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Heavy metal International

Wings Of Steel : French flight [Interview]

Si le Heavy metal a la faculté de réunir les gens, il a aussi celle de faire se rapprocher les continents. Et quand le langage est le même, il n’en est que plus facile de fonder un groupe sur des bases et une vision artistiques communes. C’est ce qui s’est passé avec le guitariste et compositeur américain Parker Halub et le chanteur/parolier suédois Leo Unnermark. Depuis un peu plus de cinq ans maintenant, WINGS OF STEEL a pris son envol et, fort d’un EP et d’un album studio, les musiciens se sont laissés portés jusqu’en Europe et en France où ils ont enregistré un premier album live, « Live In France », sorti il y a quelques semaines. Rencontre avec ce duo qui s’est bien trouvé et qui ne compte pas en rester là.

– Avant de parler ce nouvel album live, j’aimerais que l’on revienne sur votre parcours. Vous êtes basés à Los Angeles, où vous vous êtes rencontrés dans l’école de musique que vous fréquentiez. Comment est née cette idée de fonder WINGS OF STEEL et est-ce que vos cultures suédoises et californiennes se sont vite retrouvées sur des bases communes ?

Parker : C’est vrai qu’il y a avait beaucoup de gens avec qui fonder un groupe. Quand nous nous sommes rencontrés, je me suis dit que Leo était un gars cool, qu’il écoutait les mêmes choses que moi, alors on a commencé à jouer et à écrire de la musique ensemble. Cela a été très naturel dès le départ. Mais au même moment, on voulait aussi vraiment créer un  groupe complet. Finalement, au début, on a composé et on s’est dit qu’on trouverait les autres membres du groupe plus tard. C’est là que le Covid est arrivé. On a tous été confinés, mais Leo et moi habitions ensemble, donc c’était plutôt cool. On s’est posé et je me suis dit : je peux aussi jouer la basse, on sait écrire un morceau, faisons-le nous-mêmes ! On a commencé par l’écriture, puis quelques démos et on s’est juste dit qu’on trouverait les autres musiciens plus tard ! (Rires) On a tout fait tous les deux et ensuite, les autres musiciens venaient juste pour les concerts. On fonctionne encore de cette manière d’ailleurs dans le sens où nous composons toujours à deux.  

– On vous connait en France depuis votre album « Gates Of Twilight » surtout, mais vous aviez déjà sorti un EP éponyme juste avant. Qu’est-ce qui a changé dans WINGS OF STEEL entre ces deux disques ? J’imagine que vous avez appris à mieux vous connaître et peut-être aussi à former un véritable groupe avec d’autres musiciens ?

Leo : Quand on a fait l’EP, comme l’a expliqué Parker, nous avons appris à mieux nous connaître musicalement et surtout à déterminer le genre de musique que nous voulions faire et on avait aussi une idée précise du son que l’on voulait. On l’a fait assez naturellement et assez facilement finalement. Pour le premier album, notre deuxième enregistrement, on avait acquis beaucoup d’expérience en faisant l’EP. On avait une meilleure idée du processus à suivre. Et on a dû accélérer un peu les choses pour faire « Gates Of Twilight » à cause des problèmes de visa que j’ai eu. Mon visa d’étudiant avait expiré et j’avais juste un visa touristique et donc 85 jours pour tout enregistrer, arrangements compris ! Mais grâce à tout ce qu’on avait pu apprendre auparavant, depuis le départ, ça s’est très bien passé, car on savait où on allait et ce qu’on voulait. On apprend toujours et cela facilite aussi beaucoup de choses en évoluant en tant que groupe.

– D’ailleurs, votre lien avec la France a commencé avec « Gates Of Twilight », qui a été mixé par Damien Rainaud, qui a travaillé avec DragonForce, Fear Factory et Angra. Outre son très bon travail, comment vous êtes-vous rencontrés et vous a-t-il aussi aidé à peaufiner votre son ? A moins que vous saviez déjà ce que vous vouliez…

Parker : En fait, nous avons rencontré Damien au moment du premier EP. Quand on a décidé de le finaliser, toutes les chansons étaient écrites et enregistrées. Il fallait juste faire le mix. On a essayé avec deux/trois personnes, mais cela ne collait pas. Alors un ami nous a présenté Damien. Il a fait le mix du morceau « Wings Of Steel », qui figure sur l’EP. On a été très content et il a mixé le reste et il a réalisé aussi le mastering. Mais on voulait, Leo et moi, rester les producteurs du disque. On lui a donc donné les indications sur ce que nous voulions vraiment au moment du mix. Il est vraiment bon dans ce qu’il fait et dans ce qu’il a fait avec nous. On se comprend très bien, et c’est d’ailleurs lui qui a mixé l’album live. Et il sait le son que nous attendons pour nos morceaux.

– Je vous avais découvert sur Internet au moment de la sortie de « Gates Of Twilight » et j’avais été frappé par la maturité de votre jeu. Avant que l’engouement ne commence en France, quels retours avez-vous reçu à Los Angeles et avez-vous aussi pu tourner là-bas ?

Parker : Nous avons donné nos trois premiers concerts au ‘Whisky A Gogo’, deux fois, et au ‘Viper Room’. Ça a vraiment été génial et je pense que c’est à ce moment-là que tout a réellement commencé. Je pense que la réception de l’album a été bonne et pas seulement à Los Angeles, dans le reste des Etats-Unis aussi. On a été diffusé dans le mid-west, au Texas, sur le côté ouest, à Chicago, un peu partout. Et tout ça s’est fait après seulement trois concerts ! Le reste a été réalisé via Internet. Les gens nous ont connus comme ça, car on peut y partager notre musique dans le monde entier, et pas uniquement à Los Angeles, en Californie ou dans le reste du pays. On peut le faire partout où les gens aiment le Heavy Metal ! On nous apprécie maintenant aussi en France, au Brésil, en Allemagne, au Japon et ailleurs… C’est génial ! (Rires)

– Quelques mois plus tard, Olivier Garnier qui est un attaché-de-presse renommé ici en France (Replica Promotion), a eu un coup de cœur pour votre premier album. Comment cette prise de contact a-t-elle eu lieu ?

Leo : Oui, il nous a contactés par Messenger sur Facebook, si je me souviens bien. Je crois qu’il avait écouté l’album que ses amis lui avaient envoyé. Il a adoré et c’est génial qu’il ait eu notre contact. Il nous a tout de suite dit qu’il voulait qu’on vienne jouer en France et qu’il fallait qu’on se rencontre. Nous nous sommes donc rencontrés et c’est un mec génial. Il a vraiment été super avec nous. En arrivant en France, on a fait une journée de relations-presse avec des tonnes d’interviews en un seul jour ! (Rires) C’était au ‘Hard Rock Café’ à Paris qui, je crois, à fermer depuis malheureusement. C’est comme ça que cela s’est fait et nous sommes toujours en contact. On essaie de mettre des choses en place pour 2025 et il est incroyable. C’est l’une des personnes qu’on apprécie le plus dans l’industrie musicale. Il a pris du temps pour nous et c’est vraiment génial !  

– Parlons de votre musique et de ce Heavy Metal teinté de Hard Rock auquel vous donnez beaucoup de fraîcheur et de modernité. Vos influences sont assez évidentes et vous y apportez votre touche. Quelle était votre intention de départ ? Apporter une énergie nouvelle à un style que vous écoutez depuis votre adolescence ?

Leo : C’est intéressant comme question. Nous n’avions pas de plan spécifique quand nous nous sommes connus avec Parker. Quand nous avons commencé, nous avons partagé nos influences et beaucoup étaient les mêmes. Je ne sais pas si on a voulu faire faire quelque chose de précis. On a juste essayé un truc et cela nous plait ! Donc, nous l’avons enregistré et sorti ! C’est vraiment ce qu’il s’est passé ! (Rires)

Parker : L’idée première était de faire la musique qu’on aime. Nous ne sommes pas comme ces groupes qui veulent faire revivre le Heavy Metal des origines. Ce n’est pas le but et je ne vois pas vraiment où est l’intérêt. Pourtant, j’aimerais que ce style de musique devienne de nouveau très populaire. Bien sûr que nous avons en tête tout ce qui a été fait à l’époque avec Tony Iommi et Ronnie James Dio, par exemple, sur « Heaven & Hell ». Ils ont juste créé ce qu’ils voulaient et c’est la même chose pour tous les disques de Heavy Metal. Il y a un côté instinctif. En ce qui nous concerne, nous avons ces influences, certes, mais nous voulons composer notre musique, l’écrire et faire en sorte qu’elle soit différente. Pas que ce soit un ‘Tribute’, ou quelque chose comme ça. On veut juste faire un truc qui déchire, c’est très simple ! (Sourires)

Leo : Et si tu regardes notre musique, tu y trouveras des dynamiques très différentes, rien ne sonne de la même manière. On n’essaie pas du tout de s’adapter à quoique ce soit. On fait vraiment ce qu’on a envie de faire et on utilise tout ce qu’on a à notre disposition.

– On évoque justement depuis quelques temps la NWOAHM (New Wave Of American Heavy Metal), et c’est vrai que le Heavy Metal trouve un nouvel écho aux Etats-Unis avec de jeunes formations. Est-ce que vous vous sentez appartenir à cette nouvelle vague et comment cela se traduit-il concrètement ?

Leo : Je pense qu’on peut dire que nous appartenons à cette ‘nouvelle vague’, car nous sommes un jeune groupe avec seulement quelques années d’existence. Nous avons juste trois disques. Cela dit, et peu importe comment on l’appelle, c’est vrai qu’il y a un renouveau de ce côté-là dans le Heavy Metal traditionnel, Old School, épique, etc…

Parker : C’est aussi une bonne chose, car cela attire l’attention et motive les gens. Mais comme l’a dit Leo, on ne s’adapte pas à un style, nous vivons dans notre propre espace et c’est important. On peut nous mettre dans n’importe quelle case, et ce n’est pas important du moment que c’est la meilleure ! (Rires)

– Vous êtes les deux piliers de WINGS OF STEEL et j’aimerais savoir comment est-ce que vous composez et est-ce que rester dans cet univers très codés du Heavy Metal est votre objectif ?

Parker : Leo et moi avons toujours beaucoup d’idées. Si, par exemple, je trouve un début de chanson que j’aime, je l’envoie à Leo et il fait la même chose. Quand on est d’accord sur une même base, on commence à construire la chanson toujours à partir de la guitare et de la basse. Ensuite, on ajoute les autres instruments au fur et à mesure jusqu’à l’enregistrement de la démo avec le batteur en studio. Il faut que tout soit écrit. Une fois que toutes ces étapes sont franchies, on échange avec Damien pour le mix en essayant d’être le plus précis possible, car nous sommes très pointilleux et les chansons sont très différentes aussi. Ça peut aller très vite parfois, mais il nous arrive aussi d’enlever des choses auxquelles on pensait depuis longtemps. Ça se passe comme ça, très simplement et en essayant toujours de trouver le meilleur.

– Vous sortez aujourd’hui « Live In France », qui est un témoignage de cette tournée européenne au printemps dernier, qui vous a mené en Allemagne au festival ‘Keep It True’ et en France à Lille et Paris. Tout d’abord, comment avez-vous mis tout ça sur pied ? Cela demande beaucoup d’organisation…

Leo : Oui, Olivier nous a beaucoup aidé, c’est lui qui est derrière tout ça : il est le masterman ! (Sourires) Pour le reste de la tournée, c’est Parker et moi qui avons cherché à faire le plus de concerts possible en prenant contact avec des gens. C’est vrai que cela demande beaucoup d’organisation, mais partout où nous avons joué, c’était vraiment cool ! Et les gens sont venus, les promoteurs ont été supers. La tournée a été un succès, je pense. Cela aurait été génial d’avoir un booker pour mieux planifier tout ça, car on aurait pu faire plus de concerts. Cela dit, on en a fait onze et c’est très bien pour une première. Et puis, ce qui compte, c’est la qualité des shows et on s’est senti très bien !

– « Live In France » a été enregistré au ‘Splendid’ de Lille le 17 mai dernier. Tout d’abord, pourquoi le choix de ce concert ? C’était le meilleur des deux ou c’est juste une question d’opportunité ?

Leo : La réponse est très simple : on n’a rien choisi du tout, c’était une idée d’Olivier ! (Rires) Nous sommes venus, nous avons donné notre concert et après il nous a dit qu’il avait été enregistré et que,  si on le souhaitait, on pouvait en profiter pour le sortir en disque. On s’est dit : cool, on a un album ! (Rires) On pensait prendre des morceaux de différents shows, mais c’est très bien comme ça. Ça sonne de manière très authentique.

– Et pourquoi n’y avait-t-il pas de nouveaux morceaux sur cette tournée et donc sur ce disque ?

Leo : En fait, on avait joué uniquement notre répertoire en y ajoutant juste deux morceaux : « Heaven & Hell » de Black Sabbath et « Creeping Death » de Metallica. C’était simplement deux petites surprises pour les concerts. Mais on a laissé ces enregistrements de côté, même si c’est un moment sympa qu’on aime beaucoup les jouer en live. Nous voulions vraiment qu’il n’y ait que nos chansons. Et en fait, nous n’avions pas, non plus, de nouveaux titres prêts à ce moment-là, juste ceux déjà existants.

– A l’initiative de cet album live, on retrouve Arno Geenens de Vérone Productions et l’ingénieur du son Jean-Loup Demeulemeester. Comment vous êtes-vous mis d’accord pour la production, le mix et l’édition ?

Parker : En fait, on a juste eu les fichiers audio que l’on a envoyés directement à Damien pour qu’il réalise le mix. L’ensemble sonnait très bien. Tu sais, quand tu enregistres un concert, tu as le son qui vient de la console et c’est assez différent de ce que tu entends lorsque tu assistes au show, quand tu es dans la salle. Je trouve que l’ambiance est très bien restituée et tu peux t’en apercevoir si tu l’écoutes au casque notamment.

– Est-ce que vous avez eu quelques surprises avec le public qui ne vous connaissaient pas forcément très bien ? Avez-vous été étonné par l’accueil que vous avez reçu ?

Leo : A mon avis, les deux concerts en France ont été les meilleurs de la tournée. Franchement ! (Rires) Nous avons été agréablement surpris de l’accueil qu’on nous a fait, car les gens qui sont venus nous voir étaient vraiment enthousiastes, alors qu’ils ne nous connaissaient pas vraiment. Beaucoup sont venus grâce au bouche à oreille et nous ont découvert. La prochaine fois, je suis sûr qu’ils chanteront avec nous ! (Sourires)

Parker : Oui, beaucoup de gens sont venus parler avec nous après les concerts, ont acheté du merchandising pour nous soutenir et commencent maintenant à nous suivre sur les réseaux aussi. Ils sont d’un grand support, il y avait une énergie incroyable pendant les concerts et notamment à Lille où nous avons passé une soirée géniale.

– D’ailleurs, est-ce que vous travaillez déjà sur votre deuxième album, ou est-ce que vous vous consacrez surtout aux concerts pour ce moment ?

Parker : En fait, Leo était avec moi au mois d’août jusqu’en novembre et nous nous sommes retrouvés, comme pendant la tournée, avec beaucoup de temps devant nous. Alors, on s’est posé un peu et nous avons commencé à composer un nouvel album que nous avons même enregistré. Nous sommes actuellement en pleine production. On espère le sortir en août ou septembre prochain. Mais on ne veut pas trop en parler pour le moment ! (Rires) Nous sommes focus sur l’album live, mais nous dévoilerons quelques chansons dans les mois à venir.

– Juste une dernière petite question. Vous êtes actuellement en autoproduction. Est-ce que vous êtes à la recherche d’un label qui pourrait peut-être aussi vous permettre de grandir, ou préférez-vous conserver cette liberté qui est aujourd’hui la vôtre ?

Leo : Je pense que c’est intéressant pour nous d’être indépendants pour le moment. Tu peux faire exactement ce que tu veux, quand tu veux. Et puis, tu peux aussi garder l’argent pour l’investir dans l’enregistrement, la production, etc… même si on aimerait s’offrir aussi un tour du monde ! (Rires) Bien sûr que si un label nous approche, on étudiera les propositions, mais ce n’est pas évident de décrocher le bon contrat du premier coup. Pour le moment, on continue comme ça et le plus important reste d’écrire et d’enregistrer. Ca a vraiment du sens pour nous. 

Parker : Si on trouve le bon deal, on verra bien. Nous n’avons pas vraiment ce genre de chose en tête pour l’instant. Comme l’a dit Leo, notre principal objectif aujourd’hui est de composer la meilleure musique possible, de progresser, de faire des concerts et de partager nos morceaux au plus grand nombre de fans. Si un label arrive et nous permet de tenir ces objectifs en les améliorant, on verra bien, sinon nous continuerons comme ça, car c’est le mieux pour nous.

Tous les albums de WINGS OF STEEL sont disponibles sont disponibles sur le site du groupe et son Bandcamp :

https://wingsofsteelband.com/home

Photos : GG (4) et Yann Charles (5)

Et retrouvez la chronique de « Gates Of Twilight » :

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Thrash Metal

DeadlySins : retour fracassant

L’an dernier, les thrashers rhodaniens avaient mis fin au suspense en actant la venue d’un nouveau cogneur derrière les fûts, même si c’est l’ancien qui officie ici, et surtout la sortie imminente d’une troisième réalisation qui se sera faite attendre… dix longues années précisément. Avec « Age Of Revelation », le quintet vient remettre les pendules à l’heure et confirme qu’il n’a pas grand-chose à envier au reste de la scène européenne. Loin de là ! Très contemporain dans l’approche, DEADLYSINS surfe sur un groove hérité des pionniers du genre et cette touche vintage leur confère une solide posture.

DEADLYSINS

« Age Of Revelation »

(Adipocere Records)

Avec trois albums en 24 ans, on peut dire que DEADLYSINS avance à un train de sénateur. Sauf que lorsque le sénateur se met en marche, le coup d’accélérateur est assez fulgurant. « Age Of Revelation » reprend les choses là où elles en étaient il y a dix ans sur « Anticlockwise » en y ajoutant beaucoup de percussion, ce qui devrait se faire d’ailleurs sentir bientôt sur scène avec le nouveau batteur. Moderne tout en respectant les codes d’un Thrash Metal originel, le combo lyonnais prend ici une nouvelle dimension.

Et cela commence par la production nettement plus massive et puissante. Cela dit, si DEADLYSINS s’est offert un son très actuel, du côté des compositions, c’est plutôt vers le registre Old School qu’il faut lorgner. Comme depuis ses débuts, il fait la jonction entre la scène allemande pour son côté rigoureux et des structures en béton armé, et l’aspect plus fun et débridé américain de la Bay Area avec un zeste de Municipal Waste. On a donc tous les ingrédients d’un Thrash authentique et fédérateur.

Dès l’entame, sur « Reckoning Of The Unholy (Ecclesiasdick) », les deux Laurent aux guitares enchaînent les riffs acérés et promettent une suite qu’on devine savoureuse. Emmené par une rythmique galopante et martelant comme un seul homme, DEADLYSINS montre un visage qui ne trompe pas : les Français sont là pour en découdre et les assauts de leur frontman ne faiblissent pas (« Personal Disaster », « Ashes To Ashes », « Heart Drowned In Sulfur », « Covid 666 »). Une décennie de patience qui vole en éclat avec la manière et la rage ! 

Photo : Virginie Bechet

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Blues Rock Rythm'n' Blues Soul Southern Blues

DeWolff : capturing timelessness

Lorsqu’on se rend dans un studio mythique, il faut absolument qu’il se passe quelque chose de peu ordinaire, d’exceptionnel et de nouveau. Respecter l’institution, bien sûr, mais en ressortir grandi aussi que ce soit dans ceux d’Abbey Road, par exemple, ou dans le ‘Fame’ de Muscle Shoals. Pari réussi pour DEWOLFF qui livre aujourd’hui un disque, qui a presque des allures d’OVNI dans sa déjà belle discographie. Avec « Muscle Shoals », son énergie et son sens de la mélodie franchissent un cap, bien aidé par un son incomparable et unique. Une dynamique sur laquelle il va dorénavant falloir apprendre à surfer.

DEWOLFF

« Muscle Shoals »

(Mascot Label Group)

Et si DEWOLFF avait enfin sorti l’album dont il rêve depuis ses débuts en 2007 ? Personne ne remettra en cause le potentiel évident des Hollandais, mais il semblait pourtant toujours manqué ce petit quelque chose qui leur ferait prendre une autre dimension. Après quatre Live et un EP, voici leur neuvième album studio et, une fois n’est pas  coutume, tout est dans le titre. Les amateurs de Soul, de Southern Rock et de Rythm’n Blues connaissent bien cette petite ville d’Alabama, où tant de merveilles discographiques ont été produites dans ses légendaires studios ‘Fame’ et les ‘M.S.S.S.’. Nous voici donc à Muscle Shoals sur les rives du Tennessee pour une sorte de pèlerinage, qui ne dit pas son nom.

Le groupe marche donc dans les pas d’Aretha Franklin, Etta James, Wilson Pickett, The Rolling Stones, Lynyrd Skynyrd ou Texas, qui y enregistré un monumental dernier album, et tant d’autres. Et c’est probablement ce supplément d’âme qui se fait sentir sur « Muscle Shoals ». Certes, un virage plus Soul était bien visible sur les deux derniers albums, mais cette fois DEWOLFF est littéralement imprégné, comme absorbé par de douces vibrations. Pourtant habitués des enregistrements analogiques, les frères van de Poel et Robin Piso découvrent un autre monde et se montrent particulièrement à la hauteur. Si l’endroit ne fait pas tout, il a ce pouvoir d’inspirer ceux qui y séjournent.

Car si, jusqu’à présent, le son de DEWOLFF était résolument européen, il prend ici un cachet très américain pour s’inscrire donc parfaitement dans l’esprit et l’ambiance du lieu. D’ailleurs, l’approche musicale du trio s’en ressent avec un côté langoureux, presqu’insouciant et surtout très chaleureux et aérien (« In Live », « Natural Woman », « Let’s Stay Together », « Truce », « Ships In The Night »). L’orgue et la guitare se répondent instinctivement et le trio prend de la hauteur sur des airs de jam (« Hard To Make A Buck », « Book Of Life », « Fools And Horses » et « Snowbird »). Très polyvalent, il élargit son spectre en rendant son Rock bluesy, jazzy ou funky avec des touches Gospel. Une (re)naissance.

Photo : Satellite June

Retrouvez les chroniques des deux albums précédents :

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Heavy metal Old School Progressive Heavy Metal

Diamonds Hadder : mystic Metal

Jouant sur une personnalité assez énigmatique, puisqu’il est question de l’ici de l’histoire de son protagoniste ‘Johnathan Hadder’, John Evermore entend bien perpétuer la tradition d’un Heavy Metal tranchant, épique et légèrement cinématographique. Sur des mélodies accrocheuses, des parties de guitares dynamiques et brûlantes et des changements de tempos aussi surprenants que véloces, DIAMONDS HADDER se livre à un voyage musical introspectif entre classicisme à la Dio pour la voix et une profondeur progressive héritée notamment de Fates Warning.

DIAMONDS HADDER

« Beyond The Breakers »

(No Remorse Records)

Je ne suis habituellement pas très adepte des one-man-bands, surtout de nos jours où l’informatique fait déjà la loi et où l’IA commence aussi à augmenter les dégâts. Le progrès à la place de la créativité, c’est ce que subit la musique au quotidien. Mais il reste encore quelques artistes étonnants qui osent d’aventurer sur des sentiers déjà bien balisés pour y apporter un petit quelque chose d’autre, un petit grain de folie. Et c’est exactement ce que propose John Evermore, alias DIAMONDS HADDER, avec « Beyond The Breakers ».

Loin justement de remplir l’espace sonore en empilant les pistes instrumentales pour un résultat d’une exemplaire platitude, comme c’est la norme, ce premier album est au contraire très organique, un brin vintage et interprété de main de maître. Le musicien y joue tous les instruments, et même très bien, s’est aussi occupé de l’enregistrement, du mix et de la production, sans oublier bien sûr l’écriture et la composition. Et surtout, DIAMONDS HADDER nous ramène à des sonorités familières entre Heavy Metal et Hard Rock.

Egalement au chant, l’Américain, basé à Los Angeles, a imaginé et réalisé un opus en forme de conte et doté d’une narration riche et dynamique. Et l’on doit ce son si authentique sans doute au fait que « Beyond The Breakers » ait été enregistré dans une usine abandonnée, ce qui lui confère cette atmosphère si particulière. DIAMONDS HADDER ne manque pas non plus de (bonnes) références et nous fait naviguer du côté de chez Rainbow, Savatage, Queensrÿche, voire Iron Maiden. Une belle odyssée classique et progressive.

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Heavy metal Old School Proto-Metal

The Watcher : l’œil dans le rétro

Porté par des effluves proto-Doom et des fulgurances bien Heavy, le combo de Boston présente beaucoup de détermination sur son premier opus complet. Vif et intense, « Out Of The Dark » libère une puissance brute, un son organique et devrait ravir les amateurs du Metal de la grande époque. Assez sombre et très groovy, l’atmosphère se fait enveloppante et THE WATCHER parvient à faire la jonction entre un registre aux couleurs rétro et une belle fraîcheur. Une réussite.

THE WATCHER

« Out Of The Dark »

(Cruz Del Sur Music)

Après des débuts tonitruants il y a trois ans avec un EP, « You Turn To Die » qui leur a valu d’élogieuses critiques et permis de faire une arrivée marquante sur la scène Metal, les Américains sortent enfin leur premier album. Depuis 2016, THE WATCHER bâtit patiemment un répertoire solidement ancré dans la NWOTHM, où cohabitent un Heavy traditionnel et un Doom sabbathien. Avec son aspect classique, « Out Of The Dark » a des saveurs vintage, certes, mais n’a pas pris la moindre poussière.

Enregistré il y a tout juste un an à New-York, ce premier effort montre déjà beaucoup d’assurance et une incontestable maturité artistique. THE WATCHER n’a rien laissé au hasard et a soigné chaque morceau avec talent. « Out Of The Dark » nous transporte dans une capsule intemporelle à grands coups de riffs racés, de refrains savoureux et de solos bien ciselés. Efficace sans être démonstratif, le power trio du Massachusetts parvient sans mal à sortir son épingle du jeu en présentant un son et un style déjà identifiables.

Même s’ils évoluent dans une configuration assez restreinte (avec l’appui de deux autres six-cordistes sur scène), Max Furst (guitare, basse), Paden Reed (chant, guitare) et Chris Spraker livrent un Heavy dense et musclé marqué au fer rouge par les décennies 70 et 80. Grâce aussi à des twin-guitars enflammées, des lignes vocales assurées et un fort engagement, « Out Of The Dark » regorge de titres accrocheurs (« Strike Back », « Burning World », « The Revelator », « Thy Blade, Thy Blood » et la chanson-titre). THE WATCHER frappe fort !

Photo : Hillarie Jason

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Hard'n Heavy Old School

Desert Song : intuitif et expérimenté

Face à une industrie musicale et une scène Metal internationale plus formatées que jamais, où tout finit par se ressembler peu à peu, DESERT SONG prend tout le monde à revers pour faire un bond dans le temps. Si renouer avec la créativité du siècle passé n’est pas une mince affaire, recréer l’atmosphère avec un son organique et chaleureux est encore possible. Et le Hard Rock transgénérationnel et cette ambiance Old School dénotent avec brio des réalisations fadasses et bidouillées d’aujourd’hui.

DESERT SONG

« Desert Song »

(Sleaszy Rider Records)

Prenez trois musiciens chevronnés issus d’Ensiferum, Spiritus Mortis, Amoth, Celesty et d’autres encore, mettez-les ensemble en studio et laissez-les se faire plaisir. C’est très précisément ce qu’ont fait Pekka Montin (chant, claviers), Kimmo Perämäki (guitare, chant) et Vesa Vinhavirta (batterie) pour donner naissance à DESERT SONG, power trio affûté, qui a décidé de retrouver la saveur du Hard Rock et du Heavy Metal des années 70 et 80. Et cette couleur très rétro se développe même jusque sur la pochette.

L’ambition première des Finlandais est de faire la musique dont ils ont envie depuis des années et de bien le faire. Pari réussi pour DESERT SONG avec ce premier album éponyme, qui nous renvoie aux belles heures de Blue Öyster Cult, Uhiah Heep et Deep Purple avec une pincée du Michael Schenker des débuts et de Rainbow. Sont injectés aussi quelques passages Doom, progressifs et AOR distillés dans des morceaux très bien écrits, aux structures solides et dont la production-maison est exemplaire et très naturelle.

En marge de leurs groupes respectifs, le combo se rassemble autour d’influences communes et intemporelles. Allant jusqu’à enregistrer sur du matériel vintage, les Scandinaves se partagent aussi le chant et trouvent un parfait équilibre musical. On imagine facilement que DESERT SONG n’a pas souhaité faire dans le clinquant au niveau du son et ce parfum de nostalgie n’en est que plus prégnant (« Desert Flame », « Rain In Paradise », « Another Time », « The Most Terrible Crime », « Cottage »). Un bain de jouvence !

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Death Metal France

Mercyless : le sens de l’éthique [Interview]

Pour beaucoup, MERCYLESS représente l’époque dorée du Death Metal français, une génération qui a posé les bases du genre dans l’hexagone. Cette bouillonnante scène des années 90 résonne encore chez beaucoup et, après plus de 30 ans de bons et loyaux services, le combo de Mulhouse a su garder cette rudesse, ce côté très obscur et robuste qui se déverse de manière brutale et incandescente. Sorte de gardien de l’institution extrême, il perpétue une certaine tradition musicale, faite de codes précis et d’une vision claire, qui paraît aujourd’hui intemporelle. Avec son huitième album, « Those Who Reign Below », le groupe consolide sa position de pionnier et aussi de pilier d’un genre immuable. Et c’est encore son fondateur, chanteur et guitariste, Max Otero, qui en parle le mieux…

– Notre première interview dans le Rock’n Force version papier date de 1992 à l’occasion de la sortie de votre premier album, « Abject Offerings ». A l’époque déjà, il avait marqué les esprits et il ne fallait pas être devin pour comprendre que l’aventure allait durer. Tu es le dernier membre de la formation originelle, quel regard portes-tu sur le parcours de MERCYLESS aujourd’hui ?

C’est un long parcours semé de beaucoup de choses ! (Rires) Dans les années 90, on a forgé notre style avec la sortie des deux premiers albums, qui nous ont marqué ainsi que pas mal de gens. Ensuite, on a pris une voie différente, car on voulait aussi découvrir d’autres horizons sans regarder en arrière. De 1995 à 2000, on était en dessous de ce qu’on aurait pu faire, mais c’était aussi une époque différente. Beaucoup de choses avaient aussi changé dans nos vies personnelles, dans notre façon de voir les choses et la musique. Ensuite, nous nous sommes mis en stand-by pour, peut-être, attendre le bon moment… et ça nous a pris 10 ans ! C’est long, mais cela nous a permis de continuer la musique, souvent ensemble d’ailleurs, sous une autre approche. En 2010, on est revenu encore plus fort avec de nouvelles convictions et l’envie aussi de reprendre l’histoire là où elle s’était arrêtée. Nous nous sommes donnés les moyens de continuer MERCYLESS dans la version des débuts, c’est-à-dire du Metal comme on savait le faire.

– « Those Who Reign Below » est votre huitième album et ce qui est impressionnant, c’est qu’il s’inscrit vraiment dans la continuité de votre discographie, à savoir un style très identifié dans les années 80/90 et une intention qui reste inchangée. C’est important pour toi de rester ancrer dans le Death Metal des origines ?

Oui, ça fait déjà un moment qu’on avait envie de réaliser un album comme celui-ci. C’est presqu’un hommage à cette scène et aussi à ce qu’on a pu vivre dans les années 90. Je pense que c’est dans ce domaine-là qu’on se sent le mieux, c’est-à-dire dans une musique directe, sans concession, violente et malsaine. On voulait vraiment rester dans ce crédo, car on y est bien et parce que c’est aussi ce qu’on sait faire de mieux. On ne cherche pas à faire autre chose, mais plutôt à garder cette ligne directrice qu’on a depuis les années 90. Et depuis 2010, nous gardons cette intention et ce cap. On persévère là-dedans, car je trouve qu’on a encore des choses à dire. Malgré ce qu’on peut croire, ce n’est pas une musique qui est renfermée. Il y a beaucoup à faire et on considère chaque album comme une pierre portée à notre édifice. On souhaite marquer les esprits à notre façon.

– Max Otero –

– Bien sûr, MERCYLESS a beaucoup évolué en plus de 30 ans d’existence, ne serait-ce que techniquement. Pourtant les thèmes abordés sont les mêmes à peu de choses près. On a l’impression que notre époque alimente plus que jamais votre propos. La colère est plus grande aujourd’hui qu’à vos débuts ?

Oui, je pense. On vit une époque où nous sommes très influencés par le monde extérieur, même si on essaie de se focaliser sur autre chose avec la musique, car elle nous le permet. Mais on a tellement de choses à faire sortir de nous que c’est une sorte d’exutoire, un vrai besoin et je crois que la colère représente exactement ce que nous avons au fond de nous. Et le meilleur moyen de l’exprimer est de jouer cette musique. Elle ne nous a jamais quittés, on ne lui a jamais tourné le dos. Au contraire, elle nous a toujours poussés à créer et à aller faire des concerts. Aujourd’hui, et plus que jamais, faire ressortir ce qu’on peut avoir de plus malsain en nous est encore plus important. 

– J’aimerais qu’on s’arrête un moment sur une chose. Cela fait deux fois que tu me parles de ce côté ‘malsain’. Qu’est-ce que tu entends par là ?

En fait, le Death Metal est une musique très revendicative par rapport à toutes ses influences, tout ce qu’elle a aussi engendré dans les années 90 et aussi ce qu’on a vécu. Le terme ‘malsain’ est une sorte d’expression pour définir ce qui en ressort. Elle a toujours eu ce côté fait de plein de paramètres à travers les riffs, les voix, les paroles, … Tout ça bouillonne et c’est un besoin qu’on a de vouloir exprimer une facette de notre personnalité. Et c’est vrai que c’est cet aspect qui ressort le plus souvent et il est proportionnel à ce que l’on voit autour de nous.

– D’accord, mais le mot ‘malsain’ a quelque chose de rédhibitoire, c’est quelque chose qu’on ne veut pas toucher, ni approcher…

Oui et je le revendique complètement. C’est quelque chose qui navigue en eaux troubles dans beaucoup de domaines que ce soit dans les croyances, dans les religions et dans la société actuelle. On essaie, en fait, d’évacuer ce qu’on ressent comme étant le pire de tout ça dans notre quotidien. C’est notre façon de dire que cette musique est malsaine, car elle est représentative de notre vision de tout ce qui nous entoure.

– Je situe mieux et je te comprends. Revenons à la musique avec le numérique, qui a pris le dessus sur la grande majorité des productions. Pourtant, « Those Who Reign Below » possède un son très organique, brut et presque live. C’est pour cette raison que vous avez fait appel à Raph Henry du Studio Heldscala ? Pour obtenir cette sonorité très roots et authentique ?

Exactement. On a travaillé presqu’un an sur cet album. On avait donc tous les morceaux avec la façon de les interpréter et on en avait déjà parlé avec Raph qu’on connait depuis des années. Il connait bien MERCYLESS et il aime ce qu’on a fait à nos débuts. On a beaucoup travaillé en pré-prod’ et on voulait vraiment faire ressortir ce côté très organique et très direct. On cherchait à retrouver cette espèce d’aura et de mysticisme, qui existaient dans les années 90. Et comme tu dis, il y a un côté très live, car on a très peu travaillé en numérique. On voulait justement obtenir des sons qui sortent de l’ampli, une édition très légère pour avoir une batterie qui colle justement à qu’on voulait vraiment avoir. On souhaitait retrouver le son de cette époque qui correspond complètement à MERCYLESS. Et Raph Henry a réussi à sculpter tout ça pour atteindre ce son profond et sombre. Et on retrouve aussi un peu ce son de K7, lorsqu’on mettait les premières démos de Morbid Angel ou Autopsy. On avait besoin de ça, alors qu’aujourd’hui, on a des productions de plus en plus surcompressées et très fortes, qui sont destinées à des écoutes plus modernes et numérisées. Nous avons voulu faire l’inverse. C’est même devenu assez difficile d’ailleurs, mais on a réussi à obtenir ce qu’on voulait.

– D’ailleurs, MERCYLESS est très attaché à ce son et ce style Old School. Qu’est-ce qu’il signifie et représente pour toi, et t’est-il déjà venu à l’esprit d’en changer comme d’autres ont pu le faire ? Ou est-ce que cette approche ‘moderne’ te laisse indifférent ?

(Silence)… Il y a une histoire de nostalgie peut-être derrière tout ça. Il y a quelque chose de rassurant et ça nous conforte dans ce que nous sommes. Et on a du mal à se retrouver dans toutes ces sorties qu’on voit presque tous les jours avec des centaines d’albums qui sont de plus en plus produits de la même manière sur l’édition, les applications, les plugins, … Ce sont très souvent les mêmes sons de guitares, de batterie surproduites et ainsi de suite. On voulait éviter ça, car ça ne correspond pas à notre vision de voir les choses, même si on est aussi plongé là-dedans. Le son de MERCYLESS est très cru et très bas et il n’a pas besoin de fioritures. On s’est aussi aperçu, en s’essayant à des sons plus modernes, que nous n’arrivions pas à obtenir quelque chose qui colle à notre personnalité. Avec cet album, on revient à l’essentiel et c’est ce qu’on voulait en restant dans une ligne directrice claire et très 90’s. Il y a toute une génération qui est habituée à un son très moderne, y compris dans les styles extrêmes, qui a sans doute du mal à entrer là-dedans, mais cela correspond vraiment à quelque chose pour beaucoup d’autres.

– Max Otero & Gautier Merklen –

– Et puis, l’autre nouveauté sur ce nouvel album est l’arrivée derrière les fûts de Johann Voirin, qui officie aussi chez Mortuary. Il se fond parfaitement dans le moule du groupe. C’était important aussi qu’il ait cette culture Old School et underground, d’autant qu’il livre une prestation incroyable et tout en puissance ?

Il y a eu un petit travail quand même au départ. Forcément, il vient d’un groupe plutôt axé sur le Brutal Grind Death pour faire court. Et MERCYLESS a un côté Old School avec des paramètres et une définition de jeu, qui demandaient un petit ajustement par rapport à Mortuary. Il a surtout fallu qu’on se comprenne au niveau de notre univers, pas au niveau technique évidemment. Il s’est ensuite très bien fondu dans le style, dans les arrangements et dans le travail sur les nouveaux morceaux. Et le résultat est exactement celui qu’on attendait, à savoir un aspect dynamique, vif et très direct.

– Chez MERCYLESS, et contrairement à beaucoup d’autres groupes dans le Death Metal, il y a une violence viscérale, qui est presque libératoire. Et la présence du diable et de la religion plus largement planent toujours autant sur « Those Who Reign Below ». Le sujet est inépuisable, surtout lorsqu’on voit l’état du monde actuel. Où te places-tu dans cette époque du règne des réseaux sociaux où tout n’est qu’apparence ?

On a totalement changé d’époque, c’est vrai. Je pense qu’on a aussi cette chance d’avoir ce recul et d’avoir connu les années 80/90, où il y avait beaucoup de découvertes et d’apprentissage, qui se faisaient sur la longueur. MERCYLESS est né et vient de là. On fait partie de ce temps où on enregistrait des démos nous-mêmes et on avançait petit à petit. Il n’y avait pas tous les contrats discographiques et toutes les sorties comme aujourd’hui. On a construit le groupe au fil des années, ce qui n’est pratiquement plus possible maintenant. Tout va tellement vite. Les réseaux sociaux s’emballent très vite pour tout et n’importe quoi et sans vraiment savoir où on va. Et la différence aussi, c’est que nous avons gardé cette liberté de ton. On utilise aussi les réseaux sociaux avec parcimonie, essentiellement pour promouvoir le groupe et garder le contact avec le public. J’ai su conserver un regard extérieur sur tout ça. Et puis, il y a un bouton ‘off’, si tu veux continuer à regarder le monde évoluer, sans pour autant avoir le nez dans les écrans comme on veut nous l’imposer. C’est difficile, car c’est très présent et ça fait aussi partie de l’évolution de cette société. Il faut faire avec et garder les outils qui sont à notre disposition. Mais en revanche, il faut conserver beaucoup de recul par rapport à tout ça. On tend vers un monde qui devient de plus en plus médiocre, parce qu’on laisse tout le monde s’engouffrer là-dedans sans garder ce qui est positif. On croit qu’on peut apprendre des choses, mais il y a un côté très abrutissant et bête à la base de tous ces réseaux sociaux et tout ce qu’il y a autour. Par moment, il faut vraiment décrocher de ça et garder une certaine distance. Sinon, ça peut très vite nous rendre fou.

– Yohann Voirin & Yann Tligui –

– Tu prêches un convaincu ! Justement, je reviens à la colère et à cette violence viscérale dont on parlait tout à l’heure et aussi au fait que les textes de MERCYLESS tournent essentiellement autour de la religion et l’idée du diable notamment. C’est un sujet qui ne vous lâche pas finalement ?

Non, pas du tout. Cela vient du début du groupe, en fait. Notre musique est liée à ça et, comme tu dis, le sujet est inépuisable. A une époque qui est basée sur les croyances et les religions dans le monde entier, on voit que ça mène vers des défiances, des déviances et des perversions terribles. Et il y a toujours derrière, en ligne de mire, ce besoin de croire et de se réfugier derrière quelque chose, en l’occurrence des textes sacrés, etc… Et tout ça ne mène pas forcément les gens vers un bien-être, ou un monde où on se laisserait réfléchir. Il y a, en effet, beaucoup à puiser dans tout ça. Quand on évoque les démons, par exemple, sur « I Am Hell », je parle des prêtres pédophiles qu’on a vus à la une de beaucoup de médias ces dernières années. L’Eglise catholique est devenue à un moment donné un refuge pour des gens qui sont de vrais dangers. C’est une façon de dire que le diable est souvent déguisé et se niche aussi chez l’être humain.  

– MERCYLESS, avec quelques autres toujours en activité, est un pilier et un pionnier du Metal extrême français. Contrairement à certains, vous n’avez pas dévié de votre trajectoire. Est-ce que vous courrez toujours après le même objectif, c’est-à-dire rester fidèle au milieu underground et le faire vivre ? D’ailleurs, comment le définirais-tu aujourd’hui ?

(Silence) … Bonne question. On peut en effet se poser beaucoup de questions car, aujourd’hui, parler d’underground, c’est presque se foutre de la gueule du monde. Actuellement tout est pensé et réfléchi par rapport à Internet, aux réseaux sociaux, etc… Tout part là-dessus et cela a vraiment changé la donne. Dans les années 90, tout se faisait encore avec les petites mains. Il fallait travailler beaucoup de choses : la musique, les textes, le disque, la distribution, la comm’, … C’était très compliqué et très long. Aujourd’hui, j’essaie toujours de rester connecter à ce monde-là et de le suivre. Et dans cette musique, il y a toujours de l’activité et c’est tant mieux ! Dans les années 2000, cela avait un peu disparu et maintenant, on a la chance d’avoir de nouveaux groupes qui sont là depuis un bon moment et qui sortent des albums de très bonne qualité. C’est là-dedans, et avec eux, que je me sens le mieux. C’est ce que j’écoute le plus, que ce soit en France ou à l’étranger. Je me tiens informer et j’essaie de partager tout ça du mieux possible, y compris au niveau des concerts. On continue d’ailleurs à tourner avec ce genre de groupes avec de petites conditions et dans des petites salles. On n’oublie pas d’où l’on vient et aussi que d’autres nous ont aidés. C’est une chose qu’on tient à faire à notre tour. Avec un peu de bouteille, on arrive à partager et à découvrir de nouvelles choses et ça me fait toujours autant plaisir ! Ce sont des groupes qui ont une certaine ‘grinta’ et une envie d’aller de l’avant. Je me dis que tout n’est pas perdu, même si le mot ‘underground’ ne veut plus dire grand-chose aujourd’hui.

– Vous avez aussi récemment réédité « Abject Offerings » et une compilation de vos premières démos, ce qui est une bonne chose compte tenu de leur rareté. L’industrie musicale a été bouleversée depuis les débuts de MERCYLESS et elle est aujourd’hui méconnaissable. Comment est-ce que tu perçois l’envahissement du streaming et du tout-numérique ? Comment vous êtes-vous adaptés et est-ce que le Death Metal, au sens large, en a aussi subit les conséquences ?

Le Death Metal a quelque chose d’intemporel. Maintenant, par rapport au numérique et au téléchargement sur les plateformes qui diffusent la musique aujourd’hui, c’est vrai que c’est assez étrange. Cela dit, le Death Metal a ceci de particulier qu’il y a un réel attachement à l’objet à travers le vinyle, le CD, les K7, etc…. Ca a toujours existé et ça existe encore aujourd’hui. Personnellement, et ça concerne aussi plein de gens autour de moi, j’ai du mal à écouter un album sur une plateforme. J’ai toujours le réflexe de mettre un CD ou un vinyle. J’aime aussi prendre mon temps pour écouter ça dans de bonnes conditions. On est encore nombreux à avoir ce besoin de découvrir les choses en ayant le produit dans les mains. On a gardé cette fibre, qui nous anime encore. Aujourd’hui, c’est un autre monde. Et puis, je crois qu’on a aussi besoin de se retrouver dans ce petit espace bien à nous. On découvre plus facilement chaque petit arrangement notamment et le Death Metal permet ça. On s’y met aussi bien sûr, mais c’est un peu aller vers la facilité. 

– En France, on a vu émerger une nouvelle scène de Metal extrême, qui n’a pas grand-chose à voir avec celle qu’on a connu avec vous, c’est-à-dire MERCYLESS, Loudblast, Massacra, No Return et Agressor dans les années 90. Sincèrement, existe-t-il une sorte de famille entre les anciens que je viens de citer, et que penses-tu des nouvelles formations hexagonales ?

C’est un peu compliqué pour moi, car je ne me retrouve pas beaucoup dans les formations modernes pour toutes les raisons dont on parle depuis le début de l’interview. Le son, l’approche, la conception, etc… Je trouve même que le terme de groupe a complètement disparu. On a l’impression que ce sont des assemblages de personnes, qui sont là juste pour fabriquer quelque chose, être dans la ‘hype’ du moment et tirer sa petite épingle en se disant que c’est moderne, frais et neuf. Et alors, on y va. Ce n’est pas notre vision et elle peut même paraître austère pour certains. Mais on ne s’y retrouve pas dans tout ce mélange de styles extrêmes. Ca vient aussi de la vision et de l’interprétation musicale, qui a changé et qui est très différente. C’est le monde moderne qui leur amène ça et ils ont besoin d’être dans le truc du moment pour se sentir bien. Honnêtement, ça me passe sous le nez et ça disparait aussitôt ! (Rires)

– Pour revenir aux groupes français des années 90 cités plus haut, j’ai vraiment l’impression que depuis vous cinq, il n’y a pas eu grand-chose sur la scène hexagonale. Je ne vois pas d’héritiers directs… et j’avoue qu’un plateau vous réunissant serait assez génial !

Je crois que tu as raison, car on vient aussi d’une époque où chacun faisait un truc très, très différent de l’autre. Cela nous a tous amené vers des fan-bases opposées, qui pouvaient quand même se rejoindre. Mais chacun avait sa vision et son propre son. C’est vrai qu’aujourd’hui, il n’y aurait aucun problème à monter un plateau comme ça, au contraire, car nous sommes tous restés ancrés dans ce qu’on sait faire de mieux. Forcément, les héritiers derrière sont peu nombreux dans le sens où très peu de groupes et de personnes ont gardé cet esprit de concevoir la musique et ont plutôt évolué suivant les modes. Certains reconnaissent des influences chez nous. Mais pour ce qui est de perpétuer tout ça, il n’y a pas grand-monde, en effet. Et je pense que nous sommes nombreux à partager ce sentiment.

– Enfin, qui dit nouvel album, dit concerts. Est-ce qu’encore aujourd’hui, vous pouvez compter sur un réseau underground suffisamment solide pour monter une tournée par vous-mêmes sans passer par les tourneurs qui font la pluie et le beau temps en France ?

Carrément et c’est ce qu’on fait depuis des années ! On connait beaucoup de petits tourneurs, des gars à l’ancienne et très ‘DIY’, qui ont des réseaux de salles et de plus petits lieux. On y arrive bien et c’est la seule façon pour nous de ne pas lâcher des 7.000/10.000€ pour des supports tournées, où tu joues 25 minutes à 19h à l’ouverture des portes. Et puis, ça n’apporte plus grand-chose à des groupes comme nous, en tout cas. Après, c’est mon opinion. Mais on essaie de faire comme ça, parce qu’on s’y retrouve et qu’il y a une espèce d’osmose globale. C’est très bon pour le psychisme de tout le monde, car on rencontre des gens sympas. Et il y a une grande proximité. Ca demande forcément un peu plus de boulot, mais on s’en sort très bien. C’est sûr qu’on ne va pas faire 20 dates à travers 15 pays, mais on joue, on fait des festivals et des petites tournées aussi avec des groupes dans notre lignée, voire plus petits. Tout se passe très bien et le public répond présent.

Le huitième et nouvel album de MERCYLESS, « Those Who Reign Below », est disponible chez Osmose Productions.

(Photos portraits live : Eddy Gheorghe)

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Thrash Metal

Solitary : time to submerge

Vétéran de la scène Thrash Metal britannique, SOLITARY ne bénéficie pourtant pas de la notoriété et de la mise en lumière auxquelles il serait pourtant légitime à prétendre. Cela dit, avec « Embrace The Darkness », la donne pourrait bien changer, tant celui-ci présente une vélocité très moderne tout en respectant les codes des origines du style. Racé et ne laissant pas le temps de souffler, cette nouvelle réalisation possède de nombreux atouts et presqu’aucun défaut.

SOLITARY

« Embrace The Darkness »

(Twisted Into Form)

Après sa prestation impériale enregistrée en août 2019 au festival Bloodstock (« XXV Live At Bloodstock »), où il avait férocement célébrer ses 25 ans d’existence, SOLITARY fête aujourd’hui ses trois décennies dédiées à un Thrash Metal puissant et implacable. Fondé en 1994 dans le Lancashire par Richard Sherrington, dernier membre du line-up originel, le combo a surtout sorti des démos, des EPs et deux Live, puisque ce dévastateur « Embrace The Darkness » est seulement le cinquième album complet des Anglais en 30 ans.

La base du registre de SOLITARY est essentiellement Old School et s’ancre dans le sillage de formations comme Forbidden, Testament, Sacred Reich avec quelques touches rappelant les premiers Slayer. Pour autant, on n’est pas ici dans un Thrash Metal californien, ni vintage. Le son, la production signée Simon Efemey (Napalm Death, Paradise Lost, Obituary) et l’approche musicale sont purement et clairement européens et très actuels. Le quatuor est frondeur et agressif et surtout son niveau de jeu s’est considérablement amélioré.

Depuis le début, SOLITARY cultive le tumulte et le chaos et « Embrace The Darkness » représente un sommet de son répertoire. Il dépeint sans détour notre sombre époque où les guerres, les pandémies et les divisions liées aux politiques secouent notre quotidien. Dès l’excellente intro qui se fond dans le morceau-titre, on entre dans le vif du sujet. Menaçant et percutant, ce nouvel opus regorge de titres d’où jaillissent colère et brutalité (« Virtues », « Bury It Now », « Beneath The Surface », « Section 21 », « Filtering Hindsight »). Massif !

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Heavy metal Old School

Blitzkrieg : indomptable

44 ans d’existence, cinq reformations et une dizaine de disques, le bilan peut paraître chaotique. Et pourtant, BLITZKRIEG n’a pas rendu les armes, bien au contraire. Souvent dans l’ombre d’une scène anglaise effervescente, le combo de Leicester a régulièrement été précurseur et a même inspiré une grande partie de la mouvance Speed/Thrash/Power, qui a suivi. Avec ce nouvel opus éponyme à la production irréprochable, il revient à l’assaut et il serait vraiment dommage de manquer ce renouveau spectaculaire et tellement actuel.

BLITZKRIEG

« Blitzkrieg »

(Mighty Music)

Certains se souviennent peut-être qu’en 1984, un jeune groupe californien nommé Metallica reprenait sur son single « Creeping Death », puis sur « Garage Inc. », le morceau éponyme de BLITZKRIEG, le faisant ainsi et un peu plus tard entrer définitivement dans la légende. C’est vrai qu’en reprenant un titre de ce groupe anglais pas plus âgé que lui, l’impact des Américains allait le faire entrer dans la légende et surtout le propulser au rang d’influence majeure pour beaucoup d’autres. Par la suite, les deux formations n’ont bien sûr pas connu le même destin… Loin de là !

BLITZKRIEG est donc une espèce de mythe que tout le monde semble connaitre sans s’être vraiment plongé dans sa discographie pour autant. Membre (trop) discret de la fameuse NWOBHM, le combo mené par le frontman Brian Ross, dernier rescapé de l’aventure originelle, a pourtant laissé quelques albums, qui ont posé d’épaisses fondations au style (« Court Of The Act », « A Time Of Changes », « Absolute Power », « Theatre Of The Damned » ou encore « Back From Hell » et « Judge Not »). Une petite dizaine de réalisations, qui a pourtant remué les scènes des plus grands festivals.

Composé aujourd’hui du fils de Brian, Alan Ross, de Nick Jennison avec qui il forme un duo explosif et essentiel à la guitare, de Liam Ferguson (basse) et de Matthew Graham (batterie), BLITZKRIEG ne fait franchement pas son âge. Moderne et solidement ancré dans son époque, le Heavy Metal des Britanniques avance avec force et puissance. C’est simple, pour un peu, on a presque l’impression de découvrir un nouveau groupe. Racé et féroce, l’aspect traditionnel du genre n’a pas disparu, mais a subi un époustouflant lifting. Acéré et mélodique, le quintet frappe fort et on souhaite vraiment que ce ne soit qu’un début.

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Heavy metal Old School

Saint : une combativité intacte

De l’énergie, SAINT en a à revendre et ce quarantième anniversaire semble même lui avoir donné un sérieux coup de boost. Son Heavy Metal n’a pas pris une ride, alors qu’il puise son inspiration au siècle dernier. Avec ce très bon « Immortalizer », le quintet affiche beaucoup de puissance, tout en misant sur des titres accrocheurs et entêtants et en restant fidèle à un style dont il ne s’est jamais éloigné. Un très bon opus qui vient couronner une belle et bien trop discrète carrière.

SAINT

« Immortalizer »

(Roxx Records)

Apparu au début des années 80 aux côtés de Stryper et Messiah Prophet notamment, SAINT fait partie de la toute première vague américaine de White Metal. Comme beaucoup d’autres, les changements de line-up ont émaillé le parcours du groupe, mais il se présente aujourd’hui avec le troisième album consécutif avec la même et solide formation. Et « Immortalizer » vient célébrer 40 ans de bons et loyaux services. Une treizième réalisation qui s’avère également être un très bon cru.

Fondé à Salem en Oregon, SAINT suit le même chemin depuis sa création, celui tracé sur un Heavy Metal mélodique qu’il a su actualiser au fil des décennies pour être plus électrisant que jamais. Rangés derrière son bassiste et fondateur Richard Lynch, les Américains peuvent compter sur un Dave Nelson impérial au chant, une talentueuse doublette de guitaristes avec Matt Smith et Jerry Johnson, tandis que Jared Knowland (batterie) est toujours aussi affûté. Ca ronronne et ça envoie du bois !

A l’instar de nombreux groupes de sa génération, SAINT n’a rien perdu de sa vélocité et se montre même beaucoup plus efficace et affiné qu’autrefois. Bien sûr, le frontman donne de l’allant et de la percussion, mais le jeu des deux six-cordistes au niveau des riffs, des solos et des twin-guitars reste sa force principale (« Immortalizer », « Eyes Of Fire », « The Congregation », « Pit Of Sympathy », « Salt In The Wound »). Cette nouvelle production vient donc célébrer quatre décennies exemplaires avec brio.

Photo : Concert Fotos by Chad