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Hard Rock Rock

Greta Van Fleet : enfin incomparable !

Entre Hard Rock et ambiances bluesy lancinantes, GRETA VAN FLEET s’est forge un style qui en rappelle d’autres bien sûr, mais qui paradoxalement est très personnel et inspiré. Avec « The Battle At Garden’s Gate », le quatuor américain signe un superbe et très positif album emprunt de liberté et à la performance irréprochable.  

GRETA VAN FLEET

« The Battle At Garden’s Gate »

(Republic Records)

Formé en 2012 dans le Michigan, GRETA VAN FEET a commencé à faire parler de lui cinq ans plus tard avec « Black Smoke Rising », un EP qui est apparu comme un rayon de soleil. Le quatuor a décidé de remonter le temps en s’inspirant de modèles comme Led Zeppelin ou Janis Joplin auxquels il apporte une sensibilité très particulière et une sonorité intemporelle tout en respectant le patrimoine Rock. 

Près de trois ans après leur premier album, « Anthem Of The Peaceful Army », les Américains sont de retour avec un album qui leur ressemble enfin et d’où émanent une authenticité et une sincérité qui vont faire taire leurs nombreux détracteurs. Toujours mené par la fratrie Kiszka (Josh, Jack et Sam) et l’excellent Danny Wagner à la batterie, GRETA VAN FLEET brille par sa passion et son feeling très Rock.

Sur une production classicieuse et très organique signée Greg Kurstin, le groupe enchaine des morceaux exceptionnels et d’une justesse d’interprétation incroyable (« The Heat Above », « Broken Bells », « Built By Nations »). Virtuose, le quatuor signe un « Age Of Machine » de haute volée et enchaine sur les brillants « Stardust Chords » et « Weight Of Dreams » avec maestria. GRETA VAN FLEET est plus étincelant que jamais.

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Hard Rock Rock

Cheap Trick : forcément Rock’n’Roll

Exubérant et avec un sens de la mélodie et des harmonies assez incroyable, CHEAP TRICK semble traverser les âges et même se bonifier album après album. En tout cas, « In Another World », enregistré avant la pandémie, offre un regard réjouissant sur notre époque… même si une petite rencontre avec l’équipe marketing aurait été nécessaire avant d’éditer la pochette. Tout n’excuse pas tout… 

CHEAP TRICK

« In Another World »

(BMG)

Fondé en l’an de grâce 1973 (l’un des meilleurs millésimes qui soit !), CHEAP TRICK ne dira probablement rien aux moins de trente ans, qui… je n’ai même pas de terminer la phrase tellement c’est triste. Bref, le Hard Rock, le Rock et le Classic Rock (comme on dit aujourd’hui) doivent beaucoup à ce groupe américain qui manie avec autant de malice et de savoir-faire les mélodies comme les riffs les plus évidents et les plus marquants.

Que les plus jeunes se plongent dans le mythique album « Live At Budokan » et réécoute « I Want You To Want Me » pour se rappeler ô combien la musique de CHEAP TRICK est addictive et profondément bienfaisante. Et ce vingtième album ne vient pas déroger à la belle discographie du groupe, malgré quelques ballades sirupeuses pas forcément essentielles et des titres très Beatleliens (donc chiants !), dont CHEAP TRICK aurait largement pu se passer.

Une chose est sûre : CHEAP TRICK sait toujours y faire et peut même donner encore quelques leçons comme avec « The Summer Looks Good On You », « Boys & Girls & Rock N Roll », « Final Days », « Here’s Looking At You » ou le somptueux « Gimme Some Truth » qui vient clore ce très bon « In Another World ». Si vous ne connaissez pas, allez-y et pour les autres : un bon bain de jouvence ne fait jamais de mal !

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Extrême International Metal

While She Sleeps : une société pas si anonyme [Interview]

Originaire de Sheffield en Angleterre, WHILE SHE SLEEPS est un groupe très actif et activiste de la scène MetalCore depuis 2009 surtout. Après avoir créé son studio et son propre label, le quintet vient de concevoir Patreon, une plateforme où les fans deviennent les principaux acteurs de l’économie du groupe à travers leur participation. Grâce à ses abonnés, le groupe devient producteur de contenus en tout genre à la demande de leurs fans : c’est l’objectif de la « Sleeps Society ». Lawrence « Loz » Taylor, chanteur du groupe, en dit plus sur cette nouvelle démarche, ainsi que sur l’album qui va bientôt sortir…

Photo : Giles Smith

– Avant de parler de ce nouvel album, j’aimerais que tu nous expliques en quelques mots ce qui vous a motivé à créer la « Sleeps Society »…

En fait, le processus a commencé avec « You Are We » en 2017, parce que c’était la première fois que nous produisions notre album nous-mêmes. Et il a été l’un de nos plus grands succès. Nous avions tout gérer de A à Z, c’est-à-dire de la production du disque à la promotion, les concerts, etc… C’est vraiment à ce moment-là que l’idée de la « Sleeps Society » a germé. On a pu mettre le doigt sur ce qui n’allait pas dans l’industrie musicale depuis ces dernières années. Il fallait effectuer un changement, car le système ne fonctionnait plus. On ne pouvait plus faire carrière dans cet establishment-là. Cette notion de communauté nous a donc paru essentielle et nécessaire. Le fait de s’adresser directement à la fan-base était évident, car ce sont les premiers concernés et notre relation avec elle fonctionne très bien. Ce rapport direct avec nos fans a changé beaucoup de choses. Cette plateforme nous sert à nous adresser à eux et à échanger en évitant le système en place. Ce n’est pas facile pour les groupes en ce moment. Le streaming représente aujourd’hui 95% de l’écoute de musique, ce qui est énorme et ce changement a bouleversé beaucoup de choses. Alors, si on veut que le milieu underground survive, il fallait apporter quelque chose de supplémentaire, car que nous ne sommes pas dans le même système qu’un groupe de Pop commercial. On a du faire évoluer notre façon de travailler.

– Concrètement, comment fonctionne-t-elle d’autant qu’elle peut s’adapter à tous les groupes qui le souhaitent, non ?

Oui bien sûr, mais tu sais, ce n’est pas quelque chose de très nouveau en fait. Cela permet de tout gérer soi-même, en direct et sans intermédiaire. La liberté est totale. C’est une plateforme qui permet de se passer de l’establishment en place, d’être indépendant. Nous avons beaucoup appris avec cette façon de faire et je pense que cela peut aussi aider beaucoup de groupes.  

– En 2019, vous aviez alerté des dangers du streaming en éditant un t-shirt pour souligner l’importance des ventes de merchandising pour la survie des groupes. Penses-tu que cette sensibilisation ait porté ses fruits ?

Oui, ce t-shirt a beaucoup sensibilisé, c’est sûr. Le message était très clair et beaucoup de gens en ont pris conscience. Ils ont compris que 5.000 streams correspondaient environ à 20£. Quand tu mets tout ça dans la balance, c’est un truc de fou. Il fallait vraiment en informer les gens. Je pense que maintenant beaucoup de monde a compris que ça n’allait pas et qu’il fallait faire quelque chose. Au final, ce sont encore et toujours les gros de l’industrie musicale qui raflent la mise, et non les artistes. D’où l’importance du merchandising direct, même si cela ne remplace pas la vente physique d’albums.


Le fameux t-shirt avec lequel WHILE SHE SLEEPS a commencé à éveiller les consciences en 2019.

– Revenons en 2021. Face à vos multiples campagnes et votre militantisme, comment réagit votre maison de disques ? Avez-vous son soutien ?

Oui, c’est assez génial d’ailleurs ! La « Sleeps Society » bénéficie d’un grand soutien de la part de notre maison de disques. Tout le monde a appris énormément avec cette démarche. C’est aussi plus simple pour nous de pouvoir composer et faire les choses quand nous en avons envie, gérer nous-mêmes les réseaux sociaux et leurs contenus. On sait qu’on s’adresse aux bonnes personnes au bon moment. Tout le monde peut aussi voir ce que l’on fait et nous sommes vraiment contents du soutien que l’on reçoit : les gens sont au cœur du projet. Tout le monde y trouve son compte et c’est une très bonne chose.

– Votre cinquième album va bientôt sortir (le 16 avril) et la première chose qui interpelle, ce sont ces morceaux beaucoup plus directs et incisifs. Vous avez cherché à être encore plus efficaces dans le songwriting ?

Je ne pense pas que c’était quelque chose de conscient lorsque nous avons écrit les morceaux. C’est ce que beaucoup de gens nous ont dit. Le message était beaucoup plus direct et indépendant sur ce nouvel album. Nous aimons toujours beaucoup parler de politique dans nos textes, et chacun peut y faire son interprétation. Notre message n’a pas tellement changé depuis toutes ces années. Nous parlons d’unité et des situations difficiles qu’on peut rencontrer en y apportant notre point de vue. C’est vrai que beaucoup de monde s’y retrouve surtout dans cette période de pandémie, où nous sommes encore plus isolés que jamais. Nous restons toujours positifs et j’espère que les fans ressentent toute cette énergie positive. Nous sommes une sorte de confident, c’est pourquoi cette communauté est importante.  

– Musicalement, votre style s’affine aussi de plus en plus et tout en gardant cette puissance énorme. Ce nouvel album est beaucoup plus mélodique et peut-être moins brutal. Le but est-il de fédérer le plus possible en étant un peu plus accessible ?

Comme je te le disais, il n’y avait rien de prémédité au moment de l’écriture. On voulait juste faire un album différent. Nous jouons ensemble depuis de longues années maintenant et nous aimons des styles de musique très variés. Ce nouvel album est juste une nouvelle collaboration où chacun apporte ses idées. Nos influences sont variées et nous emportent dans des registres et aussi un flow nouveau à chaque fois. On n’a jamais voulu sortir deux fois le même album, et sur « Sleeps Society », on voulait vraiment quelque chose de collectif. Je pense que nous sommes chanceux de pouvoir changer ainsi de terrain de jeu et de faire grandir et évoluer WHILE SHE SLEEPS. Nous ne voulons pas sonner comme les autres. Un groupe qui ne sonne pas comme tout le monde est un bon groupe, je pense. Nous créons notre propre vision de la musique à partir de tout ce que nous écoutons, et c’est vraiment ce que nous aimons faire.

Photo : Giles Smith

– Une fois encore « Sleeps Society » est toujours aussi bien produit. Comment avez-vous travaillé pour la composition de l’album ?

Il m’arrive d’enregistrer des textes sur mon téléphone, les gars proposent des idées de morceaux, et ainsi de suite…. chacun apporte sa pierre à l’édifice. Nous avons enregistré cet album pendant le confinement, ce qui aurait du être compliqué car nous ne pouvions pas être dans la même pièce ensemble. Mais nous avons notre propre endroit pour travailler, ce qui nous a beaucoup aidé. C’est le QG de WHILE SHE SLEEPS. Ici, on peut être tous ensemble tout en gardant de bonnes distanciations. On a vraiment de la chance d’avoir ce lieu pour pouvoir travailler tranquillement. Malgré la pandémie, tout s’est presque normalement passé et ça nous a permis de ne pas trop nous préoccuper de la situation.

– Vous avez aussi invité Simon Neil de Biffy Clyro sur « Nervous », et Deryck Whibley de Sum 41 sur « Defeat For The Brave ». Qu’est-ce qui vous a rapproché, car vos univers sont assez différents ?

Ah oui, définitivement ! Simon était assez nerveux, car tout le monde a été très touché par la pandémie. Et donc l’avoir comme guest sur l’album était très important pour nous. Et beaucoup de très bonnes choses se sont passées. Nous avons vraiment voulu que les invités apportent un vrai plus sur l’album en y apportant leur patte, leur style et leur vision du morceau. Ils ont choisi leur façon de chanter les titres. C’est cela qui nous intéressait vraiment. Et puis, ce sont deux chanteurs que nous respectons énormément. C’était vraiment génial et incroyable pour nous de les avoir sur le disque. Il s’est vraiment passé quelque chose de spécial avec eux. Ils sont très positifs et je pense que les gens vont s’en rendre compte en écoutant les morceaux.

– Il y a aussi ce morceau « Call Of The Void » avec le featuring de la Sleep Society. De qui est-elle composée ?

A la base, nous avons lancé un appel sur nos réseaux en demandant à nos fans de participer à l’album pour les remercier. On leur a donc donné les paroles du premier morceau qu’on avait écrit avec le groupe avec deux versions différentes. Du coup, ils se sont enregistrés avec leur téléphone ou un micro, et l’objectif était de les intégrer sur l’album. C’est ça la « Sleeps Society » ! Ca a donné quelque chose de vraiment spécial de pouvoir faire participer nos fans à ce nouveau disque sur ce morceau.

– Enfin, en menant votre combat pour la reconnaissance des droits des groupes en plus de cette pandémie, comment arrivez-vous à rester positif en cette période trouble et inédite ?

C’est vrai que c’est difficile pour le monde de rester positif sur une aussi longue période. Pour ma part, j’aime parler de petites victoires en restant concentrer sur le fait de vivre tout ça semaine après semaine. Rester positif tous les jours n’est pas évident, quand on ne sait pas quand tout reviendra à la normale. Il faut y aller petit à petit et surtout garder espoir.

« Sleeps Society », le nouvel album de WHILE SHE SLEEPS, sortira le 16 avril chez Spinefarm Records/ Universal.

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Metal Progressif Rock

Wheel : road-trip spatial

Avec désormais deux EP et deux albums à son actif, WHEEL semble durablement installé dans la sphère Rock et Metal Progressif. « Resident Human » vient confirmer les attentes placées dans le groupe anglo-finlandais. Très atmosphérique et envoûtant, ce nouvel opus traverse le temps et les styles avec justesse, en mariant les belles mélodies et des passages denses et robustes.   

WHEEL

« Resident Human »

(Odyssey Music)

On attend bien souvent d’un deuxième album qu’il soit celui de la maturité. Même si l’expression est assez galvaudée, il faut reconnaître que dans le cas de WHEEL, elle s’applique parfaitement. Avec « Resident Human », les anglo-finlandais confirment l’explosivité et la créativité que chacun avait pu apprécier sur « Moving Backwards ». L’identité sonore du quatuor est nette et la maîtrise musicale imparable.

Mené par un James Lascelles impérial à la guitare et au chant, WHEEL trouve sa place sur l’échiquier du Metal Progressif quelque part entre Tool et Riverside, autant dire que techniquement ou au niveau des mélodies, le groupe place la barre très haut. Sur une thématique nourrie de science-fiction, le combo nous embraque dans un road-trip spatial où s’entremêlent Rock Progressif 70’s avec de puissantes sonorités actuelles.  

Très bien produit, « Resident Human » fait la part belle aux parties instrumentales, où le groove de Santeri Saksala (batterie) et Aki Virta (basse) est omniprésent, tout comme les solos racés et expressifs de Jussi Turunen. Le quatuor ne se refuse rien et multiplie des atmosphères lumineuses et inspirées (« Movement », « Hyperion », « Fugue », « Old Earth »). Ce deuxième album marque l’entrée de WHEEL par la grande porte de la cour des grands.

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Hard Rock Rock

Adrian Smith / Richie Kotzen : sur la même longueur d’onde

Un album rassemblant ADRIAN SMITH, guitariste d’Iron Maiden, et le virtuose inclassable aussi funky que Metal ou Bluesy RICHIE KOTZEN pouvait être assez inconcevable sur le papier, et pourtant le duo livre un superbe « S/K » dans un esprit Rock US accrocheur et très fun. Ici, pas de compétition ou de surenchère guitaristique, mais plutôt une belle connivence et une complémentarité évidente entre les deux musiciens.

ADRIAN SMITH / RICHIE KOTZEN

« S/K »

(BMG)

Si certaines collaborations peuvent étonner, et celle entre ADRIAN SMITH et RICHIE KOTZEN peut en faire partie de prime abord, elles débouchent souvent sur de bien belles surprises. Au-delà d’un side-projet de plus, ce sont l’amitié et le respect mutuel qui ont réuni ces deux grands musiciens. Tous deux guitaristes et chanteurs, on les retrouve également à la basse et à la batterie (pour l’Américain) sur de nombreux morceaux, preuves de la grande polyvalence artistique des deux artistes et leur côté multidisciplinaire.

Sobrement intitulé « S/K », c’est autour d’un Rock US teinté de Hard Rock, de Classic Rock et de quelques touches Blues que se sont retrouvés les deux virtuoses. Loin du registre d’Iron Maiden pour ADRIAN SMITH et assez éloigné de ses productions en solo et surtout de son jeu avec Poison ou Mr Big pour RICHIE KOTZEN, l’Anglais et l’Américain montrent un visage qu’on ne leur connaissait pas forcément et la fusion est jubilatoire et inspirée. Le duo se fait vraiment plaisir et cela s’entend.

Après avoir dévoilé le très bon single « Taking My Chances » en décembre, on découvre enfin ce « S/K » enregistré dans la douceur des eaux turquoise des  îles Turques-et-Caïques dans les Caraïbes. Entre « Scars », « ‘Til Tomorow » « ou « Running » (le meilleur titre de l’album), ADRIAN SMITH et RICHIE KOTZEN nous régalent à travers des titres accrocheurs, mélodiques et punchy. A la batterie, Nicko Mc Brain vient même prêter main forte sur « Solar Fire », tandis que Tal Bergman (Billy Idol, Joe Bonamassa) se partagent le reste de l’album. Réjouissant !

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Extrême International

The Crown : le Metal comme carburant [Interview]

En 30 ans de carrière, THE CROWN est devenu une institution mondiale en termes de Death Metal. Jamais rassasiés, les Suédois sortent un « Royal Destroyer » brutal, plus intemporel que jamais et avec toujours ces touches Thrash et groovy qui font leur particularité. Robin Sörqvist, guitariste du combo, nous en dit un peu sur ce nouvel album et les intentions musicales du groupe.

Photo : Ida Kucera

– On vous savait agressifs et virulents mais là, ouvrir ce nouvel album avec le très explosif « Baptized In Violence », c’est très frontal ! Le but était de scotcher tout le monde d’entrée de jeu ?

L’idée initiale n’était pas d’ouvrir l’album avec cette chanson. Elle était censée devenir plutôt un morceau bonus, vraiment brutal. Mais pourquoi devrait-on toujours suivre ses propres plans ? (Rires) En fait, la chanson s’est avérée être géniale. La brutalité et l’énergie étaient trop bonnes pour n’être qu’un bonus, alors c’est devenu ce choc. On carbure au Metal !

– Le son Metal extrême suédois est souvent cité en référence car il demeure pionnier dans le style. En l’occurrence, « Royal Destroyer » correspond parfaitement à la définition qu’on en a. C’est quelque chose d’instinctif chez vous, ou vous sentez-vous dépositaire de cette identité sonore ?

C’est tout simplement notre identité sonore. Il n’y a pas de discussion pour savoir si une chanson devrait correspondre, ou pas. Nous faisons simplement ce que nous faisons et le résultat est direct. C’est un tout et c’est ce qu’il en ressort. Je pense d’ailleurs que notre son est assez unique. Il y a des choses personnelles en termes de mélodies et de progressions d’accords que l’on retrouve dans tout le répertoire de THE CROWN. Vous ajoutez à tout ça une attitude très punk assaisonnée de la voix de Johan, et vous obtenez notre son.

– « Royal Destroyer » est toujours ce bel assemblage de Death, de Thrash et de groove avec un côté Old School intemporel. Justement, on a vraiment l’impression que vous êtes imperturbables face aux modes et aux nouveaux courants musicaux, c’est le cas ?

Nous ne suivons aucune tendance musicale. Nous écrivons avec le cœur, notre humeur et notre âme. Ce qui est à la mode à un moment donné n’a jamais été la préoccupation de THE CROWN. Si vous pouviez voir nos collections d’albums privés, les plus récents datent  probablement de 2000 ! (Rires) Blagues à part, il y a bien sûr des artistes intéressants et vraiment talentueux dans le monde entier. Mais il n’y a pas beaucoup de nouveaux groupes vraiment bons, qui vous scotchent dans votre fauteuil. Peut-être que la numérisation en a tué la beauté ? Ou alors, peut-être que nous sommes tous trop paresseux pour emprunter cette voie. 

Photo : Ida Kucera

– Ce qui surprend aussi sur ce nouvel album, ce sont les changements d’ambiances au fil des morceaux, et pourtant il y a une belle continuité musicale. Dans quel état d’esprit avez-vous composé « Royal destroyer » ?

Il n’y avait pas de critères spéciaux qui visaient à faire un album plus diversifié ou d’un niveau plus élevé que « Cobra Speed Venom ». Puisque nous étions vraiment fiers de tout le processus de sa création, nous avons discuté de la manière de surmonter cela. Nous voulions opter pour la diversité et je pense que c’était une sage décision. Une batterie rapide, des guitares qui déchirent, des growls puissants mélangés à une belle mélancolie acoustique. Sans oublier d’ajouter une cloche, des hennissements de chevaux, un peu de sons de guerre et de tonnerre… Et voilà ! (Rires)

– Vocalement aussi, il y a une belle évolution et surtout une impression de grande maîtrise. Tu mets ça sur le compte de l’expérience, ou est-ce que c’est une nouvelle approche ?

Il y a bien sûr l’expérience de 30 ans de Death Metal qui joue beaucoup. Johan (Lindstrand – NDR) maîtrise une technique qui le rend plus détendu lorsqu’il chante. Il peut se concentrer davantage sur le timing et la prononciation, qui font vraiment ressortir le chant. Il n’y a pas beaucoup de chanteurs de Death Metal qui rendent les paroles aussi faciles à comprendre que lui.

– Enfin, on a tous récemment appris la mort de Lars-Göran Petrov, chanteur d’Entombed et Entombed A.D. Comment as-tu ressenti cette grande perte pour le Metal suédois notamment et au-delà ?

Oui, c’était vraiment un triste jour. Je l’ai suivi sur les réseaux sociaux et j’ai pu voir qu’il a vraiment combattu durement sa maladie jusqu’à la fin, et toujours avec le sourire et une attitude positive. C’est une légende et il a livré de la très bonne musique, de l’inspiration avec beaucoup d’esprit tout au long de sa carrière. Je n’ai jamais entendu un seul mot de travers sur lui. La dernière fois que je l’ai vu, c’était le 11 mai 2019, nous avons joué au festival ‘Graveland’ en plein air à Hoogeveen (Pays-Bas), que de bons souvenirs.

– Enfin, tu n’y échapperas pas car la question me brûle les lèvres : as-tu regardé la série « The Crown » ?

(Rires) Bien joué ! Non, je n’ai pas regardé, mais je leur suggère fortement d’utiliser « Royal Destroyer » comme bande originale de la prochaine saison !

« Royal Destroyer » est disponible depuis le 12 mars chez Metal Blade Records

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International Rock

Evanescence : réminiscence dark [Interview]

S’il y a un album qui est attendu depuis des mois et fait beaucoup parler malgré la sortie de quatre singles, c’est bien « The Bitter Truth ». Dans cette période compliquée, EVANESCENCE a dû composer avec la crise, mais a finalement réussi à suivre le programme que les Américains s’étaient fixé… la tournée mondiale en moins, bien sûr. Will Hunt, excellent et très polyvalent batteur du quintet, revient sur la genèse de cette nouvelle production et le retour au son originel de la formation.  

Photo : Nick Fancher

– « The Bitter Truth » sort enfin. On a l’impression que ça a été un sacré périple. Même si vous avez été très occupés ces dernières années, ça doit être une grande satisfaction de pouvoir le livrer aux fans malgré cette époque compliquée, non ? 

Oui, c’est le fruit d’un long travail que nous avions commencé bien avant la pandémie. Nous avons composé les morceaux comme d’habitude quand le confinement nous est tombé dessus. L’album est prêt depuis un bon moment, et après quelques titres dévoilés : il sort enfin ! (Rires) Ca a été un périple très intéressant, et nous ne pourrions en être plus fiers, car c’est un album incroyable !

– Même si « Synthesis » est sorti il y a un peu plus de quatre ans, ce n’était pas un album entièrement inédit. Est-ce qu’il vous a guidé dans l’écriture de ce nouvel album où il y a encore beaucoup de sons électroniques ?

Oui, même si « Synthesis » était une vision plus orchestrale et électronique d’anciens morceaux dont les fans avaient l’habitude, il nous a beaucoup aidé dans l’écriture de « The Bitter Truth ». Il n’y a pas cet aspect orchestré cette fois. Nous avons décidé très consciemment que cette fois, l’album serait plus électronique. On a trouvé cette voie très intéressante et nous nous sommes éclatés à le faire. C’était vraiment le type de sons qu’on recherchait. « The Bitter Truth » a beaucoup de sens pour nous et cela nous apporté beaucoup à tous en termes de créativité et de puissance dans les morceaux. On ne l’aurait peut-être pas fait avant. C’est une très bonne chose.

– Vous n’allez sans doute pas pouvoir jouer « The Bitter Truth » en live avant un bon moment. Comment vis-tu cette situation ?

Je pense que beaucoup de monde a profité de ce break pour créer de nouvelles musiques et cela continue encore aujourd’hui. Pour nous, c’est différent car nous avions commencé le processus d’écriture bien avant tout cela. Le premier morceau est sorti au début du confinement. L’objectif à ce moment-là était de partir pour une grande tournée, qui devait commencer en avril dernier par l’Europe avec la sortie d’un second titre. Finalement, tout a été reporté en septembre et quand nous avons compris que ce ne serait pas possible encore, la tournée a été reportée à septembre prochain, soir plus d’un an après. J’espère vraiment qu’on pourra retrouver les concerts. Ne pas jouer ton nouvel album sur scène est d’une tristesse sans nom. C’est la première fois que ça m’arrive depuis le début de ma carrière professionnelle. L’album est sorti et je suis chez moi : c’est très perturbant ! J’ose espérer que les fans seront encore plus impatients de découvrir les nouveaux morceaux en concert d’ici la fin de l’année ou en début d’année prochaine. Tout n’est finalement pas si négatif que ça, je pense.

Photo : Nick Fancher

– Revenons un peu en arrière. Quand avez-vous commencé l’écriture de ce nouvel album ? Cette fois encore, il est assez sombre et très différent des précédents ? L’idée est de continuer à surprendre vos fans ?

Oui, bien sûr. Nous avons commencé l’écriture début 2019. Nous sortions du « Synthesis Tour » et nous avons un break de 4/5 jours. Nous avons très vite ressenti le besoin de retourner en studio, qui se situe à une quinzaine de kilomètres de chez nous. C’est une multitude d’émotions qui nous a envahi et poussé à composer de nouvelles choses. On avait une idée précise des morceaux et de ce que nous voulions proposer aux fans. Ca a été une période très prolifique pour nous, c’était génial. Et nous nous sommes rendu compte que notre musique était beaucoup plus Heavy et Dark, c’est vrai.

– D’ailleurs sur « The Bitter Truth », vous retrouvez Nick Raskulinecz, avec qui vous aviez travaillé sur votre album éponyme en 2011. Comment se sont passées les retrouvailles ? 10 ans plus tard, comment jugez-vous la différence de production et la manière d’aborder le nouveau son d’EVANESCENCE ?

Nous avions entre temps retravaillé avec lui pour le mix d’une reprise. Lorsque plusieurs morceaux du nouvel album ont été achevés, nous avons essayé quatre ou cinq producteurs. Tous ont apporté un nouveau son aux compositions, mais la meilleure expérience a été avec Nick, sans aucun doute. Il se souvenait très bien du groupe et nous avions eu une superbe expérience ensemble. Ca faisait donc sens de travailler avec lui, car il a parfaitement su capter l’énergie du groupe et sa dynamique. Après quelques essais, on a décidé de terminer le reste de l’album avec lui.

– Vous avez dévoilé quatre singles avant la sortie de l’album. C’était plus par impatience, car la pandémie ne vous permettait pas de sortir directement l’album ?

Non, en fait, ça a toujours été prévu. C’était notre plan dès le départ. Nous avions prévu de sortir un titre environ toutes les six semaines, c’est pourquoi l’album sort maintenant. On voulait vraiment sortir cinq ou six chansons avant la sortie de « The Bitter Truth ». C’est vrai que le processus a démarré quand la pandémie est arrivée. Nous nous sommes dits qu’il fallait continuer, car beaucoup de gens attendaient de nouveaux morceaux. Ca faisait presque dix ans que nous n’avions pas sorti de véritable nouvel album ! Nos fans attendent et méritent plus de musique de notre part. Je pense aussi que c’est une bonne chose, car il n’y a pas eu beaucoup de nouveautés pendant cette période. Lancer l’album de cette façon était vraiment très bien.

Photo : Nick Fancher

– En l’écoutant attentivement, on a un peu de mal à le situer entre Metal et Rock, mais il reste toujours Gothic et Dark. Comment le qualifierais-tu de ton point de vue ?

C’est un album de Rock, définitivement ! Il est très Heavy et revient vraiment au son originel d’EVANESCENCE. Oui, c’est très Rock. Ce n’est pas de la soupe ! Il n’y a pas d’orchestration, par exemple. C’est très brut et groovy. Comme à nos débuts, l’objectif est de créer de nouveaux espaces dans notre son, aborder de nouvelles atmosphères et la voix d’Amy est juste incroyable de force et d’émotion. « The Bitter Truth » montre parfaitement toute la puissance du groupe et c’est vraiment ce que nous voulions : c’est une très bonne chose !  

– On l’a dit, il y a beaucoup de sons électroniques sur cet album. Est-ce que ça a changé ton jeu et ta manière d’aborder ces nouveaux morceaux en tant que batteur ?

En fait, j’utilise et j’expérimente le côté électronique de la batterie depuis très longtemps maintenant Depuis environ 2002, je pense, quand j’ai commencé à jouer avec Tommy Lee. Il est très pointu dans le domaine. Il m’a notamment appris notamment à combiner les deux dans des conditions et un format Rock’n Roll. Pour ce nouvel album, c’était important pour moi d’avoir ces deux types de sets. Sur « Wasted On You », par exemple, où Amy chante accompagné au piano, j’ai d’abord mis des sons électroniques et on a tous trouvé que ça sonnait super bien et ça permettait aussi de varier les tonalités et d’apporter plus de créativité ! Ca ne collerait pas chez Ac/Dc, mais pour notre style de musique, c’est parfait ! (Rires) Nous aimons utiliser une grande variété de sons ! Mais pour moi, ça ne change pas grand-chose, ça m’offre juste beaucoup plus de possibilités, être créatif et prendre beaucoup de plaisir !

– Tu as aussi beaucoup participé à l’écriture de l’album. Comme se passe le processus de création au sein d’EVANESCENCE et quelle a été ta contribution ?

Le processus de création d’EVANESCENCE est un travail de groupe. En tant que chanteuse, Amy apporte les mélodies qu’elle nous soumet ensuite. Une fois qu’on a terminé une chanson, on revient en arrière et on regarde ce qui va et ce qui ne va pas. Parfois, elles sont achevées et non pas besoin d’être réécrites. Mais sur un morceau comme « Broken Pieces Shine », par exemple, je crois que nous avons fait huit versions avant d’en être vraiment satisfaits ! Et c’est passionnant ! Il faut que les morceaux nous parlent vraiment et qu’Amy ressente complètement le feeling des titres. On est souvent resté ensemble en studio pour réarranger et retravailler les mélodies. C’est un très bon mode de fonctionnement où tout le monde participent vraiment. 

Le nouvel album d’EVANESCENCE, « The Bitter Truth » sera disponible le 26 mars chez Sony.

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Hard Rock

Thunder : d’une fidélité sans faille

Squattant les charts UK à chacun de ses albums, THUNDER sait mobiliser ses troupes, qui se retrouvent dans ce Hard Rock très british aussi costaud que plus léger voire parfois prévisible. Sans révolutionner ni le genre, ni sa discographie, le quintet anglais livre un bon « All The Right Noises », qui contient tout de même quelques pépites.

THUNDER

« All The Right Noises »

(BMG)

Depuis son retour en 2011 et surtout le très bon « Wonder Days » sorti quatre ans plus tard, THUNDER semble inârretable. Du haut de ses 32 ans de carrière, le groupe présente un treizième album avec la classe qu’on lui connait et un sens du songwriting reconnaissable entre mille. Le Hard Rock teinté de Rock des Anglais fait toujours des merveilles et « All The Night Noises » vient confirmer que l’heure de la retraite n’a encore sonné. 

Toujours guidé par Danny Bowes et sa voix puissante et chaleureuse et le perfectionniste et virtuose Luke Morley à la guitare, THUNDER fait toujours figure de pilier du Rock britannique et paraît même indétrônable. Enregistré juste avant le confinement, ce nouvel album aurait du sortir en septembre dernier. Autant dire que les vétérans attendaient avec impatience le moment de livrer « All The Right Noises » à leurs fans. 

Même les textes, pourtant écrits avant la pandémie, semblent avoir traversé le temps et restent d’actualité comme « Last One Out Turn Off The Lights » notamment. Entre classique Rock et Rock US (« You’re Gonna Be My Girl ») et titres plus pêchus (« Going To Sin City »), THUNDER sait toujours y faire et son élégance naturelle fait le reste (« Destruction », « Don’t Forget To Live Before You Die »). Vivifiant !

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International Progressif Stoner/Desert

Dvne : déflagration rétro-futuriste [Interview]

Fondé en 2015 à Edinburg en Ecosse, DVNE s’est fait un nom dans le paysage Sludge Progressif européen en l’espace de trois EP et d’un album. « Etemen Ænka », le deuxième opus complet du quintet, sort dans quelques jours et promet un voyage musical mouvementé dans une ambiance Old School presque cinématographique. L’occasion de poser quelques questions à Victor Vicart, seul Français du combo, qui tient la guitare et le chant…

– Avant toute chose, j’aimerais que tu éclaircisses une petite chose, stp. L’ensemble des médias spécialisés vous considèrent comme un groupe de Metal Progressif. Si sur l’aspect progressif de DVNE nous sommes d’accord, vous êtes avant tout un groupe de Sludge issu du Rock, non ?    

Oui, en effet, nous sommes plutôt issus du Post-Metal et du Sludge. Et personnellement, je pense que le progressif est plus une approche de composition et ne constitue pas vraiment une scène à part entière.

– Avec ce son brut très organique, il y a quelque chose chez DVNE de très futuriste, qui n’est pas seulement lié au nom du groupe ou au concept de l’album. Comment l’expliques-tu ? C’est une démarche artistique que l’on ne rencontre plus beaucoup…

Nous avons utilisé beaucoup de synthés sur cet album comme des vieux Junos, Moog et Prophet qui apportent énormément en termes de texture. Je pense que c’est ce qui te fait dire que notre son est futuriste. Cela dit, notre approche avec les autres instruments est assez old school, puisque nous utilisons surtout des vieux amplis des années 70/80, type Hiwatt/Marshall, que l’on retrouve dans beaucoup d’album de Rock et de Hard Rock. Nous avons aussi beaucoup travaillé avec notre producteur Graeme Young sur le son de cet album et nous sommes parvenus à retranscrire ce que nous avions en tête pendant l’écriture de l’album.

– Il y a même un petit côté ‘Blade Runner’ en fond sur l’album dans les transitions (« Weighing of the Heart », « Adræden »). « Etemen Ænka » a un côté très cinématographique dans le récit. Si l’époque n’est malheureusement plus aux clips très réalisés d’antan, quels genres d’images ou d’ambiances te viennent à l’esprit sur ce nouvel album ?

Nous avons réalisé un clip pour « Sì-XIV », dont nous sommes fiers puisqu’il colle avec l’atmosphère rétro-futuriste de l’album. Nous avons utilisé beaucoup d’effets spéciaux traditionnels. Par exemple, vous retrouvez dans la vidéo un cocon visqueux ou encore un costume totalement flippant pour notre créature. Nous avons été influencés par des artistes comme Giger/Alien. De façon plus générale, nos références viennent de la cinématographie de film d’horreur et Sci-Fi des années 80/90. Nous aimerions beaucoup faire un clip d’animation, mais cela dit j’ai souvent du mal avec l’animation 100% digitale, et je préfère les plus classiques.

– L’album développe aussi beaucoup de morceaux très instrumentaux, à un point que l’on a l’impression que certains titres pourraient presque se passer de chant… avec peut-être juste une explication dans le livret. DVNE passe ses émotions par les ambiances ?

Nous ne considérons pas le chant comme un élément qui devrait être plus en avant que les autres instruments. Pour nous, s’il ajoute quelque chose d’intéressant sur un passage, c’est très bien, mais très souvent les instruments se suffisent à eux-mêmes.

– Avec toute la puissance que dégage « Etemen Ænka », DVNE reste un groupe où la mélodie est au premier plan, selon moi (!). Et on imagine que d’autres instruments pourraient venir s’y greffer. C’est quelque chose que vous avez dans le coin de la tête ?

Carrément ! Nous voulons continuer notre évolution musicale et cela passe par l’ajout de nouveaux éléments dans l’écriture et pendant l’enregistrement aussi. C’est aussi pour ça que nous avons une invitée sur cet album (Lissa Robertson). Nous avons voulu ajouter un autre type de chant pour apporter encore plus de diversité à notre musique. Nous avons déjà de nombreuses idées pour le prochain album, notamment avec l’utilisation d’autres instruments et d’autres méthodes d’enregistrement.

– Sinon, est-ce qu’avec le Brexit les choses ont changé pour vous ? Alors que rien n’est décidé nulle part, comment voyez-vous l’avenir dans les mois à venir ?

C’est très regrettable ce qui se passe avec le Brexit. Cela ne nous inquiète pas, car nous nous sommes bien préparés pour nos prochaines tournées. C’est surtout dommage pour les groupes anglais plus jeunes qui pensent à faire leur première tournée en Europe. Je pense que la plupart ne tournera tout simplement pas et les autres le feront dans l’illégalité. Cela dit, j’espère encore qu’un accord EU/UK est toujours possible, notamment sur un visa artiste de 90 jours qui serait gratuit. On croise les doigts.

– Et on va conclure avec une question conne, comme j’aime. Finalement DVNE : plutôt Le Pilat ou Sting ?

Sting of course ! Le slip en V lui va si bien.

Le deuxième album de DVNE, « Etemen Ænka », sortira le 19 mars chez Metal Blade Records.

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Extrême International

Iotunn : Metal, atmosphérique et cosmique [Interview]

Il y a cinq ans, « The Wizard Falls », premier effort du groupe, avait concentré beaucoup d’espoir dans ce jeune groupe danois. De là à créer un album aussi abouti et mature que « Access All Worlds », il n’y avait qu’un pas qu’IOTUNN a parfaitement franchi. Avec beaucoup d’ambitions, une technicité de chaque instant et un nouveau chanteur inspirant, le quintet scandinave a relevé le défi avec beaucoup de classe. Entretien avec Jesper Gräs, guitariste de la formation, qui revient sur la démarche du groupe.

Photo : Nikolaj Bransholm

– En 2016 avec « The Wizard Falls », vous aviez sorti un EP qui avait beaucoup surpris en raison des nombreuses voies empruntées. Avec « Access All Worlds », votre direction musicale est beaucoup plus nette. Vous aviez besoin de rassembler vos idées et préciser votre style ?

Je pense que nous étions dans une avancée très importante en 2015/16 en ce qui concerne notre son. Et nous avons travaillé intensément depuis pour améliorer encore tout ça. C’était une époque où nous avions élargi les sphères que nous explorions, et je pense que c’est à ce moment-là que le son nordique et atmosphérique nous a inspiré. Notre amour pour la musique classique a vraiment commencé à se faire aussi plus présent. Nous sentons que nous obtenons une image de plus en plus claire de nous-mêmes et de notre musique. Nous travaillons toujours dur, écrivons beaucoup et essayons vraiment de faire ce que nous n’avions pas fait auparavant pour pouvoir plus nous aventurer musicalement.

– Votre premier chanteur vous ayant fait faux bond, c’est finalement Jón Aldará (Hamferd, Barren Earth) qui vous a rejoint en apportant une grande contribution pour les textes et le concept de l’album. Avec la signature chez Metal Blade, ce sont finalement deux bonnes nouvelles, non ?

En fait, nous étions arrivés à un moment où nous devions nous séparer. Et oui, ce sont deux très bonnes choses ! Quand Bjørn (Bjørn Wind Andersen, batterie), Jens Nicolai (Gräs, son frère, guitare) et moi étions à la recherche d’un chanteur, Jón nous est venu tout de suite à l’esprit. C’était vraiment notre plus grand souhait.

Nous l’avions rencontré à quelques reprises aux concerts de Hamferd et d’IOTUNN. Mon premier concert de Hamferd (et tous ceux que j’ai vus plus tard !) a été une expérience très spéciale pour moi. J’ai vraiment été époustouflé ! Donc, quand nous sommes entrés en contact avec lui et qu’il a aimé les démos que nous lui avons envoyées, c’était un énorme soulagement. Et depuis, et notamment lors du processus d’écriture et d’enregistrement d’ « Access All Worlds », il nous a fait évoluer et il est devenu quelqu’un de vraiment inspirant et enrichissant.

Après la réponse positive de Metal Blade sur notre album et leur intérêt de nous signer, nous avons vraiment commencé à percevoir de nouveaux horizons. Nous étions et nous sommes toujours vraiment reconnaissants du partenariat avec eux, et nous avons vraiment hâte d’y aller !

– Même si on vous assimile à un groupe de Death Progressif, l’ensemble de « Access All Worlds » est très mélodique. Et cette particularité vient aussi du chant qui alterne le clair et le growl. Même musicalement, on ressent une grande liberté instrumentale. Comment avez-vous trouvé ce point d’équilibre ?

Je pense que c’est étroitement lié à cette curiosité qui nous anime. Mon frère et moi avons commencé comme guitaristes classiques dans notre enfance, et nous avons traversé tant de phases depuis. Je pense qu’elles ont laissé beaucoup d’impacts sur votre musicalité. D’une certaine manière, tout a évolué pour nous mener à cet album « Access All Worlds ». Et comme tu le mentionnes, il y a cet équilibre entre les contrastes que nous aimons vraiment explorer, et je pense que c’est une partie essentielle du son d’IOTUNN. Par exemple, les riffs Metal frappent toutes les couches de notre musique. Nous aimons vraiment trouver ces moments presque magiques, où tout se rencontre et interfère.

Photo : Nikolaj Bransholm

– J’aimerais que tu reviennes sur le concept de science-fiction de l’album. Quelle en est la trame et comment avez-vous composé les morceaux pour qu’ils forment une unité dans le récit ?

C’est Jón qui a proposé le concept de science-fiction d’ « Access All Worlds », et pendant les phases d’écriture, il a vraiment fait évoluer l’histoire. Il s’est envolé pour notre ancien studio à Copenhague, où il a écrit le chant et les paroles pendant environ dix week-ends. Et je pense que l’histoire a en quelque sorte évolué et a approfondi l’album au fur et à mesure que les parties vocales et les paroles ont pris forme. Nous parlions souvent des paroles et nos conversations étaient très animées, de sorte que l’album embrassait de plus en plus de perspectives pour devenir une histoire de science-fiction, qui reflète également l’existence et la créativité, je pense.

L’intrigue parle de voyageurs de l’espace qui partent à la découverte de vérités nouvelles et nécessaires, parce que les anciennes ont laissé le monde dans un état presque apocalyptique. Au cours de ce voyage, ils entrent dans différents mondes qui reflètent différentes manières d’être et de penser. Il s’agit donc d’oser aller là où vous n’êtes pas allés auparavant et d’embrasser tout ce que vous rencontrez sur le chemin en vous-même et autour de vous, car tout est profondément connecté. Au cours du voyage, les explorateurs rencontrent de tout : du chaos, de l’immensité, de l’anxiété, des merveilles, le vide complet, etc. Une question que nous nous posons sur deux derniers morceaux de l’album est de savoir si nous pouvons faire partie d’une réalité qui dure et si la nature humaine rend cela impossible. Mais surtout, je pense que c’est un album qui peut provoquer des sentiments divers et aussi inciter à la réflexion. Cela a été un processus très inspirant pour nous tous et nous espérons vraiment que les auditeurs pourront se connecter à la musique et aux paroles.

– « Access All Worlds » comporte une atmosphère très épique et space-rock dans l’esprit, qui correspond bien aux codes des concept-albums en général. Justement, vous êtes-vous fixer quelques règles au niveau de l’écriture, ou vous êtes-vous inspirés d’albums références ?

La règle la plus importante est qu’il n’y en a pas, je pense. C’est ce que nous aimons dans la musique. Pouvoir réellement voyager dans des endroits inconnus. C’est un type de liberté unique et c’est quelque chose qu’« Access All Worlds » représente très bien pour moi. Pendant le processus d’écriture de l’album, je ne pense pas que nous ayons eu des albums référents. Nous aimons parler de musique, mais en tant que référence dans le processus de création, cela a été beaucoup plus une question de sentiments et d’images.

– Pour un premier album complet, le vôtre est très mature, tant dans les compositions que dans son interprétation. La production signée Fredrik Nordström était-elle toute indiquée pour un disque de cette ambition ? C’était un de vos souhaits dès le départ ?

Merci ! Ce fut un processus assez long pour définir qui allait mixer et masteriser notre album. Nous avons écouté de nombreux disques et de nombreux producteurs différents, et nous nous sommes retrouvés avec Fredrik, parce que nous pensions que c’était lui qui pouvait exploiter au mieux tous ces contrastes, qui sont l’identité d’IOTUNN. Comme mentionné précédemment, l’un d’eux est dans le riffing où mon frère et moi adorons mélanger le son métallique avec le son atmosphérique. Nous voulions donc un disque où l’on ressente l’explosivité de la musique Metal et le son atmosphérique des merveilles cosmiques, et nous pensons tous que Fredrik a réussi à faire le parfaitement.

Album disponible chez Metal Blade Records

Bandcamp : https://iotunn.bandcamp.com