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Heavy metal

Existance : jeunes loups aux dents longues

Efficace, direct et terriblement Heavy, « Wolf Attack » est sans nul doute l’album le plus abouti d’EXISTANCE. Très bien produit et masterisé par Jacob Hansen, ce nouvel opus du quatuor français fait preuve d’une énergie et d’une précision chirurgicales. La nouvelle génération du Heavy Metal hexagonal compte plus que jamais un atout majeur.

EXISTANCE

« Wolf Attack »

(Independant/BloodBlast)

C’est toujours en toute indépendance qu’EXISTANCE sort son troisième et très réussi nouvel album. Produit par François Merle, guitariste de Malignance, « Wolf Attack » bénéficie d’un gros son, massif et cristallin, qui met parfaitement en relief la qualité des compos, à travers un Heavy Metal toujours aussi musclé et terriblement moderne. Percutant et mélodique, la synthèse est très réussie.

Dans une tonalité très NWOBHM qui aurait été revisitée et rafraîchie de fond en comble, EXISTANCE remet brillamment à jour le logiciel impérissable d’un Heavy Metal teinté de Hard Rock, qui fait ses preuves depuis des décennies. Julian Izard, chanteur, guitariste et fondateur du combo, offre une incroyable prestation et il n’est pas le seul. Le quatuor dans son entier livre une copie magistrale.

En effet, il livre des morceaux solides et pour certains véritablement taillés pour la scène (« Highgate Vampire », « Rock’n Roll », « You Gotta Rock It »). Véloce et virevoltant, EXISTANCE a trouvé son allure de croisière et si la mer est agitée, les Français gardent le cap avec maestria. Le talent et la dextérité de la formation dont mouche sur onze morceaux très convaincants.

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France Melodic Metal Metal Indus

Dust In Mind : en totale maîtrise [Interview]

C’est demain que le quintet français DUST IN MIND sort son nouvel album, « CTRL ». Moderne, mélodique et Indus, le groupe se présente avec un quatrième effort plein de confiance et très inspiré. Ressorti renforcé de cette période obscure, le groupe se livre à travers des émotions fortes dans des atmosphères très urbaines, des refrains addictifs et soutenu par une production massive doublée d’une belle force de frappe. La frontwoman du combo, Jen, nous parle de ce nouvel opus, ainsi que du travail collectif des musiciens du combo.

– Votre quatrième album, « CTRL », vient de sortir et il présente une direction artistique aboutie et une très belle production. DUST IN MIND s’affirme avec beaucoup d’assurance. C’est aussi votre sentiment ?


Merci beaucoup ! Oui, c’est également notre ressenti. On ne va pas faire dans le cliché et dire que c’est l’album de la maturité, (Rires) mais on sent que l’on est dans la bonne direction. On se sent en phase à 2000% avec tout ce que l’on fait, et on travaille sur tous les aspects de la production que ce soit la vidéo, les photos et le son. Cela demande énormément de travail et nous constatons que le public le ressent aussi, donc nous en sommes très heureux.

– Vous avez dit que la période de confinement vous avait aidé à travailler sur vos objectifs et votre son également. En quoi cette démarche a-t-elle modifié ou renforcé le groupe ?

On peut dire que l’on a beaucoup cohabité pendant ce confinement. Plutôt qu’uniquement le subir, on a pensé que c’était le bon moment pour travailler notre son et aussi faire des soirées brainstorming à rallonge, où l’on a beaucoup discuté. On l’a fait dans nos vies personnelles, et aussi dans celle du groupe. Nous avons une très bonne cohésion et je pense que c’est ce qui fait notre force. Nous voulons aller dans la même direction et nous faisons tous les mêmes sacrifices. Entre deux confinements, nous nous sommes isolés plusieurs jours dans une salle de concert, où nous avons travaillé le côté scénique et le jeu de lumière. Et nous avons également fait appel à un coach pour la première fois. Nous avons peaufiné notre jeu de scène, mais nous avons aussi passé beaucoup de temps à faire des exercices de cohésion de groupe, de lâcher prise, etc… C’était très précieux pour nous et cela a encore plus resserré nos liens.

– DUST IN MIND évolue dans un Modern Metal avec des dominantes Indus et même un peu symphoniques. Ce sont pourtant des registres assez opposés. C’est un mix qui vous est venu facilement et naturellement ?

Je ne pense pas qu’il y ait 1% de symphonique dans DUST IN MIND ! (Rires)(Pourtant vocalement, on y est très souvent ! –NDR) Mais oui, nous évoluons dans un registre Indus depuis les débuts du groupe. Nous avons aussi un coté très groovy, très Korn comme le disent certain. Et c’est vrai que nos influences étant Korn et Pain, nous nous présentons simplement comme un groupe de Modern Metal/Indus. Cette tendance est tout à fait naturelle et colle parfaitement au groupe et à nos personnalités.

– « CTRL » est un album très lumineux et paradoxalement certains passages, ainsi que vos textes sont très sombres. Quelle est la thématique générale, car on pense parfois à un album-concept ?

Cela pourrait être apparenté à un album-concept, pourtant il n’a pas été réalisé dans cette optique. En écrivant les textes, je laisse juste parler mon cœur de manière primitive. Et au final, c’est vers la fin de l’album que j’ai réalisé qu’il y avait bien un thème général qui ressortait clairement. Cette notion de contrôle des émotions, de lâcher prise qui peut faire parfois peur ou l’addiction aux émotions intenses, etc…


– DUST IN MIND se distingue aussi par sa double dualité vocale, grâce à un chant féminin et masculin d’un côté, ainsi que clair et growl de l’autre. C’est un aspect de votre musique que vous travaillez plus particulièrement et dont vous soignez un peu plus les arrangements ?

En effet, c’est quelque chose sur laquelle nous essayons de travailler et surtout d’évoluer. Sur ce nouvel album, nous avons beaucoup travaillé sur les voix et nous avons aussi expérimenté et osé. On voulait également casser certains codes comme le fait que la chanteuse ne doit pas nécessairement chanter tous les refrains. Damien (Dausch, guitare et chant saturé – NDR) chante plus que d’habitude et présente également un panel vocal beaucoup plus riche. C’est très plaisant et cela donne plus de diversité à l’album.

– Sur le morceau « Synapses », il y a  un passage chanté en français, qui se distingue aussi du ton du titre par son style. Comment vous est venue l’idée, et est-ce que c’était important pour vous que votre langue maternelle ait aussi sa place sur l’album ?


C’est vrai, car cela fait quelques temps que nous souhaitions faire un clin d’œil à notre langue maternelle. Et lorsque « Synapses » a été composé, c’est tout naturellement que j’ai posé des paroles en français. Nous réalisons que beaucoup de nos fans à l’étranger ne savent pas que nous sommes français. Il y a quelques années, j’essayais tant bien que mal de camoufler mon accent et aujourd’hui, je le regrette presque. Nous sommes français et la French Touch a une bonne image à l’étranger, alors pourquoi s’en cacher ? Je préfère l’assumer.

– Vous déclarez avoir plus de 10 millions de streams. Concrètement, quel est l’impact réel ? Cela se sent dans les ventes d’albums ou, peut-être et surtout, sur la fréquentation des concerts ?


Oui, cela se sent dans les ventes d’albums, et heureusement. Mais honnêtement, le nombre de streams (de Spotify par exemple) est une valeur objective. Si on tombe dans des playlists éditoriales, cela aura de suite un très gros impact. Et c’est une grande chance de nos jours, c’est vrai.


– Enfin, la pochette de « CTRL » est une photo de Freaky Hoody, connu notamment pour ses tatouages. Quel est le message ? Vous vous sentez proches de sa démarche ? Et vous êtes-vous rencontrés ?

Oui, nous nous sommes rencontrés, car c’est nous qui avons réalisé le clip de « Take Me Away » dans lequel il joue. Nous l’avons découvert dans une vidéo sur les réseaux sociaux et nous avons accroché à son histoire. Nous véhiculons des messages de tolérance que ce soit en termes de couleur de peau, de religion, d’orientation sexuelle, sur les tatouages, etc…
Faire appel à lui pour notre clip était plutôt naturel. Et à la fin du tournage, nous lui avons proposé de poser pour notre pochette et nous avons improvisé un shooting. C’était extra ! 

L’album « CTRL » de DUST IN MIND sera disponible demain (le 19 novembre) chez DarkTunes Music Group

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France Heavy metal

ADX : une vision française du Metal [Interview]

Fer de lance de la scène Speed et Heavy Metal française dans les années 80, ADX est toujours fidèle au rendez-vous et a su adapter son jeu et la production de ses albums aux époques traversées. 30 ans après « Weird Visions », un opus en anglais diversement appréciée, le groupe en livre sa version française avec une approche nouvelle des morceaux et une détermination de chaque instant. Membre fondateur et dernier rescapé du line-up originel avec le chanteur Phil Grelaud, son batteur Didier ‘Dog’ Bouchard revient sur le parcours d’ADX, ses choix et ce nouvel opus, « Etranges Visions », très relevé.

– On va commencer par un peu d’Histoire pour les plus jeunes. ADX a 40 ans cette année et vous vous êtes imposés dans les années 80 sur la scène Heavy Metal française. Avec une douzaine d’albums à votre actif, quel regard portes-tu sur la scène hexagonale actuelle, vous qui faites partie des précurseurs ?

Comme dans les années 80, il y a toujours beaucoup de groupes de qualité, vraiment, et c’est malheureusement ce qu’il y a autour qui ne suit pas. Les infrastructures et tout ce qu’il faudrait ne sont toujours pas là. Je ne parle pas de Gojira, qui est plus américain que français maintenant. A côté de Mass Hysteria ou Ultra Vomit, il y a plein de groupes, mais c’est toujours aussi difficile de faire du Metal en France. Ça, on le sait depuis 40 ans, et on n’est pas surpris.

– Vous sortez « Etranges Visions » qui est la version française de « Weird Visions » sorti en 1991, et qui est d’ailleurs votre seul album en anglais. A l’époque, c’était une demande insistante de votre label Noise. Est-ce que c’est un regret aujourd’hui, ou au contraire, une bonne expérience ?

C’est du 50/50. Quand on a fait cet album, Noise et Roadrunner sont venus frapper à la porte d’ADX. Lorsque de tels labels s’intéressent à toi, c’est très flatteur. Mais il fallait faire un album en anglais, sinon ils ne nous signaient pas. Quand tu es jeune, tu te dis que tu vas faire un effort, car de leur côté, ils en faisaient un aussi, puisqu’une version française était prévue. Mais elle n’a jamais vu le jour. On a donc quelques regrets, car on a perdu des fans en France. On en a gagné en Europe et même au niveau mondial. L’album s’est assez bien vendu à l’étranger, mais en France, ça a été plus compliqué. Phil (Grelaud, chant – NDR) s’en souvient bien pour en avoir pris plein la gueule ! Phil en anglais, c’est un peu comme Bernie (Bonvoisin de Trust – NDR). C’est le franchouillard, alors on a un peu morflé. Si c’était à refaire, on pourrait mieux le faire, je pense. En attendant, ADX c’est français, ça chantera toujours en français et jusqu’au bout ! C’est bon, on a compris ! (Rires)

– L’idée de cette nouvelle version vient-elle du fait que l’ensemble de votre discographie soit en français, sauf cet album finalement ?

En fait, c’est une attente du public. Depuis 30 ans, on nous dit que cet album était bien, alors pourquoi ne pas le refaire en français ? Comme nous avons perdu pas mal de fans à la sortie de cet album, il était temps de le refaire en français et d’y mettre aussi un petit coup de jeune.

– D’ailleurs, y a-t-il des changements au niveau des textes en raison de la traduction notamment, ou est-ce que les paroles sont très fidèles aux originales ?

Ah non, pas du tout. J’ai ressorti les paroles en français, qui avaient été écrites à l’époque et franchement 30 ans après, j’avais envie de rigoler. On a gardé l’histoire et le thème de chaque morceau et on a refait toutes les paroles. 

– Musicalement, ce qui est intéressant, c’est que « Etranges Visions » n’est pas non plus la copie conforme de la version anglaise. Outre la production qui est très actuelle, on note aussi de nouveaux arrangements. Vous avez été tentés de faire beaucoup de modifications ou, au contraire, les choses se sont faites naturellement ?

On s’est mis autour d’une table et on s’est dit : voilà, en 1991, cet album était comme ça. On va garder la base, les riffs, etc… mais on va mettre une couleur actuelle et surtout celle d’ADX aujourd’hui. Pour le chant, on a donc changé les paroles. Les gratteux ont eu carte blanche, mais en gardant la base, c’est-à-dire que les solos et la basse ont été refaits. Pour ma part, la batterie à l’époque était déjà très rapide et très technique, j’y ai juste ajouté quelques trucs. On a voulu garder un peu de ce qui avait été fait en 1991 et y ajouter beaucoup de ce qui se fait actuellement.

Didier ‘Dog’ Bouchard, batteur et fondateur d’ADX

– D’ailleurs, lorsqu’on sort une version dans une autre langue, est-ce que l’on garde constamment un œil et une oreille sur l’originale ou au contraire, on essaie de s’en défaire ?

Non, on a gardé une petite oreille sur l’originale, mais sans plus. ADX a sorti des albums très actuels récemment, comme « Bestial », par exemple, alors on voulait mettre beaucoup de couleurs autour de cette version pour qu’elle sonne aussi moderne que ce que l’on fait maintenant. C’est pratiquement un nouvel album en fait. En tout cas, pour nous, ça l’est !

– Bien sûr, l’ADN du groupe n’a pas bougé depuis vos débuts et pourtant ce nouvel album sonne résolument moderne. La production d’« Etrange Visions » est massive avec beaucoup de relief. Est-ce que vous avez travaillé différemment cette fois ?

On a travaillé comme sur nos derniers albums avec Francis Caste, qui fait partie de la famille, parce que c’est le quatrième album que nous faisons avec lui. On a bossé de la même manière. On lui a demandé de garder la patate des années 90, car l’album est assez Thrash et technique, tout en mettant ce que l’on fait actuellement au niveau du son. On voulait le mélange de l’ancien et du nouveau et, personnellement, je trouve l’album très puissant.

– Vous avez fait appel à un financement participatif pour l’album. C’est un choix délibéré pour garder une certaine liberté, ou est-ce par nécessité vu l’état de l’industrie musicale ? Car ADX possède tout de même une belle notoriété…

Nous sommes autoproducteurs avec notre petite maison à nous, mais c’est hyper difficile, car ce n’est pas notre métier. On avait déjà fait ça pour « Bestial », alors on s’est dit qu’on pourrait le refaire pour celui-ci. En fait, notre management a un peu poussé dans ce sens. On s’est dit que ça faisait un peu les mecs qui n’ont plus de sous, donnez-nous de l’argent pour faire l’album, etc… Mais, ce n’est pas ça du tout ! En fait, c’est de la prévente. Et les fans ont suivi et ça a super bien marché. Mais c’est la dernière fois que nous le faisons. On est en train de voir pour trouver une maison de disques, parce que c’est un vrai métier, même si notre équipe travaille bien.

– Parlons un peu de la scène. Est-ce qu’auparavant vous jouiez facilement les morceaux de « Weird Visions », sachant que votre répertoire est essentiellement en français ? Et d’ailleurs, est-ce que l’approche vocale est très différente ?

En fait, on a abandonné cet album environ deux ans après sa sortie. Tout ce qui était en anglais, on l’a viré ! On a donné, c’est bon ! (Rires) Quand tu fais du gros Death Metal en français avec d’énormes hurlements, ça passe. Mais avec une voix claire, beaucoup moins ! Pourtant, Trust et Warning l’ont fait et ce sont de grands groupes ! Il en faut des groupes qui chantent en français, merde !

– Enfin, depuis un bon moment, on note une grande forme des groupes français issus comme vous des années 80 avec Sortilège, Nightmare, Titan et d’autres. Sans tomber dans la nostalgie, cela ferait un beau plateau, non ?

On en parle de plus en plus. On a même commencé à évoquer une tournée. Tu sais, un truc sur le concept années 80 comme avec Patrick Juvet où on partirait sur un bateau, ou une péniche pour nous ! (Rires) Blague à part, c’est vrai que ça pourrait être sympa et je suis sûr que ça attirerait du monde. Il faudrait trouver le tourneur, c’est toujours la même chose… Actuellement, notre tourneur est en train de se battre pour les salles, car on a vraiment envie de jouer !

Le nouvel album d’ADX, « Etranges Visions », sera disponible le 19 novembre et distribué par Season Of Mist.

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Blues Rock

Joe Bonamassa : le Blues à hauteur de guitare

L’homme au costume n’en finit plus d’étonner et de séduire depuis quelques albums déjà. Beaucoup plus intime et authentique, le jeu et le songwriting du guitariste-chanteur ont rarement atteint de tels sommets. Avec « Time Clocks », JOE BONAMASSA célèbre le Blues et le Rock brillamment, tout en se montrant aussi virtuose que fédérateur. 

JOE BONAMASSA

« Time Clocks »

(Provogue/Mascot)

Du haut d’une discographie qui commence à être franchement conséquente, JOE BONAMASSA est comme le bon vin : il se bonifie avec le temps. Déjà sur son précédent album, « Royal Tea », le guitariste et chanteur avait éclairci et simplifier son jeu au profit de morceaux plus digestes et efficaces. Avec « Time Clocks », il se met à nouveau au service de ses chansons, et le pari est gagnant.

C’est à New-York avec son producteur Kevin Shirley et avec Bob Clearmountain au mix que le six-cordiste a mis en boîte « Time Clocks », et le résultat est très largement à la hauteur. Clair, dynamique et relevé, ce nouvel opus dispose d’un line-up d’une petite dizaine de musiciens venus accompagner un JOE BONAMASSA à son apogée et plus collectif que jamais. Il régale à chaque titre.

Virtuose, l’Américain se révèle de plus en plus en plus comme un songwriter hors-pair, qui n’hésite pas à se remettre en question et en se montrant aussi habile dans un registre Blues que Rock. Vocalement aussi, JOE BONAMASSA est plus assuré à l’instar de textes également plus profonds et personnels (« Notches », « The Hearts That Never Waits », « Mind Eye », « The Loyal Kind », « Hanging On A Loser »). Un album de star ! 

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International Southern Rock

The Georgia Thunderbolts : la relève Southern [Interview]

Originaire de Rome, Georgie, au pied des montagnes Appalaches, THE GEORGIA THUNDERBOLTS a frappé les esprits dès son premier EP éponyme sorti l’an dernier. Le quintet américain s’est approprié avec élégance, force et savoir-faire le Southern Rock de ses aînés tout en y insufflant une vision moderne et un son étincelant. Avec « Can I Get A Witness », le groupe enfonce le clou et confirme le talent et la créativité perceptive sur son premier effort. Zach Everett, bassiste de la formation, revient sur leur démarche artistique, leur vision de la vie et ce que le Southern Rock véhicule dans sa musique.

– A l’été 2020, vous avez créé la sensation en sortant un premier EP éponyme tellement réussi qu’il a beaucoup fait parler et vous a ouvert de nombreuses portes. Comment avez-vous vécu cette période qui a été le véritable point de départ du groupe, en tout cas médiatiquement ?

L’expérience des médias avec la sortie de notre EP en 2020 a été vraiment très intéressante. Nous étions encore novices dans ce genre d’exercice et c’était à la fois une expérience et un apprentissage amusant et parfois aussi stressant ! Aujourd’hui, nous sommes bien mieux armés, même pour en jouer le plus possible.

– Entre cet EP et « Can I Get A Witness », on note une continuité dans la production avec des morceaux puissants, chaleureux et des arrangements très soignés. Quelles différentes majeures faites-vous entre ces deux enregistrements ?

L’année dernière, nous avons sorti l’EP en raison des circonstances dues à la pandémie. Ce premier album, y compris l’EP, était terminé depuis deux ans. Au niveau des compositions, nous écrivons toute notre musique ensemble à chaque fois. Nous faisons des jams, nous essayons beaucoup de choses assez simplement et on voit ce qu’il en ressort. Et c’est ce processus de création qui donne ce que chacun peut ensuite écouter.

– Votre Southern Rock tranche avec la tradition grâce à un son très actuel. Si le style a déjà un côté intemporel, dû sûrement à ses côtés Blues et Country, vous renouvelez pourtant le genre. Quel est votre regard et quel héritage retenez-vous de la période 70’s et 80’s ?

En fait, tout ce que nous avons retenu du passé et qui nous a inspiré se retrouve dans notre musique. Notre désir est aussi de vouloir transmettre tout ça aux futurs groupes pour continuer de porter le flambeau. Tout ça concerne même plus la vie que la musique, parce que la musique reflète notre quotidien et ce que l’on ressent. Le message est simple : soyez honnête, soyez alerte, travaillez dur pour atteindre un objectif et soyez vrai. Ce sont des choses que nous essayons de vivre au mieux, car c’est comme ça que nous avons été élevés. Et c’est de cette manière que naissent nos inspirations.

– Contrairement à la plupart des formations Southern Rock, vous n’affichez pas trois guitaristes, mais les claviers et le piano ont un grand rôle. C’est aussi une façon de vous distinguer et de vous concentrer sur le côté chanson plutôt que sur l’instrumental ?

Je pense que l’absence d’un troisième guitariste et d’un claviériste était un moyen très naturel et aussi imprévu pour nous distinguer des formations traditionnelles de Rock Sudiste. Pour nous, l’important est de rester les meilleurs amis du monde, en étant attentifs à ce que personne ne viennent s’immiscer dans le groupe.

– Tout en affichant un style très moderne et ancré dans son temps, vous reprenez aussi « Midnight Rider » du Allman Brothers Band. C’est une manière de leur rendre hommage et finalement de rappeler où sont vos racines musicales ?

Oui, « Midnight Rider » est résolument un hommage au Allman Brothers Band. Cela dit, c’est également et simplement le désir de reprendre une bonne chanson. A nos yeux, c’était le meilleur compromis et le pont idéal.

– Après une période où le Southern Rock a peu fait parler de lui et a livré assez peu de nouvelles productions, on assiste à un superbe revival avec des groupes comme Blackberry Smoke, Whiskey Myers, Robert Jon & The Wreck et vous-même, bien sûr. Comment l’expliquez-vous ? Il y a eu une certaine nostalgie chez les fans ?

Je pense que c’est naturellement le juste retour des choses et d’un genre. Mais tout cela s’est produit sur une assez longue période. Le socle de fans a également évolué et s’est vraiment agrandi. Finalement, nous sommes vraiment arrivés au bon moment pour aider à faire avancer cette culture et cette musique.

– Enfin, pouvoir prendre la route et remonter sur scène doit aussi vous ravir ! L’attente n’a pas été trop longue ?

Pouvoir reprendre la route a été quelque chose de formidable ! C’est là où nous nous sentons le mieux et c’est là que nous voulons être ! Fédérer le plus de monde à notre musique et passer un bon moment avec nos fans est vraiment la vie que nous aimons.

L’album, « Can We Get A Witness”, de THE GEORGIA THUNDERBOLTS est disponible depuis le 15 octobre chez Mascot Records.

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France Metal Fusion Metal Progressif Progressif

6:33 : une débordante énergie positive [Interview]

Il y a très peu de groupes dans l’hexagone osant braver les codes et briser les frontières des styles établis pour offrir un registre à la fois débridé et très créatif. Avant-gardiste, Fusion, Progressif, Rock et Metal, 6:33 avance sans complexe et propose un cinquième album où l’énergie très positive des morceaux nous transportent au cœur des années 80 et 90 avec enthousiasme, dextérité et sans barrière. Florent Charlet, chanteur de la formation, fait un point sur ce nouvel opus… et tombe le masque.

– Comme entrée en matière, j’aimerais que vous présentiez le groupe aux lecteurs qui ne vous connaitraient pas. On vous décrit comme un groupe de Metal Progressif, avant-gardiste et Fusion, ce qui résume assez bien 6:33, mais c’est encore ceux qui le font qui en parlent le mieux. Alors, comment vous définiriez-vous ?

C’est vrai que c’est un peu compliqué ! Et même pour un artiste en général, c’est assez difficile de définir son style. C’est plutôt aux gens de dire de ce qu’ils en pensent. Mais après avoir bien cherché, j’aime bien l’appellation de Funk Prog, dans le sens où on a une histoire à raconter et on les amène quelque part et c’est aussi très joyeux grâce à une énergie positive. Musicalement, on ne s’impose aucune limite. A la base, on fait du Metal Prog, mais nous explorons autant la Funk que le Jazz ou la musique de film, selon nos envies finalement.

– Vous sortez votre quatrième album, qui est encore bien différent des précédents. Il s’en dégage une thématique très 80’s avec un fil conducteur très cinématographique. Il est presque conçu comme une sorte d’opéra-Rock. C’était votre objectif de départ ?

Nous n’avions pas vraiment pensé à ce côté opéra-rock lorsqu’on l’a composé, mais beaucoup de gens nous disent que ça ressemble à une comédie musicale à la « Horror Picture Show ». C’est vrai qu’on voulait donner une couleur très 80’s et 90’s à l’album, parce que c’est ce qui nous a nourri depuis toujours, en fait. C’est ce qui nous a forgé en tant que musiciens et même en tant que personnes. Tout ça, on le ressort sur cet album, auquel on a vraiment eu envie de donner cette couleur-là. C’est un album-concept, c’est vrai, mais nous n’avons pas pensé à un Opéra-Rock ou à une comédie musicale. Il y a des personnages hauts en couleur, c’est vrai. Ce serait d’ailleurs mortel de monter ça comme une comédie musicale !

–  « Feary Tales For Strange Lullabies : The Dome » est également très dansant, malgré des riffs toujours aussi présents et puissants. C’est quelque chose dont on n’a assez peu l’habitude finalement. Malgré des morceaux très structurés, on a le sentiment que c’est la mélodie qui compte le plus en fin de compte avec des refrains très accrocheurs. Rester accessible est quelque chose d’important pour vous ?

Oui ! Ce qui compte c’est la chanson ! C’est très fourni, car il y a beaucoup de choses qu’on n’entend pas forcément à la première écoute. Mais on voulait quelque chose d’assez digeste et d’immédiat dans le ressenti. C’est vrai que c’est complexe, mais la mélodie doit rester en tête. Sur cet album, on a eu envie d’aller chercher le côté chanson en étant peut-être plus direct. Mais ça reste très, très complexe. Il y a beaucoup de choses improbables quand on tend bien l’oreille.

L’album de 6:33, « Feary Tales For Strange Lullabies – The Dome » est disponible depuis le 1er octobre chez 33 Degrees/Universal Music France/Wormholedeath Records.

– L’album bénéficie d’une grosse production et surtout d’arrangements très soignés, ce qui est d’autant plus remarquable que vous êtes sept dans le groupe. Comment s’est passé l’enregistrement et surtout de quelle manière avez-vous articulé la composition pour obtenir un résultat aussi complexe ?

C’est notre guitariste Nicolas (Pascal : guitares, claviers, chant et mise en scène – NDR) qui compose toute la musique jusqu’aux lignes de chant, et je pose ensuite le texte dessus. Emmanuel (Rousseau : claviers et programmation des percussions – NDR), qui n’est plus dans la formation live du groupe, a aussi travaillé sur la création de l’album. Nous avons juste travaillé avec des personnes extérieures pour le mastering. Tout le reste, nous l’avons réalisé nous-mêmes.

– Depuis des mois, nous vivons une période assez sombre pour le monde du spectacle en général. Comment est-ce qu’on fait pour composer un album qui transpire autant la bonne humeur ?

(Rires) Peut-être que c’est aussi ce qui nous permet de passer cette période ? Cela dit, la composition avait commencé avant. Je crois que nous sommes tous, dans le groupe, très joyeux et positifs. On est une bande de sales gosses qui s’adorent ! Ensuite, si tu continues de t’attarder sur ce monde de fous, tu deviens dépressif ! Alors, pour lutter contre ça, rien de mieux que 6:33 ! (Rires)

– Il y a eu aussi quelques changements de line-up avec notamment l’arrivée d’un nouveau batteur, d’un nouveau bassiste et le retour avec une présence plus importante de Bénédicte au chant. Avec un tel registre musical, c’est difficile de trouver des musiciens qui partagent comme vous un univers aussi débridé ?

Ca n’a pas été simple de trouver un batteur et un bassiste (Cédric Guillo à la batterie et Manuel Gerard à la basse – NDR). Encore une fois, on a de la chance. On était également déjà amis, puisque nous avons joué ensemble dans d’autres groupes. Au moment des auditions, car on voulait que tout le monde puisse y participer, beaucoup se sont désistés, car la musique était trop complexe. Et puis, comme tu dis, il fallait que ces musiciens soient aussi éclectiques que nous et qui aiment autant la Funk que le Metal ou la musique de film. Ca n’a pas été simple, mais au final, il n’y a eu qu’un batteur et un basiste qui sont sortis du lot. Et humainement aussi, on se connaissait et s’appréciaient déjà. Enfin, il faut aussi avoir envie de faire cette musique-là et avoir le niveau technique requis. L’ouverture d’esprit est primordiale. Nous sommes tous bienveillants les uns avec les autres, il y a beaucoup d’amour dans ce groupe. On a tous cette volonté d’aller de l’avant dans une énergie positive et que nous voulons bien sûr transmettre. Et il y a peut-être aussi cette nostalgie de livrer cette musique des années 80 et 90 avec laquelle nous avons grandi.   

– Sur ce nouvel album, vous faites le grand écart entre des styles très variés, voire opposés. Il faut être sacrément ouvert d’esprit et avoir aussi une solide culture musicale pour  entrer dans votre univers. Vous n’avez jamais eu peur de perdre des fans en route, ou d’avoir des difficultés à en séduire d’autres ?

C’est vrai, mais je pense qu’aujourd’hui comme tout est très rapide et très éphémère, nous avons eu l’envie de rendre notre musique plus accessible et plus directe. C’est vrai qu’il faut creuser, ce que nous faisons aussi nous-mêmes. Peut-être que pour le public, ça vaut aussi le coup de faire cette démarche. Notre volonté était quand même de faire quelque chose de plus immédiat et de plus facile à aborder. On affine aussi notre patte, car on se connait aussi de mieux en mieux. Peut-être qu’on maîtrise aussi beaucoup mieux toutes nos influences.

– Jusqu’à présent, vous étiez masqués. Or, vous vous en êtes débarrassés, alors qu’on commence tout juste à voir la fin de la pandémie. C’est une sorte de pied-de-nez à la situation que l’on vit ? Montrer une liberté encore plus absolue ? 

En fait, on en avait marre des masques pour plein de raisons. Tout d’abord, ça nous coupait du public. On était plus dans la performance que dans l’échange, parce qu’il se passe aussi beaucoup de choses au niveau du visage à travers les expressions. Et puis, c’est assez contraignant. Ca nous amusait, car c’était un peu comme une pièce de théâtre. Lorsqu’on entrait sur scène, on avait les masques mais pas en dehors comme lors des interviews, par exemple. On n’était pas comme Daft Punk ou Slipknot. Et avec la pandémie où tout le monde a été obligé d’être masqué, ça n’était plus drôle. C’était le bon moment pour prendre ce virage avec le changement de line-up aussi. On s’est dit que les masques avaient fait leur temps, et que c’était plus cohérent avec ce que nous avions à proposer aujourd’hui. Sur les albums précédents, on avait un peu exploré le ‘Freak Show’ en jouant aux super-heros. C’était moins en phase avec ce nouvel album, et on voulait être plus proche de notre public.

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Death Metal

Toward The Throne : compact et ténébreux

Technique et puissant, ce premier album de TOWARD THE THONE est le fruit d’années de travail de la part du quatuor. Inspiré et très bien produit, « Vowed To Decline » offre un Death Metal, qui tend vers des registres atmosphériques et même Black avec des côtés épiques très dark. Solides et massifs dans leur jeu, les Français posent une véritable chape de plomb.  

TOWARD THE THRONE

« Vowed To Decline »

(Metal East Production)

Les Alsaciens de TOWARD THE THRONE ne sont pas du genre à se précipiter et la sortie de ce premier album leur donne vraiment raison. Fondé en 2012, le quatuor a déjà sorti deux EP, mais s’est surtout consacré à la scène se forgeant ainsi une belle réputation. Loin d’être usurpée, celle-ci resplendit sur « Vowed To Decline » d’où émanent de nombreuses sensations. 

Si les influences suédoises sont bel et bien présentes, TOWARD THE THRONE a cependant parfaitement réussi à se créer une identité propre et originale en jouant sur les émotions et les ambiances. Cela dit, le Death Metal atmosphérique des Français sait aussi se faire brutal en injectant dans son jeu une bonne dose de sonorités Black très lourdes, sombres et véloces.

Mixé par Gwen Kerjean au Slad Sound Studio (Loudblast) et masterisé part Victor Bullok au Woodshed Studio (Celtic Frost, Pestilence), « Vowed Ton Decline » présente une très bonne production, qui brille aussi par la puissance, la précision et la minutie de TOWARD THE THRONE (« Neogenesis », « The Ashes Of Pain », « Per Ignes Mortuus », « The Sorrow », « The Inevitable Trail Of The Fall »). Le quatuor a vu et fait les choses en grand.

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Orkhys : Pagan Metal [Interview]

Après un bon premier EP (“Awakening”), ORKHYS n’a pas perdu de temps et sort son premier album, « A Way », qui vient confirmer les belles choses entrevues sur son premier effort. Dans un registre Metal, qui pioche beaucoup de branches allant du Black au Symphonique et du Pagan au Celtique, le groupe s’est construit une identité originale et inspirée. Laurène Telennaria (chant, harpe) et Brice Druhet (guitare) reviennent sur un parcours mené tambours battants.  

Photo : Eloise Le Névanic

– La dernière fois que je vous ai interviewé, c’était à l’occasion de la sortie de « Awakening », votre premier EP trois titres. Quel accueil a-t-il reçu et comment avez-vous vécu les débuts discographiques d’ORKHYS ?

Laurène : Eh bien, notre EP a été plutôt très bien reçu ! Nous sommes vraiment ravis de l’accueil que le public et la presse lui ont réservé, ce qui n’était pas gagné pour un groupe qui vient tout juste de fêter son premier anniversaire et qui est composé de membres pour qui cet EP était la première expérience de studio et de réalisation !

Brice : Je ne m’attendais pas à un tel accueil, toute proportion gardée évidemment. Ca fait bizarre après avoir passé quasiment 10 ans à composer et gratouiller seul dans sa chambre !

– A l’époque, vous m’aviez dit que vous souhaitiez enchainer avec un autre EP de cinq titres cette fois. Or, vous revenez avec « A Way », un album complet. Qu’est-ce qui vous a fait changer d’idée ?

Laurène : Je pense que ça a été l’accueil de notre cover de « The Clansman » (Iron Maiden – NDR) et les demandes de figuration de ce morceau sur l’album. On avait aussi envie d’intégrer un bonus instrumental, car on s’est rendu compte que les orchestrations de « A Brand New World » et « The Devil & the Impudent » déchiraient ! Brice les a donc liées dans un seul et même morceau. Au début, on appelait notre disque un « EPum », hydride d’EP et d’album, mais notre attaché de presse, Roger de Replica Promotion, nous a conseillé de communiqué sur un album.

Brice : On a mis ce qu’on avait envie de mettre et au final on s’est dit : « Mais il est vachement gros pour un EP, dites donc ! ». Et voilà !

– Vous démarrez l’album avec une intro, ce qui est de plus en plus rare. C’est une manière de présenter l’ambiance générale de « A Way » ? Qu’est-ce qu’elle signifie par rapport aux morceaux de disque ?

Laurène : Personnellement, j’adore les albums avec intro, cela permet de poser justement une envie, une ambiance ; c’est un prélude à ce qui va se passer. Cela prépare et met en condition pour la suite !

Laurène – Photo : Eloise Le Névanic

– Avec « A Way », on a vraiment l’impression que vous avez parfaitement défini les contours de l’univers d’ORKHYS, qui est fait d’un esprit Pagan mêlé à des atmosphères symphoniques et très Metal. L’objectif est atteint ?

Laurène : L’univers d’Orkhys est assez vaste et on ne souhaite pas se coller d’étiquette. L’album « A way » représente nos envies du moment, un savant mélange de Folk Pagan, de Black, de Thrash, de Heavy et une furieuse envie d’être Metal !  Qui sait à quoi ressemblera le ORKHYS de demain ? On en a une petite idée, mais on ne veut pas s’enfermer, on souhaite garder notre liberté d’expression.

Brice : On ne se pose pas trop la question en fait. On fait et on voit si ça le fait. On a des idées pour la suite, et en tout cas on va tout faire pour conserver notre identité sans tomber dans la routine.

– Sur ce premier album, vous avez confirmé la maîtrise d’un équilibre musical entre certains passages dans l’esprit Folk et épique en contraste avec des éléments de Metal extrême. Il n’y a décidemment rien de linéaire chez ORKHYS…

Laurène : Nous jouons les styles de musique que nous aimons, et comme nous apprécions des genres musicaux variés et nombreux, cela fait un bon mélange !

Brice : On ne veut pas se limiter à un seul style, ça irait hyper frustrant pour nous. Il y a déjà des groupes qui excellent dans chacun des sous-genres de notre musique préférée. Du coup, notre défi est de faire un petit cocktail en prenant des ingrédients à droite et à gauche et de faire en sorte que ça fonctionne.

Brice – Photo : Eloise Le Névanic

– Vous reprenez également « The Clansman » d’Iron Maiden, extrait de « Virtual XI » sorti en 1998, qui n’est pourtant pas un standard du groupe et qui est d’ailleurs chanté par Blaze Bayley. Pourquoi ce morceau ? Vous avez l’habitude de le jouer sur scène ou en répétition ?

Laurène : C’est un morceau que nous adorons tous les deux Brice et moi et à la base. Nous voulions juste le reprendre en cover sur YouTube en l’ ‘Orkhysant’, comme nous avions pu le faire pour « Pieces Of You » d’Annihilator. Le morceau a eu un tel accueil et reçu des demandes quant à sa figuration dans l’album à venir, que nous avons décidé de faire une version améliorée de notre premier jet et de le faire figurer sur l’album.

Brice : J’ai tellement fait chier tout le monde pour faire une reprise de Maiden qu’on a réussi à tomber d’accord sur ce titre qui, d’une part, se marie bien à notre univers et d’autre part change des 300 reprises de « Trooper » ou de « Fear Of The Dark ». J’ai personnellement énormément de sympathie et de respect pour Blaze et les albums qu’il a fait avec Maiden. Sa carrière solo est également extrêmement qualitative. Je pense qu’il s’en ait pris plein la tronche assez injustement. Bref, avec Blaze, Bruce ou Paul, Maiden reste Maiden ! On la joue en répèt’ et aussi de temps en temps en live.

– Sur « A Way », il semble également que la harpe ait pris une place plus importante, qui contribue vraiment à l’identité musicale d’ORKHYS. Est-ce que c’est difficile à intégrer dans un environnement très Metal comme le vôtre ?

Laurène : C’est vrai que j’avais demandé à Brice, qui compose les morceaux, s’il lui était possible de rajouter un peu plus de harpe, sans toutefois l’imposer. Le groupe n’a pas été créé autour de la harpe, donc son apparition n’est pas obligatoire. Il a su répondre à ma demande tout en faisant passer au premier plan la cohérence musicale.

Brice : Encore une fois, ça s’est fait comme ça, sans trop y réfléchir à part ce souhait exprimé par Laurène. J’ai essayé de le prendre en compte, sans non plus trop me forcer à mettre de la harpe pour mettre de la harpe. Peut-être qu’il y en aura encore davantage par la suite, ou beaucoup moins, on a une idée grossière de ce que l’on veut, mais on calcule très peu de choses à l’avance. On écrit et compose d’abord et on réfléchit après.

– Avec un EP et un album, vous disposez maintenant d’un set conséquent. Une tournée est-elle prévue dans les mois à venir, maintenant que la situation sanitaire s’est vraiment améliorée ?

Laurène : De nombreux concerts sont prévus, nous avons quatre dates sur cette fin d’année, dont deux sur Paris (le 03/10 et 20/10), une à Vitré en Bretagne (le 20/11) et une au ‘Festival de l’Avesnement’ dans le Nord (le 27/11).

Brice : On est aussi en discussion pour faire une mini-tournée avec les copains de Hopes of Freedom, qui sont de Caen avec qui on avait déjà joué avec notre ancien groupe à Laurène et moi, et Adaryn qui sont de Rouen et que certains ont déjà pu découvrir au ‘Cernunnos Pagan Fest’ !

L’album d’ORKHYS, « A Way », est disponible depuis le 17 septembre chez M&O Music.

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Hard-Core Thrash Metal

Fishing With Guns : feu à volonté

Frontal et musclé, ce nouvel EP de FISHING WITH GUNS tient toutes ses promesses avec un concerté de Thrash-Core livré sur cinq nouveaux titres. Certes, « Under The Silver Lake » nous laisse un peu sur notre faim, mais son contenu tranchant et survolté montre le gros potentiel du combo parisien. De la dynamite !

FISHING WITH GUNS

« Under The Silver Lake »

(M&O Music)

Faisant suite à « Blood On The Ropes » (2017), « Under The Silver Lake » est donc le deuxième EP d’affilée de FISHING WITH GUNS. Après deux albums, c’est avec des formats courts que le quintet parisien affine et peaufine son jeu. Ces cinq nouveaux titres libèrent un style très compact et agressif, mais très bien structuré et redoutablement efficace.

Entre Thrash et Hard-Core, growl et chant plus clair, le registre de FISHING WITH GUNS est aussi original qu’il semble évident. L’univers qui se dégage de « Under The Silver Lake » reste sombre, mais développe une énergie très positive et particulièrement dense. Très bien produit, ce nouvel EP emporte tout sur son passage et montre une belle diversité.

L’intensité est déjà manifeste sur « Beware The Dog Killer » et ses grosses guitares, qui monte encore en tension sur « Owl’s Kiss » aux riffs acérés. Plus lourd, « Homeless Ghost » montre un côté massif plus conséquent. FISHING WITH GUNS ne s’arrête pas en si bon chemin et libère une approche presque Punk sur le morceau-titre avant de conclure avec un  « I Am Your Rebellion » explosif. Radical !

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Hard Rock International Rock US

Little Caesar : forever Rock [Interview]

LITTLE CAESAR fait partie de la légende du Rock Hard US, qui a ensoleillé le début des années 90 depuis sa Californie natale. Basé à los Angeles, le groupe n’aura malheureusement pas connu le succès dans la durée, malgré des débuts explosifs. Plus de 30 ans après, son leader et chanteur Ron Young est toujours en grande forme et a profité de la tournée européenne en cours pour répondre à quelques questions avant une halte parisienne, le 3 octobre prochain, qui s’annonce explosive.

– En sachant qu’on allait se parler, j’ai parcouru la discographie de LITTLE CAESAR qui a d’ailleurs bercé ma jeunesse, et je me suis dit que votre son et votre identité musicale étaient restés intactes. En fait, le groupe a bien résisté à l’épreuve du temps, non ?

Oui, merci, nous sommes restés très constants ! (Rires) Nous sommes un groupe de Rock assez classique et nous avons toujours gardé cette couleur. On touche aussi au Hard Rock avec des côtés bluesy et c’est probablement ça qui fait que notre musique ne change pas beaucoup.

– Parlons de l’actualité, vous êtes en ce moment en tournée en Europe. Ca n’a pas été trop compliqué à mettre en place en raison de la pandémie ?

Un petit peu quand même ! (Rires) En fait, il y a juste un festival où nous étions programmés qui a été annulé. Tu sais, on respecte toutes les règles, les précautions et nous nous plions à toutes les exigences. Mais le fait que les touristes américains ne puissent pas voyager nous a quand même compliqué la tache. Mais on met les masques, on se lave les mains… So, here we are ! (Rires)

– Si vous devez être ravis de retrouver vos fans, j’imagine que pour eux aussi, ça doit être un vrai plaisir de voir LITTLE CAESAR de retour sur scène ?

Oh oui, c’est incroyable ! Tu n’imagines même pas à quel point cela nous a manqué ! Le pire avec cette pandémie est d’avoir été privé de nos fans. Nous sommes un groupe de Rock et on n’est pas là pour jouer derrière des écrans. Durant l’été dernier, on s’est vraiment demandé combien de temps cela allait encore durer. On devenait fou ! La seule chose qui nous importait était de remonter sur scène. Heureusement, les choses se sont améliorées et nous avons pu recommencer les concerts. Et puis, il y a aussi nos équipes, les fans bien sûr, mais aussi tous les médias, etc… Mais je crois que cela nous a rendu plus fort au final.

– D’ailleurs, de quoi est composé votre set-list ? Vous y avez inclus quelques titres inédits, ou est-ce que vous jouez uniquement vos classiques ? Et est-ce qu’il vous arrive de la modifier suivant les concerts ?

On essaie de couvrir tous nos albums. C’est vrai qu’on joue un peu moins notre premier album, puisqu’on l’a déjà beaucoup fait. Il y a une grande liberté sur le choix des morceaux. Et nos fans ont leur chansons préférées aussi, alors on essaie de satisfaire tout le monde. Du coup, on leur demande souvent quel titre ils veulent écouter ! (Rires)  

– Justement, vous avez sorti « Eight » il y a maintenant trois ans. Est-ce qu’un nouvel album est en préparation et est-ce que tu pourrais nous en dire un peu plus ?

Oui, nous avons déjà commencé à composer de nouvelles chansons pour le prochain album. Nous n’avons malheureusement pas eu beaucoup de temps pour en écrire beaucoup, mais nous en jouons déjà certaines sur scène.

– « Eight » est un très bon compromis entre un Rock propre à la scène de Los Angeles avec un côté très bluesy, qui rend vos morceaux très attachants et sincères. C’est dans ce même registre que tu vois l’avenir musical de LITTLE CAESAR ?

Oui, je crois qu’on tient une bonne formule ! (Rires) En fait, on ne pose pas vraiment ce genre de questions, parce que c’est ce que nous avons toujours fait. On essaie avant tout de s’amuser et de garder cet esprit Rock. On n’a pas vraiment envie de faire autre chose finalement. C’est une expression qui vient de nous-mêmes, de notre feeling du moment et c’est vraiment ce que nous sommes.

– Depuis LITTLE CAESAR et quelques autres qui ont fait les belles heures du Rock et du Hard made in Los Angeles, il n’y a pas vraiment eu de relève. Comment l’expliques-tu ? La voie était pourtant toute tracée ?

C’est vrai qu’il y avait eu une réelle et très forte explosion de groupes made in LA. Malheureusement, ça ne collait plus avec ce qu’attendaient MTV et certaines radios à l’époque. C’est ça qui a tout foutu en l’air ! Les clubs aussi ont commencé à passer de la Dance Music, alors qu’il y avait d’excellents groupes ! Et ce n’est pas propre à Los Angeles, ça s’est passé un peu partout. Beaucoup de groupes ont du quitter L.A. pour être vus et entendus. On ne sait pas trop ce qui s’est réellement passé, car les groupes étaient bons et avaient de très nombreux fans. Il y avait une superbe vibration dans tout Los Angeles.

– Enfin avant de se séparer, qu’est-ce qu’on peut souhaiter à LITTLE CAESAR pour vous retrouviez la lumière de manière plus constante ?

Tu sais, juste de continuer à écrire de bonnes chansons, de faire de bons concerts et de garder ce merveilleux contact avec le public. On s’éclate vraiment avec les gars, c’est très excitant. C’est vrai qu’on est un vieux groupe et notre premier album a beaucoup marqué les gens. On veut continuer à distiller notre Hard Rock bluesy, tout en respectant les très bons groupes qui existent aujourd’hui.

LITTLE CAESAR fait escale en France, à Paris, le 3 octobre prochain. Le groupe se produira aux Etoiles (Paris, 10ème) à partir de 20h.