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Heavy metal

Fortunato : trésor de Metal

Deux ans après « Insurgency », les Lyonnais sont déjà de retour avec le très mélodique et fédérateur « From High Above », un quatrième opus où des éléments Neo-Classic et symphoniques viennent se greffer à un Heavy Metal ancré dans une tradition très européenne, héritée de la NWOBHM, mais aussi (et surtout) de la scène allemande. Fort d’une longue expérience, FORTUNATO peut désormais se frotter sereinement aux  meilleures formations du genre.   

FORTUNATO

« From High Above »

(Independant)

Si vous suivez le Metal underground français depuis la fin des années 80, le nom de Markus Fortunato ne vous est sûrement pas inconnu. Fondateur de MZ avec qui il a sorti sept albums en une décennie, c’est sous la bannière de FORTUNATO que le frontman et bassiste officie dorénavant et c’est en quatuor qu’il se présente aujourd’hui avec « From High Above », le quatrième opus du groupe, riche de dix titres sans détour, ni esbroufe.

Ayant parcouru différents styles allant du Hard Rock à une version musclée de l’AOR, c’est armé d’un solide Heavy Metal que FORTUNATO nous livre sa nouvelle réalisation. D’ailleurs, bien qu’autoproduit, « From High Above » n’a pas à rougir face à certaines signatures élogieuses, mais approximatives actuelles. Et les Français possèdent un atout de taille, c’est cette sincérité qui se dégage de tous leurs morceaux.

Grâce à ses deux virevoltants guitaristes (Alex Faccinetto et Seb Vallée) et à un batteur tout aussi véloce et costaud (Sly Tale), FORTUNATO peut aisément distiller ce Heavy aux consonances Neo-Classic et même légèrement symphonique. La virtuosité des deux six-cordistes offre un aspect shred efficace et très mélodique, avec en soutien un synthé pertinent. Le combo manie la puissance du Metal sur des thèmes accrocheurs et maîtrisés.

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Heavy Stoner Rock Sludge

Rusty Bonez : inoxydable

Relativement épurés, mais compacts et avec suffisamment d’épaisseur dans les guitares, les morceaux de cette deuxième réalisation de RUSTY BONEZ révèlent une belle inspiration de la part des Grecs. D’ailleurs, « Brainworm » repose sur une rythmique libérée par un souffle Stoner terriblement Heavy, qui flirte parfois avec des sonorités Sludge enthousiasmantes. Solide et entraînant !

RUSTY BONEZ

« Brainworm »

(Vinyl Store Gr.)

RUSTY BONEZ fait partie des très bonnes formations Stoner dont la Grèce a le secret. En un peu moins de dix ans, le quatuor s’est forgé une solide petite réputation, résultat d’un travail acharné depuis son premier album « Wrath », sorti en 2017. Après la parution de celui-ci, le groupe a enchainé les concerts ce qui lui permet aujourd’hui d’afficher des compositions radieuses sur ce nouveau « Brainworm ».

Freiné dans son élan par la pandémie, RUSTY BONEZ a du se résoudre à renouveler la moitié de son line-up, et c’est donc plein de fraîcheur et d’envie qu’il réapparait sur ce deuxième opus. Avec « Brainworm », les Hellènes nous baladent dans un univers très Stoner donc, avec de multiples influences Heavy Rock et même parfois Grunge (en nettement plus musclé). En résumé, on navigue entre Clutch et Black Label Society.

Grâce à son frontman à la voix puissante et accrocheuse, RUSTY BONEZ dégage une énergie très communicative et les mélodies accentuent l’impact des riffs, le tout sur un groove enivrant (« Nowhere », « If », « Pile Of Stones », « Brainworm », « Shadow Of Faith »). La grande variété de l’album est également très bien mise en valeur par le mastering de George Nerantziz (Pain Of Salvation, Gus G). Bref, une bonne grosse claque !

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Metal Progressif

OSM : l’art du crescendo

En jouant sur les multiples facettes du Metal Progressif, à savoir l’aspect orchestral d’un côté et une sauvagerie très canalisée de l’autre, OSM présente un style très personnel et expressif. Mariant un chant clair très accrocheur et un growl loin d’être indispensable selon moi, le combo utilise de nombreux chemins et diffuse un concentré de Metal à la fois brutal et très mélodique sur ce très bon « Plagued By Doubts ».

OSM

« Plagued By Doubts »

(Klonosphere/Season Of Mist)

Partagé entre La Rochelle et Poitiers, OSM a seulement cinq ans d’existence et pourtant on reste bluffé par la maîtrise et la créativité du quatuor. Après une première entrée en matière remarquée avec « Which Way », le groupe revient avec un second format court, « Plagued By Doubt », où il a mis de côté le Stoner Metal de ses débuts au profit d’un Metal Progressif ravageur, balayant un large spectre musical.

Avec six morceaux s’étendant sur 36 minutes, on se dit tout de même qu’on était à deux doigts de se délecter d’un album complet, même si ce deuxième EP est déjà réjouissant à plus d’un titre. Et justement, ses titres, OSM les a particulièrement soignés et le mix de Chris Edrich offre un relief incroyable et un équilibre parfait à l’ensemble. Et si certaines compos brillent par leur complexité, on ne s’y perd jamais.

Sombre et massif, « Plagued By Doubts » pousse le côté progressif du groupe dans ses retranchements en plongeant dans des atmosphères extrêmes, qui font contraste avec d’autres plus aériennes (« Stuck In A Wrong » et le génial « Drown By Myself »). La lourdeur mêlée à la mélancolie est omniprésente, ce qui laisse à OSM un vaste terrain d’expérimentation (« Abyssal… », « … Loudness »). Un EP complet !

Photo : Julien Kors
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International Stoner Rock

Dozer : the return of the giant [Interview]

Que l’attente fut longue, mais que la récompense est belle ! 15 ans après « Beyond Colossal », son dernier album studio, DOZER est enfin de retour ! Et même si on a pu suivre les différents membres à travers d’autres formations, le quatuor réuni reste la référence en matière de Stoner Rock et le retrouver avec cette énergie et cette inspiration intacte est un ravissement… Et une grosse claque aussi, est-il besoin de la rappeler ! Fondateur et guitariste du combo suédois, Tommi Holappa nous fait une fois encore le plaisir de répondre à quelques questions au sujet de « Drifting In The Endless Void » et des retrouvailles du groupe.   

Photo : Mats Ek

– Il y a deux ans, alors que DOZER repartait en tournée avec un passage notamment en Australie, tu m’avais affirmé qu’aucun nouveau morceau n’était en cours d’écriture et même au programme. Aujourd’hui, on vous retrouve avec plaisir pour ce « Drifting In The Endless Void » décapant. Qu’est-ce qui vous fait changer d’idée ? C’est la reprise des concerts et l’accueil du public ?

La dernière fois que nous nous sommes parlés, nous avions surtout évoqué nos retrouvailles en répétition d’abord et ensuite le fait d’essayer d’écrire une première nouvelle chanson, ou au moins de voir si nous serions à nouveau créatifs ensemble. Rien ne s’était passé pendant quelques années. Le timing n’était pas le bon, je suppose. Mais ensuite, le Covid est arrivé en 2020 et du coup, nous avons eu beaucoup de temps libre et aucune tournée n’était prévue avec mon autre groupe Greenleaf. Donc, en 2020, nous avons écrit et enregistré un nouvel album avec Greenleaf. Puis à la fin de cette session d’enregistrement, j’ai parlé aux autres gars de DOZER et je leur ai demandé s’ils étaient d’humeur à essayer d’écrire de nouveaux titres. Et la réponse a été oui ! Alors on s’est rencontrés, on a écrit une chanson et tout s’est bien passé. C’était presque comme si on n’avait jamais cessé de jouer ensemble ! Un premier morceau à déboucher sur deux autres, et ainsi de suite… Quand nous avons réuni 3/4 idées définitives pour de nouveaux titres, Blues Funeral Recordings nous a contacté et nous a proposé un contrat d’enregistrement… et le reste appartient à l’Histoire ! Je pense que nous pouvons remercier le Covid qui a permis à DOZER de sortir un nouvel album aujourd’hui ! (Rires)

– Après les rééditions de vos trois premiers albums chez Heavy Psych Sounds, il y a aussi eu la sortie de « Vultures », un EP constitué d’inédits enregistrés entre 2014 et 2015 et qui n’étaient au départ que des démos. Dis-moi, est-ce que vous aviez déjà en tête l’idée de ce come-back tant attendu ?

Lorsque ces rééditions sont sorties, nous n’avions pas prévu de faire un vrai retour. Quand nous avons recommencé à faire des concerts en 2013-2014, nous en avions fait juste une poignée dans des festivals comme le ‘Desertfest’ et le ‘Hellfest’. C’était juste histoire de sortir un peu, de jouer d’anciens morceaux et passer un bon moment. Mais ensuite, après quelques années et quelques concerts supplémentaires, nous avons commencé à parler d’écrire de nouvelles choses. Surtout si on voulait continuer à faire des concerts, on a senti qu’il nous fallait du nouveau matériel bien sûr, et aussi que ce serait amusant d’essayer d’écrire quelque chose de neuf et de voir comment cela se passe.

Photo : Mats Ek

– Revenons justement deux ans en arrière, date à laquelle vous veniez de signer chez Heavy Psych Sounds. Or vous faites votre retour sur le label américain Blues Funeral Recordings. Que s’est-il passé ? Vous n’êtes pas parvenus à trouver un accord pour ce nouvel album ? Ou est-ce que vous visez plus clairement le marché américain ?

Nous avons signé avec Heavy Psych Sounds juste pour ces rééditions. Et ensuite lorsque Jadd de Blues Funeral Recordings a découvert que nous écrivions de nouveaux morceaux, il nous a fait une offre que nous ne pouvions pas refuser. Il n’était pas prévu de cibler davantage le marché américain ou quelque chose comme ça, c’était juste une bonne opportunité et nous nous connaissons aussi depuis longtemps. Nous avons travaillé avec lui auparavant et nous savions donc que si nous voulions sortir un nouvel album, il était la bonne personne pour le job.

– DOZER a donc fait une pause de 15 ans. C’est très long ! Pendant ce temps, Johan a joué dans Besvärjelsen, Fredrik avec Ambassadors Of The Sun et Sebastian et toi bien sûr avec Greenleaf. Que va-t-il advenir de ces groupes ? Vous allez continuer ou donner la priorité à DOZER ?

Greenleaf continuera comme d’habitude. Nous écrivons d’ailleurs du nouveau matériel pour notre prochain album en ce moment et si tout se passe comme prévu, nous l’enregistrerons à la fin de l’année. Johan a quitté Besvärjelsen et je ne sais pas si Fredrik fera encore quelque chose avec Ambassadors Of The Sun. Je sais que pour Dozer et Greenleaf, je prendrai du temps pour les deux groupes. C’est comme si tu avais donné naissance à deux bébés, tu ne peux pas donner la priorité à l’un ou à l’autre. Il faut donner tout ton amour aux deux ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– D’ailleurs, vous avez tous joué, et joué encore, dans Greenleaf. Quelle distinction fais-tu entre les deux groupes ? Musicalement, quelles sont leurs principales différences, selon toi ? Et enfin, créez-vous avec DOZER des choses que vous n’oseriez peut-être pas avec Greenleaf, ou vice-versa ?

Greenleaf est plus Classic Rock et plus Blues au final, alors que DOZER est un peu plus Heavy. Les trucs plus Blues ne fonctionneraient jamais avec DOZER et les trucs plus durs ne fonctionneraient pas non plus avec Greenleaf. Bien sûr, il y a des similitudes entre les deux groupes, puisqu’ils développent et se basent beaucoup sur les riffs de guitare. Mais au final, je pense que les voix de Fredrik et Arvids sont si différentes l’une de l’autre que je ne m’inquiète pas trop du fait que les deux groupes pourraient sonner de la même façon un jour.

– Même si vous êtes tous restés très actifs au sein de la scène Stoner Rock, quels sentiments vous animent aujourd’hui en offrant un nouveau souffle à DOZER ? Vous devez être excités et impatients, non ? Et puis, DOZER est une référence du Stoner européen et mondial, vous avez un rang à tenir…

Impatients et excités… oui ! L’album a été enregistré il y a presque un an ! Nous voulons juste que les gens entendent ce que nous avons créé et dont nous sommes si fiers ! Espérons qu’ils l’aimeront autant que nous. On essaie de ne pas trop penser à garder un certain rang et à satisfaire les autres. On fait ce qu’on fait et si on est content… c’est cool ! Si nous pouvons rendre les gens heureux… alors, c’est même extra-cool ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– Parlons de ce nouvel album. Quand êtes-vous attelés à son écriture et quelle a été l’idée directrice ? Vous êtes tous arrivés avec vos idées respectives ou est-ce que la composition s’est faite à quatre ?

Nous avons commencé à travailler sur des idées chacun de notre côté en décembre 2020 et un mois plus tard, nous nous sommes retrouvés pour la première fois en répétition pour travailler sur de nouveaux morceaux. Les premières répétitions ont été un peu lentes. Je pense que nous ne savions pas vraiment ce que nous voulions faire. Alors nous nous sommes isolés, nous avons essayé un tas de choses, des bonnes et des moins bonnes ! (Rires)

Tout a vraiment commencé à rouler quand Fredrik a apporté l’idée de « Missing 13 ». Je pense que c’est venu des accords de l’intro qu’il a joué et nous avons senti que ça sonnait bien et que c’était vraiment la fraîcheur de DOZER. Nous avons donc commencé à jammer et chacun est venu avec ses idées et ses réflexions. Ensuite, on est rentré chez nous, on a travaillé un peu plus dessus, puis nous sommes retournés en répétition et on a continué à travailler encore… C’est comme ça qu’on écrit les chansons : on bosse chez nous séparément, puis nous assemblons tous les morceaux ensemble. C’est un véritable effort de groupe.

Quoi qu’il en soit, une fois cette chanson terminée, j’ai trouvé le riff pour « Ex Human, Now Beast » et à partir de là, les choses ont commencé à se dérouler sans accrocs et nous avons en quelque sorte trouvé le ‘concept’ de l’album.

– L’autre question qui se pose est de savoir si vous avez immédiatement retrouvé vos automatismes et la fluidité du jeu qui animaient DOZER près de 15 ans auparavant ? Est-ce que tout est revenu naturellement ? De manière instinctive ?

Dès la première répétition, c’était comme si nous n’avions jamais cessé de jouer ensemble ! Je pense que nous avons tous ressenti que c’était agréable d’être de retour dans une même pièce pour jouer et ça sonnait plutôt bien tout de suite ! C’était les mêmes vieux gars de DOZER, mais un peu plus gros et plus grisonnants. Mais dans nos têtes, nous faisons toujours la fête comme si nous étions en 2003 ! (Rires)

Photo : Mats Ek

– Dès le départ, vous attaquez le disque avec « Mutation/Transformation », long de plus de 7 minutes et dont l’impact est monstrueux. L’idée était d’imposer beaucoup de force et de puissance dès le début de l’album ?

C’était la dernière chanson que nous avons écrite pour ce nouvel album. Nous avions l’impression que nous avions besoin d’un titre un peu plus lourd et avec un joli groove sur lequel on puisse secouer la tête. C’est quelque chose de plus puissant qui vient compléter l’ambiance de l’album. Une fois l’ensemble enregistré et quand nous avons entendu les premiers mixages de l’album, nous avons tout de suite compris que « Mutation/Transformation » devait être le titre d’ouverture.

– « Drifting In The Endless Void » compte sept morceaux et ils sont assez longs. Vous jouez aussi beaucoup sur les atmosphères et on peut sentir un vrai fil conducteur sur l’album. On a presque l’impression que vous l’avez conçu comme un album-concept. C’est le cas ?

Eh bien, dès le début, Fredrik avait en tête un concept autour des textes pour l’album. La musique est aussi un peu influencée par son histoire. En fait, « Missing 13 » est la trame de l’histoire et le reste des chansons est basé sur le même concept. Globalement, il s’agit d’une justification pour nos enfants. Nous avons reçu cette Terre de nos ancêtres et nous l’avons prise pour acquise. Nous, les humains, sommes de petits rouages dans cette grande grosse machine, et parfois cela peut vous faire sentir très petits et impuissants. D’où ce sentiment de ‘dériver dans le vide sans fin’ (Traduction du titre de l’album – NDR).

– Un mot aussi sur le mix et la production de l’album. On retrouve immédiatement le son et la touche de DOZER avec une sonorité très actuelle. Où l’avez-vous enregistré et avec qui avez-vous travaillé ?

Nous l’avons enregistré au studio Gröndahl à Stockholm avec Karl Daniel Lidén, qui a également mixé et masterisé l’album. Karl Daniel et moi travaillons ensemble depuis la fin des années 90. Il a été le premier batteur de Greenleaf, il a également été le batteur sur l’album de DOZER « Through The Eyes of Heathens » en 2006. Il a aussi enregistré « Beyond Colossal », ainsi que les cinq derniers albums de Greenleaf. Donc nous avons une belle histoire ensemble. (Rires)

Quoi qu’il en soit, Karl Daniel connaît le groupe de fond en comble, il est comme notre cinquième membre. C’est facile de travailler avec lui et nous n’avons pas à nous inquiéter, car nous savons qu’il obtiendra toujours un son explosif et puissant. Et jusqu’à présent, nous ne pouvons pas imaginer travailler avec quelqu’un d’autre.

– Enfin, vous allez aussi reprendre la route des concerts. Dans quel état d’esprit êtes-vous, car les fans vous attendent depuis si longtemps et sont aussi impatients que vous ? Peut-être même beaucoup plus…

Oui, nous allons jouer un peu plus maintenant et laisse-moi te dire ceci… Nous mourons d’envie de venir jouer les nouvelles chansons ! Car enfin, nous avons quelque chose de nouveau à proposer au public !

Le nouvel album de DOZER, « Drifting In The Endless Void », est disponible chez Blues Funeral Recordings.

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force à l’occasion de la réédition de leurs trois premiers albums chez Heavy Psych Sounds en 2020 :

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Classic Hard Rock Southern Rock

Suckerpunch : le feu aux poudres

Passionné et rugueux, SUCKERPUNCH ne triche pas. L’intensité et l’énergie distillées sur « Redneck Gasoline » dégagent une chaleur et une lumière Southern sous toutes les coutures. Rock et Hard, le combo passe de l’un à l’autre avec facilité et assurance. Toujours très fun et musclé, le jeu des Scandinaves fait preuve d’une sincérité qui force le respect… et met la patate !

SUCKERPUNCH

« Redneck Gasoline »

(Wormholedeath Records)

Leur premier EP sorti en 2015 s’intitulait très justement « Badass Boogie » et il définit parfaitement l’état d’esprit et la musique des Danois, le tout servi dans une atmosphère totalement Rock’n’Roll. Savoureux mélange de Hard Rock, de Classic et de Southern Rock, SUCKERPUNCH s’inspire de la grande tradition du sud des Etats-Unis avec une remarquable spontanéité et une fougue très sauvage.

On le croirait tout droit débarqué du Far-West s’il n’avait pas la plupart du temps les pieds dans la neige. Et pourtant, le quatuor se présente avec un deuxième album puissant, très accrocheur, tout en affichant une décontraction presqu’insolente. « Redneck Gasoline » s’écoute en boucle et malgré un certain classicisme, SUCKERPUNCH a l’art et la manière de figer le sourire et de déclencher l’enthousiasme.

Initialement sorti en 2019, et donc voué à un enterrement de première classe pour les raisons que l’on connait, c’est le label italien Wormholedeath qui nous fait pleinement profiter de « Redneck Gasoline » en rééditant cette suave, turbulente et addictive réalisation. SUCKERPUNCH joue simple et efficace et ne met pas longtemps à mettre tout le monde d’accord (« Go Big Or Go Home », « Filthy Rich », « Hell To Pay », « Last Call »). Explosif !

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Americana Blues Rock Classic Rock

Bourbon House : Roots’n’Roll

Le Rock très Blues et Americana de la formation du Wisconsin tire ses influences de la musique roots américaine. BOURBON HOUSE est parvenu à se forger un style et une sonorité très distinctive, grâce notamment à sa chanteuse, mais aussi et surtout à des morceaux d’une grande fraîcheur et d’une spontanéité de chaque instant sur ce très bon « The Fourth Album ».

BOURBON HOUSE

« The Fourth Album »

(Independant)

Comme annoncé il y a moins de deux mois dans l’interview à lire-ci-dessous, BOURBON HOUSE livre « The Fourth Album ». Judicieusement intitulé, il s’agit donc de la quatrième réalisation du groupe, qui avait déjà commencé à diffuser plusieurs singles depuis un bon moment. Très peu adepte des morceaux distillés au compte goutte et briseur, selon moi, de l’unité d’un l’album, c’est donc un plaisir de découvrir les onze morceaux réunis, d’autant qu’ils bénéficient d’une très bonne production.

Faisant suite à « Resonate », « Out For Blood », « High Road Gypsy », « Blue Magic » et « 20 To Life », on découvre les quatre titres inédits et deux versions acoustiques très réussies. Electrique ou unplugged, BOURBON HOUSE fait mouche à chaque fois et il faut reconnaître que son Rock’n’Roll brut et épuré mâtiné de Blues et d’Americana offre de multiples possibilités dans lesquelles les Américains s’engouffrent avec brio. 

Mené par la voix chaude et puissante de Lacey Crowe et les riffs endiablés du songwriter Jason Clark, BOURBON HOUSE franchit véritablement un palier avec « The Fourth Album », tant en ce qui concerne les compostions que l’attention apportée au son (« Love Is A Killer », « Villain », « Hotel Bar Blues », « Wild Days »). En toute logique, la prochaine étape devrait passer par un label, même si pour l’heure, ils ne semblent pas très emballés…

Retrouvez l’interview accordée à Rock’n Force : https://rocknforce.com/bourbon-house-le-rock-a-pleine-gorgee-interview/

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Psych Southern Stoner Stoner Doom

WyndRider : dense et opaque

Quand le Stoner Doom s’imprègne de la chaleur Southern du Tennessee, le son prend tout de suite une saveur spéciale. Et WYNDRIDER l’a parfaitement compris et déboule avec un premier opus éponyme inspiré et costaud. Derrière le micro, Chloe Gould impose sa griffe et guide l’ensemble avec fermeté tout en apportant une touche féminine très originale.

WYNDRIDER

« WyndRider »

(Independant)

C’est dans les montagnes de l’Est du Tennessee que WYNDRIDER a vu le jour. En mars 2022, le groupe donnait son premier concert et en septembre de la même année, il était en studio pour y enregistrer son premier album. Autant dire que les Américains ont les idées qui fuzzent… et il n’y a pas que les idées d’ailleurs. Le style compact et vibratoire dilué sur « WyndRider » a de quoi faire trembler les murs.

A la tête du combo, on trouve Chloe Gould, une chanteuse très Rock qui mène l’ensemble avec force grâce à une voix puissante qui sait aussi parfois se faire suave. Assez rare pour être souligné, WYNDRIDER fait donc partie de ces formations Stoner Doom à se présenter avec une frontwoman pleine d’assurance et capable de variations étonnantes. Psych et Southern, le chant d’action est donc vaste et le Fuzz, justement, domine.

Marqué du seau de Black Sabbath et teinté d’un Blues gras bien sudiste dans les riffs, le quatuor pose sa patte dès l’entame avec « Pit Witch » pour une mise en jambe solide. S’appuyant sur des mid-tempos massifs (« Creator », « Mother In Horns »), WYNDRIDER ne manque pas non plus de mordant et peut compter sur un chant qui monte en régime au fil du disque (« Electrophilia », « Space Paper/Acid Saloon »). Très convaincant !

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Hard Rock Heavy Rock Sleaze

Torrential Thrill : Australian lightning

Ample et généreux, TORRENTIAL THRILL fait enfin son retour avec un opus fédérateur, racé, mélodique et très pêchu. De quoi entretenir la flamme Hard Rock et Heavy Rock qui brûle en lui depuis ses débuts en 2014 sur son île-continent. Depuis l’autre bout du monde, le gang de rockeurs hausse le ton sans jamais se prendre vraiment au sérieux, et c’est tout ce qui fait sa force. « State Of Disaster » regorge d’influences et pourtant une réelle originalité et une forte personnalité en émanent. Explosif !

TORRENTIAL THRILL

« State Of Disaster »

(Independant)

Dans la plus pure tradition du Hard Rock australien, le quatuor de Melbourne se présente avec son troisième album après cinq longues années de gestation. Il faut aussi reconnaître qu’avec ses onze morceaux, « State Of Disaster » atteint l’heure d’écoute et il s’inscrit dans la lignée des deux premières réalisations du groupe (« Mars » en 2015 et « Nothing As It Seems » en 2017). Et cette fois, TORRENTIAL THRILL balance du gros son, grâce à une production exemplaire.

Dans la lignée de leurs aînés Rose Tattoo, Airbourne, The Angels et plus récemment The Poor ou Koritni (à retrouver d’ailleurs très bientôt en interview !), le combo électrise et galvanise sur un Hard Rock assez Heavy et un brin Sleaze. L’intensité rappelle les 90’s et la fougue irrévérencieuse qu’elles dégageaient. TORRENTIAL THRILL applique, certes, des recettes éprouvées, mais avec une résonnance très actuelle et une interprétation moderne et puissante.  

Sorte d’hybride de Hard Rock et de Metal, la formation océanique s’avère rapidement être une véritable machine à riffs, aussi épais que tranchants (« Illusion », « Role Model », « Dangerous Game »). Au chant, Chris Malcher agit comme une locomotive, la rythmique bastonne et à la guitare, Steve Morrell fait des étincelles (« Color Of Rose », « Animal Like Me », « State Of Disaster »). TORRENTIAL THRILL est à la fois fulgurant et accessible, et on ne peut que s’interroger sur le fait qu’aucun label n’ait encore mis la main dessus !

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Blues Blues Rock

Peter Storm & The Blues Society : modern & roots

Soufflant le chaud et le froid avec des titres Blues Rock fougueux et d’autres plus langoureux et feutrés, PETER STORM & THE BLUES SOCIETY est parvenu à s’inscrire une empreinte originale avec deux réalisations en trois ans, qui comportent étonnamment de nombreuses reprises. Avec « Second », les Portugais font preuve d’une grande diversité et de beaucoup de feeling.

PETER STORM & THE BLUES SOCIETY

« Second»

(Naked/Doner Productions)

Fleuron de la scène portugaise, le quatuor, en l’espace de trois ans, a braqué les projecteurs sur lui. Après quelques belles premières parties d’artistes internationaux et une prestation remarquée au fameux European Blues Challenge à Malmö en Suède, PETER STORM & THE BLUES SOCIETY semble avoir pris son allure de croisière et commence à se faire un nom au fil des concerts.

Simplement intitulé « Second », ce nouvel album fait suite à « First » (forcément !) où le groupe se présentait avec trois compositions originales et six reprises de Jimmy Burns, Carey Bell, James Harman et Sonny Boy Williamson. Des choix assez éclectiques qui en disent long sur PETER STORM & THE BLUES SOCIETY, ses influences et surtout le chemin qu’il a choisi d’emprunter.

Cette fois encore, les Lusitaniens se sont encore fendus de deux covers (« I Feel Like Breaking Up Somebody’s Home » d’Al Jackson et Timothy Matthews et « Beatrice » de Philip Walker). Le combo réalise une belle synthèse entre un Blues classique et un registre plus contemporain. PETER STORM & THE BLUES SOCIETY montre de beaux et solides arguments et devrait très vite s’imposer sur la scène européenne.

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Alternative Metal Alternative Rock International

Empyre : révélation alternative [Interview]

Avec leur deuxième album, « Relentless », les Anglais affichent beaucoup d’ambition et se présentent surtout avec une réalisation très aboutie, tant au niveau des morceaux que de la production. Volumineux et massif, le jeu d’EMPYRE navigue entre Metal et Rock, en courant alternatif et avec beaucoup d’émotion, et dans des sphères très atmosphériques voire progressives. Le groupe londonien a de la suite dans les idées et entend bien poursuivre son ascension sans attendre. Entretien avec Henrik Steenholdt, chanteur et guitariste du quatuor.

Photo : Rob Blackham

– Je vous avais découvert à l’été 2019 avec « Self Aware » où vous affichiez déjà de belles intentions. Vous voici maintenant chez Kscope pour votre deuxième album. Vu le catalogue du label, cela peut étonner un peu. Comment s’est fait le rapprochement qui a mené à cette signature ?

Au départ, nous ne cherchions pas et nous ne nous attendions pas à avoir de label pour la sortie de l’album. Nous l’avons donc abordé comme nous l’avions fait avec « Self Aware » et « The Other Side », dans le sens où nous avons payé nous-mêmes l’enregistrement, le mixage et le mastering. L’album était déjà prêt avant que Kscope n’ait jamais entendu parler de nous. Notre manager travaillait avec un autre groupe sur le label sœur de Kscope, Peaceville, et a suggéré d’envoyer l’album aux patrons des deux labels. Ils l’ont entendu et l’ont suffisamment aimé pour commencer à discuter d’un contrat.

– Avant de parler de « Relentless », j’aimerais qu’on dise aussi un mot sur la réalisation Unplugged qui le précède. On constate que votre musique se prête aussi très bien à un style acoustique. Est-ce que c’est d’ailleurs de cette façon que vous composez ?

Il y avait des compositions acoustiques sur « Self Aware » et c’est l’une des raisons pour lesquelles nous avons fait cette adaptation, qui est devenu l’album « The Other Side ». Nous composions souvent avec deux guitares acoustiques, et plus précisément je jouais de l’acoustique et Did (le lead guitariste – NDR) de l’électrique. Beaucoup de ces chansons se prêtaient donc à des réinterprétations acoustiques complètes, et nous nous sommes inspirés de la série des ‘MTV Unplugged’ des années 90. On voulait faire quelque chose de similaire avec cette ambiance.

Photo : Rob Blackham

– Revenons à ce nouvel album qui dénote de « Self Aware », notamment grâce à une production vraiment incroyable. Avec « Relentless », vos morceaux prennent une toute autre ampleur. Est-ce que c’est l’élément qui manquait à EMPYRE pour prendre le volume affiché aujourd’hui ?

L’une des raisons vient d’un changement dans l’approche de l’écriture et plus précisément dans la diversité de composition des chansons. Certaines idées commencent avec une guitare acoustique, d’autres avec une électrique et progressivement les chansons que j’écris aujourd’hui naissent sur un clavier, un piano, un synthé ou même un orchestre. A l’époque de « Self Aware », nous n’avions pas accès aux outils que nous avons découverts au cours des dernières années et donc les arrangements sont généralement plus simples et pas aussi variés. Cette fois, nous avons également passé beaucoup de temps à analyser individuellement les parties de basse, de batterie et de guitare.

– Vous avez enregistré l’album durant la période de pandémie. Est-ce que la noirceur et la mélancolie que l’on retrouve sur les morceaux viennent de ces moments compliqués, ou c’était déjà l’intention de départ ?

Pour moi, la pandémie a globalement été une expérience vraiment agréable et positive à bien des égards. Si on ne tient pas compte du fait que ce fut une période frustrante du point de vue de ne pas pouvoir jouer en concert, de n’avoir pas pu avancer autant qu’on l’aurait souhaité sur le groupe, tout le reste a été super. J’ai vu la pandémie comme une opportunité et en plus la première année il faisait beau et j’avais plus de temps pour me consacrer à la musique. J’ai découvert l’orchestration et la possibilité d’utiliser un tas de choses sur mon ordinateur pour composer pour EMPYRE et aussi pour mon plaisir personnel. Et puis, nous avions déjà beaucoup de choses prêtes. On avait déjà enregistré « The Other Side » et plusieurs vidéos. Nous sommes donc entrés en confinement et on a quand même réussi à sortir 7 singles, 15 clips et un album acoustique en 2020/2021, tout en écrivant et en commençant à enregistrer « Relentless ».

Photo : Rob Blackham

– Au-delà de l’aspect massif et ample de la production, vous avez aussi apporté un soin tout particulier aux arrangements. De quelle manière avez-vous procédé ? Vous avez décidé de beaucoup de choses au moment du mix ?

La plupart des parties jouées par le groupe, ainsi que l’orchestration et les synthés, ont été décidés avant l’étape du mixage. Cependant, nous avons beaucoup travaillé sur le mix. C’était un travail difficile, car il a fallu faire de la place à pour inclure tout ce que nous voulions. On a également essayé différents mixages pour certaines chansons, principalement sur les niveaux entre les guitares et les voix. Il y a même quelques pistes avec deux lignes de basse. Tout ça a pris beaucoup de temps.

– Si on retrouve également certaines sonorités Hard Rock sur l’album, il y a ce côté très atmosphérique et moderne, et parfois même progressif, qui domine l’ensemble. EMPYRE joue beaucoup sur l’émotion dans toute sa diversité. Vous êtes assez inclassables finalement ?

Nous n’essayons pas d’être classés sous quelque étiquette que ce soit, mais juste comme du Rock. Pourtant, c’est peut-être une faiblesse pour un groupe peu connu de ne pas être facilement identifiable, car cela veut aussi dire que certains supports peuvent ne pas nous juger assez lourds pour le Metal, ou pas assez Prog pour le Prog. Nous avons le même problème avec des plateformes comme Spotify. Ils ont des milliers de genres disponibles, mais nous ne sommes pas sûrs qu’ils nous aient encore vraiment cernés ! Avec le temps, on espère que cela deviendra une force et nous aidera à franchir les frontières du Rock et à plaire à un plus large éventail de personnes.

Photo : Rob Blackham

– Enfin, maintenant que vous êtes soutenus par un label de renom avec ce colossal « Relentless », quelle est la prochaine étape ? Vous préparez une tournée plus conséquente ?

Notre objectif depuis le départ est d’atteindre au moins de jouer dans les plus grands festivals de Rock d’Europe. Nous espérons aussi que sur ce chemin, nous pourrons faire de grandes tournées qui nous emmèneront en dehors du Royaume-Uni. Pour l’instant, jusqu’à ce que ces opportunités se présentent, nous nous concentrons sur la construction de notre base de fans européenne en diffusant notre musique et en faisant passer le mot via des relais médiatiques comme que le vôtre, qui font un travail inestimable pour des groupes comme nous qui essaient de se faire connaître. On espère que cela ne prendra pas trop de temps avant de pouvoir tourner à l’étranger en tant que soutien à un groupe plus connu, ou de constituer suffisamment de fans pour être viables nous-mêmes.

Le nouvel album d’EMPYRE, « Relentless », sort le 31 mars prochain chez Kscope.