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Heavy metal Old School

Mean Mistreater : compact et exaltant

Tirant son nom d’un morceau de 1975 de Grand Funk Railroad, MEAN MISTREATERannonce à sa manière la couleur concernant, si ce n’est l’époque, du moins ses inspirations concernant le Heavy Metal dans lequel il évolue. Pas complètement proto-Metal non plus, la formation du Sud des Etats-Unis livre un brûlant mix entre des dynamiques très 80’s venant d’Europe et d’autres directement de son pays, et avec la volonté d’afficher le respect d’une tradition toujours aussi passionné. Intense et électrisant, « Do Or Die » avance sur un train d’enfer.

MEAN MISTREATER

« Do Or Die »

(Dying Victims Productions)

Aussi bouillonnante soit-elle, la scène Heavy Metal mondiale ne produit pas forcément des groupes à même de renouveler, ou tout au moins d’apporter une touche originale à un genre né dans les années 80 et qui doit beaucoup à cette légendaire NWOBHM. Mais ils sont quelques uns et c’est de l’autre côté de l’Atlantique, du Texas, que vous vient MEAN MISTREATER. S’il remplit toutes les cases des incontournables atouts à posséder et des codes à respecter, le quintet va au-delà, grâce surtout à une rage et une vraie folie musicale baignant dans un ambiance vintage saillante.

Il y a moins de deux ans, le groupe était apparu avec « Razor Wire », sorte de prémisse à ce qui allait suivre aujourd’hui, « Do Or Die » se veut beaucoup plus abouti, tant dans les compositions à l’écriture chiadée qu’au niveau de la production. Certes, ce deuxième opus n’a rien à voir avec ce qui se fait à l’heure actuelle en termes de sonorités, mais cela ne l’empêche pas d’être parfaitement ancré dans son époque. Brut et incisif, c’est sur la puissance de son jeu que MEAN MISTREATER a misé et il est loin de manquer de ressources  et de (très bonnes) idées.

Resserré sur moins d’une demi-heure, le voyage que propose le combo d’Austin n’est pas de tout repos. Très américain dans son approche du Metal, il peut compter sur sa frontwoman, Janiece Gonzalez, qui n’est pas sans rappeler une certaine Leather Leone ou la Doro de Warlock avec cette hargne et ce côté hyper-Rock. La doublette guitaristique se fait aussi plaisir, redoublant d’efforts sur les échanges de solos et de riffs racés. La paire basse/batterie montre les muscles et MEAN MISTREATER laisse clairement apparaître une belle idée d’un collectif percutant.

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Heavy metal Old School

Christian Mistress : terra metallia

Les vénérables et valeureux représentants du Heavy Metal originel CHRISTIAN MISSTRESS se sont enfin réunis pour composer et enregistrer un quatrième opus, qui aura mis une décennie à voir le jour. Toujours guidé par sa frontwoman Christine Davis, qui évolue avec puissance et sobriété, le groupe de la côte ouest des Etats-Unis développe beaucoup d’énergie sur ce « Children Of The Earth » très inspiré et aussi solide qu’auparavant. Le genre de disque qui fait vraiment du bien de nos jours… loin des machines !

CHRISTIAN MISTRESS

« Children Of The Earth »

(Cruz Del Sur Music)

Cela faisait dix ans maintenant que CHRISTIAN MISTRESS avait disparu des écrans radars après trois albums qui leur avaient pourtant forgé une solide réputation. Après « To Your Death » (2015), les voici donc de retour avec « Children Of The Earth » sur lequel le combo renoue avec son Heavy Metal vintage et solidement ancré dans les 70’s. Fidèle à un registre traductionnel, et proto-Metal dans l’esprit, le désormais quatuor semble toujours animé par la même passion, malgré une décennie d’absence. Et que les retrouvailles sont belles !

Si le guitariste Oscar Sparbel s’en est allé sous d’autres cieux, Christine Davis tient toujours, et de quelle manière, le micro. De leur côté, Tim Diedrich assure la guitare, Jonny Wulf la basse et quelques parties de guitare aussi et on retrouve Reuben Storey derrière les fûts. Une chose est sûre : CHRISTIAN MISTRESS est en grande forme et n’a rien changé à ses bonnes habitudes pour enregistrer « Children Of The Earth ». Car comme pour chacune de ses réalisations, les Américains ont enregistré l’ensemble en analogique sur bande.

Conçu à l’ancienne au High Command Studio de leur ville d’Olympia dans l’Etat de Washington, ce nouvel opus respire cette authenticité qui le lie au registre. Ils nous entraînent dans un Heavy Metal mélodique et véloce aux références multiples et basé sur des riffs tranchants, des solos relevés, ainsi que des twin-guitares et des chorus bien sentis (« City Of Gold », « Demon’s Night », « Love Of The World, « Death Blade », « Lake Of Memory »). Retour plus que gagnant pour CHRISTIAN MISTRESS, qui reste toujours aussi envoûtant.

Photo : Johnny Delacy

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Heavy metal Old School

Sinner Rage : des valeurs assumées

Vintage ou Old School, le Heavy Metal des années 80 est, qu’on le veuille ou non, éternel et malgré les décennies qui passent, le style est tout sauf ridé. Au contraire, il retrouve un nouveau souffle depuis quelques temps déjà, près de 50 ans après son éclosion. Les Basques de SINNER RAGE s’inscrivent dans cette énergie-là et, surtout, ne présentent pas la moindre trace de nostalgie. C’est plutôt d’allant et fougue dont il est question sur « Powerstrike », qui vient ouvrir une discographie qu’on espère longue, tant elle est ardente.    

SINNER RAGE

« Powerstrike »

(Dying Victims Productions)

Au coeur du Pays Basque espagnol, SINNER RAGE fait résonner son Heavy Metal depuis à peine deux ans et se présente aujourd’hui avec un premier album, « Powerstrike ». Affichant beaucoup de personnalité et un style qui va puiser autant dans le Metal européen qu’américain, il avait déjà offert un single deux titres début 2024, histoire probablement de signaler sa venue. Une arrivée cette fois avec les formes et un opus qui va réjouir les fans de la NWOBHM comme les nostalgiques de Dokken et de Stryper, voire de Queensrÿche, Accept et Crimson Glory. Un mix savamment dosé et surtout très bien équilibré et solide.

Rangés derrière leur leader et chanteur Aritz Martinez, les musiciens de SINNER RAGE surfent sur une vague 80’s, très en vogue depuis quelques temps et lorsque l’inspiration et le savoir-faire font cause commune, l’ensemble est savoureux et d’une belle fraîcheur. Car il n’est pas question pour la formation ibérique de donner dans le réchauffé et, même si elle s’inscrit dans les pas de leurs glorieux aînés, elle se montre originale, fougueuse et détentrice d’un répertoire personnel où l’on retrouve sa patte au fil des morceaux. « Powerstrike » est très homogène, sauvage et aussi entraînant que mélodique. Et ça cogne comme il faut !

Bien produit, ce premier effort montre de belles combinaisons dans les rythmiques comme sur les solos où le duo mixte composé de Jara Solis et Aritz Yarza prend le soin de ne pas se disperser. Vocalement aussi, si son frontman s’inspire d’un Rob Halford ou d’un Geoff Tate des belles années, l’accent est aussi mis sur les chœurs, rendant les refrains très fédérateurs. SINNER RAGE prête donc allégeance à un style intemporel, qu’il régénère habillement, avec des chorus bien sentis et une belle dynamique (« Highway Nights », « Chained By Night », « Angel Of Combustion », « Dangerous Attraction » et le morceau-titre). Raffiné et costaud !

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Heavy Stoner Psych Heavy Stoner Rock Stoner Metal

Warlung : orbital

S’ils n’ont rien perdu de l’esprit jam qui les anime depuis leurs débuts, les musiciens de WARLUNG semblent être parvenus à peut-être canaliser un peu plus le flux d’énergie qui les dévore. Non pas que cette nouvelle réalisation soit plus tendre, moins grasse, plus polie ou sage, non, mais « The Poison Touch » a un côté tellement plus en contrôle que ses prédécesseurs qu’on ne peut que saluer cette nouvelle mouture. Toujours légèrement Old School, mais les huit pieds dans leur époque, le quatuor s’amuse encore et toujours et fait le bonheur de nos oreilles.

WARLUNG

« The Poison Touch »

(Heavy Psych Sounds)

Quel ravissement de retrouver la formation de Houston, sa magique rythmique composée des frères Tamez, Chris à la basse et Ethan à la batterie, et des deux guitaristes-chanteurs George Baba et Philip Bennet pour ce cinquième effort ! Et une fois encore, WARLUNG réussit à nous surprendre. Peut-être moins axé sur le proto-Metal teinté du Heavy vintage inspiré de la NWOBHM de « Vulture’s Paradise », le groupe se montre tout aussi à son aise dans cette épaisseur musicale, faite des volutes des riffs endiablés du duo de six-cordistes.

Si « The Poison Touch » affiche également plus de rondeur dans le son avec une production peut-être plus équilibrée et massive, le chemin n’en est que plus épique avec des légères effluves de Doom, de Stoner et d’un Blues occulte presqu’obsédant (« Holy Guide »). Une chose est évidente, WARLUNG s’ouvre les voies de tous ces registres pour parvenir à une unité dévastatrice et envoûtante. Les Texans sont toujours aussi cinglants et sauvages, et les mélodies qui façonnent ces nouveaux morceaux sont diaboliquement addictives.

Il émane une véritable plénitude de « The Poison Touch », comme en témoigne « The Sleeping Prophet », superbe ballade mid-tempo qui vient confirmer l’assise du combo. Et que dire de l’intermède « Mourning Devils » qui nous propulse sur orbite avant de se délecter des presque huit minutes de « Spell Speaker » ? Majestueux et sans doute le point de bascule de cet album tellement imprévisible ! WARLUNG reste explosif et ne se ménage toujours pas (« Digital Smoke », « Rat Bastard », « 29th Scroll, 6th Verse »). Renversant ! 

Retrouvez l’interview du groupe à l’occasion de la sortie de « Vulture’s Paradise » :

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Heavy metal Old School

Ladykiller : Metal warriors

Dire que les musiciens de LADYKILLER sont valeureux est un doux euphémisme, tant ils ont su montrer de la force pour relever les nombreux défis qui se sont dressés sur leur route. Et si l’on en croit l’énergie omniprésente sur « Big Bang Attack », ils sont parvenus à insuffler leur amour dévoué à un Heavy Metal traditionnel avec beaucoup de conviction et un savoir-faire accumulé au fil des ans. Le combo de Toscane est aujourd’hui solide, volontaire et surtout présente des titres enflammés, véloces et très bien ciselés.   

LADYKILLER

« Big Bang Attack »

(Wanikiya Record/Promotion)

Bien que l’histoire de LADYKILLER ait commencé il y a une vingtaine d’années du côté de Pise en Italie, ce n’est vraiment qu’en 2018 que les choses ont pris un tournant sérieux et surtout stable. En effet, le groupe a essuyé des changements incessants de line-up, avec toujours aux commandes Max Morelli au chant. Si l’aventure a vu passer ses membres dans de nombreuses formations, notamment son leader avec Signum Draconis et Hyperion, leur premier album est enfin là et, avec « Big Band Attack », l’attente est enfin récompensée… avec la manière.  

Cela dit, ces dernières années leur ont permis de continuer à écrire et également à retravailler d’anciens morceaux remis au goût du jour avec une approche plus moderne. Pour autant, le Heavy Metal de LADYKILLER a cette touche intemporelle ancrée dans les années 80/90, qui le rend finalement difficile à dater. Preuve, s’il en est, de sa qualité intrinsèque. Car c’est un registre pêchu, aux mélodies ardentes et aux compositions très efficaces et musclées dont il est question sur ce « Big Bang Attack » explosif et franchement accrocheur d’un bout à l’autre.

Techniquement irréprochable et doté d’une belle production, ce premier opus de LADYKILLER s’inscrit dans une tradition Heavy portée par la NWOBHM, notamment Maiden et Priest, grâce à un chant puissant et des guitares à l’unisson, capables d’évoluer en twin comme sur des rythmiques bien structurées et des solos tout en percussion. Les Transalpins maîtrisent leur sujet, c’est indéniable et c’est d’autant plus agréable qu’il en ressort des morceaux plus qu’entêtants (« Break Your Chains », « Television Spot », « Holy Mountain », « Whores & Shadows »). Une belle ténacité !

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Blues

Tommy Castro & The Painkillers : exaltant

Le titre de cette nouvelle production de TOMMY CASTRO & THE PAINKILLERS résume à lui seul l’intention du maestro : revenir à l’essence-même du Blues, en parcourant ses différents courants et en s’y collant au plus près. Pari amplement remporté, ce qui n’est pas vraiment une surprise lorsque l’on connaît le sens de la musique qui l’habite. En ne proposant que trois petits inédits, c’est surtout vers des morceaux qui le font vibrer que le musicien s’est penché et « Closer To The Bone » côtoie les sommets.

TOMMY CASTRO & THE PAINKILLERS

« Closer To The Bone »

(Alligator Records)

En un peu plus de trois décennies, TOMMY CASTRO avoisine la vingtaine d’albums, une dizaine de Blues Music Awards et surtout un feeling qui va grandissant. Avec ses PAINKILLERS, c’est un disque un peu spécial que le natif de San José en Californie propose, puisque celui-ci ne comprend que trois chansons originales (« Can’t Catch A Break », « Crazy Woman Blues » et « Ain’t Worth The Heartache »), auxquelles il faut ajouter tout de même onze reprises, et pas n’importe lesquelles. Lui qui a exploré à peu près tous les registres, passant du R’n B à la Soul ou au Rock, s’offre le loisir de se faire plaisir… et nous avec !

TOMMY CASTRO & THE PAINKILLERS n’élude ici aucun d’entre-eux, sachant se faire tendre, délicat ou explosif et pétillant le morceau suivant. « Closer To The Bone » fait un peu le tour des goûts et des préférences du guitariste-chanteur et il faut bien avouer qu’on ne voit pas le temps passer. L’idée est donc de le réécouter dans la foulée avec la même délectation. Avec comme noyau dur Mike Emerson aux claviers, Randy McDonald à la basse et au chant et Bowen Brown à la batterie, l’ensemble sonne comme une ode au Blues sous toutes ses belles coutures et le talent de chacun fait naître une osmose savoureuse.

Car ce qui surprend aussi sur « Closer To The Bone », c’est l’harmonie qui règne au sein de THE PAINKILLERS, qui n’a jamais aussi bien porté son nom, avec aussi un humour omniprésent. Petite cerise sur le gâteau, TOMMY CASTRO a invité quelques amis et non des moindres. On y croise au fil des titres Chris Cain, Rick Estrin, Christoffer ‘Kid’ Andersen et l’incroyable saxophoniste et chanteuse Deana Bogart sur «  Some Moves Me » et « Bloodshot Eyes » pour un duo. Electrique et jouant sur une proximité naturelle, l’Américain livre un opus radieux, optimiste et tout simplement irrésistible. Une vraie gourmandise !

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Doom Old School

Pentagram : le phoenix du Doom

Plus de 50 ans après sa création, la formation originaire de Washington D.C. nous fait le plaisir d’un nouvel effort, « Lightning In A Bottle », respectueux de ce son si particulier et de cette approche du Doom qui a influencé quelques générations. Au côté de son fantasque chanteur, on retrouve un casting de choix et de choc, qui redonne de l’allant à un PENTAGRAM qu’on peut presqu’imaginer immortel, malgré une existence défiant toutes les conventions. A la fois rebelle et provocateur, le quatuor continue de donner le ton et de montrer la voie.

PENTAGRAM

« Lightning In A Bottle »

(Heavy Psych Sounds)

Groupe pionnier et iconique de la scène Doom Metal, PENTAGRAM poursuit malgré tout, et comme souvent contre toutes attentes, sa carrière et présente un « Lightning In A Bottle » solide. Assez chaotique et finalement peu prolifique, la discographie des Américains a pourtant marqué l’histoire du genre dès les 70’s et surtout dans les 80’s. Difficile aussi d’énumérer les changements incessants de musiciens, sauf à confirmer que son leader et fondateur, Bobby Liebling, tient toujours les rênes, la même foi chevillée au corps.

Premier album depuis une décennie et « Curious Volume », ce neuvième opus affiche un PENTAGRAM a de quoi laisser rêveur, tant le frontman s’est entouré de ce qui se fait de meilleur dans le registre. Jugez vous-mêmes : Henry Vasquez (Legions Of Doom, Saint Vitus, Blood Of The Sun) est derrière les fûts, Scooter Haslip (Mos Generator, Saltine) l’accompagne à la basse et surtout on retrouve le grand Tony Reed (Mos Generator, Big Scenic Nowhere notamment) à la guitare en plus de produire « Lightning In A Bottle ».

Avec un tel casting, PENTAGRAM garde cependant le cap qu’il s’est toujours fixé, à savoir un proto-Doom aux saveurs Heavy Metal des origines qui vient garantir cette intemporalité assez incroyable. Et si le son est fidèle au combo, il n’en demeure pas moins très travaillé, laissant échapper des riffs tranchants et sombres sur un groove démoniaque. Au chant, Bobby Liebling entretient le mythe malgré l’emprise du temps qui se fait parfois sentir. L’ensemble est valeureux, énigmatique et inspiré. Les légendes ne meurent jamais !

Retrouvez l’interview de Tony Reed à l’occasion de la sortie de son album solo, « Funeral Suit » en 2021 :

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Heavy metal International

Wings Of Steel : French flight [Interview]

Si le Heavy metal a la faculté de réunir les gens, il a aussi celle de faire se rapprocher les continents. Et quand le langage est le même, il n’en est que plus facile de fonder un groupe sur des bases et une vision artistiques communes. C’est ce qui s’est passé avec le guitariste et compositeur américain Parker Halub et le chanteur/parolier suédois Leo Unnermark. Depuis un peu plus de cinq ans maintenant, WINGS OF STEEL a pris son envol et, fort d’un EP et d’un album studio, les musiciens se sont laissés portés jusqu’en Europe et en France où ils ont enregistré un premier album live, « Live In France », sorti il y a quelques semaines. Rencontre avec ce duo qui s’est bien trouvé et qui ne compte pas en rester là.

– Avant de parler ce nouvel album live, j’aimerais que l’on revienne sur votre parcours. Vous êtes basés à Los Angeles, où vous vous êtes rencontrés dans l’école de musique que vous fréquentiez. Comment est née cette idée de fonder WINGS OF STEEL et est-ce que vos cultures suédoises et californiennes se sont vite retrouvées sur des bases communes ?

Parker : C’est vrai qu’il y a avait beaucoup de gens avec qui fonder un groupe. Quand nous nous sommes rencontrés, je me suis dit que Leo était un gars cool, qu’il écoutait les mêmes choses que moi, alors on a commencé à jouer et à écrire de la musique ensemble. Cela a été très naturel dès le départ. Mais au même moment, on voulait aussi vraiment créer un  groupe complet. Finalement, au début, on a composé et on s’est dit qu’on trouverait les autres membres du groupe plus tard. C’est là que le Covid est arrivé. On a tous été confinés, mais Leo et moi habitions ensemble, donc c’était plutôt cool. On s’est posé et je me suis dit : je peux aussi jouer la basse, on sait écrire un morceau, faisons-le nous-mêmes ! On a commencé par l’écriture, puis quelques démos et on s’est juste dit qu’on trouverait les autres musiciens plus tard ! (Rires) On a tout fait tous les deux et ensuite, les autres musiciens venaient juste pour les concerts. On fonctionne encore de cette manière d’ailleurs dans le sens où nous composons toujours à deux.  

– On vous connait en France depuis votre album « Gates Of Twilight » surtout, mais vous aviez déjà sorti un EP éponyme juste avant. Qu’est-ce qui a changé dans WINGS OF STEEL entre ces deux disques ? J’imagine que vous avez appris à mieux vous connaître et peut-être aussi à former un véritable groupe avec d’autres musiciens ?

Leo : Quand on a fait l’EP, comme l’a expliqué Parker, nous avons appris à mieux nous connaître musicalement et surtout à déterminer le genre de musique que nous voulions faire et on avait aussi une idée précise du son que l’on voulait. On l’a fait assez naturellement et assez facilement finalement. Pour le premier album, notre deuxième enregistrement, on avait acquis beaucoup d’expérience en faisant l’EP. On avait une meilleure idée du processus à suivre. Et on a dû accélérer un peu les choses pour faire « Gates Of Twilight » à cause des problèmes de visa que j’ai eu. Mon visa d’étudiant avait expiré et j’avais juste un visa touristique et donc 85 jours pour tout enregistrer, arrangements compris ! Mais grâce à tout ce qu’on avait pu apprendre auparavant, depuis le départ, ça s’est très bien passé, car on savait où on allait et ce qu’on voulait. On apprend toujours et cela facilite aussi beaucoup de choses en évoluant en tant que groupe.

– D’ailleurs, votre lien avec la France a commencé avec « Gates Of Twilight », qui a été mixé par Damien Rainaud, qui a travaillé avec DragonForce, Fear Factory et Angra. Outre son très bon travail, comment vous êtes-vous rencontrés et vous a-t-il aussi aidé à peaufiner votre son ? A moins que vous saviez déjà ce que vous vouliez…

Parker : En fait, nous avons rencontré Damien au moment du premier EP. Quand on a décidé de le finaliser, toutes les chansons étaient écrites et enregistrées. Il fallait juste faire le mix. On a essayé avec deux/trois personnes, mais cela ne collait pas. Alors un ami nous a présenté Damien. Il a fait le mix du morceau « Wings Of Steel », qui figure sur l’EP. On a été très content et il a mixé le reste et il a réalisé aussi le mastering. Mais on voulait, Leo et moi, rester les producteurs du disque. On lui a donc donné les indications sur ce que nous voulions vraiment au moment du mix. Il est vraiment bon dans ce qu’il fait et dans ce qu’il a fait avec nous. On se comprend très bien, et c’est d’ailleurs lui qui a mixé l’album live. Et il sait le son que nous attendons pour nos morceaux.

– Je vous avais découvert sur Internet au moment de la sortie de « Gates Of Twilight » et j’avais été frappé par la maturité de votre jeu. Avant que l’engouement ne commence en France, quels retours avez-vous reçu à Los Angeles et avez-vous aussi pu tourner là-bas ?

Parker : Nous avons donné nos trois premiers concerts au ‘Whisky A Gogo’, deux fois, et au ‘Viper Room’. Ça a vraiment été génial et je pense que c’est à ce moment-là que tout a réellement commencé. Je pense que la réception de l’album a été bonne et pas seulement à Los Angeles, dans le reste des Etats-Unis aussi. On a été diffusé dans le mid-west, au Texas, sur le côté ouest, à Chicago, un peu partout. Et tout ça s’est fait après seulement trois concerts ! Le reste a été réalisé via Internet. Les gens nous ont connus comme ça, car on peut y partager notre musique dans le monde entier, et pas uniquement à Los Angeles, en Californie ou dans le reste du pays. On peut le faire partout où les gens aiment le Heavy Metal ! On nous apprécie maintenant aussi en France, au Brésil, en Allemagne, au Japon et ailleurs… C’est génial ! (Rires)

– Quelques mois plus tard, Olivier Garnier qui est un attaché-de-presse renommé ici en France (Replica Promotion), a eu un coup de cœur pour votre premier album. Comment cette prise de contact a-t-elle eu lieu ?

Leo : Oui, il nous a contactés par Messenger sur Facebook, si je me souviens bien. Je crois qu’il avait écouté l’album que ses amis lui avaient envoyé. Il a adoré et c’est génial qu’il ait eu notre contact. Il nous a tout de suite dit qu’il voulait qu’on vienne jouer en France et qu’il fallait qu’on se rencontre. Nous nous sommes donc rencontrés et c’est un mec génial. Il a vraiment été super avec nous. En arrivant en France, on a fait une journée de relations-presse avec des tonnes d’interviews en un seul jour ! (Rires) C’était au ‘Hard Rock Café’ à Paris qui, je crois, à fermer depuis malheureusement. C’est comme ça que cela s’est fait et nous sommes toujours en contact. On essaie de mettre des choses en place pour 2025 et il est incroyable. C’est l’une des personnes qu’on apprécie le plus dans l’industrie musicale. Il a pris du temps pour nous et c’est vraiment génial !  

– Parlons de votre musique et de ce Heavy Metal teinté de Hard Rock auquel vous donnez beaucoup de fraîcheur et de modernité. Vos influences sont assez évidentes et vous y apportez votre touche. Quelle était votre intention de départ ? Apporter une énergie nouvelle à un style que vous écoutez depuis votre adolescence ?

Leo : C’est intéressant comme question. Nous n’avions pas de plan spécifique quand nous nous sommes connus avec Parker. Quand nous avons commencé, nous avons partagé nos influences et beaucoup étaient les mêmes. Je ne sais pas si on a voulu faire faire quelque chose de précis. On a juste essayé un truc et cela nous plait ! Donc, nous l’avons enregistré et sorti ! C’est vraiment ce qu’il s’est passé ! (Rires)

Parker : L’idée première était de faire la musique qu’on aime. Nous ne sommes pas comme ces groupes qui veulent faire revivre le Heavy Metal des origines. Ce n’est pas le but et je ne vois pas vraiment où est l’intérêt. Pourtant, j’aimerais que ce style de musique devienne de nouveau très populaire. Bien sûr que nous avons en tête tout ce qui a été fait à l’époque avec Tony Iommi et Ronnie James Dio, par exemple, sur « Heaven & Hell ». Ils ont juste créé ce qu’ils voulaient et c’est la même chose pour tous les disques de Heavy Metal. Il y a un côté instinctif. En ce qui nous concerne, nous avons ces influences, certes, mais nous voulons composer notre musique, l’écrire et faire en sorte qu’elle soit différente. Pas que ce soit un ‘Tribute’, ou quelque chose comme ça. On veut juste faire un truc qui déchire, c’est très simple ! (Sourires)

Leo : Et si tu regardes notre musique, tu y trouveras des dynamiques très différentes, rien ne sonne de la même manière. On n’essaie pas du tout de s’adapter à quoique ce soit. On fait vraiment ce qu’on a envie de faire et on utilise tout ce qu’on a à notre disposition.

– On évoque justement depuis quelques temps la NWOAHM (New Wave Of American Heavy Metal), et c’est vrai que le Heavy Metal trouve un nouvel écho aux Etats-Unis avec de jeunes formations. Est-ce que vous vous sentez appartenir à cette nouvelle vague et comment cela se traduit-il concrètement ?

Leo : Je pense qu’on peut dire que nous appartenons à cette ‘nouvelle vague’, car nous sommes un jeune groupe avec seulement quelques années d’existence. Nous avons juste trois disques. Cela dit, et peu importe comment on l’appelle, c’est vrai qu’il y a un renouveau de ce côté-là dans le Heavy Metal traditionnel, Old School, épique, etc…

Parker : C’est aussi une bonne chose, car cela attire l’attention et motive les gens. Mais comme l’a dit Leo, on ne s’adapte pas à un style, nous vivons dans notre propre espace et c’est important. On peut nous mettre dans n’importe quelle case, et ce n’est pas important du moment que c’est la meilleure ! (Rires)

– Vous êtes les deux piliers de WINGS OF STEEL et j’aimerais savoir comment est-ce que vous composez et est-ce que rester dans cet univers très codés du Heavy Metal est votre objectif ?

Parker : Leo et moi avons toujours beaucoup d’idées. Si, par exemple, je trouve un début de chanson que j’aime, je l’envoie à Leo et il fait la même chose. Quand on est d’accord sur une même base, on commence à construire la chanson toujours à partir de la guitare et de la basse. Ensuite, on ajoute les autres instruments au fur et à mesure jusqu’à l’enregistrement de la démo avec le batteur en studio. Il faut que tout soit écrit. Une fois que toutes ces étapes sont franchies, on échange avec Damien pour le mix en essayant d’être le plus précis possible, car nous sommes très pointilleux et les chansons sont très différentes aussi. Ça peut aller très vite parfois, mais il nous arrive aussi d’enlever des choses auxquelles on pensait depuis longtemps. Ça se passe comme ça, très simplement et en essayant toujours de trouver le meilleur.

– Vous sortez aujourd’hui « Live In France », qui est un témoignage de cette tournée européenne au printemps dernier, qui vous a mené en Allemagne au festival ‘Keep It True’ et en France à Lille et Paris. Tout d’abord, comment avez-vous mis tout ça sur pied ? Cela demande beaucoup d’organisation…

Leo : Oui, Olivier nous a beaucoup aidé, c’est lui qui est derrière tout ça : il est le masterman ! (Sourires) Pour le reste de la tournée, c’est Parker et moi qui avons cherché à faire le plus de concerts possible en prenant contact avec des gens. C’est vrai que cela demande beaucoup d’organisation, mais partout où nous avons joué, c’était vraiment cool ! Et les gens sont venus, les promoteurs ont été supers. La tournée a été un succès, je pense. Cela aurait été génial d’avoir un booker pour mieux planifier tout ça, car on aurait pu faire plus de concerts. Cela dit, on en a fait onze et c’est très bien pour une première. Et puis, ce qui compte, c’est la qualité des shows et on s’est senti très bien !

– « Live In France » a été enregistré au ‘Splendid’ de Lille le 17 mai dernier. Tout d’abord, pourquoi le choix de ce concert ? C’était le meilleur des deux ou c’est juste une question d’opportunité ?

Leo : La réponse est très simple : on n’a rien choisi du tout, c’était une idée d’Olivier ! (Rires) Nous sommes venus, nous avons donné notre concert et après il nous a dit qu’il avait été enregistré et que,  si on le souhaitait, on pouvait en profiter pour le sortir en disque. On s’est dit : cool, on a un album ! (Rires) On pensait prendre des morceaux de différents shows, mais c’est très bien comme ça. Ça sonne de manière très authentique.

– Et pourquoi n’y avait-t-il pas de nouveaux morceaux sur cette tournée et donc sur ce disque ?

Leo : En fait, on avait joué uniquement notre répertoire en y ajoutant juste deux morceaux : « Heaven & Hell » de Black Sabbath et « Creeping Death » de Metallica. C’était simplement deux petites surprises pour les concerts. Mais on a laissé ces enregistrements de côté, même si c’est un moment sympa qu’on aime beaucoup les jouer en live. Nous voulions vraiment qu’il n’y ait que nos chansons. Et en fait, nous n’avions pas, non plus, de nouveaux titres prêts à ce moment-là, juste ceux déjà existants.

– A l’initiative de cet album live, on retrouve Arno Geenens de Vérone Productions et l’ingénieur du son Jean-Loup Demeulemeester. Comment vous êtes-vous mis d’accord pour la production, le mix et l’édition ?

Parker : En fait, on a juste eu les fichiers audio que l’on a envoyés directement à Damien pour qu’il réalise le mix. L’ensemble sonnait très bien. Tu sais, quand tu enregistres un concert, tu as le son qui vient de la console et c’est assez différent de ce que tu entends lorsque tu assistes au show, quand tu es dans la salle. Je trouve que l’ambiance est très bien restituée et tu peux t’en apercevoir si tu l’écoutes au casque notamment.

– Est-ce que vous avez eu quelques surprises avec le public qui ne vous connaissaient pas forcément très bien ? Avez-vous été étonné par l’accueil que vous avez reçu ?

Leo : A mon avis, les deux concerts en France ont été les meilleurs de la tournée. Franchement ! (Rires) Nous avons été agréablement surpris de l’accueil qu’on nous a fait, car les gens qui sont venus nous voir étaient vraiment enthousiastes, alors qu’ils ne nous connaissaient pas vraiment. Beaucoup sont venus grâce au bouche à oreille et nous ont découvert. La prochaine fois, je suis sûr qu’ils chanteront avec nous ! (Sourires)

Parker : Oui, beaucoup de gens sont venus parler avec nous après les concerts, ont acheté du merchandising pour nous soutenir et commencent maintenant à nous suivre sur les réseaux aussi. Ils sont d’un grand support, il y avait une énergie incroyable pendant les concerts et notamment à Lille où nous avons passé une soirée géniale.

– D’ailleurs, est-ce que vous travaillez déjà sur votre deuxième album, ou est-ce que vous vous consacrez surtout aux concerts pour ce moment ?

Parker : En fait, Leo était avec moi au mois d’août jusqu’en novembre et nous nous sommes retrouvés, comme pendant la tournée, avec beaucoup de temps devant nous. Alors, on s’est posé un peu et nous avons commencé à composer un nouvel album que nous avons même enregistré. Nous sommes actuellement en pleine production. On espère le sortir en août ou septembre prochain. Mais on ne veut pas trop en parler pour le moment ! (Rires) Nous sommes focus sur l’album live, mais nous dévoilerons quelques chansons dans les mois à venir.

– Juste une dernière petite question. Vous êtes actuellement en autoproduction. Est-ce que vous êtes à la recherche d’un label qui pourrait peut-être aussi vous permettre de grandir, ou préférez-vous conserver cette liberté qui est aujourd’hui la vôtre ?

Leo : Je pense que c’est intéressant pour nous d’être indépendants pour le moment. Tu peux faire exactement ce que tu veux, quand tu veux. Et puis, tu peux aussi garder l’argent pour l’investir dans l’enregistrement, la production, etc… même si on aimerait s’offrir aussi un tour du monde ! (Rires) Bien sûr que si un label nous approche, on étudiera les propositions, mais ce n’est pas évident de décrocher le bon contrat du premier coup. Pour le moment, on continue comme ça et le plus important reste d’écrire et d’enregistrer. Ca a vraiment du sens pour nous. 

Parker : Si on trouve le bon deal, on verra bien. Nous n’avons pas vraiment ce genre de chose en tête pour l’instant. Comme l’a dit Leo, notre principal objectif aujourd’hui est de composer la meilleure musique possible, de progresser, de faire des concerts et de partager nos morceaux au plus grand nombre de fans. Si un label arrive et nous permet de tenir ces objectifs en les améliorant, on verra bien, sinon nous continuerons comme ça, car c’est le mieux pour nous.

Tous les albums de WINGS OF STEEL sont disponibles sont disponibles sur le site du groupe et son Bandcamp :

https://wingsofsteelband.com/home

Photos : GG (4) et Yann Charles (5)

Et retrouvez la chronique de « Gates Of Twilight » :

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Thrash Metal

DeadlySins : retour fracassant

L’an dernier, les thrashers rhodaniens avaient mis fin au suspense en actant la venue d’un nouveau cogneur derrière les fûts, même si c’est l’ancien qui officie ici, et surtout la sortie imminente d’une troisième réalisation qui se sera faite attendre… dix longues années précisément. Avec « Age Of Revelation », le quintet vient remettre les pendules à l’heure et confirme qu’il n’a pas grand-chose à envier au reste de la scène européenne. Loin de là ! Très contemporain dans l’approche, DEADLYSINS surfe sur un groove hérité des pionniers du genre et cette touche vintage leur confère une solide posture.

DEADLYSINS

« Age Of Revelation »

(Adipocere Records)

Avec trois albums en 24 ans, on peut dire que DEADLYSINS avance à un train de sénateur. Sauf que lorsque le sénateur se met en marche, le coup d’accélérateur est assez fulgurant. « Age Of Revelation » reprend les choses là où elles en étaient il y a dix ans sur « Anticlockwise » en y ajoutant beaucoup de percussion, ce qui devrait se faire d’ailleurs sentir bientôt sur scène avec le nouveau batteur. Moderne tout en respectant les codes d’un Thrash Metal originel, le combo lyonnais prend ici une nouvelle dimension.

Et cela commence par la production nettement plus massive et puissante. Cela dit, si DEADLYSINS s’est offert un son très actuel, du côté des compositions, c’est plutôt vers le registre Old School qu’il faut lorgner. Comme depuis ses débuts, il fait la jonction entre la scène allemande pour son côté rigoureux et des structures en béton armé, et l’aspect plus fun et débridé américain de la Bay Area avec un zeste de Municipal Waste. On a donc tous les ingrédients d’un Thrash authentique et fédérateur.

Dès l’entame, sur « Reckoning Of The Unholy (Ecclesiasdick) », les deux Laurent aux guitares enchaînent les riffs acérés et promettent une suite qu’on devine savoureuse. Emmené par une rythmique galopante et martelant comme un seul homme, DEADLYSINS montre un visage qui ne trompe pas : les Français sont là pour en découdre et les assauts de leur frontman ne faiblissent pas (« Personal Disaster », « Ashes To Ashes », « Heart Drowned In Sulfur », « Covid 666 »). Une décennie de patience qui vole en éclat avec la manière et la rage ! 

Photo : Virginie Bechet

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DeWolff : capturing timelessness

Lorsqu’on se rend dans un studio mythique, il faut absolument qu’il se passe quelque chose de peu ordinaire, d’exceptionnel et de nouveau. Respecter l’institution, bien sûr, mais en ressortir grandi aussi que ce soit dans ceux d’Abbey Road, par exemple, ou dans le ‘Fame’ de Muscle Shoals. Pari réussi pour DEWOLFF qui livre aujourd’hui un disque, qui a presque des allures d’OVNI dans sa déjà belle discographie. Avec « Muscle Shoals », son énergie et son sens de la mélodie franchissent un cap, bien aidé par un son incomparable et unique. Une dynamique sur laquelle il va dorénavant falloir apprendre à surfer.

DEWOLFF

« Muscle Shoals »

(Mascot Label Group)

Et si DEWOLFF avait enfin sorti l’album dont il rêve depuis ses débuts en 2007 ? Personne ne remettra en cause le potentiel évident des Hollandais, mais il semblait pourtant toujours manqué ce petit quelque chose qui leur ferait prendre une autre dimension. Après quatre Live et un EP, voici leur neuvième album studio et, une fois n’est pas  coutume, tout est dans le titre. Les amateurs de Soul, de Southern Rock et de Rythm’n Blues connaissent bien cette petite ville d’Alabama, où tant de merveilles discographiques ont été produites dans ses légendaires studios ‘Fame’ et les ‘M.S.S.S.’. Nous voici donc à Muscle Shoals sur les rives du Tennessee pour une sorte de pèlerinage, qui ne dit pas son nom.

Le groupe marche donc dans les pas d’Aretha Franklin, Etta James, Wilson Pickett, The Rolling Stones, Lynyrd Skynyrd ou Texas, qui y enregistré un monumental dernier album, et tant d’autres. Et c’est probablement ce supplément d’âme qui se fait sentir sur « Muscle Shoals ». Certes, un virage plus Soul était bien visible sur les deux derniers albums, mais cette fois DEWOLFF est littéralement imprégné, comme absorbé par de douces vibrations. Pourtant habitués des enregistrements analogiques, les frères van de Poel et Robin Piso découvrent un autre monde et se montrent particulièrement à la hauteur. Si l’endroit ne fait pas tout, il a ce pouvoir d’inspirer ceux qui y séjournent.

Car si, jusqu’à présent, le son de DEWOLFF était résolument européen, il prend ici un cachet très américain pour s’inscrire donc parfaitement dans l’esprit et l’ambiance du lieu. D’ailleurs, l’approche musicale du trio s’en ressent avec un côté langoureux, presqu’insouciant et surtout très chaleureux et aérien (« In Live », « Natural Woman », « Let’s Stay Together », « Truce », « Ships In The Night »). L’orgue et la guitare se répondent instinctivement et le trio prend de la hauteur sur des airs de jam (« Hard To Make A Buck », « Book Of Life », « Fools And Horses » et « Snowbird »). Très polyvalent, il élargit son spectre en rendant son Rock bluesy, jazzy ou funky avec des touches Gospel. Une (re)naissance.

Photo : Satellite June

Retrouvez les chroniques des deux albums précédents :