Si le son actuel de CROBOT peut paraître aux oreilles de certains un peu plus lisse ou accessible qu’à ses débuts, il n’en est rien de la fougue et de l’impact de plus en plus conséquents du Hard Rock du quatuor. Avec « Feel This », les Américains confortent leur place plus que méritée aux côtés des plus grands. Irrésistibles, ils le sont de plus en plus, grâce à un chant tout en maîtrise, des riffs solides et une rythmique enfin stabilisée.
CROBOT
« Feel This »
(Mascot Records)
Personnellement, chaque nouvel album de CROBOT est toujours un ravissement. D’une part parce qu’ils sont en général d’égale qualité et d’autre part, parce qu’ils vous mettent une patate d’enfer ! Et « Feel This », cinquième effort des Américains, offre exactement ce que l’on attend du quatuor de Pennsylvanie : un savoureux mélange de Hard Rock pêchu, de quelques inspirations bluesy, voire Stoner et surtout d’un esprit Rock’n’Roll omniprésent.
Brandon Yeagley (chant), Chris Bishop guitare), Dan Ryan (batterie) et Tim Peugh (basse) n’ont pas changé de recette : un Hard US hargneux, dynamique et mélodique. Véritablement taillé pour la scène tant les refrains sont fédérateurs, « Feel This » propose quelques pépites, qui mettent en évidence la force collective de CROBOT et sa proportion à transmettre des émotions (« Electrified », Dizzy », « Holy Ghost », « Without Wings »).
D’une redoutable efficacité, les riffs tranchants et racés du quatuor restent un atout majeur du combo, qui s’affine au fil des albums (« Livin’ On The Street », « Into The Fire »). Très groove dans l’approche des morceaux, « Feel This » sonne très vrai et la production aux petits oignons signée Jay Ruston (Anthrax, Stone Sour) sert vraiment les titres. On notera également le vibrant hommage de CROBOT à Chris Cornell sur « Golden ». Un régal.
Etourdissant, frémissant et envoûtant, le Blues mâtiné de Rock de ROBIN TROWER reste d’un feeling et d’un groove imperturbable. Le guitariste anglais, sur qui le temps semble n’avoir aucune prise, vient garnir sa belle et grande discographie avec « No More Worlds To Conquer », un album aussi fin et précis qu’inspiré.
ROBIN TROWER
« No More Worlds To Conquer »
(Mascot label Group/Provogue)
Comment ROBIN TROWER fait-il pour afficher une telle régularité depuis 50 ans au fil de ses albums ? Je n’ai pas souvenir d’un mauvais disque, et pourtant il y en a eu. Le touché incomparable du bluesman anglais fait encore des merveilles sur « No More Worlds To Conquer ». Toujours en trio, il est accompagné de Chris Taggart derrière les fûts et de l’excellent Richard Watts au chant.
Comme très souvent, ROBIN TROWER assure la basse et il impose le rythme et surtout le groove au sein du groupe. Gardant intact la même fraîcheur affichée depuis toute ces années, le six-cordiste se laisse aller et nous berce de son feeling aussi fluide que concis. Et c’est sans exubérance aucune que le Britannique parvient à marier une grande sensibilité avec une belle attaque des morceaux.
Intemporel sur « Ball Of Fire », « Losing You » ou « Cloud Across The Sun », ROBIN TROWER guide se Fender Stratocaster de main de maître avec le doigté plein de précision qu’on lui connait. De riffs endiablés en solos cristallins, le guitariste semble inépuisable et sa créativité sans fin (« Birdsong », « The Razor’s Edge », « Day Dream », « Fire To Ashes »). Du grand art… encore et toujours !
Michael Schenker a beau empiler les albums sur un rythme effréné, ceux-ci ont toujours quelque chose de spécial. Si le guitariste allemand ne révolutionne pas le genre, il continue à livrer des disques où son jeu reste virtuose et où les arrangements surclassent très souvent ceux du Hard et du Heavy Rock actuel. Avec « Universal », MSG joue sur l’expérience et la créativité avec une élégance intacte.
MSG – Michael Schenker Group
« Universal »
(Atomic Fire Records)
Après plus de 50 ans de carrière, on n’a souvent plus rien à prouver, mais pour certains, on a encore des choses à dire. Et c’est très précisément le cas du grand Michael Schenker dont la mythique Gibson Flying V fait toujours des étincelles et sonne comme au premier jour. Cette fois, c’est sous la bannière de MSG, le Michael Schenker Group, que le virtuose présente « Universal ».
Elaboré avec son irremplaçable partenaire Michael Voss, pour la production comme pour la composition, ce nouvel album de l’Allemand sonne comme un retour aux sources, tant il semble faire de malicieux clins d’œil à toutes les époques que ce génie de la guitare a traversé… et il y en a eu ! Et comme d’habitude, MSG rassemble un casting de rêve sur cet opus particulièrement dense.
Autour de Ronnie Romero devenu chanteur principal, on retrouve Ralph Sheepers (Primal Fear), Michael Kiske (Helloween), Garry Barden (MSG), Barend Courbois (Blind Guardian) et l’ex-triplette de Rainbow : Bobby Rondinelli, Tony Carey et Bob Daisley. Et la dream team serait incomplète sans la légende Simon Philips, venu prêter main forte sur ce « Universal », qui figure parmi les meilleurs albums de MSG.
Avec Michael Schenker, les riffs sont expressifs, les solos étincelants, les ambiances Heavy et aussi planantes et surtout la fluidité du jeu du guitariste n’a pas son pareil. Entre Hard Rock et Heavy Metal, 80’s et 90’s, MSG régale sur chaque morceau sans jouer sur la nostalgie (« Emergency », « Under Attack », « A King Has Gone », « The Universe », « London Calling », « Wrecking Ball »). Stratosphérique !
Sept longues années après leur dernier album éponyme, le quintet anglais refait surface après avoir déjà présenté trois singles. Toujours dans le même registre, DEF LEPPARD livre « Diamond Star Halos », un opus dans la lignée de sa discographie, sans trahir le Rock Hard qui a fait sa réputation et son succès.
DEF LEPPARD
« Diamond Star Halos »
(Virgin Records/Universal)
Si ce que vous préférez chez DEF LEPPARD, ça reste DEF LEPPARD, alors ce douzième opus des Anglais devrait vous combler. Cela dit, on est toujours en droit d’attendre un peu de sang neuf et d’innovation, mais ça reste assez rare dans les actes. En ce qui concerne « Diamond Star Halos », le quintet fait le job et le fait toujours très bien. Certes, les 15 nouveaux morceaux ne sont pas essentiels, mais ils ne sont pas désagréables pour autant et présentent même quelques bonnes surprises.
On ne reviendra pas sur les trois premiers singles déjà dévoilés, « Take What You Want », « Kick » et « Fire It Up » qui sont pourtant les meilleurs titres de l’album. DEF LEPPARD a bien fait les choses et on reconnait là le professionnalisme du groupe, puisque les trois chansons ouvrent « Diamond Star Halos ». A noter aussi la présence fantomatique de T-Rex sur l’essentiel du disque, à travers une influence musicale évidente jusque dans le titre de cette nouvelle réalisation, qui est plus qu’un clin d’œil.
Musicalement, DEF LEPPARD se présente uni comme jamais, même si le groupe a dû jongler entre l’Angleterre, l’Irlande et les Etats-Unis pour mettre au point ces 15 nouveaux titres. Et ce changement de méthode ne semble pas avoir perturbé le groupe de Sheffield. Derrière son frontman Joe Elliot, les guitaristes Phil Collen et Vivian Campbell restent inspirés, tout comme la rythmique menée par Rick Allen (batterie) et Rick Savage (basse). Autrement dit, on ne change pas une équipe qui gagne.
Sur une production comme toujours irréprochable assurée par le groupe lui-même avec son ami et ingénieur Ronan McHugh, on retrouve le son si personnel de DEF LEPPARD. Les Anglais font ce qu’ils savent faire de mieux, à savoir un Rock musclé et mélodique (« SOS Emergency », « Liquid Dust », « U Rock Mi »). Fidèle à leur légende, les vétérans soufflent le chaud et le froid en alternant des titres plus tempérés, mais accrocheurs (« Unbreakable », « All We Need »).
Plus surprenant tout de même, la présence du pianiste Mike Garson (David Bowie) vient apporter à DEF LEPPARD un supplément d’émotion non-négligeable sur « Goodbye For Good This Time » et « Angels ». La star de la Country Music Alison Krauss, récemment apparue sur un album aux côtés de Robert Plant, est aussi de la partie sur les morceaux « This Guitar » et « Lifeless ». Assez conventionnel dans l’ensemble, on aurait pu espérer un rôle à contre-emploi, par exemple, pour plus de résonnance.
Finalement, les Britanniques livrent un album très convenable et très homogène. Bien sûr, on ne va pas demander à un groupe de cette trempe de tout chambouler du sol au plafond. Pourtant, on aurait pu s’attendre à un peu plus de folie de la part de DEF LEPPARD qui, avec ce « Diamond Star Halos », aligne tout de même 15 nouveaux morceaux. Cependant, on peut toujours compter sur Joe Elliot et ses hommes pour rendre de la bel ouvrage.
Fort d’un deuxième album très réussi et rivalisant haut la main avec les meilleures productions de Hard US actuelles, LAST TEMPTATION livre un « Fuel For My Life » torride, musclé et accrocheur. Mené par son frontman Butcho Vukovic, une rythmique basse/batterie imparable et un Peter Scheithauer dont les riffs et les solos débordent d’une énergie brute, le quatuor possède tous les atouts pour s’imposer durablement. Puissant, créatif et mélodique, le groupe s’apprête maintenant à défendre ce bel opus. Son fondateur et guitariste nous en dit un peu plus…
– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que l’on revienne sur ta déjà longue carrière. Tout d’abord, pourquoi es-tu revenu en France il y a un peu plus de dix ans, alors que tu étais reconnu et bien en place sur la scène américaine ?
Je vois que l’interview commence fort ! (Rires) En fait, je suis revenu faire des dates avec Killing Machine (AC/DC au stade de Nice et Stade de France), le Wacken Open Air, Graspop, Foire aux vins de Colmar, Bulldog Open Air, BloodStock, etc… Ma femme américaine est tombée amoureuse de l’Europe et voulait rester et avoir cette expérience, mais surtout avoir une vie plus sédentaire ! On est resté et trois ans après on a divorcé ! (Rires) Par la suite, j’ai séjourné entre la France et les Etats-Unis. C’est vrai qu’en ce moment, ça me manque.
– Tu as joué et enregistré avec le gratin mondial du Hard Rock et du Heavy Metal et partagé la scène avec des grands noms également. Est-ce que ce sont toutes ces rencontres et ces collaborations qui t’ont permis de trouver et d’affiner ton style, ton jeu et surtout ton son ?
Bien sûr, cela a joué un rôle dans ma façon d’approcher les solos, les grooves, les attaques médiator, etc… J’ai eu la chance de jouer avec Bob Daisley, et si au début on avait des prises de tête, il m’a beaucoup apporté. On en rigole maintenant. Puis, jouer avec des super batteurs tels que Eric Singer, Stet Howland ou encore Pat Torpey, tu n’as pas le choix que d’être en place. Mon oreille a changé au fil du temps. Vivre dans un pays qui baigne dans le Rock et Metal fait qu’elle s’habitue à certains sons et aussi certains grooves. Le meilleur exemple que je puisse donner, c’est le blues. Même s’il y a de bons bluesmen en Europe, on entend immédiatement la différence avec les Ricains. Bref, Robert Johnson ne vient pas d’Auvergne. Maintenant, le son de base vient de ton jeu, de ton attaque et de tes doigts.
– Tu as traversé les années 90 avec Stream et Belladonna, les années 2000 avec Killing Machine et Temple Of Brutality et maintenant LAST TEMPTATION. Quel regard portes-tu sur ces différents groupes ? Tu vois ça comme des expériences à chaque fois différentes, ou plutôt comme une évolution naturelle de ta carrière ?
Bon déjà, Stream, depuis le début, c’est mon bébé. Je l’ai créé quand j’avais 17 ans, tout d’abord en France, et ensuite j’ai continué aux US. Je peux même dire que LAST TEMPTATION est dans la continuité de Stream (surtout de l’album « Nothing Is Sacred »).
Quant à Belladonna, c’est une histoire en soi. J’avais des maquettes que j’avais enregistrées à Los Angeles et je cherchais un chanteur. Je suis allé au Foundation (un peu le MIDEM du Metal à l’époque) et j’ai vu Joey. J’ai commencé à lui envoyer des maquettes et il me les renvoyait avec son chant. À l’époque, Stream avait un deal avec USG/Warner Brother, je leur ai donc proposé ce projet. On avait même déménagé à Syracuse pendant quatre mois.
De retour à Los Angeles, toujours avec Stet, on répétait et on faisait la fête jour et nuit. On jammait sur des riffs et après quelques semaines, je trouvais que j’avais des morceaux assez Old School Metal pour faire un album dans cette direction. Quand on répétait, Mike Duda venait tenir la basse. Mike Vescera étant un ami à Stet, on avait notre chanteur. Killing Machine était né. On a sorti le premier album avec de bons retours de la presse. Quelques temps après, Stet ‘s’échappe‘ en Floride. Au même moment, je travaillais sur un nouveau Killing Machine avec David Ellefson, Jimmy DeGrasso et James Rivera (ce qui donnera « Metalmorphosis ») et j’ai suivi Stet en Floride. Il me l’a vendu comme le nouveau Paradis ! (Rires) Bon, c’était effectivement paradisiaque. J’ai fait écouter à Ellefson, deux jours après, on le cherchait à l’aéroport direction le studio. Quant à Todd Barnes, je l’avais vu dans un club à L.A. (le Coconut Teaser) et j’ai adoré sa prestance scénique et sa voix puissante. Ce look redneck : ‘je vais te tuer, si tu souris’ ! (Rires) Cet album m’est très cher. Ce fut la première d’un groupe qui savait ce qu’il voulait : pas d’ego, ni de problème relationnel. Sur scène, c’était très fort et les tournées, c’était des vacances… fatigantes, mais fun ! (Sourires)
Je vois cela plutôt comme tous les styles de Metal que j’aime. Bien entendu, chaque album et chaque tournée t’amènent de nouvelles expériences et cela te forge tant au niveau musical qu’humain. Evidemment, cela m’a fait évoluer musicalement, car tu joues avec des gens très différents et tu as la chance de pouvoir comparer différentes approches de travail et de jeu.
Peter Scheithauer – Photo : Joël Ricard
– Depuis trois ans maintenant et un très bon premier album éponyme, LAST TEMPTATION suit son chemin. Tu as monté le groupe avec Butcho Vukovic (ex-Watcha) au chant. Sur le précédent opus, il y avait des invités prestigieux. Quelle était l’idée de départ avec tous ces guests ?
Avec Butcho, on avait commencé sur un groupe un peu différent. Plus 80’s avec Affuso (Skid Row) et Rod (WASP). Au fur à mesure que je faisais des démos, j’avais beaucoup d’autres riffs qui sonnaient plus à la Sabbath ou Ozzy. Cela m’a donné envie de les envoyer à Bob Daisley (avec qui on s’est toujours dit que l’on referait un album ensemble). Il était excité à l’idée de faire cet album et les titres que je lui envoyais lui plaisaient beaucoup. Vient l’heure fatidique du chanteur. J’ai envoyé des démos à Butcho en lui précisant que Bob était très, très, très difficile au niveau vocal et guitare, et Bob a adoré. Le premier album est parti sur l’idée de « Nothing Is Sacred », donc avoir des musiciens auprès de nous que l’on a toujours appréciés et nous on fait ce que l’on est. C’était aussi très voulu à ce moment par notre label.
– De qui est aujourd’hui constitué LAST TEMPTATION ? Un certain Farid Medjane (ex-Trust, Face To Face) vient de vous rejoindre. Comment cela s’est-il passé ? C’est une recrue de choix…
Aujourd’hui, LAST TEMPTATION est une forte formation avec Butcho au chant, Julien ‘Baloo’ Rimaire à la basse, moi aux guitares et, maintenant, Farid a la batterie. J’avais vu des vidéos de Farid avant de faire le deuxième album et c’était mon premier choix. Mais j’étais persuadé qu’il vivait dans le Sud et je voulais une formation rythmique autour de Strasbourg, afin de pouvoir répéter assez souvent. On enregistre donc l’album avec Vincent Brisach à la batterie. Le Covid étant constamment présent, on n’a pas pu vraiment jouer live. En parlant avec Christian de l’agence No Name (avec qui l’on collabore en plus de Gérard Drout Productions), j’ai appris que Farid n’habitait pas loin de chez moi ! Le reste a coulé de source et est allé très vite.
– « Fuel For My Soul » vient tout juste de sortir et c’est une belle et grosse claque ! Comment s’est passé l’enregistrement et avec qui avez-vous travaillé ? Il présente aussi un son très américain…
Merci beaucoup. On a beaucoup répété les titres que l’on avait sélectionnés sur toutes les démos que l’on avait. Puis, on est rentré en studio et on a enregistré l’album en une semaine, tous ensembles pour garder ce feeling live et groovy. Puis, overdubs chant et guitares. On a ensuite envoyé les prises à un mixeur. Le son nous définit vraiment bien. On savait comment on voulait faire sonner l’album et j’ai assez l’habitude de produire des guitares en studio. On voulait garder l’esprit live, mais avoir un son plus précis. Le fait que l’on donne le mix à une personne qui n’avait pas travaillé sur les enregistrements a donné une autre dimension. On lui donnait la direction globale du son, mais en plus il avait une écoute plus fraîche que nous.
– J’ai lu que vous aviez composé 40 morceaux avec Butcho pour ce nouvel album. Vous en avez finalement gardé 11 et ils sont tous aussi solides que percutants. A l’heure où fleurissent les EP, c’est énorme d’écrire autant de titres ! Vous en avez gardé quelques uns pour la scène, le prochain album, ou alors c’est la crème de la crème et le reste va disparaître ?
Encore une fois merci. Il y a de très bons titres dans le lot que l’on a mis de côté, car on voulait aussi avoir un certain flow. Mais pour répondre à ta question, on ne garde rien. On part du principe qu’à cette période, on avait une certaine vibe et donc un certain feeling au niveau de l’écriture. Nous sommes déjà sur le prochain et on remarque que c’est un autre album. Certes, c’est du LAST TEMPTATION, mais un autre album.
– Musicalement aussi, on sent que vous avez nettement pris une nouvelle dimension au niveau de l’écriture. C’est enfin le LAST TEMPTATION que vous vouliez afficher avec Butcho dès le départ ?
Comme dit le premier album, c’est un peu comme les premiers pas. On sait où on veut aller, mais ce n’est pas encore bien défini. Là, on a une vraie formation musicale, on est ensemble et on a pu répéter les morceaux avant de les enregistrer. Nous voulions un relief différent sur cet album. Tout comme nous aimerions avoir un autre relief sur le prochain. On arrive à cette homogénéité et avec l’arrivée de Farid, cela se confirme.
– Si les ombres de Zakk Wylde et de George Lynch, époque Dokken, se font sentir dans ton jeu, LAST TEMPTATION possède désormais un style très identifiable et un jeu explosif. Même s’il sonne très moderne, il y a un agréable parfum 90’s. Ce sont finalement les années que tu trouves les plus créatives et celles qui t’inspirent encore le plus ?
Décidément je n’arrête pas de te remercier ! (Rires) En fait, j’aime vraiment toutes les périodes des 70’s à maintenant. Si je devais définir les décennies pour moi, ce serait 70’s avec Iommi et Van Halen, 80’s : Lynch et 90’s : Dimebag et Cantrell. Ce mix fait surement partie intégrante de mon jeu et de mon écriture. En termes de groupes, cela va de Kiss à Pantera.
– Enfin avec un album aussi costaud et si bien réalisé que « Fuel For My Soul » sous le bras, j’imagine que la scène doit plus que vous titiller. Qui a-t-il de prévu de côté-là ?
Nous sommes comme des lions en cage ! (Rires) Tout d’abord, le Hellfest le 18 juin à 14:20 MainStage 2 (Et on y sera – NDR). On est super excités. Nous avons des choses de prévues, mais on ne peut pas encore les annoncer. Mais on a hâte de rencontrer tout le monde. Ça va faire du bien de pouvoir s’éclater à nouveau et reprendre là où on s’est arrêté en 2020 !
L’album de LAST TEMPTATION, « Fuel For My Soul », est disponible depuis le 20 mai Crusaders Records
Vétéran incontournable de la scène européenne depuis trois décennies, Leo Leoni a toujours son étincelante Gibson, et elle fait dorénavant briller son nouveau groupe CORELEONI depuis trois albums. Avec « III », les Suisses commencent à trouver leur véritable identité musicale, forgée dans un Hard Rock mélodique et relevé. Une éternelle jeunesse.
CORELEONI
« III »
(Atomic Fire Records)
Depuis 2018, le légendaire guitariste et fondateur de Gotthard, Leo Leoni, continue d’entretenir la flamme du Hard Rock classique et vigoureux qui brûle en lui. Après un « Greatest Hits, Part 1 », « puis « II », CORELEONI enchaîne assez logiquement avec « III » et tout de même avec quelques changements. L’excellent Ronnie Romero, parti chez MSG, laisse sa place à l’Albanais Eugent Bushpepa, qui s’avère être un redoutable vocaliste lui aussi.
Si l’ombre de son ancien groupe plane toujours sur CORELEONI, le six-cordiste se détache de plus en plus de son répertoire d’antan et parvient sans mal à se renouveler. Il faut reconnaître que l’arrivée de ce nouveau chanteur au style plus personnel apporte beaucoup de fraîcheur à ce troisième opus. Soudé, le quintet avance comme un seul homme sur des morceaux musclés, toujours très Rock, ainsi que des ballades plus délicates.
Fidèle à sa réputation, ça sent bon la Les Paul et les Marshall chez CORELEONI, ce qui maintient une certaine intemporalité dans les nouveaux titres des Helvètes. Classique et à la fois très actuel, « III » regorge de morceaux taillés pour la scène comme « Let Life Begin Tonight », « Purple Dynamite » ou « Guilty Under Pressure ». Et en plus des dix nouvelles compos, le groupe livre une version explosive de « Jumpin’ Jack Flash » et quatre autres de Gotthard.
Sans afficher une lourdeur trop pesante, le Doom de GONEZILLA se précise au fil du temps et après deux EP et un album, les Lyonnais livrent leur deuxième réalisation, « Aurore », tout en accueillant la chanteuse Karen Hau. Venant contraster un growl ravageur, elle apporte un peu de douceur mélancolique au quintet, dont l’évolution gothique et progressive se précise aussi. Ce nouvel opus montre également une maturité évidente sur laquelle revient la frontwoman du groupe.
– Avant de parler du nouvel album, j’aimerais que l’on évoque ton parcours. Tu es arrivée au sein de GONEZILLA il y a moins de deux ans et tu œuvres toujours chez Octavus Lupus. Comment s’est passé ton arrivée et qu’est-ce qui t’a motivé à te lancer dans cette nouvelle aventure?
En fait, j’étais en contact avec Julien (Babot, lead guitare – NDR) depuis cinq ans sur Facebook. Les groupes amateurs de Metal se connaissant tous un peu. Et il m’a contacté un jour sans savoir encore si c’était pour prendre le relais sur GONEZILLA, ou pour un side-projet. Il m’a fait écouter ce qu’il faisait et le côté sombre m’a immédiatement plu. Ensuite, il m’a envoyé un instrumental avec un texte. J’y ai posé des lignes de chant et Clément (Fau, basse – NDR) et lui ont été convaincus.
– Tu l’as vécu comme un challenge, ou plus simplement comme l’évolution naturelle de ton parcours de chanteuse ?
Plutôt comme une opportunité. Je ne viens pas du Doom Metal, mais plutôt du Rock, du Symphonic et du Progressif. Il a donc fallu que j’en écoute et que je m’en imprègne. Mais la musique que m’a envoyée Julien m’a vraiment touché et j’ai tout de suite adhéré.
– L’album a été finalisé assez rapidement après ton arrivée. Tu as réussi à imposer ton style et tes idées, ou est-ce que « Aurore » était déjà entièrement écrit ?
En ce qui concerne l’instrumental, la plupart des morceaux était écrite et d’autres sont arrivés un peu plus tard. Pour les textes, Julien et moi les avons écrit au fur et à mesure. Comme le projet était ultra-motivant, tout s’est très vite enchaîné. On a tous été très réactifs et il y a eu une véritable émulation.
– Justement, pour rester sur le chant, GONEZILLA a la particularité de présenter des textes en français. C’est la volonté de se démarquer de la scène Metal et Doom hexagonale, sachant que peu de groupes osent s’y aventurer ? Ou alors pour faire aussi passer plus facilement vos paroles, puisque ton registre est clair ?
Il y a un peu des deux, c’est sûr. D’un côté, on voulait se démarquer et l’ensemble du groupe a aussi un certain goût pour la poésie française, tout simplement. La langue française permet aussi beaucoup de subtilités, déjà parce qu’on la maîtrise mieux, et aussi parce que je trouve, à titre personnel, qu’elle offre plus de nuances que l’anglais dans la majorité des cas.
– Musicalement, le Doom de GONEZILLA est très sombre bien sûr, mais il contient aussi de nombreux passages assez progressifs et même post-Metal. C’était important aussi pour vous de vous distinguer en apportant peut-être un peu plus de lumière et une certaine légèreté ?
En fait, Julien a clairement des influences progressives, je pense. De mon côté aussi, j’ai grandi en écoutant Pink Floyd, Led Zeppelin, du Rock Progressif et plus récemment du Metal Progressif. C’est un bagage qu’on a tous en commun. Je ne dirai pas pour autant que c’est pour apporter consciemment de la lumière à notre style. C’est quelque chose de plus inconscient, à mon avis.
– Votre album a également des aspects gothiques dans la musique comme dans les textes. C’est une extension assez naturelle lorsqu’on fait du Doom, car les deux univers sont souvent très différents ?
C’est vrai que l’on retrouve des influences gothiques qui sont venues naturellement, en fait. Même si nous ne sommes pas très, très fans des étiquettes, je pense qu’on peut quand même dire que GONEZILLA est un groupe de Doom Gothic, oui.
– Il y a aussi un gros travail d’effectué sur les atmosphères et les ambiances dans les morceaux, qui sont d’ailleurs assez longs. Vous travaillez vos textes en fonction, ou c’est la musique qui les inspire ?
En général, Julien compose et propose ensuite un squelette en précisant où se trouvent le chant féminin et le chant masculin, ainsi que l’ambiance attendue. A partir de là, j’écris les textes et on voit si cela correspond à ce qu’il avait en tête en composant le morceau. De mon côté, je fonctionne en écrivant d’abord le texte, la mélodie vient après.
– Justement sur le chant, il y a cette dualité entre ton chant clair et le growl de Florent (Petit – guitare, chant). De quelle manière construisez-vous ces deux aspects ? Y en a-t-il un qui guide l’autre ou il n’y a pas de véritable lead?
Pour le lead, il n’y en a pas vraiment, car c’est Julien qui nous dit où chanter. Pour l’essentiel, c’est beaucoup de communication entre nous. Florent et moi avons réussi, malgré la distance, à tisser des liens humains très importants. Cela nous permet d’avoir une vraie collaboration et beaucoup d’échanges. C’est presque un duo.
– GONEZILLA a maintenant un peu plus de dix ans d’existence, et le line-up semble aujourd’hui stabilisé. « Aurore » est-il une nouvelle étape pour le groupe ? Est-ce que vous le voyez comme ça ? Comme un cap de franchi ?
Pour te donner le point de vue du reste du groupe, qui est là depuis bien plus longtemps que moi, GONEZILLA est aujourd’hui ce qu’il aurait du être depuis des années déjà !
– Enfin, maintenant que la situation est revenue à la normale et que la reprise des concerts bat son plein, comment allez-vous organiser votre set-list ? GONEZILLA compte deux EP et deux albums. Allez-vous vous focaliser sur le dernier, sachant que c’est ton premier avec le groupe ?
Oui, l’attention va être portée sur le nouvel album, que l’on commence tout juste à défendre sur scène. Nous avons aussi du faire des choix sur les morceaux qu’on voulait présenter. Plus tard, on envisage de reprendre certains titres plus anciens. J’ai commencé à en travailler certains. Avec Céline (Revol, l’ancienne chanteuse – NDR), on n’a pas tout à fait la même tessiture de voix, donc il y aura sûrement des choses que j’interpréterai différemment. Tout en respectant ce qui a été fait, il y aura des nuances sur le volume et mon ressenti, je pense. On y réfléchit !
L’album « Aurore » de GONEZILLA est disponible depuis le 22 avril chez M&O Music.
Deuxième album pour MOTOR SISTER qui abandonne les reprises pour se lancer dans un répertoire original. Avec « Get Off », le super-groupe se dévoile un peu, sans pour autant affirmer un style encore très identifiable. En passant d’un Hard’n Roll musclé à des titres Thrash presque Punk et d’autres plus Heavy ou Rock, le quintet peine un peu à se trouver.
MOTOR SISTER
« Get Off »
(Metal Blade Records)
Au départ, le chanteur Jim Wilson voulait juste se faire plaisir avec quelques amis sur des reprises de son groupe Mother Superior. Plutôt bien entouré, l’Américain a tapé dans l’œil du label Metal Blade Records et un premier album de covers, « Ride », est sorti en 2015. Explosifs, les morceaux ont repris vie et finalement MOTOR SISTER s’est soudé autour d’un line-up assez haut de gamme.
Composé de la chanteuse Pearl Aday (Pearl), du guitariste Scott Ian (Anthrax), du bassiste Joey Vera (Armored Saint) et du batteur John Tempesta (White Zombie, The Cult), le combo a fière allure et s’est lancé dans la composition d’un album original, à l’exception d’une reprise de Mother Superior, « Rolling Boy Blues ». Pour le reste, MOTOR SISTER a fait dans la nouveauté et la fraîcheur.
Seulement en écumant le back-catalogue de son groupe, Jim Wilson savait où il allait et il avançait en terrain connu. S’il est légitime de vouloir écrire de nouveaux morceaux, notamment avec de tels musiciens, encore faut-il qu’il y ait une ligne directrice et une idée précise. Or chez MOTOR SISTER, ça part dans tous les sens et on s’y perd un peu. Tous les styles convergent sans véritablement se retrouver. Dommage.
THUNDER fait partie de ces groupes qui se bonifient avec le temps. Après un très bel opus l’an dernier, le quintet est déjà sur le pont avec un double-album dans les bras. « Dopamine » ne pouvait pas mieux résumer ce nouvel effort des Britanniques, tant il est varié et contient tout ce que le Classic Hard Rock a de meilleur. Heavy Rock, Blues, Southern : les Anglais font le tour de la question avec brio.
THUNDER
« Dopamine »
(BMG)
Décidemment, après plus de 30 ans de carrière, THUNDER semble plus prolifique que jamais. Après « All The Right Noise » sorti l’an dernier dans une période compliquée pour tous, les Anglais sont déjà de retour et cette fois, c’est même avec un double-album. Et à en croire son titre, « Dopamine », c’est bien ce qui parait avoir boosté le groupe. D’ailleurs, le contenu va dans le même sens, celui d’un Classic Hard Rock élégant.
Sortir 16 morceaux sur un même disque est devenu une démarche plutôt rare de nos jours. Pourtant, contrairement à pas mal d’autres, THUNDER n’est pas allé fouiller dans ses archives ou ses fonds de tiroir pour nous proposer « Dopamine ». Les Britanniques se sont tout simplement révélés être particulièrement inspirés. Et le résultat est brillant, en plus de sa production, qui est remarquable en tous points.
Malgré le volume de l’album, THUNDER a pris le soin de peaufiner les arrangements de chaque morceau, que ce soit avec des notes de piano ou des chœurs féminins incroyables. Pour autant, le quintet a conservé son côté musclé et ses riffs aiguisés (« The Western Sky », « Black », « The Dead City »), ainsi que ses aspects bluesy et Southern (« Big Pink Supermoon », « Even If It Takes A Lifetime »). Classieux et racé.
Très Rock et toujours aussi pétillante, la frontwoman Dorothy Martin sort le troisième album de son groupe, « Gifts From The Holy Ghost », où elle s’impose dans un Rock Hard US costaud. Ce nouvel opus de DOROTHY confirme une volonté et une ardeur plus que jamais évidentes. Déterminé et fédérateur, le combo affiche une fraîcheur percutante.
DOROTHY
« Gifts From The Holy Ghost »
(Roc Nation)
Avec un album de cette trempe, DOROTHY devrait asseoir de manière pérenne son statut de très bon groupe de Rock Hard US. Basé à Los Angeles et mené par sa frontwoman d’origine hongroise Dorothy Martin, le combo livre à nouveau un très bon opus entre puissance et délicatesse. Quatre ans après « 28 Days In The Valley », la chanteuse affirme son style.
« Gifts From The Holy Ghost » se distingue par un sentiment d’urgence qui le rend plus pêchu et plus rentre-dedans que ses deux prédécesseurs. Produit par le très expérimenté Chris Lord Alge (Avenged Sevenfold), les influences Rock, Heavy et bluesy de DOROTHY resplendissent et se fondent dans une unité que le groupe n’avait encore jamais atteint.
Avec le soutien de Keith Wallen, Jason Hook, Scott Stevens, Phil X, Trevor Lukather et Joel Hamilton, cette nouvelle réalisation se veut aussi solide qu’accrocheuse et la chanteuse prend une envergure nouvelle (« Beautiful Life », « Top Of The World », « Black Sheap », « Made To Die »). Entre punch et mélodies imparables, DOROTHY semble libérée et sur de bons rails.