! s’est créé un univers bien à lui dans un Heavy Psych à la fois magnétique et hypnotique. Les cinq morceaux de « Floating » montrent beaucoup de caractère et s’ils puisent chez les pionniers du genre, ils s’inscrivent dans leur temps et livrent même quelques fulgurances futuristes plutôt bien senties, en jouant habillement sur les tessitures.

Grâce à des claviers savamment dosés qui ouvrent sur des sphères oniriques, ces nouveaux titres révèlent des atmosphères particulières, où le travail des guitares contribue à développer des sensations de transe. Lourd et spatial, « Floating » fait la part belle à de somptueuses parties instrumentales (« Fire Dance », « Going Down », « Acid Waterfall »). THE POLVOS! signe ici un disque de haute volée, qui s’inscrit déjà parmi les meilleurs du genre et se pose en fer de lance de la scène sud-américaine.  

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Heavy Stoner Psych Stoner Metal

Nebula Drag : une faille temporelle

Le vaste territoire musical de NEBULA DRAG continue de s’étendre à des contrées où un Psych exaltant se fond dans une brutalité sauvage. Généreux et compact, « Western Death » entretient une sorte de flou et une brume dans laquelle on se perd avant qu’une rythmique  puissante vienne nous ramener à la réalité. Le combo californien obsède par cette impression qu’il a à nous faire croire à une jam torturée, alors même qu’il nous propulse dans un Stoner Metal noueux et envoûtant.

NEBULA DRAG

« Western Death »

(Desert Records)

Ca tremble à nouveau du côté de San Diego ! Et cela aurait même dû avoir lieu bien plus tôt si des problèmes de fabrication n’avaient pas énormément retardé la sortie de « Western Death », enregistré il y a plus d’un an. Mais nous y voilà et NEBULA DRAG se montre vraiment à la hauteur. Encore plus fuzz, lourd et cosmique que sur ses deux premières réalisations, le trio marque le retour fracassant de Corey Quintana (guiatre, chant), Garrett Gallagher (basse) et Stephen Varns (batterie) avec un enthousiasme débordant.

Les Américains avaient déjà mis tout le monde d’accord il y a quatre ans avec « Blud ». Pourtant, « Western Death » élève leur Heavy Stoner Psych à un niveau que le combo n’avait pas encore atteint. Les riffs sont tellement épais que la lumière passe difficilement. Quant à la paire basse/batterie, son groove est si massif qu’il gronde d’un même écho. Le mur du son imposé par NEBULA DRAG donne l’impression d’une explosion sonore ininterrompue, d’où s’échappe tout de même une musicalité singulière.

Sur une base très Metal et une guitare tranchante et solide, « Crosses » ouvre les hostilités avec force et conviction comme on avait pu le constater en août 2022 à sa sortir en single. Assez stellaire, l’ensemble garde des sonorités 90’s et le rythme imposé est aussi impressionnant que les envolées psychédéliques qui ponctuent « Western Death ». Ca cogne, ça secoue et ça enivre. NEBULA DRAG enchaine les pépites et se montre très accrocheur (« Sleazy Tapestry », « Failure », « Kneecap », » Side By Side », « Western Death »).

Photo : Chad Kelco
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Progressif Rock Stoner/Desert

Wytch : bataille aérienne

Robuste et aérien, ce premier album de WYTCH montre déjà l’étoffe d’un groupe sûr de son jeu et inspiré. A l’instar de la pochette réalisée par sa chanteuse Johanna Lundberg, le quintet est capable d’autant de finesse que de rugosité. Le Stoner Heavy Psych des Suédois flirte même avec le Hard Rock et le Metal sans complexe.

WYTCH

« Exordium »

(Ripple Music)

Après avoir commencé en 2016 sous le nom d’Aska sur la côte nord-est suédoise, le groupe avait déjà un EP à son actif avant le changement de nom et une signature sur le label californien Ripple Music quatre ans plus tard. Et il faut aussi préciser que WYTCH compte dans ses rangs des musiciens aguerris venus étonnamment d’horizons muscinaux très différents.

Distillant un Stoner Heavy Psych aux sonorités Hard Rock et parfois même Metal, les Suédois sont pourtant la combinaison de membres issus du Folk Metal, du Rock Psych, du Black Metal et du Rock alternatif. Et le mélange est aussi explosif que créatif. La férocité des riffs des deux guitaristes et la puissance affichée de sa chanteuse offrent à WYTCH une touche particulière.

Les huit morceaux de « Exordium » montrent une homogénéité et une grande liberté d’écriture que le quintet maîtrise parfaitement. Capable de provoquer des tempêtes décibéliques, puis de se réfugier dans des breaks où la sensualité de sa frontwoman rayonne, WYTCH développe un style aussi inspiré que pointu (« Black Hole », « Savior », « Warrior », « Rebel » et « You »). Une réussite totale !